Jacques Chirac

Jacques Chirac
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Jacques Chirac
Jacques Chirac 2.jpg
Jacques Chirac, en 2006.

Mandats
Membre du Conseil constitutionnel français
Actuellement en fonction
Depuis le 16 mai 2007
(ne siège plus depuis le 9 décembre 2010)
Président Jean-Louis Debré
22e président de la République française
17 mai 199516 mai 2007
(&&&&&&&&&&&0438211 ans, 11 mois et 29 jours)
Élection 7 mai 1995
Réélection 5 mai 2002
Premier ministre Alain Juppé
Lionel Jospin
Jean-Pierre Raffarin
Dominique de Villepin
Prédécesseur François Mitterrand
Successeur Nicolas Sarkozy
10e Premier ministre français
(158e chef du gouvernement)
20 mars 198610 mai 1988
Président François Mitterrand
Gouvernement Jacques Chirac II
Prédécesseur Laurent Fabius
Successeur Michel Rocard
Maire de Paris
20 mars 197716 mai 1995
Prédécesseur Jules Ferry (indirectement)
Successeur Jean Tiberi
6e Premier ministre français
(154e chef du gouvernement)
27 mai 197425 août 1976
Président Valéry Giscard d'Estaing
Gouvernement Jacques Chirac I
Prédécesseur Pierre Messmer
Successeur Raymond Barre
Ministre de l'Intérieur
27 février 197427 mai 1974
Président Georges Pompidou
Gouvernement Pierre Messmer III
Prédécesseur Raymond Marcellin
Successeur Michel Poniatowski
Ministre de l'Agriculture
et du Développement rural
6 juillet 197227 février 1974
Président Georges Pompidou
Gouvernement Pierre Messmer I
Pierre Messmer II
Prédécesseur Jacques Duhamel
Successeur Raymond Marcellin
Ministre délégué aux
Relations avec le Parlement
7 janvier 19715 juillet 1972
Président Georges Pompidou
Gouvernement Jacques Chaban-Delmas
Prédécesseur Roger Frey
Successeur Robert Boulin
Biographie
Nom de naissance Jacques René Chirac
Date de naissance 29 novembre 1932 (1932-11-29) (78 ans)
Lieu de naissance Drapeau de la France Paris, Ve arrondissement (France)
Parti politique UNR (1968)
UDR (1971)
RPR (1976)
UMP (2002)
Conjoint Bernadette Chodron de Courcel
Diplômé de IEP de Paris (1954)
ENA (1959)
Profession Haut fonctionnaire
Religion Catholique
Signature Jacques Chirac Signature.svg

Jacques Chirac, né le 29 novembre 1932 dans le 5e arrondissement de Paris, est un haut fonctionnaire et un homme d'État français.

Fondateur de deux partis politiques classés à droite de l'échiquier politique, le Rassemblement pour la République (RPR) en 1976 et l'Union pour un mouvement populaire (UMP) en 2002, il a également été député de la troisième circonscription de la Corrèze à plusieurs reprises, puis maire de Paris entre 1977 et 1995. Il est nommé Premier ministre par les présidents Valéry Giscard d'Estaing (1974 - 1976) et François Mitterrand (1986 - 1988) devenant le seul homme politique à avoir été nommé deux fois Premier ministre sous la Ve République, et le premier lors d'une cohabitation.

Il est le 22e président de la République française, ayant exercé deux mandats du 17 mai 1995 au 16 mai 2007, période incluant la troisième cohabitation avec Lionel Jospin entre 1997 et 2002.

Il siège aujourd'hui au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit en tant qu'ancien Président de la République.

Sommaire

Biographie et parcours politique

Avant l'Élysée

Jeunesse et formation

1932 - 1951 : enfance et scolarité

Né le 29 novembre 1932 à la clinique Geoffroy-Saint-Hilaire (Ve arrondissement de Paris), Jacques René Chirac est le fils de Marie Louise Valette (1902 - 1973) et d'Abel François Chirac (1898 - 1968), employé de banque puis administrateur d'une filiale de la société aéronautique SNCAN. Tous deux proviennent de familles corréziennes « laïques et républicaines », ses deux grands-pères sont des instituteurs devenus directeurs d'école — à Brive-la-Gaillarde pour son grand-père paternel et à Sainte-Féréole pour son aïeul maternel, en Corrèze. D'après Jacques Chirac, son nom « a pour origine la langue d'oc, celle des troubadours, donc celle de la poésie ».


Le jeune Jacques, élevé en enfant unique (sa sœur aînée, Jacqueline est décédée en bas âge avant sa naissance), commence ses études à l'école communale de Sainte-Féréole en Corrèze de 1940 à 1943 avant de les poursuivre en région parisienne, tout d'abord au lycée Hoche de Versailles pendant un an, puis au lycée Carnot et enfin au lycée Louis-le-Grand. Les études n'empêchent pas le jeune Jacques de lire de la littérature de son âge, en particulier le magazine Coq hardi dont il rejoint les amateurs en se faisant « totémiser », à la manière des scouts et comme c'était la pratique dans cette édition, sous le totem d' « aigle musclé » dans les années quarante[1].

Après son baccalauréat, obtenu en 1950 en section « mathématiques élémentaires » avec mention « assez bien », il fait une campagne de trois mois comme matelot sur un navire charbonnier, le Capitaine Saint-Martin, contre l'avis de son père. De retour en France, il fait une année en « hypotaupe » (mathématiques supérieures, première année de classe préparatoire scientifique).

1951 - 1956 : études à Sciences Po et mariage

Il intègre, en septembre 1951, l'Institut d'études politiques de Paris. Durant cette période, brièvement, il milite dans la mouvance du Parti communiste avec notamment le futur éditeur Christian Bourgois. Il vend L'Humanité rue de Vaugirard, et participe au moins à une réunion de cellule communiste, comme il l'a raconté[2]. Il signe en 1950 l'Appel de Stockholm, contre l'armement nucléaire, d'inspiration communiste[3]. Cela lui vaut d'être interrogé lorsqu'il demande son premier visa pour les États-Unis ; il est ainsi auditeur de la Summer school de Harvard en 1952, et prend dans la foulée une année sabbatique pour parcourir les États-Unis.

Ses fiançailles avec Bernadette Chodron de Courcel (née en mai 1933), rencontrée à Sciences Po, sont célébrées dans l'appartement des Chodron de Courcel, boulevard Raspail, le 17 octobre 1953. En 1954, il finit son cursus à l'IEP Paris en soutenant un mémoire de géographie économique intitulé Le Développement du port de la Nouvelle-Orléans, dirigé par le professeur Jean Chardonnet. Il sort ainsi troisième sur les 139 de sa promotion, avec la mention « bien ». À l'automne de la même année, il est reçu à l'École nationale d'administration.

Le 16 mars 1956, il épouse Bernadette Chodron de Courcel, malgré les réticences de la famille de celle-ci vis-à-vis d'un jeune homme issu d'un milieu différent. Les Chodron de Courcel refusent un mariage solennel dans la basilique Sainte-Clotilde, habituée des familles de la haute société du faubourg Saint-Germain. La cérémonie a donc lieu dans la chapelle de Jésus-Enfant (29 rue Las Cases), annexe de l'église, réservée alors au catéchisme et aux cérémonies plus intimes. Il a avec elle deux filles, Laurence, née en 1958 et Claude, née en 1962.

1956 - 1957 : service militaire et guerre d'Algérie

Juste après son mariage, de 1956 à 1957, il effectue son service militaire, et est classé huitième à l'École de la Cavalerie (i.e. les blindés) de Saumur[4]. On lui refuse cependant le grade d'officier (il est affecté tout d'abord comme soldat de deuxième classe dans un régiment en Bretagne) en raison de son passé communisant et il faut l'intervention des relations de la famille Chodron de Courcel (le général Kœnig) pour l'obtenir. Il en sort donc finalement comme sous-lieutenant de cavalerie.

En tant qu'élève de l'ENA, il aurait pu éviter de faire la guerre d'Algérie (pendant 18 mois), mais il se porte volontaire et il est affecté, à partir du 1er avril 1956, au 11e puis 6e régiment de chasseurs d'Afrique[5], en poste à Souk-el-Arba dans le département de Tlemcen[6]. Au cours de son service, il est blessé au visage, puis promu lieutenant au début de l'année 1957. Il est libéré de son service le 3 juin 1957. Partisan de l'Algérie française, Jacques Chirac explique qu'il n'est devenu gaulliste qu'en 1958, et qu'en 1947[réf. nécessaire], il a pris sa carte du Rassemblement du peuple français « sans savoir ce [qu'il] faisait ».

1957 - 1965 : ENA et carrière de haut fonctionnaire

Grâce à son mariage, et à son ambition, il change complètement de milieu social. De retour de son service militaire, il reprend ses études à l'ENA dans la promotion Vauban, dont il sort dixième en 1959. Celle-ci étant détachée en Algérie par Charles de Gaulle entre le 17 avril 1959 et avril 1960, il est affecté en tant que « renfort administratif », auprès du directeur général de l'Agriculture en Algérie, Jacques Pélissier.

À son retour en France métropolitaine, Jacques Chirac est nommé auditeur à la Cour des comptes et devient maître de conférences à l'IEP. En juin 1962, il devient chargé de mission (pour la « construction, les travaux publics, et les transports ») auprès du secrétariat général du gouvernement de Georges Pompidou, puis au cabinet du Premier ministre dont il devient rapidement un fidèle partisan et collaborateur. Un an plus tard, il retourne à la Cour des comptes en tant que conseiller référendaire, mais ne tarde pas à s'engager en politique.

1965 - 1967 : premiers pas en politique
Jacques Chirac dans sa circonscription de Corrèze

En 1965, il est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole, en Corrèze, berceau de la famille Chirac, sans qu'il se soit présenté. Un an plus tard, Georges Pompidou l'envoie en Corrèze arracher la circonscription d'Ussel à l'opposition lors des élections législatives de 1967. Il est alors le fer de lance de l'opération dite des « Jeunes loups », à savoir l'alignement par le Premier ministre et les gaullistes de jeunes candidats prometteurs pour remporter des bastions traditionnels de la gauche dans le centre et l'ouest de la France[7].

Bénéficiant du soutien de Marcel Dassault, ami de son père, et de son journal, menant une campagne acharnée, il bat au second tour son adversaire Georges Émon, du Parti communiste français, de justesse (18 522 voix contre 17 985 pour son adversaire), dans un bastion du parti. Dans cette victoire à l'arrachée sur une gauche divisée (le candidat envoyé par la FGDS pour remplacer Maurice Audy, sénateur-maire de Meymac, un temps pressenti mais convaincu par Jacques Chirac de ne pas se présenter, n'est autre que le propre frère de François Mitterrand, Robert, lequel fait un score calamiteux), il bénéficie de la neutralité bienveillante de la gloire locale Henri Queuille et de l'inamovible maire d'Égletons, Charles Spinasse, ancien ministre socialiste de Léon Blum exclu de la SFIO pour faits de collaboration[8]. Charles Spinasse affirme à cette occasion que Jacques Chirac est un type très « Front populaire »[9].

Ascension ministérielle

Tableau récapitulatif : Section chronologie des fonctions.
1967 - 1974 : le « bulldozer » de Georges Pompidou

Moins d'un mois plus tard le 8 mai 1967, Jacques Chirac — surnommé « mon bulldozer » par Georges Pompidou — est nommé secrétaire d'État à l'Emploi auprès du ministre des Affaires sociales Jean-Marcel Jeanneney, dans le troisième gouvernement Pompidou, entamant une longue carrière ministérielle qui continuera dans tous les gouvernements successifs, dirigés par Maurice Couve de Murville, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer, jusqu'en 1974. Plus jeune membre du gouvernement en 1967, l'une de ses premières réalisations est la création de l'Agence nationale pour l'emploi. Durant mai 68, il joue un rôle capital lors des Accords de Grenelle et devient l'archétype du jeune énarque brillant, parodié dans un album d'Astérix en 1976.

Aussitôt après mai 68, il est nommé secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances, d'abord sous l'autorité du gaulliste François-Xavier Ortoli dans le gouvernement Maurice Couve de Murville, puis surtout du jeune ministre Républicain indépendant Valéry Giscard d'Estaing après l'élection à la présidence de la République de Georges Pompidou et la formation du ministère Chaban-Delmas en juin 1969. Les deux hommes se méfient l'un de l'autre, comme en témoigne le fait que Jacques Chirac n'est pas mis dans la confidence de la dévaluation du franc de 11,1 % en 1969, mais finissent par travailler en bonne intelligence. À ce poste, il patronne notamment la « procédure d'agrément », législation d'exception dont bénéficient les groupes industriels jugés les plus méritants par négociation à l'amiable directe de l'impôt sur les bénéfices. Ses adversaires l'accusent d'en avoir surtout fait profiter les groupes Dassault ou Bouygues, deux entreprises bien implantées en Corrèze, département où il a renforcé son assise locale en se faisant élire conseiller général pour le canton de Meymac le 27 février 1968 (réélu en 1970, 1976 et 1982) puis président du Conseil général en 1970 (réélu en 1973 et 1976, il abandonne ce poste en mars 1979 après être devenu maire de Paris). De plus, le couple Chirac achète le château de Bity, sur le territoire de la commune de Sarran dans le département, le 3 mars 1969, et le restaure après classement comme monument historique par arrêté du 3 avril 1969[10],[11]. L'épouse de Jacques Chirac, Bernadette, complète sa présence en Corrèze en étant élue conseillère municipale de Sarran en 1971 (et deuxième adjointe au maire à partir de 1977) ainsi que conseillère générale pour le canton de Corrèze en 1979.

De plus en plus proche de Georges Pompidou, il est choisi en juillet 1969 par le couple présidentiel pour devenir le premier directeur général de la Fondation Claude-Pompidou. Il commence également à cette époque à se lier avec deux collaborateurs du président de la République qui deviendront ses deux principaux conseillers durant les années 1970, Pierre Juillet et Marie-France Garaud.

Le 7 janvier 1971, Jacques Chirac est nommé directement par l'Élysée, et sans l'aval du chef de gouvernement Jacques Chaban-Delmas, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement. Mais il obtient finalement son premier poste gouvernemental d'importance le 5 juillet 1972, en étant nommé ministre de l'Agriculture et du Développement rural, dans le gouvernement Messmer. Il s'y fait remarquer en obtenant massivement les voix des agriculteurs, et conservera tout au long de sa carrière politique une base électorale importante. Il devient notamment l'un des instigateurs de la première politique d'aide à l'agriculture de montagne[12], en lançant en 1973 l'indemnité spéciale de montagne (ISM)[13]. En novembre 1973, soutenu par le président, il revient sur des décisions de Valéry Giscard d'Estaing, alors en voyage, en annonçant le retrait du projet de loi de finance d'une nouvelle taxe sur la vente des fruits et légumes qui, dans un contexte de hausse des prix, s'était attirée la grogne des détaillants[14]. Une fois de retour, le ministre des Finances ne peut qu'avaliser les promesses faites par son homologue de l'Agriculture.

En février 1974, probablement à la suite de l'affaire des écoutes du Canard enchaîné, il « échange » son poste avec celui de Raymond Marcellin, jusque-là ministre de l'Intérieur. À la mort de Georges Pompidou le 2 avril suivant (qui l'affecte fortement, il apparaît alors ému aux larmes lors de la messe des funérailles du président à Notre-Dame de Paris), il milite pour une candidature rassemblant l'ensemble de la majorité face à l'union de la gauche derrière François Mitterrand et est hostile à Jacques Chaban-Delmas qu'il n'estime pas capable d'affronter ce dernier. Il choisit de soutenir tout d'abord le Premier ministre sortant, Pierre Messmer, un temps candidat, puis Valéry Giscard d'Estaing. Il rallie en sa faveur, et contre Chaban, 39 parlementaires et 4 ministres gaullistes, dit « Appel des 43 » et contribue ainsi largement à la victoire du ministre des Finances à l'élection présidentielle. Il bénéficie aussi d'une bonne connaissance du terrain et des élus locaux acquis en moins de deux ans au ministère de l'Agriculture, et surtout de sa position dans un ministère « stratégique » où il a la haute main sur les préfets, les Renseignements généraux, entre autres.

1974 - 1976 : Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing
Article détaillé : Gouvernement Jacques Chirac (1).
Jacques Chirac, Premier ministre, en visite officielle en Roumanie en 1975, aux côtés du président roumain Nicolae Ceaușescu.
Des relations difficiles avec le président et son propre camp

Le 27 mai 1974, en raison de son rôle décisif dans son élection, Valéry Giscard d'Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre. Il expose le 5 juin son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, qui lui accorde le lendemain sa confiance par 297 voix contre 181. Il conserve l'appui de l'Union pour la défense de la République (qui ne compte que cinq ministres sur quinze, alors qu'ils étaient dix sur seize dans le précédent gouvernement) dont il devient le secrétaire général, sans même en avoir été membre, par 57 voix contre 27 au député-maire de Cambrai Jacques Legendre le 14 décembre. Il ne fait toutefois pas l'unanimité au sein du camp gaulliste. Ainsi, le ministre sortant des Relations avec le Parlement, Robert Boulin, qualifie son arrivée à la tête du parti de « hold-up » et rend sa carte de militant tandis que le député-maire de Brive-la-Gaillarde Jean Charbonnel avait déjà saisi, dès le 25 juin 1974, le tribunal administratif pour « violations graves, répétées, délibérées des statuts de l'UDR ». Jacques Chaban-Delmas, quant à lui, estime que : « M. Chirac n'a découvert le gaullisme qu'en comptant les sièges de l'Assemblée ».

À Matignon, il instaure un style détendu et studieux, travaillant souvent en bras de chemise et les pieds sur la table, tout en débutant un bras de fer avec le président. Tous deux désirent gouverner le pays et possèdent un caractère très différent : leur rivalité est la même depuis leurs tensions au ministère des Finances. De plus, Jacques Chirac se voit imposer par le président un grand nombre de ministres qu'il n'apprécie pas. C'est notamment le cas de Michel Poniatowski, qui lui succède à l'Intérieur et obtient en plus le titre de ministre d'État (ce qui en fait le no 2 du gouvernement derrière Chirac), et Jean-Jacques Servan-Schreiber, tous deux fermement antigaullistes. Jacques Chirac se débarrasse rapidement du cofondateur de L'Express sur la question des essais nucléaires. « JJSS » y est opposé et le fait savoir, ce qui le pousse à la démission dès le 9 juin 1974. Pour le remplacer, Valéry Giscard d'Estaing impose à Jacques Chirac le second co-fondateur de L'Express en la personne de Françoise Giroud, qui devient secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargée de la Condition féminine le 16 juillet.

D'un autre côté, les réformes entreprises par Valéry Giscard d'Estaing surprennent puis agacent les gaullistes. Si Jacques Chirac s'investit personnellement dans la défense des plus symboliques d'entre elles, telles la majorité à 18 ans, la loi sur l'avortement, l'extension de la couverture de sécurité sociale ou la réforme de l'audiovisuel (avec l'éclatement de l'ORTF en sept entités autonomes, comprenant les trois chaines et Radio France, tout en conservant le monopole d'État), celles-ci, ainsi que certaines actions du président telles la « poignée de main » à des détenus en prison, rendent sceptiques l'UDR et vont, selon eux, à l'encontre des idéaux de l'électorat de droite. Beaucoup de « barons du gaullisme » lui reprochent alors d'être trop proche de l'Élysée, le contraignant à la démission du secrétariat général de l'UDR le 15 juin 1975 au profit d'un de ses proches, André Bord puis, à partir de 1976, Yves Guéna. Espérant être reconnu par le président de la République comme chef de la majorité, l'emploi par l'Élysée du terme de « majorité présidentielle » fait que les relations se tendent entre les deux têtes de l'exécutif. Les deux conseillers personnels de Jacques Chirac, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, le poussent même à la rupture avec Valéry Giscard d'Estaing.

La gestion de la crise économique

À ces difficultés d'ordre politique s'ajoute une mauvaise situation économique et sociale. Il est en effet le premier chef de gouvernement à être réellement confronté aux effets du premier choc pétrolier de 1973 : la France connaît alors sa première récession économique (le PIB se rétracte de 1,6 % au quatrième trimestre 1974 et de 1,5 % en 1975) depuis 1945, ainsi qu'une forte inflation (celle-ci croît de 13,8 % en 1974, soit la plus forte hausse depuis 1958[15]), tandis que le nombre de demandeurs d'emploi passe de 200 000 à 1 million de personnes de 1974 à 1976. Dans un premier temps, le gouvernement s'efforce de lutter contre l'inflation née de la hausse du prix du baril de pétrole en adoptant le 12 juin 1974 un plan de « refroidissement » préparé par le ministre de l'Économie et des Finances « giscardien » Jean-Pierre Fourcade (il comprend notamment l'opération « frein sur les prix » qui passe par des accords de programmation de hausse avec les producteurs et les distributeurs, la loi du 30 décembre 1974 instaurant un prélèvement exceptionnel contre l’inflation assis sur les accroissements excessifs de marge et la revalorisation du rôle du comité national des prix par décret du 7 août 1975)[16]. Cette action déflationniste permet à la hausse des prix d'être moins importante les années suivantes (+ 11,9 % en 1975 et + 9,5 % en 1976) et de réduire le déficit commercial du pays, mais fait chuter dans le même temps le taux d'investissement, fragilisant d'autant la production notamment dans le secteur industriel (celle-ci baisse de plus de 10 % en quelques mois).

Jacques Chirac et les gaullistes s'opposent à ce plan, étant favorables à des mesures de relance de l'économie par l'investissement. Le Premier ministre déclare ainsi en juillet 1975 : « Le plan de refroidissement a assez duré. Il ne faut pas écouter les technocrates imbéciles qui veulent freiner les investissements. Les entreprises ont besoin d'une relance ». Sa vision s'impose alors progressivement au président de la République et, après un premier programme « timide » de 6 milliards de Francs complété d'un emprunt de 15 milliards redistribué aux petites et moyennes entreprises au début de l'année 1975, un véritable virage dans la politique économique du gouvernement a lieu en septembre 1975 avec l'abandon du « refroidissement », l'allégement des restrictions de crédits (que sont l'encadrement, les réserves obligatoires et le taux d'intervention de la Banque de France), la mise en place d'un plan de relance de 30,5 milliards de Francs et l'adoption d'un report d'impôt sur les bénéfices pour les entreprises. Cette rupture permet à la production industrielle de repartir à la hausse tout en conservant une inflation stable autour de 10 %, mais entraîne un déficit de la balance commerciale de 40 milliards[17] et déstabilise le Franc qui se déprécie d'environ 4,5 % et doit sortir du Serpent monétaire européen le 15 mars 1976.

La défense de l'industrie et de la technologie françaises

Fervent partisan de l'énergie nucléaire, celle-ci devient alors un choix stratégique afin de limiter la dépendance de la France vis-à-vis des importations d'hydrocarbures. Le conseil de planification décide ainsi le 28 janvier 1975 de limiter à 15 % cette dépendance d'ici à 1985. La France ne possède en 1974 que dix réacteurs répartis en six centrales pour une puissance totale d'à peine 2 800 MW, et huit sont en cours de construction : entre 1975 et 1976, la France lance les travaux de 13 réacteurs supplémentaires. Le secteur de l'industrie atomique est de plus réorganisé le 6 août 1975, avec le choix de Framatome, filiale du Creusot-Loire, comme seul constructeur des centrales, tandis que le CEA est divisé entre plusieurs filiales autonomes. Le 19 janvier 1976, la COGEMA, filiale à 100 % du CEA, est créée pour s'occuper du cycle de combustion nucléaire, entraînant une assez forte contestation au sein du personnel du CEA. Enfin, le gouvernement donne son feu vert le 15 avril 1976 pour le lancement du projet Superphénix, prototype de réacteur à neutrons rapides.

À ceci s'ajoute une politique commerciale offensive, le Premier ministre se faisant le défenseur des industries et technologies françaises à l'étranger. Le 24 juin 1974, à l'occasion de la visite du chah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi, celui-ci signe pour 20 à 22 milliards de contrats d'armement, l'achat de cinq centrales nucléaires et l'obtention par des entreprises françaises de la construction du métro de Téhéran et l'électrification des chemins de fer. Plus tard dans l'année, le 20 décembre, Jacques Chirac se rend en retour en Iran et obtient cette fois-ci la signature pour 35 milliards de francs, dont l'adoption par Téhéran du procédé de télévision en couleur français SÉCAM. Il fait de même avec l'État Baasiste d'Irak, encore considéré comme respectable par l'Occident à cette époque (car laïc et en apparence moderniste) : il se rend à Bagdad le 30 octobre 1974 pour obtenir des promesses d'achat pour l'industrie française à hauteur de 15 milliards de Francs, dont une fois de plus le procédé SÉCAM. Mais surtout, un accord de coopération énergétique est signé entre les deux pays le 18 novembre 1975, avec l'obtention pour des compagnies pétrolières françaises d'avantages, le partage à 23 % du pétrole irakien et le projet d'installation d'un réacteur nucléaire expérimental de 1 500 MW dédié à la recherche atomique civile en Irak (vite abandonné pour des raisons techniques, il préfigure un second accord signé le 26 août 1976 à l'origine de la construction du réacteur de 70 MW d'Osirak[18], surnommé « Ô Chirac » par les Israéliens et une partie de la presse francophone et utilisé par les milieux néo-conservateurs et certains médias américains à partir de 2002 afin de critiquer la position de Jacques Chirac et de la France vis-à-vis de la guerre d'Irak[19]). Cette attitude de « VRP » du « savoir-faire à la Française » lui vaut d'être parodié en bande dessinée, par le scénariste René Goscinny (qui le croque à nouveau dans l'album d'Astérix Obélix et Compagnie deux ans plus tard) associé au dessinateur Jean Tabary, dans une courte histoire d’Iznogoud paru dans Le Journal du dimanche du 8 décembre 1974[20].

La rupture avec le président de la République

Le 11 janvier 1976, le président effectue un remaniement ministériel contre l'avis du Premier ministre : les ministres dont il souhaitait le départ, à savoir Michel Poniatowski, Jean-Pierre Fourcade et Françoise Giroud, sont maintenus, et l'équipe gouvernementale est augmentée de six secrétaires d'État dont un seul de l'UDR, alors que le Premier ministre voulait la restreindre et augmenter le nombre de gaullistes en son sein. Il dénonce le pouvoir exercé par Valéry Giscard d'Estaing et, après la défaite de la droite aux élections cantonales de mars 1976 (neuf départements passent alors à gauche), il demande l'organisation d'élections législatives anticipées au cours desquelles son rôle de coordinateur de la majorité serait reconnu et une refonte complète de l'action gouvernementale : abandon de certaines réformes comme la taxation sur les plus-values et une politique plus axée sur le plan social et la défense des libertés.

Après une rencontre au fort de Brégançon le 6 juin 1976, Jacques Chirac se laisse convaincre par ses collaborateurs, considérant qu'il est devenu l'« huissier de la présidence », et décide de quitter son poste. Il remet sa lettre de démission au président de la République le 26 juillet 1976, mais il accepte de ne la rendre officielle que le 25 août à 11h40. Il se justifie avec éclat lors d'une conférence de presse tenue à l'Hôtel Matignon le jour de son départ : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre et dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin ». Il aurait affirmé à Valéry Giscard d'Estaing « qu'il voulait quitter la vie politique […] et qu'il s'interrogeait sur sa vie, et qu'il parlait même de monter une galerie d'art ». Quoi qu'il en soit, remplacé par Raymond Barre, il est dénoncé dès le soir du 25 août par Valéry Giscard d'Estaing dans une interview donnée à TF1. Le chef de l'État reproche à son ancien Premier ministre d'être incapable de résoudre le problème de l'inflation et d'informer clairement l'opinion publique des buts poursuivis par le gouvernement, et considère qu'il manque d'autorité et est inapte à donner aux débats politiques la sérénité nécessaire. L'opposition porte un jugement beaucoup moins dur sur son passage à Matignon, car si Georges Marchais considère Jacques Chirac comme « le Premier ministre le plus antisocial » qu'il ait jamais rencontré, François Mitterrand dit de lui qu'il a été « le meilleur Premier ministre » que la majorité ait eu à son service.

De la Mairie de Paris à l'Élysée

Tableau récapitulatif : Section chronologie des fonctions.
1976 - 1981 : l'opposition, au sein de la majorité, aux giscardiens
La création du RPR

Ayant retrouvé sans difficulté son siège de député de la 3e circonscription de Corrèze à l'élection partielle du 14 novembre 1976 (avec 53,65 % des suffrages exprimés dès le premier tour), son suppléant le maire d'Ussel Henri Belcour (qui occupait son siège à sa place depuis 1967) ayant démissionné pour lui permettre de se présenter à nouveau devant ses électeurs, il entre pour la première fois de manière effective à l'Assemblée nationale. Il y intègre la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales (il en est membre jusqu'en 1986, puis de nouveau de 1988 à 1993 et de 1994 à 1995). Il s'attache alors à s'assurer le soutien de la famille gaulliste et à affirmer son poids au sein de la majorité, face aux partisans du président de la République. Il annonce sa volonté de rénover l'UDR le 3 octobre 1976 à Égletons, en plein cœur de son fief électoral de Corrèze, sur la base d'un « véritable travaillisme à la française ». Lors des assises nationales du parti à la Porte de Versailles à Paris le 5 décembre suivant, auxquelles participent 50 000 personnes, l'UDR se dissout pour donner naissance au Rassemblement pour la République (RPR). Jacques Chirac en est élu président à 96,52 % des voix, et désigne son ancien directeur de cabinet à Matignon, Jérôme Monod, comme secrétaire général. Jacques Chirac, désirant une force politique populaire, se déplace dans toute la France et une importante campagne de recrutement est lancée (le RPR compte ainsi 700 000 adhérents à la veille des élections législatives de 1978) et ce nouveau mouvement devient bientôt une importante puissante machine électorale tant orientée contre l'opposition que contre les « Giscardiens », en voulant incarner une voie médiane entre « le programme démagogique de la gauche socialo-communiste » et « les solutions de la droite conservatrice, orthodoxe, classique »[21]. En effet, lors d'un meeting de 100 000 personnes à la Porte de Pantin le 10 février 1977, l'ancien Premier ministre dénonce le « capitalisme sauvage » et affirme que les gaullistes ne doivent pas être confondus avec les « tenants du libéralisme classique » et la « droite » assimilée au giscardisme et au centrisme[22]. Il définit à cette époque le projet gaulliste comme la version française de la social-démocratie[23].

La conquête de la Mairie de Paris

En effet, Jacques Chirac critique de plus en plus ouvertement le gouvernement de son successeur Raymond Barre et multiplie les actions de déstabilisation à l'égard de Valéry Giscard d'Estaing, selon une stratégie élaborée par Pierre Juillet et Marie-France Garaud. C'est ainsi qu'il annonce le 19 janvier 1977 sa candidature à la mairie de Paris, fonction ressuscitée après plus de 105 ans d'absence par le nouveau statut de la ville voté au Parlement en décembre 1975 (et auquel Jacques Chirac s'était opposé), contre celle de Michel d'Ornano, ministre RI en exercice proche du président de la République et soutenu directement par l'Élysée, déjà en course depuis le 12 novembre 1976. Ce que les médias qualifient alors de « bataille de Paris » donne lieu, à coup de sondages « trafiqués » fournis par les deux camps toutes les semaines et de petites phrases, à une campagne acharnée entre les listes « Union pour Paris »[24] du président du RPR et celles « Protection et Renouveau pour Paris » du giscardien, qui s'affrontent dans 17 des 18 secteurs de vote créés par le statut de 1975[25] (seul dans le 7e arrondissement la majorité réussit à s'unir derrière le député RI et conseiller sortant Édouard Frédéric-Dupont). Michel d'Ornano, maire sortant de Deauville, est présenté par ses adversaires et perçu par beaucoup de Parisiens comme un « parachuté » et un aristocrate « élevé dans un pantalon de flanelle ». Les partisans de Jacques Chirac, lui aussi élu d'un autre département, présentent en revanche ce changement de fief électoral comme un « retour aux sources », étant né et ayant fait l'essentiel de sa scolarité dans la capitale. De plus, il n'est tête de liste dans aucun secteur de vote, n'étant présent qu'en seconde position sur celle du 5e arrondissement, derrière Jean Tiberi.

Il sait également s'appuyer sur la classe politique locale, autant sur les gaullistes historiquement bien implantés dans la capitale que sur la droite dite « modérée », pourtant plutôt proche des RI, mais n'appréciant guère la décision de Valéry Giscard d'Estaing et de Raymond Barre d'appuyer un non-parisien pour mener la majorité présidentielle. Ainsi, sur les 105 noms des listes « Chirac », pas moins de 37 sont des élus de la capitale, soit :

Les « chiraquiens » mettent en place une campagne active et féroce : leur candidat multiplie les tournées des marchés et des commerces et les bains de foule, insiste sur des thèmes porteurs tels que la propreté de la ville, la fuite des familles modestes et moyennes qu'il veut interrompre et parle de « démocratie du quotidien ». L'agressivité culmine avec l'« affaire Françoise Giroud » : la secrétaire d'État à la Culture doit se retirer de la liste « d'Ornano » du 15e arrondissement, après avoir revendiqué sur des tracts être décorée de la Médaille de la Résistance alors qu'aucun document officiel n'indique qu'elle ait jamais reçu cette décoration, ce que l'équipe du RPR a mis à profit d'autant plus facilement qu'il a aligné face à elle dans cet arrondissement une parente du Maréchal Leclerc. Au premier tour le 13 mars, l'Union de la gauche, emmenée par le communiste Michel Fizbin et le socialiste Georges Sarre, arrive en tête grâce aux divisions de la droite et à sa forte implantation dans l'est parisien, avec 32,1 % des suffrages exprimés, tandis que les listes « Chirac » remportent les « primaires » de la majorité avec 26,2 % contre 22 % à Michel d'Ornano (seule la liste d'union d'Édouard Frédéric-Dupont, avec près des deux tiers des voix dans son secteur de vote, obtient des élus - 4 - au premier tour). L'« Union pour Paris » dépasse ainsi « Protection et Renouveau pour Paris » dans 11 secteurs (à savoir ceux des 1er-4e, 5e, 6e, 8e, 9e, 10e, 11e, 13e, 14e, 15e et 17e arrondissements). Au second tour, la semaine suivante, il l'emporte avec à peine 2 000 voix d'avance sur l'Union de la gauche, 45 % des voix et 50 sièges (auxquels se sont ajoutés les 4 élus du 7e arrondissement), contre 40 à l'opposition et 15 aux candidats de la liste d'Ornano[26],[27],[28].

Le 25 mars 1977, il devient le premier maire de Paris depuis Jules Ferry. Le poste qu'il obtient, nouvellement créé, est très important : quinze milliards de francs de budget, 40 000 fonctionnaires. C'est un contre-pouvoir important mais aussi et surtout un excellent tremplin électoral. Ses premières mesures consistent essentiellement à revenir sur des décisions ou projets gouvernementaux : abandon (et destruction du premier niveau déjà réalisé) du projet controversé de « Monument au Vert » aux Halles de Paris confié jusqu'alors à l'architecte espagnol Ricardo Bofill, soutenu par l'Élysée, et remplacé par les non moins critiqués « parapluies » du français Jean Willerval, inaugurés en 1983[29] ; le soutien dès 1978 à la reprise de la construction de la Voie Express - Rive gauche, voulue par Georges Pompidou mais abandonnée par Valéry Giscard d'Estaing en 1974[30]. Mettant de plus l'accent sur la propreté (avec le lancement du programme « Paris ville propre » qui comprend une augmentation et une modernisation du matériel de ramassage de détritus, dont les fameuses « motocrottes », la hausse des effectifs avec la constitution des « Commandos de la Propreté », la réhabilitation de certaines friches industrielles, notamment sur les quais de la Seine, et de quartiers populaires ou encore la lutte contre la pollution de la Seine avec la promesse qu'il s'y baignerait en 1995), il gagne assez vite la confiance des Parisiens puisqu'un sondage Louis Harris - France pour L'Express démontre que 62 % des habitants de la capitale interrogés le jugent bon maire, et 52 % un maire plutôt sympathique, tandis que 36 % reconnaissent qu'il donne alors la priorité à son rôle de président du RPR contre 27 % à celui de premier magistrat de la ville[22]. Mais l'opposition, emmenée par le socialiste Paul Quilès, lui reproche de ne rien faire pour améliorer l'habitat social et de lutter contre la hausse du foncier, et de favoriser l'« embourgeoisement ». Ses adversaires l'accusent également d'avoir mis en place un système jugé « clientéliste » et d'avoir utilisé, pour l'appareil du RPR et à des fins purement électorales, un certain nombre de moyens de la municipalité parisienne : emplois fictifs, marchés publics du bâtiment (voir les affaires), frais de bouche[31].

Les difficultés à s'imposer au sein de la majorité

Fort de ce succès à Paris, Jacques Chirac espère affirmer la place de son nouveau parti comme première force politique de la majorité lors des élections législatives des 12 et 19 mars 1978, et devancer ainsi la grande formation formée le 10 janvier 1978 par la réunion de tous les mouvements du centre et de la droite non gaulliste (le Parti républicain qui a pris la relève des RI, le CDS, les radicaux valoisiens et le PSD) afin de soutenir directement l'action du président de la République et de son gouvernement : l'Union pour la démocratie française (UDF). Or, le résultat du RPR est loin de rejoindre les espoirs de ses dirigeants.

En effet, au premier tour le 12 mars, le parti chiraquien n'arrive qu'en troisième position avec 22,8 % des suffrages exprimés (soit près de deux points de moins que le score obtenu par l'UDR en 1973, la famille gaulliste perdant pour la première fois depuis 1958 son statut de première force politique du pays), derrière l'alliance PS-MRG (26,3 %) et surtout après l'UDF (23,9 %)[32]. Le second tour permet toutefois au RPR de conserver sa place de premier groupe politique à l'Assemblée nationale, avec 154 sièges sur 491, mais lui fait perdre tout de même 19 députés par rapport à la législature sortante. Jacques Chirac est quant à lui réélu dans sa troisième circonscription de Corrèze sans difficulté et dès le premier tour, en améliorant de plus son résultat de 1976 avec 55,8 % des voix.

Cette victoire en demi-teinte affaiblit sa position de leader du camp gaulliste, et il se retrouve pris en tenaille entre les partisans d'une rupture totale avec les Giscardiens (emmenés par Michel Debré qui, aux assises de Biarritz en septembre 1978, propose le dépôt d'une motion de censure) et ceux au contraire favorables à un rapprochement (tels Jacques Chaban-Delmas, qui retrouve la présidence de l'Assemblée nationale le 3 avril grâce au soutien des députés UDF et contre le candidat officiel du groupe RPR, Edgar Faure, ou encore des ministres gaullistes du gouvernement Barre III). Jacques Chirac adopte alors une position médiane, sanctionnant ceux devenus trop proches du pouvoir (dès le début de la nouvelle législature, le conseil national du parti décide que les fonctions de président de l'Assemblée et de membres du gouvernement sont incompatibles avec un poste de dirigeant du mouvement) tout en rejetant la rupture, lui préférant une pression continue sur l'exécutif notamment dans les domaines économiques et sociaux. Il s'attire ainsi de plus en plus l'hostilité des « barons » et des ministres, qui lancent une campagne contre la « bande des quatre », constituée des quatre principaux conseillers de Jacques Chirac (Yves Guéna, Charles Pasqua, Pierre Juillet et Marie-France Garaud) et dont l'influence est jugée trop importante.

Le 26 novembre 1978, Jacques Chirac est victime d'un accident sur une route de Corrèze et est transporté à l'hôpital Cochin à Paris. De là, il lance l'« Appel de Cochin », écrit par Pierre Juillet et apporté dans sa chambre d'hôpital par Marie-France Garaud : il y dénonce le « parti de l'étranger », c'est-à-dire l'UDF, en accusant le parti de Valéry Giscard d'Estaing d'agir au nom de l'Europe et contre les intérêts de la France dont il « prépare l'inféodation » et « consent à l'idée de son abaissement »[33]. La réaction au sein des « giscardiens » du RPR ne se fait pas attendre : Lucien Neuwirth décide de ne plus voter aux conseils nationaux, Hélène Missoffe et Alexandre Sanguinetti démissionnent tandis que le garde des Sceaux Alain Peyrefitte écrit une lettre à tous les parlementaires du parti dans laquelle il condamne « ces propos outranciers ». Pour cela, il est exclu du mouvement pour six mois, mais tous les membres RPR du gouvernement se solidarisent avec lui. C'est au tour d'Yves Guéna, premier de la « bande des quatre » à rompre avec lui, de marquer son mécontentement au début de l'année 1979 pour protester contre le fait qu'il n'ait pas été mis au courant au préalable de l'annonce faite par Jacques Chirac aux journées parlementaires du parti à la Guadeloupe qu'il allait demander la mise en place de deux commissions d'enquête (dont une sur l'information à la radio et à la télévision, ou il estime que son image y est malmenée) et la convocation d'une session extraordinaire du Parlement pour remettre en cause la politique économique et sociale du gouvernement. Pourtant, lors de la tenue de cette dernière, obtenue grâce à la même demande de la gauche, du 14 au 16 mars 1979, Jacques Chirac n'intervient pas et empêche que le RPR vote la motion de censure déposée par l'opposition socialiste (le parti néo-gaulliste choisit alors l'abstention).

Le 7 juin 1979, l'organisation des premières élections européennes au suffrage universel direct lui donne une nouvelle fois l'occasion d'affronter les partisans du président de la République. Il prend ainsi lui-même la tête de la liste « Défense des intérêts de la France en Europe » et reprend le thème traditionnel gaulliste de l'« Europe des Nations », défendu dans l'Appel de Cochin et par Michel Debré, et s'oppose à la liste UDF, très fédéraliste et « européiste », emmenée par Simone Veil. Lors d'un meeting à Bagatelle le 4 juin, il déclare : « Ce qui nous sépare de l'UDF sur l'Europe est incomparablement plus profond que ce qui nous unit ». C'est alors un échec retentissant, ne réussissant pas à intéresser un électorat gaulliste très peu enthousiasmé par ce scrutin : sa liste n'arrive donc qu'en quatrième position avec seulement 16,31 % des suffrages et 15 sièges de parlementaire européen sur les 81 dont disposent la France, et est dépassé non seulement par Simone Veil qui arrive en tête (27,61 %, 25 élus), mais aussi par les socialistes de François Mitterrand (23,53 %, 22 sièges) et les communistes de Georges Marchais (20,52 % et 19 élus). L'abstention s'est élevée à près de 40 %. Bien que techniquement élu au Parlement européen de Strasbourg, Jacques Chirac abandonne immédiatement ce mandat, préférant ses fonctions locales ou nationales. Après cette défaite, et sur l'insistance de certains de ses proches (dont Bernadette Chirac) de plus en plus critiques à l'égard de l'influence de Pierre Juillet et Marie-France Garaud, il se sépare de ces derniers et commence à réorganiser ses troupes en vue de la présidentielle de 1981.

Une candidature incertaine

Sa candidature à l'élection présidentielle semble pourtant être remise en question : sa position est en effet particulièrement instable au sein du RPR, s'étant attiré la méfiance tant de la vieille garde orthodoxe du mouvement gaulliste groupée autour de Michel Debré qui annonce sa propre candidature le 30 juin 1980, mais aussi de l'aile la plus « giscardienne » (Jacques Chaban-Delmas, Olivier Guichard, Jean Foyer ou Yves Guéna) opposée à l'attitude d'opposition à peine voilée adoptée par Jacques Chirac à l'égard du gouvernement et du président de la République (ainsi, le RPR pousse le gouvernement à recourir à l'Article 49.3 et donc à engager sa responsabilité sur une série de projets de loi lors de la session d'automne 1979, tandis que le 9 décembre Jacques Chirac évoque devant le comité central du parti « l'incapacité de ceux qui ont mission de guider le pays »). De plus, certains de ses proches, dont Bernadette Chirac, Jean de Lipkowski ou Alain Juppé estiment qu'il serait prématuré pour lui de se lancer déjà dans la bataille pour les présidentielles, tandis que d'autres (Charles Pasqua ou Bernard Pons) le poussent au contraire à s'engager.

Jacques Chirac hésite ainsi, estimant qu'une « bonne candidature » doit représenter « le refus de ce qui semble inévitable », « symboliser le renouveau et l'espérance qui sont l'essence même du gaullisme » et ne doit être déposée que si l'on a la volonté « de gagner, donc d'être présent au second tour ». Toutefois, le 25 octobre 1980, il déclare : « Longtemps j'ai attendu un changement de la part du président » et compare la situation politique du moment avec la fin de la IVe République. Beaucoup estiment alors que l'annonce de sa candidature n'est plus qu'une question de temps.

1981 : première candidature à l'élection présidentielle

Il annonce finalement sa candidature le 3 février 1981 en se présentant comme le seul légitime à pouvoir se poser en « rassembleur des gaullistes » et en se fixant pour objectif d'« arrêter le processus de dégradation de la France » qu'il attribue « au comportement des responsables de l'État ». Il installe son quartier général rue de Tilsitt à Paris, tandis que Charles Pasqua est nommé coordonnateur de sa campagne. Il expose son programme le 10 février, en l'axant sur les thèmes de la réduction des impôts — suivant l'exemple de Ronald Reagan —, du retour à une politique étrangère volontariste et du « changement sans risque », effectuant ainsi un virage à droite depuis son discours du « travaillisme à la française » de la fin des années 1970, entamant ce que certains politologues, dont Jean Baudouin, ont appelé le « moment néo-libéral du RPR »[23]. Il attaque tout particulièrement le président sortant dont il dénonce « l'irrésolution » en politique étrangère (reprenant alors le thème du « parti de l'étranger »), le « manque de fermeté » dans le maintien de l'ordre républicain et une tendance au « collectivisme rampant ». Il est soutenu par certaines personnalités des lettres, du spectacle ou du monde sportif, tels l'accordéoniste Aimable, les acteurs Jean Marais et Moustache, la romancière Juliette Benzoni, le comédien Roger Carel, le peintre Bernard Buffet et son épouse l'écrivaine Annabel, la meneuse de revue et chanteuse Line Renaud et son époux et compositeur Loulou Gasté, la présentatrice de télévision Sophie Darel, l'athlète médaillé olympique de 110 mêtres haies Guy Drut ou encore le judoka lui-aussi champion olympique Thierry Rey[34]. Parmi les slogans de campagne, on retrouve la chanson Jacques Chirac, maintenant[35].

Il obtient au premier tour, le 26 avril, 18 % des suffrages exprimés, soit un peu plus de 5 millions de voix, et se retrouve largement distancé par Valéry Giscard d'Estaing (28,32 %) et François Mitterrand (25,85 %), qui remporte le second tour. Toutefois, il confirme alors son statut de chef naturel de la famille politique gaulliste, puisqu'il fait mieux que Jacques Chaban-Delmas en 1974 (il avait alors obtenu 15,10 %), tandis que les scores cumulés des deux autres candidatures gaullistes, celles de Michel Debré et de Marie-France Garaud, n'atteignent qu'environ 3 %.

Jacques Chirac annonce dès le lendemain du scrutin que, « personnellement », il votera pour le chef de l'État sortant. Ses militants, et surtout ses jeunes militants, retiennent le peu de conviction du message et votent massivement pour le candidat de l'opposition. Selon Valéry Giscard d'Estaing[36], Raymond Barre et Christian Bonnet, la permanence du RPR conseille de voter pour François Mitterrand entre les deux tours ; Valéry Giscard d'Estaing explique que François Mitterrand lui aurait confirmé avoir rencontré Jacques Chirac chez Édith Cresson à cette occasion. Toujours selon Valéry Giscard d'Estaing, la stratégie de Jacques Chirac est alors de faire élire François Mitterrand puis d'essayer d'obtenir une nouvelle fois la majorité au parlement, le leader socialiste étant obligé de dissoudre la chambre issue de 1978. Pour Jacques Chirac, la présence de ministres communistes créerait chez les Français un tel sentiment de peur, comparable à celui de mai 1968, qu'il provoquerait un nouveau raz-de-marée gaulliste. Pierre Messmer confirme cette version des faits. Toutefois, une majorité des parlementaires RPR appellent à voter VGE, tandis que Jacques Chirac met en garde le 6 mai les électeurs contre François Mitterrand qui, selon lui : « persiste à s'inspirer de principes économiques qui ont échoué partout où ils ont été appliqués ». Au second tour, le 10 mai, le candidat socialiste est élu, avec 51,76 % contre 48,24 %.

Aux élections législatives de juin 1981, qui sont marquées par une « vague rose » née de l'« état de grâce » du nouveau président, le RPR n'obtient que 20,9 % des suffrages exprimés (et l'« Union pour la nouvelle majorité », coalition de droite fondée sur des candidatures uniques dans chaque circonscription et qui l'associe à l'UDF et aux divers droites, ne réunit que 42,9 % des suffrages, face aux 36 % du PS et aux 54,3 % de la majorité présidentielle en général) et ne remporte que 83 sièges. Pour sa part, Jacques Chirac est réélu en Corrèze une nouvelle fois au premier tour, mais plus faiblement qu'auparavant puisqu'il ne passe que de peu la barre de la majorité absolue (50,6 %), face à un jeune candidat socialiste tout juste sorti de l'ENA, François Hollande, et à son adversaire habituel depuis 1976, le communiste Christian Audouin[37].

1981 - 1986 : le chef de l'opposition
Renouveler le RPR

Malgré ce premier échec, Jacques Chirac s'attache à rapidement s'assurer un rôle de premier plan au sein de l'opposition, fort des sondages qui font état, dès la fin de l'année 1981, de 32 % de Français interrogés le considérant comme le meilleur candidat à la prochaine élection présidentielle, contre seulement 13 % à Valéry Giscard d'Estaing et 8 % à Raymond Barre. Ainsi, le 7 octobre 1981, le « Club 89 » est créé au sein du RPR. Présidé par Michel Aurillac, et animé par un fervent « chiraquien », Alain Juppé, il s'agit d'un « laboratoire d'idées » chargé de « préparer un projet politique applicable dans l'environnement de 1989 », mais en réalité véritable « contre-gouvernement » chargé d'élaborer les programmes du parti pour les principales échéances futures : les législatives de 1986 et la présidentielle de 1988. En attendant, Jacques Chirac retrouve sans difficulté la présidence du parti, qu'il avait quittée à la veille de sa candidature à la présidence, lors des Assises de Toulouse en janvier 1982.

Il affirme alors son virage vers le libéralisme économique entamé durant la campagne présidentielle, afin de se poser comme le véritable rempart face au « socialo-communisme » du gouvernement Mauroy et comme une alternative au « libéralisme avancé » de l'UDF qui, selon lui, a déçu en étant trop libéral sur le plan des mœurs et de la sécurité, et pas assez sur le plan économique, et dont la politique menée depuis 1976, qu'il qualifie de « socialisme rampant », a ouvert le chemin à la victoire de la gauche. Il condamne tout d'abord le « trop d'État » dans le domaine économique et social, ce que Michel Aurillac résume lors d'une réunion du « Club 89 » en 1983 : « L'État est un garant et non un gérant, il faut donc lutter contre son hypertrophie », s'oppose aux nationalisations et prône donc la fin de la planification et la déréglementation de l'économie, la dénationalisation et la lutte contre la bureaucratie de l'État et la libéralisation du système de protection sociale, selon le modèle de la politique menée à la même époque au Royaume-Uni par le Premier ministre britannique Margaret Thatcher. Mais dans le même temps, il défend un profond ordre moral et donc un renforcement de l'État dans les domaines de la sécurité des personnes et des biens (et cela même si Jacques Chirac est l'un des rares parlementaires de l'opposition à avoir voté pour l'abolition de la peine de mort le 18 septembre 1981[38]). Le RPR et Jacques Chirac s'alignent donc sur les mouvements du conservatisme libéral des autres pays d'Europe, et, pour ce faire, abandonne les aspects les plus « gaulliens » sur le plan de la politique étrangère et européenne, n'hésitant pas à défendre devant Ronald Reagan, lors d'une rencontre avec le président américain en janvier 1983, l'idée d'une « défense européenne commune » étroitement liée à l'OTAN. Ces prises de position tendent alors à s'approcher des aspirations de ceux considérés comme l'électorat traditionnel du mouvement gaulliste et duquel celui-ci, gagné par l'usure du pouvoir, s'était peu à peu éloigné, à savoir les petits entrepreneurs, commerçants, les professions libérales, les agriculteurs, les propriétaires et les personnes âgées.

Cette « révolution idéologique » s'accompagne d'un renouvellement et d'un rajeunissement des cadres du parti, favorisé par le départ ou la mise à l'écart de la plupart des grands « barons du gaullisme » dans la suite de la candidature manquée de Michel Debré. Selon le journaliste politique Alain Duhamel, sur les 500 000 militants revendiqués par le RPR, 80 % d'entre eux n'ont jamais adhéré aux différents mouvements qui l'ont précédé dans cette famille politique (UNR puis UDR). Et, suite aux élections municipales de 1983, 48 % des nouveaux maires issus du parti élus à la tête d'une commune de plus de 30 000 habitants ont moins de 43 ans. Parmi ces trentenaires et quadragénaires, on peut citer Alain Juppé (proche collaborateur de Jacques Chirac à la mairie de Paris, secrétaire général du « Club 89 », maire du 18e arrondissement depuis 1983 et secrétaire national du parti au redressement économique et social à partir de 1984), Jacques Toubon (maire du 13e arrondissement de Paris en 1983 et secrétaire général du RPR à partir de 1984), Philippe Séguin (maire d'Épinal en 1983 et secrétaire national du parti chargé de la Décentralisation en 1984) ou Nicolas Sarkozy (protégé de Charles Pasqua, ancien président du comité de soutien des jeunes à la candidature de Jacques Chirac à la présidentielle de 1981 et maire de Neuilly-sur-Seine en 1983)[39].

Renouer avec les victoires électorales

Alors que le gaullisme, tout en s'étant imposé comme une force politique de premier ordre sur le plan national, n'avait jamais réussi à percer réellement dans les élections locales (cantonales ou municipales), l'une des premières conséquences du « recentrage » du RPR vers des positions traditionnelles de la droite lui permet de se « notabiliser » et donc de remporter un certain succès lors des élections cantonales de 1982 et des municipales de 1983. Aux premières, le RPR obtient ainsi le score le plus important jamais obtenu par une formation gaulliste à ce type de scrutin, à savoir 17,9 % des suffrages exprimés au premier tour et au final 323 nouveaux sièges de conseillers généraux (portant le nombre d'élus départementaux du parti à 495, contre 343 avant l'élection, tandis que le mouvement préside désormais 13 assemblées départementales). Et, suite aux secondes, en mars 1983, le nombre de communes de plus de 30 000 habitants dirigées par le parti chiraquien passent de 15 à 35[39]. Par conséquent, les élections sénatoriales de septembre 1983 consacre cette nouvelle assise locale puisque le groupe RPR à la chambre haute du Parlement français passe de 41 à 58 sénateurs.

Ceci renforce d'autant plus la position de Jacques Chirac au sein de la majorité que lui-même remporte une importante victoire aux municipales de Paris en 1983. Pourtant, celles-ci s'annonçaient difficiles. Tout d'abord, la loi PLM du 31 décembre 1982 (qui divise notamment la Ville de Paris en vingt mairies, soit une par arrondissement, chaque conseil d'arrondissement envoyant une partie de ses membres au conseil de Paris qui cumule les fonctions de conseil municipal à l'échelle de la Ville de Paris et de conseil général du département) est préparée par le ministre de l'Intérieur socialiste Gaston Defferre sans que Jacques Chirac ait été consulté, celui-ci y voyant alors une manœuvre électoraliste visant à diminuer son autorité dans la gestion de la capitale et à augmenter l'influence de la gauche, minoritaire sur l'ensemble de la ville mais bien implantée dans les arrondissements de l'est. Ensuite, une campagne de certains membres du gouvernement et de médias est lancée à partir de 1982 contre sa gestion. Gaston Defferre est notamment condamné en avril 1982 en première instance à 1 500 F d'amende et à verser un franc symbolique de dommage et intérêt à Jacques Chirac pour diffamation après avoir accusé la Ville de Paris ainsi que son maire, Bernard Pons et Charles Pasqua d'avoir bénéficié de largesses et perçu de l'argent au profit de la municipalité de la part du cercle de jeu Haussmann dirigé par Marcel Franceschi, assassiné en mars 1982. Un reportage de TF1 dénonce les conditions de vie des pensionnaires de la maison médicale de Cachan, puis une enquête de Libération vise les « bureaux d'études » utilisés par la Ville et enfin le Canard enchaîné accuse le président du RPR d'avoir financé en partie sa campagne de 1981 à partir de fonds reçus du régime Gabonais d'Omar Bongo par le biais d'ELF Aquitaine et de son « Monsieur Afrique », André Tarallo, ancien condisciple de Jacques Chirac à l'ENA[40] (une accusation que Valéry Giscard d'Estaing réitèrera en 2009, à la mort de Bongo). Enfin, de nombreuses figures du gouvernement ou de la majorité s'investissent personnellement dans les différentes listes menées à l'échelle de la ville par Paul Quilès (lui-même candidat dans le 13e arrondissement), à l'instar du Premier secrétaire du PS Lionel Jospin dans le 18e arrondissement face à Alain Juppé, le ministre de la Culture Jack Lang dans le 3e contre Jacques Dominati ou encore le ministre délégué de la Jeunesse et des Sports Edwige Avice dans le 14e pour combattre Christian de La Malène.

Pourtant, le jour du scrutin, les listes de la majorité parisienne sortante (unissant cette fois-ci l'ensemble de la droite de gouvernement) obtiennent non seulement facilement leur maintien à la tête de la capitale, avec plus des deux tiers (67,29 %) des conseillers de Paris, mais le camp chiraquien réussit également à remporter le « grand chelem » en obtenant les vingt mairies d'arrondissement (treize RPR, cinq UDF dont deux PR, deux CDS et un radical valoisien, et deux CNI). Le soir même de sa victoire, Jacques Chirac reçoit un appel téléphonique de Valéry Giscard d'Estaing. Sa fonction de maire de la capitale lui donne de plus les moyens de s'opposer directement, et avec succès, à la majorité socialiste et à certains « grands projets présidentiels ». Ainsi obtient-il que François Mitterrand renonce, le 5 juillet 1987, à son ambition de voir Paris organiser l'exposition universelle de 1989.

Vers les élections législatives et la cohabitation

Dès le 14 janvier 1983, dans une interview donnée au magazine L'Express, l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing envisage un changement de majorité aux prochaines législatives, avec un retour au pouvoir de la droite, sans que celle-ci n'attende ou ne demande alors la démission de François Mitterrand de la présidence de la République. Ce concept est bientôt repris au RPR. Un des proches de Jacques Chirac, Édouard Balladur, donne même, dans un entretien au quotidien Le Monde du 16 septembre 1983, un nom à cette situation : la cohabitation, terme retenu ensuite par l'ensemble des médias et de la classe politique. Deux jours plus tard, sur la radio RTL, le maire de Paris évoque à son tour l'éventualité d'une nouvelle majorité et se prononce en faveur de la cohabitation : selon lui, François Mitterrand ayant apparemment l'intention d'aller au bout de son mandat quoiqu'il arrive, les électeurs ne comprendraient par que la droite, si elle est victorieuse, refuse de gouverner sous le prétexte que le président ne démissionne pas, ce qui pourrait être interprété comme une atteinte aux institutions. Il s'oppose sur ce point à Raymond Barre, qui n'a pas abandonné l'espoir de prendre la tête de l'opposition : le 10 juillet 1984, l'ancien Premier ministre décrit une éventuelle cohabitation comme une « trahison du principe de la Ve République », ce à quoi Jacques Chirac réplique que le refus de la cohabitation pourrait aboutir à « une crise de régime ».

Quoi qu'il en soit, Jacques Chirac s'attache à rapprocher le RPR de l'UDF, et tient à rassurer ce dernier concernant sa vision de l'Europe en modérant largement son propos depuis le fracassant Appel de Cochin et en proposant dès juin 1983 la constitution d'une liste d'union dirigée par la très européiste Simone Veil aux élections européennes du 17 juin 1984. Cette liste arrive alors largement en tête, avec 43,02 % des suffrages (mais une abstention encore plus forte, à 43,27 %) et 41 sièges de députés européens sur les 81 alloués à la France. Le 10 avril 1985, une semaine après l'instauration de la proportionnelle pour les législatives et dont il critique « l'esprit de tricherie », il signe avec Jean Lecanuet, président de l'UDF, un accord pour « gouverner ensemble » (la plate-forme commune des deux partis pour les législatives sera quant à elle signée le 16 janvier 1986). Un mois plus tard, le 8 juin, il est présent, aux côtés de Raymond Barre, à la « convention libérale » réunie à Paris pour rassembler l'opposition à l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing.

Il tente également de transformer son image et travaille activement sa communication en vue des législatives. Pour ce faire, il fait appel à partir d'octobre 1981 aux services du publicitaire Élie Crespi, dont le but avoué est de travailler son style et de contrôler son attitude afin de casser son image d'énarque raide et de révéler le « véritable Chirac », « rude et généreux », chaleureux, aimant les choses simples mais appréciant également la poésie dont Saint-John Perse et les objets d'art. Il le fait ainsi changer de lunettes, abandonner son costume trois pièces, lui fait recevoir à l'Hôtel de Ville de Paris des écrivains, des artistes ou des acteurs, ou le pousse à être le premier homme politique à accepter de participer à l'émission satyrique de l'imitateur Patrick Sébastien. À l'approche du scrutin, au printemps 1985, il change à nouveau d'équipe de communication en la confiant cette fois-ci à Bernard Brochand et Jean-Michel Goudard. Ces derniers, déjà responsables de la campagne du RPR aux législatives de 1978, s'attachent à montrer au grand public un Jacques Chirac serein et responsable[41]. À ceci s'ajoute un entraînement physique intensif, composé de jogging dans les jardins de l'Hôtel de Ville et de travail aux haltères et au médecine ball, sous la supervision des anciens champions olympiques Guy Drut et Henri Boério.

Très médiatisé (il est l'invité à quatre reprise de L'Heure de vérité sur Antenne 2 entre juin 1982 et février 1986[42]), il multiplie les déplacements dans toute la France (durant la campagne des législatives, il visite pas moins de cent cinquante villes, prononce deux cents discours et parcourt quelque 80 000 km) et se rend même en Nouvelle-Calédonie à la fin du mois de septembre 1985 (en plein cœur des Évènements qui opposent violemment depuis un an partisans et opposants à l'indépendance, il s'oppose au projet d'« indépendance-association » proposé par Edgard Pisani et le gouvernement socialiste dans un grand meeting « bleu, blanc, rouge » sur la place des Cocotiers à Nouméa, devant 7 000 personnes, mais se dit favorable à l'organisation d'un référendum d'autodétermination ouvert à tous les néo-calédoniens, quels que soient leurs origines). Il se forge également une assise internationale, par le biais notamment de sa fonction de maire de Paris, et est l'un des principaux participants (aux côtés de certains leaders du monde occidental de l'époque à commencer par le Premier ministre britannique Margaret Thatcher, le vice-président américain George Bush ou le chancelier allemand Helmut Kohl) à la réunion de l'hôtel InterContinental de Londres le 24 juin 1983 où fut fondée l'Union démocrate internationale (UDI), grande association regroupant à l'échelle internationale les grands partis de droite et dont Jacques Chirac devient l'un des vices-présidents[43].

Finalement, son rôle de chef de l'opposition lui est reconnu et s'affirme lors d'un débat télévisé sur TF1 qui l'oppose le 27 octobre 1985 au Premier ministre Laurent Fabius (Raymond Barre avait lui aussi été sollicité mais avait refusé cette confrontation). Activement préparé par Édouard Balladur et Alain Juppé pour faire face au jeune chef de gouvernement considéré comme un maître de la communication et un excellent orateur, et afin de démontrer sa cohérence idéologique contestée depuis son passage du « travaillisme à la française » au libéralisme, Jacques Chirac obtient largement l'avantage sur son adversaire. En effet, il sait adopter une attitude calme, posée, imperturbable face à un Premier ministre offensif voire agressif, refusant de lui serrer la main devant les photographes, l'accusant de « dire n'importe quoi » et l'interrompant quatre-vingt-onze fois (quand Jacques Chirac ne le coupe en retour que vingt-cinq fois). Jacques Chirac finit par répliquer par un : « Cessez de m'interrompre comme un roquet », phrase qui symbolise aux yeux des observateurs l'ascendant pris par le chef du RPR sur Laurent Fabius. Les sondages d'après débat confirment ce succès : une étude Sofres pour Europe 1 le lendemain montre que 44 % des personnes interrogées le considèrent comme le vainqueur du débat (contre 24 % pour le Premier ministre, 28 % estimant le match nul et 4 % restant sans opinion), tandis que la popularité du maire de Paris passe de 57 à 70 % chez les électeurs de droite et de 9 à 17 % à gauche. Il apparait surtout moins autoritaire (73,4 % des sondés le considéraient ainsi à 19 h 30, avant le débat, ils ne sont plus que 57 % à 21 heures), plus convaincant (25 % avant, 32 % après) et plus sympathique (il passe dans ce domaine de 15 à 26 %). Un sondage Ifrès pour France Soir montre quant à lui que Jacques Chirac l'a remporté sur son adversaire sur les thèmes de la sécurité, l'immigration (37 contre 28 % pour ces deux domaines), l'incitation aux entreprises à embaucher (41 contre 27 %), la défense des intérêts de la France dans le monde (37 contre 36 %) et la gestion d'une crise grave (35 contre 31 %)[44].

1986 - 1988 : la première cohabitation
Jacques Chirac et le chancelier allemand Helmut Kohl, en 1987.

Le 16 mars 1986, lors des élections législatives à la proportionnelle, l'union RPR-UDF obtient de justesse la majorité, de seulement deux sièges (291 députés sur 577, le RPR est le premier groupe de la majorité avec 155 membres et apparentés, mais le second de l'hémicycle derrière celui du PS qui reste le premier parti de France en nombre de sièges et de voix) et survient alors la « cohabitation ».

Jacques Chirac, chef de la majorité, est nommé Premier ministre le 20 mars. Outre lui-même, son gouvernement compte initialement 37 membres, nombre porté à 40 cinq jours plus tard, à savoir : un ministre d'État (un de ses plus proches alliés au sein du RPR, Édouard Balladur, chargé de l'Économie, des Finances et des Privatisations), 13 ministres (6 RPR, 5 UDF se répartissant entre 2 PR, 2 CDS et 1 radical, et 2 indépendants), 10 ministres délégués (8 RPR et 2 UDF-PR) et 16 secrétaires d'État (9 UDF dont 4 CDS, 3 PR, 1 radical et 1 PSD, 6 RPR et 1 indépendant). Les trois personnalités issues de la société civiles qui font leur entrée dans son ministère sont le diplomate Jean-Bernard Raimond (jusque là ambassadeur en URSS) au ministère des Affaires étrangères, le président de la FNSEA François Guillaume à l'Agriculture et le French doctor Claude Malhuret (directeur général de Médecins sans frontières) comme secrétaire d'État aux droits de l'Homme.

Dans son discours de politique générale prononcé devant l'Assemblée nationale le 9 avril, il déclare : « Notre nouvelle frontière, ce doit être l'emploi »[45]. Le lendemain, il obtient la confiance des députés par 292 voix (l'ensemble des groupes RPR et UDF, 5 non inscrits sur 9 et un député d'extrême-droite sur 35) contre 285.

Il continue toutefois à exercer ses fonctions de maire de Paris, et à habiter dans ses logements de fonction de l'Hôtel de Ville plutôt qu'à Matignon : chaque matin, il donne ainsi tout d'abord ses directives sur les grands dossiers municipaux avant de rejoindre son bureau de chef de gouvernement. Ce cumul de mandats lui permet alors notamment d'être le principal défenseur de la candidature de la capitale française pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 1992, et il mène ainsi la délégation parisienne à la 91e session du CIO à Lausanne le 17 octobre 1986 : Paris y est battu au troisième tour par Barcelone, arrivant en seconde position avec 23 voix contre 47 à la capitale catalane.

L'une de ses premières mesures, dès le 20 mai, est de revenir sur la proportionnelle et de rétablir le scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans le cadre de 577 nouvelles circonscriptions établies par une commission présidée par Charles Pasqua.

Politique économique et de l'emploi
Jacques Chirac dans les années 1980, durant la première cohabitation.

Comme promis lors de la campagne, il met en place une politique libérale sur le plan économique, avec une importante vague de privatisations d'entreprises publiques nationalisées à la fin de la Seconde Guerre mondiale (la banque Société générale, la société de défense, d'aéronautique-aérospatiale, de transport et télécommunications Matra, l'agence médiatique et publicitaire Havas et le groupe d'assurances mutuelles MGF) ou par les gouvernements socialistes de Pierre Mauroy entre 1981 et 1983 (les banques Paribas, CCF et du BTP, le groupe de télécommunication Compagnie générale d'électricité CGE qui devient Alcatel-Alsthom, le producteur et transformateur de matériaux Saint-Gobain, la Compagnie financière Suez), ainsi que de l'une des trois chaînes publiques, TF1. Organisées et gérées par Édouard Balladur, seul ministre d'État du gouvernement et titulaire des portefeuilles de l'Économie et des Finances, elles se sont surtout réalisées par le biais de souscriptions publiques par des petits actionnaires et ont ainsi permis à l'État de vendre des actifs publics pour un montant oscillant, selon les sources, entre 70,5 (hypothèse du Quid[46]) et 100 milliards de francs (valeur 1999, selon l’édition 2001 de L’État de la France - La Découverte).

Pour lutter contre le chômage, le gouvernement décide de rendre le marché du travail plus flexible en supprimant, dès le 8 juin 1986, l'autorisation administrative de licenciement, et prend une série de mesures visant à encourager l'investissement et l'entreprise privée (loi de finances rectificative du 16 avril 1986 supprimant l'impôt sur les grandes fortunes IGF et décidant une amnistie fiscale et douanière pour les capitaux rapatriés, loi du 19 novembre 1986 autorisant les activités privées dans le commerce, l'artisanat, les services, libération des prix, soumis à un contrôle depuis 1945, à compter du 1er janvier 1987, et mise en place le 17 juin suivant d'incitations fiscales au développement des stock options) ainsi que l'épargne des salariés par la relance du vieux projet gaulliste de la participation (par les ordonnances du 15 octobre 1986, tout en assouplissant les règles de l'intéressement et de l'abondement de l'entreprise au PEE). S'y associent plusieurs mesures sociales en faveur de l'emploi engagées par le ministre des Affaires sociales Philippe Séguin, dont l'ordonnance du 11 août 1986 subordonnant le recours au travail intermittent par les entreprises à la signature d'un accord préalable, la loi du 10 juillet 1987 pour la lutte contre le chômage de longue durée et celle, entrée en vigueur le même jour, en faveur de l'emploi des travailleurs handicapés qui introduit pour la première fois dans le code du travail la notion d'« Obligation d'emploi » pour ces derniers, avec une politique de discrimination positive instaurant un quota de 6 % d'employés handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés. 710 000 stages « emploi-formation » pour les jeunes de 16 à 25 ans sont également créés.

Cette politique, aidée par une meilleure conjoncture internationale et une baisse du prix du pétrole, semble en partie porter ses fruits et permet à la France de se ré-aligner en partie sur le « bon élève » de l'Europe qu'est la République fédérale d'Allemagne sur le plan de l'inflation (dont le taux repasse en 1986 sous la barre des 4 % pour la première fois depuis 1968, en s'établissant autour des 3 %, sans pour autant obtenir de réelle inversion de la tendance économique[15]) notamment. L'investissement industriel se redresse à 4,5 % du PIB en 1987 et 10 % en 1988, et profite à un nombre important de PME dynamiques qui favorisent le freinage du chômage (passant de 10,5 % des actifs en 1986 à 10,3 % en 1987 puis à 9,8 % en 1988) sans obtenir toutefois une réelle stabilisation[47]. La croissance du PIB passe de 2 % à la fin de l'année 1986 à près de 4,5 % au début 1988, entraînant dans le même temps une stabilisation des taux d'intérêt réels sur 3 mois de la dette publique et une baisse de ceux sur 10 ans. Toutefois, le taux de croissance reste inférieur au coût réel moyen de la dette, et ne permet donc pas d'entamer un réel remboursement de cette dernière[48],[49].

Politique de sécurité et d'immigration

Autre pilier de son gouvernement, et lui aussi gaulliste historique et proche de Jacques Chirac, le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua met l'accent sur la lutte répressive contre l'insécurité. Une série de lois est votée le 7 août 1986, concernant la criminalité, la délinquance, le terrorisme et les atteintes à la sûreté de l'État. La politique de Chirac et Pasqua est aussi marquée par quelques actions symboliques dans le domaine de la lutte contre le terrorisme (alors qu'une vague d'attentats a touché Paris en 1986), comme l'arrestation le 21 février 1987 des membres d'Action directe ou la libération des otages du Liban, le 4 mai 1988.

Pour l'aider dans le domaine de l'antiterrorisme, Jacques Chirac décide, dès son installation en mars 1986, la création d'un Conseil national de sécurité (sur le modèle du National Security Council américain) rattaché à Matignon et comprenant des fonctionnaires de l'Intérieur, de la Justice, de la Défense et des Affaires étrangères, mais aussi de la Sous-Direction Anti-terroriste (SDAT) à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et d'une chambre spécialisée dans les actes de terrorisme. Il met l'accent dans ce domaine sur plus de coopération internationale, notamment en favorisant l'extradition de terroristes vers les pays où ils ont commis des exactions, selon la Convention de Strasbourg de 1977 signée par la France mais jamais ratifiée, entraînant de vives divergences avec le président de la République qui y est opposé. La lutte contre la drogue est également renforcée selon un axe plus répressif à travers un plan présenté le 23 septembre 1986 par le garde des Sceaux Albin Chalandon : celui-ci demande une application stricte de la loi de 1970 (qui considère le toxicomane comme un délinquant) et aggrave les peines contre les trafiquants.

Par ailleurs, Chirac alourdit considérablement les conditions d'entrée et de séjour sur le territoire français. D'une part, la loi dite Pasqua du 9 septembre 1986 rend plus difficile l'accès à la nationalité française, restreint l'accès à la carte de séjour de 10 ans, et permet des expulsions par décision préfectorale. 101 Maliens sont ainsi expulsés dès le 18 octobre suivant[50]. D'autre part, suite à la vague d'attentats, Paris suspend tous les accords de dispense du visa d'entrée et rétablit l’obligation du visa d’entrée pour les ressortissants de la totalité des États du monde, à l’exception de ceux de la Communauté européenne, de la Suisse, du Liechtenstein, de Monaco, de Saint-Marin et du Saint-Siège. L'accord européen sur le régime de circulation des personnes entre les pays membres du Conseil de l'Europe et celui relatif à la suppression du visa pour les réfugiés sont suspendus. Outre le visa d'entrée, Chirac impose, via une circulaire non publiée du 28 novembre 1986, un visa de sortie que les étrangers résidant en France devaient demander pour voyager. Le Gisti (Groupe d'information et de soutien aux travailleurs immigrés) attaqua en justice cette circulaire, et gagna au bout de six ans de procédures, le 22 mai 1992, devant le Conseil d'État[51].

Selon la même volonté de rétablir « l'ordre républicain », le gouvernement revient totalement sur la politique menée par les socialistes depuis 1984 face au conflit opposant partisans et opposants de l'indépendance en Nouvelle-Calédonie : le statut Fabius-Pisani en vigueur depuis 1985 est révoqué et remplacé par le statut dit Pons I, du nom du ministre des DOM-TOM Bernard Pons. Celui-ci prévoit notamment un référendum d'autodétermination limité aux seuls citoyens pouvant justifier 3 années de résidence dans l'archipel, organisé le 13 septembre 1987 : boycotté par les indépendantistes (qui réclament un référendum auquel ne participeraient que les Kanaks), il se solde par une victoire massive du maintien au sein de la République, choisi à 98,3 % des suffrages exprimés et avec une participation de 59,1 % des inscrits. Dès l'annonce du résultat, Jacques Chirac, qui s'était déjà déplacé une première fois sur le Territoire en août 1986, se rend sur place pour annoncer, devant 20 à 25 000 loyalistes acquis à sa cause, sa volonté d'établir une autonomie du territoire associant toutes les tendances politiques, le maintien du pouvoir d’arbitrage de l’État, la redéfinition et le renforcement des pouvoirs des régions et la représentation du pouvoir coutumier. Dans le même temps, les effectifs des forces de l'ordre présentes en Nouvelle-Calédonie sont sans cesse renforcés pour surveiller par « nomadisation » les tribus.

Politique étrangère et de défense

Concernant les affaires étrangères et de la défense, considérées comme faisant partie du « domaine réservé » du président de la République, il semble y avoir, tout du moins officiellement, une identité de vues entre l'Élysée et Matignon. Dans les faits, chacune des deux têtes de l'exécutif tente de prendre l'avantage sur l'autre dans ces domaines. Ainsi, lorsque, le 12 avril 1986, la France, par la voix de François Mitterrand (Jacques Chirac étant en déplacement en Côte d'Ivoire), refuse la requête des États-Unis de faire traverser par des avions américains le territoire français dans le but d'aller bombarder les bases terroristes en Libye, les deux hommes revendiquent ensuite la paternité de cette décision (le président déclarant l'avoir prise après avoir consulté les ministres concernés et n'en avoir informé son Premier ministre qu'ensuite, et ce dernier au contraire affirme que le chef de l'État l'a contacté pour prendre son avis et que c'est lui qui l'a convaincu de refuser). D'autres dissensions se font jour, notamment sur la question de l'Initiative de défense stratégique (IDS) américaine, le Premier ministre critiquant dans une conférence de presse du 22 mai 1986 l'attitude négative de la France et du président de la République à son égard.

Jacques Chirac estime également normal qu'il accompagne François Mitterrand aux grandes réunions internationales. Il se rend ainsi à ses côtés au sommet du G7 de Tōkyō du 4 au 6 mai 1986 (il n'en avertit l'Élysée qu'après avoir contacté le gouvernement japonais) : c'est alors la première fois qu'un des États membres est représenté par deux chefs de l'exécutif, créant de fait certains problèmes de protocole. Il est de nouveau présent l'année suivante, du 8 au 10 juin 1987, au G7 de Venise, et participe également aux réunions du Conseil européen.

Mais, en règle générale, les deux hommes tentent de parler d'une seule voix et restent d'accord sur l'essentiel de la diplomatie française, comme en témoigne le fait que la nouvelle majorité ratifie sans heurt le 16 décembre 1986 l'Acte unique européen, signé par le précédent gouvernement socialiste le 28 février. De même, l'Élysée et Matignon prennent conjointement la décision, le lendemain, de parachuter du matériel aux troupes Tchadiennes, afin de se défendre contre l'armée Libyenne qui a investi la région du Tibesti, et de procéder à des bombardements français au nord du 16e parallèle nord à compter du 5 janvier 1987 en riposte à un bombardement libyen au sud de cette ligne. Ils font également l'état d'une totale convergence de vue concernant la crise des euromissiles.

Une cohabitation difficile

Mais la cohabitation est avant tout l'occasion d'une guerre de tranchées entre le Premier ministre et le président, le premier affirmant son contrôle de la politique intérieure et le deuxième cherchant à défendre sa « chasse gardée » (affaires étrangères et défense). De plus, François Mitterrand critique ouvertement l'action de son Premier ministre et se pose en président impartial. Il refuse de signer des ordonnances (celles sur les privatisations, sur le découpage électoral ou sur l'aménagement du temps de travail, notamment) et Jacques Chirac doit recourir à l'article 49 al 3. La stratégie du président favorise la lassitude de l'opinion vis-à-vis de la méthode et des réformes du gouvernement, dont certaines sont mal comprises et impopulaires (notamment la suppression de l'IGF ou l'amnistie pour les fuites de capitaux).

Confronté à une série de mouvements sociaux étudiants ou des services publics durant l'hiver 1986-1987, il paye surtout la défiance de la jeunesse, à laquelle son ministre Alain Devaquet s'est heurté en novembre 1986, et la mort d'un étudiant manifestant, Malik Oussekine, tué par les forces de l'ordre le 6 décembre, pousse le ministre à démissionner et le chef du gouvernement à retirer le projet de loi de réforme de l'enseignement supérieur. Il paye également l'image de son ministre Charles Pasqua, populaire à droite mais détesté à gauche qui l'accuse de chasser sur les terres de l'extrême-droite. Par conséquent, selon les sondages IFOP pour Le Journal du dimanche, François Mitterrand redevient plutôt populaire entre 1986 et 1987 (alors que sa côte d'opinions favorables était tombée à 31 % contre 48 % d'insatisfaits en 1985, elle remonte à 55 % en juin 1986 et culmine à 57 % lors du début des manifestations étudiantes), tandis que le taux de satisfaits de Jacques Chirac, établi à 51 % en octobre 1986, se fait dépasser par le nombre d'insatisfaits de sa politique en février 1987 (39 % contre 48 %). À partir de ce moment, il décide de mettre en suspens certaines des réformes prévues (notamment de l'enseignement, le projet de création de prisons privées ou du code de la nationalité) et de ralentir le rythme des privatisations en attendant l'élection présidentielle de 1988[52].

1988 : deuxième candidature à l'élection présidentielle

Le 16 janvier 1988, Jacques Chirac annonce depuis l'Hôtel Matignon qu'il se présente à l'élection présidentielle. Son directeur de campagne est à nouveau Charles Pasqua, et Alain Juppé son porte-parole. Confronté à la remontée spectaculaire de François Mitterrand dans les sondages, et à une « primaire » à droite qui l'oppose au premier tour à Raymond Barre, investi par l'UDF, il se lance dans une tournée dans toute la France pour expliquer sa politique. Son équipe de communication, toujours menée par Bernard Brochand et Jean-Michel Goudard, mais incluant également désormais sa fille Claude Chirac, tente de le réconcilier avec le grand public : il apparaît ainsi pour la première fois sans ses éternelles lunettes sur ses affiches électorales, en simple chemise, l'air décontracté et bienveillant, avec pour slogan un seul mot, « la volonté »[53]. Il reçoit également, de manière plus active qu'en 1981, l'appui de personnalités du spectacle, du cinéma ou de la chanson, comme en témoigne le « On a tous en nous quelque chose de Jacques Chirac » de Johnny Hallyday, qui reprend ainsi son Quelque chose de Tennessee en faveur du candidat du RPR lors d'un concert de soutien à l'hippodrome de Vincennes le 20 mars[54].

Au premier tour, le 24 avril, il obtient seulement 19,94 % des suffrages exprimés (soit un score à peine supérieur à celui de 1981) et est talonné à droite par Raymond Barre qui en attire 16,6 %, et se trouve largement distancé par François Mitterrand et ses 34,1 %. Immédiatement, l'ancien Premier ministre giscardien et l'UDF appellent à voter pour Jacques Chirac au second tour. Mais surtout, avec 14,4 % des voix, Jean-Marie Le Pen confirme l'ascension électorale connue par l'extrême-droite depuis le début des années 1980 et le report de ses électeurs devient l'un des enjeux de cette élection. Le journaliste Éric Zemmour a rapporté que Jacques Chirac aurait eu une entrevue secrète avec le président du Front national entre les deux tours, ce qu'il a toujours nié. En fait, il y aurait eu deux rencontres selon Franz-Olivier Giesbert. La première se serait déroulée un mois avant le premier tour par l'intermédiaire d'un ami commun, le général Pierre de Bénouville. Il s'agissait d'une prise de contact afin que les deux hommes puissent se jauger. Une seconde rencontre aurait eu lieu entre les deux tours. Cette fois, Charles Pasqua est l'intermédiaire qui organise l'entrevue chez un ami armateur[55]. Cette fois-ci, Chirac a pris sa décision et fait preuve d'une « inflexible intransigeance » à la grande stupéfaction de Jean-Marie Le Pen[56]. Opposant une fin de non recevoir, Chirac aurait demandé au chef du parti d'extrême-droite de ne pas lancer le moindre appel en sa faveur[57]. Lors de son allocution du 1er mai 1988, Jean-Marie Le Pen ne pouvait plus que déclarer : « Pas une voix pour Mitterrand ! » laissant ses électeurs libres de choisir entre le vote blanc et le bulletin Chirac[58][réf. incomplète]. Depuis cette date, Jean-Marie Le Pen nourrit une rancune envers Jacques Chirac.

Le 28 avril, lors d'un débat télévisé particulièrement rugueux, François Mitterrand, qui a déjà l'expérience de deux de ces faces-à-faces, prend l'ascendant sur son Premier ministre (les médias retiendront sa répartie cinglante et ironique à un Jacques Chirac insistant pour qu'il l'appelle M. Mitterrand et non M. le président : « Mais vous avez tout à fait raison, M. le Premier ministre »), et lui affirme « dans les yeux » qu'il l'avait informé de l'implication dans les attentats de Paris de 1986 du diplomate iranien Wahid Gordji, pourtant libéré en novembre 1987 et renvoyé dans son pays, apparemment dans le cadre des tractations concernant les otages au Liban.

Les derniers jours de la campagne sont marqués par deux évènements, en outre-mer et au Proche-Orient, qui vont fortement marquer l'opinion. Ainsi, le 4 mai, le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua se rend personnellement au Liban pour ramener les trois otages français, retenus en captivité dans ce pays du Proche-Orient depuis trois ans, pour les ramener en France où ils sont accueillis, le 5, par Jacques Chirac. Officiellement, le gouvernement français n'a payé aucune rançon, mais doit admettre le 6 qu'un accord a été signé avec l'Iran qui, en contrepartie de la libération des otages, prévoit le rétablissement du statut d’actionnaire de l’Iran dans Eurodif et la livraison « sans restriction » d’uranium enrichi à Téhéran[59]. À la même période, l'affaire de la prise d'otages d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, commencée deux jours avant le premier tour (le 22 avril, des indépendantistes kanaks du FLNKS ont attaqué la gendarmerie de Fayaoué sur l'île d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes et prenant les vingt-sept autres en otages, dont la plupart sont emmenés dans la grotte de Gossanah), se termine dans le sang le 5 mai par l'opération Victor (la grotte est prise d'assaut par des membres des forces spéciales sur ordre de Matignon et avec l'accord de l'Élysée, entraînant la mort de dix-neuf preneurs d'otages et de deux militaires, mais tous les otages sont libérés).

Au soir du second tour de l'élection le 8 mai 1988, Jacques Chirac subit une défaite assez importante en n'obtenant que 45,98 % des voix. Son camp est démoralisé, et sa femme va jusqu'à affirmer : « les Français n'aiment pas mon mari ». Lui-même souhaite : « Bonne chance à la France et bonne chance aux Français ». Deux jours plus tard, le 12 mai, il cède l'Hôtel Matignon au grand rival de François Mitterrand au sein du PS, Michel Rocard, et le 15, l'Assemblée nationale, toujours majoritairement à droite, est dissoute.

1988 - 1995 : l'ultime marche pour atteindre l'Élysée

Aux élections législatives qui suivent la reconduction de François Mitterrand à la tête de l'État, il est réélu sans difficulté député dans la nouvelle 3e circonscription de la Corrèze, née du découpage de 1986, et cela dès le premier tour, le 5 juin 1988, avec 58,04 % des voix. Au plan national, le RPR reste la première force d'opposition et limite quelque peu sa défaite, puisqu'il conserve tout de même 130 sièges sur 577, contre 275 au PS et 90 à l'UDF. Les 41 députés du CDS forment quant à eux un groupe à part, l'Union du centre, qui s'allie à la majorité socialiste et à la politique « d'ouverture » prônée par Michel Rocard. En mars 1989, il est réélu triomphalement maire de Paris en remportant pour la seconde fois le « grand chelem », et à nouveau il s'emploie à se servir de cette position pour contrer les « grands travaux présidentiels ». Ainsi, en 1991, le conseil de la ville vote le plan d'aménagement de zone de la ZAC Seine Rive Gauche, qui doit apporter la marque « chiraquienne » à ce quartier où est en train de se construire la Très Grande Bibliothèque (nouveau siège principal de la Bibliothèque nationale de France, voulu par le président de la République).

La multiplication des courants internes au RPR

Mais encore une fois, l'opposition est agitée de remous, d'autant qu'une première démocratisation dans le mode de fonctionnement du mouvement chiraquien entraîne la reconnaissance par la direction des courants internes dès juillet 1989, et laisse donc place aux premières contestations internes.

Celles-ci viennent essentiellement à partir de 1989 d'un groupe de douze jeunes parlementaires trentenaires ou quadragénaires issus autant du RPR (le député-maire d'Épinal et ancien ministre des Affaires sociales Philippe Séguin, le député-maire de Lyon Michel Noir, celui de Grenoble Alain Carignon, le député président du conseil général de Savoie Michel Barnier, le député-maire de Sablé-sur-Sarthe François Fillon et le député adjoint au maire de Versailles Étienne Pinte) que de l'UDF (le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale et de la Région Rhône-Alpes Charles Millon, le député président du conseil général de Vendée Philippe de Villiers et le député François d'Aubert pour le PR, le député-maire de Toulouse Dominique Baudis, celui d'Annecy Bernard Bosson et François Bayrou pour le CDS)[60]. Ils signent le 6 avril 1989 un « manifeste de la rénovation » qui demande un renouvellement des appareils des deux partis (et donc remettent en cause tant Jacques Chirac que Valéry Giscard d'Estaing), et envisagent de présenter une liste autonome aux élections européennes de juin, ce à quoi ils doivent rapidement renoncer, dès le 13 du même mois. Ainsi, le 15 juin, la liste d'union UDF-RPR emmenée par Valéry Giscard d'Estaing et Alain Juppé, et soutenue par Jacques Chirac, arrive en tête avec 28,9 % des suffrages (mais avec une abstention qui bat des records en dépassant les 51 %) et 26 élus (dont 12 RPR). Mais l'expérience des « rénovateurs » ne s'arrête pas là et si certains, dont Philippe Séguin, rentrent dans le rang, d'autres continuent leur fronde contre Jacques Chirac. Le 5 mars 1990, une formation transpartisane de l'opposition, « Force unie », est créée par l'UDF-PR François Léotard, connu pour ses nombreux heurts avec le leader néo-gaulliste lorsqu'il était son ministre de la culture et pour ses idées très « néo-libérales » : y adhèrent immédiatement les RPR Michel Noir, Alain Carignon, Michèle Barzach (ancienne ministre de la Santé de Jacques Chirac de 1986 à 1988), Jean-Louis Bourlanges (député européen élu sur la liste centriste de Simone Veil en 1989) et Patrick Devedjian (député-maire d'Antony). Au sein de la formation gaulliste, ces « néo-rénovateurs » forment en septembre 1989 le courant « Vitalité-Imagination-Écologie » (VIE). Finalement, Alain Carignon est « mis en congé » des instances dirigeantes du parti le 11 juin suivant (il ne réintègre pleinement le parti chiraquien qu'en 1992) et, le 6 décembre, Michel Noir et son adjoint à Lyon le professeur Jean-Michel Dubernard ainsi que Michèle Barzach démissionnent à la fois du mouvement et de l'Assemblée nationale (seuls les deux premiers y retrouvent un siège lors d'élections partielles en 1991).

Mais la contestation vient aussi de la vieille garde du RPR. Ainsi, aux assises du parti au Bourget le 11 février 1990, deux courants s'opposent : d'une part les plus fidèles chiraquiens, emmenés par le secrétaire général du mouvement Alain Juppé, et d'autre part ceux qui, tout en ne remettant pas en cause l'autorité de Jacques Chirac, appellent à « un nouveau rassemblement » et à un retour à certains fondamentaux d'un gaullisme qualifié de social, à l'instar de Philippe Séguin et Charles Pasqua. La motion Juppé, finalement soutenue par les rénovateurs du courant VIE, obtient la majorité avec 68,6 % des votes des militants (et donc 90 élus sur les 100 désignés directement par les assises nationales pour faire partie des 735 membres du conseil national, et 17 membres sur les 30 du bureau politique) contre 31,4 % à la motion Pasqua-Séguin. Jacques Chirac est réélu président à l'unanimité du conseil national. Si le courant de Charles Pasqua et Philippe Séguin se dissout en avril 1991, ils continuent à animer ensemble l'association Demain la France. Les deux camps s'opposent à nouveau en 1992 sur la question du Traité de Maastricht : ainsi, si Jacques Chirac déclare en 1991 qu'il est « absolument hostile au plan Delors tendant à instituer en Europe une monnaie unique », il apporte finalement son soutien au « oui » au référendum sur la ratification du traité le 27 août 1992, convaincu par Alain Juppé, Édouard Balladur ou Jacques Toubon tout en se mettant en porte-à-faux avec une majorité de membres de son propre parti qui, derrière Charles Pasqua et Philippe Séguin, font activement campagne pour le « non ».

1993 - 1995 : la deuxième cohabitation

Face aux grandes difficultés du gouvernement de gauche, il participe à la campagne législative de 1993 qui voit la victoire écrasante de la droite. Le RPR devient la première force politique du pays en nombre de voix au premier tour (19,83 % des suffrages) et la deuxième au second tour en talonnant de près le PS (27,85 % contre 29,8 %), et obtient 245 sièges sur 577 (213 pour l'UDF et seulement 52 pour le PS). Dans sa circonscription, Jacques Chirac est largement réélu dès le premier tour, avec 60,68 % des voix. Échaudé par l'expérience précédente, il préfère rester en retrait et laisse Édouard Balladur devenir Premier ministre, formant ainsi la Deuxième cohabitation. L'accord tacite entre les deux hommes est simple : à Édouard Balladur l'Hôtel Matignon, à Jacques Chirac le Palais de l'Élysée en 1995.

Cependant, Édouard Balladur, au vu de sa popularité (65 % au début de l'année 1995 selon le baromètre TNS Sofres pour le Figaro Magazine)[61], décide de se présenter à l'élection présidentielle (candidature officiellement annoncée le 28 janvier 1995) : les partisans du président du RPR crient à la trahison, d'autant que le Premier ministre entraîne avec lui une large partie des chiraquiens du premier cercle, la plupart membres de son gouvernement, dont Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua. Philippe Séguin, un temps hésitant, se lance dans la bataille auprès du candidat « légitime », et devient avec Alain Juppé et Alain Madelin un des principaux soutiens de Jacques Chirac. Celui-ci, espérant devancer Édouard Balladur, annonce sa candidature tôt, le 4 novembre 1994 et résume sa vision politique à travers deux livres programmes parus à quelques mois d'intervalle : Une nouvelle France, Réflexions 1 en juin 1994 et La France pour tous (qui devient son slogan) en janvier 1995.

Il entame une campagne dynamique et centrée sur le thème de la « fracture sociale », et comble progressivement l'écart le séparant du Premier ministre dans les intentions de vote en développant une stratégie de communication (développée par Jean-Michel Goudard ou Claude Chirac) tendant à le rendre plus humain et plus proche des Français que son adversaire. A posteriori, l'émission satyrique Les Guignols de l'info est suspectée d'avoir influé sur les résultats de l’élection présidentielle à cause du traitement jugé trop sympathique accordé à la marionnette de Chirac, transformé par les auteurs en anti-héros et devenu l'une des marionnettes les plus populaires (la phrase « Mangez des pommes », développée à partir du logo de la campagne chiraquienne figurant un pommier, est vite reprise dans les médias et au sein de la population). À ce sujet, Benoît Delépine, l'un des auteurs de l'émission, explique : « On détestait Balladur. Il était d’une prétention hallucinante avec un côté aristo qui faisait penser à l’époque giscardienne. Les Guignols ont sans doute participé à le déstabiliser. Cela dit, il s’est surtout déstabilisé tout seul. Chirac, lui, avait ce côté un peu looser sympa. Il s’était fait discret pendant quelques années et bénéficiait de l’image d’un homme neuf. Jospin n’était pas prêt. Il paraissait même surpris d’être là. On connaît la suite… »[62].

Jacques Chirac réussit à éliminer Édouard Balladur (qui se classe troisième avec 18,58 % des suffrages) au premier tour, au terme d'une lutte féroce et marquée par la sortie de plusieurs affaires politico-financières (telles que l'affaire Schuller-Maréchal), en obtenant la deuxième place (avec 20,84 % des voix) derrière Lionel Jospin, candidat socialiste (23,30 %). Il remporte ensuite le second tour face à Lionel Jospin avec 52,64 % des voix : il devient alors président de la République.

Bilan

Les 28 premières années de la vie politique de Jacques Chirac (de 1967 à 1995) sont donc marquées par deux évènements historiques: ses deux primatures ministérielles (de 1974 à 1976 ; et de 1986 à 1988, dans la cadre de la première cohabitation) et la fondation du RPR, le parti politique prééminent à droite durant 26 ans.

Jacques Chirac s'est aussi distingué par une activité politique ininterrompue (pendant ces 28 années, il a en effet toujours eu un ou plusieurs mandats ou fonctions en cours (Premier ministre, ministre, député, maire de Paris...), durant laquelle il a beaucoup évolué sur le plan idéologique[63], et s'est efforcé d'apparaître comme le leader de la droite, quitte à éliminer politiquement ses rivaux[64].

L'idéologie de Jacques Chirac

Sur le plan économique, Jacques Chirac s'est montré, durant ces années, assez inconstant. D'abord fervent supporter de l'industrialisme pompidolien, il sera ensuite, une fois Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, contraint de s'aligner sur la politique économique définie par le Président de la République[64]. Puis, une fois sorti de la tutelle de Giscard, il promeut, à la fin des années 1970, un « travaillisme à la française »[63], avant, une fois revenu au pouvoir quelques années plus tard, d'adopter une politique monétariste et ultralibérale (privatisations, suppression de l'impôt sur les grandes fortunes...) inspirée par les théories de l'École de Chicago et par ce qui est mené aux États-Unis et au Royaume-Uni par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Enfin, lors de la campagne de 1995, Jacques Chirac, renonçant aux politiques libérales, pourfend « la fracture sociale » en s'appuyant sur les analyses de l'économiste et démographe Emmanuel Todd. Cette absence de continuité idéologique lui a souvent été reprochée, même si la nature de ces critiques diffèrent: certains y voient l'absence de toute conviction chez Jacques Chirac[65] ; d'autres y décèlent de l'opportunisme, ainsi que la capacité à surfer sur les modes (critique qui est parfois positive: la réactivité de Jacques Chirac étant ainsi louée): les diverses positions de Chirac répondraient alors à chaque fois à un impératif électoral.

Sur le plan des idées politiques, Jacques Chirac se montre tout aussi évolutif. Il est, dans sa jeunesse, très engagé à gauche. Il vend ainsi le quotidien communiste L'Humanité rue de Vaugirard, en parallèle à ses études à Sciences-Po. À la même époque, il rejette la proposition de son condisciple et ami Michel Rocard de rejoindre la SFIO pour cause de trop grande « mollesse » des socialistes[66].
À sa sortie de l'ENA, en 1962, cependant, c'est dans le cabinet du Premier ministre UNR, Georges Pompidou, qu'il s'engage. Il explique alors à Olivier Guichard avoir hésité entre Pompidou et l'OAS[67] (ennemie juré du pouvoir en place). Éric Zemmour souligne le fait que Chirac mentionne Pompidou, et non le général de Gaulle : pour lui comme pour Philippe Reinhard, Chirac, quel que soit le caractère fluctuant de ses opinions, et en dépit de ce qu'il prétendra plus tard, n'a jamais été un gaulliste convaincu[66],[67]. Jacques Chirac devient plus tard, et pour longtemps, le leader de la droite.

Toujours pour Éric Zemmour, pour autant, la politique qu'il mène au pouvoir diffère sensiblement selon les époques, passant d'une droite conservatrice traditionnelle et économiquement libérale (de 1986 à 1988) à une certain radical-socialisme (pendant son second mandat présidentiel). Une constante, en revanche, est l'humanisme qui l'anime, tant dans sa conception des rapports personnels[67], que dans certaines de ses opinions. Ainsi, le Premier ministre Jacques Chirac, en 1975, défend contre son parti la loi Veil relative à l'Interruption volontaire de grossesse ; et en 1981, il est l'un des rares députés RPR à voter l'abolition de la peine de mort.

Jacques Chirac, bien que chef de la droite pendant plus de vingt ans, n'est donc pas toujours, loin s'en faut, conforme aux standards de la droite républicaine contemporaine. En juin 2009, Bernadette Chirac déclare au socialiste François Hollande : « Vous savez, mon mari a toujours été de gauche[68] ».

Enfin, Jacques Chirac a également beaucoup évolué sur la question de l'Europe politique. Après avoir défendu le concept d'« Europe des nations », et rejeté ainsi toute autorité politique supranationale et européenne, lors de l'Appel de Cochin, le 6 décembre 1978, il assimile progressivement l'idée de l'Union européenne, et appelle finalement à voter « oui » lors du référendum de Maastricht, en 1992. Par la suite, Chirac se montre résolument pro-européen.

Le leadership sur la droite

Durant ces 28 années, Jacques Chirac a gravi les échelons jusqu'à s'imposer comme le leader de la droite. Selon plusieurs auteurs, comme Franz-Olivier Giesbert ou Patrick Girard[64],[69], il n'a pas hésité, dans cet objectif, à « faire le ménage » au sein même de son propre camp. Nombreuses sont ainsi les victimes de Jacques Chirac : il y a d'abord le soutien à Valéry Giscard d'Estaing, lors de l'élection présidentielle de 1974, dans le seul but de torpiller Jacques Chaban-Delmas, pourtant candidat sous la bannière du parti auquel appartient Chirac (l'UDR); puis la volonté, ensuite, de provoquer le départ de Giscard de l'Élysée, en 1981 (à tel point que Giscard expliquera ensuite avoir vérifié par lui-même que le RPR conseillait secrètement à ses sympathisants de voter pour François Mitterrand au second tour[70]) ; ensuite, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, Jacques Chirac parvient, non sans mal, à conserver son poste de président du RPR en brisant les tentatives de réforme des « Rénovateurs[71] », puis en empêchant Charles Pasqua et Philippe Séguin de prendre le contrôle du mouvement[72] ; enfin, il défait Édouard Balladur lors de la fratricide campagne de 1995.

Président de la République

1995 - 2002 : premier mandat présidentiel

Jacques Chirac le 10 juillet 1995
1995 - 1997 : Alain Juppé Premier ministre

La cérémonie d'investiture lors de laquelle il prend ses fonctions de président de la République a lieu le 17 mai 1995. Jacques Chirac est accueilli par François Mitterrand sur le perron de l'Élysée, après quoi s'ensuit le traditionnel entretien entre le président élu et le président sortant. Roland Dumas annonce ensuite les résultats définitifs de l'élection présidentielle et proclame Jacques Chirac président de la République[73]. Le nouveau chef de l'État se rend dans l'après-midi à l'Arc de Triomphe, où il dépose une gerbe de fleurs en mémoire du Soldat inconnu. Le même jour, il nomme Alain Juppé Premier ministre.

Celui-ci met l'accent sur la lutte contre le déficit budgétaire et la dette de l'État afin de respecter le pacte de stabilité de l'Union européenne et d'assurer l'arrivée de l'Euro. Pour ce faire, le mouvement des privatisations engagés entre 1986 et 1988 et depuis 1993 se poursuit : il touche les groupes industriels Pechiney et Usinor-Sacilor en 1995, de la compagnie d'assurances AGF, de l'armateur CGM (qui fusionne avec la Compagnie maritime d'affrètement pour devenir le groupe CMA-CGM) et de la Banque française du commerce extérieur (BFCE, vendue de gré à gré au Crédit national pour devenir la banque de financement et d'investissement Natexis) en 1996, ou encore du concepteur et constructeur informatique Bull en 1997. Un projet de réforme des retraites est également prévu.

Le 16 juillet 1995, dans une allocution, à l'occasion du 53e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver, Jacques Chirac reconnait « la faute collective » de la France, et déclare : « ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français[74]. »

Dès juillet 1995, une de ses toutes premières décisions est d'effectuer une ultime campagne d'essais nucléaires avant la signature du TICE, afin de permettre au CEA de développer son programme Simulation. Cette décision, arrivée au moment du cinquantenaire des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, provoque un tollé, en particulier en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Japon, aux États-Unis et dans les milieux écologistes, sans qu'il cède : la campagne d'essais a lieu. Elle se clôt le 27 janvier 1996, et le Centre d'essais du Pacifique (installations des atolls de Moruroa et Fangataufa en Polynésie française) commence à être démantelé à partir du mois de février. Le 24 septembre 1996, 32 États, dont la France, signent à New York le TICE (ratifié par la France le 6 avril 1998).

La politique internationale de la France change subitement en Bosnie-Herzégovine, où le président ordonne, suite au meurtre de soldats français, des représailles conjointes avec l'OTAN, ce qui met fin à la guerre civile. C'est au Palais de l'Élysée que sont signés les Accords de Dayton (qui tirent leur nom de la ville de Dayton dans l'Ohio, où ils ont été négociés) le 14 décembre 1995 par les présidents serbe (Slobodan Milošević), croate (Franjo Tuđman) et bosniaque (Alija Izetbegović), mettant un terme au conflit. Il mène parallèlement une politique qui le rapproche des pays arabes tout en travaillant au processus de paix dans le conflit israélo-palestinien. La France rejoint le comité militaire de l'OTAN, après avoir tenté d'obtenir pour un militaire européen (en fait, français), le commandement sud de l'Otan, basé à Naples.

Le 22 février 1996, le président annonce sa décision de professionnaliser les armées et de suspendre le service national. Ce choix de suspension, et non d'abolition, doit permettre de le rétablir en cas de conflit armé.

Le 22 octobre 1996, il se rend en Israël. Il exige, à l'impromptu, de visiter le quartier arabe de la vieille ville. Tout contact avec la population palestinienne étant empêché par la sécurité israélienne, Jacques Chirac se met en colère, menaçant de repartir en France et accusant le chef de la sécurité de provocation. Ce coup de colère fera le tour du monde arabe, et Chirac sera acclamé par la population le lendemain, lors de sa visite dans les territoires occupés[75].

De plus en plus impopulaire, le gouvernement d'Alain Juppé doit affronter des grèves massives durant l'hiver 1995-1996, dues à la réforme des retraites du public (plan Juppé annoncé le 15 novembre 1995 prévoyant un allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 annuités pour les salariés de la fonction publique afin de l'aligner sur celle du secteur privé déjà réformé en 1993, l’établissement d’une loi annuelle de la Sécurité sociale fixant les objectifs de progression des dépenses maladies et envisageant la mise en place de sanctions pour les médecins qui dépassent cet objectif, l'accroissement des frais d'hôpital, des restrictions sur les médicaments remboursables et le blocage et l'imposition des allocations familiales versées aux familles avec enfants les plus démunies, combiné avec l'augmentation des cotisations maladie pour les retraités et les chômeurs) et au gel du salaire des fonctionnaires. Le plan Juppé sur les retraites est finalement retiré dès le 15 décembre 1995, mais le gouvernement refuse de céder sur la réforme de la Sécurité sociale, une loi votée le 30 décembre suivant lui permettant de légiférer par ordonnances en la matière. Désormais, le budget de la Sécurité sociale est voté au Parlement, la hausse de la CSG (Contribution sociale généralisée) est décidée, tandis qu'une Contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) est créée. Mais les analystes politiques notent surtout le recul du gouvernement sur ce qui était présenté comme l'essentiel, la réforme des retraites, Jean-François Revel accusant notamment Jacques Chirac de lâcheté pour n'avoir pas expliqué les réformes nécessaires lors de la campagne présidentielle, expliquant ainsi l'ampleur du mouvement. Dans un article du 15 février 1996, il estime ainsi que : « Quand, durant la campagne des présidentielles, Jacques Chirac parlait de réformes visant à réduire la fracture sociale, les Français comprenaient qu’ils allaient être noyés sous une pluie de subventions. Les réformes qui visent une réduction des déficits publics ou des déficits sociaux, ils ne les comprennent pas du tout »[76].

Jacques Chirac, en novembre 1997.

D'autres évènements affaiblissent encore la popularité du gouvernement Juppé, comme l'occupation de l'église Saint-Ambroise à Paris par 300 étrangers en situation irrégulière, d'origine africaine, demandant leur régularisation, à partir du 18 mars 1996. Après avoir été expulsés de l'église Saint-Ambroise, ils vont errer d'occupation en occupation pour finir par occuper l'église Saint-Bernard de la Chapelle. Dix d'entre eux entament alors une grève de la faim qui va durer deux mois. C'est un redémarrage des mouvements de l'immigration, avec la constitution de collectifs divers, tels que « Des papiers pour tous » en 1996, le « Collectif anti-expulsion » en 1998, entre autres. Finalement, l'évacuation musclée par la police des étrangers en situation irrégulière occupant l'église Saint-Bernard est décidée le 23 août 1996. Plusieurs d'entre eux sont renvoyés au Mali. La grève de la faim prend fin, tandis que l'un des occupants décède quelques mois plus tard des séquelles de celle-ci.

Devant l'essoufflement de sa majorité, Jacques Chirac risque une dissolution, attendue par beaucoup et probablement conseillée par le secrétaire général de l'Élysée Dominique de Villepin, de l'Assemblée nationale le 21 avril 1997, soit onze mois avant la date prévue. Pris de court, ni son parti, ni son électorat ne comprennent son geste tandis que l'opposition crie à la manœuvre. Les élections qui suivent voient la victoire de la « gauche plurielle », menée par Lionel Jospin (319 sièges sur 577 dont 250 pour le PS, le RPR retombe à 134 députés). Jacques Chirac nomme ce dernier Premier ministre, ouvrant ainsi la troisième cohabitation.

1997 - 2002 : la troisième cohabitation
Jacques Chirac et Bill Clinton, le 17 juin 1999.

La troisième cohabitation est bien plus longue que les précédentes, puisqu'elle dure cinq ans. Le président et le Premier ministre tentent de parler d'une seule voix dans le cadre de l'Union européenne ou de la politique étrangère, se rendant ensemble aux sommets européens (comme lors des deux autres cohabitations, voire assurant conjointement la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne dévolue à la France de juin à décembre 2000), même si on y assiste parfois à des passes d'armes verbales entre les deux hommes. Ainsi, ils agissent conjointement concernant la crise du Kosovo (organisation de la conférence de Rambouillet pour essayer de trouver une issue pacifique du 6 au 19 février 1999 puis participation à l'opération Allied Force menée par l'OTAN dans les Balkans de mars à juin 1999) ou encore la guerre contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001 (participation à l'opération Enduring Freedom puis à la Force internationale d'assistance et de sécurité en Afghanistan à partir d'octobre 2001). Les affaires étrangères et la défense constituant traditionnellement le « domaine réservé » de la présidence de la République, il s'agit des secteurs dans lesquels Jacques Chirac est le plus actif durant ces années de cohabitation.

C'est à cette époque qu'éclatent les affaires politico-financières au sujet du RPR et de la mairie de Paris (voir ci-dessous). À l'initiative d'un député socialiste, Arnaud Montebourg, trente députés (dix-neuf PS, quatre « verts », quatre radicaux, deux PCF et un MDC) déposent une motion demandant la traduction de Jacques Chirac devant la Haute cour de Justice. La motion est rejetée. Dans une décision du 22 janvier 1999[77], le Conseil constitutionnel, alors présidé par le socialiste Roland Dumas, confirme au président son immunité telle qu'elle est définie dans la Constitution.

Le gouvernement Jospin connaît une popularité importante, marquée par la loi des 35 heures, la baisse du chômage et la reprise économique mondiale de la fin du siècle, mais aussi par plusieurs évènements favorisant une amélioration du moral des Français telle que la victoire de l'équipe de France lors de la Coupe du monde de football de 1998 qui a eu lieu en France (cela bénéficie toutefois tout autant à la popularité du président, très présent lors des matchs). Partant favori, le Premier ministre décide de rétablir le calendrier initial des élections (la présidentielle avant les législatives) et surtout obtient du président (et pressé également par l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing) d'abord très réticent, qu'il propose la modification de la Constitution pour transformer le septennat en quinquennat. Le 24 septembre 2000, la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans est adoptée par un référendum marqué par une abstention record (30,19 % de participation, 73,21 % de oui 26,79 % de non). Bien que sa marge de manœuvre politique semble réduite, il s'attache à remplir sa fonction présidentielle et à se présenter comme le garant des valeurs républicaines. Ainsi, il intervient pour mettre en garde contre toute alliance entre la droite de gouvernement et le FN après le bon score réalisé par ce dernier aux élections régionales de 1998. Le mot d'ordre est suivi par le RPR, qui préfère perdre les présidences des conseils régionaux d'Aquitaine, de Haute-Normandie et d'Île-de-France au profit de la gauche plutôt que de les conserver avec l'appui de l'extrême-droite. Sur les douze régions pouvant être conservées par la droite par le biais de cette alliance controversée, seul cinq présidents de région (tous UDF, et exclus de ce parti suite à cela) décident de s'appuyer sur le FN pour se maintenir à leur poste.

Jacques Chirac aux côtés de George W. Bush, en juillet 2001.

Mais les années de cohabitation sont également marquées par une certaine perte de contrôle de son propre camp, et plus particulièrement du RPR. En crise interne après la défaite de 1997, il a porté à sa tête Philippe Séguin avec pour projet d'en rénover profondément les structures. Ainsi, il adopte une attitude très indépendante à l'égard de l'Élysée (en témoigne le retour en force, après deux ans de traversée du désert, des Balladuriens dans la direction, incarné par la nomination de Nicolas Sarkozy au poste de secrétaire général) et propose que les militants votent de façon directe pour élire à l'avenir le président : seul candidat, il est réélu à la tête du parti avec 95,07 % des voix des adhérents[78]. Ne parvenant pas à établir une liste unique aux élections européennes et sous la pression des chiraquiens, Philippe Séguin abandonne finalement la direction du RPR en avril 1999, dénonçant les déclarations de Bernard Pons (un des fidèles du président de la République) et un « manque de loyauté » de Jacques Chirac à son égard[79]. Nicolas Sarkozy prend l'intérim de la présidence mais, devant le score calamiteux récolté par la liste qu'il menait conjointement avec le président de DL Alain Madelin aux européennes de 1999 (12,82 % et 12 des 87 sièges à pourvoir, loin derrière 21,95 % et 22 élus de la liste d'union de la gauche et même devancé par la liste souverainiste de Charles Pasqua et Philippe de Villiers), il décide de ne pas se présenter à l'élection présidentielle du mouvement de novembre-décembre 1999. Jacques Chirac décide de soutenir pour celle-ci Jean-Paul Delevoye, un fidèle, sénateur-maire de Bapaume peu connu du grand public. Le choix appartenant désormais aux militants, c'est pourtant une « outsider », la députée maire de Saint-Jean-de-Luz Michèle Alliot-Marie, qui l'emporte au second tour avec 62,71 % des votes le 4 décembre 1999[80], preuve de la perte d'influence du président de la République sur son propre parti. Bien que déclarant sa fidélité au chef de l'État, elle tend à rendre le RPR plus autonome vis-à-vis de l'Élysée et appelle à tourner la page des « affaires » qui ont touché le parti à la fin des années 1990 en laissant faire la justice[81].

Lors de la crise de la vache folle, il prononce, le 7 novembre 2000, une allocation dans laquelle il réclame l'interdiction immédiate des farines animales, prenant ainsi de court le gouvernement, qui réfléchissait à d'éventuelles mesures, mais était accusé de prendre du retard en comparaison de la législation britannique. Le Premier ministre rejoint sa position le 14 novembre suivant[82]. Dans un livre d'entretiens publié neuf ans plus tard, Lionel Jospin affirme qu'il s'agissait là d'un des pires moment de la cohabitation, et que cet épisode lui a fait prendre conscience que Jacques Chirac « n'hésitait pas à faire passer son intérêt partisan avant l'intérêt général »[83].

Face à la pression de ses soutiens, les sondages lui étant peu favorables, Jacques Chirac décide d'annoncer plus tôt que prévu sa candidature pour l'élection présidentielle, le 11 février 2002 lors d'un meeting à Avignon, devançant ainsi Lionel Jospin (ce dernier annonce sa propre candidature le 20 février).

Jacques Chirac et Vladimir Poutine le 15 janvier 2002

S'appuyant sur la jeune garde des députés RPR mais aussi sur les anciens balladuriens (dont surtout Nicolas Sarkozy), certains centristes et libéraux (tels Jean-Pierre Raffarin ou Philippe Douste-Blazy), il favorise la formation progressive d'un nouveau parti qui doit voir la fusion du RPR, de l'UDF et de DL : l'Union en mouvement (UEM) est créée le 4 avril 2001 par les partisans de cette solution, préfiguration de la future Union pour la majorité présidentielle. Les futurs éléments de ce nouveau parti (que l'UDF, dirigée par François Bayrou, refuse de rejoindre) développent les thèmes de la sécurité et de la baisse des impôts.

Après un début de campagne jugé moyen, Jacques Chirac profite des erreurs de Lionel Jospin (la phrase « un président vieilli et usé » choque). Fort de sa grande expérience des campagnes présidentielles, Jacques Chirac mène alors une campagne dynamique, notamment sur les thèmes de la baisse des impôts (promesse de baisse de 33 % de l'impôt sur le revenu) et de l'insécurité, très largement relayés et diffusés par les médias (les Guignols de l'info de Canal+ accusent TF1 et son journal de 13 h d'amplifier le mouvement ; la gauche parle de « sentiment d'insécurité ») qui multiplient le temps d'audience sur le sujet et celui de la violence urbaine. Lionel Jospin voit dans le même temps sa campagne s'essouffler et pâtir de l'éclatement de la gauche plurielle entre plusieurs candidatures.

Le 21 avril, c'est la stupeur : Lionel Jospin est battu dès le premier tour. Jacques Chirac, arrivé en tête avec 19,88 % des suffrages (le plus faible score pour un président sortant) se voit opposé à Jean-Marie Le Pen (16,86 %). Assuré de l'emporter, il décide de refuser de débattre avec son adversaire, déclarant que « face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible ». Il laisse alors la gauche et la jeunesse manifester en appelant à voter pour lui (le slogan de ses opposants les plus farouches est « Votez escroc, pas facho ») et est élu avec un score sans commune mesure : 82,21 %.

2002 - 2007 : second mandat présidentiel

2002 - 2005 : Jean-Pierre Raffarin Premier ministre
J. Chirac et George Bush en mai 2002 à Paris

Lionel Jospin lui ayant aussitôt remis sa démission, il nomme un membre de Démocratie libérale, Jean-Pierre Raffarin comme Premier ministre, lequel gouverne par ordonnances pendant quelques semaines. La cérémonie d'investiture de Jacques Chirac se déroule le 16 mai 2002[73].

L'Union pour la majorité présidentielle (UMP), créée par l'association du RPR, de Démocratie libérale et d'une grande partie de l'UDF, remporte largement les élections législatives de juin 2002, obtenant à elle seule la majorité absolue à l'Assemblée nationale (365 sièges sur 577). Jacques Chirac peut à nouveau s'appuyer sur une majorité parlementaire. Il s'appuie également sur un groupe de députés UDF réduit à 29 membres, et nomme un seul ministre issu de ce parti, Gilles de Robien.

Jean-Pierre Raffarin entame dès lors la mise en œuvre de certaines des promesses de la campagne : baisse de l'impôt sur le revenu et multiplication d'actions ciblées contre la délinquance. Viendront ensuite une réforme des "35 heures", une réforme des retraites et de la sécurité sociale, et enfin la poursuite de la réforme de l'Etat, incluant ce que les spécialistes ont appelé "l'acte II de la décentralisation".

Du 26 août au 4 septembre 2002, Jacques Chirac est présent au sommet de la Terre, qui s'est tenu à Johannesbourg. Il est accompagné par des représentants de quelques entreprises françaises et d'ONG. Il y prononce cette phrase restée célèbre : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le président des États-Unis George W. Bush, avec qui Jacques Chirac s'entend mal, mène une politique internationale plus offensive. La France soutient les États-Unis lors de l'intervention en Afghanistan, mais Jacques Chirac refuse d'intervenir en Irak, et forme un "front commun" avec l'Allemagne et la Russie contre l'invasion de l'Irak. Épaulé par son ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui prononce notamment un discours remarqué[84], il obtient que les États-Unis passent par l'ONU avant toute intervention. Profitant d'un large consensus national sur la question, Jacques Chirac se fait le chantre d'un « monde multipolaire ». Soutenu par les opinions publiques européennes, mais seulement par quelques dirigeants (le Belge Guy Verhofstadt et l'Allemand Gerhard Schröder), il s'oppose aux États-Unis et à leurs alliés, laissant entendre que la France utilisera son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies tant que la situation n'évoluera pas. Cette annonce lui vaut une campagne hostile, notamment dans une partie des médias anglo-saxons (The Sun titre alors « Chirac is a worm » — « Chirac est un ver »). Les relations avec les États-Unis deviennent exécrables. Elles ne commenceront à se normaliser qu'à partir de la commémoration du débarquement en Normandie, quinze mois plus tard.

Lors du défilé militaire du 14 juillet 2002, Maxime Brunerie, un jeune militant d'extrême droite, tente d'assassiner Jacques Chirac, qui s'en sort indemne.

Au lendemain d'une défaite massive aux élections cantonales et régionales de 2004 (20 des 22 régions de France métropolitaine sont remportées par la gauche), il nomme Nicolas Sarkozy ministre d'État, ministre de l'Économie, des finances et de l'industrie : la plupart des éditorialistes politiques (dont ceux du Canard enchaîné, du Nouvel observateur et de l'Express) y voient un moyen de contrer les ambitions de ce dernier, alors qu'il est lui-même affaibli. Face aux ambitions présidentielles affichées par ce dernier, il le met en demeure, lors de son allocution du 14 juillet 2004, de choisir entre son poste de ministre et celui de président de l'UMP. Il réaffirme également son autorité en déclarant, à propos de son ministre de l'Économie : « Nos relations sont très simples : je décide, il exécute ». En novembre, Nicolas Sarkozy est élu président du parti et quitte son ministère, alors confié à Hervé Gaymard. Quelques mois plus tard, celui-ci est contraint à la démission suite à un scandale très médiatisé et il est remplacé par Thierry Breton.

Pour impliquer les Français dans la Constitution européenne, Jacques Chirac décide qu'un référendum sera organisé pour la ratification de celle-ci, à organiser au plus vite afin de remporter le scrutin. Désormais favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (son « vœu le plus cher »), il subit les critiques d'une partie de sa famille politique qui s'oppose à cette perspective, ce qui vient brouiller les cartes du référendum : le 17 décembre 2004, l'Union européenne décide l'ouverture de négociations avec la Turquie. Le projet de directive Bolkestein détourne une partie de l'inquiétude sociale grandissante sur l'Europe, malgré les tentatives de désamorçage du Président. Pis, Jacques Chirac semble déconnecté des attentes sociales, notamment des jeunes, lors d'un débat télévisé bien encadré, le 14 avril 2005 sur TF1. Dans un contexte de quasi-unanimité en faveur du « oui » des partis de gouvernement et des médias, les sondages s'inversent trois fois, le débat enflamme les Français et mobilise les médias jusqu'au jour du référendum.

2005 - 2007 : Dominique de Villepin Premier ministre
Article détaillé : Gouvernement Dominique de Villepin.
Dominique de Villepin à Matignon en 2006

Le 29 mai 2005, après une campagne marquée par l'implication personnelle du président, le « non » l'emporte avec 54,87 % des voix et avec une forte participation de 69,74 %. Le surlendemain, Jean-Pierre Raffarin démissionne ; Jacques Chirac annonce son remplacement par un duo formé par Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy : l'un comme Premier ministre, l'autre comme ministre d'État, rejoignant le ministère de l'Intérieur. La presse se déchaîne contre le peu de changement des membres du gouvernement, mais est intriguée par la « cohabitation » des deux (on parle de « vice-Premier ministre »)[réf. nécessaire]. Jean-Louis Borloo, un temps pressenti[réf. nécessaire], élargit son ministère en devenant ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement.

Jacques Chirac entame alors un bras de fer avec Tony Blair (qui prend la présidence de l'Union européenne), sur le budget de l'Union. Cette confrontation s'étend à la candidature de Paris et Londres pour les Jeux olympiques d'été de 2012 où les deux hommes s'impliquent personnellement. Les Français partent favoris et espèrent contrer la morosité qui s'abat sur le pays[évasif], mais, le 6 juillet, Londres est choisie par le CIO. Le 4 octobre 2005, lors d'un sommet franco-italien, Jacques Chirac reproche à la Commission européenne de ne pas lutter contre des licenciements chez Hewlett-Packard, ce qui fait réagir le président de la Commission, Jose Manuel Barroso, qui qualifie cette accusation de « démagogie », estimant que le sujet est du domaine national.

Le projet de Charte de l'environnement voit le jour. Il a été voulu par le président Chirac, conseillé par une commission d'experts. Le texte de la Charte de l'environnement est adopté le 28 février 2005 par le Parlement réuni en Congrès, et promulgué officiellement par Jacques Chirac le 1er mars. Il figure désormais dans le Préambule de la Constitution de la Ve République. C'est la Cour de cassation qui reprend maintenant les travaux d'adaptation juridique nécessaires.

Depuis le référendum, les sondages de popularité de Jacques Chirac sont au plus bas[85]. Le 2 septembre 2005, il est hospitalisé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, pour un accident vasculaire cérébral (ou attaque cérébrale) ayant entraîné un léger trouble de la vision qui disparaît en quelques jours[86]. Il en sort le 9 septembre 2005, mais ne doit pas prendre l'avion pendant quelques semaines. Le Premier ministre Dominique de Villepin représente alors la France au sommet de l'ONU le 13 septembre 2005. Il peine à masquer la rivalité qui l'oppose à Nicolas Sarkozy, rendue plus aigüe depuis l'accident du président[réf. nécessaire]. Fin 2005, selon un sondage[87], 1 % des Français souhaitent que Jacques Chirac soit le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle de 2007. En outre, un Français sur trois déclare souhaiter que le chef de l'État démissionne de l'Élysée pour provoquer une présidentielle anticipée[88]. La plupart des éditorialistes affirment que Jacques Chirac ne se représentera pas en 2007, mais Patrick Devedjian pense le contraire[89] ; Jacques Chirac demande au début de l'année 2006 à Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, « de la retenue » en attendant que la question de sa succession vienne à l'ordre du jour.

À partir de la fin du mois d'octobre 2005, suite à la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois électrocutés en se réfugiant dans un transformateur EDF[90], puis à des déclarations du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, les actes de violence se multiplient les nuits suivantes, les médias finissant par parler d'émeutes, se propageant dans de nombreuses banlieues en France (des milliers de voitures brûlées, des entreprises et bâtiments publics détruits, etc.). Le 8 novembre, Jacques Chirac décrète en Conseil des ministres l'état d'urgence (qui sera levé environ 2 mois plus tard, le 4 janvier 2006), les préfets pouvant déclarer le couvre-feu dans tout ou partie du territoire. Jacques Chirac s'adresse pour la première fois sur ces émeutes en banlieues directement aux Français via la télévision et la radio le lundi 14 novembre, regardé par plus de vingt millions de télespectateurs[91].

En visite le 19 janvier 2006 à l'Île Longue, base opérationnelle des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français, Jacques Chirac y réaffirme les principes de la politique de dissuasion nucléaire française, marquant une inflexion de la doctrine nucléaire du pays : ne plus raisonner « du faible au fort » mais « du fort au fou », dans une période marquée par le terrorisme et les ambitions nucléaires de pays comme l'Iran et la Corée du Nord. Si les États-Unis et le Royaume-Uni réagissent positivement à cette annonce, la classe politique allemande s'inquiète de cette position, alors que l'Iran proteste.

Après le Contrat nouvelles embauches (CNE), Dominique de Villepin décide, au début de l'année 2006, de lancer un nouveau contrat de travail similaire, pour les jeunes, baptisé Contrat première embauche (CPE). La mobilisation syndicale et étudiante contre ce projet en particulier, et, plus généralement, contre la loi pour l'égalité des chances, qui contient les dispositions relatives au CPE, se met lentement en place, mais finit par prendre des proportions très importantes, ce qui place le Premier ministre en difficulté. Jacques Chirac prend plusieurs fois la parole pour le soutenir, mais n'intervient pas avant le 31 mars où, dans une allocution devant 21 millions de téléspectateurs, il annonce la promulgation de la loi qui contenait le CPE, tout en demandant de ne pas l'appliquer tant que de nouvelles mesures ne sont pas prises, et confie le dossier à l'UMP, ce qui fait dire à un proche de Nicolas Sarkozy : « en réalité, le CPE est bel et bien suspendu, mais on ne le dit pas pour ne pas vexer Villepin[92]. » La presse se montre très critique sur ces demi-mesures[réf. nécessaire], et, le 10 avril, le Premier ministre annonce le remplacement rapide du CPE par une autre loi.

L'affaire Clearstream 2 vient ensuite bousculer l'emploi du temps du gouvernement. Dominique de Villepin, mais aussi Jacques Chirac, sont soupçonnés par la presse d'avoir commandité des enquêtes confidentielles sur des hommes politiques français[réf. nécessaire], notamment Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin, qui ont été accusés anonymement et faussement d'avoir profité de rétrocommissions en marge de l'affaire des frégates de Taïwan. Nicolas Sarkozy porte plainte contre X en janvier 2006 pour « dénonciation calomnieuse », rapidement rejoint par une série d'autres personnalités françaises.

L'affaire Clearstream 2 dévie par la suite vers l'affaire du compte japonais de Jacques Chirac, puisque Le Canard enchaîné affirme dans son édition du 10 mai 2006 que le procès-verbal du général Rondot, membre de la DGSE, indiquait aussi que Jacques Chirac aurait détenu un compte de 300 millions de francs (45 millions d'euros) au Japon, à la Tokyo Sowa Bank appartenant à Shōichi Osada, un ami de Jacques Chirac (fait chevalier de la Légion d'honneur en 1994, par François Mitterrand), arrêté en 2000 au Japon pour faillite frauduleuse. Le général ajoutait que ce compte avait été ouvert en 1992, mais il s'est ensuite rétracté par voie de presse. Jacques Chirac nie aussitôt détenir tout compte au Japon, affirmant que le Canard fait référence à une enquête ouverte par la DGSE en 2000 (juste avant la présidentielle) au sujet de comptes supposés qu'il aurait détenus au Japon, enquête qui elle-même aurait été ouverte sur la base d'un article dans la presse japonaise[évasif]. Le 9 novembre 2006, est publiée dans un livre la note interne de la DGSE du 11 novembre 1996 parlant de ce compte bancaire japonais. Gilbert Flam, qui a enquêté pour la DGSE autour de cette affaire, déclare que cette histoire de compte bancaire secret était une manipulation de la presse japonaise. Dans son édition du 23 mai 2007, le Canard enchaîné affirme que les juges en charge de l'affaire Clearstream ont des preuves concrètes (telles que des relevés de comptes) de l'existence de ce compte bancaire japonais de Jacques Chirac[93]. Les déclarations de patrimoine de Jacques Chirac publiées en 1995 et en 2007 ne mentionnent pas la détention de compte bancaire à l'étranger. À noter que cette banque japonaise ayant fait faillite en 1999, Jacques Chirac a pu y perdre beaucoup, s'il avait réellement un compte dans cette banque[94],[95],[96].

Jacques Chirac, en novembre 2006.

Lors de ses vœux du 31 décembre 2006[97], Jacques Chirac annonce la décision du gouvernement de Dominique de Villepin de mettre en place un droit au logement opposable dans les toutes prochaines semaines.

Dominique de Villepin lui remet la démission de son gouvernement le 15 mai 2007, à la veille de la passation de pouvoir entre le président sortant et Nicolas Sarkozy, élu président de la République.

2007 : position pour l'élection présidentielle

Le 11 mars 2007, il annonce lors d'un discours télévisé qu'il ne se présentera pas à l'élection présidentielle de 2007 et que par conséquent il ne briguera pas de troisième mandat : « Je ne solliciterai pas vos suffrages pour un nouveau mandat », ajoutant : « Au terme du mandat que vous m'avez confié, le temps sera venu pour moi de vous servir autrement ». Le 21 mars suivant, il dit « donner son vote et son soutien à Nicolas Sarkozy » dans le cadre de cette élection[98]. L'encore actuel président accorde ce soutien au nom du parti qu'il a créé, à savoir l'UMP. « Cette formation politique [l'UMP] a choisi de soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy [...]. C'est donc tout naturellement que je lui apporterai mon vote et mon soutien ». Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu Président de la République. La passation des pouvoirs a lieu le 16 mai.

Bilan

Le bilan présidentiel de Jacques Chirac apparaît fort contrasté. Si, globalement, sa politique extérieure et sa manière d'appréhender la fonction présidentielle sont louées, sa politique intérieure, en revanche, est loin de faire l'unanimité. Ainsi, en novembre 2009, un sondage BVA indique que 60 % des Français estiment que Jacques Chirac a fait un bon président, mais 71 % se déclarent insatisfaits de son action contre le chômage et 66 % contre la « fracture sociale[99] ».

Bilan institutionnel

Sous les mandats de Jacques Chirac, quatorze réformes constitutionnelles ont été votées (sur 24 depuis 1958)[100]. Les plus emblématiques sont :

  • l'instauration du quinquennat par référendum, en 2000[101] (Jacques Chirac, à cette occasion, ne donne, lors d'une intervention télévisée consacrée au sujet, aucune consigne de vote : « Si les Français disent oui, c'est très bien. S'ils répondent non, c'est très bien aussi[102] ») ;
  • l'instauration dans le bloc constitutionnel d'une « Charte de l'environnement[103] », un projet qui lui tenait à cœur[104] ;
  • l'inscription dans la Constitution de l'interdiction en France de la peine de mort[105] ;
  • la réforme du « statut pénal du chef de l'État[106] ».

Sur le plan de la pratique du pouvoir, Jacques Chirac s'est révélé être un Président humain[107] et à la communication économe (sa fille Claude, qui le conseillait en matière de communication en s'inspirant de Jacques Pilhan, conseiller en communication du président François Mitterrand, préférant une approche solennelle afin de donner de la hauteur à la fonction présidentielle).

Bilan intérieur

Sur le plan intérieur, Jacques Chirac a laissé son empreinte avec les actions suivantes :

  • La suppression du service militaire, accompagnée de la professionnalisation de l’armée[108] (une réforme parfois considérée comme étant la plus importante de ses deux mandats présidentiels[109]).
  • Les « grands chantiers » de son quinquennat (2002-2007) : la lutte contre l'insécurité routière (- 40% de morts sur les routes de 2003 à 2007[110]); celle contre le cancer avec l'élaboration, en 2003, d'un plan de 70 mesures, aujourd'hui effectives, qui a entraîné la hausse significative des crédits alloués à la recherche médicale[111] ; enfin, le soutien aux personnes handicapées (très cher à Jacques Chirac, car sa fille Laurence souffre d'anorexie chronique), qui s'est traduit par la création d'une prestation compensatoire au handicap[111].
Taux de chômage standardisés en France, dans l’Union européenne, dans les pays de l'OCDE, du G7 et aux États-Unis, données trimestrielles c.v.s. (corrigées des variations saisonnières), 1993 - 2009. Source : OCDE.
  • Un bilan économique et social mitigé[110]. Sur le plan économique, la lutte contre le chômage (l'une des priorités de Jacques Chirac lors de son élection) s'est avérée délicate : le nombre de chômeurs s'établissait à 11,3 % de la population active à son arrivée à l'Élysée, contre 8,4 % à son départ[111] ; mais la baisse la plus significative a eu lieu de 1997 à 2001 (-3 points environ), c'est-à-dire lors de la cohabitation (durant laquelle Jacques Chirac n'avait, de facto, pratiquement aucune prise sur les décisions de politique intérieure). Toutefois, il est à noter que la fin de son quinquennat (2005-2007) est également marquée par une assez forte réduction du nombre de chômeurs (-1 point environ)[113]. La dette publique, quant à elle, a augmenté de neuf points durant la présidence de Chirac, pour culminer à 63,9 % fin 2006[110]. De plus, alors que Jacques Chirac avait fondé son élection, en 1995, sur le combat contre la « fracture sociale », les inégalités sociales ont continué de croître depuis cette date[114],[115]. Sa promesse, lors de la campagne de 2002, de diminuer la pression fiscale, n'est, elle aussi, qu'imparfaitement respectée : certes, une réforme de l'impôt sur le revenu a été réalisée, mais ses effets ne se sont fait sentir que sur les hauts et bas revenus (au détriment de la classe moyenne) et, globalement, les prélèvements obligatoires ont, rapportés au PIB, augmenté de 1,7 point entre 1995 et 2006[111]. Enfin, d'un point de vue sociologique, la situation et le moral des classes moyennes se sont détériorés durant la présidence de Jacques Chirac[116].
  • La création du musée des Arts premiers, inauguré en juin 2006 au Quai Branly[110]. Jacques Chirac, depuis longtemps passionné par les arts dits premiers, a longuement œuvré pour la construction de ce musée[120].
  • Sur un plan plus politique, l'échec de la dissolution de l'Assemblée nationale, en 1997 : l'Assemblée, très majoritairement aux mains du président de la République, bascule à gauche.
Bilan en matière de politique étrangère
Jacques Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schröder le 31 mai 2003
  • Son opposition à la guerre en Irak, en 2003 est, selon un sondage effectué en 2005 par l'institut LH2 pour le compte du quotidien Libération, le point le plus positif du bilan de Jacques Chirac à l'Élysée[121]. À l'occasion de ce refus de la guerre menée par George W. Bush, le Président français a conforté sa stature internationale[110], ainsi que sa popularité au sein du monde arabe[122]. Il en a surtout profité pour développer la théorie dite du « monde multipolaire » par laquelle il entend promouvoir la vision d'un monde fait d'entités régionales fortes (afin de garantir la souveraineté nationale), qui cohabiteraient entre elles en vertu d'un droit international public renforcé qu'appliquerait l'Organisation des Nations unies (ONU), de manière à empêcher toute forme d'unilatéralisme[123]. Il s'agit donc, selon l'universitaire Laurent Lombart, d'une thèse inédite visant à concilier la politique gaullienne de défense de l'indépendance nationale et la vision internationaliste soutenue, entre autres, par l'ancien Président américain Woodrow Wilson[123]. Jacques Chirac inscrit également cette position dans le cadre d'un rejet du concept de « guerre des civilisations », inventé par le politologue et philosophe néoconservateur Samuel Huntington, et repris par l'administration Bush ; après son départ de la Présidence, Chirac déclare ainsi à Riyad, en Arabie saoudite : « Chacun mesure que la guerre des civilisations prophétisée par certains mauvais augures est le piège majeur du monde nouveau »[124].
  • Sa politique africaine. Si Jacques Chirac a toujours aimé l'Afrique, et si les Africains le lui ont d'ailleurs bien rendu[125], le bilan de ses actions en Afrique n'est pas sans aspérités : certes, certaines initiatives ont été saluées, comme l'instauration d'une taxe sur les billets d'avion au profit du développement et de la lutte contre le SIDA[126], mais il lui a aussi été reproché d'avoir poursuivi la politique de la « Françafrique », ou encore de ne pas avoir su anticiper les mutations politiques, économiques et sociales du continent africain, ce qui s'est traduit pour la France par une perte d'influence politique et une décrue des investissements commerciaux (le tout au profit de la Chine et des États-Unis, principalement)[127].
  • La reprise des essais nucléaires, à Mururoa, en Polynésie française, à l'orée de son premier mandat, a été extrêmement critiquée par la communauté internationale[128] même si aucun accord international n'a alors été violé, la France n'adoptant, sur décision de Chirac du reste, le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) que postérieurement[123]. Jacques Chirac, a par ailleurs, en 2006, apporté une évolution à la doctrine nucléaire française en ajoutant deux nouveaux cas de recours à l'arme atomique : la « garantie des approvisionnements stratégiques et la défense de pays alliés » et la lutte contre des États qui « auraient recours à des moyens terroristes contre [la France] »[128].
  • Le rejet par référendum du Traité constitutionnel européen (ou « Constitution européenne »). Ce référendum, voulu par Jacques Chirac, a en effet entraîné la disparition de ce projet et, par voie de conséquence, de fortes tensions politiques au sein de l'Union européenne. Un échec dont Chirac est comptable dans la mesure où de nombreux analystes politiques estiment que le mécontentement du peuple français au moment du vote et la mauvaise campagne du président de la République ont lourdement influé sur l'issue de la consultation référendaire[129].

Après l'Élysée : en retrait de la vie politique

Vie après l'Elysée

Jacques Chirac à Saint-Tropez, quelques mois après la fin de son mandat, en août 2007.

Le 16 mai 2007, Jacques Chirac quitte le palais de l'Élysée pour un appartement quai Voltaire à Paris, prêté par la famille de l'ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri[130], assassiné dans un attentat à Beyrouth en février 2005.

Comme tous les anciens présidents de la République, il est désormais membre de droit à vie du Conseil constitutionnel où il côtoie Valéry Giscard d'Estaing. En tant que tel, il touche une indemnité mensuelle de 12 000 €. Selon l'association 1901 « Sauvegarde retraites »[131], il est de plus éligible à une retraite cumulée estimée en juin 2007 à 18 781 €, répartie de la manière suivante :

Fonctions exercées Durée Retraite mensuelle
Auditeur puis magistrat à la cour des comptes 5 ans 3 500 €
Mandats locaux en Corrèze et à Paris 30 ans 5 000 €
Député 19 ans 5 031 €
Président de la République 12 ans 5 250 €

Fondation Jacques Chirac

Il se consacre à la Fondation Jacques Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures[130], afin qu'elle soit active en juin 2008, installée en juin au Musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. Au titre de sa fondation, il se rend dans plusieurs pays d'Afrique pour inaugurer des projets d'accès à l'eau, aux médicaments, à l'éducation[130].

Il se rend également à deux reprises en Russie à l'invitation personnelle de Vladimir Poutine[130]. Toutefois, Jacques Chirac refuse de donner des conférences pour lesquelles il est fréquemment sollicité par diverses universités dans le monde[130].

Depuis avril 2009, le baromètre IFOP de l'hebdomadaire Paris Match le consacre chaque mois « personnalité politique préférée des Français ». En décembre, il atteint la cote inédite, dans l'histoire du baromètre, de 78% d'opinions positives[132].

Jacques Chirac et le Chef Raoni en mai 2000, au palais de l'Elysée

Début juin 2009, le journal Le Parisien révèle[133] que Barack Obama aurait souhaité visiter le musée du Quai Branly en compagnie de Jacques Chirac, et ce à l'occasion de la présence en France du président américain pour participer aux cérémonies de commémoration du débarquement du 6 juin 1944. Cette visite n'a finalement pas pu avoir lieu en raison de l'emploi du temps de Jacques Chirac, retenu à Venise. Quelques mois auparavant, peu après son entrée en fonction, Barack Obama avait envoyé une lettre amicale à l'ex-président français[134]. Autant de signes qui montrent le respect du Président américain à l'égard de Jacques Chirac. Le Président Nicolas Sarkozy serait d'ailleurs, à en croire la presse française, très agacé par cette bonne entente régnant entre les deux hommes, lui-même éprouvant des difficultés à se faire apprécier du nouveau locataire de la Maison Blanche[135],[136].

Le 12 juin 2009, Jacques Chirac accepte l'invitation de Nicolas Sarkozy à se rendre, le 16 juin, et en sa compagnie, aux obsèques nationales du président gabonais Omar Bongo[137].

Le 6 octobre 2009, Jacques Chirac détaille les activités de sa fondation relatives à la préservation des langues rares et des spécificités culturelles menacées, et annonce, dans cet objectif, le lancement d'un site Internet : sorosoro.org (sorosoro signifiant langue en araki, idiome de l'île du même nom au Vanuatu, menacée d'extinction avec 8 locuteurs recensés en 2009). Dans son discours, il appelle à « une nouvelle forme de conscience collective », qui doit l'emporter sur « l'arrogance de la pensée unique »[138].

Le premier tome de ses mémoires, consacré à sa vie politique avant la présidence et intitulé Chaque pas doit être un but, paraît le 5 novembre 2009[139]. Il remporte immédiatement un certain succès, s'écoulant, selon sa maison d'édition, entre 15 000 et 18 000 exemplaires par jour la première semaine de sa publication. Deux semaines après sa sortie, au 18 novembre 2009, il aurait été réimprimé trois fois pour s'établir à un tirage global de 390 000 exemplaires (contre 260 000 initialement le jour de sa publication)[140].

Le 6 novembre 2009, Jacques Chirac remet à l'imam Muhammad Ashafa, au pasteur nigérian James Wuye et à l'ancien ministre sud-coréen de l'Unification Park Jae-Kyu les premiers prix pour la prévention des conflits de sa fondation, et ce en présence, notamment, de Nicolas Sarkozy et de Simone Veil[141].

État de santé

Le 11 avril 2008, il se fait poser avec succès un stimulateur cardiaque[142].

Victime d'un accident vasculaire cérébral en 2005, Jacques Chirac est depuis frappé par des moments d'absence, des pertes de mémoires et est également atteint de forte surdité[143]. D'après Charles Pasqua, l'état de santé de l'ancien président de la République ne lui permet pas de se rendre au procès de l'affaire des ventes d'armes à l'Angola[144].

Son état de santé le pousse à se mettre en retrait du Conseil constitutionnel, où il ne participe plus à aucune séance depuis le 9 décembre 2010. A ce titre, son indemnité de 11 000 euros par mois est suspendue[145].

Le 3 septembre 2011, le site Internet du quotidien Le Monde révèle que Jacques Chirac n'est « pas en capacité » d'assister au procès des emplois fictifs de la mairie de Paris, qui doit se dérouler en septembre 2011. Les avocats de l'ancien président ont en effet fait parvenir au président de la 11e chambre du tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, un rapport médical établi par le neurologue Olivier Lyon-Caen faisant état de la « vulnérabilité » de Jacques Chirac, qui souffrirait en outre de « troubles de la mémoire »[146]et présenterait une anosognosie[147].

Les « affaires »

Affaires judiciaires du RPR et de la Mairie de Paris

Le 21 septembre 2000, est publié dans le journal Le Monde un aveu posthume de Jean-Claude Méry, promoteur immobilier, financier occulte du RPR, lequel accuse Jacques Chirac, alors maire de Paris, d'avoir été au cœur du système. Le RPR (tout comme l'UDF, le PS et le PC) est accusé d'avoir alimenté son budget à l'aide de commissions versées par des entreprises du bâtiment auxquelles la région Île-de-France a confié en contrepartie d'importants travaux publics. Jacques Chirac était alors le président du RPR. Il était également maire de Paris lors des faits de l'affaire des faux électeurs du 3e arrondissement de Paris. Une enquête a lieu dans le cadre du financement de voyages en avion à caractère privé de l'ancien maire. Bertrand Delanoë, nouveau maire de Paris, ignorant ces premières accusations, rend public durant la campagne présidentielle de 2002 un rapport détaillant les 2,13 millions d'euros (soit 700 euros par jour) dépensés en « frais de bouche » par Jacques Chirac et sa femme entre 1987 et 1995 ; un non-lieu pour prescription est prononcé par le juge d'instruction Philippe Courroye en 2003.

Au total, depuis les années 1990, le nom de Jacques Chirac est régulièrement évoqué dans huit affaires judiciaires impliquant notamment la Mairie de Paris, parmi lesquelles l'affaire des emplois fictifs, l'affaire des faux chargés de mission, ou encore l'affaire des HLM de Paris. La plupart de ces affaires ont été jugées (certains de ses proches collaborateurs comme Michel Roussin, Louise-Yvonne Casetta ou Alain Juppé ont été condamnés) ou classées sans suite, ou sont en cours. Jacques Chirac a toujours refusé de témoigner devant la justice et de se rendre aux convocations des juges lorsqu'il était président de la République en raison du statut pénal de ce dernier, le tenant à l'abri de poursuites judiciaires durant toute la période de son mandat. En conséquence, des personnalités politiques de gauche comme Jack Lang, Noël Mamère ou Arnaud Montebourg ont réclamé un changement de la législation et la fin de « l'immunité présidentielle ». Le 16 juin 2007 (un mois après la fin de son mandat), cette immunité arrive à son terme. Le 19 juillet 2007, Jacques Chirac est entendu une première fois par la justice sur cette affaire dans ses bureaux de la rue de Lille. Cette audition porterait sur une des affaires des emplois fictifs du RPR. Pour cette première affaire, il a été entendu par les juges en tant que témoin assisté.

Convoqué pour une seconde audition le 21 novembre 2007, Jacques Chirac se voit notifier sa mise en examen par la juge Xavière Simeoni du pôle financier du tribunal de Paris dans le cadre de l'affaire des chargés de mission de la ville de Paris employés au cabinet de celui qui était alors maire de la ville[148].

Le 30 octobre 2009, Jacques Chirac est renvoyé devant le tribunal correctionnel par la juge Xavière Simeoni, dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Chirac sera jugé pour abus de confiance et détournement de fonds, mais bénéficie en revanche d'un non-lieu pour le chef de faux en écriture publique (qui lui aurait valu la Cour d'assises). Qualifié de « concepteur », « auteur » et « bénéficiaire » du « système » par l'ordonnance de 125 pages[149], il se déclare « serein » quant à l'issue de ce procès[150].

En septembre 2011, le procès se termine En l'absence du prévenu, du témoin principal, de la victime de l'infraction et sans accusation (Jean-Claude Marin, estimant l'infraction insuffisamment caractérisée)[151].

Le 18 décembre 2009, sur un second volet de l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, Jacques Chirac est à nouveau mis en examen par le juge de Nanterre, Jacques Gazeaux[152].

Affaire du compte japonais

Un document interne de la DGSE de 1996 fait état de l'existence d'un compte bancaire de Jacques Chirac au Japon, crédité de « 300 millions de francs » en 1996. Cette note est envoyée par le chef de poste de la DGSE à Tokyo au siège des services à Paris le 11 novembre 1996. Elle fut rendue publique dans le livre « Machinations » des journalistes Laurent Valdiguié et Karl Laske (Denoël, novembre 2006).

En 2001, Gilbert Flam, magistrat détaché à la DGSE, a ouvert une enquête au Japon pour vérifier des soupçons d'existence de comptes bancaires appartenant à Jacques Chirac à la Tokyo Sowa Bank et les liens pouvant exister entre Jacques Chirac et l'ancien banquier Shōichi Osada. Après la réélection de Jacques Chirac, en 2002, Gilbert Flam a été limogé.

Le 19 avril 2006, dans Le Canard enchaîné, Nicolas Beau affirme qu'un classeur au nom de Gilbert Flam sur « d'hypothétiques comptes bancaires de Chirac au Japon », a été saisi chez le général Philippe Rondot. En 2001, le général Rondot avait mené une enquête interne sur les services secrets pour savoir s'ils avaient enquêté sur Jacques Chirac, à la demande de ce dernier. Interrogé par les juges le 28 mars 2006, le général Rondot a confirmé dans un premier temps l'existence d'un compte Chirac, avant de revenir sur ses déclarations.

Selon le Canard enchaîné du 23 mai 2007, de nouveaux documents saisis chez le général Rondot accréditeraient l'existence du compte bancaire en question. Le parquet de Paris aurait tenu une réunion lundi 21 mai 2007 pour examiner les conséquences possibles de ces éléments nouveaux[153],[154],[155]. Une vérification des autorités bancaires, effectuée à la demande de l'ancien président français, à l'automne 2007, a cependant montré l'absence de compte au nom de Jacques Chirac à la TSB[156].

Affaire Borrel

Article détaillé : Affaire Borrel.

Depuis 2004, les autorités djiboutiennes souhaitent se voir reconnues compétentes pour mener l'enquête sur l'assassinat du juge Borrel survenu à Djibouti le 18 octobre 1995 (l'instruction sur l'assassinat de Bernard Borrel est encore en cours, actuellement dirigée par le juge Sophie Clément du tribunal de Paris). Or, le 29 janvier 2005, le ministère des affaires étrangères français assure publiquement, par communiqué de presse, qu'une copie du dossier d'instruction français relatif au décès de Bernard Borrel serait « prochainement transmise à la justice djiboutienne », qui en avait fait la demande. Cette communication est intervenue dix jours avant que la juge Sophie Clément ne soit officiellement saisie de cette demande d'entraide judiciaire. La juge refusera le 8 février 2005 la transmission, estimant notamment que la demande de Djibouti avait « pour unique but de prendre connaissance […] de pièces mettant en cause le procureur de la République de Djibouti ».

Le comportement d'Hervé Ladsous, alors porte-parole du quai d'Orsay, s'analyse, selon Élisabeth Borrel, en une pression sur la juge Clément[157]. Elle dépose alors une plainte avec constitution de partie civile, et une enquête est confiée aux juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia le 2 mars 2006 (instruction toujours en cours)[158].

Jacques Chirac et la présidence de la République seraient mêlés à ces pressions sur la justice. D'après des documents saisis au quai d'Orsay et à la Chancellerie, et cités par le journal Le Monde[159], l'idée de saisir la Cour internationale de justice contre la France pour contourner la juge d'instruction Sophie Clément et avoir accès au dossier a été suggérée par Jacques Chirac au président djiboutien.

D'après des documents saisis au quai d'Orsay et à la Chancellerie, et cités par le journal Le Monde le 12 juin 2007, Jacques Chirac lui-même aurait suggéré au président djiboutien de saisir la Cour internationale de justice afin de contourner la juge d'instruction française dans l'affaire Borrel[160], dans laquelle il se retrouve ainsi cité.

Affaire Clearstream 2

Article détaillé : Affaire Clearstream 2.

Jacques Chirac et son Premier ministre Dominique de Villepin ont été soupçonnés par la presse[réf. nécessaire] d'avoir commandité des enquêtes confidentielles sur des hommes politiques français, entre lesquels Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin, qui ont été accusés anonymement et faussement[réf. nécessaire] d'avoir profité de rétrocommissions en marge de l'affaire des frégates de Taïwan. Nicolas Sarkozy porte plainte contre X en janvier 2006 pour « dénonciation calomnieuse », rapidement rejoint par une série d'autres personnalités françaises. L'enquête visant à établir qui sont les responsables de ces accusations est toujours en cours.

Autres

En octobre et novembre 2009, Charles Pasqua puis Arcadi Gaydamak affirment que Jacques Chirac et Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Élysée sous sa présidence, ont participé aux ventes d'armes à l'Angola[161],[162].

Budget de la présidence

Le budget de la présidence de la République a été multiplié par neuf entre 1995 et 2007. Les services de l'Élysée justifient cette augmentation par la disparition des fonds spéciaux en 2001 et par le fait que les réformes budgétaires de l'État ont conduit à faire assumer par le budget de fonctionnement de l'Élysée des crédits qui n'étaient auparavant pas de sa compétence.

Selon le député René Dosière, spécialiste de la gestion des finances publiques, le budget de l'Élysée, qui n'est soumis à aucun contrôle (ce n'est plus le cas depuis 2009), est en réalité trois fois supérieur aux 31,8 millions d'euros évoqués en 2007[163],[164].

Budget de la présidence[165]
Année Président Montant
(millions d'euros)
1960 Charles de Gaulle 2,35
1974 Georges Pompidou 2,53
1981 François Mitterrand 3,03
1994 François Mitterrand 3,31
1997 Jacques Chirac 7,78
1998 Jacques Chirac 13,73
2001 Jacques Chirac 21,2
2003 Jacques Chirac 30,9
2005 Jacques Chirac 31,9
2007 Jacques Chirac 31,8

Reconnaissance et critiques

Décorations

Grade

Colonel de réserve de l'Armée de terre (Arme Blindée et Cavalerie), le 1er octobre 1992[169]

Satire médiatique

  • Prix Ig Nobel de la Paix 1996 : « pour avoir commémoré le cinquantième anniversaire du bombardement de Hiroshima avec des essais nucléaires dans le Pacifique ».
  • Le 31 mai 2006 sort le film Dans la peau de Jacques Chirac, un documentaire ayant un ton très critique et satirique sur la carrière de Jacques Chirac, et ayant pour narration une imitation de la voix du président.

Un bilan contrasté

Au final, si Jacques Chirac a commencé sa carrière politique comme gaulliste autoproclamé, avant de passer par diverses phases comme le « travaillisme à la française » ou le « libéralisme à la française », les commentateurs politiques ont estimé que sa véritable sensibilité politique s'était progressivement révélée être plus proche du radical-socialisme d'antan[170]. Et qu'au fond son véritable maître à penser aurait pu être le « bon docteur » Henri Queuille, comme lui figure emblématique de la Corrèze, et qui estimait qu'« il n'est pas de problème dont une absence de solutions ne finisse par venir à bout »[171].

La carrière politique de Jacques Chirac, qui aura duré plus de quarante ans, aura indéniablement été l'une des plus impressionnantes de la Cinquième République. Mais avec son départ de l'Élysée, c'est aussi une page qui se tourne, et sans doute la fin d'une certaine manière de faire de la politique « à l'ancienne »[172].

Anecdotes

  • Dans leur livre Les Frères invisibles, les journalistes Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre affirment que Jacques Chirac a été initié dans la loge maçonnique Alpina.
  • De par sa fonction de président de la République française, Jacques Chirac a été coprince d'Andorre durant ses deux mandats, conformément à l'article 43.2 de la Constitution andorrane et chanoine de Saint-Jean-de-Latran (Saint-Siège).
  • Pour son action au Proche-Orient, Jacques Chirac est apparu sur un bloc de quatre timbres de la poste de l'Autorité palestinienne dans la série des « Amis de la paix »[173].
  • Jacques et Bernadette Chirac ont « adopté de cœur » une Vietnamienne : Anh Đào Traxel, à son arrivée en France en 1979. Elle a publié un livre autobiographique début 2006.
  • Jacques Chirac est passionné par les arts premiers. En 1994, passionné des Indiens Taïnos, Indiens d'Amérique centrale, il est venu présenter sa passion dans l'émission le Cercle de Minuit de Michel Field. Cette passion est à la source de sa rencontre avec le collectionneur Jacques Kerchache, ce qui donne lieu à la création ambitieuse du Musée du quai Branly, en 2006.
  • Sa décision de reprendre les essais nucléaires à son arrivée à la présidence de la République est largement condamnée à l'étranger. Cela donne lieu à une compilation musicale en Allemagne : Stop Chirac, d'après une idée de Die Ärzte avec notamment Die Fantastischen Vier, Die Toten Hosen ou encore Fettes Brot. L'illustration de cet album compare implicitement la bombe nucléaire avec un pénis en érection.
  • En février 1988, il déclenche un incident diplomatique sur un aparté tenu sur Margaret Thatcher qui a fait la une de la presse britannique. Le tabloïd The Sun titre : Le Premier ministre français est ordurier[174].
  • Jacques Chirac est un grand amateur de sumo, et plus généralement du Japon, pays dans lequel il s'est rendu près d'une cinquantaine de fois. En 2000, Jacques Chirac créa un trophée récompensant les meilleurs lutteurs : la « Coupe du président de la République[175] » (aussi appelée « Coupe Jacques-Chirac »), qu'il décerna jusqu'à la fin de son mandat présidentiel en 2007. Le petit chien de Bernadette Chirac, un bichon maltais, a d'ailleurs été prénommé Sumo.
  • En 1996, lors de l'inauguration de la bibliothèque François Mitterrand, une dame montrait à Jacques Chirac l'utilisation du logiciel de commande de livres. Jacques Chirac lui a naïvement demandé "ce qu'elle appelait 'la souris'", suscitant l'air dépité de son entourage par sa méconnaissance de l'informatique. Cette anecdote est rentrée dans l'histoire suite à un sketch des Guignols sur le Mulot[176].

Dans la culture populaire

Cinéma

Télévision

  • Dans le Bébête show (1982-1993), de Jean Roucas et de Stéphane Collaro, Jacques Chirac est « Black Jacques », un aigle aux plumes bleues.
  • Les Guignols de l'info parodient régulièrement Jacques Chirac qui est présenté comme un personnage franchouillard et débonnaire, suffisamment sympathique dans son genre pour qu'on ait dit que c'est aux Guignols de l'info que Jacques Chirac doit son succès contre Édouard Balladur en 1995 (mais pas en 2002 où ces mêmes Guignols le présentent sous le personnage peu flatteur de « Super-Menteur »). Lors d'une interview en 2009, il qualifie sa marionnette de « sympathique »[178].
Article détaillé : Chirac (marionnette).

Bande dessinée

Musique

Synthèse du parcours politique

Chronologie politique

Mandats électifs

Conseiller municipal et maire
1965-1971 : membre du conseil municipal de Sainte-Féréole, Corrèze
1971-1977 : membre du conseil municipal de Sainte-Féréole, Corrèze
1977-1983 : membre du Conseil de Paris et maire de Paris
1983-1989 : membre du Conseil de Paris et maire de Paris
1989-1995 : maire de Paris, mandat interrompu après son élection à la présidence de la République en mai 1995, le mandat de conseiller de Paris s'étant normalement achevé lors des élections municipales le mois suivant, en juin 1995.
Conseiller général
1968-1970 : membre du conseil général de la Corrèze
1970-1976 : membre et président du conseil général de la Corrèze
1976-1979 : membre et président du conseil général de la Corrèze
1979-1982 : membre du conseil général de la Corrèze
Député
1967 : député de la 3e circonscription de la Corrèze (1)
1968 : député de la 3e circonscription de la Corrèze (1)
1973 : député de la 3e circonscription de la Corrèze (1)
1976-1981 : député de la 3e circonscription de la Corrèze (2)
1981-1986 : député de la 3e circonscription de la Corrèze
1986 : député du département de la Corrèze (3)
1988-1995 : député de la 3e circonscription de la Corrèze (4)
Député européen
1979-1980 : membre du Parlement européen, démissionnaire
Président de la République
1995-2002 : président de la République française
2002-2007 : président de la République française

Le 11 mars 2007, en direct, Jacques Chirac informe la France qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 2007. Il achève ainsi son dernier mandat en « ne sollicitant pas un nouveau suffrage des Français ».

(1) après sa nomination au gouvernement, remplacé par son suppléant Henri Belcour
(2) réélu lors d'une élection partielle, après la démission d'Henri Belcour
(3) mandat interrompu après nomination au gouvernement, remplacé par le suivant de liste, Jean-Pierre Bechter
(4) démission après son élection à la présidence de la République

Fonctions gouvernementales

Secrétaire d’État
Secrétaire d’État aux Affaires sociales, chargé des Problèmes de l'emploi du gouvernement Georges Pompidou (4) (du 6 avril 1967 au 31 mai 1968)
Secrétaire d’État à l'Économie et aux Finances du gouvernement Georges Pompidou (4) (du 31 mai au 10 juillet 1968)
Secrétaire d’État à l'Économie et aux Finances du gouvernement Maurice Couve de Murville (du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969)
Secrétaire d’État auprès du ministre de l'Économie et des Finances du gouvernement Jacques Chaban-Delmas (du 22 juin 1969 au 7 janvier 1971)
Ministre délégué
Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement du gouvernement Jacques Chaban-Delmas (du 7 janvier 1971 au 6 juillet 1972)
Ministre
Ministre de l'Agriculture et du Développement rural du gouvernement Pierre Messmer (1) (du 6 juillet 1972 au 2 avril 1973)
Ministre de l'Agriculture et du Développement rural du gouvernement Pierre Messmer (2) (du 5 avril 1973 au 27 février 1974)
Ministre de l'Intérieur du gouvernement Pierre Messmer (3) (du 27 février au 27 mai 1974)
Premier ministre
Premier ministre du 27 mai 1974 au 25 août 1976
Premier ministre du 20 mars 1986 au 11 mai 1988

Bibliographie

Ouvrages de Jacques Chirac

Ouvrages ou articles consacrés à Jacques Chirac

Ouvrages biographiques

Jacques Chirac maire de Paris

  • Hervé Liffran, Les Paris de Chirac, éd. Ramsay, 1988
  • Yves Hervaux, Le Paris d'un maire, éd. Albin Michel, 1995
  • Philippe Madelin, Le Clan des chiraquiens, Éditions du Seuil, 1997

Jacques Chirac président de la République

  • Éric Aeschimann et Christophe Boltanski, Chirac d'Arabie, éd. Grasset, 2006
  • Marie-Bénédicte Allaire et Philippe Goulliaud, L'Incroyable septennat : Jacques Chirac à l'Élysée (1995-2002), éd. Fayard, 2002
  • Jean-Marie Colombani, Le Résident de la République, éd. Stock, 1998 ; rééd. LGF/Le Livre de poche, 1999
  • René Dosière, L'Argent caché de l'Élysée, éd. du Seuil, 2007
  • Bernard Dupaigne, Le Scandale des arts premiers. La véritable histoire du musée du quai Branly, éd. Fayard/Mille et une nuits, 2006
  • Denis Jeambar, Accusé Chirac, levez-vous !, Paris, éd. du Seuil, 2005 (ISBN 978-2-02-084585-4) ; rééd. revue et augmentée « Points-document », 2006
  • Laurent Mauduit, Jacques le petit, éd. Stock, 2005
  • Robert Schneider, Le Gâchis, Paris, éd. Bourin, 2005. [Robert Schneider est rédacteur en chef au service politique du Nouvel Observateur.]
  • Hervé Gattegno, L'Irresponsable, éd. Stock, 2006
  • Richard Labévière, Le Grand Retournement. Bagdad-Beyrouth, éd. du Seuil, 2006
  • Henri Amouroux, Trois fins de règne, éd. JC Lattès, 2007
  • Jean-Jacques Depaulis, Pascal Marchand, Le dernier secret de Jacques Chirac, Paris, Éditions Édition du Moment, 2007 (ISBN 978-2-35417-003-5) 

Jacques Chirac orateur

  • Jérôme Duhamel, Jacques a dit, 1997
  • Damon Mayaffre, Paroles de président, éd. Honoré Champion, 2004
  • Yves Michaud, Chirac dans le texte. La parole et l'impuissance, éd. Stock, 2004

Affaires

Témoignages

Notes et références

  1. Selon l'auteur de science-fiction Michel Demuth dans Bifrost, n°25, janvier 2002, p.125.
  2. France 3, 12 novembre 1993
  3. L'Humanité
  4. Pierre Péan, l'Inconnu de l'Élysée
  5. Présentation de J. SICARD, Les Chasseurs d'Afrique, préfacé par Jacques Chirac, par N. BLANDIN in La République des Lettres, 01/05/1999
  6. R. BACQUÉ, F. BEAUGÉ, « Chirac l'Algérien », Le Monde, 01/03/2003, in Algeria-Watch
  7. Témoignage d'Olivier Philip pour l'Association Georges Pompidou : « Les législatives de 1967 : l'opération des Jeunes Loups »
  8. Ce soutien s'explique sans doute par la volonté de Charles Spinasse de faire oublier son pétainisme de 1940 et de soutenir le premier gaulliste qui ne le boude pas. Il faut aussi compter avec la haine fratricide qui oppose socialistes et communistes dans ce département depuis les années 1920
  9. Jean-Pierre Rioux, « La saga corrézienne », revue L'Histoire, no 313, octobre 2006, p. 54-57.
  10. Notice no PA00099885, sur la base Mérimée, ministère de la Culture.
  11. En 1972, Le Canard enchaîné révèle que le château qu'il avait acquis devait être restauré ; les dispositions fiscales en vigueur lui permirent de déduire de ses revenus la totalité des travaux qu'il fit effectuer à ses frais. Il ne paya pas d'impôts pendant deux ans de façon légale.
  12. « Elevage de montagne : prenons date ! », www.pyrenees-pireneus.com
  13. C. BROGGIO, « La politique de la montagne en France », CAIRN, Hérodote, 2002
  14. M. BACKMANN, « Les Raisins de la colère », L'Unité, 16/11/1973
  15. a et b Graphique de l'inflation en France depuis 1901
  16. Biographie de Jean-Pierre Fourcade sur le site du MINEFE
  17. G. DUMAS, M. ROCARD, La dérive de l'économie française, éd. L'Harmattan, Paris, 2003, p. 93, (ISBN 978-2-7475-5474-9)
  18. J. DENIS-LEMPEREUR, « Si l'Irak a la bombe c'est grâce à la France », Sciences & Vie no 882, 03/1991, in Atomics archives
  19. (en) J. GLENN, « Chirac's other Iraq policy », Boston Globe, 03/02/2003
  20. D. PASAMONIK, « Sarkozy, Chirac et... Iznogoud », Actua BD, 13/07/2005
  21. Citations du discours prononcé à Metz par Jacques Chirac le 20 octobre 1977
  22. a et b Dominique Frémy, Op. cit., 1987, p. 626, (ISBN 978-2-221-05360-7).
  23. a et b « Le Gaullisme est-il de droite ? », Centre d'information sur le gaullisme
  24. Expression forgée par Raymond Barillon, « La Bataille de Paris », Le Monde, 21/01/1977
  25. Le statut de 1975 a supprimé les vingt maires d'arrondissement. Pour les élections municipales, le scrutin a lieu dans le cadre de 18 secteurs de vote : les 1er et 4e arrondissements forment le 1er secteur, les 2e et 3e arrondissements le second, et chacun des 16 autres forment un secteur à part entière
  26. E. DUPOIRIER, « Une ou deux droites à Paris ? Les élections municipales de 1977 et la restructuration du bloc conservateur », Revue française de science politique, Volume 27 no 6, 1977, p. 848-883
  27. V. MONNIER, « Chirac en campagne : son style fera école », Nouvel Observateur, 10/05/2007
  28. É. PERRAUDEAU, « Élections et électeurs à Paris. Évolutions sociologiques et ruptures électorales 1977-2002 », Cairn, 2007
  29. « Chapitre 14 : De la Post-Modernité à la Française », site du ministère de la Culture
  30. « 11 septembre 1978 - Le maire de Paris bataille pour la réalisation de la voie express rive gauche », site officiel des Verts
  31. Actuel, « A LA “DIRECTION DE LA PROPRETé” DE LA MAIRIE DE PARIS… », 09/1983, repris par F. JOIGNOT, « Jacques Chirac : bouillonnant maire de Paris », Le Monde, 22/11/2007
  32. Résultats des premiers tours des élections législatives de la Cinquième République, par France-politique.fr
  33. Texte de l'Appel de Cochin sur wikisource
  34. Dominique Frémy, Op. cit., 1987, p. 628, 691, (ISBN 978-2-221-05360-7).
  35. La chanson Jacques Chirac maintenant
  36. Le pouvoir et la vie', Tome III, 2006
  37. Dominique Frémy, Op. cit., 1987, p. 628-629, (ISBN 978-2-221-05360-7).
  38. Débats de l'Assemblée nationale sur le projet de loi d'abolition de la peine de mort (17 et 18 septembre 1981) ANNEXES AU PROCÈS VERBAL de la 2eme séance du vendredi 18 septembre 1981, SCRUTIN (no 59) Sur l’article premier du projet de loi portant abolition de la peine de mort
  39. a et b J. BAUDOUIN, « Le « Moment néo-libéral » du RPR : essai d'interprétation », Revue française de Science politique, Vol. 40, no 6, 1990, p. 830-844
  40. Dominique Frémy, Op. Cit., 1987, p. 630-631
  41. V. DE MONTCLOS, « Des générations de gourous », L'Express, 26/12/1996
  42. Il est le troisième invité de cette émission politique, après le ministre des Finances socialiste Jacques Delors et le secrétaire national communiste Georges Marchais, et le dernier avant les législatives de 1986. Source : INA
  43. (en) Fondation de l'Union démocrate internationale
  44. Dominique Frémy, Op. Cit., 1987, p. 580-581, 629
  45. [doc] J. CHIRAC, « Discours de politique générale », 09/04/1986, Archives du Premier ministre
  46. Quid.fr (Archive, Wikiwix, que faire ?)
  47. « L’évolution du chômage en France au cours des 40 dernières années », La Documentation française
  48. « III. LE NIVEAU ÉLEVÉ DU COÛT MOYEN RÉEL DE LA DETTE DEPUIS LA SECONDE MOITIÉ DES ANNÉES 1 980 A CONTRIBUÉ AU RENFORCEMENT DU POIDS DE L'ENDETTEMENT PUBLIC », Rapport d'information du Sénat
  49. 1 A. BRODER, Histoire économique de la France au XXe siècle : 1914-1997, éd. Ophrys, 1998, p. 246
  50. Reportage sur l'expulsion du 18 octobre 1986, JT de 20 h d'Antenne 2, 19/10/1986, INA
  51. Gisti, Illégalité totale des visas sortie-retour, Plein Droit no 53-54, mars 2002. « Immigration : trente ans de combat par le droit »
  52. Dominique Frémy, Op. Cit., 1987, p. 585-589, 630
  53. Liste d'affiches électorales dans l'histoire de France
  54. « JH: 1988/1989: Des femmes, des motos, du rock et Cadilac », Forums Universal music
  55. Pour Charles Pasqua, Le Pen était un potache attardé mais il ne le voyait pas s'entêter dans une opposition systématique. « Je ne comprenais pas qu'il voulait juste des députés et le fric qui vient avec ». Interview de Charles Pasqua à Franz-Olivier Giesbert le 10 juin 2003, La Tragédie du Président.
  56. Selon les mots de Franz-Olivier Giesbert, La Tragédie du Président, p. 39.
  57. Franz-Olivier Giesbert, La tragédie du Président, 2006, p. 39, donne là une version différente d'Eric Zemmour selon lequel dans, L'homme qui ne s'aimait pas (éd. Balland, 2002), Jacques Chirac aurait « supplié » Jean-Marie Le Pen de le soutenir.
  58. Lors d'un entretien avec l'auteur le 14 octobre 2005, Jean Marie Le Pen déclare à Franz-Olivier Giesbert : « Toute cette histoire est étrange. Alors que je ne lui avais rien demandé, il est venu me signifier une fin de non recevoir (...). Il a tout de suite fermé la discussion en affirmant qu'il n'y avait pas d'accords possibles entre nous. Avec le temps, j'ai acquis la conviction qu'il est venu à ce rendez-vous pour s'assurer que je ne ferais pas voter pour lui. Ou si j'en avais l'intention de me dissuader. »
  59. « Décodage : Jacques Chirac réaffirme le droit de l'Iran au nucléaire civil », Iran-Resist, 01/03/2006
  60. A. LANCELIN, « Ils voulaient rénover la droite », L'Express, 01/07/1999
  61. Popularité d'Édouard Balladur (1987-2002), sur le site de TNS Sofres
  62. Jean-François Keller, Benoît Delépine - « Présidentielles : le climat n’a jamais été aussi lourd… », K.libres, (page consultée le 15 janvier 2009).
  63. a et b « Et la droite française devint libérale », Le Monde Diplomatique, mars 2008
  64. a, b et c Chirac: petits meurtres en famille, Patrick Girard, l'Archipel, 2003
  65. Ainsi, Charles Pasqua, François Bayrou et Alain Madelin, cités par Éric Zemmour in L'homme qui ne s'aimait pas (Éditions Balland, 2002, pages 220 et 221), expliquent-ils, en des termes fleuris et anecdotes à l'appui, le désintérêt de Jacques Chirac pour les questions programmatiques. Dans le même ouvrage, à la page 33, Olivier Guichard, l'un des « barons du gaullisme » a, quant à lui, ce jugement définitif: « Chirac n'a vraiment pas de conviction. Il ne croit en rien. »
  66. a et b Après Chirac. Le bal des prétendants a déjà commencé, Philippe Reinhard, First Éditions, 2004
  67. a, b et c L'Homme qui ne s'aimait pas, Éric Zemmour, Balland, 2002
  68. « Chirac retourne sur ses terres », LeParisien.fr, mis en ligne le 10 juin 2009
  69. Franz-Olivier Giesbert, La Tragédie du président - Scènes de la vie politique (1986-2006), Flammarion, 2006
  70. « Giscard : en mai 1981, Chirac m'a tuer », Libération, 29 septembre 2006
  71. Philippe Séguin: Hussard de la République, Jérôme Cathala et Jean-Baptiste Prédali, Seuil, 1996, pages 200 à 206
  72. Philippe Séguin: Hussard de la République, op.cit, pages 207 à 213
  73. a et b Investitures de Jacques Chirac sur le site de la présidence de la République.
  74. « Allocution de M. Jacques Chirac Président de la République prononcée lors des cérémonies commémorant la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942 (Paris) », archives du site de l'Élysée sur le site elysee.fr.
  75. Voir, par exemple, le court documentaire de Christophe Widemann, Jacques Chirac - Jour de colère, qui revient sur cet épisode.
  76. « La France est sur-étatisée mais sous-gouvernée » par Jean-François Revel
  77. Décision no 98-408 DC du 22 janvier 1999 - Traité portant Statut de la Cour Pénale Internationale
  78. « Les grandes dates de la carrière de Philippe Séguin », Le Parisien, 7 janvier 2010.
  79. « “Des relations volcaniques avec Chirac” », Le Figaro, 7 janvier 2010.
  80. Histoire du RPR sur www.france-politique.fr
  81. « MAM : RPR en tête », reportage RFI, 04/12/2000
  82. « La cohabitation de mal en pis », L'Express, 16 novembre 2000.
  83. Lionel Jospin, Lionel raconte Jospin, éditions du Seuil, 2010, p. 223.
  84. http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_prononc%C3%A9_%C3%A0_l'ONU_lors_de_la_crise_irakienne_-_14_f%C3%A9vrier_2003
  85. Popularité de Jacques Chirac (1995 - 2007) sur le site de TNS Sofres
  86. version donnée par l'Élysée
  87. IFOP pour le JDD du 11 décembre 2005
  88. sondage BVA pour l'Express du 22 décembre 2005
  89. 2007 : Devedjian voit Chirac candidat, propos daté du 6 septembre 2005, Le Nouvel Observateur
  90. leur poursuite éventuelle par la police fait l'objet d'une enquête
  91. un record en politique, avant l'allocution suivante, sur le CPE
  92. - L'Express (Archive, Wikiwix, que faire ?)
  93. « Le compte de Chirac au Japon, Des preuves concrètes ajoutées par les juges », Le nouvel Observateur, 23 mai 2007
  94. Japon : le compte de Chirac confirmé ?, Le Nouvel Observateur, 11 mai 2006
  95. « Chirac aurait un compte au Japon, selon le général Rondot », Reuters, 9 mai 2006
  96. Archives
  97. http://www.Élysée.fr/Élysée/français/accueil.2.html Allocution du 31 décembre 2006 de Jacques Chirac
  98. Jacques Chirac accorde son soutien à Nicolas Sarkozy, Le Figaro du 21 mars 2001.
  99. « Charles de Gaulle, ex-président préféré des Français », Le Nouvel Observateur, 4 novembre 2009.
  100. Légifrance
  101. Légifrance
  102. Après Chirac : le bal des prétendants a déjà commencé, Philippe Reinhard, Éditions First, 2004, page 28
  103. Légifrance
  104. « Constitution - Europe : la révision de la Constitution adoptée », site de TF1, 28 février 2005
  105. Légifrance
  106. Légifrance
  107. « NON, LE BILAN DE CHIRAC N'EST PAS SI NUL », site de Marianne, 19 mai 2007
  108. « L’annonce par Jacques Chirac de la professionnalisation des armées », INA.fr
  109. Voir, par exemple : Chirac-Sarkozy : mortelle randonnée, Philippe Reinhard, First Éditions, 2005, pages 182 et 183
  110. a, b, c, d, e et f « Points forts et points faibles de la présidence Chirac », Le Nouvel Observateur, 16 mai 2007
  111. a, b, c et d « Économie, social : le bilan des années Chirac », RFI.fr, 15 mai 2007
  112. a et b « “Un bilan globalement négatif” », Le Nouvel Observateur, 10 janvier 2007
  113. Taux de chômage depuis 1975, INSEE
  114. « L’évolution des inégalités de revenu en France », L'Observatoire des inégalités, 20 janvier 2007
  115. « Hauts revenus, bas revenus et classes moyennes : Une approche de l'évolution des conditions de vie en France depuis 25 ans », Régis Bigot, Étude pour le Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de vie (CREDOC), 10 décembre 2007
  116. Voir, par exemple, « Les classes moyennes se rapprochent des bas revenus », Le Nouvel Observateur, 23 juin 2008
  117. Discours de Jacques Chirac au Vel d'Hiv le 16 juillet 1995, Fondation Shoah
  118. « Jacques Chirac, un président de convictions, attaché au devoir de mémoire », La Croix, 15 mai 2007
  119. L'homme qui ne s'aimait pas, Éric Zemmour, Balland, 2002, pages 185 à 187
  120. « Jacques Chirac a inauguré “son” musée », RFI.fr, 20 juin 2006
  121. « Les dix ans de Jacques Chirac à l'Élysée », le 21 avril 2005
  122. Voir, par exemple, Chirac d'Arabie, les mirages d'une politique française, Éric Aeschimann et Christophe Boltanski, Grasset, 2006
  123. a, b et c La politique extérieure du Président Jacques Chirac dans un monde américano-centré, par Laurent Lombart (membre du Centre d'Études et de Recherches Internationales et Communautaires (CERIC))
  124. « Jacques Chirac salue la coopération avec Riyad », Le Figaro, 15 octobre 2007
  125. « Chirac et l'Afrique : une histoire d'amour », Afrik.com, 15 février 2007
  126. « La taxe “Chirac” sur les billets d'avion fait recette », Le Figaro, 28 mai 2009
  127. « Jacques Chirac, l'Afrique et un bilan contrasté », L'Express, 15 février 2007
  128. a et b « Chirac et l'armée : professionnalisation et doctrine nucléaire remodelée », La Dépêche, 5 octobre 2007
  129. Voir, par exemple : « Le crépuscule de Chirac », L'Express, 30 mai 2005
  130. a, b, c, d et e « Raphaëlle Bacqué et Béatrice Gurrey, Chirac : guérir de l'Élysée », Le Monde, 15 novembre 2007
  131. Les 10 retraités les mieux rémunérés, L'internaute, novembre 2007
  132. « La cote de Jacques Chirac continue de grimper » NouvelObs.com, mis en ligne le 15 décembre 2009
  133. « Il voulait rencontrer Chirac », Le Parisien, 6 juin 2009.
  134. « Barack Obama a écrit une lettre à Jacques Chirac », Nouvel Observateur, 20/03/2009
  135. B. CHARLES, « Obama fait tout pour vexer Sarkozy », Marianne, 22/03/2009
  136. « Obama-Sarkozy, la mésentente cordiale », Sud Ouest, 06/06/2009
  137. T. Berthemet, « Sarkozy et Chirac réunis pour les funérailles de Bongo », Le Figaro, 16 juin 2009.
  138. « Jacques Chirac lance sorosoro.org pour sauver les langues rares », L'Express.fr, mis en ligne le 6 octobre 2009
  139. B. GURREY, « Dans ses Mémoires, Jacques Chirac se livre, entre vérités et ellipses », Le Monde, 05/11/2009
  140. M. OBEIDILLAH, « Succès des mémoires de Jacques Chirac », Loukmann.com, 18/11/2009
  141. « La fondation Chirac a remis son premier prix », NouvelObs.com, mis en ligne le 6 novembre 2009
  142. « Jacques Chirac se fait poser un pacemaker », dépêche AFP, 11 avril 2008.
  143. « Une grande lucidité et des moments d'absence », Le Journal du dimanche, 29 janvier 2011.
  144. « Angola : Pasqua estime que Chirac n'est pas “physiquement” en état de venir témoigner », nouvelobs interactif, 21 janvier 2011.
  145. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/09/05/01016-20110905ARTFIG00595-pas-de-retour-au-conseil-constitutionnel-pour-chirac.php
  146. « Jacques Chirac n'est pas en "capacité" d'assister à son procès », NouvelObs.com, mis en ligne le 3 septembre 2011.
  147. Jacques Chirac souffre d’anosognosie
  148. Gérard Davet, « Affaire des chargés de mission de la Ville de Paris : Jacques Chirac mis en examen », Le Monde
  149. « “Le concepteur, l'auteur, le bénéficiaire” », Le Journal du dimanche, 31 octobre 2009.
  150. « Emplois fictifs : Chirac est renvoyé devant la justice », Le Nouvel Observateur, 30 octobre 2009.
  151. «Le procès tronqué de Jacques Chirac vers une fin baroque» Reuters, le 19 septembre 2011
  152. « Emplois fictifs : Chirac mis en examen », Le Monde, 18 décembre 2009
  153. Article sur Yahoo News, Rondot interrogé sur un compte japonais de Chirac
  154. Clearstream: Rondot interrogé sur un compte japonais de Chirac, Reuters, 22 mai 2007
  155. Le compte japonais de Jacques Chirac refait surface, nouvelobs.com, 23 mai 2007 (lire en ligne)
  156. Le point, 31 janvier 2008
  157. Art. 434-16 du Code pénal français :

    « La publication, avant l'intervention de la décision juridictionnelle définitive, de commentaires tendant à exercer des pressions en vue d'influencer les déclarations des témoins ou la décision des juridictions d'instruction ou de jugement est punie de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende.
    Lorsque l'infraction est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables. »

  158. « Elisabeth Borrel porte plainte », dans Nouvelobs interactif (archives), 8 février 2005 
  159. Alain Salles, « M. Chirac serait intervenu pour aider Djibouti dans l'affaire Borrel », dans Le Monde, 12 juin 2007 (ISSN 0395-2037) [résumé (page consultée le 28 août 2007)] 
  160. « M. Chirac serait intervenu pour aider Djibouti dans l'affaire Borrel », Le Monde
  161. « Angolagate : Charles Pasqua met en cause Jacques Chirac », La Tribune, 31 octobre 2009.
  162. « Gaydamak charge à son tour Chirac et Villepin », Le Figaro, 14 novembre 2009.
  163. « Le budget de l'Elysée a été multiplié par 9 sous Jacques Chirac », politique.net, 27 mars 2007.
  164. « Élysée. Chirac ne compte pas », La Dépêche du Midi, 4 octobre 2005.
  165. Quid 2005, également publié ici : Qui fixe la rémunération des politiques ?
  166. Réponse de Jacques Chirac : Réponse du président Jacques Chirac
  167. http://www.liberation.fr/actualite/monde/331551.FR.php
  168. CHIRAC S.E. Jacques Decorato di Gran Cordone Presidente della Repubblica Francese Di iniziativa del Presidente della Repubblica Quirinale.it
  169. Décret du 17 février 1993 portant promotion et nomination dans les cadres des officiers de réserve, Journal officiel, 18/02/1993
  170. Voir par exemple Christophe Barbier, L'Express, 2007.
  171. Franz-Olivier Giesbert, La tragédie du président, op.cit.
  172. Analyse que l'on retrouve chez la plupart des commentateurs à propos du bilan de Jacques Chirac. Notamment : Jean-Marie Colombani (Le Monde), Claude Imbert (Le Point), Jacques Julliard (Le Nouvel Observateur), Christophe Barbier (L'Express), Catherine Nay (Europe 1), Alain Duhamel (RTL), etc.
  173. Image du bloc émis par l'Autorité palestinienne.
  174. Selon Le Canard enchaîné, Jacques Chirac, exaspéré par les exigences de Margaret Thatcher s'était à mi-voix exprimé en indiquant « Mais qu'est ce qu'elle veut de plus, cette ménagère ? Mes couilles sur un plateau ? ».
  175. Le Sumo, archives du site de l'Élysée
  176. http://www.youtube.com/watch?v=iaMv34Bz85k
  177. Fiche sur l'internet media database
  178. INTERVIEW - Chirac juge « sympathique » sa marionnette des Guignols Le Point, le 13 mars 2009
  179. Anecdotes et clins d'œils sur Lanfeust de Troy, fansite askell.com
  180. Jacques Chirac, décoré au Kremlin, célèbre la « démocratie » russe dépêche AFP du 12 juin 2008
  181. cf. Mémoires, vol. 1, p. 31

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