- Albert Lebrun
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Albert Lebrun, né le 29 août 1871 à Mercy-le-Haut (Moselle)[1],[2] et mort le 6 mars 1950 à Paris (16e), est un homme d'État et président de la République française.
Sommaire
Ses débuts
Fils d'un agriculteur maire de son petit village, Albert Lebrun, remarqué par son instituteur, part faire ses études au lycée de Nancy. Brillant élève, il récolte de nombreux prix et entre à l'École polytechnique (Promotion X 1890), dont il sort premier, avant d'entrer au corps des Mines et de sortir également premier de l'École des mines en 1896.
Ingénieur des mines à Vesoul, puis à Nancy, il épouse en 1902 Marguerite Nivoit, fille du futur directeur de l'École des mines, et a deux enfants. Élu, en 1898, conseiller général d'Audun-le-Roman, il devient, en 1906, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle jusqu'en 1932. Il est élu député, le plus jeune de France, en 1900, contre François de Wendel. Sa circonscription est celle de Briey où il succède à Alfred Mézières. Il est constamment réélu jusqu’en 1920, avec une interruption pour partir au front à Verdun comme commandant d'artillerie en août 1914. Il est ensuite sénateur de 1920 à 1932. Durant ses mandats, il est président ou rapporteur général dans les deux Chambres d'importantes commissions (Budget, Armée, Colonies).
Membre de l'Alliance républicaine démocratique, souvent classé à tort comme appartenant à la gauche démocratique, Albert Lebrun est un modéré du centre puis de droite, ouvert aux revendications sociales mais inquiet des menées révolutionnaires. Catholique pratiquant, il vote contre la loi sur les associations de 1901, pour la loi de séparation de l'Église et de l'État mais s'oppose à ses mesures les plus répressives.
Ministre
Nommé ministre des Colonies à quarante ans dans les gouvernements Caillaux, Poincaré et Doumergue (1911-1914), Albert Lebrun se passionne pour le monde des colonies dont il reste l'un des référents dans l'entre-deux-guerres. Il joue un rôle important dans le coup de force d'Agadir (1er juillet 1911), préférant céder une partie du Congo à l'Allemagne pour gagner en échange un protectorat au Maroc et éviter un conflit avec l'Allemagne (affaire du « bec de canard »[3]). Ministre de la Guerre quelques jours en janvier 1913, il participe activement à la reconstruction de la France, en 1917-1919, comme ministre du Blocus puis des Régions libérées dans les gouvernements Clemenceau, mettant en œuvre son goût prononcé pour l'économie et sa vocation première d'ingénieur. Un désaccord avec Clemenceau en 1919 sur la présence de Louis Marin, qui avait voté contre le traité de Versailles, sur une liste commune qu'il conduisait pour les législatives dans son département, l'amène à démissionner du Gouvernement. Marqué par la guerre de 1914-1918, il demande, sans violence mais résolument, que l'Allemagne paie ses dettes.
Dans les années 1920, il représente la France à la Société des Nations. Président de la Caisse d'amortissement de 1926 à 1931, il participe avec son ami et compatriote lorrain Raymond Poincaré au redressement du franc. Il préside également le conseil d'administration de l'Office national des mutilés et réformés de guerre et fonde avec d'autres amis l'Académie des sciences coloniales.
Il est élu président du Sénat en 1931 contre Jules Jeanneney.Président de la République
Premier septennat
Le 10 mai 1932, après l'assassinat de Paul Doumer, il est élu président de la République, et réélu le 5 avril 1939. Sa première élection a ceci de particulier qu'elle intervient avant que la nouvelle Chambre des députés, qui vient d'être renouvelée, ait pris officiellement ses fonctions ; c'est ainsi que de nombreux députés battus participent au vote : il est élu par une Chambre de droite alors que la gauche a remporté les législatives. Sa fonction l'oblige à subir une présidence qui lui laisse en fait peu de marge de manœuvre pour intervenir dans le débat politique. Il voit monter le péril allemand et soutient les propositions de réforme. En 1934, pour surmonter la crise du 6 février, il nomme l'ancien président de la République Gaston Doumergue à la présidence du Conseil. Certains caricaturistes (Sennep), pour souligner l'émotion qu'il aurait ressentie lors des événements du 6 février 1934, s'amusèrent à le représenter dans un lac de larmes. Un défaut physique faisait en effet que des larmes coulaient de ses yeux plus facilement que chez d'autres personnes. En 1936, opposé au Front populaire, il accepte néanmoins, après avoir tenté de l'éviter, de nommer le chef de la majorité, Léon Blum, à la présidence du Conseil et signe « la mort dans l'âme », comme il le dit, les grands textes de cette majorité politique, sans se priver régulièrement de faire des remontrances au Gouvernement et à ses ministres sur la politique conduite.
Second septennat et Seconde Guerre mondiale
Le 5 avril 1939, Albert Lebrun est réélu président de la République au premier tour, avec 55,60 % des suffrages. Son principal adversaire, le candidat SFIO, le Toulousain Albert Bedouce, termine deuxième avec 16,59 % des voix.
En mai 1940, avec Paul Reynaud, il est partisan du départ pour l'Afrique du Nord et est opposé à l'armistice. Il est cependant conduit, devant le courant majoritaire, à appeler le maréchal Pétain à la présidence du Conseil et le met en garde, en vain, contre l'influence néfaste de Pierre Laval. Il refuse de démissionner, obligeant ainsi Pétain à le contourner par le vote des pleins pouvoirs, qui l'écarte de fait du pouvoir. Il se retire alors à Vizille (Isère) chez son gendre, Jean Freysselinard. Placé en résidence surveillée par les Italiens, ces derniers, au moment de quitter la région, lui conseillent sans succès de partir car les Allemands vont venir les remplacer. Contacté par la Résistance pour une exfiltration en Algérie, peut-être parce que Roosevelt veut le remettre en fonction comme président pour écarter le général de Gaulle qu'il n'aime pas, Lebrun refusa. Mais Hitler préfère le faire enlever par la Gestapo avec André François-Poncet ; envoyé au château d'Itter dans le Tyrol autrichien de septembre à octobre 1943, il y retrouve de nombreux hommes politiques également pris en otage. Lorsque sa santé se dégrade, il est renvoyé en France.
Passation de pouvoir
Le mandat de président de la République d'Albert Lebrun finissait le 10 mai 1946. Le général de Gaulle le reçoit le 13 octobre 1944[4]. D'après le récit que de Gaulle en fait dans ses Mémoires de guerre[4], durant l'entrevue, le président Lebrun lui indique son approbation : « J'ai toujours été, je suis en plein accord avec ce que vous faites. Sans vous, tout était perdu. Grâce à vous tout peut être sauvé. Personnellement, je ne saurais me manifester d'aucune manière, sauf toutefois par cette visite que je vous prie de faire publier. Il est vrai que, formellement, je n'ai jamais donné ma démission. À qui d'ailleurs, l'aurais-je remise, puisqu'il n'existait plus d'Assemblée nationale qualifiée pour me remplacer ? Mais je tiens à vous attester que je vous suis tout acquis[4]. » Suit un échange de points de vues sur les évènements de 1940 au cours duquel le président formule ses profonds regrets d'avoir nommé le maréchal Pétain président du Conseil, le 16 juin, à la suite de la démission de Reynaud, indiquant que ce qui avait emporté sa décision (comme celle de la majorité du Conseil des ministres) fut la position catégorique de Weygand concernant la demande d'armistice ; alors que de son point de vue et de celui de quelques autres (Reynaud, Jeanneney, Herriot, Mandel et de Gaulle) la poursuite de la lutte aurait été possible depuis l'Afrique du Nord et l'Empire[4]. Il déclare à ce sujet : « Ah ! quel malheur quand, dans l'extrême péril, ce sont les généraux qui se refusent à combattre[4] ! ».
Le général prend congé en remerciant le président Lebrun. Il commente cet entretien ainsi : « Au fond, comme chef de l'État, deux choses lui avaient manqué : qu'il fût un chef ; qu'il y eût un État[4]. »
Cette dernière citation est à replacer dans le contexte des institutions de la Troisième République, le président de la République n'avait alors qu'un pouvoir limité – le pouvoir exécutif étant détenu par le président du Conseil – et dans celui de la période d'effondrement de l'État, de juin 1940, ainsi de ce que l'on sait de la politique du général de Gaulle concernant les pouvoirs présidentiels et les institutions de la République[5].
L'après-guerre
Il est témoin au procès de Pétain (23 juillet-15 août 1945).
Après la guerre, il donne des conférences sur la IIIe République ou la sidérurgie, et, de retour d'une de celles-ci, ayant pris froid, meurt en 1950 dans l'appartement qu'il loue boulevard Beauséjour, où une plaque rappelle son passage. Des obsèques solennelles à Notre-Dame de Paris[6] sont organisées et il est inhumé dans le cimetière de Mercy-le-Haut, où s'élève un monument à sa mémoire.
Décorations
- Chevalier de la Légion d'Honneur en 1915 à titre militaire
- Grand croix de la Légion d'Honneur en 1932 en tant que président de la République
Notes et références
- Meurthe-et-Moselle depuis le 7 septembre 1871. En
- Notice communale de Mercy-le-Haut, sur le site Cassini de l'EHESS.
- 334 p. (ISBN 2-84586-245-8 et 9782845862456), p. 33-34 [lire en ligne sur books.google.fr] Christian Seignobos, Henry Tourneux, Le Nord-Cameroun à travers ses mots – Dictionnaire de termes anciens et modernes, éd. Ird-Karthala, 2002,
- Mémoires de guerre – Le salut : 1944-1946 (tome III), éd. Plon, Paris, 1959 ; rééd. Pocket, 1999 (nouvelle édition 2006), 567 p. (texte intégral), (ISBN 2-266-16750-2 et 978-2266167505), p. 31-32 Charles de Gaulle,
- Ce tome des Mémoires de guerre parait en 1959.
- L'État prit à sa charge les frais occasionnés par les obsèques comme le dispose l'article 1 de la loi du 31 décembre 1950.
Bibliographie
- Albert Lebrun, Témoignage, Plon, 1945
Livre de mémoires sur les événements de 1940.
Liens externes
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- Naissance en Moselle
- Naissance en 1871
- Décès en 1950
- Ingénieur du corps des mines
- Élève de l'École des mines de Paris
- Chef d'État ou de gouvernement de la Seconde Guerre mondiale
- Récipiendaire de l'ordre de l'Aigle blanc
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