- Vincent Auriol
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Vincent Auriol, né le 27 août 1884 à Revel (Haute-Garonne) et mort le 1er janvier 1966 à Paris, est un homme d'État français.
Ministre socialiste des Finances, de 1936 à 1937, dans le cabinet du Front populaire dirigé par Léon Blum, puis garde des Sceaux de 1937 à 1938 dans le cabinet de Camille Chautemps, il occupe l'éphémère ministère chargé de la Coordination des services ministériels à la présidence du Conseil en 1938, dans le second cabinet de son ami Léon Blum.
Président de l'Assemblée constituante en 1946, puis de l'Assemblée nationale de décembre 1946 à janvier 1947, Auriol est élu président de la République française ; il est le premier à occuper ce poste sous la IVe République. Il ne renouvelle pas son septennat.
Sommaire
Biographie
Ses débuts
Vincent Auriol est fils de boulanger. À l'âge de trois ans, il perd l'usage d'un œil à cause d'un pistolet à amorces. Licencié en droit en 1905, puis docteur en droit, il exerce la profession d'avocat à Toulouse, milite à la SFIO dès sa fondation. Ayant entendu Jean Jaurès à Toulouse, il devient socialiste et fonde avec Albert Bedouce (député de Haute-Garonne), le Midi socialiste. Créé en 1908, ce quotidien a eu une réelle influence dans la vie politique régionale du début du XXe siècle, du fait de la personnalité de certains de ses collaborateurs : Vincent Auriol lui-même, Albert Bedouce, Jean Jaurès, Alexandre Varenne, Paul Ramadier… Outre l'édition toulousaine, il comprenait une vingtaine d’éditions locales couvrant les actuelles régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, et plus partiellement le Limousin, l'Aquitaine et l'Auvergne.
Marié à Michelle Aucouturier, la fille du leader ouvrier de Carmaux, il s'impose comme un des membres influents du parti dans le Sud Ouest après le décès de Jean Jaurès.
Député de Muret (Haute-Garonne) de 1914 à 1940, puis maire de cette même ville en 1925, secrétaire du groupe socialiste à la Chambre des députés à partir de 1928, il devient progressivement l'expert financier du parti socialiste puis un de ses principaux leaders. Il fait adopter par la SFIO en 1921, puis par l'ensemble des partis socialistes européens en 1922, un plan de redressement prévoyant la création d'un Office central qui se chargerait de toutes les régions sinistrées et qui serait financé par des prêts à long terme consentis par le gouvernement. L'Allemagne paierait, via cet organisme, ses réparations, par des prélèvements sur les dividendes de ses banques et industries. Mais les socialistes ne sont alors pas assez puissants pour imposer un tel projet.
De 1924 à 1926, sous le Cartel des gauches, Vincent Auriol préside la commission des finances de la Chambre des députés.
On parle de lui pour prendre le poste de président du Conseil des ministres lors de la victoire électorale du Front populaire de 1936, mais il milite activement pour Léon Blum qu'il a soutenu dans tous les congrès. Ministre des Finances pendant le gouvernement du Front populaire, hostile aux accords de Munich, favorable à l'intervention en Espagne, il est l'un des quatre-vingts parlementaires à refuser de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. En contact permanent avec Blum entre mai et septembre 1940, c'est lui qui le fait cacher chez son ami Eugène Montel.
Pendant la Seconde Guerre mondiale
En septembre 1940, le gouvernement de Vichy le fait arrêter. Vincent Auriol est d'abord incarcéré à Pellevoisin (Indre) puis à Vals-les-Bains (Ardèche) et entretient une correspondance avec Léon Blum, où il se montre tout à fait optimiste sur la victoire des démocraties face au nazisme et au fascisme. Vichy fait mener une enquête sur lui, mais le tribunal civil de Muret prononce un non-lieu. Il est libéré pour raisons de santé et placé en résidence surveillée en août 1941. De sa maison, il conseille les socialistes résistants. En 1942, il passe à la clandestinité et entre dans la Résistance. Il écrit Hier et demain, qui sera publié en 1944 à Alger, et dans lequel il entame une réflexion sur les institutions qui, selon lui, devraient remplacer celles de la IIIe République. En 1943, il parvient à rejoindre Londres en avion. L'année suivante, il est président de la Commission des finances de l'Assemblée consultative d'Alger.
Président de l'Assemblée constituante
En 1945, Auriol est nommé ministre d'État par de Gaulle. Président du Conseil général de la Haute-Garonne, puis retrouvant son siège de député, en 1946, il devient président de l'Assemblée constituante, qui est alors chargée de mettre en œuvre la prochaine Constitution.
Le 3 décembre 1946, les attributions d'Auriol changent et il devient le président de l'Assemblée nationale.
Président de la République française
Après sa brillante victoire dès le premier tour à l'élection présidentielle de janvier 1947, il devient le premier président de la IVe République, élu par le Parlement réuni en congrès à Versailles par 452 voix sur 883, contre 242 à son adversaire Auguste Champetier de Ribes. Il occupe cette fonction jusqu'au 16 janvier 1954, fin de son septennat à l'issue duquel il ne se représente pas.
Auriol n'entend pas, selon son expression, être un « président soliveau » : il exerce pleinement sa fonction d'arbitre.
Après la présidence
Il finit par souscrire à l'appel au général de Gaulle en 1958, mais, rapidement en désaccord avec Guy Mollet, il quitte la SFIO en 1958 et profite de son statut d'ancien président et de leader historique du socialisme français pour collecter des fonds auprès des partis membres de l'Internationale socialiste au profit du nouveau PSA.
En 1959, il devient membre de droit du Conseil constitutionnel, mais il cesse de se rendre aux réunions dès 1960, pour protester contre l'interprétation outrageusement restrictive des compétences du Conseil et du Parlement qu'a le général de Gaulle : plusieurs lois, dont la loi Debré sur l'enseignement scolaire, ont été votées sans que le Conseil constitutionnel soit consulté. « Cette désinvolture à l'égard de la souveraineté nationale et de notre charte fondamentale oriente le régime constitutionnel de 1958 vers un système de pouvoir personnel et arbitraire en opposition avec les principes et les règles essentiels de la démocratie. » Vincent Auriol revient le 6 novembre 1962 pour voter sur la constitutionnalité de la loi référendaire modifiant le mode d'élection du président de la République. Son ultime acte politique est d'appeler à voter pour François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de décembre 1965.
Marié à Michelle Aucouturier en 1912, il est le beau-père de l'aviatrice Jacqueline Auriol.
Synthèse des fonctions et mandats
Mandats électifs
- Maire de Muret (1925-1946)
- Conseiller général du canton de Carbonne (Haute-Garonne) (1928-1946)
- Député de la Haute-Garonne (1914-1940), membre des deux Assemblées nationales constituantes (1945 et 1946) puis à nouveau député de la Haute-Garonne (1946-1947).
Fonctions gouvernementales
- Ministre des Finances (4 juin 1936-22 juin 1937)
- Ministre de la Justice (22 juin 1937-18 janvier 1938)
- Ministre de la Coordination des services ministériels à la présidence du Conseil (11 mars-10 avril 1938)
- Ministre d'État sans portefeuille (22 novembre 1945-20 janvier 1946)
Fonctions représentatives
- Président des première et deuxième Assemblées nationales constituantes, puis de l'Assemblée nationale en 1946
- Président de la République (1947-1954). Il est élu le 16 janvier 1947 par 452 voix contre 242 à Auguste Champetier de Ribes (MRP), 122 à Jules Gasser (radical) et 60 à Michel Clemenceau (droite) (voir élection présidentielle française de 1947).
Autres fonctions
- Membre de droit du Conseil Constitutionnel à partir de 1959. Il refusa néanmoins de siéger.
Décorations
- Médaille de la Résistance
- Grand Officier de la Légion d'honneur
- Grand Croix et Grand Maître de la Légion d'honneur (comme président de la République)
- Grand Croix de l'Ordre national de 32 États
- Croix de combattant volontaire de la Résistance
Hommage
- Un collège-lycée porte son nom dans sa ville natale de Revel.
Citations
« On ne peut pas fonder la prospérité des uns sur la misère des autres. »
« Comme la nation humaine s'élève au-dessus des provinces diverses et variées, la nation humaine doit s'élever et s'organiser au-dessus des nations indépendantes et associées. Les principes de l'organisation humaine doivent être les mêmes que ceux de l'organisation nationale. Ce sont les principes de la démocratie: liberté, égalité, fraternité. » (Discours à Alger, le 25 juillet 1944)
« Les banques, je les ferme. Les banquiers, je les enferme. » (Vincent Auriol, ministre français des Finances, 1936)
Œuvres
- Hier et demain, 1944 (écrit pendant la Seconde guerre mondiale)
- Journal du septennat, éd. Tallandier, 2004 (version complète)
- " Dix années d'administration socialiste 1925-1935" éd. Commune de Muret en 1935
- " Mon septennat 1947-1954", éd nrf Gallimard, 1970
Bibliographie
- Jean-Pierre Cuvilier, Vincent Auriol et les finances publiques du Front populaire ou L'alternative du contrôle et de la liberté : 1933-1939, Publications de l'université de Toulouse-Le Mirail, 1979
- Éric Ghebali, Vincent Auriol : le Président citoyen. 1884-1966, éd. Grasset, 1998
- Louis Mexandeau, Histoire du parti socialiste, éd. Tallandier, 2005
- Gilles Morin, « Les socialistes dans les geôles de Vichy : à la recherche d'une parole libre », in Pierre Guidoni et Robert Verdier (dir.), Les Socialistes en Résistance, éd. Séli Arslan, 1999
- Pascal Cabaret, Vincent Auriol et la question coloniale (1947-1953), mémoire de maîtrise, université de Toulouse-Le Mirail, 1999.
Liens externes
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