Sous-marin nucleaire lanceur d'engins

Sous-marin nucleaire lanceur d'engins

Sous-marin nucléaire lanceur d'engins

Le SNLE-NG Le Téméraire, de la Marine Nationale

Le SNLE (abréviation de « sous-marin nucléaire lanceur d'engins »), aussi connu comme SSBN (Sub-Surface Ballistic Nuclear) selon le code OTAN, est un sous-marin à propulsion nucléaire de très grande taille, équipé de missiles balistiques stratégiques à charge nucléaire en silos verticaux et lancés en plongée. Il est également équipé en torpilles et en missiles aérodynamiques à changement de milieu, des armes anti-navires pour son auto-défense. Sa mission est la dissuasion nucléaire ; il assure, à ce titre, la garantie d'une frappe nucléaire de riposte, en raison de la difficulté de le localiser lors de ses patrouilles en plongée, grâce notamment à ses qualités de discrétion acoustique.

Les pays qui disposent en ce début de XXIe siècle de ce type de sous-marin sont la Russie, la Chine, la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Inde.

Les États-Unis et la Russie possèdent plus des 4/5e de la flotte de SNLE mondiale.

Sommaire

Historique

Le USS Tunny (SSG-282) tirant un missile de croisière SSM-N-8 Regulus.

Des projets de sous-marins pouvant tirer des missiles contre des cibles terrestres furent imaginé par le complexe militaro-industriel allemand durant la seconde guerre mondiale mais ne furent jamais réalisé mais les anciens alliés firent chacun de leurs coté des projets en ce domaine.

Après avoir étudié les missiles allemands, des variantes du V-1 furent tiré depuis la mer par les USS Carbonero (SS-337) et USS Cusk (SS-348) en février 1947, la portée de ces engins étaient de 135 mille nautique et leur erreur circulaire probable de prés de 6 km.

Les États-Unis lancèrent divers programmes pour avoir des systèmes d'armes plus performant et déployèrent le missile de croisière SSM-N-8 Regulus subsonique d'une portée de 900 km dont le premier tir eu lieu en juillet 1953 depuis le pont du USS Tunny (SSG-282). Le USS Halibut (SSGN-587), ayant un lanceur de missiles Regulus et cinq de ces derniers fut lancé en janvier 1959, il fut le premier Sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière [1].

Les premiers sous-marins porteurs de missiles balistiques sont, à partir de 1955, six navires modifiés type projet AV611 ou Classe Zoulou V selon le code OTAN de la marine soviétique. Ces sous-marins à propulsion conventionnelle étaient porteurs de deux missiles R-11FM dérivés du Scud qui devaient être tiré en surface.

L'USS George Washington (SSBN-598), le premier SNLE de l'Histoire.

Mais le premier véritable SNLE fut l'USS George Washington (SSBN-598) de l'United States Navy opérationnel à partir de 1960 avec ses UGM-27A Polaris d'une portée de 2 200 km.

À partir des années 1960, ces vecteurs virtuellement indétectables sont un des piliers de la destruction mutuelle assurée grâce leur capacité de seconde frappe en cas d'attaque nucléaire de l'autre camp.

La mise en service de sous-marins lance missile à propulsion conventionnelle a fait que jusqu'aux années 1970, dans la liste des codes des immatriculations des navires de l'US Navy, on utilisait le sigle SSB pour Ballistic Missile Submarine pour les sous-marins à propulsion diesel et SSB(N) en parenthèses pour ceux à propulsion nucléaire navale.

Liste des utilisateurs de SNLE

États-Unis États-Unis

Un sous-marin de la classe Ohio avec ses puits de lancement ouvert.

En 2008, la marine américaine possède plusieurs sous-marins de ce type.

Le tout premier fut le USS George Washington mit sur cale en janvier 1957, lancé le 9 juin 1959 qui entra en service en décembre 1959. Ses congénères furent construits en grande cadence et dès 1967, quarante-un SNLE sont en service équipé chacun de seize missiles ; ce nombre commença à baisser à partir de 1979[2]. Ils remplacèrent rapidement les quatre sous-marins conventionnels et le SSGN emportant le SSM-N-8 Regulus qui seront en service entre 1955 et 1964.

Leurs missiles balistiques ont la forme d'une quille et sont lancés en plongée en petite vitesse - moins de trois nœuds - à l'aide d'un dispositif à vapeur. La mise à feu est armée automatiquement après l'immersion, à 30 mètres environ au-dessus de la surface.

Au début des années 1970, sur les quarante-un bâtiments en service, une quinzaine sont à tout moment opérationnels et prêt à faire feu, douze en entretien courante et sept en grand carénage.

Ils sont doté de centrale à inertie pour la navigation inertielle et, à partir de la fin des années 1960, du système Transit de navigation par satellite.

Ils sont regroupés en cinq flottilles dans l'océan Atlantique dans les bases de Holy Loch en Écosse et de Rota en Espagne et dans l'océan Pacifique dans les base d'Apra à Guam et de Pearl Harbour à Hawaii. Ils s'appuient alors quatre navires ravitailleurs de sous-marins et sur des docks flottants spécialisé; Aux États-Unis contigus, les SNLE s'appuient alors sur la base de Charleston en Caroline du Sud et, accessoirement, sur New London au Connecticut [3].

En 1985, durant la dernière phase de la Guerre froide, trente-sept sous-marins pouvant emporter un total de six cent quarante missiles balistiques étaient en service (Six classe Ohio, dix-neuf classe Lafayette et douze classe Benjamin Franklin)[4].

En 2009, la flottille de classe Ohio, actuellement la seule classe en service, compte quatorze sous-marins dans leur fonction originale armés de 24 Trident II (D5) d'une portée de plus de 8 000 km sur les dix-huit construits Ce sont les deuxièmes plus gros sous-marins du monde après les Typhoons russes. Ils sont tous basés dans les deux bases navales de Kings Bay, en Géorgie sur la côte Atlantique, et de Kitsap dans la dans la péninsule de Kitsap près de Bangor se situant dans l'état de Washington sur la côte Pacifique. 60 % de la capacité nucléaire sous-marine américaine est à cette date déployé dans l'océan Pacifique contre 15 % durant les années 1980 avec six SNLE stationné à Kings'Bay et huit à Bangor [5].

Avec la chute du Bloc de l'Est et la détente qui a suivi sur le plan des armements nucléaires stratégiques, quatre sous-marins de la classe Ohio ont été convertis en sous-marins lanceurs de missiles de croisière (SSGN selon la terminologie OTAN). Les tubes de lancement contiennent chacun une dizaine de missiles Tomahawk, ce qui donne à chacun de ces sous-marins une puissance de feu considérable contre des objectifs terrestres.

Article détaillé : classe Ohio.

France France

Le Redoutable, premier des SNLE français entra en service le 1er décembre 1971.
Missiles M45 et M51 dans des coques de SNLE (type Le Redoutable, à gauche) et de SNLE-NG (type Le Triomphant, au milieu)

Les SNLE de la force océanique stratégique forment l'une des deux composantes actuelles de la stratégie de dissuasion nucléaire française, avec les moyens aéroportés de la force aérienne stratégique et de l'aviation navale. L'atout principal du SNLE réside dans sa discrétion acoustique.

Depuis le lancement de ce programme dans les années 1960, la base opérationnelle des SNLE français est l’Île Longue dans la rade de Brest.

La décision de construire un sous-marin diesel destiné aux essais des futurs missiles mer-sol balistique stratégique français est prise le 6 décembre 1960. le Gymnote (S655) de 3 000 tonnes, construit avec les tronçons avant et arrière du projet abandonné de SNA Q 244 et équipé de quatre tubes verticaux lance-missiles, entre en service le 17 octobre 1966 et sera désarmé le 1er octobre 1986 [6].

La première classe de SNLE français fut celle de la classe Le Redoutable de 7 500 t. dont la tête de série dont la mise sur cale a été autorisée en mars 1963; la construction débuta en 1964 et il fut lancé le 29 mars 1967 en présence du président Charles de Gaulle. Ses essais débutèrent en 1969 et il entra finalement en service le 1er décembre 1971.

Six sous-marins de cette classe pouvant emporter seize missiles balistiques furent construit :

  • S 611 - Le Redoutable (entré en service en 1971- retiré du service en 1991)
  • S 612 - Le Terrible (1973-1996)
  • S 610 - Le Foudroyant (1974-1998)
  • S 613 - L'Indomptable (1976-2003)
  • S 614 - Le Tonnant (1980-1999, premier sous-marin équipé de missile M2)
  • S 615 - L'Inflexible (1985-2008, premier sous-marin équipé de missile M4)

Trois SNLE de nouvelle génération (SNLE/NG) de la classe Le Triomphant de 12 600 t. sont en service en 2009 dans la force océanique stratégique de la marine nationale française. Un quatrième est en essais :

Le système d'arme des SNLE-NG est composé de :

Les vecteurs sont, dans les années 2000, 64 missile mer-sols balistique stratégique M45 qui devraient être remplacés dans les années 2010 par 60 M51, soit 3 lots de missiles pour 4 submersibles.

La mission d'un SNLE français est simple : quitter son port d'attache, de la façon la plus discrète possible, puis rester indétectable tout au long de sa mission pour pouvoir à tout moment déclencher le feu nucléaire, sur ordre du président de la République française.

La procédure de tir des missiles nucléaires est la suivante : dès réception de l'ordre présidentiel et des codes de tir, le commandant du SNLE et son second introduisent les « clés » de tir puis lancent les missiles qui partent alors sur leurs cibles (personne à bord du sous-marin ne connait la destination des missiles, pas même le commandant). Il existe deux « clés » de tir, afin de limiter le risque humain (dépression, tendance suicidaire, folie passagère…).

Une mission de patrouille dure environ 10 semaines, au cours de laquelle le SNLE doit rester indétectable. Les 100 à 130 hommes d'équipage vivent donc confinés dans le sous-marin, sans pouvoir donner de leurs nouvelles à leurs proches. Pour des raisons de discrétion acoustique, la télémédecine est proscrite : en cas de problème de santé, un médecin-chirurgien, assisté de deux infirmiers dont un anesthésiste, peut les opérer à bord du SNLE.

Royaume-Uni Royaume-Uni

Le HMS Vanguard en 1994.

En 2008, la Royal Navy possède quatre SNLE de la classe Vanguard, emportant au total environ 200 ogives, ayant succédé aux quatre bateaux de classe Resolution lancé entre 1966 et 1968 dont la tête de série est entré en service en octobre 1967; il s'agit des :

Leur port d'attache est la Her Majesty's Naval Base Clyde dans la région d'Argyll and Bute dans l'ouest de l'Écosse.

D'ici 2015, la Royal Navy prévoit de maintenir à quatre son nombre de SNLE. En 2007, le parlement britannique a décidé de lancer un programme de renouvellement de la flotte avec mise en service de trois nouveaux submersibles pour remplacer les Vanguard à partir de 2022, le nombre d'armes nucléaires devrait être de 160 à cette période.

URSS Union soviétique/Russie Russie

Un sous-marin de classe Typhoon dans la glace, un géant en voie de disparition

La marine russe possède 15 SNLE en 2006, dont 12 opérationnels contre 67 en 1984 au temps de la marine soviétique.

Les premiers sous-marins équipé de missiles balistiques furent des unités de la classe Whiskey (Projet 613, 644 et 665)

Le K-19 de la classe Hotel (projet 658) est le premier sous-marin à propulsion nucléaire de l'Union soviétique à être équipé de missiles balistiques entré en service le 30 avril 1961. Son armement était composé de trois R-13 (Code OTAN : SS-N-4) d'une portée d'environ 600 km.

Le premier SNLE équivalent aux sous-marins américains fut le K-137 du projet 667A connut sous le code OTAN de classe Yankee commissionné le 6 novembre 1967 portant 16 missiles stratégiques.

En 1971, l'URSS disposait de 22 sous-marins lance missiles balistiques à propulsion nucléaire et 20 autres sous-marins diesel portant de 2 à 3 missiles R-13 [7].

Elle possède actuellement trois types différents de SNLE, dont les plus gros sous-marins du monde, ceux de classe Typhoon.

  • Projet 941 Akula classe Typhoon: il peut transporter 20 missiles SS-N-20. À sa mise en service, il était le plus silencieux des sous-marins soviétiques. Sur un total de six construits, un seul est encore en service et sert de banc d'essai à une nouvelle génération de missiles balistiques, le 3M14 SS-N-30 (3M14 Bulava) et deux sont en réserve, et seront peut-être démantelés comme les trois déjà retirés du service.
  • Projet 667BDR Kalmar Classe Delta III : construit à 14 exemplaires à partir 1976, 6 sont en service et devraient être retirés d'ici quelques années. Il peut transporter 16 missiles SS-N-18.
  • Projet 667BDRM classe Delta IV : Portant le surnom de Del'fin (Dauphin, en français), il est une version améliorée du Projet 667BDR. La Russie en a construit 7, dont 5 sont opérationnels. Depuis 1999, ils sont en travaux de remise à niveau. Deux sont en chantier en 2006. Ils peuvent transporter 16 missiles SS-N-23.

La Russie prévoit d'avoir 3 autres SNLE pour 2011 de classe Boreï, la construction de tous les bâtiments a été lancée.

République populaire de Chine Chine

Un SNLE type 094, appelé aussi classe Jin.

La marine de l'armée populaire de libération a possédé un seul SNLE du type 092, le 406 Changzheng lancé le 30 mars 1981 et entré en service en 1987.

C'est en fait un classe Delta III russe modifié qui transporte 12 missiles nucléaires chinois Ju Lang-1 (Code OTAN CSS-N-3) d'une portée de 2 150 km et possède aussi 6 tubes lance-torpilles de 533 mm. Son port d'attache est la base navale de Jianggezhuang à 25 km de Qingdao.

Les Chinois mettent au point un autre SNLE de conception entièrement chinoise, le type 094 (appelé classe Jin par les forces Occidentales) armé de 12 Ju Lang-2 d'une portée estimée à 8 000 km dont le premier est lancé en juillet 2004. Mais certains experts affirment que, pour le moment, il est trop bruyant.

En mai 2008, deux 094 ont été lancés et l'Intelligence Community américaine estime que cinq pourraient être construits d'ici 2015.

Selon la FAS, Pékin construit dans les années 2000 une base navale secrète à Sanya (aussi connue sous le nom de Yulin) sur l'île d'Hainan dotée des infrastructures nécessaires pour dissimuler une flotte entière de sous-marins nucléaires des regards indiscrets de satellites espions adverses [8].

Inde Inde

La marine indienne a mis sur cale en 1998 son premier SNLE de la classe Arihant. Ce projet a était appelée Advanced Technology Vessel avant de recevoir le nom de Arihant. Il a été lancé le 26 juillet 2009 [9].

Notes et références

  1. (en) Edward C. Whitman, « Regulus : America's First Sea-borne Nuclear Detterent » sur Undersea Warfare, 2001, Undersea Warfare. Consulté le 20 août 2009
  2. Jean Moulin, US Navy, tome II, p.383
  3. Henri Le Masson, Flottes de combat 1972, Éditions maritimes et d'outre-mer, Paris, octobre 1970, 147 p. 
  4. Flottes de combat, 1986
  5. (fr) Les États-Unis rééquilibrent leurs forces stratégiques entre Atlantique et Pacifique, Mer et Marine, 6 avril 2009
  6. (fr) Sous-marin expérimental lance-missiles Gymnote sur http://www.netmarine.net, Net Marine. Consulté le 2 aout 2009
  7. Henri Le Masson, Flottes de combat 1972, Éditions maritimes et d'outre-mer, Paris, octobre 1970, 379 p. 
  8. (fr) Un SNLE chinois arrive dans la nouvelle base de l’île de Hainan, Le Portail des sous-marins, 28 avril 2008
  9. (fr) L'Inde inaugure son premier sous-marin nucléaire "made in India", 26 juillet 2009

Voir aussi

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Articles connexes

Liens et documents externes

Bibliographie

  • Roger Chevalier, « A bord du "Gymnote" », dans Revue aerospatiale, N° hors série 20 ans d'Aerospatiale, janvier 1990
  • Portail de l’histoire militaire Portail de l’histoire militaire
  • Portail du monde maritime Portail du monde maritime
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