- Helmut Schmidt
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Helmut Heinrich Waldemar Schmidt, né le 23 décembre 1918 à Hambourg, est un homme politique allemand membre du Parti social-démocrate (SPD).
Porté à la présidence du groupe SPD au Bundestag en 1967, il renonce à ce poste deux ans plus tard pour devenir le premier social-démocrate au poste de ministre fédéral de la Défense d'Allemagne de l'Ouest. En 1972, Willy Brandt le nomme ministre fédéral de l'Économie et des Finances, mais le ministère de l'Économie reprend son autonomie dès la fin de cette année. En 1974, il succède à Willy Brandt comme chancelier fédéral, et occupe ce poste jusqu'au départ des libéraux de sa coalition, en 1982. Avec huit ans et quatre mois, il détient le record de longévité parmi les trois chanceliers issus du SPD.
Sommaire
Jeunesse
Helmut Schmidt est né à Hambourg, fils de deux professeurs. Il étudia à l'école Lichtwark de cette ville et dont il sort diplômé en 1937. Il est appelé pour son service militaire et commençe à servir sur une batterie anti-aérienne à Vegesack près de Brême durant la Seconde Guerre mondiale. Après avoir brièvement été sur le front de l'Est, il retourne en Allemagne en 1942 pour travailler comme entraineur et conseiller au Reichsluftfahrtministerium, le ministère allemand de l'Air. Cette même année le 27 juin, il épouse son amour de jeunesse, Hannelore "Loki" Glaser (1919-2010), dont il aura deux enfants : Helmut Walter (1944-1945), mort d'une méningite et Suzanne (née en 1947). Vers la fin de la guerre, à partir de décembre 1944, il sert au grade d'Oberleutnant dans l'artillerie sur front de l'Ouest. Il est fait prisonnier par les Britanniques en avril 1945 dans la lande de Lunebourg et reste prisonnier de guerre jusqu'en août. Durant la guerre, il a été décoré de la Croix de fer[1].
Le père d'Helmut Schmidt est le fils illégitime d'un homme d'affaires juif allemand. Cela fut tenu secret dans la famille[2],[3] jusqu'à que cela soit confirmé publiquement par Helmut Schmidt en 1984, après que l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing ait, apparemment avec l'accord de Schmidt, révélé cela aux journalistes. Schmidt est de religion luthérienne mais non pratiquant[4].
Il poursuivra ensuite ses études à Hambourg, en économie et en sciences-politiques.
Débuts en politique
Schmidt rejoint le Parti social démocrate (SPD) en 1946 et est, de 1947 à 1948, le chef de la Sozialistischer Deutscher Studentenbund, syndicat étudiant proche du SPD.
Après l'université, il travaille pour le gouvernement de la ville-land de Hambourg, au département de la politique économique. Débutant en 1952, sous Karl Schiller, il devint un des responsables du Behörde für Wirtschaft und Verkehr, le ministère de l'économie et du transport du land.
Années 1950-1970
En 1953, il est élu au Parlement ouest-allemand sous l'étiquette social-démocrate. De 1969 à 1972, il occupe les fonctions de ministre de la Défense nationale dans le gouvernement de Willy Brandt et est ministre de l'Économie et des Finances de 1972 à 1974, avant de devenir chancelier fédéral de 1974 à 1982. Il a pris le relais du chancelier Willy Brandt, contraint à la démission après un scandale d'espionnage impliquant un de ses conseillers.
Chancelier (1974-1982)
Du keynésianisme à la rigueur
Keynésien à l'origine, il modifie en cours de route sa politique économique et décide de réduire le déficit public, soutenu en cela par le FDP qui préconisait une approche monétariste. Sa formule « Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain » est restée célèbre.
Une diplomatie pro-européenne et orientale
Helmut Schmidt a une bonne entente personnelle avec Valéry Giscard d'Estaing, le président français, de huit ans son cadet, mais gouvernant la France quand lui gouverne l'Allemagne (1974-1981). Il poursuit la politique d'apaisement à l'Est (Ostpolitik) de Brandt, s'opposant à la politique plus agressive poursuivie par Reagan (en 1989, il critiquera dans son livre Men and powers: a political retrospective la politique des « discours télévisés, des grands gestes » et « des petits pas » par laquelle les États-Unis espéraient mettre fin à la partition de l'Europe entérinée à Yalta). Il signe ainsi les accords d'Helsinki en 1975, et demeure au pouvoir après les élections législatives de 1976, s'appuyant sur une coalition avec le FDP.
Controverse sur la loi martiale en Pologne
Cela le contraint à des concessions. Le 13 décembre 1981, il est en voyage en Allemagne de l'Est alors que le général Jaruzelski proclame l'état d'urgence en Pologne. Questionné par des journalistes ouest-allemands, il concourt avec son hôte Erich Honecker pour déclarer cette mesure nécessaire afin de préserver l'ordre et la stabilité en Europe, ce qui lui vaut des critiques de la presse de droite (Frankfurter Allgemeine Zeitung), tandis que les journalistes Rudolf Augstein (Der Spiegel[5]) et Theo Sommer (en) (Die Zeit) l'appuient, affirmant qu'il s'agissait de la seule mesure permettant d'éviter l'intervention militaire du Pacte de Varsovie. En décembre 2000, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder s'est excusé du manque de soutien accordé à Solidarność lors de ces événements[6].
Le problème de la RAF
Sur le plan intérieur, il réagit avec fermeté à la Fraction armée rouge (RAF). Lors de l'Automne allemand (en), il autorise les troupes d'élite du GSG 9 à intervenir pour mettre fin au détournement du vol de la Lufthansa effectué par le FPLP en soutien à la « bande à Baader ».
La première censure constructive de l'histoire fédérale
En février 1982, il obtient la confiance du Parlement, mais le 17 septembre 1982, la coalition éclate: quatre ministres du Parti libéral-démocrate (FDP), menés par le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, quittent le gouvernement, choisissant un renversement d'alliance en apportant leur soutien au chrétien-démocrate Helmut Kohl. Schmidt cumule alors la fonction de chancelier avec le portefeuille des Affaires étrangères, jusqu'à ce qu'une motion le renverse le 1er octobre 1982, Kohl devenant le nouveau chancelier: c'était la première fois qu'un chancelier était renversé de la sorte en RFA.
Depuis les années 1980 : journaliste et écrivain
Depuis la fin de sa carrière politique, Schmidt travaille comme écrivain et journaliste. Il continue de s'intéresser à la vie sociale et politique de l'Allemagne[7]. Il est chroniqueur depuis 1983 et un des responsables de l'hebdomadaire de gauche Die Zeit et il a écrit une trentaine d'ouvrages ayant souvent rencontré le succès[7] comme son dernier en 2011, Religion in der Verantwortung (« L'exercice responsable de la religion »), un essai sur la place de la religion dans une société globalisée[7]. Un livre d'entretiens avec Peer Steinbrück, possible candidat du SPD a la chancellerie. En 2010, alors âgé de 91 ans, il était considéré par les 3/4 des Allemands comme une autorité morale, loin devant d'autres personnalités allemandes[7].
Sa femme Loki, épousée en 1942, est morte en octobre 2010. 2000 personnes dont la chancelière Angela Merkel ont assisté à ses obsèques à Hambourg[7].
Helmut Schmidt était membre du Bohemian Club.
Références
- Verleihung der Ehrendoktorwürde der Johns-Hopkins-Universität; Laudatio verlesen von Harry W o o l f bei der Überreichung des Grades eines Doktors der Rechtswissenschaften an Bundeskanzler Helmut Schmidt am 16. Juli 1976:, 1976-07-16. Consulté le 2009-03-20
- (en) Steven Lehrer, Wannsee house and the Holocaust, McFarland, 2000 (ISBN 9780786407927), p. 74
- Told French President of Jewish Origins - Helmut Schmidt's Revelation Reported, Los Angeles Times (1988-02-25). Consulté le 2009-09-25.
- Helmut Schmidt's Verdict: Barely a Jew., Jew or Not Jew (2009-04-12). Consulté le 2010-07-07.
- Rudolf Augstein, "Die Polnische Tragödie", Der Spiegel, Vol. 35, No. 52, 21 décembre 1981, 88
- Gerhard Schröder, "Ohne polnisches Freiheitsstreben wäre die Geschichte der deutschen Einheit weniger glücklich verlaufen", Frankfurter Allgemeine Zeitung, 7 décembre 2000, 10.
- "Lettre d'Allemagne Deux Helmut, trois best-sellers", article de Frédéric Lemaitre, Le Monde du 16 août 2011.
Voir aussi
Bibliographie
- (fr) « Helmut Schmidt. Incombustible », portrait publié dans Le Monde Magazine, no 40, 19 juin 2010, p. 32-33
Liens externes
- (de) Helmut Schmidt dans le musée virtuel LeMO du Musée historique allemand (DHM)
- (de) Publications de et sur Helmut Schmidt dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB)
Catégories :- Naissance en 1918
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