- Henri Queuille
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Henri Queuille est un homme politique français, né le 31 mars 1884 à Neuvic (Corrèze) et mort le 15 juin 1970. Plusieurs fois ministre sous la Troisième République, notamment à l'agriculture, il fut trois fois président du Conseil sous la Quatrième République.
Sommaire
Biographie
Il étudie d'abord au lycée de Tulle puis fait ses études de médecine à Paris et s'installe comme généraliste à Neuvic en 1908. Il est élu Maire de Neuvic en 1912, Conseiller général du canton de Neuvic en 1913 et député de la circonscription d'Ussel (Corrèze) en 1914. Dès le début de la Première Guerre mondiale, il est affecté comme médecin aide-major à l'hôpital de Baccarat. En septembre 1916, lui est décerné la Croix de guerre, seule décoration qu'il portera. Il participe aux batailles de Verdun et à l'offensive dans la Somme.
Avant la Seconde guerre mondiale, ses mandats électifs sont : député radical-socialiste de la Corrèze de 1914 à 1935, puis sénateur de 1935 à 1940. Aux élections législatives qui donnent en 1936 la victoire au Front populaire, il refuse de se présenter. Les élections donnent alors Marius Vazeilles, membre du Parti communiste, gagnant dans la circonscription d'Ussel.
Henri Queuille est nommé secrétaire d'État ou ministre à plusieurs reprises : Agriculture en 1924-25, 1926-28, 1930, 1932-34, 1938-40, Santé publique (1930-31, 1934-35), PTT (1932), Travaux publics (1937-38). Au titre de cette dernière fonction, il met en œuvre et applique la nationalisation des chemins de fer amorcée antérieurement. La création sans heurt de la SNCF, dans des délais très courts, à l'issue de négociations délicates avec les compagnies, vaut à Queuille l'hommage public du Président du Conseil, Camille Chautemps, et les félicitations de Léon Blum. Il est Président de la Fédération Nationale de la Mutualité et de la Coopération Agricole de 1935 à 1959.
L'inamovible ministre de l'Agriculture durant l'Entre-Deux-Guerres, "n'en fut pas moins pris dans la tourmente, en 1933, de l’un des plus gros scandales politico - financiers de l’époque : « l’affaire Stavisky. »[1]
Ministre du Ravitaillement en 1940, dans le cabinet Paul Reynaud, il participe comme sénateur au congrès de Vichy le 10 juillet 1940. Il refuse alors l'octroi des pleins pouvoirs à Pétain par une abstention volontaire. Il se retire alors à Neuvic où il fonde une entreprise de charbon de bois destinée à alimenter les gazogènes.
Le 16 juillet 1941, il est révoqué de sa fonction de maire de Neuvic par Vichy. Lors d'une visite à Neuvic, Hettier de Boislambert l'informe que le général de Gaulle attache une grande importance à son ralliement. Après l'échec d'une première tentative d'exfiltration, il réussit, en avril 1943 à gagner Londres à bord d'un avion Lysander de la RAF. Quelques jours après son arrivée, il lance à la BBC un appel à la Résistance destiné aux paysans de France.
En novembre 1943, Henri Queuille est nommé commissaire d'État du Comité de Libération nationale. Il en assume également la vice-présidence. En juin 1944, il devient ministre d'État du premier gouvernement provisoire de la République et, à ce titre, assure l'intérim de la présidence pendant les absences du général de Gaulle.
Favorable au rétablissement des institutions républicaines, Henri Queuille se consacre, dans les mois qui suivent la Libération, au relèvement et à la réorganisation du Parti radical, durement éprouvé par la guerre et l'occupation.
Il retrouve son siège au Palais Bourbon de 1948 à 1956. Il est ministre d'État en 1948 (cabinet Marie) et en 1951-52 (cabinet Pleven), ministre des Travaux publics en 1948 (cabinet Schuman), ministre de l'Intérieur en 1950-51 (cabinet Pleven puis dans son propre gouvernement), vice-président du Conseil en 1949-50 (cabinet Bidault) et en 1952-54 (cabinets Pinay, Mayer, Laniel).
Il a exercé les fonctions de président du Conseil des ministres à trois reprises :
- du 11 septembre 1948 au 5 octobre 1949 : voir gouvernement Henri Queuille (1),
succédant à Robert Schuman (2e gouvernement), et étant à son tour remplacé par Georges Bidault (2e gouvernement), - du 2 juillet 1950 au 4 juillet 1950 : voir gouvernement Henri Queuille (2),
succédant à Georges Bidault (3e gouvernement), et étant à son tour remplacé par René Pleven (1er gouvernement), - du 10 mars 1951 au 10 juillet 1951 : voir gouvernement Henri Queuille (3),
succédant à René Pleven (1er gouvernement), et étant à son tour remplacé par René Pleven (2 gouvernement).
Alors qu'il est chef du gouvernement, la France signe le Pacte atlantique. Comme ministre de l'Intérieur, il fit voter la loi des apparentements destinée à freiner l'essor du R.P.F. et à réduire l'influence des communistes. Il avait acquis la réputation d'un sage en politique. Il fut aussi ministre du tourisme (voir la liste).
Ce sont des problèmes de santé qui ont pratiquement mis fin à sa carrière ministérielle au milieu des années 1950 ; mieux portant, il aurait facilement succédé à Vincent Auriol à la présidence de la République. En décembre 1953, alors qu'à Versailles l'élection du nouveau chef de l'État s'éternisait, beaucoup espéraient qu'il finirait par se présenter pour sortir l'Assemblée de l'impasse. Plus sage que les autres, il préféra s'abstenir et vécut encore plus de seize ans.
En 1956, en désaccord avec Pierre Mendès France, il quitte le Parti radical-socialiste et fonde, avec l'aile droite de ce dernier, le Centre républicain, dirigé par le maire de Nantes, André Morice.
Postérité
En raison de sa longue carrière politique, en particulier sous la IVe République, et des citations lapidaires qu'il a pu faire sur l'exercice du pouvoir, Henri Queuille (« le petit père Queuille », comme on le surnommait) a fini par devenir le symbole de l'inefficacité et du discrédit de la IVe République, empêtrée dans le régime des partis et, plus généralement, d'une certaine conception de la politique placée sous le sceau de l'impuissance fataliste et cynique.
Malgré les jugements politiques qui deviennent des vérités, il reste de Queuille : la SNCF, la première tentative d'homologation des pesticides, un soutien permanent à la mécanisation agricole et à l'électrification rurale, la création de ce qui deviendra la cinémathèque du ministère de l'Agriculture, la création de la caisse nationale de Crédit agricole, la création du génie rural, le grand développement de l'industrie du froid, le reboisement, l'essor du tourisme en Corrèze et, en hommage à la présidence de la Société nationale d'horticulture de France, une variété de roses (obtention Gaujard, 1952) qui se nomme Président Henri Queuille.
Il faut ajouter qu'il n'était nullement impopulaire auprès de l'opinion ; quand, avant l'élection présidentielle de 1953, l'Almanach du Combattant organisa un sondage auprès de ses lecteurs pour savoir quel homme politique ils souhaitaient voir à l'Élysée, Queuille arriva très largement en tête. Évidemment, beaucoup d'anciens combattants souhaitaient que fût élu un des leurs.
Henri Queuille présente la particularité d'avoir été le parrain en politique de deux hommes que l'histoire opposera à maintes reprises : en 1946 il conseille à François Mitterrand de se présenter dans la Nièvre et en 1965 il propose à Jacques Chirac de lui succéder deux ans plus tard dans sa circonscription de Corrèze.
Colloques scientifiques
- "Henri Queuille et la Corrèze", Tulle le 18/06/1984, organisé par les Amitiés Henri-Queuille et par la Société d'histoire du radicalisme(Actes publiés, Limoges 1986)
- "Henri Queuille et la République", Paris, 1984, sous la direction de Pierre Delivet et de Gilles Le Béguec. Journée organisée par les Amitiés Henri Queuille (Actes publiés à Limoges en 1987 et préfacés par le Président François Mitterrand)
- "Henri Queuille, le radicalisme et le monde rural", journée organisée par la société des Lettres de la Corrèze, le Conseil général et le Musée départemental de la Résistance de Neuvic et qui se déroulera le 9 octobre 2010 à Tulle (Hôtel Marbot)
Fonctions gouvernementales
- Sous-secrétaire d'État à l'Agriculture dans le gouvernement Alexandre Millerand (1) du 20 janvier au 18 février 1920
- Sous-secrétaire d'État à l'Agriculture dans le gouvernement Alexandre Millerand (2) du 18 février au 24 septembre 1920
- Sous-secrétaire d'État à l'Agriculture dans le gouvernement Georges Leygues du 24 septembre 1920 au 16 janvier 1921
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Édouard Herriot (1) du 14 juin 1924 au 17 avril 1925
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Édouard Herriot (2) du 19 au 23 juillet 1926
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Raymond Poincaré (4) du 23 juillet 1926 au 11 novembre 1928
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Camille Chautemps (1) du 21 février au 2 mars 1930
- Ministre de la Santé Publique dans le gouvernement Théodore Steeg du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931
- Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones dans le gouvernement Édouard Herriot (3) du 3 juin au 18 décembre 1932
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Joseph Paul-Boncour du 18 décembre 1932 au 31 janvier 1933
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Édouard Daladier (1) du 31 janvier au 28 octobre 1933
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Albert Sarraut (1) du 26 octobre au 26 novembre 1933
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Camille Chautemps (2) du 26 novembre 1933 au 30 janvier 1934
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Édouard Daladier (2) du 30 janvier au 9 février 1934
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Gaston Doumergue (2) du 9 février au 8 novembre 1934
- Ministre de la Santé Publique et de l'Education physique dans le gouvernement Pierre-Étienne Flandin (1) du 8 novembre 1934 au 1er juin 1935
- Ministre des Travaux Publics dans le gouvernement Camille Chautemps (3) du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938
- Ministre des Travaux Publics dans le gouvernement Camille Chautemps (4) du 18 janvier au 13 mars 1938
- Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Édouard Daladier (3) du 10 avril 1938 au 21 mars 1940
- Ministre du Ravitaillement dans le gouvernement Paul Reynaud du 21 mars 1940 au 16 juin 1940
- Commissaire d'État chargé des Territoires libérés dans le gouvernement Charles de Gaulle (1) du 26 août au 10 septembre 1944
- Ministre d'État dans le gouvernement André Marie du 26 juillet au 5 septembre 1948
- Ministre des Travaux Publics, des Transports et du Tourisme dans le gouvernement Robert Schuman (2) du 5 septembre au 11 septembre 1948
- Président du Conseil du 12 septembre 1948 au 28 octobre 1949
- Vice-président du Conseil dans le gouvernement Georges Bidault (2) du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950 et ministre de l'Intérieur du 7 février au 2 juillet 1950
- Président du Conseil et ministre de l'Intérieur du 2 au 12 juillet 1950
- Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement René Pleven (1) du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951
- Président du Conseil et ministre de l'Intérieur du 10 mars au 10 juillet 1951
- Ministre d'État dans le gouvernement René Pleven (2) du 11 août 1951 au 20 janvier 1952
- Vice-président du Conseil et ministre d'État dans le gouvernement Edgar Faure (1) du 20 janvier au 8 mars 1952
- Vice-président du Conseil et ministre d'État dans le gouvernement Antoine Pinay du 8 mars 1952 au 8 janvier 1953
- Vice-président du Conseil dans le gouvernement René Mayer du 8 janvier au 28 juin 1953
- Vice-président du Conseil dans les gouvernements Joseph Laniel du 28 juin 1953 au 19 juin 1954
Citations
(Queuille est dans l'art de l'aphorisme en politique, le père spirituel d'Edgar Faure.)
- « Il n'est aucun problème assez urgent en politique qu'une absence de décision ne puisse résoudre. »
Deux moutures de la même :
- « Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. »
- « La politique n'est pas l'art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. »
Repris par Charles Pasqua (discours de 1988), et Jacques Chirac (Le Monde - 22 Février 1988) :
- « Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. »
Notes et références
- Henri Queuille et l'affaire Stavisky, revue Arkheia, Montauban, 2008. Gilbert Beaubatie,
Bibliographie
- Francis de Tarr, Henri Queuille en son temps (1884-1970) : biographie, éditions de La Table Ronde, 1995.
Chronologies
Précédé par Henri Queuille Suivi par Robert Schuman Président du Conseil 11 septembre 1948 - 5 octobre 1949 Georges Bidault Georges Bidault Président du Conseil 2 juillet 1950 - 4 juillet 1950 René Pleven René Pleven Président du Conseil 10 mars 1951 - 10 juillet 1951 René Pleven Jules Moch Ministre de l'Intérieur 7 février 1950 - 11 août 1951 Charles Brune Christian Pineau Ministre des Finances Maurice Petsche Catégories :- Ministre de la Troisième République
- Ministre de la Quatrième République
- Personnalité du Parti républicain, radical et radical-socialiste
- Personnalité du Centre républicain
- Président du Conseil de la Quatrième République
- Ancien député de la Corrèze (troisième République)
- Député de la Quatrième République française
- Ancien sénateur de la Corrèze
- Ancien conseiller général de la Corrèze
- Ancien maire de la Corrèze
- Naissance dans la Corrèze
- Naissance en 1884
- Décès en 1970
- Résistant français
- Résistant corrézien
- Personnalité de la Corrèze
- Ministre français des Postes et Télécommunications
- Ministre français de l'Agriculture
- Ministre français de la Santé
- Ministre français des Travaux Publics
- Ministre français du Ravitaillement
- Ministre français d'État
- Ministre français des Transports
- Ministre français du Tourisme
- Ministre français de l'Intérieur
- Sénateur de la Troisième République française
- Lycée Edmond-Perrier
- du 11 septembre 1948 au 5 octobre 1949 : voir gouvernement Henri Queuille (1),
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