- Jacques Pilhan
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Jacques Pilhan, né en 1944 et mort le 28 juin 1998, il fut un publicitaire et l'ancien conseiller en communication politique des présidents François Mitterrand et Jacques Chirac.
Sommaire
Formations et personnalité
Bachelier à 15 ans, il devient par la suite dilettante, changeant régulièrement d'année universitaire (histoire, droit), jouant beaucoup au poker et lisant des écrivains comme Guy Debord ou des chercheurs de l'École de Palo Alto qui l'influeront beaucoup[1]. Autodidacte, il s'inscrit culturellement dans le courant de la gauche situationniste. Selon le journaliste François Bazin, « Pilhan s'entourait de gens férus d'anthropologie, de psychanalyse, de peintures, d'art. Pilhan avait un fonds culturel baroque, de transgression. Aujourd'hui, tout le monde sort du modèle Sofres ou sciences-po[2] ». En 1979, il est recruté dans l'agence de publicité RSCG par Jacques Séguéla en tant que directeur des stratégies.
Marketing politique
Article détaillé : Marketing politique.En 1981, il est le collaborateur de Jacques Séguéla durant la campagne du candidat de la « force tranquille ». Pour Jacques Pilhan, « c'est le produit d'un travail collectif. Il doit tout d'abord à Jacques Séguéla et à deux créatifs de son agence. J'y ai ma part pour ce qui regarde de la stratégie dont la force tranquille fut l'expression la plus forte[3]. » Puis, il fonde en 1984 sa propre agence de publicité, Temps public. Cette agence a été créé avec l'accord de François Mitterrand, au moment du tournant de la rigueur. Elle avait pour vocation « la gestion de l'image publique du président de la République mais aussi celles d'institutions ou d'entreprises…[3] »
À partir de 1983, il seconde officieusement Gérard Colé, conseiller en communication de François Mitterrand, puis le remplace officiellement en juillet 1989 quand celui-ci prend la présidence de la Française des jeux.
En septembre 1990, il prend la direction de la société Bélier (filiale d'Euro-RSCG qui a racheté en juillet 1990 Temps public), quatrième entreprise publicitaire de France, puis est nommé directeur général adjoint du groupe Havas en 1991[4].
Un communicant politique : le « stratège du désir »
Jacques Pilhan exerçait la profession de communicant politique, adepte du marketing politique. Pour lui, cette nouvelle profession émergente au début des années quatre-vingt ne peut réellement se définir, même se nommer, « Lacan disait que ce qui ne peut pas se nommer n'existe pas. J'ai bien peur que cela s'applique à mon métier. Aucun nom ne peut lui être donné[5]. » Par ailleurs, il porte un regard lucide sur l'influence des publicitaires dans l'apparition de la communication politique. « Ils ont donné à ce métier à peine naissant une image de tireurs de ficelles prétendant instrumentaliser les hommes publics au nom d'une connaissance des comportements sociaux acquise à travers d'études financées par leurs clients commerciaux[6]. »
L'inventeur du plan média politique : l'écriture médiatique
Article détaillé : Plan média.Dans son approche originale du marketing politique fondée sur la recherche du désir par l'écriture médiatique, Jacques Pilhan a été l'inventeur du plan média. En 1995, il affirmait que « jusqu'à une date toute récente, les hommes politiques se contentaient de répondre au coup par coup à la demande des médias. Leur attachée de presse répercutait les sollicitations : un journal de 20 heures, une émission de radio, une interview pour le journal. Ce que j'ai introduit là-dedans, c'est le concept de plan média. Plutôt que de répondre de manière pavlovienne aux propositions des journalistes, on préfère aller dans tel média — télé, radio ou écrit — selon l'effet que l'on veut obtenir, et à tel moment, selon la séquence dans laquelle on se trouve. Vous commencez à ce moment-là à passer d'une gestion réactive de la demande des médias à une volonté d'imposer votre choix et votre rythme propres, votre écriture médiatique[7]. »
En 1995, Jacques Chirac, élu président de la République, le garde comme conseiller en communication[8]. Il forme la fille de celui-ci, Claude, avant d'être emporté par un cancer du poumon à l'âge de 54 ans.
Notes et références
- La Marche de l'Histoire, 14 novembre 2011 François Bazin, « Jacques Pilhan, un sorcier de la communication à l'Elysée »,
- interview de François Bazin du 19 octobre 2009
- Le Débat, n°87 novembre-décembre 1995, p. 4 L'écriture médiatique - entretien avec Jacques Pilhan,
- Groupe Havas Jacques Pilhan
- Le Débat, n°87 novembre-décembre 1995, p 2 L'écriture médiatique - entretien avec Jacques Pilhan,
- Le Débat, n°87 novembre-décembre 1995, p 3 L'écriture médiatique - entretien avec Jacques Pilhan,
- Le Débat, n°87 novembre-décembre 1995, p 5 L'écriture médiatique - entretien avec Jacques Pilhan,
- « Dans l'ombre de l'Élysée », Le Monde, 26 octobre 2009.
Voir aussi
Bibliographie
- François Bazin : Le sorcier de l'Élysée : L'histoire secrète de Jacques Pilhan, Plon, Paris, 2009, (ISBN 978-2259208871)
- L'écriture médiatique - entretien avec Jacques Pilhan, Le Débat, n°87 novembre-décembre 1995, pages 2 à 24.
Webographie
- « L'homme des présidents », portrait de Jacques Pilhan par Jérémy Tordjman (source : ARTE TV).
- « Jacques Pilhan: mort d'un gourou », article de l'Express du 2 juillet 1998 de l'éditorialiste Denis Jeambar.
Catégories :- Haut fonctionnaire français
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