- Bagdad
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Bagdad
(ar) بغدادAdministration Pays Irak Province Bagdad Géographie Coordonnées Altitude 45 m Superficie 113 400 ha = 1 134 km2 Démographie Population 5 258 383 hab. (2008 estimation) Densité 4 637 hab./km2 Localisation Sources Index Mundi World Gazetteer
Bagdad ou Baghdad (arabe : بغداد Baġdād), dont le nom signifie "Don de Dieu" en langue persane, est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Située sur le Tigre au Centre-Est du pays, les origines de la ville remontent au moins au VIIIe siècle et probablement aux périodes préislamiques.Avec une aire urbaine comprenant une population estimée à 7 millions d’habitants, c’est la plus grande ville d’Irak. C’est aussi la deuxième ville la plus peuplée du monde arabe et du Moyen-Orient. C'est un carrefour de communications aériennes, routières et ferroviaires d'une grande importance stratégique pour le pays.
Bagdad est, depuis 2003, le centre d’un violent conflit en raison de la guerre d’Irak. Elle est devenue une ville d'enclaves fortifiées régies par les soldats de l'armée irakienne, les officiers de la police fédérale, les agents de police locaux et les agents de sécurité privés. Il y a également d'autres groupes, tels les fils de l'Irak, sorte de comité de vigilance armé d'AK-47.
Ses habitants s'appellent les Bagdadis.
Sommaire
Étymologie
Bien qu’il y ait conflit sur l’origine iranienne du nom, il y a eu plusieurs propositions rivales quant à son étymologie spécifique qui ne sont pas forcèment opposables les unes aux autres. La plus largement admise est que ce serait un nom composé assyro-araméen : Bag (aigle), et dad (forteresse) mais cela ne signifie pas que le nom de la ville n'ait pas eu une autre signification à l'époque de sa fondation, les langues sémitiques très proches voire soeurs donnant souvent des sens différents aux même mots. Ces significations sont toutefois rarement opposables, mais serait pertinent de savoir laquelle des significations du mot Bag et dad (ou data) était donnée au moment de sa fondation, car ce groupe lexical est en réalité sémito-aryen (car les perses ne sont pas des sémites mais des aryens venus ou ayant donné naissance aux peuples indoaryens de l'Inde, ce sujet faisant polémique...). Bag(a) dad ou data signifie entre autres en persan antique Don de Dieu ou Grâce de Dieu ; ce terme peut vouloir signifier également Cité de l'aigle ou Cité de Dieu. Enfin il est indispensable de ne pas oublier que les fondateurs de cette ville n'étaient pas arabes mais perses, ainsi le califat Abbasside était d'origine Iranienne et chiite, et rival du califat Ommeyade arabe et sunnite. Ainsi on comprend mieux comment une des villes les plus connues de la civilisation arabo-musulmane porte un nom qui n'est pas d'origine purement sémitique.
Il est à l’origine du mot baldaquin, qui désigne d’abord la soie de Bagdad (Baldac ou Baudac au Moyen Âge), puis une tenture de lit.
La ville est également surnommée Madinat a-Salâm (la cité de la paix), Madinat al anouar (la cité des Lumières), 3acemat el dounia (la capitale ou centre du monde) la ville ronde[1] et la ville d’Al Mansour[2].
Histoire
Califat abbasside
On dit souvent que Bagdad fut fondée au VIIIe siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers[3]. Cependant, elle est certainement plus ancienne puisqu’elle est citée dans le Talmud, de 2 siècles antérieur[4]. Après la prise du pouvoir par les Abbassides au détriment des Omeyyades de Damas en 750, la ville est choisie comme capitale du califat, mais a pour rivales dans cette fonction, d’abord Le Caire (avec la dynastie des Fatimides), puis Cordoue avec le nouveau califat des Omeyyades. Bagdad joue le rôle d’une des capitales de l’islam et le restera jusqu’à la moitié du XIIIe siècle.
Le Bagdad des Abbassides est une ville ronde de quatre kilomètres de diamètre avec quatre portes : Bab Echam, Bab Khorassane, Bab Bassora et Bab Al Koufa[2]. Elle est protégée par un fossé de vingt mètres de large et une double enceinte circulaire. Le palais, la mosquée et les casernes se trouvent au centre, tandis que la ville constitue un anneau entre les deux remparts. La ville avait un dôme vert, de 48,36 mètres de haut, construit sur le palais, dominant la ville. Ce dôme qui fit la gloire de Bagdad se serait effondré en 941 à cause de la foudre. La ville ne tarda pas à s'agrandir et donc à perdre sa forme ronde originelle. Au Moyen Âge, les voyageurs européens confondaient Bagdad avec Babylone. À cette époque, elle était formée de deux grandes parties :
- La ville ronde d'al-Mansur sur la rive ouest du Tigre
- La ville fortifiée par Al-Mustazhir en 1095, à l'est. En 1221, le calife An-Nasir rénova les fortifications auxquelles il flanqua des bastions. Une seule porte est encore conservée : Bab al-Wastani dont la tour mesure 14,5 mètres de haut pour une circonférence de 56 mètres[5].
Elle devient la plaque tournante du grand commerce :
- ports du golfe Persique (Ubullah, port de Basra ou Sirâf) vers l'Inde (épices, pierres précieuses), la Chine (soie), le Yémen (parfums) et l'Afrique orientale (bois précieux, ivoire, or) ;
- route de la soie par l'Asie centrale ;
- routes terrestres vers les Bulgares de la Volga, le monde scandinave (peaux et fourrures), Constantinople, l'Occident chrétien, le Soudan…
Bagdad importe également des esclaves (slaves, turcs, africains) et des matières premières (bois de construction, fer) et exporte des matières première (alun) et des produits de l’artisanat (tissus, objets de verre et de métal, entre autres).
Certains historiens de la démographie considèrent Bagdad comme la première ville au monde à avoir atteint une population de un million d'habitants entre les VIIIe siècle et IXe siècle (la capitale chinoise Chang'an (Xi’an), terminus de la Route de la soie, était également une très grande ville à cette époque). Affaiblie par des troubles politiques, sa place de « ville la plus peuplée au monde » lui est probablement ravie par Cordoue au Xe siècle[6]. On estime la population de l'ancienne « capitale » des Francs, Aix-la-Chapelle, à environ 10 000 habitants à la même époque.
Le déclin de Bagdad s'amorça lorsqu'elle fut ravagée par les Mongols de Houlagou Khan en 1258, après un siège de 20 jours du 20 janvier jusqu'au 10 février, épisode de la Bataille de Bagdad. La ville tout entière est désarmée et sa population est massacrée. Le Bayt al-Hikma, ou maison de la sagesse, fut pillé et son contenu jeté dans le Tigre : traités philosophiques, livres d'art, de poésie et d'histoire, ouvrages scientifiques et mathématiques - la richesse intellectuelle de plusieurs siècles. On dit que quand le pillage mongol prit fin, le Tigre était noir d'encre. La bataille de Bagdad marque également fin à la dynastie des Abbassides après l'assassinat d'Al-Musta'sim [7]. La ville est également ravagée par Tamerlan en 1410, par les Turcs ottomans (Soliman le Magnifique) en 1534 ; se révolta contre eux en 1623, soutint un long siège, et ne fut prise qu'en 1638, par Murat IV.
Protectorat britannique
Le 26 mars 1917, un corps expéditionnaire britannique entre à Bagdad, capitale de la Mésopotamie (l'Irak actuel), et en chasse les Turcs ottomans[8]. Par les accords de San Remo signés en 1920, la Grande-Bretagne reçoit mandat de la part de la Société des Nations pour administrer le pays. En 1921, Bagdad est déclaré capitale du nouveau royaume d'Irak, devenu en 1958 une république[9].
Le règne de Saddam Hussein
En 1968, un coup d'État permet au Parti Baas de s'emparer du pouvoir.
Guerres touchant l'Irak
Pendant les guerres du Golfe (Guerre Iran-Irak, guerre du Koweït, guerre en Irak) et la période d'embargo, elle a subi plusieurs séries de bombardements à partir de 1985 par des missiles balistiques iraniens[10] puis des raids aériens en 1991 et en avril 2003 (doublés de bombardements d'artillerie en 2003) qui l'ont partiellement détruite.
Bagdad s'agrandit par le flot de personnes déplacées venues des zones de combat, principalement des chiites du sud. Beaucoup sont relogés dans le nouveau quartier de Madinat al-Saddam (ou « Saddam City ») qui, à partir de mars 2003, sera rebaptisé Madinat al-Sadr (Sadr City) du nom de deux dignitaires chiites abattus par la police baasiste. C'est aujourd'hui le principal quartier chiite de Bagdad.
Article détaillé : Bataille de Bagdad (2003).Durant l'opération libération de l'Irak, après 21 jours de bombardements, les forces américaines, après avoir rencontré une faible résistance aux portes de Bagdad, prennent le contrôle de la ville à partir du 9 avril.
Quatorze Algériens arrêtés en 2003 et 2004 en Irak sont détenus depuis dans une prison de Bagdad. Cela est symbolisé par une statue géante de Saddam Hussein renversée par un char américain en direct devant les médias. Le jour même, des pillages commencent, notamment au Musée national d'Irak, dans les hôpitaux et les bâtiments administratifs[11].
La ville est touchée depuis par des attentats et la violence, ce qui a conduit à ce que certains comparent à une épuration ethnique, les membres des diverses communautés chiites et sunnites se regroupant dans des quartiers à part.
Rayonnement intellectuel
Bagdad occupa, au cours des premiers siècles suivant sa fondation, une place prépondérante dans la production littéraire, artistique et intellectuelle arabo-musulmane, sous le patronage des hauts dignitaires de la cour abbasside. L’école Mustansiriya, construite par le calife abbasside Al-Mustansir bi-llah à Bagdad est considérée comme l’une des plus vieilles universités arabo-islamiques où on enseignait les sciences du Coran de la tradition de Mahomet, les doctrines islamiques, les sciences de la langue arabe, les mathématiques, les préceptes de l’islam et les différentes disciplines de la médecine[12]. La ville devient rapidement le premier centre culturel du monde, accueillant près d'un million de personnes[13]. Au milieu du IXe siècle est créée la maison de la sagesse où l’on procède à la traduction de grands philosophes grecs et des personnes viennent d’Europe ou d’autres parts du monde pour se spécialiser en médecine, en physique, en astronomie, en météorologie, en mathématiques et dans tous les domaines.
Monuments
- Collège al-Mustansiriya (XIIIe siècle)
- Mains de la victoire (XXe siècle)
- Mosquée Mirjan (XIVe siècle)
- Palais abbasside (XIIe siècle)
- Grande mosquée Saddam, renommée mosquée Al-Rahman (le Miséricordieux). Lien GoogelMap 33°18' 37.79" N 44°20' 55.39" E
Économie
Bagdad est le centre industriel du pays et son carrefour de communications aériennes, routières et ferroviaires. Douze ponts permettent le franchissement du fleuve Tigre. On y trouve raffineries de pétrole, cultures agricoles, tanneries et autres industries textiles. La ville produit des vêtements, des ustensiles ménagers, des bijoux, des articles de cuir et de feutre et des tapis commercialisés dans les souks (marchés arabes). Ces souks aux allées étroites constitués de petites boutiques et d'étals font partie de l'histoire de la ville et en sont caractéristiques.
Transports
Transports urbains
Article détaillé : Métro de Bagdad.Démographie
Du VIIIe siècle au XIIIe siècle Bagdad était la plus grande métropole de son époque[14]. Autour de l’an 900, la population de Bagdad était estimé à environ 1 million d’habitants[3]. En 1900 la population était estimée à 145 000 habitants, 580 000 en 1950. En 2001, la population de l'agglomération de Bagdad est estimé à 4 958 000 habitants[15].
Population et religion
Jusqu'en 2003 et l'invasion menée par les États-Unis, les chiites, les sunnites et les chrétiens se mêlaient dans de nombreux quartiers de la ville. Après une explosion de violences interconfessionnelles, les quartiers se sont divisés suivant la religion ; les chiites ont accru leur domination. Quant aux chrétiens, leur nombre a reculé de moitié en Irak.
Climat
Le climat de Bagdad est celui de l'une des plus chaudes régions du monde pendant l'été surtout quand le vent du Golfe Persique souffle (on atteint environ 45 °C en juillet). En hiver la pluviosité est de 136 mm [16] et le thermomètre oscille en moyenne entre 6 et 18 °C en hiver et entre 4 et 16 °C en janvier. Il y a une douzaine de jours de gel par an à Bagdad avec des températures parfois assez basses (minimum de --6 °C)[17].
Problème de l'eau
Bagdad est situé géographiquement sur le Tigre qui est sa première source d'eau. Considérée sous l'aspect géopolitique et hydrologique, la Mésopotamie regroupe deux pays, l'Irak et la Syrie. La caractéristique du bassin mésopotamien réside en l'origine éloignée de ses eaux fluviales, qui prennent leur source dans les montagnes turques et iraniennes. La situation géographique de l'Irak le rend vulnérable puisqu'il est encerclé par des pays (Turquie, Syrie, Iran) capables de lui couper son approvisionnement en eau. C'est ainsi que la question de l'eau est dans la politique extérieure de Bagdad au cœur de tensions incessantes[18]. Après la guerre sur l'Irak le problème de l'eau s'est aggravé. Dans certains quartiers l’eau courante n’est pas disponible plus de deux heures par jour. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) mène, depuis de nombreuses années, d'importants projets pour améliorer l'accès à l'eau potable, y compris une distribution quotidienne, par camion-citerne, à des milliers de déplacés internes près de Sadr city, à Bagdad. Après des années de négligence, le réseau d’eau a également souffert de dommages plus récents dus aux vibrations causées par les bombes et le passage des tanks. Des estimations récentes de l'Organisation des Nations unies (ONU) montrent que près de 94 % de l’eau de Bagdad est perdue pour cause de fuites. La distribution d’eau, les sanitaires, l’électricité et les services de santé dans le centre et le sud de l’Irak ont été particulièrement frappés par les pillages et les mises à sac lors des semaines chaotiques qui ont suivi la chute de l’ancien gouvernement.
Violence
Après la chute du régime de Saddam Hussein et l'entrée de l'armée américaine dans la ville, Bagdad connait une montée de violence et la multiplication du nombre des attentats-suicides et les attentats à la voiture piégée.
En 2009, une ONG mexicaine la classe comme la 10e ville la plus dangereuse du monde derrière Baltimore aux États-Unis [19].
Fin 2010, la violence avait reculé de 90 % par rapport au record de 240 incidents par jour, en 2007. Des explosions ont encore lieu. Les soldats et les policiers doivent désormais suivre une formation pour identifier et désamorcer les explosifs.
Sport
Bagdad est le siège des plus grands clubs de football irakiens, Al Qowa Al Jawia, Al Zawra, Al Shorta, Al Talaba. La ville abrite également le stade du Shaab (stade du peuple) inauguré en 1966 plus grand stade d'Irak avec une capacité de 45 000 personnes.
Personnalités
- Abu Hanifa, théologien et législateur arabo-sunnite (vers 696 - 767)
- Abu al-Atahiyah, poète arabe (748 - vers 828)
- Abu Nuwas al-Hasan Ibn Hani, poète arabe (762 - vers 813)
- Abu al-Faraj al-Isfahani, écrivain arabe (897 - 967)
- Abd Allah Ibn Al-Tayyib philosophe et moine nestorien
Notes et références de l'article
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Bagdad » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
- http://www.universalis.fr/encyclopedie/T230141/DAR_ES_SALAM.htm
- La civilisation arabo-islamique
- Il était une fois Bagdad
- Richard Gottheil et Samuel Krauss, « Jewish Encyclopedia, article Bagdad », 1906. Consulté le 27 septembre 2008
- Bagdad en Irak, patrimoine de l'humanité (consulté le 3 novembre 2006)
- (en) Largest Cities Through History.
- L'internaute Histoire de Bagdad
- Les Britanniques entrent à Bagdad
- Web Arabic
- (fr)[PDF] LA MENACE DES MISSILES BALISTIQUES DE THEATRE
- Histoire de Bagdad
- L’IRAK : BERCEAU DES CILVILISATIONS
- La France pittoresque
- Bagdad, l'âge d'or
- Encyclopédie Larousse
- Géographie de l'Irak
- Météo France
- Haut conseil de coopération internationale, le Moyen-Orient et l'eau (consulté le 31 octobre 2006)
- (fr)Agence France-Presse, « Mexique: Ciudad Juarez, ville la plus dangereuse au monde » sur http://www.leparisien.fr, 26 aoùt 2009. Consulté le 28 aoùt 2009
Articles connexes
- Musée national d'Irak
- Bousculade sur le pont Al-Aïmah
- Nous les Irakiens, film documentaire sur la vie quotidienne à Bagdad au moment de la chute de Saddam Hussein.
Bibliographie
- Mgr Jean Benjamin Sleiman, Dans le piège irakien : Le cri du cœur de l'archevêque de Bagdad, (ISBN 2750902401)
- Jean-Louis Dufour, Les crises internationales : De Pékin (1900) à Bagdad (2004), (ISBN 2804800229)
- Modèle:Jean Reinert, Les amants de Bagdad, (ISBN 2070781178)
Filmographie
- Bagdad, la vie malgré tout, film documentaire de Marie-Ange Poyet et Louis-André Morand, France, 2005, 60'
Liens externes
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