- Jacques Delors
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Jacques Delors Jacques Delors, en 2001.Mandats Président de la Commission européenne 6 janvier 1985 – 22 janvier 1995 Prédécesseur Gaston Thorn Successeur Jacques Santer Maire de Clichy 13 mars 1983 – 31 décembre 1984 Prédécesseur Gaston Roche Successeur Gilles Catoire Ministre de l'Économie et des Finances
12e ministre des Finances de la Ve République22 mai 1981 – 19 juillet 1984 Président François Mitterrand Gouvernement Pierre Mauroy Prédécesseur René Monory Successeur Pierre Bérégovoy Député européen 7 juin 1979 – 22 mai 1981 Biographie Date de naissance 20 juillet 1925 Lieu de naissance Paris Nationalité Française Parti politique Parti socialiste modifier Jacques Delors, né le 20 juillet 1925 à Paris, est un homme politique français. Il est ministre de l'Économie, des Finances et du Budget de 1981 à 1984 et président de la Commission européenne de 1985 à 1994. Ancien maire de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), il est le père de Martine Aubry et Jean-Paul Delors. Il fonde en 1996 le think tank Notre Europe dans le but de « penser l'unité européenne ». En septembre 2010, il participe à la création du Groupe Spinelli au Parlement européen[1].
Biographie
Originaire du Lonzac en Corrèze, fils d’un père encaisseur à la banque de France et catholique pratiquant, Jacques Delors obtient une licence de sciences économiques à la Sorbonne avant d’intégrer à son tour la banque de France où il devient syndicaliste de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Ancien élève du Centre d'études supérieures de banque, dont il est diplômé en 1950, il occupe les postes de chef de service puis attaché au cabinet du Directeur général des titres et du marché monétaire à la banque de France (1945-1962).
Carrière
Implication politique et syndicale
Rattaché à l'origine à la famille de pensée démocrate-chrétienne et syndicale, il participe aux activités de La Vie Nouvelle, mouvement catholique d'inspiration personnaliste qui jouera un rôle essentiel dans l'émergence de la « deuxième gauche », au sein duquel il crée en 1959 la revue Citoyens 60 qu'il dirige jusqu'en 1965. C'est cette même année (1959) qu'il devient membre de la section du plan et des investissements du Conseil économique et social (CES) jusqu'en 1961.
Il commence sa carrière en tant que rédacteur à la Banque de France. A cette époque, il est l'auteur, sous le pseudonyme Roger Jacques, d'écrits d'inspiration marxiste dans des revues d'extrême-gauche. Il est rapidement remarqué et devient « expert économique »[2] à la CFTC. Il s’inscrit en même temps à Vie nouvelle (chrétiens de gauche), crée le club de réflexion Citoyens 60, et travaille en liaison avec le club Jean Moulin. En 1964, il suit le courant majoritaire non-confessionnel du syndicat devenu Confédération française démocratique du travail (CFDT) dont il est depuis resté adhérent[2]. Jacques Delors est également membre un temps du Parti socialiste unifié (PSU).
En 1962, il entre ensuite au Commissariat général au Plan en tant que chef du service des affaires sociales et culturelles, poste qu'il gardera jusqu'en 1969 pour devenir chargé de mission auprès de Jacques Chaban-Delmas jusqu'en 1972. À ce titre, il influence grandement le projet de « Nouvelle société » que souhaitait promouvoir celui-ci. Participant à la mise en œuvre du programme de la « nouvelle société », il est notamment l’inventeur des contrats de progrès, et l’inspirateur de la loi sur la formation permanente (1971). De 1969 à 1974, il sera aussi secrétaire général auprès du Premier ministre, pour la formation professionnelle et la promotion sociale.
De 1973 à 1979 il sera membre du Conseil général de la Banque de France et occupera sur la même période le poste de membre du Conseil de la Banque de France. En 1974 il est professeur de gestion à Paris IX jusqu'en 1979. En 1974, il crée aussi le club de réflexion politique Échanges et projets, et c'est cette même année qu'il adhère au Parti socialiste.
De 1975 à 1979 il sera directeur du Centre de recherche Travail & société. De 1976 à 1981 il deviendra délégué national du PS pour les relations économiques internationales.
De 1983 à 1984, il sera Maire de Clichy dans les Hauts-de-Seine.
Ministre des Finances
Il est élu député européen (président de la commission économique et monétaire) en 1979, mais démissionne de ce poste en 1981. Sur cette période, il sera président de la commission économique et monétaire du PS. En 1981, il est nommé au poste de ministre de l'Économie et des finances dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy.
De 1981 à 1984, il est successivement :
- du 22 mai 1981 au 23 juin 1981 : ministre de l'Économie et des Finances, dans le gouvernement Pierre Mauroy (1) ;
- du 23 juin 1981 au 22 mars 1983 : ministre de l'Économie et des Finances, dans le gouvernement Pierre Mauroy (2). À ce titre, il est l'un des initiateurs du tournant de la rigueur à partir de 1982 ; il est chargé en plus du Budget à partir de mai 1983. Bénéficiant de la confiance des milieux économiques internationaux, il applique d’abord une politique de « rupture » pendant la période dite de l’« état de grâce » : nationalisations, dévaluations du franc, amélioration de l’efficacité des circuits de financement, et politique de relance. Après une première pause dans les réformes sociales qu’il propose dès 1982, Jacques Delors encourage le maintien de la France dans le Système monétaire européen (SME) et pratique une politique de rigueur. Il supprime, notamment, l'échelle mobile des salaires en 1982[3].
- du 22 mars 1983 au 17 juillet 1984 : ministre de l'Économie, des Finances et du Budget, dans le gouvernement Pierre Mauroy (3).
Président de la Commission européenne
Élu maire de Clichy (1983-1984), en banlieue parisienne, Jacques Delors fait figure de possible « premier ministrable » en remplacement de Pierre Mauroy. Il n'est pas reconduit dans le gouvernement dirigé par Laurent Fabius, ayant été pressenti, par accord guidé par François Mitterrand et Helmut Kohl, chancelier ouest-allemand, pour devenir en janvier 1985 président de la Commission des Communautés européennes (qui deviendra la Commission européenne), succédant au Luxembourgeois Gaston Thorn. Il restera président de la Commission jusqu'en décembre 1994 et sera de loin le plus influent et le plus marquant des titulaires à ce poste [réf. nécessaire].
Sa volonté d'aller de l'avant dans la construction européenne lui fit croiser l'enthousiasme de L'European Round Table (lobby fondé par Étienne Davignon qui rassemble les dirigeants des grandes multinationales européennes). En effet à l'époque, l'idée d'un grand marché européen ne constituait pas une priorité pour la majorité des gouvernements, il se tourna donc vers les industriels afin que la construction ne s'enraye pas. En janvier 1985 alors qu'il entre en fonction à Bruxelles il reprend nombre de thématiques que le président de l'European Round Table (et de Philips) - Wisse Decker - avait publié dans : « Europe 1990 : un agenda pour l'action ». Parmi elles : faire tomber les barrières commerciales et les frontières fiscales. En 1991, lors de l'émission « la Marche du siècle » sur France 3 il parle de cette aide qui dynamisa l'Union européenne : « Lorsque j'ai lancé en 1984-1985, le projet de grand marché, la Table Ronde des Industriels a soutenu ce projet. Et aujourd'hui, les industriels invitent les gouvernements à aller plus vite encore, et ce n'est pas moi qui leur dirais le contraire : nous avons bien besoin de cette poussée salutaire, sinon nous aurions tendance à ne pas aller au rythme où les évènements vont ». Il souhaitait ainsi une Europe qui devienne un pôle aussi compétitif que les États-Unis ou l'ensemble asiatique ; une fois cette condition atteinte l'Europe sociale pourrait se construire. Cette idée de l'Europe allait dans le sens contraire de celle de François Mitterrand qui en 1978 déclarait : « Nous voulons l'Europe des travailleurs, contre l'Europe marchande, l'Europe des profits, l'Europe des grandes affaires »[4].
Pendant son long mandat, ont lieu l’élargissement de l’Europe communautaire, l’adoption de l’Acte unique européen, la réforme de la politique agricole commune (PAC, associée à la création du Programme européen d'aide aux plus démunis, Delors soutenant la proposition de Coluche), la signature des accords de Schengen et du Traité de Maastricht (1992).
Artisan d’un renforcement de l’exécutif européen, Jacques Delors représente la Communauté européenne, à la manière d’un chef d’État, lors des grands sommets internationaux (réunions du G7 et de l’Organisation de coopération et de développement économique, etc.).
Il est l'instigateur du livre blanc de la Commission recommandant la création d'un grand marché européen régulé par la mise en place de solidarités nouvelles. Ce livre blanc débouche sur la signature de l'Acte unique en février 1986, qu'il appelle « mon traité favori[5] ».
En 1989, il préside le Comité dit Delors, composé d'experts et des gouverneurs des Banques centrales des douze pays membres. Le Rapport du Comité Delors ouvre la voie à la création de la monnaie unique. Viennent ensuite l'adoption du paquet Delors I (1987) et du paquet Delors II (1992).
Après 1994
Un temps favori des sondages dans la perspective de l'élection présidentielle française de 1995, il renonce le 11 décembre 1994 à présenter sa candidature. Malgré les fortes pressions du PS, Jacques Delors refuse de se porter candidat, pensant ne pas pouvoir disposer de la majorité nécessaire pour mener sa politique.
En 1995 il est président du comité de soutien de Lionel Jospin à l'élection présidentielle de 1995. La même année il sera président de la commission internationale sur l'éducation pour le XXIe siècle à l'UNESCO jusqu'en 1998.
L'année suivante il deviendra président du conseil d'administration du Collège d'Europe, à Bruges (jusqu'en 2000) et président de l'association Notre Europe (précisément de mars 1996 à 2004).
En 2004, il signe la pétition initiée par Pierre Larrouturou, Michel Rocard et Stéphane Hessel, proposant un projet de Traité de l'Europe sociale[6].
En retrait de la vie politique, il continue d’intervenir régulièrement dans le débat public, par la presse notamment, et se prononce en faveur du traité établissant une Constitution pour l’Europe à l’occasion du référendum organisé en France en mai 2005.
A l'automne 2006, il s'engage en faveur des États généraux de l'Europe, une initiative de l'ONG EuropaNova, qui se tiendront largement grâce à son engagement et à celui de Notre Europe à Lille le 17 mars 2007 pour lancer les célébrations continentales du 50e anniversaire du traité de Rome. Il les ouvrira aux côtés de Martine Aubry. Près de 4 000 participants y assisteront.
En décembre 2007, il s'engage en faveur d'une Communauté européenne de l'énergie afin de renforcer le pouvoir de négociation de l’union européenne par rapport aux pays producteurs de pétrole et de gaz[7].
Autres affiliations
Il est notamment :
- président fondateur et membre du conseil d'administration du think tank « Notre Europe », ainsi que membre d'honneur de l'Institut Aspen France[8].
- membre honoraire du Club de Rome[9].
- président du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (Cerc) depuis 2000.
- parrain de l'EICD 3A à Lyon en 1988.
- invité permanent du bureau national du PS.
Sources
Références
- Groupe Spinelli - Membres
- J. Delors - CFDT Retraités
- Halimi 2008
- Dossier Spécial Construction européenne du journal national ch'Fakir n°40 (printemps 2009)
- Delors 2004, p. 202
- 5 critères pour l'Europe sociale. Consulté le 14 octobre 2011
- Lucet 2007
- Aspenfrance.org
- (en) Liste des membres honoraires du Club de Rome
Bibliographie
- Jacques Delors, Mémoires, Paris, Plon, 2004
- Serge Halimi, « Colères populaires », dans Le Monde Diplomatique, juin 2008 [texte intégral]
- Christophe Lucet, « Delors pour une « Communauté européenne de l'énergie » », dans Sud Ouest, 30 novembre 2007 [texte intégral]
- Qui est Jacques Delors ?, CFDT-Retraités, 7 octobre 2008 [lire en ligne]
- Liste des membres sur le site du Groupe Spinelli, 1 mars 2011. Consulté le 29 septembre 2011
Compléments
Lectures approfondies
Ouvrages de Jacques Delors
- Jacques Delors, Les indicateurs sociaux, S.E.D.E.I.S, 1992 [lire en ligne]
- Jacques Delors et Philippe Alexandre, En sortir ou pas, Grasset, 1985
- Jacques Delors, La France par l'Europe, Grasset, 1988
- Jacques Delors, Le nouveau concert européen, Odile Jacob, 1992
- Jacques Delors, L'unité d'un homme, Odile Jacob, 1994
- Jacques Delors, Combats pour l'Europe, Économica, 1996
- Jacques Delors, L'Europe tragique et magnifique : Les grands enjeux européens, Saint-Simon, 2007
- Jacques Delors, Investir dans le social, Odile Jacob, 2009
- Jacques Delors, Investir dans le social, Paris, Odile Jacob, 2009
Ouvrages sur Jacques Delors
- Alexandre Mirlesse, En attendant L'Europe, Lille, La contre allée, 2009
- Charles Grant, Delors, 1994
- Ken Endo, The Presidency of the European Commission under Jacques Delors: The Politics of Shared Leadership, Macmillan-Palgave, 1999
Articles connexes
Liens externes
- Radioscopie de Jacques Delors [audio] sur le site de l'Ina
Catégories :- Président de la Commission européenne
- Député européen de la délégation française 1979-1984
- Ancien ministre de la Cinquième République
- Ministre français des Finances
- Ancien maire des Hauts-de-Seine
- Personnalité du Parti socialiste (France)
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- Militant chrétien
- Médaille d'Or de la Generalitat de Catalogne
- Docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain
- Naissance en 1925
- Naissance à Paris
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