Gauche (politique)

Gauche (politique)
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En politique, l'usage consiste à diviser les partis politiques en catégories générales qui formalisent une division bipartisane : la droite et la gauche, auxquelles on peut ajouter le centre.

La notion de gauche et celle de droite en politique est une construction progressive entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle.

La gauche désigne la partie gauche de l'hémicycle d'une assemblée parlementaire et les personnes et partis qui y siègent habituellement. Les partis de gauche se rassemblent généralement dans la promotion d'idéaux progressistes et de liberté, la critique de l'ordre social et la volonté de réformer celui-ci dans un sens égalitaire et rationnel. Elle comprend la social-démocratie, le radicalisme, le socialisme, le communisme et l'anarchisme[1].

Sommaire

Origine

La salle des Menus-Plaisirs, au château de Versailles, le jour de l'ouverture des États généraux, le 5 mai 1789.

On fait traditionnellement remonter la notion politique de gauche et de droite en France au moment de la Révolution française. Le 28 août 1789, lors du débat sur le veto royal à la Constituante, les députés opposés à cette mesure se regroupent à gauche du président du bureau (signalons au passage que la salle n'avait pas encore la forme d'un hémicycle), tandis que les partisans du pouvoir royal se placent à droite. Toutefois, en France, c'est au début de la Troisième République et au lendemain de l'affaire Dreyfus que la distinction prend son sens actuel et devient d'usage courant[2].

Bien qu'historiquement datées et géographiquement situées, les notions de gauche et droite se répandent progressivement au cours des XIXe et XXe siècles en Europe puis à travers le monde, pour ensuite structurer la vie politique de la plupart des pays démocratiques de la planète, de manière plus durable dans les pays latins, plus circonstancielle dans les pays germaniques et anglo-saxons[2].

On notera toutefois que la Convention nationale française a aussi utilisé une autre disposition, même si l'on a continué à parler de « côté gauche » et de « côté droit ». À partir des conflits d'octobre 1792, les « montagnards » choisissent, dans la salle du Manège, les bancs les plus élevés à la droite du président (alors que les « patriotes » de la Constituante et de la Législative se tenaient à sa gauche) — on parle même de Crêtois en l'an III. De leur côté, les Girondins, également qualifiés de « Rolandins », de « Brissotins » ou de faction des « Hommes d'État », se placent sur les bancs à gauche du président. Enfin, le tiers parti du « Marais », également baptisé la « Plaine », occupe les rangs inférieurs (comme les Indépendants de la Législative), entre les deux autres groupes. Cette assemblée quitte ensuite le Manège et s'installe le 10 mai 1793 dans la galerie des Machines du Palais des Tuileries[3].

Autres tableaux sur le clivage gauche-droite de 1789 à nos jours.

Valeurs

Traditionnellement, les valeurs suivantes sont considérées comme étant caractéristiques de la gauche[4],[5] :

Par opposition, les valeurs suivantes sont généralement considérées comme étant de droite :

Certaines valeurs ont un caractère plus transversal et peuvent se retrouver, selon les cas, à droite comme à gauche. Il s'agit par exemple de la liberté, ou de la justice.

Périmètre

Pour le sociologue Raymond Aron, la gauche est animée par trois idées différentes qui s'expriment plus ou moins fortement et peuvent entrer en contradiction :

  • « liberté contre l'arbitraire des pouvoirs et pour la sécurité des personnes »,
  • « organisation afin de substituer, à l'ordre spontané de la tradition ou à l'anarchie des initiatives individuelles, un ordre rationnel, »
  • « égalité contre les privilèges de la naissance et de la richesse[6]. »

Pour cet auteur, la tendance libérale au sens large ou organisationnelle s'exprime le plus, selon les pays et les époques.

Cas particulier du libéralisme anglo-saxon

Selon les pays et les circonstances, le terme liberal ne prend pas le même sens. Un liberal anglo-saxon se situe à gauche sur l’échiquier politique. La liberté économique reste alors fondamentale, le clivage entre libéraux et conservateurs se situe au niveau des mœurs (cellules souches, clonage, droits des minorités aux États Unis ; multiculturalisme, services publics au Royaume-Uni…).

En Europe et surtout en France, un libéral est considéré à droite, car le terme est perçu dans un sens d’abord économique (désengagement de l’État, désendettement, baisses des impôts) ; la gauche à l’inverse prône une politique plus interventionniste, plus redistributive, plus égalitariste.

Selon Nicolas Sauger, « il existe d'abord un libéralisme économique, plutôt associé à la droite […] il existe ensuite un libéralisme "culturel" […] (ainsi des questions comme celle de l'avortement ou de l'homosexualité) »[7].

Malgré cette distinction certains courants de droite se positionnent en faveur d'un interventionnisme étatique et d'une politique de redistribution.[réf. nécessaire]

On retrouve ici, sous-jacent, le vieux débat sur le rôle du travail dans l’existence des hommes : le travail libérateur et structurant dans une vision de droite depuis le début du XXe siècle, et un travail aliénant, facteur de domination, dans une vision socialiste et marxiste. Ce clivage tend à s’estomper depuis les années 1980, l’idée d’une « société de loisirs », et sans travail ayant quasiment disparu avec la fin des Trente Glorieuses.

Finalement, conservatisme et progressisme désignent aujourd’hui plutôt le positionnement quant aux mœurs. Le clivage droite/gauche (PS, SPD…) est depuis quelques années remis en cause sur les deux échelles (économie, société) concernant certains des anciens grands débats de société comme l’acceptation du capitalisme, l’Union européenne, l’insécurité ou le désendettement. Il reste souvent présent quant au travail (valeur, temps hebdomadaire), à la fiscalité, à l’immigration…

Cartographie

En France

En France, en 2009 :

Les principaux partis classés à l'extrême gauche :

Les principaux partis classés à gauche :

Les principaux partis classés au centre-gauche :


Il existe d'autres partis ou mouvements non représentés au parlement :

D'autre part, il existe de nombreuses associations plus on moins importantes, comme le Mouvement de l'utopie concrète créé par Roland Castro, comportant (voire dirigées par) des militants politiques déclarés, ou au contraire méfiantes à l'égard du système politique actuel.

Il faut mentionner aussi des associations de droit ou de fait qui ne veulent pas avoir de rôle électoral, mais ont contribué à la campagne pour le « non de gauche » au référendum sur le projet de Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005 : Fondation Copernic, Attac, PRS, collectifs du non (dont certains s'intitulent maintenant « collectifs du 29 mai »), qui appartiennent à la gauche antilibérale.

Bien que cela fasse débat (nombre de personnalités politiques, notamment du PCF et de la gauche du PS, refusent de voir la gauche comme une entité scindée en plusieurs morceaux), certain distinguent actuellement deux ou trois gauches françaises. Chez les partisans de cette classification, on retrouve souvent :

  • la gauche social-libérale (PS, PRG…), favorable à une République décentralisée et à un État arbitre entre les différentes forces sociales.
  • la gauche anti-libérale (PCF, PG…), favorable à une République décentralisée, dans le cadre d'un Etat Unitaire acteur de la vie économique et sociale.
  • la gauche anticapitaliste (NPA…), favorable à une République décentralisée et à un État moteur de la vie économique et sociale. L'objectif marxiste est celui d'une société sans État ni classe sociale.

Mais cela varie beaucoup selon les opinions.

Au Canada

Au Canada, on retrouve :

Au Québec, on retrouve :

Autrefois :

En Belgique

Partis généralement classés à l'extrême gauche :

Partis généralement classés dans la gauche réformiste :

En Suisse

Parmi les partis politiques suisses, ceux qui se situent à gauche sont :

Le Conseil fédéral, organe exécutif de la Confédération suisse, composé de sept membres, dispose de deux membres de partis de gauche. Mesdames Micheline Calmy-Rey et Simonetta Sommaruga, toutes deux du Parti socialiste.

Depuis 1959, il existe une règle tacite, nommée La formule magique qui concerne la répartition des sièges au Conseil fédéral, entre les principaux partis politiques du pays. C'est la formule arithmétique 2-2-2-1 qui détermine la répartition des sièges au Conseil fédéral entre le Parti radical-démocratique (PRD), le Parti démocrate-chrétien (PDC), le Parti socialiste suisse (PSS) et l'Union démocratique du centre (UDC). Il s'agit donc d'une répartition d'essence proportionnaliste qui donne lieu de facto à une coalition gouvernementale représentant la majeure partie de l'électorat suisse. Cette règle a été changé depuis les élections de 2003 et de 2007, au sein de la droite, avec la montée de l'Union démocratique du centre (UDC), qui réclama un deuxième siège, puis en 2008, lorsqu'il y a eu une scission au sein de l'UDC, avec l'élection de Mme Eveline Widmer-Schlumpf pour créer un nouveau parti à droite, le Parti bourgeois démocratique (PBD). En 2009, un nouveau bouleversement dans la scène politique eu lieu avec la fusion entre le Parti libéral suisse et le Parti radical-démocratique, pour donner lieu à la création du Parti libéral-radical. La composition du conseil fédéral depuis le 1er novembre 2010 est de : 2 (PS=Micheline Calmy-Rey, Présidente de la Confédération et Simonetta Sommaruga), 2 (PLR=Didier Burkhalter, Johann Schneider-Ammann), 1 (PDC=Doris Leuthard), 1 (UDC=Ueli Maurer), 1 (PBD=Eveline Widmer-Schlumpf).

Le Conseil national est la chambre basse de l'Assemblée fédérale. Composé de deux cents membres, il dispose de 43 sièges (21,5%) du Parti socialiste et de 20 sièges (10%) du Parti des verts.

Le Conseil des États, est la chambre haute de l'Assemblée fédérale. Composé de 46 membres, il dispose de neuf membres du Parti socialiste et de deux membres du Parti des verts.

La Suisse étant un État fédératif, les 26 cantons suisses, possèdent également leur propre gouvernement et parlement cantonaux, qui peuvent être de majorité de gauche ou de droite. Les cantons disposent de prérogatives, en matière d'instruction publique, de police, de travaux publics, du taux d'imposition cantonal, notamment. Il en va de même des communes de Suisse qui sont situées à droite ou à gauche sur l'échiquier politique et qui mènent leur politique en conséquence, en fixant le taux d'imposition communal, par exemple.

Aux États-Unis

Aux États-Unis, le système politique facilite la bipolarisation en faveur du Parti démocrate et du Parti républicain. Cette opposition se fait sur des thèmes variés qui ont évolué depuis les débats sur le fédéralisme et qui peuvent transcender les deux partis. Abraham Lincoln le républicain s'est opposé aux démocrates du Sud esclavagistes et le mouvement progressiste a soutenu Theodore Roosevelt.

On identifie ainsi généralement dans chacun des partis une « gauche » et une « droite » mais depuis les présidences de Franklin Delano Roosevelt et de John Fitzgerald Kennedy, le parti démocrate est globalement considéré comme plus progressiste que le parti républicain.

Notes et références

  1. Jean-Jacques Becker et Gilles Candar écrivent ainsi dans l'avant-propos à leur Histoire des gauches en France (La Découverte, Paris, 2004, p. 8) :
    « […] l'histoire de la gauche n'a pu donner jusqu'à présent naissance ni à une synthèse pénétrante ni à une vaste analyse, qui s'imposerait avec le même caractère d'évidence à l'attention des étudiants ou du grand public. Cette absence peut paraître surprenante. Non pas que des auteurs se soient exercés à retracer l'histoire de la gauche, non pas qu'il n'y ait des ouvrages sur telle ou telle gauche à telle ou telle époque — ils sont même innombrables, et souvent décisifs. Le socialisme, le communisme, l'anarchie, le radicalisme ont eu et ont leurs histoires, leurs historiens, leurs revues, leurs centres de recherche et leurs colloques. Des synthèses ont marqué leurs époques. »
  2. a et b Alain de Benoist, Critiques, théoriques, L'Âge d'homme, 2003 [lire en ligne], p. 216 
  3. Jacques-Antoine Dulaure, « Physionomie de la Convention nationale », dans Le Thermomètre, 1er janvier 1793 [texte intégral] .
  4. http://www.gaucheavenir.org/index.php?option=com_content&task=view&id=148&Itemid=53
  5. http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2006-4-page-725.htm
  6. L'Opium des intellectuels, 1955, éditions Hachettes Littératures 2002, p. 43
  7. Nicolas Sauger, « Le clivage gauche-droite : quelles réalités ? », Cahiers français numéro 350, La Documentation française, 2009, p. 74.

Bibliographie

  • Michel Winock, La Gauche en France, Éditions Perrin, Paris, 2006.
  • Henri Weber, La Gauche expliquée à mes filles, Éditions du Seuil, Paris, 2000.
  • Nicolas Sauger, « Le clivage gauche-droite : quelles réalités ? », Cahiers français numéro 350, La Documentation française, 2009.
  • Hélène Hatzfeld (dir.), Dictionnaire de la gauche, Paris, Larousse, « À présent », 2007.
  • [ [Mathias Bernard, Éric Bonhomme] ], "Les gauches en France depuis 1945", coll. Histoire de Notre Temps, CRDP d'Aquitaine, 2011.

Articles connexes

Histoire :

Concepts :

Autres mouvements :

Opposition :


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