- Mouvement contre le contrat première embauche
-
Article principal : Contrat première embauche.
Le projet de loi instituant en France le contrat première embauche (CPE) puis son adoption par le Parlement français le 31 mars 2006 entraînent, au cours des mois de février, mars et avril 2006, un important mouvement étudiant et lycéen, soutenu par des partis politiques et par la plupart des syndicats.
Les syndicats et coordinations d'étudiants et de lycéens, ainsi que les partis de gauche, manifestent contre le gouvernement Dominique de Villepin et demandent le retrait du CPE. Un grand nombre d'Assemblée générale demandent aussi l'abrogation de l'intégralité de la loi pour l'égalité des chances dont il fait partie, et également le retrait du contrat nouvelle embauche (CNE), plus ancien, similaire par certains aspects au CPE. D’autres revendications ont également été défendues, sans succès (augmentation du nombre de postes aux CAPES, etc.).
Face aux manifestations, le 10 avril, Dominique de Villepin annonce que « les conditions ne sont pas réunies » pour que le CPE s'applique, deux mois après son adoption au parlement et dix jours après sa validation par le Conseil constitutionnel.
Le conflit voit par ailleurs naître une opposition aux blocages des universités et des lycées.
Sommaire
Revendications
Dans un appel commun, des organisations (syndicats de salariés, associations étudiantes, organisations politiques, culturelles[1]) créent un collectif de lutte contre le CPE et appellent à la déclinaison locale de ce collectif, ce qui se fait par la suite dans la plupart des grandes villes françaises. Ces étudiants estiment que le CPE est un emploi précaire.
La revendication première est le retrait de l'ensemble de la loi dite « pour l'égalité des chances ». Lors de la coordination nationale étudiante tenue à Toulouse le 25 février 2006, d'autres revendications sont énoncées : l'emploi stable pour tous et le retrait des contrats précaires, le réengagement financier de l’État dans le service public universitaire, le retrait de la loi Fillon, la reconnaissance des diplômes universitaires, le retrait du « pacte pour la recherche », ainsi que l’arrêt du « traitement répressif » des mouvements sociaux, l'amnistie des lycéens ayant participé au mouvement contre la loi Fillon et des personnes poursuivies suite aux émeutes urbaines de novembre 2005.
La coordination nationale étudiante tenue sur le campus de la faculté des lettres de l'université d'Aix-Marseille I les 25 et 26 mars 2006 réaffirme son attachement à la plate-forme de Toulouse et demande de démission du gouvernement Dominique de Villepin.
Certains étudiants ont affirmé leur volonté de mettre fin à l'économie de marché, de changer le système politique, et ont défendu des projets de société de type communiste ou anarchiste. Des mots d'ordre autogestionnaires ont parfois été mis en avant.
Positions politiques
Les partis de gauche annoncent qu'ils souhaitent le retrait immédiat et inconditionnel du CPE et réclament à nouveau le retrait du contrat nouvelle embauche (CNE) qui a été voté en 2005. L'UDF s'oppose également au CPE, demandant une réduction de la période de consolidation, la motivation du licenciement, ainsi que l'impossibilité d'« enchaîner CPE sur CPE ». Cependant, certaines voix[Qui ?] à gauche s'élèvent contre une opposition totale.
L'UMP, présidée par Nicolas Sarkozy, soutient son gouvernement, mais de nombreuses voix[Qui ?] s'élèvent pour demander une suspension du CPE permettant au plus vite l'ouverture d'un dialogue avec les organisations de jeunes et les syndicats. Les proches de Dominique de Villepin reprochent au parti de ne pas soutenir suffisamment le Premier ministre. Des dissensions internes refont surface, en vue de l'élection présidentielle de 2007. Plusieurs députés UMP, comme Hervé de Charette, demandent la suspension du projet CPE face à la réaction qu'il suscite[2].
D'autres partis comme le MPF ou le Front national ont une position mitigée, s'opposant à toute forme de grève (notamment des universités) mais se positionnant pour une évolution du CPE.
Historique des manifestations
Le mouvement de contestation commence par des mobilisations d'étudiants dans les grandes villes françaises. Le mardi 7 février 2006, de 218 à 400 000 personnes manifestent leur opposition au contrat première embauche. Certaines universités, comme Rennes II et Paris III, voient leurs étudiants se mettre en grève. Le 18 février, une coordination nationale d'étudiants se réunit à Rennes II pour lancer le mouvement.
Un mois plus tard, le 7 mars 2006, des manifestations sont à nouveau organisées en France et rassemblent de 400 000 à 1 000 000 de personnes. 39 universités sont alors en grève : Aix-Marseille I, Angers, Artois, Brest, Chambéry, Dijon, Grenoble I, Grenoble II, Grenoble III, La Rochelle, Le Havre, Le Mans, Lille I, Lille II, Lille III, Limoges, Lorient, Lyon II, Metz, Montpellier II, Montpellier III, Nancy, Nantes, Orléans, Pau, Poitiers, Rennes 2, Rouen, Strasbourg II, Toulouse II, Toulouse III, Tours, Paris I, Paris III, Paris IV, Paris V, Paris VI, Paris VII, Paris VIII, Paris X, Paris XIII, Evry.
Manifestations étudiantes
Le mouvement commence à ce moment à prendre de l'ampleur. Les étudiants organisent des assemblées générales (AG) dans les amphithéâtres des universités. Dans plusieurs[Qui ?], ils votent la « grève[3] », souvent avec piquet de grève.
Le 10 mars 2006, plusieurs dizaines d'universités (quatre-vingt-quatre universités au total selon les mouvements étudiants et environ une vingtaine selon le ministère de l'intérieur) sont en « grève », revotée régulièrement par les étudiants réunis en assemblée générale dans les amphithéâtres. Dans le courant du week-end, seules certaines d'entre elles restent occupées par quelques étudiants (Aix I, Dijon, Marseille I, Toulouse II-Le Mirail, Rennes II, Montpellier II et III, Nice-Sophia-Antipolis UFR de Nice et Valbonne et campus de Nice Ville II ainsi que Saint-Étienne Tréfilerie).
Dans la nuit du 10 au 11, le site de la Sorbonne est évacué par les forces de l'ordre avant la fin de la troisième nuit de son occupation par des étudiants réclamant l'abrogation de la loi. La Sorbonne, la place de la Sorbonne et des rues adjacentes sont interdites d'accès par les CRS jusqu'au 24 avril.
Une mobilisation contre le CPE a également lieu dans les départements d'outre-mer (notamment la Guadeloupe)[4].
Le président de l'université de Nantes apporte son soutien aux étudiants protestataires en demandant la suspension du contrat[5].
Poursuite des manifestations
Le 14 mars avec 41 000 manifestants (source police) et le 16 mars avec 447 500 personnes (selon la police, 500 à 800 000 selon les organisateurs), les manifestations composées principalement d'étudiants et de lycéens se poursuivent. Des actions « coup de poing » sont également organisées, comme le blocage de trains (Nantes, Dijon), de rocades ou de voies rapides (Angers, Rennes, Nice, Rouen, Poitiers, Dijon, le pont de l'île d'Oléron), le blocage du convoi de l'Airbus A380 ou encore des « expulsions » des locaux du MEDEF et de l'UMP (Montpellier, Poitiers).
Le vendredi 17 mars, le gouvernement tente de « renouer le dialogue » et souhaite améliorer le CPE par la discussion. Il reçoit les syndicats mais ceux-ci refusent toute négociation tant que le contrat ne sera pas retiré.
Le samedi 18 mars a lieu une journée nationale de manifestations avec entre 530 000 et 1,5 million manifestants qui défilent dans 160 villes de France. Des heurts avec la police ont lieu en fin de cortège.
Une grève interprofessionnelle a lieu le mardi 28 mars. une nouvelle manifestation rassemble entre 1 055 000 et 3 000 000 de personnes. Le 30 mars, le Conseil constitutionnel déclare la loi pour l'égalité des chances — dont l'article 8 porte création du contrat première embauche — conforme à la constitution, à l'exception des articles 21 et 22. Le lendemain soir, Jacques Chirac, président de la République, annonce lors d'une intervention radiotélévisée qu'il promulgue la loi mais demande une nouvelle loi pour modifier les clauses qui « posent problème » (période d'essai de deux ans, absence d'obligation pour les employeurs de motiver la rupture du contrat).
Des préavis de grève sont déposés par les syndicats pour la journée du 4 avril appelant à des manifestations interprofessionnelles. Trente-deux villes de France connaissent des débrayages dans les transports publics, 40 % des écoles du primaire et 25 % du secondaire sont perturbées. Durant cette journée, les manifestations rassemblent entre 1 million et 3 millions de personnes.
Le 5 avril, les négociations entre les parlementaires UMP et les syndicats de travailleurs, de lycéens et d'étudiants débutent pour une modification éventuelle de la loi, conformément aux souhaits du président de la République. Les syndicats demandent que le CPE soit abrogé avant le 15 avril 2006. Les députés socialistes déposent une proposition de loi allant également dans ce sens.
Le 6 avril, la grève continua avec une augmentation très importante des actions coups de poings, comme le blocage du pont de l'île d'Oléron par les lycéens du CEPMO qui bloqua le département pendant de longues heures, ou encore les arrêts de train en gare de Paris, Lille, Bordeaux, et le blocage du convoi de l'Airbus A380.
Le 10 avril, Dominique de Villepin annonce que « les conditions ne sont pas réunies » pour que le CPE s'applique. La majorité des Assemblées générales votent alors la fin du mouvement.
Autonomie et organisation
Plus difficile à identifier que l'opposition des syndicats et des partis, le rôle dans le mouvement anti-CPE des étudiants d’habitude non-organisés, qui pour beaucoup se mobilisent pour la première fois. On parlera parfois de « manifestations spontanées », même s'il s’agissait souvent de manifestations décidées à l’avance (en assemblées générales). L'imprécision de l'emploi des termes de « gauchistes » ou « casseurs », les approximations sur l'ampleur des événements montrent aussi l'embarras du gouvernement et des médias pour désigner et décrire une telle situation (choix du mouvement anti-CPE d'utiliser les blocages : lycées, universités, gares, routes, etc.).
Dès l'extension des manifestations après l'évacuation de la Sorbonne, le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy a exprimé la crainte d'une « connexion » entre l'« extrême gauche » et les « jeunes des cités ».
Lors des émeutes de l'automne précédent, il avait été beaucoup question du rôle d'Internet dans la propagation et les tentatives de coordination du mouvement, des sites dénoncés par police et politiques, des Skyblogs désactivés et certains de leurs auteurs inquiétés. L'attention se porte cette fois vers les sites militants d'édition libre tels Bella ciao ou Indymedia Paris dont le rôle est reconnu par certains grands média :
- « Chez les partisans de la mobilisation anti-CPE, le principal site d’information actualisé en permanence est le site « indymédia » (...). Le site (...) peut quasiment donner des informations en temps réel sur les manifestations, les incidents. Par ses agendas actualisés, il permet de donner des rendez-vous aux personnes intéressées par tel ou tel rassemblement. » (France 2[6]).
Malgré le rôle des syndicats étudiants dans l'initiation du mouvement, le mouvement s'appuya peu sur ces organisations. Le mouvement était structuré par les assemblées générales sur les universités, assemblées générales qui étaient structurées au niveau national par la coordination nationale étudiante. Dans ce mouvement certaines organisations syndicales durent faire face à de l'hostilité de la part des éléments les plus radicaux, cette méfiance fut surtout concentrée sur la Cé, qui, si elle n'était pas totalement hostile au principe du blocage demandait que des votes à bulletin secret soient organisés pour les décisions de blocage dans un souci de démocratie et en raison du fait qu'il était très compliqué de se positionner contre les blocages lors des AG au risque de se faire chahuter ou insulter[7]. l'UNEF, qui fut un temps réservée sur les piquets de grève et qui fut accusée par une partie des militants de chercher à trahir le mouvement[8] (notamment en refusant l'élargissement des revendications à autre chose que le CPE alors que les assemblées générales avaient pour la plupart des revendications plus larges), ce à quoi l'UNEF opposait la nécessité d'avoir un mot d'ordre clairement identifiable et permettant de maintenir l'unité avec les syndicats de salariés. Ces deux organisations furent aussi critiquées en raison de leurs interventions médiatiques qui ne faisaient quasiment jamais référence à la coordination nationale[9].
Julie Coudry, président de la Cé, fut régulièrement invité sur des plateaux télé et était détestée des étudiants mobilisés car ses propos étaient jugées contraires aux positions d'un mouvement qu'elle prétendait représenter et ce sans avoir reçu le moindre mandat pour cela. Ce mouvement lui a permise d'acquérir en peu de temps une relative notoriété. Bruno Julliard, président de l'UNEF était dans une situation équivalente mais dans une moindre mesure puisqu'il avait déjà une existence médiatique avant ce mouvement et que des militants de son organisation étaient effectivement mobilisés dans ce mouvement.
Au delà des organisations syndicales, le mouvement anti-CPE a aussi été un champ de rivalités entre différents courants politiques. Il semble aussi que des groupes dits autonomes (plus ou moins anarchistes et hostiles aux syndicats) se sont multipliés. À Paris, une assemblée autonome de 300 personnes a ainsi occupé pendant quatre jours l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Le mouvement anti-CPE semble avoir été mené par une majorité d'étudiants non engagés jusqu'alors. Il y avait bien des socialistes, des communistes, des trotskistes, des anarchistes, mais la grande majorité des étudiants engagés dans ce mouvement ne présentait aucune posture idéologique définie et arrêtée. L'UNEF a toutefois joué un rôle majeur dans l'organisation des réunions intersyndicales, et a même convaincu les syndicats de salariés à intégrer des membres de la coordination nationale à ces réunions. Il faut également souligner l'importance de l'unité entre les syndicats professionnels, les syndicats étudiants, et les assemblées générales sur le mot d'ordre de retrait du CPE, qui a permis de créer un véritable front commun et de mettre une pression maximale sur le gouvernement. Toutefois une partie des organisations et des assemblées générales demandaient le retrait de toute la Loi pour l'égalité des chances et non uniquement du CPE.
La non-violence et l'auto-organisation était la règle généralement constatée. Dès le blocage de l'université, une véritable organisation, gérée par les étudiants, prenait place (logistique, tour de garde, comité de réflexion...). Ce mouvement a surpris les autorités par son ampleur, car même des universités considérées comme manquant de vie et conservatrices se sont fortement mobilisées. La mobilisation étudiante en France a été suivie de mobilisations similaires : de nombreux mouvements étudiants, d'ampleur variée, se déclenchèrent dans divers pays du monde pour défendre l'enseignement public et lutter contre la précarité de la population étudiante[10].
Violences
Bien que la mobilisation fut globalement paisible, des violences on été constatées en marge des manifestations. Elles seraient en grande partie sans lien avec le mouvement.
Selon les observateurs médiatiques, elles présenteraient un certain nombre de similitudes avec celles des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises. D'après certaines personnes[Qui ?], elles s'expliquent par l'absence de solution apportée aux principaux maux des banlieues françaises (faible mixité sociale et ethnique, chômage élevé, discriminations, inégalités persistantes, etc.)[réf. nécessaire].
Les manifestants lycéens et étudiants, premières victimes de ces violences, les dénoncent rapidement. Une partie des manifestants se réclament alors ouvertement du pacifisme (sit-in, chants, etc.). Une autre s'oriente vers l'organisation de happenings à caractère culturel ou ironique. En ce sens, les manifestations anti-CPE se distinguent nettement des manifestations de pêcheurs (incendie du Parlement de Rennes en 1994[11]), de routiers (blocages des routes et diverses violences en 1997) ou d'agriculteurs (saccage des bureaux du Ministère de l'Ecologie en 1999[12] et 2006[13], etc.).
Les violences matérielles qui ont lieu sont :
- de dégradations lors d'occupations de bâtiments, comme le bâtiment principal de l’École des hautes études en sciences sociales[14] ou l'Université de Nantes (principalement dans le bâtiment Censive). Ces dégradations furent parfois assorties de vol de matériel,
- des dégradations lors des manifestations (vitrines, voitures…), parfois avec des justifications à caractère politique (vitrines d'agences d'intérim, de banques…), et parfois causées en marge des manifestations par des jeunes venus avec la volonté de se battre avec les forces de l'ordre,
Les dégradations commises dans quelques universités sont estimées au maximum à deux millions d'euros par Yannick Vallée, premier vice-président de la CPU[15].
Dans les manifestations, des étudiants font usage de cocktails Molotov à Rennes[16]. Pour certains[Qui ?], les manifestants anti-CPE sont moins violents que les anti-CIP de 1994, et l'incompréhension de la violence serait révélatrice de son recul dans les sociétés contemporaines. Il semble aussi que certains étudiants se sont délibérément engagés dans une stratégie insurrectionnelle en cherchant à provoquer des émeutes[réf. nécessaire]. Selon la Ligue communiste révolutionnaire et Sud étudiant, des agents de police habillés en civil et utilisant parfois les autocollants d'organisations syndicales ou politiques[17] auraient dans certains cas participé au déclenchement de comportements collectifs violents tel que le lancer de projectiles sur les forces de l'ordre[18] dans le but de mieux contrôler les débordements et d'arrêter plus facilement les émeutiers.
En raison de la présence massive de journalistes et photographes le long des cortèges de manifestants, plusieurs actes de violence policière sont mis en évidence. Les médias retiennent surtout le cas de Cyril Ferez, grièvement blessé le 18 mars 2006 par les forces de l'ordre et tombé de ce fait dans un coma de 3 semaines[19].
Parallèlement, un certain nombre de violences sont imputées à l'inaction des forces de l'ordre, laissant à dessein des encagoulés attaquer et voler les manifestants (violences sur l'Esplanade des Invalides soldant la manifestation du 24 mars 2006 par exemple[20],[21]).
Oppositions au mouvement anti-CPE
Une opposition aux actions et manifestations anti-CPE, et surtout a une des conséquences qui est l'interruption des enseignements sur les sites universitaires mobilisés (cette interruption est parfois qualifiée de blocage).
Les assemblés générales servant à organiser la mobilisation sont qualifiées d' « illégitimes » et/ou « non-représentatives » par des étudiants opposés aux interruptions des enseignements et par certaines directions d’universités qui estiment que les manifestants « décident en nombre insuffisant » et organisent des votes à main levée, et parfois sans vérification des cartes d'étudiant[22].
Cette critique relative aux modalités d'organisation de la mobilisation a parfois donné l’organisation de votes à bulletin secret par les universités, les résultats de ces scrutins furent très variés. Dans certains centres universitaires, l'organisation de tels scrutins aurait été empêchée par les étudiants et personnels mobilisés (comme à Clignancourt-Paris IV, Tolbiac-Paris I ou René Cassin-Paris I[réf. nécessaire]), tandis que des universités décident d'organiser les votes, comme à celle de Poitiers[23]. Les assemblés générales appellent le plus souvent au boycott de ces scrutins organisés par l’administration. Notamment car les assemblées générales ne se résumaient pas à un positionnement binaire de type « interruptions des enseignements ou pas » avec divers biais dans les formulations et car les assemblées générales devaient rester pour eux le lieu de décision.
Certaines directions d’universités ont exercé des pressions diverses contre les étudiants mobilisés[24]. Dans les universités, l’absence aux TD (travaux dirigés) doit être justifiée. Accepter la « grève » comme justification d'absence est un choix de l'administration, selon sa sensibilité cela sera accepté ou non. Dans les IUT, le contrôle de présence est plus important.
Le mouvement « anti-blocage » se constituait de deux catégories principales. D'une part les personnes soutenant le gouvernement et la création de ce type de contrat. Et d'autre part des personnes s'intéressant relativement peu aux causes de la mobilisation mais se focalisant sur la conséquence la plus concrète pour eux, l'interruption des enseignements (des volontés divergentes entre ces deux catégories ont été l'occasion de tensions).
La première catégorie étant plus politisée que la seconde, elle structure la contre-mobilisation et fournit les arguments. Des termes tel que « prise d'otages »[26] ou « liberté d'étudier » resurgissent. Le droit est aussi évoqué[27] et l'interruption des enseignements est qualifiée d'« illégale »[28]. Bien que la principale organisation organisant la contre-mobilisation, l'UNI, soit favorable à une sélection sociale plus forte, le cas des étudiants les plus fragiles qui seraient pénalisés par le mouvement est mis en avant.
Plusieurs organisations de droite participent au développement du contre mouvement, principalement l'UNI, mais aussi Liberté chérie ou des collectifs aux noms variés tel que SOS facs bloquées, Halte au blocage ou Stop blocage. L'UNI a ressorti son collectif Stop la grève qu'elle réactive lors de chaque mouvement universitaire.
Le rapport à la mobilisation des opposants au mouvement était variable, alors que Liberté chérie est opposée au CPE et que l'UNI y est favorable, les collectifs de sensibilités politiques variées auraient pour la plupart refusé de se prononcer sur la mesure.
Le mouvement malgré ses faibles effectifs a réussi a organiser de petites manifestations de quelques centaines de personnes au mieux[29]. Des actions symboliques[30] ou des démarches judiciaires[31] sont organisées.
Controverses
Les universités les plus mobilisées verraient leur image se dégrader aux yeux des futurs étudiants et des entreprises selon le journal Le Monde, qui écrit : "Au fil des mobilisations, l'image de l'université se dégrade bien pourtant." Selon le président de Rennes II : "J'ai besoin de 4 000 stages par an, dit-il, mais je crains que ce ne soit de plus en plus dur de vendre Rennes-II à des patrons qui voient notre université comme un repaire de gauchistes." [32].
Voir aussi
Articles connexes
- Contrat première embauche
- Loi pour l'égalité des chances
- Contrat nouvelle embauche
- Coordination nationale étudiante (2006)
Bibliographie et filmographie
- Gilles Collin, Lycée en grève, documentaire[33] de 73 min, 2008.
- David Dufresne, Quand la France s’embrase..., documentaire[34] diffusé sur France 2 (18 octobre 2008)
- Collectif Le jardin s'embrase, Les mouvements sont faits pour mourir, Tahin Party, 2007, (ISBN 978-2-912631-16-9).
- Collectif 4 bis, Le CPE est mort... pas la précarité, Syllepse, 2007, (ISBN 978-2-84950-134-4).
Notes et références
- UNEF, la Confédération étudiante (Cé), Jeunes CGT, MJS, MJCF, UEC, SUD Étudiant, UNL, JCR, PRS jeunes, UNSA jeunes, JRG, jeunes Verts, Fédération Léo-Lagrange et Alternative libertaire . L'
- « CPE : la situation s’envenime pour Villepin », Radio France internationale, 9 mars 2006.
- droit de grève est reconnu par la Constitution. Sa pratique est précisée au sein du Code du travail, dont ne dépendent pas les étudiants. D'un point de vue juridique, il n'existe pas de définition d'une « grève étudiante ». Le
- UAG en Guadeloupe. Blocage des lycées Jardin d'essai et Baimbridge ainsi que le campus de Fouilliole de l'
- Lettre ouverte du président de l'université de Nantes au premier ministre le 10 mars 2006 [PDF]
- « Le CPE mobilise sur Internet », France 2, 14 mars 2006.
- La Cé a fournie à ses structures locales un modèle de tract anti-blocage, toutefois la Cé ne s'est pas positionnée officiellement sur la question
- motion de la coordination nationale étudiante sur Sophie Binet une motion dénonçant une membre du bureau national de l'UNEF, Sophie Binet, venue sous un faux nom à la coordination nationale de Lille fut adoptée lors de cette coordination, toutefois la motion signalait que de nombreux militants de l'UNEF se comportaient très correctement lors de ce mouvement,
- des appels en ce sens furent faites lors des coordinations nationales qui mandataient des délégués médias, mais ces organisations continuèrent de ne pas en tenir compte
- Un article sur les mobilisations étudiante dans divers pays du monde suite à la mobilisation française sur www.sud-etudiant.org
- (fr) agencebretagnepresse.com 5 février 2004
- (fr) archives de l'INA.
- (fr) Saccage des locaux de l’équipe technique Ours, 9 mars 2006.
- « L’EHESS saccagée ! »
- interview dans Le Monde du 19 avril 2006
- CPE : des manifestants lancent des cocktails Molotov sur les gendarmes à Rennes
- « La LCR dénonce l'utilisation de ses autocollants par des policiers en civil », Le Monde, 5 avril 2006.
- Article de source syndicale qui affirme que des policiers en civil ont provoqué des violences
- « CPE : sortie du coma du syndicaliste Cyril Ferez », dépêche de Yahoo! News le vendredi 7 avril 2006, 12 h 06.
- « CPE : les casseurs éclipsent la manifestation parisienne », Le Figaro, 24 mars 2006.
- « CPE : des casseurs en marge des défilés », LCI, 24 mars 2006.
- Cette méthode était le plus souvent utilisé afin de déterminer une tendance très majoritaire. En cas de majorité non claire d'autres méthodes étaient utilisées tel que l'utilisation de 2 sorties selon la position des votants avec de chaque côté des compteurs des deux sensibilités
- Site du mouvement étudiant poitevin
- [1]
- « Jusqu'où iront les fascistes qui bloquent nos facs... », adsav.partipolitique.org
- SOS Facs bloquées Grenoble, non à la prise d'otages
- code de l'éducation qui dispose : « Ils [les étudiants] disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils exercent cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public » l'article 811-1 du
- les forces de l'ordre ne peuvent agir que sur appel du Président de l'Université en question, mais il est possible de déposer une plainte devant le tribunal administratif qui répondra dans les 48 heures, de la validité de la plainte, et si oui, d'une amende forfaitaire pour chaque jour de blocage à compter du jour de la réponse. L'amende dissuade généralement les présidents d'université de faire continuer le mouvement (1000€/jour en moyenne)
- Les antiblocages mobilisent aussi, le Figaro, Sit-in devant le rectorat de Montpellier
- Étudiants baillonés revient sur la mort du droit d'étudier
- « Les antiblocages aussi mobilisent », Le Figaro, 16 mars 2006
- Les facs mobilisées voient leur image se dégrader sur www.lemonde.fr
- fiche du film sur film-documentaire.fr
- programmes.france2.fr Jeudi 18 octobre à 23h00 : Quand la France s’embrase... sur programmes.france2.fr
Catégories :- Conflit social en France
- Contrat première embauche
- Gouvernement Villepin
- Mouvement social lié à l'éducation en France
- 2006 en France
Wikimedia Foundation. 2010.