- Eurodif SA
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Eurodif SA Création 1973 Forme juridique Société anonyme à conseil d'administration Siège social Paris (France) Activité Enrichissement et retraitement de matières nucléaires Produits Uranium enrichi Filiales Eurodif Production - Socatri Effectif 1270 Chiffre d’affaires 671 809 000 Euros (2005)[1]. Résultat net 114 512 000 Euros (2005) [1] modifier Eurodif SA, créée en 1973, est une société spécialisée dans l'enrichissement de l'uranium. La forme juridique est une société anonyme à directoire et conseil de surveillance. Ses actionnaires sont en 2010 Areva NC (44,65 %), Sofidif (25 %), Synatom (11,11 %), Enusa (Empressa Nacional del Uranio) (Espagne) (11,11 %) et Enea (8,13 %).
Cette société est présente commercialement en France et à l'international. Elle possède deux filiales :
- Eurodif Production qui exploite l'usine Georges-Besse, située en France dans le département de la Drôme sur le site nucléaire du Tricastin, dont Eurodif SA est propriétaire[2].
- Socatri, implantée sur le même site du Tricastin.
La société possède également une implantation à Vélizy-Villacoublay.
Sommaire
Histoire
Fort de l'expérience acquise avec l'usine militaire de Pierrelatte et devant la nécessité de disposer d'une telle installation d'enrichissement pour développer un programme nucléaire autonome, le Président Georges Pompidou propose fin 1969, à La Haye, aux pays européens intéressés de s'associer à des études de faisabilité d'une usine d'enrichissement de taille internationale. Un accord est signé avec les principaux pays européens à Paris, le 25 février 1972, pour former une association qui, sous le nom d'Eurodif, avait pour mission d'étudier « les perspectives économiques liées à la réalisation, en Europe, d'une usine d'enrichissement de l'uranium par le procédé de diffusion gazeuse, compétitive sur le plan mondial »[B 1]. Font partie de cette association dont la durée de vie n'est statutairement que de deux ans : la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas et la république fédérale d'Allemagne. En 1972, l'Espagne et la Suède sont admises dans le groupement, avec respectivement les sociétés Empresa nacional del uranio S.A. (Enusa), société détenue à 60% par l'état espagnol, et l'A.B. Atomenergi (société d'état). Mais en 1973 la Grande-Bretagne, les Pays-Bas décident de se retirer du groupement[B 2].
Un protocole d’accord est finalement signé le 9 octobre 1973 entre le CEA et le Comitato Nazionale per l’Energia Nucleare (Italie), l’AGIP Nucleare, l’Enusa (Empressa Nacional del Uranio) (Espagne), l’AB Atomenergi (Suède), Synatom et le Centre d’Étude de l’Énergie Nucléaire (Belgique). Cet accord décide de la constitution d'une société commune (société anonyme à Directoire et Conseil de Surveillance) dénommée Eurodif pour les études et recherches dans le domaine de l’enrichissement par diffusion gazeuse, ainsi que la réalisation et l’exploitation d’usines et la commercialisation d’uranium enrichi[3].
Entrée de l'Iran dans la société Eurodif
En 1974, la part suédoise de 10 % dans Eurodif était parvenue à l'Iran à la suite d'un accord franco-iranien datant du 27 juin. Cet accord prévoyait la vente par la France de cinq centrales atomiques américaines (licence Framatome, l'approvisionnement de l'Iran en uranium enrichi, la construction par Technicatome d'un centre nucléaire comportant trois réacteurs de recherche, l'exploitation en commun des gisements d'uranium qui pourraient être découverts en Iran et celle de gisements dans des pays tiers, la formation des scientifiques iraniens, ainsi que « l'accès de l'Iran à l'industrie de l'enrichissement de l'uranium »[4].
Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) français[5] et l'Organisation iranienne à l'énergie atomique ont alors fondé la Sofidif (Société franco–iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60 % et 40 % des parts. En retour, la Sofidif a acquis une part de 25 % dans Eurodif, ce qui donnait à l'Iran une minorité de blocage dans Eurodif[5]. Le reste des 75% d'Eurodif étaient répartis entre le CEA (27,8% des parts[5]), et trois actionnaires minoritaires (l'Italie, l'Espagne, la Belgique[5]).
En tant qu'actionnaire, l'Iran avait un droit d'enlèvement sur 10% de l'uranium enrichi par Eurodif[6].
Reza Shah Pahlavi a prêté un milliard de dollars US[7] à la suite d'un accord signé en décembre 1974, lors du voyage officiel du Premier ministre Jacques Chirac à Téhéran, et prévoyant l'entrée de l'Iran dans Eurodif[8],[9], puis encore 180 millions USD en 1977[7], pour la construction de l'usine Eurodif, afin d'avoir le droit d'acheter 10 % de la production d'uranium enrichi du site[10].
Les contrats sur la vente de centrales et d'équipements ont été signés à Téhéran le 18 novembre 1974 par Michel d'Ornano, Ministre de l'Industrie et de la Recherche, et son homologue iranien, la France vendant finalement deux centrales Westinghouse à l'Iran (fourniture partagée entre la France et la RFA)[11].
Contentieux avec l'Iran et assassinat de Georges Besse
Lors de la Révolution islamique de 1979, l'ayatollah Khomeiny, exilé en France, revient en Iran et prend le pouvoir. Au départ soutenu par la France[8] ainsi que par les États-Unis, qui ne songent alors qu'à faire tomber le chah[12], les dirigeants de l'Iran vont bientôt se retourner contre Paris et Washington. Téhéran suspend alors ses paiements et réclame le remboursement du prêt en faisant pression sur la France.
En 1981, après la mise en service de l'usine Eurodif, l'Iran réclame 10 % de la production d'uranium enrichi auquel ils ont contractuellement droit, ce que la France refuse. De 1981 à 1991, le régime des mollahs est soupçonné d'avoir perpétré plusieurs assassinats, prises d’otages et attentats meurtriers : probablement des centaines de Français ont payé de leur vie avant que la France et l’Iran ne règlent le contentieux Eurodif[13],[14].
Le 17 novembre 1986, après plusieurs attentats meurtriers à Paris, attribués (pour ceux de septembre) aux FARL (dirigées par Georges Ibrahim Abdallah)[15] et l'enlèvement de journalistes français (Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, …) retenus en otage au Liban par des groupes liés à l'Iran, la France signe un accord partiel, prévoyant le remboursement de 330 millions de dollars (accord rendu public par un communiqué du Quai d'Orsay[16]), mais refuse de fournir toute livraison d'uranium enrichi. Le même jour se produit l'assassinat de Georges Besse, PDG de Renault mais surtout le fondateur d’Eurodif. Selon Dominique Lorentz, les terroristes l'avaient déjà désigné en prenant pour cible, le 14 septembre 1986, le Pub Renault[17].
Selon Dominique Lorentz qui s'appuie en particulier sur Roland Jacquard, Action directe, qui accepta la paternité de l'assassinat de Besse, était lié aux FARL[réf. à confirmer] , toutes organisations qui « agissaient en l'occurrence pour le compte de la République islamique, au même titre que le Jihad islamique et le Hezbollah »[18]. Ces informations, provenant des services de renseignement antiterroristes français, sont mises en doute par d'autre personnes, qui soulignent le paradoxe consistant à voir un groupe d'inspiration autonome et marxiste-léniniste à appuyer le « régime des mollahs ».
Le versement de 330 millions de dollars a lieu le 22 novembre 1986[19]. Néanmoins, les Iraniens affirment alors que le contentieux comportait d'autres éléments[20]. Reza Amrollahi, vice-Premier ministre et président de l'Organisation iranienne à l'énergie atomique, voyage en France en décembre 1986 et visite l'usine Eurodif, proposant de reprendre la coopération nucléaire[21], mais aucun accord n'est signé.
Direction de l’entreprise
- Georges Besse : 1978-1982
- Francois-Xavier Rouxel : ??-2011
Actionnariat
L'actionnariat a évolé dans le temps.
En 1986, il était le suivant : Cogema (36,528 %), Sofidif ("société franco-iranienne pour l'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse") (25%), Enea (Energia nucleare et delle energia alternative) (8,125%), Agip nucleare (8,125 %), Enusa (Empresa nacional del uranio, S.A.) (11,11 %), Soben (Société belge pour l'enrichissement de l'uranium) (11,11 %)[22].
En 2010 les actionnaires d’Eurodif sont les suivants : Areva NC (44,65 %), Sofidif (25 %), Synatom (11,11 %), Enusa (11,11 %) et Enea (8,13 %)[3]
Chiffre d'affaires
Le chiffre d'affaires 2005 est de 671 809 000 Euros. Son résultat pour cette même année est de 114 512 000 Euros[1].
Effectifs
L'effectif de la société était d'une trentaine d'employés en 2005.
Références
- Simone Courteix, La coopération européenne dans le domaine de l'enrichissement de l'uranium , 1974, (voir dans la bibliographie)
- p. 777
- p. 778
- Comptes de Eurodif Production sur premedd.latribune.fr, 1987. Consulté le 9 juin 2011
- EURODIF SA : enrichissement de l'uranium sur http://www.areva.com. Consulté le 8 juin 2011
- Document de référence AREVA 2008 sur www.areva.com. Consulté le 6 juin 2011 p. 385
- Dominique Lorentz, Secret atomique, ou la véritable histoire des otages français au Liban, Les Arènes, 2002, pp.32-33
- Lorentz, 2002, p.34
- François Scheer diffusé dans La République atomique D. Lorentz, 2002, p.35, qui cite Le Monde du 15 septembre 1976, du 7 février 1988, et un entretien avec
- « Iran and Foreign Enrichment: A Troubled Model », Arms Control, janvier-février 2006 Olivier Meier,
- « L'Iran détient 10 % du Tricastin : le contentieux Eurodif », Le Dauphiné libéré, 5 mars 2008 Jean-Xavier Piéri,
- D. Lorentz, 2002, pp.35-36
- Économie politique de l'industrie nucléaire iranienne, Thèse à l'EHESS, 2004 Nader Barzin,
- D. Lorentz, 2002, p.35
- D. Lorentz, 2002, 1er chapitre (p.30-78)
- Dominique Lorentz, diffusé le 14 novembre 2001 sur Arte, et le livre Affaires atomiques de Dominique Lorentz, Les Arènes (ISBN 2-912485-22-3) Le documentaire La République atomique, de David Carr-Brown et
- Les pressions contre l'Iran sont émoussées par l'abstention de la Chine et de la Russie, Le Figaro, 14 octobre 2007 (non signé)
- Dominique Lorentz, Secret atomique, ou la véritable histoire des otages français au Liban, Les Arènes, 2002, p.138, cite Le Figaro du 21 novembre 1986 et Le Monde du 19 septembre 1986
- Dominique Lorentz, Secret atomique, ou la véritable histoire des otages français au Liban, Les Arènes, 2002, p.136, cite Le Figaro, 18 novembre 1986
- Dominique Lorentz, Secret atomique, 2002, p.137
- Dominique Lorentz, Secret atomique, 2002, p.139
- D. Lorentz, Secret atomique, p.141, cite Le Matin du 24 novembre 1986
- D. Lorentz, 2002, p.141 (cite Le Matin du 24 novembre 1986)
- D. Lorentz, 2002, p.141-142, cite L'Express du 9 au 15 janvier 1987
- International nuclear energy guide sur books.google.fr, Editions Technip, 1987. Consulté le 6 juin 2011 p. 182
Liens externes
Voir aussi
Catégorie :- Entreprise française spécialisée dans l'énergie nucléaire
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