Musee du quai Branly

Musee du quai Branly

Musée du quai Branly

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Musée du quai Branly
Musee quai branly eiffel.jpg
Musée du quai Branly vu depuis le premier étage de la tour Eiffel.
Informations géographiques
Coordonnées 48° 51′ 39″ Nord
       2° 17′ 51″ Est
/ 48.860833, 2.2975
Pays France France
Localité Paris
Informations générales
Date d'ouverture 20 juin 2006
Collections Arts africains
Arts asiatiques
Arts océaniens
Arts américains
Nombre d'œuvres 3 500 en exposition
300 000 au total
Superficie 40 600 m²
Informations visiteurs
Visiteurs / an 952 000 (2006)
1 452 000 (2007)
1 397 873 (2008)
Adresse 37, quai Branly, 75007 Paris
Site officiel quaibranly.fr

Le musée du quai Branly ou musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques (civilisations non occidentales) est situé quai Branly dans le VIIe arrondissement de Paris, à la place qui fut occupée par le ministère du Commerce extérieur. Projet ambitieux porté par Jacques Chirac et réalisé par Jean Nouvel, il a été inauguré le 20 juin 2006.

Sommaire

Origine

Jacques Kerchache, marchand d'art et spécialiste en art africain, essaie dès le début des années 1990 de faire entrer les « arts premiers » (terme qu'il a inventé) au musée du Louvre. En 1990, il signe dans le journal Libération un article sur ce sujet ; cette même année, il rencontre Jacques Chirac, alors maire de Paris. Ce dernier, qu'on dit passionné par les « arts premiers », est élu président de la République en 1995. Dès son arrivée à la tête de l'État, il demande l'ouverture d'un département des arts premiers au musée du Louvre. Un an plus tard, il annonce le projet de création d'un nouveau musée, qui rencontre rapidement une opposition, notamment avec une grève des collaborateurs du musée de l'Homme en 1999 qui s'opposent au démantèlement des collections du musée de l'Homme et critiquent la primauté du choix esthétique au détriment des considérations scientifiques.

Un concours d'architecture est lancé en 1999, désignant Jean Nouvel comme architecte.

Ce musée est inauguré le 20 juin 2006 par Jacques Chirac, en présence notamment de Kofi Annan, Rigoberta Menchú, Paul Okalik, Dominique de Villepin, Lionel Jospin et Jean-Pierre Raffarin. Le musée du quai Branly a le statut d'établissement public administratif. Il est placé sous la triple tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, du ministère de l'Éducation nationale et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le musée est ouvert au public depuis le 23 juin 2006. La première exposition du musée du quai Branly est consacrée aux Mnong Gar, ethnie des montagnes du Sud Vietnam et étudiée par Georges Condominas ("Nous avons mangé la forêt..." : Georges Condominas au Vietnam du 19 juin au 17 décembre 2006[1]). Cette exposition est reprise en 2007 à Hanoï avec un catalogue spécifique bilingue.

Fréquentation

Un point sur la fréquentation du musée est établi régulièrement et permet de mesurer l'évolution du nombre de visiteurs[2]. Après le mois d'ouverture où il y a eu 151 000 visiteurs, la moyenne se situe autour de 125 000 visiteurs par mois.

  • 20 juin 2006 : inauguration du musée.
  • 23 juin 2006  : 8 757 personnes ont fréquenté le musée le jour de son ouverture au public.
  • 20 septembre 2006 : 350 000 personnes ont visité le musée.
  • 19 décembre 2006 : 800 000 personnes ont visité le musée.
  • 31 décembre 2006 : 952 000 personnes ont visité le musée.
  • 7 janvier 2007 : le cap d'un million de visiteurs cumulés est franchi.
  • Septembre 2007 : le cap des deux millions de visiteurs cumulés est franchi.
  • 31 octobre 2007 : 2 175 000 personnes ont visité le musée.
  • 31 décembre 2007 : 2 404 000 personnes ont visité le musée.
  • 31 janvier 2008 : 2 520 470 personnes ont visité le musée. La fréquentation mensuelle est d'environ 115 000 personnes
  • 31 décembre 2008 : 3 801 873 personnes ont visité le musée.
  • Février 2009 : le cap des 4 millions de visiteurs est franchi. La fréquentation mensuelle depuis l'ouverture du musée s'établit à plus de 125 000 personnes.

Bâtiment

L'ensemble occupe une surface de 40 600 m² répartie sur quatre bâtiments capotés, et expose 3 500 objets, sélectionnés dans une collection qui en regroupe 300 000. L'immeuble de cinq étages couvert par un mur végétal de 800 m² a été conçu par l'architecte Jean Nouvel en partie en référence à la tour Eiffel proche comme un pont de 3 200 tonnes (500 000 boulons) sur lequel trente et une cellules multimédias ou plus techniques sont arrimées au-dessus d'un jardin de 18 000 m² conçu par l'architecte-paysagiste Gilles Clément. Ce jardin, composé de sentiers, petites collines, chemins dallés de pierres de torrent, bassins propices à la méditation et à la rêverie, sera planté de 178 arbres. Le musée a coûté près de 233 millions d'euros.

Le musée se compose de quatre bâtiments:

  • le musée proprement dit, dont la galerie principale, longue de 200 mètres, comporte plusieurs salles latérales qui sont exprimées en façade par les boîtes colorées. Le musée comprend également un auditorium, des salles de cours, une salle de lecture, un espace d'exposition temporaire, un restaurant ;
  • le bâtiment Université comprenant une librairie, des bureaux et des ateliers ;
  • le bâtiment Branly (au niveau du mur végétal de près de 800 m², conçu par Patrick Blanc) qui comprend l'administration du site sur cinq niveaux ;
  • l'auvent, qui comprend la médiathèque et les réserves.

Une longue rampe sinueuse de faible pente conduit les visiteurs de la petite entrée du site jusqu'aux collections plongées dans la pénombre.

Bâtiment du musée du quai Branly
Éclairages nocturnes du jardin

Collections

Pavillon des Sessions

Depuis avril 2000, cent-vingt œuvres des collections du musée du quai Branly sont exposées au Pavillon des Sessions, au sein du Musée du Louvre. Sélectionnées par Jacques Kerchache, ces œuvres avaient vocation à être une ambassade. D'abord temporaire, elle s'est vu devenir permanente après l'ouverture du musée du quai Branly. L’architecture intérieure de 1 200 mètres carrés, conçue par Jean-Michel Wilmotte, offre un espace limpide et extrêmement dépouillé. L'ambition de Jacques Kerchache était de montrer au visiteur, qu'au même titre que le grand art classique européen, le spectateur pouvait s'émouvoir de la beauté formelle des arts extra-européen, hors de tout explication ethnologique.

Musée du quai Branly

À partir de 2006, le musée réunit les anciennes collections d'ethnologie du musée de l'Homme (abrité par le Palais de Chaillot) et celles du musée national des arts d’Afrique et d'Océanie (installé à la Porte Dorée). Environ 300 000 objets ont ainsi été transférés du musée de l'Homme ; 3500 sont exposés sur le plateau des collections permanentes. Vaste espace sans cloisons, les œuvres sont réparties en grandes « zones » continentales : l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et les Amériques.

En complément du plateau des collections permanentes, dix expositions temporaires par an, réparties entre les galeries suspendues du plateau des collections et la Galerie jardin, espace des grandes expositions internationales, permettent de présenter des thématiques de fond tout en donnant à voir la richesse des collections.

Médiathèque

Absent de la formulation initiale du musée du quai Branly, le projet documentaire se révèle finalement ambitieux. La bibliothèque du musée de l'Homme s'est transformée en médiathèque, regroupant dans une même structure trois pôles documentaires, déclinant l'ensemble de la documentation scientifique mise à disposition des étudiants, chercheurs et des conservateurs du musée.

  • Le premier pôle documentaire est celui de la bibliothèque. Ses ressources (monographies et périodiques) sont disponibles en accès libre soit dans le salon Jacques Kerchache du rez-de-chaussée ouvert au grand public, soit à la bibliothèque du cinquième étage ouverte aux chercheurs. Elles sont aussi disponibles sur Internet ou communiquées sur place depuis les réserves. La bibliothèque possède des fonds ethnographiques importants comme ceux de Georges Condominas, Françoise Girard, Jacques Kerchache (don fragmentaire des deux tiers d'une de ses bibliothèques) et Nesterenko.
  • Le second pôle documentaire est celui de l'iconothèque qui recouvre les documents photographiques, sérigraphiques et graphiques.
  • Le troisième pôle documentaire est celui de la documentation muséale et des archives.

Ces trois pôles sont non seulement réunis administrativement dans le département de la médiathèque du musée, mais intellectuellement par la possibilité d'effectuer une recherche fédérée sur les différents catalogues. L'accompagnement des collections d'objets par les archives les documentant et les collections de la bibliothèque est indispensable à la cohérence du musée. « L'inscription de la fonction documentaire (...) affirme le lien indéfectible entre l'œuvre et son histoire, faisant du futur établissement une "ruche culturelle" »[3].

Revue

Le musée publie depuis 2005 la revue d'anthropologie et de muséologie Gradhiva. Cette revue, fondée par Michel Leiris et Jean Jamin en 1986, est consacrée à la recherche contemporaine en ethnologie, à l'histoire de l'anthropologie, aux archives de grands ethnologues et aux esthétiques non-occidentales. De part sa destination, Gradhiva s'intéresse régulièrement aux collections du Musée du quai Branly.

Article détaillé : Gradhiva.

Controverses

Avant l'ouverture

La création du musée, le plus grand projet de ce genre dans le monde, fut sujette à quelques controverses avant son ouverture :

  • Art ou culture ? Avec le transfert d'une bonne partie des pièces exposées précédemment au musée de l'Homme, la question se pose à nouveau du rapport entre ce qui relève des arts — et qui a vocation à être exposé dans le musée du quai Branly — et ce qui relève de la culture.
  • Qu'est-ce qu'un "art premier" ? La notion d'"art premier", relativement nouvelle, est elle-même sujette à question, car elle pourrait tendre à faire passer les peuples qui l'ont produit comme primitifs. Cette conception évolutionniste est largement remise en cause aujourd'hui, notamment de la part des anthropologues. Et si au début de la mise en forme du projet la qualification « Musée des arts premiers » était parfois avancée, aujourd'hui il semble parfaitement impropre de le dénommer ainsi. Malgré cette connotation, le terme "arts premiers" est rentré dans le langage courant.
  • Égalité de représentation pour tous les peuples du monde. Si le musée a vocation d'exposer les productions artistiques des civilisations du monde entier, on constate néanmoins une grande disparité de représentation. Par exemple, l'ouverture de ce musée a suscité au Québec des protestations en raison de la quasi-absence d'œuvres canadiennes. Ainsi, les Inuits du Grand Nord sont représentés par un simple peigne, et les premières nations du Québec, par deux ceintures tissées.

L'ensemble des critiques se rapportant à la genèse, à la création et au coût de ce musée font l'objet d'un ouvrage de l'ethnologue Bernard Dupaigne, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, paru en 2006 sous le titre « Le scandale des arts premiers. La véritable histoire du musée du quai Branly ».

Après l'ouverture

Tandis que depuis 1992, le musée national de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa demande le retour de tous les restes de dépouilles māories dispersées de par le monde, Stéphane Martin, directeur du musée du Quai Branly à Paris, s’est opposé, comme la Ministre de la culture Christine Albanel, à la restitution de ceux conservés en France[4]. Le Musée détient en effet quatre têtes māories dans sa collection, et selon le directeur, « les crânes sont conservés à l’abri dans une pièce très spéciale et ne seront pas exposés au public[5] ». La polémique s'appuie sur le statut de ces têtes, restes humains pour les uns, soumis à la loi sur la bioéthique et devant alors être rendus, œuvres d'art des collections des Musées de France, inaliénables selon l'article 11 de la loi du 4 janvier 2002 relative aux Musées de France[6].

Article détaillé : Affaire des têtes maoris.

Un autre sujet de controverse est le coût pharaonique de ce musée, tant au niveau du dépassement important du budget de construction qu'en ce qui concerne les coûts d'exploitation, comme le montre l'audit de la Cour des comptes[7]. De plus, le bâtiment en lui-même a posé de nombreux problèmes (circulation, éclairage, finitions, etc.). À cet effet, plusieurs campagnes d'aménagements et de travaux ont été entamées en 2008.

Annexes

Notes et références

  1. HEMMET, Christine, et al. "Nous avons mangé la forêt..." [Texte imprimé] : Georges Condominas au Vietnam. Paris : Musée du quai Branly : Actes Sud, 2006. ISBN 2-915133-16-6 (musée du quai Branly). - 2-7427-6145-4 (Actes Sud).
  2. site officiel du musée
  3. GRANDET, Odile. "Bibliothèque de musée, bibliothèque dans un musée ?", Bulletin des bibliothèques de France, 2007, vol. t. 52, no. 4, pp. 5-12. ISSN 0006-2006.
  4. (en) France stops Maori mummy's return, BBC News Europe
  5. (en) « French Debate: Is Maori Head Body Part or Art? » New York Times
  6. Natalie Castetz, « Rouen n’en fait qu’à sa tête », Libération, 24 octobre 2007
  7. Cour des comptes, Rapport public thématique, 12 décembre 2007 (les grands chantiers culturels).

Bibliographie

Articles

  • Sally Price. "Dialogue des cultures au musée du quai Branly". Le Débat, janv.-fév. 2008, no. 148, pp. 179-192. ISSN 1150-4048.
  • Rita Di Lorenzo, « Notre musée d’autrui - Réflexions sur la beauté du Musée du Quai Branly », paru dans MEI – Médiation et Information n. 24/25 (2006), Paris, éd. Harmattan, avril 2007.
  • Thule, Rivista italiana di Studi Americanistici n°16-17 Regards croisés sur l’objet ethnographique : autour des arts premiers (sous la direction de Giulia Bogliolo Bruna), 2006.
  • Odile Grandet, "Bibliothèque de musée, bibliothèque dans un musée ?" Bulletin des bibliothèques de France, 2007, vol. t. 52, no. 4, pp. 5-12. ISSN 0006-2006.
  • Odile Grandet, "The médiathèque at the musée du quai Branly in Paris : vitual, but more than that". Art Libraries Journal, 2007, vol. 32, no. 4, pp. 35-39. ISSN 0307-4722.

Monographies

  • Bernard Dupaigne, Le Scandale des arts premiers. La véritable histoire du musée du quai Branly, Mille et une nuits, Paris, 2006, ISBN 2-84205-962-X, 261 p.
  • Stéphane Martin, Chefs-d'œuvre : Dans les collections du musée du quai Branly, Musée du Quai Branly, Paris, 2006, ISBN 2-915133-21-2, 113 p.
  • Benoît De L’Estoile, Le goût des autres. De l’exposition coloniale aux arts premiers, Paris, Flammarion, 2007.
  • Sally Price, Paris Primitive: Jacques Chirac's Museum on the Quai Branly, Chicago, University of Chicago Press, 2007 (Paris Primitif : le musée de Jacques Chirac sur le quai Branly, publication prévue en novembre 2007).
  • Régis F. Stauder (sous la direction d'Odile Grandet), De la bibliothèque du chercheur à la bibliothèque de recherche : le fonds Condominas à la médiathèque du musée du quai Branly, enssib, 2008 (mémoire d'étude de conservateur des bibliothèques).
  • Germain Viatte, Yves Le Fur, Christine Hemmet et Hélène Joubert, Le guide du musée du quai Branly, Musée du Quai Branly, Paris, 2006, ISBN 2-915133-18-2, 307 p.

Articles connexes

Liens externes

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