Guerre d'Afghanistan (2001)

Guerre d'Afghanistan (2001)
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Guerre d'Afghanistan (2001)
US-UK-Sangin2007.jpg
Forces américaines et britanniques, province d'Helmand (province), 2007.
Informations générales
Date Depuis le 7 octobre 2001
Lieu Drapeau d'Afghanistan Afghanistan
Casus belli attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington
Issue Terminée mais poursuite d'une guerilla.
Belligérants
Coalition:

Forces d'invasion de 2001:

Groupe des Insurgés:

Invasion de 2001:

Voir aussi :
Conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan
Batailles
Rhino et Gecko – Mazar-e-Charif – Hérat – Siège de Kunduz – Prise de Kaboul - Qala-e-Jangi – Kandahar - Tora Bora – Opération Anaconda – Opération Jacana – Opération Red Wing – Lashkargah – Opération Mountain Thrust – Opération Kaika – SanginPremière Panjwaye – Deuxième Panjwaye – Opération Médusa – Opération Mountain FuryOpération Falcon Summit – Opération Achilles – Opération Hoover – Chora – Opération Hammer - Base Anaconda – Opération Harekate Yolo – Musa Qala – Opération Karez – Prison de SarposaDistrict d'Arghandab – Wanat – Bataille de Shewan - Embuscade d'Uzbin – Opération Eagle's Summit – Balamorghab - Opération Dinner Out - Chahar Dara- Opération Panther's Claw - Opération Strike of the sword - Dahaneh - KamdeshOpération Avalon - Opération SeptentrionKaboulOpération MushtarakKorengal

La seconde guerre d'Afghanistan de l'histoire contemporaine oppose d'abord, en octobre et novembre 2001, les États-Unis, avec la contribution militaire de l'Alliance du Nord et d'autres nations occidentales (Royaume-Uni, France, Canada, etc.), au régime taliban. Cette guerre s'inscrit dans la « guerre contre le terrorisme » déclarée par l'administration Bush à la suite des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington. Le but de l'invasion selon les États-Unis et leurs alliés était de capturer Oussama Ben Laden, détruire l'organisation Al Qaïda qui possédait des bases dans le pays avec la bénédiction des Talibans, et renverser ces derniers.

L'attaque initiale chassa les Talibans du pouvoir, permettant l'instauration d'un gouvernement provisoire dirigé par Hamid Karzaï à la suite des accords de Bonn de décembre 2001. Les talibans engagèrent alors une guérilla contre la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) qui regroupe les forces armées sous commandement de l'OTAN[2]. Depuis 2006, les forces armées talibanes sont très actives. Le gouvernement afghan de Karzaï, élu président en octobre 2004, n'a que peu de légitimité et ne contrôlait en 2006 que le secteur de Kaboul[3]. En août 2008 il y avait 70 000 soldats étrangers en Afghanistan, 53 000 pour la FIAS et 17 000 pour l'Operation Enduring Freedom américaine[4] ; en 2009 quelque 113 000 soldats étrangers, dont 71 000 américains, sont déployés dans le pays[5] ; ces chiffres n'incluent pas les nombreux employés des sociétés militaires privées (2 000 hommes de la firme britannique Saladin, ceux de Blackwater, etc.). En janvier 2009, le think tank International Council on Security and Development a estimé dans un rapport que les Talibans étaient actifs dans environ 72 % du territoire afghan, conclusions contestées par le commandement de l'OTAN[6]. Le site National priorities estime à plus de 475 milliards de dollars le coût de la guerre[7].

Cette guerre est particulièrement liée au conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan et donc à la question de la lutte contre les groupes agissant depuis les régions tribales du Pakistan.

Sommaire

Renversement du régime Taliban (2001)

Événements antérieurs

Territoires contrôlé par les parties en conflit en 1996.
Un milicien de l'alliance du Nord le 1er janvier 2002.

Après la première guerre d'Afghanistan et le retrait de l'Armée rouge en 1989, les moudjahiddin afghans parvinrent à renverser le régime communiste en 1992. Cependant, le partage du pouvoir entre les différents seigneurs de guerre victorieux s'avéra impossible dans la durée. Une violente guerre civile, causée par les différents entre ethnies luttant pour le contrôle des différentes provinces, éclata alors entre les diverses factions. À l'origine (fin 1994), les talibans s'inscrivent dans ce schéma. Cependant, soutenus par les services secrets pakistanais et issus de l'ethnie pachtoune majoritaire d'Afghanistan, ils s'imposent en moins de deux ans dans le sud du pays, dominé par les Pachtounes.

Face à ces progrès, les moudjahiddin non talibans renforcés de quelques autres groupes avaient créé une coalition connue sous le nom d'Alliance du Nord, laquelle ne contrôlait plus en 2001 que la partie nord du pays. À cette époque, le gouvernement taliban est le gouvernement de facto du pays bien que reconnue seulement par le Pakistan, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et mis à l'index par l'ONU[8]. En janvier 1998, les talibans ont signé un accord sur la construction d'un gazoduc traversant leur pays avec le consortium CentGas menée par la compagnie américaine Unocal[9] mais la situation politique a fait que cette dernière abandonne le projet le 21 août 1998, au lendemain de l'opération Infinite Reach de représailles après les attentats des ambassades américaines en Afrique[10]. L'actuel président d'Afghanistan mis en place par les américains Hamid Karzaï était, à l'époque, consultant pour cette compagnie[11].

De son côté, l'Alliance du Nord, qui comprend le gouvernement officiellement reconnu par l'ONU, éprouve de grandes difficultés. Militairement, ses forces sont inférieures et elle est divisée entre différentes ethnies, Ouzbeks et Tadjiks notamment. Les liens entre alliés sont donc relativement faibles. Le 9 septembre 2001, le chef de l'Alliance, Ahmad Shah Massoud, est assassiné vraisemblablement par des agents d'Al-Qaida lors d'un attentat-suicide, affaiblissant encore plus l'Alliance.

La situation change avec les attentats du 11 septembre 2001. En effet, dès le 14 septembre, les États-Unis et le Royaume-Uni désignent ouvertement Oussama Ben Laden comme responsable. Ils préviennent les Talibans que leur soutien à Oussama Ben Laden aura des « conséquences » et demandent son extradition[12]. De nombreux pays, alliés des États-Unis, ayant les mêmes intérêts ou craignant de s'attirer une hostilité américaine durable voire de se trouver mêlés aux attentats du 11 septembre, promettent aussitôt leur soutien ou leur concours. Les plus notables, qui arrivent dès le 12 septembre, sont le Pakistan[12] dont le président annonce un « soutien illimité à la lutte contre le terrorisme », l'OTAN[12], le Conseil de Sécurité de l'ONU[12] et les ministres des finances du G7[12]. Des discussions américaines ont également lieu avec la Russie et la Chine le 13 septembre[12]. Le même jour, le conseil OTAN-Russie déclare son intention de lutter contre le terrorisme. Le Premier Ministre australien déclare le 14 septembre que les accords défensifs de l'ANZUS peuvent s'appliquer[12] tandis que les 19 pays membres de l'OTAN se déclarent solidaires des États-Unis[12]. Le 19 septembre, c'est le tour de l'OEA de déclarer les accords de défense de cette organisation applicables[12]. Enfin, le 24 septembre, le pape Jean-Paul II reconnaît un droit à légitime défense aux États-Unis[12]. Ainsi, en quelques jours, les États-Unis sont assurés d'un large soutien international leur laissant la possibilité de riposter.

Cependant, le soutien le plus important se traduit le 18 septembre 2001 par la demande du Conseil de sécurité des Nations unies envers les Talibans d'appliquer la résolution no 1 333 et l'extradition d'Oussama Ben Laden devant les autorités compétentes[12].

Le même jour, les Talibans repoussent les premières demandes d'extradition et appellent à la réunion d'une assemblée de religieux musulmans pour décider du sort d'Oussama Ben Laden[12]. Le 20, ce conseil demande au chef d'Al-Qaïda de quitter l'Afghanistan. En revanche, les Talibans annoncent qu'ils répliqueront à toute attaque des États-Unis. Enfin, le 21 septembre, l'ambassadeur taliban au Pakistan déclare que son pays ne livrera pas Ben Laden sans que ne lui soit fourni de preuves de son implication dans les attentats[12].

Dans le même temps, l'armée américaine commence des missions de reconnaissance en Afghanistan. Un drone est ainsi perdu (peut-être abattu) le 22 septembre[12]. Le même jour, les combats reprennent entre l'Alliance du Nord et les forces talibanes. Les premiers obtiennent deux jours plus tard l'assurance d'un soutien accru de la Russie[12]. Les américains revendiquent toutefois le contrôle des opérations, refusant à l'ONU le droit de les surveiller, tandis qu'ils promulguent un amendement empêchant les soldats américains d'être déférés devant la Cour pénale internationale)[12].

Les menaces américaines et britanniques contre les Talibans se font alors plus pressantes début octobre alors que les premières unités militaires gagnent la région (discours de Georges Bush ou de Tony Blair le 2 octobre)[12]. De plus, les Anglo-américains préparent un éventuel nouveau régime en entamant des discussions avec l'ancien, et âgé, roi d'Afghanistan Mohammed Zaher Chah[12]. Le 5, le gouvernement pakistanais se déclare également convaincu de l'implication d'Oussama Ben Laden dans les attentats[12]. Les opérations militaires commencent deux jours plus tard, le 7 octobre 2001, et le lendemain, le ministre Donald Rumsfeld annonce que la guerre se poursuivra jusqu'à la « destruction des réseaux terroristes »[12].

Forces en présence

Forces talibanes

Les forces talibanes comptent environ 35 000 hommes[13]. Elles sont renforcées par de nombreux volontaires étrangers, dont environ 9 000 à 10 000 pakistanais et 500 à 600 arabes[13]. Elles disposaient d'une centaine de chars d'assauts de modèles anciens (T-55) voire archaïques (T-34/85) et d'environ 200 pièces d'artillerie[13]. Le corps d'artillerie regroupe les meilleurs éléments de leurs forces[13]. Enfin, la défense anti-aérienne apparaît comme très largement insuffisante[13]. Dans l'ensemble, le commandement est moyen, avec des frictions entre unités de différentes nationalités, même si les Talibans ont largement innové depuis les années 1996-1998 par rapport à leurs adversaires[13]. De plus, peu de soldats talibans ont alors une réelle expérience des formes de guerre occidentales.

Forces américaines et alliées

Le Camp Marmal (de) est une caserne de la Force internationale d'assistance et de sécurité construite en 2006 pour assurer une présence militaire internationale dans le pays. Elle est utilisée principalement par la Bundeswehr.
Navy SEAL, janvier 2002, Afghanistan

Les forces occidentales engagées dans l'offensive d'octobre-novembre 2001 sont presque essentiellement fournies par les Américains et les Britanniques. Cependant, en raison de la distance séparant ces pays de l'Afghanistan, la majorité des unités terrestres ne fut déployée que progressivement. Les Américains nomment cette opération d'abord « Justice sans limites » (Operation Infinite Justice) puis optent pour le moins agressif « Liberté Immuable » (Operation Enduring Freedom), avec comme but officiel de lutter contre le « terrorisme international » et ses soutiens : cette distinction prendra son importance après le renversement du gouvernement taliban, les unités chargées de la « guerre contre le terrorisme » échappant au commandement de la FIAS qui doit, pour sa part, aider à reconstruire le pays en stabilisant le nouveau régime.

Outre plusieurs bataillons de la 10e Division de Montagne américaine, 200 hommes des « Royal Marines Commandos »[12], une centaine d'agents de la CIA et environ 300 hommes des Forces spéciales américaines sont présents dès le début[14]. Une centaine d'hommes des Forces spéciales allemandes seront envoyés sur place vers décembre[12]. Quatre porte-avions américains et leur escorte sont mobilisés[15], onze navires britanniques[12], et deux sous-marins[15]. Plusieurs bombardiers lourds sont aussi utilisés[15]. Le 17 novembre 2001 le premier ministre Lionel Jospin annonce l'envoi du porte-avions Charles-de-Gaulle et de son groupe aéronaval constitué de deux frégates, d'un pétrolier ravitailleur, d'un sous-marin, d'un aviso en mer d'arabie au large du Pakistan. Le groupe appareille le 1er décembre 2001 pour une mission qui va durer sept mois jusqu'au 1er juillet 2002.

« Front uni » anti-taliban et Alliance du Nord

Le corridor du Wakhan, entre le Pakistan et le Tadjikistan, relie l'Afghanistan à la Chine.

Le Front Uni Islamique et National pour le Salut de l'Afghanistan, plus connu sous le nom d'Alliance du Nord, tient début septembre 2001 5 % du territoire afghan[16] principalement dans le nord-est du pays et les environs de Herat dans l'ouest du pays. Officiellement dirigé par l'ancien président Burhanuddin Rabbani, il constitue la principale organisation anti-taliban mais regroupe en fait des alliés assez disparates :

Jusqu'au 11 septembre, ces mouvements étaient soutenus par l'Iran, la Russie et le Tadjikistan[16]. Ils peuvent alors aligner environ 15 000 hommes appartenant en propre à l'Alliance du Nord équipé de dizaines de blindé T-55 et BMP-1 livré par la Russie durant l'été 2001 mais ils bénéficieront de nombreux changements de camps qui augmenteront leurs effectifs[16] et des différentes poches de résistance dans le centre du pays[17].

Offensive d'octobre-décembre 2001

alternative textuelle
Opérations majeures de la campagne anti-taliban de 2001.

L'offensive anglo-américaine débute le 8 octobre 2001 par une série de bombardements aériens et de tirs de missiles de croisière, tandis que des troupes des Forces spéciales américaines entrent en contact avec les unités de l'Alliance du Nord à partir du 19 octobre (précédés par des équipes de la CIA à partir du 27 septembre). Dans la nuit de 19 au 20 octobre, les raids sur Rhino et Gecko sont la première grande opération impliquant des forces terrestres américaines. Le 3 novembre une offensive est lancée sur Mazar-e-Charif, qui tombe, avec l'aide des forces du général Abdul Rachid Dostom, le 9 novembre. Le 14 novembre, Kaboul tombe sans combats alors que le nord-ouest du pays se révolte contre les Talibans (soulèvement d'Hérat le 12). La Coalition fait alors le siège de Kunduz, qui se rend le 23 novembre. 8 000 prisonniers y sont faits et beaucoup mourront à la suite de diverses exactions (mauvais traitements, exécutions sommaires, disparitions à la suite des interrogatoires, etc.)[18]. La veille, la bataille de Kandahar a commencé. Après négociations, les Talibans remettent la ville aux hommes de Hamid Karzaï (le futur président) et de Sharzaï le 7 décembre.

Les derniers combats de 2001 ont lieu vers Tora-Bora du 12 au 17 décembre. Les Américains pensaient que le site était le siège d'une importante forteresse souterraine d'Al-Qaïda mais on ne découvrira sur place que quelques petits bunkers et avant-postes, tandis que Ben Laden, présent sur les lieux, réussit à s'échapper[19].

Prise de Kaboul et problèmes de succession

Plein de fuel d'un avion cargo C-5 Galaxy à la base aérienne de Manas (Kirghizstan), en provenance de la base aérienne de Ramstein, en Allemagne. Manas est le premier hub aérien de l'ISAF, du moins jusqu'à sa fermeture annoncée en 2009. Après négociations, la base fut renommée « centre de transit », et le contrat de location, renouvelé un an, élevé de 17 à 60 millions de dollars par an[20].

La chute de Mazar e-Charif le 9 novembre 2001 apparaît comme le véritable tournant de la première partie de la guerre. Elle galvanise les « Tadjiks de l’Est », dont l’avancée vers Kaboul est accélérée par le repli des Talibans vers la région de Kandahar sous les ordres du mollah Omar. Washington tente cependant, avec l'aide de l'ex-roi Zaher Shah de freiner la progression des « Tadjiks de l’Est », le temps de négocier la démilitarisation de la capitale et la répartition des pouvoirs entre les différentes ethnies, notamment les Pachtounes, majoritaires dans le pays. Les tadjiks prennent cependant possession de Kaboul sans réels combats le 13-14 novembre.

Cinq semaines après le début des opérations militaires, le régime des Talibans est renversé. Plusieurs milliers de Talibans ont été tués ou faits prisonniers tandis que 3 700 civils ont péri dans les combats [réf. nécessaire]. Début novembre 2001, différents pays — parmi lesquels les Pays-Bas, l’Allemagne et le Japon — annoncent, à la demande des États-Unis et du Royaume-Uni, qu’ils vont eux aussi apporter une aide militaire ou financière. Depuis la fin octobre, l'Australie avait déjà envoyé un détachement des Forces spéciales (Special Forces Task Group) et des avions, opérant à partir de la base aérienne de Manas (Kirghizistan) dans le cadre de l'Opération Slipper. L'Australie retire ses forces spéciales en décembre 2002, avant de les re-déployer en 2005.

Bâtiments de 5 nations engagées dans l'opération Enduring Freedom en mer d'Oman. De haut à gauche en bas à droite :
ITS Maestrale (F 570), FS De Grasse (D 612), USS John C. Stennis (CVN 74), USS Port Royal (CG 73), FS Charles de Gaulle (R 91), HMS Ocean (L 12), FS Surcouf (F 711), USS John F. Kennedy (CV 67), HNLMS Van Amstel (F 831), et ITS Luigi Durand de la Penne (D 560) (18 avril 2002).

Guérilla (2001-2011)

Prospectus de 2006 invitant la population afghane à dénoncer les talibans. Le texte évoque la richesse obtenue par la mise à prix, et la photo est celle de l'Alhambra de Grenade, dont le souvenir est vivace dans la civilisation islamique.

Effectifs déployés et organisation

Forces américaines et coalisées

Force Internationale d'Assistance et de Sécurité (FIAS)

Fin 2001, les Taliban ne contrôlaient plus que quelques territoires au sud-est et au nord-est du pays. L'OTAN accepte alors de s'engager sur le théâtre afghan avec la création et l'envoi de la FIAS (ISAF en anglais). Cette force est placée sous le commandement de l'OTAN. Dans les faits, le commandement tourne régulièrement d'un pays à un autre de 2001 à 2006 : Royaume-Uni[21], Turquie (juin 2002 - janvier 2003)[21], Allemagne/Pays-Bas (février - août 2003)[21], Canada, France, Turquie, Italie et de nouveau Royaume-Uni. Depuis 2007, le commandement a été repris par les États-Unis. La FIAS est mandatée par l'ONU (résolutions 1386, 1413, 1444 et 1510)[22].

Date Effectifs de l'ISAF
2001 5 000[23]
décembre 2004 8 000[22]
10 février 2005 8 500[23]
18 septembre 2005 10 500[23]
31 juillet 2006 19 000[23]
5 octobre 2006 31 000[23]
4 avril 2008 47 000[23]
6 octobre 2008 51 000
4 avril 2009 60 000
15 septembre 2009 64 500[24]
1er octobre 2009 67 700
22 octobre 2009 71 000
janvier 2011 140 000

La FIAS est divisée en cinq commandements :

  • Le Commandement Nord sous la direction de l'Allemagne (5 400 hommes au 15 septembre 2009)[24] qui comprend notamment les villes de Mazar-e-Charif et Fayzabad.
  • Le Commandement Ouest sous la direction de l'Italie (3 400 hommes au 15 septembre 2009)[24] qui comprend principalement Hérat.
  • Le Commandement Sud sous la direction du Royaume-Uni et du Canada (29 400 hommes au 15 septembre 2009)[24] qui regroupe notamment les provinces d'Helmand et de Kandahar.
  • Le Commandement Est sous la direction des États-Unis (19 900 homme au 15 septembre 2009)[24] qui comporte les villes de Ghazni (ville), Bamyan et Jalalabad, ainsi que les régions montagneuses frontalières du Pakistan.
  • Le Commandement de la Région capitale sous la direction de la France (6 400 hommes au 15 septembre 2009)[24] centré autour de Kaboul.
Opération Liberté Immuable

Parallèlement à la FIAS, les américains ont maintenu l'opération Liberté Immuable, initialement destinée à la lutte contre les réseaux terroristes. Cette opération est sous leur commandement propre. Elle compte 17 000 hommes le 10 février 2005[23].

Bases principales des États-Unis et de la FIAS

En 2008, les forces des États-Unis et la FIAS s'appuient sur un réseau de grandes bases implantées principalement dans le sud et dans l'est du pays. Ses bases sont :

  • Au Nord : Mazar-e-Charif, Kunduz, Baghman et Faizabad[25].
  • À l'Ouest : Hérat, Qala-e-Nao et Chakcharan[25].
  • Au Sud : Farah, Lachkargah, Kandahar et Qalat[25].
  • À l'Est et autour de Kaboul : Bamyan, Kaboul, Charikar et une autre base dans la province de Parwan, deux bases dans le Nouristan, Asadabad, Jalalabad, Mayden, Baraki, Ghazny, Charana, Gardez et Khost[25].

De plus, les États-Unis disposent de bases et de facilités logistique au Pakistan sur les bases et ports de Pasni, de [acobabad, de Shamsi et de Dalbandin[25].

Mercenaires

Comme en Irak, la Coalition recourt aux sociétés militaires privées (SMP) qui peuvent déployer de nombreux mercenaires et agents de sécurité (20 000 en 2007[26], 28 000 en mars 2008[27]). Leur mission principale réside dans la protection stationnaire des enceintes et des bâtiments, la protection mobile des convois et la protection personnelle, des clients d’état aux clients d’organismes internationaux en passant par les ONG[27]. Certains pays, comme le Canada, utilisent aussi les mercenaires de ces sociétés (souvent des soldats expérimentés issus de corps d'élite) pour entraîner leurs propres troupes. Ainsi, Ottawa a utilisé les services de Blackwater[28]. Le Canada a dépensé en 2006-07 près de 15 millions de dollars (sur un budget de sécurité de 29,9 millions) auprès des SMP pour protéger son personnel[28]. Il faut noter que certaines sociétés de mercenaires sont d'origine afghanes comme dans la vallée de Korangal, où se trouve le camp militaire Firebase Phoenix, et où un contrat de 2 millions de dollars a été passé en août 2009[29].

Certaines de ces firmes disposent en Afghanistan d'un important contingent d'hommes. À elle seule, la firme Saladin (ex-KMS) alignait par exemple près de 2 000 hommes en Afghanistan vers la fin 2007, chiffre comparable à la participation de nombreux états activement engagés dans la Coalition[26].

Le rôle des sociétés militaires privées, déjà décrié en Irak, l'est aussi en Afghanistan. Plusieurs incidents impliquant des mercenaires ont entraîné des morts et blessés civils. Par exemple, à Kaboul, des hommes engagés par Paravant, filiale de Blackwater tue un Afghan et en blesse deux autres en mai 2009[30],[31].

Armée et police afghanes

En septembre 2009, la police afghane compte 84 000 hommes et l'armée nationale afghane, entraînée par l'OTAN, aligne un peu moins de 94 000 hommes à la fin septembre 2009[32],[33]. Son ordre de bataille le 1er octobre 2009 est le suivant :

  • 5 corps d'armée : le 201e (Kaboul), le 203e (Gardez), le 205e (Kandahar), le 207e (Hérat) et le 209e (Mazar-e-Charif)[32].
  • 1 division chargée de la capitale[32].
  • 1 corps aérien (Kaboul)[32].

En octobre 2010, les effectifs de l'armée afghane sont portés à 140 000 personnes, vers juin 2011, l'armée afghane devrait compter 171 600 militaires et ses effectifs pour le futur devraient atteindre 240 000 personnes. La police afghane comprend en octobre 2010 109 000 policiers et devrait atteindre jusqu'à 240 000 hommes[34].

Cependant, l'armée afghane doit faire face à de sérieuses difficultés qui limitent ses capacités, principalement la désertion des soldats, en particulier dans les unités de combat. La situation est même catastrophique au cours des premières années, puisque sur les 25 000 hommes recrutés de 2003 à 2005, 18 000 ont déserté[35]. Par la suite, des progrès sont réalisés, mais le nombre de soldats qui quittent l'armée par désertion ou non-réengagement demeure très important. En effet, 25 % des effectifs des unités susceptibles d'aller au feu ont dû être remplacés en 2009[35]. Cela nuit aux unités déjà formées qui perdent de leur expérience et contrarie les efforts américains pour augmenter les effectifs de l'armée afghane[35].

De plus, l'armée et la police doivent faire face aux tentatives d'infiltration menées par la guérilla. Par exemple, le 3 novembre 2009, dans le district de Nad-e-Ali, un policier afghan tue cinq soldats britanniques et deux soldats afghans avant de prendre la fuite[36],[37].

Forces talibanes et alliées

Organisation politique

Les forces talibanes sont théoriquement dirigées par le mollah Omar et un conseil de direction nommé Rahbari Shura mis en place en 2003. Ce conseil était, à l'origine, composé de dix hommes : Akhtar Mohammad Osmani, Akhtar Mohammad Mansour, Djalâlouddine Haqqani, Hâfez Aboul Madjid, Saif-ur Mansour et les mollah Dadullah, Mohammad Rasoul, Beradar et Abdorrazzaq Nafez[38]. Le mollah Omar y dispose également d'un représentant permanent en la personne de Obaidullah Akhund[39]. Sa position est également renforcée par le fait que les principaux chefs de l'islamisme international le reconnaissent comme chef de leur résistance en Irak et en Afghanistan[39]. Cependant, dans les faits, le commandement passe par l'envoi d'émissaires, diplomatiques ou militaires, aux différents groupes de guérilla[40].

Ce conseil de direction voit sa composition évoluer en fonction des pertes (Akhtar Mohammad Osmani, le mollah Dadullah par exemple) et surtout des nouvelles nominations. En effet, il passe de dix à douze membres, puis à dix-huit et enfin trente-trois[41]. Cette extension montre les besoins d'équilibre et d'organisation face à l'expansion de la guérilla.

En octobre 2006, un second conseil a été mis en place, toujours par le mollah Omar. Il se nomme Majlis al-Shura et se compose de treize membres, tous déjà présents dans le Rabhari Shura. Les attributions de ce conseil sont cependant encore mal connues[41].

La dernière structure de direction mise en place par la guérilla talêb est un gouvernement "de l'ombre" dont les pouvoirs sont aussi peu connus[41]. Il semblerait que Haji Obeidullah y joue le rôle de ministre de la Défense et que le mollah Abdul Ali y soit ministre des questions religieuses[41].

Depuis 2005, les Talibans ont aussi multiplié les contacts avec les seigneurs de guerre afghans et ont noué une alliance contre le gouvernement Karzaï avec deux importants groupes, hostiles l'un vis-à-vis de l'autre, mais en lutte contre les américains et le nouveau gouvernement. Ces groupes sont le Hezb-e-Islami de Hekmatyar et le groupe ultraorthodoxe dirigé par Mohammed Younès Khalid[39]. En 2010, les affrontements entre Talibans et forces du Hezb-e-Islami Hekmatyar ont repris sur certains points[42].

Organisation militaire

À la fin de l'année 2008, les forces de la guérilla sont organisées selon trois grands fronts actifs se recouvrant partiellement et disposant de bases arrières au Pakistan[25] :

  • Front Nord recouvrant les provinces du Nouristan, de Kunar, de Nangharar, de Laghman et une partie de celle de Kapissa. Les mouvements présents sont le Hezb-e-Islami de Gulbuddin Hekmatyar, le Hezb-e-Islami Khalis, les Talibans et Al-Qaïda[25].
  • Front Central recouvrant également les provinces de Kunar et de Nangharar mais s'étendant aussi aux proivnces de Khost, de Paktika et de Paktia. Les mouvements présents sont les forces de Haqqani et Al-Qaïda[25].
  • Front Sud, le plus étendu, est mené par les Talibans et Al-Qaïda. Il recouvre les provinces du sud (Nimroz, Helmand, Kandahar, Zaboul et d'Ourouzgan), de l'est (Nouristan, Laghman et Nangharar) et la région de Kaboul (Parwan, Kapissa, Logar, Ghazny et Wardak)[25].

De plus, il existe à la même période des fronts plus limités autour des principales villes du nord du pays :

  • À 50 km au sud d'Hérat[25].
  • Autour de Maymana[25].
  • Autour de Mazar-e-Charif[25].
  • Autour de Baghlan[25].
  • Autour de Faizabad[25].

Le commandement militaire des Talibans se divise en quatre zones (Kaboul, Sud, Sud-est et Est) sous la direction d'un commandement général[43]. Les commandements de zone incluent des commandements de province et de district[44].

Sur le terrain, les groupes de la guérilla comprennent généralement de cinq à cinquante hommes[44]. Les commandants de ces unités peuvent recruter des combattants locaux non membres d'un autre groupe[45]. Cette dernière règle permettant d'éviter les frictions entre groupes et l'émergence de grands groupes semi-autonomes dont le chef pourrait s'ériger en seigneur de guerre[45]. Les communications sont assurés par des messagers[45]. Les téléphones satellitaires ont été utilisés en début de conflit mais ont été rapidement abandonnés vu la maitrise américaine en matière d'écoute[45].

Les accords de Bonn (décembre 2001)

Article détaillé : accords de Bonn.

Plusieurs loya jirga concurrentes sont mises en place, dont l'une à Rome autour de l'ex-monarque Mohammed Zaher Chah, l'autre à Chypre autour de Homayoun Jarir, beau-fils du seigneur de guerre Gulbuddin Hekmatyar, et enfin une troisième en Allemagne. Celle-ci, réunissant deux douzaines de leaders afghans sous l'égide de l'ONU, parvient à négocier les accords de Bonn de décembre 2001, qui prévoient la formation d'un gouvernement transitionnel (en), à la tête duquel se trouve Hamid Karzaï. Celui-ci possède alors un contrôle limité sur la majorité du territoire. Les accords prévoient aussi la convocation de loya jirgas ultérieures, afin de décider d'un autre gouvernement transitionnel qui sera formé en juin 2002 (et qui reconduit Karzaï dans ses fonctions), et d'une Constitution, préparée par une commission (en) nommée en octobre 2002. Enfin, les accords prévoient l'établissement d'une Cour suprême.

La passe de Khyber, l'une des principales voies d'approvisionnement militaire des forces de l'ISAF depuis le Pakistan, qui mène à Kaboul. L'autre voie part de la base militaire américaine de Jacobabad (en) et rejoint Kandahar en passant par le Baloutchistan[46].

Organisation du nouveau gouvernement et guérilla de basse intensité (2001-2004)

Articles connexes : Conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan et Politique de l'Afghanistan depuis 2004.

De 2001 à 2004, le gouvernement central et les forces de la Coalition font face à une faible guérilla de la part des néo-talibans et des groupes hostiles au nouveau régime, tandis que Kaboul ne parvient guère à contrôler les différents seigneurs de guerre dans l'arrière-pays.

Les États-Unis engagent donc l'opération Anaconda dans la province de Paktia début mars 2002. Après un premier repli des talibans, ceux-ci font l'objet d'une nouvelle offensive d'avril à juillet 2002 (opération Jacana). Les dernières forces organisées d'importance dont disposaient les Talibans sont ainsi détruites ou contraintes de se replier dans des zones sûres du Waziristan.

Un processus ardu de désarmement est mené par Kaboul en échange de l'intégration des seigneurs de guerres dans une armée nationale multiethnique[47],[48]. L'accord d'avril 2003 reconnaît aussi l'existence d'un «gouvernement central fort»[47]. Kaboul tente ainsi de diviser les seigneurs de guerre[49]. Dans le même temps, le gouvernement intérimaire (en) tente à partir de septembre 2002 d'empêcher les jeunes afghans d'échapper au service militaire en refusant la délivrance de passeports aux hommes de 22 à 28 ans[50]. Ainsi, les généraux Dostom et Mohammad Ostâd Atta acceptent en 2003 un désarmement partiel[51][réf. incomplète]. Toutefois, les seigneurs de guerre disposent toujours de nombreux miliciens fin 2003 (environ 200 000 au total[51], dont 25 000 pour le seul Dostom et quelques milliers pour Ismail Khan[49]). La contrainte juridique n'aura, en 2004, guère plus d'effet[52].

Fin décembre 2003, une nouvelle Loya Jirga (502 membres) est convoquée pour se mettre d'accord sur la Constitution. Elle aboutit le 4 janvier 2004 à un texte prévoyant un régime présidentiel fort.

Malgré ces efforts, le gouvernement Karzaï ne contrôle guère que Kaboul[49]. Dans l'arrière-pays, les taxes et les impôts sont, par exemple, toujours prélevés par les seigneurs de la guerre[49]. Dans le même temps, le mouvement taliban se réorganise autour du mollah Omar sur les plans politique et militaire. Celui-ci nomme ainsi un conseil de direction de dix membres (Rahbari Shura) chargé de la lutte contre Kaboul et la Coalition[38].

Le mollah Omar appelle aussi au boycott des élections[53][réf. incomplète]. Cependant, près de 3/4 de la population vote à l'élection présidentielle d'octobre 2004, remportée par le pachtoune Hamid Karzai, confirmé dans ses fonctions avec 55 % des voix. Le tadjike Younous Qanouni, l'un des ex-dirigeants de l'Alliance du Nord, n'obtient que 16 % ; le vice-président sortant, Haji Mohammad Mohaqiq, d'origine hazara, moins de 12 % ; et l'ouzbek Dostom 10 %.

Réorganisés, les Talibans mènent quelques opérations dans des régions pachtounes éloignées, menaçant Qalat fin 2003-début 2004 et chassant les fonctionnaires loyaux au gouvernement dans la province de Zâbol au sud[54]. Ils tentent d'y poursuivre leur avance en mai 2004, entraînant une contre-attaque vers le village de Mizan puis leur repli dans les zones montagneuses[55].

De plus, dans les régions frontalières du Pakistan, les opérations militaires impliquent l'armée pakistanaise contre certaines tribus locales, les Taliban se servant de la région contre sanctuaire et tentant de bloquer l'approvisionnement militaire de l'ISAF transitant par la passe de Khyber[56].

2006 : redéfinition de la stratégie talibane et reprise de la guerre à grande échelle

L'année 2006 voit les Talibans réunir un solide front contre le gouvernement central et les forces américaines et européennes, adopter une nouvelle tactique et lancer une importante offensive militaire qui leur permet de se réinstaller dans le sud du pays. La Coalition cherchera à empêcher ses mouvements et commence à renforcer ses effectifs pour faire face à ce regain de force talêb.

Réorganisation des mouvements anti-gouvernement central au Pakistan

Localisation du Waziristan en vert au sein du Pakistan.

Tout d'abord, les Talibans disposent depuis 2005 de solides soutiens dans les régions tribales pakistanaises des deux Waziristan. En effet, les Waziris, comme par exemple Nek Mohammed[57], les soutiennent depuis leur défaite d'octobre-décembre 2001[58]. Les Mehsud, rivaux des Waziris[59] et d'abord alliés à l'armée pakistanaise, se retournèrent contre Islamabad après une incursion sanglante de l'armée en 2004[60],[61],[62], se rallièrent aux Talibans[58] et commencèrent à attaquer l'armée pakistanaise[63]. Ils sont aujourd'hui considérés comme étant à l'origine de 80 % des attentats dans l'agence du Waziristan du Sud[62] et subissent toujours de mauvais traitements de la part de l'armée pakistanaise[64]. Enfin, deux ans d'occupation militaire firent également basculer les Dawar dans le camp des Talibans[58]. Ces derniers disposaient ainsi du soutien et de l'alliance de toutes les principales tribus du Waziristan[58].

Al-Qaïda développa aussi de nouveaux réseaux dans les villes pakistanaises après sa fuite d'Afghanistan via l'installation de certains de ses hommes dans ces villes. Deux organisations, Jaishul al-Qiba al-Jihadi al-Siri al-Alami et Joundallah (Pakistan)[65], commencèrent à entraîner de nouveaux djihadistes pour une nouvelle offensive en Afghanistan ou contre le Pakistan[58]. Rapidement décimées par le gouvernement pakistanais[66], ces deux organisations ont cependant eu le temps de former de nouveaux cadres[58]. Après cet échec, Al-Qaïda connaît ensuite une période difficile où ses principaux chefs (Oussamah Ben Laden et Ayman al-Zawahiri) sont isolés et sans moyens de communication dans la vallée de Shawal[58],[60],[67].

Différents combats éclatèrent par la suite entre groupes islamistes pakistanais et l'armée pakistanaise. L'importation des techniques de lutte développées en Irak empêcha les forces gouvernementales de reprendre le contrôle de la région en 2005[58]. Ce mouvement favorisa la liquidation des dernières alliances favorables au Pakistan dans la région. De plus, diverses luttes internes permirent aux néo-talibans de s'imposer sur leurs rivaux et de proclamer un état islamiste au Waziristan[58]. Les protalibans pakistanais se nommèrent alors « Talibans pakistanais ». L'armée pakistanaise échoua à reprendre le Waziristan du Nord, préféra renoncer au Waziristan du Sud et laissa faire provoquant un afflux de djihadistes dans les montagnes (13 000 au Sud, 27 000 au Nord)[58].

En mai 2005, le mollah Dadûllah, membre du Rahbari Shura, arriva en Afghanistan pour visiter les groupes talibans et négocier des alliances avec les autres groupes anti-gouvernement. Il obtient celle du Hezb-e-Islami de Hekmatyar et celle des hommes de Mohammed Younès Khalid[58]. En 2006, le mollah Dadûllah, appuyé par le mollah Omar, demanda l'arrêt des opérations contre l'armée pakistanaise et l'obtînt disposant ainsi des 40 000 combattants réunis à ce moment dans les deux Waziristan[58].

À l'aube de l'année 2006, les Talibans ont aussi redéfini leur tactique à la suite des contacts avec les djihadistes irakiens[58]. La technique des attentats suicides va ainsi faire son apparition alors qu'elle demeurait encore limitée . En effet, inconnus pendant première guerre d'Afghanistan des années 1980, leur nombre est désormais en forte augmentation (25 en 2005 et 136 en 2006)[68]). D'autres tactiques irakiennes comme la prise d'otages et le recours accrus aux attaques à la bombe vont aussi être adoptées. Enfin, l'affrontement direct avec les troupes de la Coalition disposant d'une puissance de feu très supérieure, sera progressivement délaissé pendant l'année. De plus, lorsque l'aviation intervient, les combattants talibans se replient vers des zones sûres[58].

Offensive et redressement des néo-talibans

Sur le terrain, l'offensive des Talibans est placée sous l'autorité du commandant Haqqani qui dispose de contacts auprès des principales ethnies du pays[58]. L'offensive est donc un net succès pour les Talibans qui parviennent à reprendre pied dans le sud et l'est du pays[58]. Le mollah Dadûllah reprend ainsi de nombreux districts dans les provinces du sud (Kandahar, Helmand, Zabul et Ouruzgan) et Haqqani reprend divers territoires dans celles de Paktia et de Nangarhar[58]. Peu avant l'hiver, ils investissent aussi les districts de Musa Qala (dont ils s'emparent), de Sangin et de Panjwaye[58].

La Coalition lance de nombreuses contre-offensives et opérations anti-talibanes tout au long de l'année 2006. L'« opération Mountain Thrust » est lancée avec 11 000 hommes du 15 mai au 31 juillet 2006 dans les provinces du sud et du sud-est (Kandahar, d'Helmand, de Paktika, de Zabul et d'Uruzgan) contre l'offensive talêb. Malgré le succès tactique remporté par la Coalition lors de cette opération, les Talibans y demeurent solidement implantés. Fin juin (opération Kaika) ils repoussent même une unité américano-afghane chargée d'installer une base avancée près de Kandahar. Le 27 juin, ils commencent le siège de Sangin même s'ils se révèlent incapable de reprendre la ville à la garnison britannique qui s'y est installée malgré de nombreux assauts. La Coalition obtient quelques succès autour de Panjwaye où les Canadiens affrontent un groupe de Talibans dans un choc direct et leur infligent de lourdes pertes (opération Médusa) au cours d'une longue série de batailles de juillet 2006 à janvier 2007. Ces attaques canadiennes leur permettent de réduire l'activité des Talibans autour de Panjwaye et marquent le principal succès de la Coalition en 2006. En revanche, les autres opérations anti-talibans (l'opération Mountain Fury notamment du 16 septembre 2006 au 15 janvier 2007) n'apportent guère de résultats probants.

Sur les dix premiers mois de 2006, les combats ont ainsi fait plus de 3 000 morts[69].

2007-2009 : Extension de la guérilla

Situation durant l'année 2008 au niveau sécuritaire et de la production d'opium.

De 2007 à 2009, la guérilla anti-gouvernementale augmente et améliore ses capacités militaires et financières. Cela lui permet de remporter une série de succès dans tout le pays. De leur côté, la Coalition et le gouvernement central éprouvent des difficultés croissantes sans parvenir à enrayer les progrès de la guérilla. Enfin, le gouvernement d'Hamid commence à connaître une sérieuse crise de légitimité qui favorise les Talibans.

Augmentation et amélioration des capacités de la guérilla

Après la retour en force de la guérilla opéré en 2006, les Taliban asseoient leurs positions dans le pays en renforçant leurs capacités politique, financière et militaire. Le premier de ces domaines voient ainsi le mouvement talêb réviser certaines de ses positions tenues aux temps de leur pouvoir à Kaboul. Ainsi, de nombreuses restrictions concernant la vie quotidienne ont été levées ou supprimées comme le port obligatoire de la barbe ou l'interdiction de la musique et du cinéma[70]. Le cinéma et la musique, longtemps considérés comme idolâtres, sont même désormais très largement utilisés par tout le mouvement, notamment dans ses films de propagande ou d'instruction[70]. Plus important, les talibans ont aussi reconsidéré leur position concernant la culture du pavot dont ils sont devenus défenseurs[70]. Ils protègent aussi désormais la vie rurale[70].

La culture du pavot est en effet devenue une source importante de financement pour la guérilla tout en causant le discrédit des autorités via la corruption dont elle est la cause[71]. 8 200 tonnes soit 93 % de la production 2008 d'opium est issu d'Afghanistan[72],[73] et les Taliban auraient tirés 85 millions de dollars de ce trafic en 2005 et 125 millions en 2009[74]. De plus, les paysans cultivant le pavot ont considérablement amélioré leurs techniques d'extraction de l'opium[75]. La baisse de la surface cultivée qui est passée de 193 000 hectares en 2007 à 123 000 en 2009[73] est donc à relativiser. De plus, des stocks équivalents à près de deux années de production existeraient dans le pays[76].

Un bilan annoncé par le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur fait état, pour 2009, d'un total de 4 171 attaques des insurgés dont 225 attentats-suicides et 1 825 bombes et EEI ainsi que la mort de 4 600 militants et l'arrestation de 2 958 suspects[77].

Les tactiques militaires des Taliban se sont aussi améliorées. L'utilisation des engins explosifs improvisés est ainsi devenue plus efficace. Ces appareils tuent ainsi en 2009 près de 275 soldats de la Coalition, soit 60 % des militaires morts dans l'année et davantage que le nombre total de tués en 2008[78].

Offensives de la guérilla

Solidement installés dans le sud et l'est du pays après leur offensive de 2006, les Taliban et leurs alliés poursuivent leur infiltration du pays. Leurs buts sont de démontrer l'inefficacité du gouvernement central d'Hamid Karzaï, pour s'y substituer, et de couper le ravitaillement de l'OTAN qui passe par le Pakistan.

Ainsi, les armées occidentales doivent faire face à des attaques bien organisées et elles ne sont plus à l'abri de revers. Le 13 juin 2008, la guérilla force la prison de Sarposa et libère près de 1 200 détenus dont 400 liés aux Talibans. De plus, ils infligent des difficultés voire des revers aux armées américaine (bataille de Wanat le 13 juillet 2008) et française (embuscade de Surobi le 18 août 2008) pendant l'été 2008. Les policiers et l'armée afghanes sont aussi durement éprouvés par les attaques de la guérilla et fortement infiltrés. Puis vers la fin 2009, une série d'attaques dans la province du Nouristan qui culminent le 3 octobre lors de la bataille de Kamdesh obligent même le général McChrystal à prescrire l'abandon des principales bases de la province (sauf celle de la capitale Parun) les jugeant difficilement défendables pendant l'hiver faute de soutien d'artillerie[79]. C'est la première fois depuis 2001 que les Talibans peuvent exercer un tel contrôle sur une province[79].

Ces échecs de la Coalition dans les différents domaines majeurs en Afghanistan (sécurité, reconstruction, etc.) commencent à fortement affaiblir sa position. Le gouvernement Karzaï est désormais parfois ironiquement nommé "maire de Kaboul" par la population voire par des officiels[70]. Le général Mc Chrystal, qui a pris le commandement du théâtre afghan récemment, avoue lui aussi en 2009 l'incompétence et la corruption du gouvernement central qui a réussi à rendre les afghans « nostalgique(s) de la sécurité et de la justice du régime taliban »[80]. Le mouvement talêb profite donc largement de ce basculement de la population, et est en pleine reconstruction dans les zones reconquises par la guérilla où il tend de plus en plus, au moins dans le sud et l'est du pays, à s'y substituer[70].

Les problèmes de ravitaillement de l'Alliance Atlantique s'ajoutent à cette crise de légitimité des autorités centrales afghanes. 80 % du matériel nécessaire aux troupes déployées en Afghanistan transite alors par la passe de Kyber et la province de Nangarhar[81]. De nombreuses attaques contre ces convois, y compris sur le territoire pakistanais, obligent l'O.T.A.N. à essayer de faire transiter une partie de ses approvisionnements par le nord et la Russie[81]. Cependant, cette nouvelle voie est aussi soumise à des attaques de la guérilla qui s'est considérablement développé dans le nord du pays.

Contre-offensives de l'OTAN

Pour contrer les avancées des Taliban et de leurs alliés, la Coalition dirigée par les États-Unis lancent de nombreuses opérations. Celles-ci ont pour vocation de reprendre une partie du territoire contrôlée par la guérilla, de favoriser la reconstruction du pays ou de lutter contre la culture du pavot. Elles n'apportent qu'assez peu de résultats et renforcent la crise de légitimité du gouvernement Karzaï.

En 2007, la ville de Musa Qala, plus importante localité alors contrôlée par la guérilla, est ainsi facilement reprise (7-12 décembre) après une offensive préparatoire dans la haute vallée de Gereshk du 24 au 27 juillet 2007 (opération Hammer). Le siège de Sangin est aussi rompu par une offensive coalisée le 5 avril 2007. L'année 2009 voit de nombreuses offensives être lancées contre le front sud principalement dans la province d'Helmand. Ce sont les opérations Panther's Claw (17 juin-20 août 2009) et Strike of the sword (depuis le 2 juillet 2009). Malgré des progrès encourageants en matière de réduction de la surface des champs de pavots, elles aboutissent à de faibles résultats militaires et suscitent une importante controverse en Grande-Bretagne devant les pertes sévères de la Coalition. Ces échecs contre la guérilla s'inscrivent également dans la forte augmentation des effectifs de la F.I.A.S. qui passent de 19 000 à la mi-2006 à plus de 60 000 hommes en 2009 sans pour autant être en mesure de réduire les activités des Talibans et de leurs alliés[23]. De plus, la Coalition n'arrive à apporter une sécurité, très relative, que dans quelques zones très réduites situées autour de Kaboul[25]. Une des décisions symbolisant le mieux la dégradation de la sécurité, même dans les enclaves fortement occupées par la F.I.A.S. est prise le 5 novembre 2009. L'O.N.U. annonçant qu'elle réduit de moitié ses personnels étrangers présents en Afghanistan pour se contenter du strict nécessaire[82]. Les combats ont aussi un coût important pour le pays avec près de 4 000 morts pour l'année 2008[83].

La reconstruction du pays éprouve aussi des difficultés dans la mesure où l'acheminement de pièces lourdes (par exemple, pour le barrage de Kajakai) nécessitent des opérations militaires lourdes et difficiles (par exemple, l'opération Eagle's Summit du 27 juillet au 5 septembre 2008).

Corruption et crise des autorités du pays

La corruption se développe dans des proportions alarmantes estimées entre 260 et 465 millions de dollars pour la seule année 2007[84] (sur un P.I.B. de 7,5 milliards de dollars). Cette corruption touche tous les fonctionnaires de l'état jusqu'au président Karzaï lui-même[85]. La reconstruction du pays est aussi minée par certains comportements et dérives des soldats de la Coalition. En mai 2008, l'armée américaine a été contrainte de confisquer et de faire brûler des bibles dans la base de Bagram. L'année suivante, Al Jazeera révéla en effet que l'aumônier militaire en chef, le lieutenant-colonel Gary Hensley, avait alors prôné la conversion de la population et distribuait des bibles en dari et pashtoune envoyées par une église américaine[86],[87],[88],[89]. Cet épisode fut vertement critiqué dans un rapport parlementaire français (2009), qui y voyait là un comportement accréditant le discours de « guerre des civilisations »[90].

Enfin, la Coalition cherche à mettre en place une véritable armée afghane capable de tenir le terrain contre la guérilla talêb. Elle éprouve de fortes difficultés bien que désormais de larges contingents afghans participent à toutes les opérations anti-talibans. Par exemple, des cessez-le-feu officieux ont été conclus pour l'hiver 2009-2010 entre les Taliban et l'armée afghane dans les provinces du Nouristan et de Kunar[91].

Élections présidentielles de 2009

La préparation des élections présidentielles de 2009 a nécessité plusieurs opérations militaires coalisées pour sécuriser des bureaux de vote (bataille de Dahaneh du 12 au 15 août 2009) et le scrutin s'est déroulé sans incidents majeurs. Les résultats sont très contestés et une fraude portant sur 1,5 million de bulletins est reconnue par les observateurs de l'Union Européenne[92]. Hamid Karzaï, à qui profiterait la fraude, arrive ainsi en tête avec 54,6 % des suffrages exprimés contre 27,7 % pour Abdullah Abdullah[92]. Ces fraudes affaiblissent fortement le pouvoir afghan auprès de l'opinion internationale.

Vers la mi-octobre, une enquête menée par les autorités officielles revoit à la baisse le résultat d'Hamid Karzaï et aboutit à l'annonce d'un second tour[93]. Ce second tour n'aura finalement pas lieu à la suite du retrait d'Abdullah Abdullah. Il n'a en effet pas obtenu les garanties qu'il exigeait sur la tenue du scrutin. Hamid Karzaï est donc réélu mais sa légitimité a encore été amoindrie[80]. Son adversaire clame d'ailleurs que cette réélection est illégale[94].

2009 : Annonce d'une nouvelle stratégie américaine

Remise en cause de la stratégie de l'administration Bush

En décembre 2008, alors que le mandat de Georges W. Bush s'achève, deux raids américains provoquent de vives tensions entre les officiels de Washington et le gouvernement central d'Hamid Karzai[95]. Le premier, dans la province de Khost, tue et blesse plusieurs civils dont des enfants[95]. Le second a causé la mort accidentelle de six officiers de police afghans et d'un civil, dans la province de Zabol, au sud du pays[95]. De plus, il apparaît que certains bilans fournis par les officiers américains lors de frappes meurtrières de l'année 2008 sont faux concernant les pertes de la population[95].

Militairement, la Coalition rencontre aussi des difficultés croissantes au niveau militaire tout au long de l'année (pertes en large augmentation, retraite de la province du Nouristan, etc.). Les conséquences sur les opinions publiques des pays de l'OTAN sont très négatives, notamment en Europe[96]. Plus grave pour les forces américaines, le soutien à la guerre diminue aussi aux États-Unis[96]. Fin décembre 2009, l'attentat-suicide de la base de Chapman inflige de lourdes pertes à la CIA.

Formulation de la stratégie de Barack Obama et du général Mc Chrystal

L'arrivée au pouvoir de Barack Obama le 20 janvier 2009 entraîne donc une première inflexion de la stratégie américaine. En février 2009, une pause de deux semaines est ordonnée pour toutes les opérations spéciales[97], à l'exception de celles visant les plus hauts responsables talibans et d'Al-Qaida[95]. Lors d'un discours, le 27 mars 2009, le président des États-Unis Barack Obama dévoile sa stratégie pour les théâtres afghan et pakistanais. Néanmoins, les problèmes se multiplient pour la Coalition tout au long de l'année 2009. En mai, la frappe sanglante de Bala Buluk, qui coûte la vie à une centaine de personnes, a raison du général David McKiernan qui est remplacé par le général Stanley McChrystal[98]. Ce dernier, ancien dirigeant des forces spéciales et jusque là commandant du Joint Special Operations Command, reçoit aussi l'aide d'un adjoint en la personne du général David Rodriguez[98]. C'est la première fois depuis le limogeage de Douglas MacArthur en 1951 qu'un général en charge d'un théâtre d'opérations est remplacé[98]. Le général Mc Chrystal reconnaît dès sa prise de fonction que la Coalition est en difficulté. Il brosse notamment un tableau très sombre du gouvernement central. La nouvelle stratégie du général Mc Chrystal comprend donc de nombreux points dont[99]:

  • Gagner le soutien de la population.
  • Diriger les ressources vers les secteurs menacés par la guérilla et les secteurs où vivent de larges parts de la population.
  • Améliorer la compréhension de la population par les responsables de la FIAS.
  • Soutenir l'économie du pays.
  • Améliorer les capacités de lutte anti-guérilla de la FIAS : améliorer le commandement des unités, les concentrer sur la protection du peuple afghan et établir des relations avec celui-ci, augmenter le nombre de soldats présents en Afghanistan.
  • Améliorer les capacités de l'armée et de la police afghane et en augmenter les effectifs (jusqu'à 240 000 pour l'armée et 160 000 pour la police). Améliorer la collaboration entre l'armée nationale afghane et les forces de la Coalition.
  • Améliorer la gouvernance du pays et lutter contre la corruption.
  • Soutenir la bonne gouvernance dans les institutions afghanes, y compris en collaborant avec les organismes internationaux.
  • Soutenir les dirigeants locaux, notamment dans le monde rural.
  • Réformer le système judiciaire et rétablir la sécurité.
  • Réformer le système carcéral afghan pour y faire détenir les prisonniers taliban.
  • Reprendre l'initiative dans les régions menacées par la guérilla.
  • Contrer les efforts des Taliban et de leurs alliés dans l'instauration de leur propre structure administrative. Les empêcher d'obtenir des financements (lutte contre les réseaux criminels et la corruption gouvernementale qui les autorise, lutte contre le trafic de drogue, etc.).
  • Profiter des divergences entre les différents mouvements de la guérilla.
  • Permettre la réconciliation avec la guérilla et la réintégration dans la société de ses éléments.

Doutes de certains pays et difficultés à envoyer des renforts

Les demandes en hommes et en ressources du nouveau général suscitent cependant de profondes interrogations au sein du gouvernement américain. Le vice-président Joe Biden étant par exemple partisan de l'option « Pakistan First », qui concentrerait l'intervention américaine sur les territoires tribaux du Pakistan. Cependant, le gouvernement pakistanais est contre ce projet[100]. De plus, ces dépenses supplémentaires interviennent alors que Barack Obama est affaibli par les difficultés à faire passer son projet de loi de sécurité sociale. Certains alliés de l'OTAN doivent aussi affronter une opinion publique très défavorable à la guerre[101]. C'est le cas en particulier de l'Allemagne dont l'offensive lancée dans la province de Kunduz en septembre 2009 a entraîné un bombardement meurtrier pour les civils[101]. Le secrétaire d’État à la défense Peter Wichert et le chef d’état-major Wolfgang Schneiderhan, qui ont tenté de cacher l'étendue des pertes civiles et la responsabilité des soldats allemands, ont d'ailleurs été contraints de démissionner[101].

Washington décide néanmoins, début décembre, d'engager de nouveaux renforts en Afghanistan. Il annonce l'envoi de 30 000 hommes supplémentaires et une date de retrait à partir de l'été 2011[102]. Le reste de l'OTAN promet de fournir 5 000 autres soldats[102]. Cependant, des pays clés (France, Allemagne, Danemark) refusent pour l'instant de participer à la formation de ce nouveau contingent qui devrait comprendre des soldats britanniques, italiens, slovaques et polonais[96]. Des soldats géorgiens sont aussi annoncés[96].

La nouvelle stratégie d'Islamabad

Année 2010 : Tentative de reprise en main par l'administration Obama

Comme au cours des deux dernières années, l'hiver 2009-2010 ne voit pas d'interruption des activités des Taliban contre les forces de la Coalition et du gouvernement central. Le 31 décembre 2009, plusieurs agents de la CIA sont ainsi tués par un agent double au service d'Al-Qaïda sur une base de Khost. De plus, le 18 janvier 2010, la guérilla est en mesure de lancer un important raid au centre de la capitale afghane. Ce raid, bien que repoussé, montre la dégradation du pouvoir du gouvernement central d'Hamid Karzaï dont le palais est partiellement incendié pendant les affrontements[103],[104],[105]. Enfin, les mois de janvier et février 2010 montre une importante augmentation du nombre de soldats coalisés tués, notamment par des bombes placées le long des axes routiers[106].

Pour contrer cette nette dégradation de leur situation, les américains tentent de mettre en place la nouvelle stratégie définie par l'administration Obama en 2009. Celle-ci mêle efforts politique et militaire. Ainsi, le 2 janvier 2010, le Parlement afghan refuse l'investiture de 17 des 24 membres du nouveau gouvernement Karzaï[107]. De nombreux seigneurs de guerre, dont Ismail Khan, ministre de l'Energie et seigneur de guerre de l'est du pays, le général Khodaidad, ministre chargé de la lutte contre le narco-trafic, Sayed Mohammad Amin Fatimi, ministre de la Santé, Mohammad Sarwar Danish, ministre de la Justice, Wahidullah Shahrani, ministre du Commerce et Amir Zai Sangeen, ministre des Télécommunications figurent parmi les candidats rejetés[107]. Des négociations avec les Taliban commencent aussi à être évoquées lors de la conférence de Londres qui se tient à la fin janvier 2010[108]. Cette conférence met aussi de nouveau l'accent sur la lutte anti-corruption qui ne progresse toujours pas[108].

Parallèlement à ces opérations diplomatiques, l'administration Obama envisage d'attaquer les principales positions des Taliban, notamment dans le sud du pays. À la mi-février, l'objectif principal est la région de Marjah dans la province d'Helmand : c'est l'opération Mushtarak[109]. Enfin, un net accent est mis sur les drones puisque l'aviation américaine prévoit en 2010 de former plus d'opérateurs sur ce genre d'appareils que de pilotes de chasse[110]. Ces attaques américaines sur le territoire pakistanais sont la marque d'une nouvelle inflexion d'Islamabad dont la police arrête en février plusieurs importants dirigeants taliban afghans jadis proches de ses services de renseignement (Abdul Kabeer, le mollah Abdul Salam, gouverneur talêb de Kunduz et Mir Muhammad, également gouverneur talêb dans le nord) et le mollah Beradar, commandant suprême des Taliban en Afghanistan, lui aussi surveillé depuis longtemps[91]. Le 26 février 2010, les talibans revendiquent une attaque sur Kaboul, tuant 17 personnes dont un Français et un Italien. Durant le second semestre 2010, l'ISAF estime que l'initiative opérationenelles des forces coalisé à permit de reprendre la main sur les insurgés et que ceux ces derniers sont en positions statiques. On fait état, pour les mois de juillet, août et septembre, d'un ensemble de 2 877 raids qui se seraient soldés par la capture ou la mort de 269 responsables taliban, la mise hors de combat de 860 insurgés et la capture de 2 039 autres; 700 missions aériennes impliquant une ouverture du feu ont été menées par les appareils de l'ISAF en septembre 2010 contre 257 en septembre 2009[111].

Depuis au moins 2008, des négociations discrètes ont lieu entre certains responsables Taliban, le gouvernement de Kaboul et la coalition[112]; Le président Karzaï a proposé des négociations en 2010 avec les taliban dans le cadre d'un processus de réconciliation global, mais ceux sont refusé par le mollah Omar et le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a estimé qu'il n'y avait pas d'autre choix que de poursuivre les opérations militaires afin de pousser les taliban à engager des négociations[113].

En juin 2010, le porte-parole du Pentagone déclaré que les insurgés talibans « contrôlaient en partie le sud, le centre et le nord du pays »[114]. Le 17 juillet 2010, les États-Unis étaient prêts à négocier avec les talibans[115], un cadre de la Maison Blanche déclarant « la solution militaire n'existe plus », cité par The Guardian, " [115]. WikiLeaks procède à la publication controversée de 92 000 documents militaire[116].

Lors du Sommet de l'OTAN qui s'est tenu à Lisbonne du 19 novembre au 20 novembre 2010, les États membres ont déclaré qu'elle entamerait le transfert de la sécurité aux forces afghanes à partir de 2011. L’objectif est de parvenir à un retrait de la plupart des soldats de la force internationale d’ici la fin 2014[117].

Aide à la stabilisation et à la reconstruction

Culture du pavot en hectares de 1994 à 2007 (tableau fondé sur des chiffres de l'ONU) En janvier 2008, on estimait que l'Afghanistan produisait 93 % de l'offre mondiale de pavot à opium[118].

La coalition en Afghanistan a fait de nombreuses annonces visant à donner toutes les chances pour reconstruire le pays. Ces annonces sont notamment destinées à fournir :

  • une aide économique importante (l'Union européenne étant le 2e bailleur de fonds de l'Afghanistan et du Pakistan[90]) ;
  • une présence militaire et policière visant à protéger la population et à démanteler les groupes terroristes (la Force internationale d'assistance et de sécurité sous commandement de l'OTAN plus l'opération Enduring Freedom toujours en cours, soit 45 000 hommes au total, dont 20 000 soldats américains ;
  • une formation pour créer une police et une armée nationale afghane qui seront finalement chargées de maintenir la sécurité du pays.

Mais une partie de ces déclarations n'ont jamais été entièrement remplies. La communauté internationale a fait de nombreuses promesses sans les tenir complètement et la corruption locale a détourné une importante partie des milliards de dollars données par de nombreux pays. Plus de 2 000 cas de choléra étaient recensés à Kaboul, en juin 2005[119]. La population de la capitale a doublé ou triplé depuis 2002[120].

En avril 2009, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) a reconnu qu'une partie du financement (dont 25,6 millions de dollars provenant de l'USAID) avait été détourné localement, bien que selon le porte-parole du PNUD Stéphane Dujarric, la plupart des projets aient été achevés[121]. Parmi les projets non achevés, une piste d'atterrissage à Qalat (où se trouve une unité américaine du Provincial Reconstruction Team (en)), qui a déjà coûté 749 000 dollars, et un pont sur le Tarnak, qui a dû être reconstruit par d'autres contractants[121].

De plus, la culture du pavot s'est étendue, avec l'aide des seigneurs de la guerre, qui morcellent le pays en différents fiefs, et parfois la protection de membres du gouvernement[122] (dont peut-être le frère même du président, Ahmed Wali Karzai (en), accusé fin octobre 2008 de s'enrichir grâce au trafic de drogue[123]). Ceci n'a pas empêché Hamid Karzai d'obtenir un léger avantage sur son rival Abdullah Abdullah, ex-ministre des Affaires étrangères d'origine mixte pashtoune et tadjik, lors de l'élection présidentielle du 20 août 2009 et d'être réélu.

Les critiques de la politique menée dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » jugent que la « pacification » de l'Afghanistan, c'est-à-dire la victoire contre les forces insurrectionnelles talibanes, n'est pas complète.

Les relations ambiguës entre l'aide humanitaire et la coalition militaire

L'instrumentalisation de l'aide humanitaire par la coalition militaire a fait l'objet de critiques, notamment de la part de Médecins sans frontières[124]. L'anthropologue Karine Gatelier remarquait ainsi que les « EPR (équipes provinciales de reconstruction (en)) se substituent aux ONG en identifiant les besoins des populations locales et en leur déléguant a posteriori certaines réalisations »[125].

Les associations et les différentes ONG se retrouvent du fait de cette instrumentalisation sous les feux des critiques et certaines sont attaquées par des Talibans, sous prétexte qu'elles sont au service des États-Unis. Médecins sans frontières, présent en Afghanistan depuis 1980, met ainsi fin à sa mission en juin 2004, à la suite du décès de cinq de ses employés, tués par les Talibans l'accusant de travailler pour Washington[126],[127]. Le second communiqué du mollah Abdul Hakim Latifi (en), ayant revendiqué l'attaque contre MSF, affirmait ainsi : « D'autres organisations comme Médecins Sans Frontières travaillent également dans l'intérêt des américains, ils sont des cibles pour nous »[124]. MSF rejeta cette accusation, rappelant la séparation entre l'aide humanitaire et le politique qui est à l'origine de son action[128], et dénonça « l'instrumentalisation de l'humanitaire par les militaires » et le « chantage à l'aide » qui « établit une distinction inique entre supposées « bonnes victimes » (celles qui collaborent) et « mauvaises victimes » »[124]. L'ONG dénonçait alors ce chantage, rendant la situation périlleuse pour les volontaires, rappelant que « plus de 30 travailleurs humanitaires afghans ont déjà été tués au cours des derniers mois [2003-2004], ainsi que plusieurs étrangers travaillant pour la Croix-Rouge, les Nations unies et, le 2 juin dernier, MSF. L'hostilité est grandissante, l'espace humanitaire ne cesse de se réduire »[124].

Par ailleurs, et ce depuis l'invasion soviétique et la guerre civile, les ONG sont confrontés à des essais de captation de l'aide par les différents seigneurs de la guerre, qui l'utilise afin d'augmenter leur légitimité sur le terrain[129].

Un sondage du 15/03/2011 montre que 64% de la population américaine pensent que cette guerre n'en valait pas la peine (il convient de rappeler que les pertes officielles américaines s'élèvent à 1.579 au 17 mai 2011. On se souvient que l'opinion américaine a cessé de soutenir la guerre en Irak lorsque les pertes officielles ont dépassé les 3.000 morts (le 04/01/07).

Bilan global de la stratégie occidentale

Dans une étude publiée à l'été 2011[130] , Jean-Pierre Steinhofer décrit la Coalition comme "une addition de forces militaires à la poursuite de succès tactiques plus ou moins durables, sans stratégie claire". Il explique cette situation par 3 raisons:

  • L'OTAN n'a pas désigné son ennemi ("L'ennemi est le terrorisme. Cette désignation est inepte. Car le terrorisme n'est pas un ennemi: c'est une méthode de combat.").
  • L'OTAN n'a pas d'objectif stratégique (l'OTAN hésite entre l'objectif "colonial"[développement] et l'objectif sécuritaire [faire la guerre en Afghanistan pour ne pas la faire en Europe ou aux USA]).
  • Par conséquent, l'OTAN n'a pu définir de stratégie [application simultanée de la stratégie de contre terrorisme et de contre insurrection, ce qui se traduit par des contradictions.].


Rôle de la production et du trafic d'opium dans la guerre

Foreign-Deployed Advisory and Support Team (FAST) de la Drug Enforcement Administration détruisant 262 tonnes de haschisch le 9 juin 2008 lors de l'operation Albatross en Afghanistan.
Article détaillé : Narco-économie en Afghanistan.

La production afghane d'opium, qui représente, en 2008, 93 % de la production mondiale[72] a été en augmentation constante jusqu'en 2007, et tend à diminuer quelque peu depuis. L'argent du trafic finance aussi bien des responsables du gouvernement afghan que les insurgés et les Taliban[71].

À la fin 2009, un rapport de l'UNODC annonce ainsi que le trafic des opiacés génère 3,4 milliards de dollars de revenus en Afghanistan[74]. Les Taliban tirent des revenus importants de ce trafic, estimés à 85 millions de dollars en 2005 et 125 millions en 2009[74]. Cela constitue cependant une faible part revenus du commerce de l'opium. Les paysans afghans obtiennent entre 600 et 700 millions de dollars[74]. Le reste de ces revenus est capté par les officiels du gouvernement, la police et les autorités locales et régionales contribuant à alimenter la très forte corruption du pays[74] qui se trouve dans l'indice de perception de la corruption à l'avant dernier-rang[131]. Ce climat est renforcé par le relative impunité dont jouissent les principaux trafiquants comme le montre l'exemple d'Ahmed Wali Karzai, frère du président Hamid Karzaï[74] bien que, entre autres, la Drug Enforcement Administration et d'autres services luttent contre ce trafic[132] parviennent à arrêter et extrader plusieurs trafiquants[133] .

Exactions et crimes de guerre

Campagne de 2001

Article connexe : massacre de Dasht-i Leili.

Les troupes du général Dostom, qui bénéficiait de fonds de la CIA[134], ont été accusées de crimes de guerre, commis à la suite du reddition des talibans à Koundouz, en novembre 2001, négociée en présence des troupes américaines. Une partie des prisonniers, dont l'américain John Walker Lindh (en), fut emprisonné dans le fort de Qala-i-Jangi, près de Mazaar-et-Shariff, où ils se mutinèrent fin novembre 2001 - la plupart d'entre eux furent alors tués, tandis que l'agent de la CIA Johnny Micheal Spann (en) devenait le premier mort américain du conflit. Les 7 500 prisonniers restants furent transférés, enfermés dans des conteneurs, à la prison de Chébergân (en) (dans le Djôzdjân), sous les ordres du général Dostom. Des milliers de talibans sont morts au cours de ce transfert, Dostom les ayant laissé délibérément asphyxié et mourir de soif[135]: plus de 2 000 selon un document du gouvernement américain obtenu par Physicians for Human Rights (en)[136] et de 3 à 5 000 selon le réalisateur Jamie Doran (en)[137], qui a co-filmé avec le journaliste afghan Najibullah Quraishi le documentaire Afghan Massacre: The Convoy of Death (en) (« Massacre afghan: le convoi de la mort », 2002). L'administration Bush a été accusé de vouloir clore l'affaire, pour ne pas déranger ses alliés afghans et pour préserver certains de ses membres soupçonnés d'avoir été les témoins directs des évènements[136],[138]. Citant des témoins, le documentaire affirmait que des militaires américains avaient participé à des exécutions directes des prisonniers. Les Tipton Three (en), détenus à Guantanamo et libérés en 2004, ont à plusieurs reprises parlé de ce massacre[137].

Depuis 2001

Les deux camps se livrent à de nombreuses violations du droit international. D'un côté, la stratégie talêb, qui consiste à chasser physiquement l'administration du pays pour s'y substituer et saper toute légitimité au gouvernement Karzaï, entraîne de nombreux assassinats de fonctionnaires (policiers notamment). De nombreux autres actes qui font partie intégrante de leur tactique, comme la prise d'otages, constituent aussi de graves violations.

De l'autre côté, la Coalition, et les États-Unis en particulier, font l'objet de nombreux rapports de la part des organisations de défense des droits de l'Homme. L'utilisation excessive de la force, les arrestations arbitraires ou non justifiées, les centres de détention clandestins, les mauvais traitements voire la torture ou la mort en détention ont ainsi été largement relevés en Afghanistan[139],[140]. Par exemple, en mars 2011, cinq soldats américains ont été jugés et condamnés dans le cadre du scandale du Kill Team ou « Commando de la mort », pour des crimes commis sur des afghans[141].

De plus, la Coalition est l'auteur tous les ans de frappes aériennes meurtrières pour les civils afghans. Selon Human Rights Watch, les victimes civiles d'erreurs de frappe ont triplé entre 2006 et 2007 (321 personnes tuées dans des bombardements en 2007 contre 116 en 2006 - 929 victimes civiles ayant été comptées, au total, en 2006, et 1 633 en 2007[142]). Le nombre de tonnes de bombes larguées par les avions de la coalition a quant à lui doublé de 2006 à 2007[143].

Après la bataille de Chora, qui fait une soixantaine de pertes civiles en juin 2007[144], le bombardement d'Azizabad du 22 août 2008 (90 morts civils, dont 60 enfants[145]) a notamment conduit le président Hamid Karzaï à demander une renégociation des termes de la présence des troupes étrangères[142],[143], ce qui a pour conséquence de tendre les relations entre son gouvernement et les forces occidentales[146]. Une nouvelle bavure a eu lieu le 4 mai 2009, lors d'un bombardement américain dans le district de Bala Buluk qui tue plus de 100 personnes, insurgés et civils (dont des femmes et des enfants), à l'ouest du pays, ce qui en ferait le bombardement le plus meurtrier pour les civils depuis le début de l'offensive en 2001[147].

« Le coût supporté par la France est estimé à 500 millions d'euros par an sans compter les pertes humaines et les matériels détruits » selon le ministre français de la Défense[148].

Le Haut conseil de paix créé en 2010, vise à établir des discussions avec les talibans.

Bilan humain

Bilan des pertes humaines entre 2005 et 2009 selon les documents publiés par Wikileaks.

Victimes civiles

À la fin août 2009, le nombre de victimes civiles est estimé à au moins 9 500 tués[149]. Les estimations des Nations Unies font état de plus de 2 400 civils tués en 2009, dont au moins 1 400 par les Taliban et 465 par la Coalition[150] tandis que le ministère de l'Intérieur Afghan fait état de 2 100 tués et 3 700 blessés.

Très peu de chiffres concernant le nombres global de civils Afghans tués depuis 2001. Selon l'étude du professeur Marc Herold [50] parue dans le Guardian plus de 4000 civils ont été tués dans les trois premiers mois de la guerre. [51] Après dix ans de guerre il est très difficile de savoir combien de civils ont été tués dans ce conflit.

En 2009, les engins explosifs improvisés ont tué 1 054 civils afghans[151].

L'exil et les réfugiés afghans

Article détaillé : Réfugiés afghans.

Les réfugiés afghans forment en 2009 le deuxième groupe national le plus important de réfugiés après les Pakistanais[152]. Le nombre de réfugiés afghans immigrant dans les pays industrialisés a baissé de 80 % entre 2001 et 2004, passant de 54 000 en 2001, à moins de 9 000 en 2004[152].

Outre les décès, les guerres ont depuis 1979 provoqué l'exil de millions d'afghans (nonobstant les déplacés internes), parfois pris en charge par le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), et parfois cantonnés dans une situation d'illégalité. Ainsi, dans les années 1990, plus de 6 millions d'afghans s'étaient exilés, principalement vers l'Iran et le Pakistan. Début 2001, 2,5 millions d'entre eux se trouvait dans ces deux pays, répartis dans plusieurs centaines de camps de réfugiés, dont certains construits en dur[153]. Mais plus d'un millions d'afghans s'exilent après les attentats de septembre et le début de la guerre, la sécheresse s'ajoutant à ces causes : si fin novembre, certains réfugiés commencent à rentrer, le nombre total de réfugiés s'élève toutefois à 3,6 millions fin 2001 et 3,7 millions en 2002 selon le HCR[154]. 2 millions d'afghans avaient pourtant regagné le pays en 2002, représentant le plus grand rapatriement de réfugiés depuis les années 1970[155], mais ces retours ne semblent que compenser partiellement les départs dus à la sécheresse et aux persécutions[154].

Aujourd'hui, les réfugiés afghans sont dans leur ultra-majorité répartis en Asie centrale : 1,9 million sont au Pakistan[156], 935 000 en Iran (en juin 2009[157] ; contre environ deux millions en 2000[158]), d'autres sont en Turquie, etc. En septembre 2008, 250 000 d'entre eux avaient regagné l'Afghanistan, parfois avec l'aide financière du HCR, retours « motivés, selon le HCR, du moins en partie par l’augmentation du coût de la vie dans les pays d’asile. »[156]

12 600 demandes d'asile ont été faites par des afghans, en 2008, dans des États de l'UE (soit 5 % des demandes totales), avec des taux de réussite variant entre 3 % (Lettonie) et 20 % (Danemark) selon les États[159].

En juillet 2005, à la suite d'une réunion à Evian des ministres de l'Intérieur du G5 (Allemagne, Espagne, France, représentée par Nicolas Sarkozy, Italie, Royaume-Uni), un charter a expulsé vers l'Afghanistan 40 déboutés du droit d'asile, mesure qui avait fortement été critiquée par un certain nombre d'associations (Gisti, Anafé, LDH, MRAP, ATMF[119], Amnesty International, Cimade[160],[119]), de partis politiques (PCF, Verts, LCR[160]) ainsi que par le commissaire européen aux droits de l'homme, Alvaro Gil-Robles, qui écrivait dans un rapport « sur le respect effectif des droits de l'homme en France » : « Une telle mesure avait pourtant été fortement critiquée par la Commission Nationale de Déontologie et de Sécurité et jugée contraire au droit français par le Conseil d'Etat »[161].

Le ministre Eric Besson ordonne en septembre 2009 la fermeture du camp improvisé de Calais, sept ans après la fermeture de Sangatte par le ministre de l'Intérieur Sarkozy, qui abritait de nombreux exilés afghans[162].

Pertes militaires de la coalition

Voici les pertes annuelles des forces armées de la coalition internationale engagée dans le pays au 17 novembre 2011 : 2 806 militaires avaient perdu la vie, toutes causes confondues (combats, accidents, etc.) sauf les cas de suicide de soldats qui ne sont pas comptés dans cette liste, dont 1 836 Américains[163] (on dénombre par ailleurs 14 837 blessés américains[164]) et 76 Français[165].

Le 17 novembre 2011, le ministère de la Défense britannique a annoncé que le nombre de soldats britanniques tués en Afghanistan était désormais de 384 (pour 5 348 blessés)[166] (contre 179 en Irak et 3 600 blessés)[167],[168].

À ces pertes, il faut ajouter celles des sociétés militaires privées. En 2007, la firme Saladin employait ainsi 2 000 hommes, soit presqu'autant que les Forces canadiennes qui contribuent à hauteur de 2 500 hommes. Dix-huit mercenaires de la firme Hangar ont été tués début juin 2009 dans la province de Farâh[169]. Au 20 novembre 2010, 594 civils américains étaient morts et environ 9 400 avaient été malades ou blessés en Afghanistan[170].

Pertes militaires de la coalition
Année États-Unis Royaume-Uni Canada[171] France Autres pays Total
2001 12 0 0 0 0 12
2002 49 3 4 0 14 70
2003 48 0 2 0 8 58
2004 52 1 1 3 3 60
2005 99 1 1 2 28 131
2006 98 39 36 6 12 191
2007 117 42 30 3 40 232
2008 155 51 32 11 46 295
2009 317 108 32 11 53 521
2010 499 103 15 16 78 711
2011 390 36 5 24 68 525
Total 1 836 384 158 76 350 2 806

Le 6 août 2011, un hélicoptère Chinook est abattu par les talibans, il transportait 30 soldats des forces spéciales américaines, 7 soldats afghans et 1 traducteur civil afghan[172].

Un récent sondage IFOP(22/08/11) montre que 76% des Français sont opposés à cette guerre, un autre sondage montre qu'outre-atlantique 56% des américains sont pour un retrait immédiat de leurs troupes. http://french.ruvr.ru/2011/06/22/52220350.html

http://lessentinelles.hautetfort.com/archive/2011/08/22/sondage-ifop-76-des-francais-opposes-a-la-guerre-en-afghanis.html

Pertes du gouvernement central

Les forces armées, police nationale afghane et armée nationale afghane, du gouvernement Karzaï sont une des cibles privilégiées des Taliban. Elles ont perdu en octobre 2009 au moins 5 500 tués depuis le début des hostilités[173]. Ces chiffres sont en constante augmentation puisque pour l'année 2009, les seules pertes de la police s'élèvent, selon le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, à 1 410 tués[77].

Pertes talibanes

En mai 2008, selon les estimations du gouvernement afghan et de la coalition, environ 20 000 combattants talibans avaient été tués et environ 1 000 faits prisonniers[174].

Pour l'année 2009, le porte-parole du ministère afghan de l'intérieur fait état de 4 600 militants tués et 2 958 suspects arrêtés.

Matériel employé

Tireurs d'élite du 2e régiment étranger d'infanterie de la Légion étrangère, équipés d'un PGM Hécate II et d'un FR-F2 en Afghanistan en 2005.

Forces de la Coalition

Le tonnage de bombes largué par l'USAF est passé de 148 tonnes en 2004 à 1 774 tonnes en 2007 et a baissé à 1 192 tonnes en 2008. Au total, entre 2001 et avril 2009, l’US Air Force a largué 12 742 tonnes de bombes sur l’Afghanistan[175].

Le Canada a dû acheter du nouveau matériel, notamment des chars de combats modernes - alors qu'il envisageait au début des années 2000 de s'en débarrasser[176], des véhicules blindés, légèrement blindés ainsi que des pièces d'artillerie plus modernes :

Les opérations au sol s'installant dans la durée et les adversaires du nouveau gouvernement afghan et des forces internationales utilisant du matériel et des tactiques renouvelés causant des pertes parmi ces derniers, les forces armées occidentales déploient du matériel du plus en plus diversifié sur le terrain.

Pays Artillerie Chars Véhicules Avions Drône Hélicoptères
Allemagne Véhicule de combat d'infanterie Marder, véhicules de transport de troupes Fuchs
Belgique F-16[177]
Canada Canon M777 155 mm Leopard C2, Leopard 2 A6M CAN (depuis 2007) VBL-III, Coyote (LAV-25), Mercedez G Wagen (soft skin), Nayla, VBP (véhicule de patrouille « Blast Resist » avec une coque en « V ») CU-161 Sperwer, IAI Heron CH-146 Griffon, CH-147 Chinook
États-Unis A-10 Thunderbolt[178], F-15E[178], F16, F18 QB-1 Predator[178] HH-60 Pave Hawks[178], AH-64 Apache
France Caesar[179] VBCI,Aravis,PVP,Bufallo, V.A.B., AMX-10 RC[180], VBL avion de transport C160[181], avion ravitailleur C135[181], Mirage 2000D (depuis 2002)[182], Rafale (2007-2009)[182], Mirage F1 CR (depuis 2009)[182], Super-Etendard (2007) Harfang, DRAC, SDTI hélicoptère de transport EC 725 Caracal[181], Gazelle[181], hélicoptère de combat Gazelle et Tigre (depuis le 26 juillet 2009)[183], hélicoptère de transport Cougar[181]
Royaume-Uni Viking BVS 10[184], Snatch 2[184], Jackal[184], Coyote[184], Spinger[184], Husky[184], Panther[184], VCI Warrior[184], Mastiff 2[184], Wolfhound[184]. Apache AH Mk1

Matériel utilisé par la Coalition en Afghanistan (liste en cours de réalisation).

Utilisation des drônes à grande échelle

La guerre d'Afghanistan débutée en 2001 est la première guerre qui voit une utilisation massive des drones et autres avions sans pilote tel le RQ-1 Predator. Cela entraîne quelques évolutions dans le commandement et la stratégie des forces de la Coalition comme la possibilité de surveiller en permanence une partie du champ de bataille à différentes échelles de distance[185].

Ils sont aussi engagés dans des opérations d'assassinats ciblés sur le territoire pakistanais où environ 80 attaques ont été menées de début 2008 à fin 2009. Plusieurs responsables talibans et d'Al Qaida, comme Baitullah Mehsud et Oussama Ben Laden, ont ainsi trouvé la mort[186].

Notes et références

  1. (en) Aunohita Mojumdar, « Outpost attack in Afghanistan shows major boost in militant strength », The Christian Science Monitor. Consulté le 2008-10-02
  2. (en) The Taliban Resurgence in Afghanistan, Council on Foreign Relations, juin 2008
  3. (en) Afghanistan could return to being a ‘failed State,’ warns Security Council mission chief, agence de presse des Nations-Unies, 22 novembre 2006
  4. (fr) Florence Aubenas, « Afghanistan : les morts de la vallée d'Uzbeen », Le Nouvel Observateur, semaine du 28 août 2008. Consulté le 24 septembre 2008
  5. [1] Le Figaro 2 décembre 2009
  6. Huffingtonpost : Taliban Support Increasing, Holds 72 % Of Afghanistan: Report
  7. Dépenses supplémentaires portées au budget national, comme primes de guerre, munitions, reconstruction, sans tenir compte des futures pensions d'invalidité des soldats blessés [2]
  8. (fr) Comité créé par la résolution 1267 (1999)
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