Tunisie

Tunisie
الجمهورية التونسية (ar)
République tunisienne (fr)
Drapeau de la Tunisie Armoiries de la Tunisie
(Drapeau de la Tunisie) (Armoiries de la Tunisie)
Devise nationale : Hurriya, Nidham, ’Adala (Liberté, Ordre, Justice)
carte
Langues officielles Arabe[1] (de jure)
Français (de facto)
Capitale Tunis
36°49′N 10°11′E / 36.817, 10.183
Première municipalité Tunis
Forme de l’État République présidentielle
 - Président (intérim)
 - Premier ministre
Fouad Mebazaa
Béji Caïd Essebsi
Superficie
 - Totale
 - Eau (%)
Classé 92e
163 610 km2
5 %
Population
 - Totale (2011)
 - Densité
Classé 78e
10 673 800[2] hab.
65 hab./km2
Indépendance
 - Indépendance
France
20 mars 1956
Gentilé Tunisien, Tunisienne
PIB (PPA) (2010) 100,3 milliards USD[3] (70)
IDH (2011) en diminution 0,698[4] (élevé) (94)
Monnaie Dinar tunisien (TND)
Fuseau horaire UTC +1
Hymne national Humat Al-Hima
Code ISO 3166-1 TUN, TN
Domaine internet .tn
تونس. (dès 2011)[5]
Indicatif
téléphonique
+216
Organisations internationales
ONU (12 novembre 1956[6]), Union africaine, Ligue arabe, Union du Maghreb arabe

La Tunisie (arabe : تونس ou Tūnis), en forme longue la République tunisienne (الجمهورية التونسية ou al-Jumhūriyya at-Tūnisiyya), est un pays d’Afrique du Nord appartenant au Maghreb.

Elle est bordée au nord et à l’est par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’Algérie avec 965 kilomètres de frontière commune et au sud-est par la Libye avec 459 kilomètres de frontière. Sa capitale Tunis est située dans le nord-est du pays, au fond du golfe de Tunis. Plus de 30 % de la superficie du territoire est occupée par le désert du Sahara, le reste étant constitué de régions montagneuses et de plaines fertiles, berceau de la civilisation carthaginoise qui atteignit son apogée au IIIe siècle av. J.‑C., avant de devenir le « grenier à blé » de l’Empire romain.

Longtemps appelée Régence de Tunis, notamment sous la domination ottomane, la Tunisie passe sous protectorat français le 12 mai 1881 avec la signature du traité du Bardo. Avec l’avènement de l’indépendance, le 20 mars 1956, le pays s’achemine, au début, vers le statut d’une monarchie constitutionnelle ayant pour souverain Lamine Bey[7],[8], dix-neuvième et dernier bey régnant de la dynastie des Husseinites[9]. Avec la proclamation de la république, le 25 juillet 1957, c’est le leader nationaliste Habib Bourguiba qui devient le premier président de la République tunisienne et modernise le pays. Toutefois, en 1987, au terme de trente ans à la tête du pays dont la fin est marquée par le clientélisme et la montée de l’islamisme, le Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali finit par le déposer, mais poursuit dès lors les principaux objectifs du « bourguibisme » tout en libéralisant l’économie. Ben Ali, après vingt-trois ans d’une présidence autoritaire et policière, caractérisée par l’importance de la corruption, cède à la pression de la rue le 14 janvier 2011, fuyant le pays et trouvant refuge en Arabie saoudite[10]. Avec son épouse, il fait l’objet d’un mandat d'arrêt international.

Intégrée aux principales instances de la communauté internationale, la Tunisie fait également partie de la Ligue arabe, de l’Union africaine et de la Communauté des États sahélo-sahariens.

Sommaire

Géographie

Article détaillé : Géographie de la Tunisie.
Topographie de la Tunisie

La Tunisie, le plus petit État du Maghreb, se situe au nord du continent africain. Il est séparé de l’Europe par une distance de 140 kilomètres au niveau du canal de Sicile. Disposant d’une superficie de 163 610 km2[11], le pays est limité à l’ouest par l’Algérie avec 965 km de frontière commune, au sud-est par la Libye avec 459 km de frontière et au nord et à l’est par la mer Méditerranée avec 1 298 km de côtes. Les terres cultivées représentent 4,9 millions d’hectares dont 1,6 consacré à la culture des céréales, 1,6 consacré à la culture de l’olivier et 400 000 hectares consacrés aux cultures irriguées.

Le désert du Sahara occupe une superficie comprise entre 33 % et 40 % du territoire selon qu’on le définisse d’après son aridité ou selon des caractéristiques paysagères.

Topographie

Silhouette du Djebel Ressas dominant la plaine de Mornag

La Tunisie possède un relief contrasté avec une partie septentrionale et occidentale montagneuse, la dorsale tunisienne, située dans l’extension du massif montagneux de l’Atlas ; elle est coupée par la plaine de la Medjerda, le seul cours d’eau du pays qui soit alimenté de façon continue. Le point culminant du territoire est le Djebel Chambi culminant à 1 544 mètres[12].

À l’est, une plaine s’étend entre Hammamet et Ben Gardane, via le Sahel tunisien et la Djeffara. La partie méridionale du pays, principalement désertique, est divisée entre une succession de chotts (Chott el-Gharsa, Chott el-Jérid et Chott el-Fejaj), des plateaux rocheux et les dunes du Grand Erg Oriental. Le littoral parsemé de tombolos et de lagunes s’étend sur 1 298 kilomètres dont 575 de plages sablonneuses. Quelques îles dont les Kerkennah et Djerba parsèment le littoral.

Climat

Paysage du Sud tunisien

Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises au climat méditerranéen de celles soumises au climat aride engendré par le Sahara. En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types de vents : la côte nord est exposée aux vents marins soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse des précipitations, et le sud du pays aux vents chauds et secs tels le sirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines. Le pays bénéficie également d’un taux d’ensoleillement important (dépassant 3 000 heures par an)[13],[14].

Les températures varient en raison de la latitude, de l’altitude et de la proximité ou de l’éloignement de la mer Méditerranée. S’il peut faire quelques degrés au-dessous de 0 °C en hiver dans les montagnes de Kroumirie, la température grimpe parfois en été aux environs de 50 °C dans les régions désertiques. La pluviométrie annuelle varie également selon les régions : d’environ 1 000 millimètres au nord à environ 380 mm au centre et moins de 300 mm au sud.

Environnement

La flore varie beaucoup en fonction des régions : celle des régions côtières est semblable à celle de l’Europe méridionale et comprend prairies, garrigue, maquis et forêts de chênes-liège. Plus au sud, la végétation est de type steppique avec une dominance de l’alfa. Dans les régions arides de l’extrême sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers.

Huit aires naturelles ont été érigées en parcs nationaux. Le parc national de l'Ichkeul, qui s’étend sur 12 600 hectares, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco[15]. Il existe également seize réserves naturelles qui ont pour but d’être un habitat pour des espèces ayant une valeur écologique et économique et en tant qu’écosystèmes vulnérables.

Selon une étude du programme méditerranéen du WWF, la région côtière du nord-ouest figure parmi les treize sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, leur biodiversité et leurs espèces végétales et animales uniques.

Géographie humaine

Article connexe : Urbanisation de la Tunisie.
Banlieue nord de Tunis
Village près de Sejenane

L’espace tunisien apparaît inégalement peuplé et développé sur le plan socioéconomique selon un gradient intérieur - littoral (ouest - est) : les treize gouvernorats côtiers totalisent ainsi 65,3 % de la population totale avec une forte densité de population (140 habitants par km² contre 65,6 pour l’ensemble du pays[16]). L’économie y est diversifiée, l’activité industrielle se démarquant le plus avec la concentration de 85 % des établissements industriels du pays et même de 87,5 % de l’emploi dans ce secteur économique.

La Tunisie est urbanisée à 65,6 % en 2007[16] et connaît un taux d’urbanisation annuelle de 3,6 %. Le réseau urbain se situe sur la bande littorale orientale, entre les régions de Bizerte et Gabès en passant par Tunis, le Cap Bon, le Sahel et Sfax (centre-est du pays), qui dispose des plus grandes infrastructures économiques et concentre plus de 80 % de la population urbaine. Au terme du recensement de 2004, les principales municipalités sont :

Géographie administrative

Gouvernorats de Tunisie

La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats qui portent le nom de leurs chefs-lieux :

Hôtel de ville de Nabeul

À leur tête se trouvent des gouverneurs, nommés par le président de la République, qui sont les « dépositaires » de l’autorité de l’État. Trois institutions les aident à accomplir leurs missions : le conseil local de développement, le conseil rural et le comité de quartier.

Aux côtés des gouverneurs se trouvent les Conseils régionaux qui sont chargés d’examiner « toutes les questions intéressant le gouvernorat dans les domaines économiques, sociaux et culturels ». Ils donnent ainsi leur avis sur les programmes et projets que l’État envisage de réaliser dans leur gouvernorat respectif, arrêtent le budget des gouvernorats et les impôts perçus au profit de la collectivité publique et établissent des relations de coopération avec des instances étrangères de niveau régional (après approbation du ministre de l’Intérieur).

Les gouvernorats sont subdivisés en 264 délégations puis en 264 municipalités. La plus petite division administrative est le secteur ou imada, dont le nombre se monte à 2 073.

Histoire

Article détaillé : Histoire de la Tunisie.

Préhistoire

Article détaillé : Préhistoire de la Tunisie.

Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent du Paléolithique. C’est à vingt kilomètres à l’est de Gafsa, dans l’oasis d’El Guettar, que se rassemble une petite population nomade de chasseurs-cueilleurs moustériens[30]. Michel Gruet, l’archéologue qui découvre le site, relève qu’ils consomment des dattes dont il retrouve le pollen aux alentours de la source[31] aujourd’hui asséchée[32].

Mégalithes près de Makthar
Squelette capsien en position repliée

À une culture ibéromaurusienne, répartie sur le littoral[33] et relativement minime en Tunisie[34], succède la période du Capsien, nom créé par Jacques de Morgan et issu du latin Capsa, qui a lui-même donné le nom de l’actuelle Gafsa[35]. Morgan définit le Capsien comme étant une culture allant du Paléolithique supérieur au Néolithique, couvrant ainsi une période qui s’étend du VIIIe au Ve millénaires av. J.-C.[36].

D’un point de vue ethnologique et archéologique, le Capsien prend une importance plus grande puisque des ossements et des traces d’activité humaine remontant à plus de 15 000 ans sont découverts dans la région. Outre la fabrication d’outils en pierre et en silex, les Capsiens produisaient, à partir d’ossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements à partir de peaux d’animaux.

Au Néolithique (4500 à 2500 av. J.-C. environ), arrivé tardivement dans cette région, la présence humaine est conditionnée par la formation du désert saharien, qui acquiert son climat actuel. De même, c’est à cette époque que le peuplement de la Tunisie s’enrichit par l’apport des Berbères[37], issus semble-t-il de la migration vers le nord de populations libyques[38] (ancien terme grec désignant les populations africaines en général[39]). Le Néolithique voit également le contact s’établir entre les Phéniciens de Tyr, les futurs Carthaginois qui fondent la civilisation punique, et les peuples autochtones de l’actuelle Tunisie, dont les Berbères sont désormais devenus la composante essentielle. On observe le passage de la Préhistoire à l’Histoire principalement dans l’apport des populations phéniciennes, même si le mode de vie néolithique continue un temps à exister aux côtés de celui des nouveaux arrivants. Cet apport est nuancé, notamment à Carthage (centre de la civilisation punique en Occident), par la coexistence de différentes populations minoritaires mais dynamiques comme les Berbères, les Grecs, les Italiens ou les Ibères d’Espagne. Les nombreux mariages mixtes contribuent à l’établissement de la civilisation punique[40].

De la Carthage punique à la Carthage romaine

Article détaillé : Histoire de Carthage.
Buste du général carthaginois Hannibal Barca

L’entrée de la Tunisie dans l’histoire se fait par l’expansion d’une cité issue d’une colonisation proche-orientale[41]. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien d’autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d’Utique[42], qui date de 1101 av. J.-C[43]. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr[44] fondent la ville de Carthage[45]. D’après la légende, c’est la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de Tyr Pygmalion, qui est à l’origine de la cité[46].

Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur l’extérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de la mer Méditerranée. Cette présence prend diverses formes, y compris celle de la colonisation[45], mais reste d’abord commerciale[47] (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.) La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante de Rome[45] et de ses alliés massaliotes, campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois qu’est la Tunisie, à la veille des guerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait l’admiration des Romains.

La lutte entre Rome et Carthage prend de l’ampleur avec l’essor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., après un siège de trois ans[47]. À l’issue de la Troisième Guerre punique, Rome s’installe sur les décombres de la ville[45]. La fin des guerres puniques marque l’établissement de la province romaine d’Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage s’impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en 14[45],[48]. En 44 av. J.-C., Jules César décide d’y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago[49], mais il faudra attendre quelques décennies pour qu’Auguste lance les travaux de la cité[50].

Capitole de Dougga

La région connaît alors une période de prospérité où l’Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles[38], comme le blé et l’huile d’olive[50], grâce aux plantations d’oliviers chères aux Carthaginois[45]. La province se couvre d’un dense réseau de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l’heure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites de Dougga (antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla Regia, El Jem (Thysdrus) ou Thuburbo Majus.

Mosaïque représentant Virgile entouré de deux muses

Partie intégrante de la République puis de l’empire avec la Numidie[45], la Tunisie devient pendant six siècles le siège d’une civilisation romano-africaine d’une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l’art de la mosaïque, qui s’y distingue par son originalité et ses innovations[50]. Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d’époque impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, s’inscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à sa parèdre Tanit[51]. Le « carrefour du monde antique » voit aussi l’installation précoce de communautés juives[49] et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes.

L’apogée du IIe et du début du IIIe siècles ne va toutefois pas sans heurts[45], la province connaissant quelques crises au IIIe siècle av. J.‑C. : la répression de la révolte de Gordien en 238 la frappe[52] ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début du IVe siècle. La province est l’une des moins touchées par les difficultés que connaît l’Empire romain entre 235 et le début du IVe siècle. Avec la Tétrarchie, la province recouvre une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions publiques que d’habitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion personnelle de l’empereur Constantin[45].

Christianisation

Dans un espace ouvert sur l’extérieur comme l’est alors la province d’Afrique, le christianisme se développe de façon précoce[53] grâce aux colons, commerçants et soldats[54], et la région devient l’un des foyers essentiels de la diffusion de la nouvelle foi, même si les affrontements religieux y sont violents avec les païens. Dès le IIe siècle, la province applique aussi les sanctions impériales, les premiers martyrs étant attestés dès le 17 juillet 180[54] : ceux qui refusent de se rallier au culte officiel peuvent être torturés, relégués sur des îles, décapités, livrés aux bêtes féroces, brûlés voire crucifiés.

Ruines de la basilique de Damous El Karita à Carthage

À la fin du IIe siècle, la nouvelle religion progresse dans la province car, malgré une situation difficile, la nouvelle foi s’implante plus vite qu’en Europe, notamment en raison du rôle social joué par l’Église d’Afrique, qui apparaît dans la seconde moitié du IIIe siècle, et du fait de la très forte densité urbaine. C’est à partir d’environ 400 que, sous l’action dynamique d’Augustin d'Hippone et l’impulsion de quelques évêques, les grands propriétaires terriens et l’aristocratie citadine se rallient au christianisme, où ils voient leur intérêt, l’Église intégrant alors les diverses couches sociales. Rapidement, la province d’Afrique est considérée comme un phare du christianisme latin occidental[54].

Cyprien de Carthage, évêque de Carthage

Cette expansion rencontre toutefois des obstacles, en particulier lors du schisme donatiste[45] qui est condamné de façon définitive au concile de Carthage. Ce dernier accuse les schismatiques d’avoir coupé les liens entre l’Église catholique africaine et les Églises orientales originelles[54]. En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme[55], comme en témoignent les nombreux vestiges, notamment de basiliques à Carthage et de nombreuses églises aménagées dans d’anciens temples païens (comme à Sbeïtla) ou même certaines églises rurales découvertes récemment.

Le 19 octobre 439, après s’être rendus maîtres d’Hippone[56], les Vandales et les Alains entrent dans Carthage, où ils installent leur royaume pour près d’un siècle[57]. Les Vandales sont adeptes de l’arianisme[58], déclarée hérésie chrétienne au concile de Nicée, ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairement catholiques. Or les Vandales exigent de la population une totale allégeance à leur pouvoir et à leur foi[59]. En conséquence, dès lors qu’ils tentent de s’opposer aux Vandales, les chrétiens sont persécutés : de nombreux hommes d’Église sont martyrisés, emprisonnés ou exilés[60] dans des camps au sud de Gafsa. Dans le domaine économique, les Vandales appliquent à l’Église la politique de confiscation dont doivent pâtir les grands propriétaires[59]. Cependant, la culture latine reste largement préservée[61] et le christianisme prospère tant qu’il ne s’oppose pas au souverain en place. Dans ce contexte, le territoire, enserré par des principautés berbères, est attaqué par les tribus de nomades chameliers : la défaite, en décembre 533 à la bataille de Tricaméron[62], confirme l’anéantissement de la puissance militaire vandale. Carthage est prise facilement par les Byzantins dirigés par le général Bélisaire[38], envoyé par Justinien[63], le roi vandale Gélimer se rendant en 534[63].

Malgré la résistance des Berbères, les Byzantins rétablissent l’esclavage et instituent de lourds impôts[64]. Par ailleurs, l’administration romaine est restaurée. L’Église d’Afrique est mise au pas[59] et Justinien fait alors de Carthage le siège de son diocèse d’Afrique. À la fin du VIe siècle, la région est placée sous l’autorité d’un exarque cumulant les pouvoirs civil et militaire, et disposant d’une large autonomie vis-à-vis de l’empereur. Prétendant imposer le christianisme d’État, les Byzantins pourchassent le paganisme, le judaïsme et les hérésies chrétiennes[64]. Pourtant, à la suite de la crise monothéliste, les empereurs byzantins, opposés à l’Église locale, se détournent de la cité. Or, avec une Afrique byzantine entraînée dans le marasme, un état d’esprit insurrectionnel secoue des confédérations de tribus sédentarisées et constituées en principautés[59]. Ces tribus berbères sont d’autant plus hostiles à l’Empire byzantin qu’elles ont conscience de leur propre force[59]. Avant même sa prise par les Arabes en 698[65], la capitale et dans une certaine mesure la province d’Afrique se sont vidées de leurs habitants byzantins. Dès le début du VIIe siècle, l’archéologie témoigne en effet d’un repli[66].

Arabisation et islamisation de la Tunisie

Article détaillé : Tunisie à l'époque médiévale.

La première expédition arabe sur la Tunisie est lancée en 647[65]. En 661, une deuxième offensive se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafi Al Fihri, est décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la même année[64] et cette ville devient la base des expéditions contre le nord et l’ouest du Maghreb[38]. L’invasion complète manque d’échouer avec la mort d’Ibn Nafi en 683[67]. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le général ghassanide Hassan Ibn Numan réussit à vaincre l’exarque et à prendre Carthage[68] en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena[68]. Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s’empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes en 697[68]. Ces derniers, au prix d’un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena[67]. Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas d’occuper la côte et entreprennent de conquérir l’intérieur du pays. Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs[67], principalement à travers leur recrutement dans les rangs de l’armée victorieuse. Des centres de formation religieuse s’organisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats.

On ne saurait toutefois estimer l’ampleur de ce mouvement d’adhésion à l’islam. D’ailleurs, refusant l’assimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, hérésie née en Orient et proclamant l’égalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe[69]. La région reste une province omeyyade jusqu’en 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit ces derniers l’emporter[69]. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement d’Abou Qurra s’emparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans leur royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque[70].

La Grande Mosquée de Kairouan est le principal monument religieux de la Tunisie. Chef-d’œuvre d’architecture, elle fut un pôle culturel important durant le Moyen Âge.

En 800, le calife abbasside Haroun ar-Rachid délègue son pouvoir en Ifriqiya à l’émir Ibrahim ibn al-Aghlab[71] et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire[72]. Al-Aghlab établit la dynastie des Aghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie d’une indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside[72]. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sa Grande mosquée, un centre intellectuel de haute renommée[73]. À la fin du règne de Ziadet Allah Ier (817-838), Tunis devient la capitale de l’émirat jusqu’en 909[74]. Appuyée par les tribus Kutama qui forment une armée fanatisée, l’action du prosélyte ismaélien Abu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de l’émirat en une quinzaine d’années (893-909)[75]. En décembre 909, Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides, qui déclare usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. L’État fatimide s’impose progressivement sur toute l’Afrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec l’Afrique subsaharienne. En 945, Abu Yazid, de la grande tribu des Banou Ifren, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et s’empare de la Sicile[65] en 948. Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers l’est en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur l’Ifriqiya, le calife Al-Muizz li-Dîn Allah confie à Bologhine ibn Ziri — fondateur de la dynastie des Zirides — le soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide[65], ce qui culmine avec la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure l’ère de l’émancipation berbère[75]. L’envoi depuis l’Égypte de tribus arabes nomades sur l’Ifriqiya marque la réplique des Fatimides à cette trahison[75].

Minaret de la mosquée Zitouna de style almohade

Les Hilaliens suivis des Banu Sulaym — dont le nombre total est estimé à 50 000 guerriers et 200 000 Bédouins[75] — se mettent en route après que de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant d’être occupée et pillée. Le souverain se réfugie alors à Mahdia en 1057 tandis que les nomades continuent de se répandre en direction de l’Algérie, la vallée de la Medjerda restant la seule route fréquentée par les marchands[75]. Ayant échoué dans sa tentative pour s’établir dans la Sicile reprise par les Normands, la dynastie ziride s’efforce sans succès pendant 90 ans de récupérer une partie de son territoire pour organiser des expéditions de piraterie et s’enrichir grâce au commerce maritime. Les historiens arabes sont unanimes à considérer cette migration comme l’événement le plus décisif du Moyen Âge maghrébin, caractérisé par une progression diffuse de familles entières qui a rompu l’équilibre traditionnel entre nomades et sédentaires berbères[75]. Les conséquences sociales et ethniques marquent ainsi définitivement l’histoire du Maghreb avec un métissage de la population. Depuis la seconde moitié du VIIe siècle, la langue arabe demeurait l’apanage des élites citadines et des gens de cour. Avec l’invasion hilalienne, les dialectes berbères sont plus ou moins influencés par l’arabisation, à commencer par ceux de l’Ifriqiya orientale[75].

À partir du premier tiers du XIIe siècle, la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du sud de l’Italie, basés dans le royaume normano-sicilien. Cependant, l’ensemble du territoire d’Ifriqiya finit par être occupé par l’armée du sultan almohade Abd al-Mumin lors de son expédition depuis le nord du Maroc en 1159[76]. L’économie devient florissante[77] et des relations commerciales s’établissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (Pise, Gênes, Marseille, Venise et certaines villes d’Espagne). L’essor touche également le domaine culturel[77] avec les œuvres du grand historien et père de la sociologie Ibn Khaldoun ; le siècle almohade est considéré comme l’« âge d’or » du Maghreb[77]. De grandes villes se développent et les plus belles mosquées sont érigées à cette époque[78].

Les Almohades confient la Tunisie à Abû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs mais son fils Abû Zakariyâ Yahyâ se sépare d’eux en 1228 et fonde la nouvelle dynastie berbère[48] des Hafsides[79]. Elle acquiert son indépendance dès 1236[80] et dirige la Tunisie jusqu’en 1574[71], ce qui en fait la première dynastie tunisienne par sa durée[81]. Elle établit la capitale du pays à Tunis[71], et la ville se développe grâce au commerce avec les Vénitiens, les Génois, les Aragonais et les Siciliens[65].

À la croisée des convoitises

Article détaillé : Tunisie beylicale.

Les Hafsides de Tunis s’essoufflent et perdent peu à peu, après la bataille de Kairouan en 1348, le contrôle de leurs territoires au profit des Mérinides d’Abu Inan Faris[80], alors que, frappée de plein fouet par la peste[82] de 1384, l’Ifriqiya continue de subir une désertification démographique amorcée par les invasions hilaliennes[83]. C’est alors que commencent à arriver les Maures musulmans et juifs andalous[65] fuyant la déchéance du royaume de Grenade en 1492 et occasionnant des problèmes d’assimilation[83]. En une dizaine d’années, les souverains espagnols Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille prennent les cités de Mers el-Kébir, Oran, Bougie, Tripoli et l’îlot situé en face d’Alger. Pour s’en libérer, les autorités de la cité sollicitent l’aide de deux corsaires renommés, d’origine grecque : les frères Arudj et Khayr ad-Din[84] Barbaros ou Barberousse.

Carte maritime ottomane du XVIe siècle représentant la côte sud-est de la Tunisie

La Tunisie offrant un environnement favorable, les frères Barberousse s’y illustrent : Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois l’autorisation d’utiliser le port de La Goulette puis l’île de Djerba comme base[83]. Après la mort d’Arudj, son frère Khayr ad-Din se place dans la vassalité du sultan d’Istanbul. Nommé grand amiral de l’Empire ottoman, il s’empare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après la prise de la ville par l’armada que Charles Quint mène en 1535[65],[83]. En 1560, Dragut parvient à Djerba et, en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans[71], qui font de la Tunisie une province de l’empire[58] en 1575. Pourtant, malgré leurs victoires, les Ottomans ne s’implantent guère en Tunisie.

Nouvelle armée beylicale vers 1840
Proclamation du Pacte fondamental en 1857, précurseur de la constitution de 1861

Au cours du XVIIe siècle, leur rôle ne cesse de décroître au profit des dirigeants locaux qui s’émancipent progressivement de la tutelle du sultan d’Istanbul[85] alors que seuls 4 000 janissaires sont en poste à Tunis[83]. Au bout de quelques années d’administration turque, plus précisément en 1590[48], ces janissaires s’insurgent, plaçant à la tête de l’État un dey et, sous ses ordres, un bey[86] chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Ce dernier ne tarde pas à devenir le personnage essentiel de la régence[71] aux côtés du pacha, qui reste confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point qu’une dynastie beylicale finit par être fondée par Mourad Bey en 1613[87].

Le 15 juillet 1705, Hussein Ier Bey fonde la dynastie des Husseinites[81],[88]. Quoique toujours officiellement province de l’Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au XIXe siècle[71], notamment avec Ahmed Ier Bey, régnant de 1837 à 1855, qui enclenche un processus de modernisation[89]. À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme l’abolition de l’esclavage et l’adoption en 1861 d’une constitution[89],[90], et manque même de devenir une république indépendante.

Il est difficile de mesurer l’importance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane. Dans un autre domaine, l’art des tapis, qui existait pour certains avant l’arrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter au XVIIIe siècle des motifs purement anatoliens[83].

Malgré ces influences perceptibles dans l’aspect des objets manufacturés, l’empreinte de l’Italie voisine se fait de plus en plus manifeste au cours du XVIIIe siècle, tant dans l’architecture que dans la décoration, marquant ainsi une ouverture du pays à l’Europe[83].

Protectorat et lutte nationaliste

Article détaillé : Protectorat français de Tunisie.
Article connexe : Mouvement national tunisien.

Toutefois, en raison de la politique ruineuse des beys, de la hausse des impôts[81] et d’interférences étrangères dans l’économie, le pays connaît peu à peu de graves difficultés financières[89]. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière internationale anglo-franco-italienne[91]. La régence apparaît vite comme un enjeu stratégique de première importance de par la situation géographique du pays, à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée[92]. La Tunisie fait donc l’objet des convoitises rivales de la France et de l’Italie. Les consuls français et italien tentent de profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la neutralité de l’Angleterre (peu désireuse de voir l’Italie prendre le contrôle de la route du canal de Suez) et bénéficiant des calculs de Bismarck, qui souhaite la détourner de la question de l’Alsace-Lorraine[92].

Signature du traité du Bardo au palais de Ksar Saïd le 12 mai 1881

Les incursions de « pillards » khroumirs en territoire algérien fournissent un prétexte à Jules Ferry pour souligner la nécessité de s’emparer de la Tunisie[92]. En avril 1881, les troupes françaises y pénètrent sans résistance majeure et parviennent à occuper Tunis[89] en trois semaines, sans combattre[93]. Le 12 mai 1881, le protectorat est officialisé lorsque Sadok Bey signe forcé, sous peine de mort[94], le traité du Bardo[95] au palais de Ksar Saïd[96]. Ce qui n’empêche pas, quelques mois plus tard, les troupes françaises de faire face à des révoltes rapidement étouffées dans les régions de Kairouan et Sfax[92].

Le régime du protectorat est renforcé par les conventions de la Marsa du 8 juin 1883 qui accordent à la France le droit d’intervenir dans la politique étrangère, la défense et les affaires internes de la Tunisie[97],[98]. La France représente dès lors la Tunisie sur la scène internationale, et ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de protecteur pour exploiter le pays comme une colonie, en contraignant le bey à abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs au résident général[99]. Néanmoins, des progrès économiques ont lieu, notamment via les banques et les compagnies[97]. La colonisation permet l’expansion des cultures de céréales et de la production d’huile d’olive ainsi que l’exploitation des mines de phosphates[91] et de fer. Un important port militaire est aménagé à Bizerte[92]. De plus, dans le domaine de l’éducation, les Français établissent un système bilingue arabe et français qui donne l’opportunité à l’élite tunisienne de se former dans les deux langues[100].

Procès de l’affaire du Djellaz en 1911

La lutte contre l’occupation française commence dès le début du XXe siècle avec le mouvement réformiste et intellectuel des Jeunes Tunisiens fondé en 1907[101] par Béchir Sfar, Ali Bach Hamba et Abdeljelil Zaouche. Ce courant nationaliste se manifeste par l’affaire du Djellaz en 1911 et le boycott des tramways tunisois en 1912[99]. De 1914 à 1921, le pays vit en état d’urgence et la presse anticolonialiste est interdite[38]. Malgré tout, le mouvement national ne cesse pas d’exister[99]. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération organisée autour d’Abdelaziz Thâalbi prépare la naissance du parti du Destour[99]. Entré en conflit avec le régime du protectorat[102], le parti expose, dès la proclamation officielle de sa création le 4 juin 1920[98], un programme en huit points. Après avoir fustigé le régime du protectorat dans des journaux comme La Voix du Tunisien et L’Étendard tunisien[103], l’avocat Habib Bourguiba fonde en 1932, avec Tahar Sfar, Mahmoud El Materi et Bahri Guiga, le journal L'Action tunisienne[104], qui, outre l’indépendance, prône la laïcité[105]. Cette position originale conduit le 2 mars 1934[98], lors du congrès de Ksar Hellal[102], à la scission du parti en deux branches, l’une islamisante qui conserve le nom Destour, et l’autre moderniste et laïque, le Néo-Destour[91], une formation politique moderne, structurée sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminée à conquérir le pouvoir pour transformer la société[104]. Après l’échec des négociations engagées par le gouvernement Blum, des incidents sanglants éclatent en 1937[91] et les émeutes d’avril 1938 sont sévèrement réprimées[105].

Cette répression conduit à la clandestinité du Néo-Destour, qui incite les nouveaux dirigeants à ne pas exclure l’éventualité d’une lutte plus active[106],[107]. En 1942, le régime de Vichy livre Bourguiba à l’Italie, à la demande de Benito Mussolini, qui espère l’utiliser pour affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord[105]. Cependant Bourguiba ne désire pas cautionner les régimes fascistes et lance le 8 août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées[105]. Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre d’importantes opérations militaires[101] connues sous le nom de campagne de Tunisie[91] Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sbeïtla au début de l’année 1943, les troupes du Troisième Reich sont contraintes de capituler le 11 mai dans le cap Bon, quatre jours après l’arrivée des forces alliées à Tunis[108]. Après la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération nationale[107]. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement français[106], si bien que Robert Schuman évoque en 1950 l’indépendance de la Tunisie en plusieurs étapes[98]. Mais des troubles nationalistes en 1951 précipitent leur échec[98].

Habib Bourguiba à Bizerte en 1952
Ruines suite à une attaque sur Tazerka

Avec l’arrivée du nouveau résident général, Jean de Hauteclocque, le 13 janvier 1952, et l’arrestation, le 18 janvier, de 150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée[91], la répression militaire française[98] et un durcissement des positions de chaque camp[109]. De plus, avec l’assassinat du syndicaliste Farhat Hached par l’organisation colonialiste extrémiste[110] de la Main rouge[111], le 5 décembre, se déclenchent manifestations, émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales[107]. Le développement de la répression, accompagnée de l’apparition du contre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales[107].

C’est pourquoi les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial. En réponse, près de 70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des groupes tunisiens dans les campagnes[112]. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l’autonomie interne de la Tunisie, concédée par Pierre Mendès France le 31 juillet 1954[98],[113].

C’est finalement le 3 juin 1955[112] que les conventions franco-tunisiennes sont signées entre le Premier ministre tunisien Tahar Ben Ammar et son homologue français Edgar Faure[110]. En dépit de l’opposition de Salah Ben Youssef, qui sera exclu du parti[58], les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre de la même année[109]. Après de nouvelles négociations, la France finit par reconnaître « solennellement l’indépendance de la Tunisie »[109] le 20 mars 1956[114], tout en conservant la base militaire de Bizerte.

Tunisie indépendante

Article détaillé : Histoire de la Tunisie depuis 1956.
Lamine Bey, Habib Bourguiba et d’autres invités assistent à un défilé militaire le 20 mars 1957
Bourguiba entouré de ses ministres

Le 25 mars[81], l’assemblée constituante est élue : le Néo-Destour en remporte tous les sièges et Bourguiba est porté à sa tête le 8 avril[38],[101]. Le 11 avril, il devient le Premier ministre de Lamine Bey[110]. Le Code du statut personnel, à tendance progressiste, est proclamé le 13 août[115] et, le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie, la Tunisie devenant une république[116] dont Bourguiba est élu président[117] le 8 novembre 1959[118].

Le 8 février 1958, en pleine guerre d'Algérie, des avions de l’armée française franchissent la frontière algéro-tunisienne et bombardent le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef[38].

En 1961, dans un contexte d’achèvement prévisible de la guerre, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte[98] : la crise qui suit fait près d’un millier de morts, essentiellement tunisiens[98], et la France finit, le 15 octobre 1963, par rétrocéder la base à l’État tunisien[117].

Hédi Nouira et Bourguiba au congrès du PSD en 1974
Bourguiba et le Premier ministre Mohamed Mzali le 6 juin 1984
Ben Ali et George W. Bush le 18 février 2004

Avec l’assassinat de Salah Ben Youssef, principal opposant de Bourguiba depuis 1955[117], à Francfort et l’interdiction du Parti communiste (PCT) le 8 janvier 1963, la République tunisienne devient un régime de parti unique dirigé par le Néo-Destour[117]. En mars 1963, Ahmed Ben Salah entame une politique « socialiste » d’étatisation pratiquement totale de l’économie. Des émeutes contre la collectivisation des terres dans le Sahel tunisien le 26 janvier 1969 poussent au limogeage de Ben Salah le 8 septembre avec la fin de l’expérience socialiste[117]. Avec une économie affaiblie par la fin du socialisme et un panarabisme défendu par Mouammar Kadhafi, un projet politique qui unifierait la Tunisie et la République arabe libyenne sous le nom de République arabe islamique est lancé en 1974 mais échoue très rapidement en raison des tensions tant nationales qu’internationales.

Après la condamnation à une lourde peine de prison de Ben Salah, rendu responsable de l’échec de la politique des coopératives, viennent l’épuration de l’aile libérale du PSD animée par Ahmed Mestiri puis la proclamation de Bourguiba comme président à vie en 1975[38]. C’est dans ces conditions, marquées par un léger desserrement de l’étau du PSD sous le gouvernement d’Hédi Nouira, que l’UGTT gagne en autonomie tandis que naît en 1977 la Ligue tunisienne des droits de l'homme. Le coup de force du « Jeudi noir » contre l’UGTT en janvier 1978 puis l’attaque contre la ville minière de Gafsa, en janvier 1980, ne suffisent pas à museler la société civile émergente.

Dès le début des années 1980, le pays traverse une crise politique et sociale[119] où se conjuguent le développement du clientélisme et de la corruption, la paralysie de l’État devant la dégradation de la santé de Bourguiba, les luttes de succession et le durcissement du régime. En 1981, la restauration partielle du pluralisme politique, avec la levée de l’interdiction frappant le Parti communiste, suscite des espoirs qui seront déçus par la falsification des résultats aux élections législatives de novembre. Par la suite, la répression sanglante des « émeutes du pain » de décembre 1983[119], la nouvelle déstabilisation de l’UGTT et l’arrestation de son dirigeant Habib Achour contribuent à accélérer la chute du président vieillissant[104]. La situation favorise la montée de l’islamisme[110] et le long règne de Bourguiba s’achève dans une lutte contre l’islamisme menée par Zine el-Abidine Ben Ali, nommé ministre de l’Intérieur puis Premier ministre en octobre 1987[117].

Le 7 novembre 1987, Ben Ali dépose le président pour sénilité, action accueillie favorablement par une large fraction du monde politique[119]. Élu le 2 avril 1989 avec 99,27 % des voix[120], le nouveau président réussit à relancer l’économie alors que, sur le plan de la sécurité, le régime s’enorgueillit d’avoir épargné au pays les convulsions islamistes qui ensanglantent l’Algérie voisine, grâce à la neutralisation du parti Ennahda au prix de l’arrestation de dizaines de milliers de militants et de multiples procès au début des années 1990[104]. Les opposants laïques signent quant à eux le Pacte national en 1988, plate-forme destinée à la démocratisation du régime. Pourtant, l’opposition et de nombreuses ONG de défense des droits de l'homme accusent peu à peu le régime d’attenter aux libertés publiques[91] en étendant la répression au-delà du mouvement islamiste. En 1994, le président Ben Ali est réélu avec 99,91 % des voix[121],[122] et signe l’année suivante un accord de libre-échange avec l’Union européenne[98].

Les élections du 24 novembre 1999, bien qu’elles soient les premières présidentielles à être pluralistes avec trois candidats, voient le président Ben Ali réélu avec un score comparable aux scrutins précédents[120],[122]. La réforme de la constitution approuvée par le référendum du 26 mai 2002 accroît encore les pouvoirs du président, repousse l’âge limite des candidats, supprime la limite des trois mandats réintroduite en 1988 et permet au président de briguer de nouveaux mandats au-delà de l’échéance de 2004 tout en bénéficiant d’une immunité judiciaire à vie[104]. Le 11 avril 2002, un attentat au camion piégé vise la synagogue de la Ghriba et provoque la mort de 19 personnes dont quatorze touristes allemands. Durant le premier semestre 2008, de graves troubles secouent la région minière de Gafsa durement frappée par le chômage et la pauvreté[123].

Le 25 octobre 2009, le président Ben Ali est réélu pour un cinquième mandat consécutif avec 89,62 % des voix, passant pour la première fois sous la barre des 90 %. La campagne est marquée par une visibilité accrue de son épouse Leïla[124]. L’un des gendres du couple, Mohamed Sakhr El Materi, est élu député à cette occasion[125].

Révolution tunisienne de 2010-2011

Cependant, un climat insurrectionnel éclate suite à l’immolation d’un jeune vendeur de fruits et légumes ambulant, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010 dans la région de Sidi Bouzid; celle-ci devient le théâtre d’émeutes meurtrières entre des habitants et les forces de l’ordre[126].

Manifestation du 14 janvier 2011 à Tunis

Ces événements, qui s’étendent ensuite à d’autres régions du pays, s’inscrivent dans un contexte où le taux de chômage des jeunes diplômés est particulièrement élevé. Les causes sont également politiques : le président Ben Ali et sa famille, notamment celle de sa seconde épouse Leïla, les Trabelsi, qualifiée selon les observateurs de « clan quasi-mafieux », sont directement mis en cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol, fléaux qui ont particulièrement pris de l’ampleur sous sa présidence[127].

Le 13 janvier 2011, Ben Ali annonce la prise de mesures extraordinaires lors d’une intervention télévisée : la promesse d’une pleine liberté de la presse et d’expression politique ainsi que son refus de se représenter aux élections prévues en 2014[128]. Cependant, cette allocution ne contribue pas à calmer la colère de la population, contraignant le président à céder finalement le pouvoir à son Premier ministre Mohamed Ghannouchi le lendemain et à quitter le pays le soir même[129]. Conformément à la constitution, le président de la Chambre des députés, Fouad Mebazaa, est finalement proclamé président par intérim par le Conseil constitutionnel le 15 janvier. Celui-ci est chargé d’organiser des élections présidentielles dans les soixante jours[130]. Le 17 janvier, un « gouvernement d’union nationale » de 24 membres incluant des opposants au régime déchu (dont trois chefs de l’opposition légale) est constitué[131]. Le jour même, la libération de tous les prisonniers d’opinion, la levée de l’interdiction d’activité de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, « la liberté totale de l’information » ainsi que la légalisation de tous les partis politiques et associations qui le demanderaient, est annoncée[132].

Sit-in à la kasbah de Tunis le 28 janvier 2011

Cependant, la présence de membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) à des postes clés provoque de nouveau, en moins de 24 heures, la colère de la population et la démission de plusieurs ministres d’opposition, fragilisant d’autant plus ce gouvernement[133]. Le départ ou la radiation du RCD de plusieurs personnalités éminentes[134] n’ont aucun effet sur la suspicion que l’opinion publique entretient à l’égard de l’ancien parti présidentiel, dont plusieurs manifestants réclament la dissolution[135]. Cependant, le 20 janvier, les ministres encore affiliés à cette formation annoncent l’avoir quitté eux aussi[136]. Face à la pression de la rue exigeant leur départ, un remaniement ministériel a lieu le 27 janvier, écartant définitivement (hormis Mohamed Ghannouchi) les anciens membres du RCD de toutes responsabilités gouvernementales. Le 6 février, le ministre de l’Intérieur Farhat Rajhi gèle les activités du RCD en attendant sa dissolution juridique, tandis que le parlement confère au président par intérim des pouvoirs supplémentaires, comme celui de dissoudre le parlement. Ghannouchi est cependant contraint de démissionner à son tour le 27 février à la suite de plusieurs jours de manifestations marquées par des violences ; il est remplacé le jour par l’ancien ministre de Bourguiba, Béji Caïd Essebsi.

Politique

Article détaillé : Politique de la Tunisie.

Politique intérieure

Article détaillé : Partis politiques tunisiens.

La constitution actuelle, suspendue suite à la révolution de 2011, a été proclamée le 1er juin 1959, trois ans après l’indépendance. Elle a subi plusieurs amendements dont celui du 12 juillet 1988 pour limiter le nombre de mandats présidentiels à trois — après que Bourguiba eut été proclamé président à vie — et celui du 1er juin 2002 suite au référendum constitutionnel tenu le 26 mai de la même année, permettant notamment la suppression de la limite du nombre de mandats présidentiels, l’allongement de l’âge limite pour déposer une candidature à la présidence, l’instauration d’une immunité judiciaire pour le président durant et après l’exercice de ses fonctions et l’instauration d’un parlement bicaméral.

Béji Caïd Essebsi, Premier ministre de transition

Le président de la République tunisienne est élu tous les cinq ans au suffrage universel et peut se présenter aux élections autant de fois qu’il veut pour autant qu’il ait moins de 75 ans. La Tunisie n’a connu que trois présidents au cours de son histoire moderne : Habib Bourguiba du 25 juillet 1957 au 7 novembre 1987, Zine el-Abidine Ben Ali du 7 novembre 1987 au 14 janvier 2011 et Fouad Mebazaa à titre intérimaire depuis le 15 janvier 2011.

Responsable de l’action gouvernementale, le Premier ministre est nommé par le président de la République. Depuis que la fonction a été rétablie en 1969, huit personnalités se sont succédé à ce poste : Bahi Ladgham, Hédi Nouira, Mohamed Mzali, Rachid Sfar et Zine el-Abidine Ben Ali (sous la présidence de Bourguiba) ; Hédi Baccouche, Hamed Karoui et Mohamed Ghannouchi (sous la présidence de Ben Ali) ; Ghannouchi, ayant assuré l’intérim du pouvoir durant 24 heures après la fuite de Ben Ali, est placé à la tête du gouvernement de transition avant d’être remplacé par Béji Caïd Essebsi.

Le pouvoir législatif, bicaméral à partir de 2002, est exercé par la Chambre des députés et la Chambre des conseillers qui tient sa séance inaugurale le 16 août 2005 ; la première est composée de 214 députés (dont 53 de l’opposition en 2009) élus au suffrage universel, la seconde de 112 conseillers élus au suffrage indirect. Après la révolution, leurs pouvoirs sont assumés de fait par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique puis par l’assemblée constituante.

Le Rassemblement constitutionnel démocratique et ses prédécesseurs (Néo-Destour puis Parti socialiste destourien) ont dominé la vie politique durant cinq décennies, dont une partie en tant que seul parti politique légal, avec plus de deux millions d’adhérents revendiqués. Dissous après la révolution, la scène politique compte depuis une centaine de partis politiques, dont une large majorité formés dans la foulée de la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali.

Le manque de transparence politique, la faible liberté d'expression et la censure, notamment de la presse et de nombreux sites web, ont longtemps fait qu’une situation politique précise de la Tunisie a été difficile à déterminer sous le régime Ben Ali. De nombreuses ONG internationales ont toutefois pointé du doigt les atteintes aux droits de l’homme, notamment en ce qui concerne les atteintes à la liberté d’expression, les prisonniers politiques et d’opinion, l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir exécutif, la torture et la situation dans les prisons, ainsi que le harcèlement de toute dissidence politique. De leur côté, les autorités de l’époque ont fait valoir que leurs efforts en termes de droits de l’homme ont été officiellement reconnus par des instances internationales comme le Conseil des droits de l'homme des Nations unies dont les membres ont souligné, avec quelques réserves pour certains, les progrès accomplis par le pays en la matière[137].

Politique extérieure

Le premier président, Habib Bourguiba, choisit le non-alignement durant la guerre froide tout en ayant des relations étroites avec l’Europe et les États-Unis. Son successeur, Zine el-Abidine Ben Ali, maintient la tradition tunisienne de bonnes relations avec l’Occident tout en jouant un rôle actif dans les instances régionales arabes et africaines : le pays accueille, en mai 2004, la 16e session ordinaire du sommet de la Ligue arabe (dont la Tunisie est membre depuis 1958) et envoie régulièrement de l’aide humanitaire aux Palestiniens et aux États en crise. Le pays est également un membre fondateur de l’OUA, dont elle assure la présidence en 1994-1995, avant de participer à la fondation de l’Union africaine en juillet 2002.

La Tunisie a également soutenu le développement de l’Union du Maghreb arabe qui inclut l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Libye. Toutefois, ses progrès restent limités en raison de tensions entre l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental. En février 2001, la Tunisie adhère à la Communauté des États sahélo-sahariens et accueille le siège de la Banque africaine de développement en 2003. Le pays est depuis longtemps une voix modératrice sur la question du Proche-Orient : Bourguiba est ainsi le premier dirigeant arabe à appeler à la reconnaissance d’Israël par les pays arabes dans un discours prononcé à Jéricho le 3 mars 1965[138].

Habib Bourguiba aux côtés de Gamal Abdel Nasser et Ahmed Ben Bella en 1963

Le pays abrite le quartier général de la Ligue arabe de 1979 à 1990 ainsi que celui de l’OLP de 1982 à 1993, jusqu’à ce que son comité exécutif s’installe dans les Territoires occupés, bien que son département politique reste à Tunis. Le pays joue également un rôle modérateur dans les négociations de paix au Proche-Orient : la Tunisie est le premier pays arabe à recevoir une délégation israélienne en 1993, dans le cadre du processus de paix, et maintient une représentation en Israël jusqu’au début de la seconde Intifada en 2000.

Accueil du Premier ministre Hédi Nouira par le président Jimmy Carter en 1978
Habib Ben Yahia, ministre des Affaires étrangères, en compagnie de Colin Powell durant sa visite à Washington en avril 2002

Coincée entre l’Algérie et la Libye, la Tunisie a toujours cherché à maintenir de bonnes relations avec ses voisins malgré des tensions occasionnelles. La Tunisie et l’Algérie ont résolu un long litige frontalier en 1993 et ont coopéré dans la construction du gazoduc transméditerranéen menant vers l’Italie. La Tunisie a par ailleurs récemment signé un accord avec l’Algérie pour démarquer la frontière maritime entre les deux pays.

Vis-à-vis de son autre voisin, les relations sont plus difficiles à partir de l’annulation par la Tunisie d’un accord visant à la formation d’une union tuniso-libyenne en 1974. Les relations diplomatiques sont rompues entre 1976 et 1977 puis se détériorent à nouveau en 1980 lorsque des rebelles appuyés par la Libye tentent de prendre la ville de Gafsa[139].

En 1982, la Cour internationale de justice tranche le différend relatif à la partition du plateau continental frontalier (riche en pétrole) en faveur de la Libye. L’expulsion par la Libye de nombreux travailleurs tunisiens en 1985 et les menaces militaires américaines conduisent la Tunisie à restreindre leurs relations qui sont à nouveau normalisées dès 1987. Tout en soutenant les sanctions de l’ONU imposées à la Libye, à la suite de bombardements aériens américains, la Tunisie prend soin de maintenir de bonnes relations avec son voisin. Elle soutient ainsi la levée de ces sanctions en 2003, la Libye redevenant ainsi l’un de ses partenaires commerciaux majeurs. Néanmoins, les deux pays ont encore un contentieux maritime sur leur frontière commune.

La Tunisie revendique également sa dimension méditerranéenne. Elle participe ainsi au Forum méditerranéen, dont elle organise l’édition 2005, et devient le premier pays du bassin méditerranéen à signer, le 17 juillet 1995, un accord d’association avec l’Union européenne dans le but de renforcer son ancrage à l’Europe. Avec son plus proche voisin européen, Malte, la Tunisie discute actuellement de l’exploitation pétrolière du plateau continental qui se trouve entre les deux pays.

L’action politique de la Tunisie dépasse pourtant les frontières régionales. Lors d’un discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies en 1999, le président Ben Ali appelle à la création d’un Fonds mondial de solidarité (en s’inspirant du Fonds de solidarité nationale) visant à contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les zones les plus déshéritées dans le monde. L’Assemblée générale adopte à l’unanimité, le 20 décembre 2002, une résolution portant création de ce fonds et instaurant les modalités pratiques requises pour sa mise en place.

Défense

Article détaillé : Armée tunisienne.

La défense extérieure de la Tunisie est exercée par l’armée. Fondée le 30 juin 1956, elle compte un personnel régulier de 35 500 personnes dont 27 000 dans l’armée de terre[140]. Elle participe surtout à des activités civiles de développement et de lutte contre les catastrophes naturelles et à des opérations militaires de maintien de la paix sous couvert des Nations unies[141].

Justice

Le droit tunisien reste largement inspiré par le droit français, tant dans son contenu que dans ses grandes divisions (public et privé) et ses structures.

Modifiée à plusieurs reprises, la constitution tunisienne garantit les principes fondamentaux suivants :

  • l’indépendance de la justice (art. 65)[142] : selon cette disposition, la justice et le corps des juges devraient jouir d’une pleine indépendance. En réalité, la justice tunisienne demeure influencée par le pouvoir exécutif. Ainsi, en tant que chef du Conseil supérieur de la magistrature, le président nomme par décret les magistrats, les révoque ou les transfère sur proposition dudit conseil ;
  • la garantie de certains principes fondamentaux du droit comme le principe de la présomption d’innocence (art. 12)[1] et la non-rétroactivité de la loi (art. 13)[1]. L’inviolabilité de domicile, la liberté de mouvement et les libertés d’opinion, d’expression, de publication, de réunion et d’association sont également garanties sur le plan juridique ; ces droits peuvent être toutefois limités par des dispositions légales ou la sécurité d’État (art. 8-10)[1].

Le système juridictionnel est précisé par la loi portant sur l’organisation judiciaire de 1967, les règles de compétence (attribution, compétence territoriale et compétence d’exception) étant établies dans d’autres textes dont le Code de procédure pénale du 24 juillet 1968. Le système judiciaire est composé de deux grands ensembles : les juridictions civiles (ordinaire, pénale et spéciale) placées sous le contrôle du ministère de la Justice et les juridictions spéciales : Conseil de Prud’hommes, Tribunal immobilier, Conseil d’État (Tribunal administratif et Cour des comptes), Haute Cour (destinée à juger le crime de trahison commis par un membre du gouvernement) et Tribunal militaire (qui n’est pas une juridiction d’exception selon les autorités tunisiennes). Le domaine de compétence de ce dernier s’étend principalement aux atteintes à la sécurité nationale et à la sûreté intérieure de l’État.

En février 2011, le nombre de condamnés à mort est de 130 dont quatre femmes[143]. La dernière exécution d’une sentence de peine de mort remonte à octobre 1991[143].

Économie

Article détaillé : Économie de la Tunisie.

En 2010, le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie atteint 57,17 milliards de dinars (39,58 milliards de dollars) soit une hausse de 7 % par rapport à 2009[144]. En 1960, celui-ci ne se montait qu’à 847 millions de dollars, passant à 1,581 milliard en 1970, 8,634 milliards en 1980, 12,875 milliards en 1990 et 21,254 milliards en 1999[145]. Quant à la population active, elle atteint 3,769 millions de personnes en 2010 mais la population active occupée totalise 3,277 millions de personnes[146], dont près de 30 % de femmes, ce qui représente tout de même plus du double du niveau de 1980[147].

Historique

Habib Bourguiba en compagnie d’Ahmed Ben Salah, secrétaire général de l’UGTT

À la proclamation de l’indépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de ses voisins maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par l’émigration des populations d’origine européenne et relations avec les milieux d’affaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel embryonnaire[148]. La priorité établie par le nouveau président Habib Bourguiba est alors de libérer l’économie nationale du contrôle français qui avait favorisé l’agriculture et l’extraction minérale, mais avait, en grande partie, négligé l’industrie[149],[150], la Tunisie étant alors le pays le moins industrialisé du Maghreb[151]. Dans ce contexte, l’importance croissante de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans les choix économiques par l’action de son secrétaire général, Ahmed Ben Salah, mène le pays vers l’adoption de mesures collectivistes dans l’économie[149]. L’expérience coopérative dure jusqu’en septembre 1969 lorsque Bourguiba suspend Ben Salah de ses fonctions suite à la parution d’un rapport confidentiel de la Banque mondiale sur le déficit des entreprises publiques[152] et aux pressions de l’aile pragmatique du parti. Avec l’arrivée d’Hédi Nouira, pragmatique gouverneur de la Banque centrale hostile au collectivisme[153], au ministère de l’Économie puis au Premier ministère, la Tunisie se réoriente vers l’économie de marché et la propriété privée[149]. Durant la décennie des années 1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur privé et un développement rapide de l’emploi manufacturier. Cette timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le développement d’une meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement instruite et la croissance d’une classe moyenne[154].

Billet de 20 dinars tunisiens (1983)

En 1986, la Tunisie connaît toutefois sa première année de croissance négative depuis son indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique pendant cette période et l’UGTT, qui critique ouvertement la politique économique adoptée par le gouvernement, organise des grèves et des manifestations contre l’augmentation du chômage et la politique salariale[149],[150]. Le gouvernement se met alors d’accord avec le Fonds monétaire international sur la mise en place d’un programme de reprise économique sur 18 mois. L’objectif principal du plan est d’accroître l’efficacité et de promouvoir les mécanismes du marché.

En même temps, il est conçu pour surmonter les conséquences sociales et politiques de ses mesures. Les dépenses publiques sont concentrées aux secteurs de la santé, de l’éducation, du logement et des services. Le gouvernement ne lance cependant pas de véritables programmes avant 1987. La privatisation se traduit dans un premier temps par la vente de petites et moyennes entreprises avec un bon historique bancaire à des acheteurs tunisiens présélectionnés.

Depuis le lancement du nouveau programme de privatisation en 1987, le gouvernement a totalement ou partiellement privatisé 203 entreprises, dont de grands établissements publics tel Tunisie Télécom, pour une recette globale de 5 557 millions de dinars[155]. De plus, la non préparation de plusieurs secteurs à l’ouverture a conduit au maintien d’un niveau de chômage élevé et variant selon les sources de 13 % à 20 %[156]. Pourtant, le chômage ne touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur est ainsi en augmentation depuis plusieurs années. Alors qu’il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984[157], il atteint 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de la Banque mondiale[158].

En 1959, le pays prend ses premiers contacts avec la Communauté économique européenne. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe et aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature d’un premier accord commercial le 28 juillet 1969 à Tunis[120]. Un accord d’association est finalement signé avec l’Union européenne le 17 juillet 1995 et entre en vigueur le 1er mars 1998 pour engendrer dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières jusqu’au 1er janvier 2008[159].

Secteurs

Champ d’oliviers dans le gouvernorat de Sfax
Hôtel djerbien de la chaîne El Mouradi

Depuis l’indépendance de la Tunisie, l’agriculture a enregistré des taux de croissance importants et a permis au pays d’atteindre un niveau de sécurité alimentaire suffisant. En dépit du développement des autres secteurs de l’économie nationale, l’agriculture conserve une importance sociale et économique : elle assure environ 12,3 % du PIB et emploie 16,3 % de la main-d’œuvre en 2006. Les principales productions agricoles sont les céréales (blé et orge), les olives (4e producteur et 3e exportateur mondial d’huile d’olive en 2007-2008[160]), les dattes, les agrumes et les produits de la mer. Si la gestion de l’agriculture appartient encore à des établissements publics, tels l’Office des céréales ou l’Office national de l’huile[161], le secteur agricole est de plus en plus pris en charge par des groupes privés souvent présents dans l’industrie agroalimentaire tel le groupe Poulina, le premier groupe privé du pays.

En matière industrielle, la Tunisie est le premier exportateur d’Afrique en valeur absolue : elle est ainsi passée devant l’Afrique du Sud en 1999[162]. Les secteurs du textile et de l’agroalimentaire représentent 50 % de la production et 60 % de l’emploi de l’industrie manufacturière. Mais, après avoir cru à un rythme annuel de 2,1 % (entre 2000 et 2005), l’industrie tunisienne fait aujourd’hui face à la concurrence étrangère. Toutefois, les exportations de produits mécaniques et électriques se sont multipliées par cinq entre 1995 et 2005[156]. Quatrième fournisseur de l’Union européenne en produits textiles, elle était jusqu’en 2002 le premier fournisseur de la France avant d’être surclassée par la Chine en 2003. Les ressources naturelles de la Tunisie restent quant à elles modestes, ce qui contraint le pays à importer du pétrole.

Dans le secteur des services, le développement du tourisme remonte aux années 1960 grâce à l’action conjuguée de l’État et de groupes privés. Le secteur touristique représente 6,5 % du PIB et fournit 340 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit 11,5 % de la population active occupée avec une forte part d’emploi saisonnier. Outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme saharien (Douz et Tozeur attirant chaque année plus de 250 000 touristes durant toute l’année) est en fort développement. Plus récemment, le tourisme vert, la thalassothérapie et le tourisme médical sont apparus et croissent très rapidement. Le secteur du commerce et de la distribution, qui emploie plus de 500 000 personnes et participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories[163]. Ainsi, le secteur se caractérise encore par la prédominance du commerce traditionnel avec 88 % (2006) du chiffre d’affaires, l’essentiel des transactions commerciales étant réalisé par de petits commerçants. La distribution moderne, qui compte pour 12 % du chiffre d’affaires global et regroupe des enseignes nationales et internationales, n’est apparue que lorsque le marché s’est libéralisé en 1999[164].

Infrastructures

Vue aérienne du port de Radès
Terminal de l’aéroport de Tunis

En matière de transport, la Tunisie compte aujourd’hui sept ports de commerce (Radès, Sfax, Bizerte, Gabès, Sousse, Zarzis et La Goulette) tandis qu’un port en eaux profondes va être réalisé à Enfida. Placés sous la gestion de l’Office de la marine marchande et des ports, ils assurent à eux seuls 96 % du commerce extérieur tunisien[164]. Avec ses 550 000 passagers et ses 415 000 croisiéristes enregistrés en 2004, le port de La Goulette est l’une des destinations les plus appréciées dans l’ouest du bassin méditerranéen[164]. La Compagnie tunisienne de navigation, société publique, est le principal armateur du pays et assure des lignes régulières reliant les deux rives de la mer Méditerranée (vers Marseille, Gênes, Livourne et Barcelone).

Le pays compte également 32 aéroports dont huit aéroports internationaux (Tunis-Carthage, Monastir-Habib Bourguiba, Djerba-Zarzis, Enfidha-Hammamet, Tozeur-Nefta, Sfax-Thyna, Tabarka-Aïn Draham et Gafsa-Ksar). En 2005, 39,2 % du trafic s’effectue par l’aéroport international de Tunis-Carthage.

Le transport ferroviaire assure plus du tiers des déplacements nationaux à travers un réseau national de 2 153 kilomètres de voies ferrées[165]. Le réseau est exploité par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) ainsi que par la Société des transports de Tunis spécialisée dans le transport urbain dans la région de Tunis. Le réseau routier s’étend pour sa part sur 19 300 kilomètres dont 12 655 kilomètres de routes goudronnées ainsi que de trois autoroutes reliant Tunis à Sfax au sud, Bizerte au nord et Oued Zarga à l’ouest. Le secteur du transport routier domine les transports terrestres de voyageurs et de marchandises. Il est néanmoins contrôlé par les sociétés étrangères à cause du petit nombre d’entreprises tunisiennes.

Les infrastructures de télécommunications sont largement développées[166] : le réseau téléphonique compte environ sept millions d’abonnés en 2006 dont six millions d’abonnés mobiles et environ 12,5 % de la population a accès à Internet en février 2007[167]. L’opérateur public, Tunisie Télécom, a longtemps été le seul fournisseur de la téléphonie fixe alors que trois opérateurs se partagent à ce jour le marché de la téléphonie mobile : Tunisie Télécom, Orascom Telecom avec sa marque Tunisiana et Orange Tunisie. L’Agence tunisienne d'Internet gère le réseau Web au plan national qui compte douze fournisseurs d’accès (sept publics et cinq privés). Par ailleurs, 281 publinets (accès publics à Internet) sont répartis sur l’ensemble du territoire[166].

Démographie

Structure de la population de la Tunisie
Évolution démographique
Population 10 629 186 habitants
Densité de la population 65,6 hab./km²
Taux de croissance de la population 0,98 %
Âge médian (population totale)
 - Hommes
 - Femmes
30 ans
29,6 ans
30,4 ans
Structure par âge
 - 0-14 ans
 - 15-64 ans
 - 65 ans et plus

23,2 %
69,3 %
7,5 %
Rapport de masculinité (population totale)
 - À la naissance
- Moins de 15 ans
- 15-64 ans
- 65 ans et plus
1,01 homme/femme
1,07 homme/femme
1,07 homme/femme
1,01 homme/femme
0,87 homme/femme
Part de la population urbaine 67 %
Sources: CIA World Factbook[3] et Institut national de la statistique[16]

Alors que la vaste majorité des Tunisiens (98 %) s’identifient culturellement aux Arabes, certaines études tendent à indiquer qu’ils seraient ethniquement plus proches des Berbères mais aussi de certains Européens :

« Comparés avec d’autres communautés, notre résultat indique que les Tunisiens sont très liés aux Nord-Africains et aux Européens de l’Ouest, en particulier aux Ibériques, et que les Tunisiens, les Algériens et les Marocains sont proches des Berbères, suggérant une petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région au VIIe ou VIIIe siècle[168]. »

Toutefois, de nombreuses civilisations ont envahi le pays puis ont été assimilées à des degrés divers : Phéniciens[169], Romains, Vandales venant d’Allemagne, Ottomans et enfin Français. De plus, beaucoup de musulmans et de juifs arrivèrent d’Andalousie à la fin du XVe siècle. Les premiers Arabes orientaux, venus à partir du VIIe siècle avec les conquêtes musulmanes, ont contribué à l’islamisation de la majeure partie de l’Ifriqiya. À cette occasion se créent quelques villes nouvelles dont Kairouan et Mahdia. C’est à partir du XIe siècle, avec l’arrivée des tribus hilaliennes chassées d’Égypte, que l’arabisation linguistique et culturelle devient déterminante[170]. Certains groupes, descendants des Berbères, ont cependant su conserver leur langue et leurs coutumes, souvent en raison de leur enclavement géographique[171]. En effet, de nos jours, ils habitent souvent les régions de montagnes (Matmata, Tataouine, Gafsa ou Sbeïtla). Toutefois, les berbèrophones, qui représentent une minorité ethnique au Maroc et en Algérie, restent peu nombreux en Tunisie[3].

Presque la totalité des Tunisiens (98 % de la population) est de confession musulmane sunnite, principalement de rite malékite. De la forte population juive qui a existé durant 2 000 ans, il n’en reste plus qu’une infime partie, vivant principalement dans la région de Tunis et à Djerba, car la majorité des Juifs tunisiens ont émigré vers Israël ou la France. Il existe également une petite population chrétienne. Les quelques tribus nomades, minoritaires, sont pour la plupart intégrées et sédentarisées.

La Tunisie a dépassé le cap des dix millions d’habitants en 2005, ce qui correspond à un triplement de sa population depuis 1956 (3 448 000 habitants) et à un doublement depuis le début des années 1970. Néanmoins, la croissance démographique ralentit, le pays accélérant sa transition démographique dans les années 1990. L’indice de fécondité recule graduellement : le nombre d’enfants par femme est passé de près de six dans les années 1960 à 3,4 en 1994 puis à 1,71 en 2010[3]. Ainsi, l’accroissement annuel est réduit à 1,08[172]. Mais la Tunisie est aussi un pays qui connaît un taux important d’émigration : le nombre de Tunisiens résidant à l’étranger est évalué en 2009 à 1 098 212 personnes[173] dont 83 % résident en Europe.

Culture

Article détaillé : Culture de la Tunisie.

La culture de la Tunisie se diversifie par un héritage de quelque 3 000 ans d’histoire et une position géographique en plein bassin méditerranéen, berceau des civilisations les plus prestigieuses et des principales religions monothéistes. La Tunisie a en effet été un carrefour de civilisations et sa culture reflète les traces des cultures punique, arabe, turque, africaine, européenne et musulmane ainsi que l’influence des dynasties successives qui ont régné sur le pays.

Religion

Article détaillé : Religion en Tunisie.

L’islam est la religion principale et officielle de la Tunisie[174] avec un taux qui avoisine les 98 % de la population. 85 % des musulmans tunisiens sont sunnites de rite malékite, le reste étant hanafite[38] ou ibadites[175]. Les Tunisiens conservent néanmoins quelques croyances d’origine païenne comme le mauvais œil. Par ailleurs, le pays est parsemé de petites constructions blanches que sont les zaouïas. Ce sont les tombeaux de saints qui sont censés posséder un certain privilège dans l’au-delà qui leur permet d’être un lien entre l’homme et Dieu. De nos jours, les Tunisiens continuent à les prier et à leur demander des faveurs.

Khamsas au musée du patrimoine traditionnel de Djerba

La constitution tunisienne prévoit ainsi l’exercice libre de la foi tant qu’elle ne porte pas atteinte à l’ordre public[174]. Les gouvernements des présidents Bourguiba et Ben Ali respectent généralement ce droit mais ne permettent pas l’établissement de partis politiques basés sur la religion, interdisent le prosélytisme, la polygamie[176] et limitent le port du hijab, notamment dans les administrations et les écoles publiques[174]. Les fêtes religieuses musulmanes (Aïd el-Kebir, Aïd el-Fitr, Mawlid, etc.) sont considérées comme des jours fériés.

Le christianisme et le judaïsme sont très minoritaires en Tunisie mais le pays se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux autres cultures qui ont fait son identité.

Langues

Article connexe : Arabe tunisien.
Signalisation routière en arabe et français

La Tunisie est l’État du Maghreb le plus homogène sur le plan linguistique[177] car la quasi-totalité de la population parle l’arabe tunisien, ou darija, et maîtrise l’arabe littéral, qui est la langue officielle du pays, ainsi que le français. La darija tunisienne est considérée comme un dialecte dérivé de l’arabe classique — ou plus exactement un ensemble de dialectes[178] — pour lesquels il n’existe aucun organisme officiel de normalisation[179] et qui est surtout parlé dans le cadre d’un dialogue quotidien au sein de la famille. Selon des études lingustinques, il serait proche du maltais[180] qui n’est toutefois pas considéré comme un dialecte arabe pour des raisons sociolinguistiques. Le berbère est parlé par une minorité berbérophone, surtout dans le Sud du pays.

Durant le protectorat français de Tunisie, le français s’impose à travers les institutions, particulièrement l’éducation, qui deviennent un fort vecteur de diffusion. À partir de l’indépendance, le pays s’arabise peu à peu même si l’administration, la justice et l’enseignement restent longtemps bilingues[181] alors que la connaissance des langues européennes est renforcée par l’exposition de la Tunisie à ce continent par l’intermédiaire de la télévision et du tourisme[182].

Les années 1990 marquent un tournant avec l’arabisation des cours de sciences jusqu’à la fin du collège, avec toutes les difficultés occasionnées par ce type de processus, afin de faciliter l’accès aux études supérieures et ce dans un contexte de réhabilitation du référent arabo-islamique dans l’espace public[181]. En octobre 1999, les établissements commerciaux se voient contraints d’accorder deux fois plus de place aux caractères arabes qu’aux caractères latins[181]. Dans le même temps, l’administration se voit contrainte de communiquer exclusivement en arabe mais seuls les ministères de la Défense et de la Justice et le parlement sont totalement arabisés[177]. Dans ce contexte, l’usage du français semble régresser malgré le nombre accru de diplômés du système d’enseignement, ce qui conduit au fait qu’une bonne pratique du français demeure un marqueur social important[181]. Puisqu’elle reste largement pratiquée dans les milieux d’affaires, l’univers médical et le monde culturel, on peut même considérer qu’elle s’est embourgeoisée[181].

D’après les dernières estimations fournies par le gouvernement tunisien à l’Organisation internationale de la francophonie, le nombre de personnes ayant une certaine maîtrise du français est chiffré à 6,36 millions de personnes, soit 63,6 % de la population[183].

Médias

Siège du journal La Presse de Tunisie à Tunis

Le paysage audiovisuel tunisien se compose de deux chaînes de télévision publiques (Télévision Tunisienne 1 et Télévision Tunisienne 2) ainsi que de quelques chaînes de télévision privées (Hannibal TV ainsi que Nessma) nées du processus d’ouverture au secteur privé initié en 2003. Il existe également quatre stations de radio nationales (Radio Tunis, Radio Tunisie Culture, Radio Jeunes et RTCI) et cinq régionales de même que cinq radios privées (Mosaïque FM, Jawhara FM, Zitouna FM, Shems FM et Express FM).

La presse écrite connaît, sous les régimes autoritaires des présidents Habib Bourguiba puis Zine el-Abidine Ben Ali, des périodes de libéralisation puis de difficultés, notamment en raison de la censure. La révolution de 2011 constitue un tournant, avec l’autorisation donnée à près de 200 nouveaux journaux et revues de paraître[184]. Les partis politiques tunisiens ont le droit de publier leurs propres journaux mais ceux des partis d’opposition n’ont longtemps eu qu’un tirage très limité.

Éducation

Article détaillé : Éducation en Tunisie.
École primaire à Hergla
Université de Sousse

L’éducation préscolaire non obligatoire, qui s’adresse aux enfants de trois à six ans[185], est dispensée dans les jardins d’enfants[186]. L’enseignement de base est obligatoire et gratuit, de six à seize ans, et se répartit sur deux cycles : le premier cycle, d’une durée de six ans, est dispensé à l’école primaire alors que le deuxième cycle, d’une durée de trois ans, se déroule au collège[185],[187].

Ce parcours est sanctionné par le diplôme de fin d’études de l’enseignement de base permettant aux diplômés d’accéder à l’enseignement secondaire (toujours gratuit) dispensé au lycée durant quatre ans à partir de la réforme de 1995[186]. Il comprend un tronc commun d’une année (trois jusqu’en 1991) au terme duquel les élèves sont orientés vers un deuxième cycle de trois ans comprenant cinq filières (lettres, sciences, techniques, sciences de l’informatique et économie-gestion) et sanctionné par le baccalauréat permettant l’accès à l’enseignement supérieur[186].

Celui-ci compte notamment 179 établissements rattachés aux treize universités — dont cinq à Tunis, une à Sousse, une à Sfax, une à Kairouan, une à Gabès, une à Gafsa, une à Monastir et une à Jendouba — mais aussi 24 instituts supérieurs des études technologiques (ISET).

La formation professionnelle est assurée par un ensemble d’opérateurs publics parmi lesquels figure l’Agence tunisienne de la formation professionnelle qui assure une tutelle pédagogique de l’ensemble des opérateurs publics et privés[186]. Les diplômes délivrés après une formation initiale sont de trois niveaux : le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) qui sanctionne un cycle de formation d’une durée minimale d’une année après l’enseignement de base, le brevet de technicien professionnel (BTP) qui sanctionne un cycle de formation d’une durée minimale d’une année après la fin du premier cycle de l’enseignement secondaire ou après l’obtention du CAP et le brevet de technicien supérieur qui sanctionne un cycle de formation d’une durée minimale de deux années après le baccalauréat ou après l’obtention du BTP[186].

Alors que 21 % du budget national est consacré en 2008 à l’éducation nationale, le nombre d’élèves inscrits dans les niveaux primaire et secondaire se monte à 2,1 millions en 2008 contre 2,4 millions en 2000 et 1,7 million en 1987 ; 370 000 étudiants sont inscrits dans le même temps dans l’enseignement supérieur[188], soit 27 % de la classe d’âge concernée[38]. En 2005, le taux d’alphabétisation est de 76,2 % et le taux de scolarisation des enfants de 12 à 17 ans, égal pour les garçons et les filles, est de 66 %[38].

Arts

Portrait de Férid Boughedir

Les productions du cinéma tunisien restent rares et confidentielles même si certaines rencontrent un certain succès hors de Tunisie. Parmi les plus connues, on peut citer Un été à La Goulette (1996) et Halfaouine, l’enfant des terrasses (1990) de Férid Boughedir. Ce dernier, sans doute le plus grand succès du cinéma tunisien, met en scène un enfant dans le Tunis des années 1960.

Nouri Bouzid porte quant à lui sur la réalité tunisienne un regard sans complaisance. Dans L’Homme de cendres (1986), il traite de la pédophilie, de la prostitution et des relations entre les communautés musulmane et juive[189]. Dans Bezness (1991), c’est le tourisme sexuel qui se trouve dans sa ligne de mire[189]. Dans Les Ambassadeurs (1975), Naceur Ktari met en scène des émigrés maghrébins en France qui y sont confrontés au racisme. Les Silences du palais (1994) de Moufida Tlatli a quant à lui été primé par plusieurs jurys internationaux. Premier film arabe réalisé par une femme, on y découvre la vie dans une maison aristocratique de Tunis à travers les yeux d’une jeune fille. En 2007, le paysage cinématographique tunisien voit la sortie de plusieurs films recevant un certain succès auprès du public tel que Making of de Bouzid ou VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi.

Orchestre de La Rachidia au Théâtre municipal de Tunis
Ya laimi àazzine par Saliha (1914-1958)

La musique tunisienne est le résultat d’un métissage culturel. Principalement influencée par les cultures arabo-andalouse, arabe et occidentale, elle est relativement diversifiée. Son courant musical classique et le plus réputé est le malouf. Toutefois, les chants traditionnels continuent de rencontrer un certain succès. Côté instruments, les régions urbaines et rurales se différencient quelque peu. En milieu urbain, ce sont les instruments à cordes (rebec, oud et qanûn) et les percussions (darbouka) qui dominent alors que, en milieu rural, le chant bédouin, en plus des percussions, est accompagné d’instruments à vent comme le mezoued et la gasba.

Parmi les grands chanteurs et chanteuses tunisiens, on peut citer Saliha, Khemaïs Tarnane, Ali Riahi, Hédi Jouini, Latifa Arfaoui, Mohamed Jamoussi, Cheikh El Afrit ou encore Dhikra Mohamed. Chez les musiciens, on peut également citer Anouar Brahem, Lotfi Bouchnak, Salah El Mahdi, Ridha Kalaï, Ali Sriti ou encore Youssef Slama. Dans le même temps, une majorité de la population est attirée par des musiques d’origine arabe (égyptienne, libanaise ou encore syrienne). La musique occidentale actuelle remporte également un succès important avec l’émergence de nombreux groupes et de festivals de rock, de hip-hop, de reggae et de jazz.

Le théâtre tunisien s’est surtout développé entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle durant le protectorat français[190]. Fondé à cette époque, le Théâtre municipal de Tunis[190] a accueilli en plus d’un siècle d’existence de grands noms de la scène tunisienne et internationale[190]. Le 7 novembre 1962, Habib Bourguiba consacre son discours au théâtre qu’il considère comme « un puissant moyen de diffusion de la culture ainsi qu’un moyen d’éducation populaire des plus efficaces »[191]. Toutefois, le théâtre tunisien n’a jamais connu un réel développement. En 1970, sous l’impulsion de l’acteur Aly Ben Ayed, Caligula d’Albert Camus est traduit en arabe et les œuvres Mourad III ou Le Temps du Bouraq d’Habib Boularès maintiennent le ton de la violence sanglante.

Même si, de plus en plus, les spectacles dits de boulevard sont restreints au profit d’un genre de spectacle plus sophistiqué[192], Moncef Souissi et Ezzeddine Madani ont créé un théâtre d’expression populaire et moqueur en tunisien. Le courant dit du Nouveau Théâtre de Tunis a également repris le fil de la dérision. Nommé en 1988 à la tête du Théâtre national tunisien (TNT), Mohamed Driss lui offre une nouvelle salle, Quatrième art, en 1996[193] et l’ouvre aux spectacles de ballet, de cirque et de chant[193]. Quant à El Teatro, le premier théâtre privé de Tunisie[194], il offre des représentations théâtrales, des spectacles de danse, des concerts de jazz, des galas de musique arabe, des expositions d’art et des récitals de poésie[194].

Portrait du jeune poète Abou el Kacem Chebbi

La naissance d’une peinture tunisienne contemporaine est fortement liée à l’École de Tunis mise en place par un groupe d’artistes de Tunisie unis par la volonté d’incorporer des thèmes proprement tunisiens et rejetant l’influence orientaliste de la peinture coloniale. Après la peinture expressionniste d’Amara Debbache, Jellal Ben Abdallah et Aly Ben Salem se font reconnaître, l’un pour ses miniatures de style byzantin, l’autre pour son rattachement à l’impressionnisme[195]. La vie quotidienne devient par ailleurs l’inspiration de Zoubeir Turki et d’Abdelaziz Gorgi. L’abstraction saisit également l’imagination des peintres comme Edgar Naccache, Nello Lévy et Hédi Turki. Après l’indépendance en 1956, le mouvement pictural tunisien entre dans une dynamique d’édification nationale, des artistes se mettant au service de l’État. Des artistes ont ainsi pu accéder à une reconnaissance internationale tels que Hatem El Mekki, peintre abstrait, dont la facture rappelle celle d’Alberto Giacometti[195]. La jeune peinture emboîte davantage le pas à ce qui se passe ailleurs dans le monde[195] : Sadok Gmech puise son inspiration dans le patrimoine national alors que Moncef Ben Amor se tourne vers le fantastique. Dans un autre registre, Youssef Rekik réutilise la technique de la peinture sur verre et Nja Mahdaoui retrouve la calligraphie dans sa dimension mystique[195].

La littérature tunisienne existe sous deux formes : en langue arabe et en langue française. La littérature arabophone remonte au VIIe siècle avec l’arrivée de la civilisation arabe dans la région. Elle est plus importante en volume comme en valeur que la littérature en langue française qui suit l’implantation du protectorat en 1881. Malgré la longue histoire de la littérature tunisienne, la production nationale reste pourtant maigre : la bibliographie nationale a recensé 1 249 livres non scolaires publiés en 2002 dont 885 titres en arabe[196]. Parmi les grands auteurs tunisiens, on peut citer Abou el Kacem Chebbi, Moncef Ghachem et Mahmoud Messadi.

Traditions

Tisserande de tapis traditionnel à Kairouan

La Tunisie est réputée pour ses nombreux produits artisanaux dont les diverses régions du pays font leur spécificité. La poterie tunisienne est principalement issue de Guellala[197], ville à l’origine de la création d’autres centres potiers sur le littoral tunisien, notamment à Tunis, Nabeul, Moknine, etc. Mais si la poterie poreuse s’identifie à Guellala, celle émaillée (jaune, verte ou brune) est la marque de fabrique de Nabeul[198]. La ferronnerie remonte pour sa part à l’époque andalouse lorsque l’on décorait les portes cloutées, ornement devenu caractéristique du fer forgé tunisien. Bleues par tradition, destinées à embellir les maisons et à préserver l’intimité des habitants, ces grilles rappellent les moucharabiehs de la tradition arabo-andalouse, panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de regarder dans la rue sans être vues. La ville de Kairouan constitue quant à elle le centre national de production de tapis. La Tunisie possède enfin une riche tradition de mosaïques remontant à la période antique.

Le costume traditionnel est la tenue par excellence des mariages et autres cérémonies[199]. Au niveau national, c’est la jebba qui s’est imposée comme habit traditionnel[199]. Les babouches masculines sont en général de la couleur naturelle du cuir[200], celles des femmes étant dans leur majorité brodées de fils de soie, de coton, d’or et d’argent avec des motifs floraux ou des croissants[200].

Importé par les Andalous au XVIe siècle, le jasmin est devenu la fleur emblématique de la Tunisie. Dès la tombée de la nuit, les vendeurs confectionnent de petits bouquets et les vendent aux passants dans la rue ou aux automobilistes arrêtés aux carrefours. Par ailleurs, le jasmin fait l’objet d’un langage spécifique. Ainsi, un homme qui en porte à l’oreille gauche indique qu’il est célibataire. De plus, offrir du jasmin blanc est une preuve d’amour alors qu’offrir du jasmin d'hiver, sans odeur, est signe d’insolence[201].

Gastronomie

Article détaillé : Cuisine tunisienne.
Briks à l’œuf

La cuisine tunisienne est essentiellement basée sur les légumes, la viande de mouton, de bœuf et dans certaines régions du dromadaire, le poisson (surtout le long des côtes), le couscous et les pâtes[202].

Ces dernières sont sans doute le plat le plus consommé, la Tunisie se plaçant au troisième rang mondial après l’Italie et le Venezuela avec 11,7 kilos par habitant et par an[203],[204], en particulier les spaghettis et macaronis servis généralement avec de la sauce tomate et de l’harissa, même si le plat traditionnel reste le couscous. Le pain, notamment le traditionnel pain tabouna, est également un aliment apprécié de beaucoup de Tunisiens. Le sandwich au thon constitué d’une demi-baguette remplie de miettes de thon, d’harissa avec parfois des olives vertes, des câpres et des rondelles d’œufs durs, est vendu dans toutes les échoppes d’alimentation. Un autre plat fort apprécié est le brik à l’œuf ou avec des garnitures à base de viande et de fromage.

La cuisine tunisienne se différencie quelque peu de ses voisines maghrébines. Le tajine tunisien, contrairement à la version marocaine, consiste en une sorte de quiche à base d’œuf, de viande, de pommes de terre et de persil. Le couscous, lui, se caractérise par une combinaison entre les légumes (pommes de terre, tomate, carottes, courge, etc.), la viande (surtout celle de l’agneau) ou le poisson et la semoule.

Sport

Article détaillé : Sport en Tunisie.

Le sport en Tunisie est marqué par la domination du football, tant en termes de couverture médiatique qu’en termes de succès populaire avec 27 733 licenciés contre 13 992 pour le taekwondo, second sport le plus pratiqué dans le pays[205]. Toutefois, des sports comme le volley-ball ou le handball figurent également parmi les sports les plus représentés même si des sports moins connus sont plus pratiqués par les Tunisiens, notamment les arts martiaux (taekwondo, judo et karaté), l’athlétisme voire le tennis[205]. D’autres grands sports comme le cyclisme sont en revanche moins représentés, faute d’infrastructures, d’équipements et d’intérêt médiatique suffisants[206].

L’Espérance sportive de Tunis est le club de football le plus titré du championnat national, avec 24 titres à son actif, et le plus titré de la coupe de Tunisie avec quatorze titres à son actif ; c’est le premier club à participer à une compétition continentale en 1971 : la coupe des clubs champions africains. Le Club athlétique bizertin devient en 1988 le premier club tunisien à avoir remporter un trophée continental : la coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe. Le Club africain est le premier club tunisien à avoir remporté la coupe d’Afrique des clubs champions en 1992. L’Étoile sportive du Sahel est le premier club tunisien à remporter la Ligue des champions de la CAF dans sa nouvelle édition le 9 novembre 2007. Le Club sportif sfaxien a aussi remporté des manifestations continentales et régionales ; il est le premier club à remporter deux fois de suite la coupe de la CAF en 2007 et 2008.

Le derby de la capitale entre le Club africain et l’Espérance sportive de Tunis reste l’évenement footballistique phare de l’année en rassemblant à deux reprises par saison plus de 60 000 spectateurs et donnant lieu à un show (dakhla en tunisien) de la part des supporters des deux équipes. Le grand classique du championnat entre l’Espérance sportive de Tunis et l’Étoile sportive du Sahel retient également l’attention populaire et cristallise autour de lui la rivalité historique qui oppose les deux clubs.

L’année sportive tunisienne est rythmée par les grandes compétitions que sont les championnats (football, handball, volley-ball et basket-ball) et les coupes (football, handball, volley-ball et basket-ball) des sports les plus populaires. En cyclisme, discipline moins suivie, sont organisés les championnats de Tunisie de cyclisme et, de façon irrégulière, le Tour de Tunisie. Mais le pays organise également des compétitions internationales. Ainsi, la première édition de la Coupe du monde de football des moins de 20 ans s’y tient en 1977[207] tout comme les phases finales des coupes d’Afrique des nations de football en 1965[208], 1994[209] et 2004[210], dernière édition remportée par la sélection nationale. Plus récemment, le championnat du monde de handball masculin 2005 s’est également tenu en Tunisie.

Oussama Mellouli, champion olympique et du monde du 1 500 mètres nage libre

En mai 2007, le pays compte 1 673 clubs sportifs dont les principaux sont actifs dans le football (250) et le taekwondo (206)[205]. Viennent ensuite le karaté et ses dérivés (166), l’handisport (140), le handball (85), l’athlétisme (80), le judo (66), le kung fu (60), le kick boxing (59), le basket-ball (48), la pétanque (47), le tennis de table (45), le volley-ball (40), la boxe (37), la natation (31) et le tennis (30)[205].

Parmi les sportifs les plus connus, Mohammed Gammoudi s’illustre en athlétisme, ce qui lui permet de remporter quatre médailles aux Jeux olympiques, ce qui en fait le sportif tunisien le plus médaillé de l’histoire du pays[211]. La Tunisie a également vu émerger des champions dans des sports individuels tels que Anis Lounifi (champion du monde de judo) ou encore Oussama Mellouli (champion du monde et olympique de natation). En ce qui concerne les sports collectifs, les équipes nationales ont remporté une coupe d'Afrique des nations de football, huit championnats d’Afrique de handball masculin[212], huit championnats d’Afrique de volley-ball masculin ou encore la compétition de basket-ball des Jeux panafricains de 1973.

Codes

La Tunisie a pour codes :

Notes et références

  1. a, b, c et d (fr) Articles 1 à 17 de la constitution tunisienne (Jurisite Tunisie)
  2. (fr) Données générales sur la population (Institut national de la statistique)
  3. a, b, c et d (en) Données sur la Tunisie (CIA World Factbook)
  4. (fr) [PDF] Tableau 1 du rapport des Nations unies sur le développement humain 2011 (PNUD)
  5. (fr) Welid Naffati, « Tunisie : Feu vert à l’ATI pour gérer le .tounes », Tekiano, 12 août 2010
  6. (fr) Membres de l’ONU (Organisation des Nations unies)
  7. (fr) Victor Silvera, « Le régime constitutionnel de la Tunisie : la Constitution du 1er juin 1959 », Revue française de science politique, vol. 10, n°2, 1960, p. 377
  8. (fr) Michel Camau et Vincent Geisser, Habib Bourguiba : la trace et l’héritage, éd. Karthala, Paris, 2004, p. 211
  9. (fr) Marc Imbeault et Gérard A. Montifroy, Géopolitique et pouvoirs : des pouvoirs de la géopolitique à la géopolitique des pouvoirs, éd. L’Âge d’Homme, Lausanne, 2003, p. 62
  10. (fr) « Tunisie : Ben Ali et sa famille sont en Arabie saoudite », Le Monde, 15 janvier 2011
  11. Les chiffres ne sont pas convergents : la superficie officielle donnée par l’État tunisien est de 162 155 km2 alors que celle mentionnée est la plus fréquemment lue notamment dans les travaux de géographie.
  12. (en) R.H. Hughes et J.S. Hughes, A directory of African wetlands, éd. IUCN, Gland, 1992, p. 75
  13. (fr) [PDF] A. Teyeb, Leïla Dehmani, Afifa Ben Ezzine, Chekib Kerkeni et L. Kaabi, « Étude des performances d’un capteur stockeur cylindro-parabolique », Revue des énergies renouvelables, vol. 9, n°3, 2006, p. 135
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  15. (fr) Moncef Ben Salem, « Aires protégées en Tunisie : Parc national de l’Ichkeul (Gouvernorat de Bizerte) », Le Renouveau, 13 juin 2010
  16. a, b et c (fr) Données générales sur la population tunisienne (Institut national de la statistique)
  17. a, b, c et d (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Tunis (Institut national de la statistique)
  18. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Sfax (Institut national de la statistique)
  19. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Sousse (Institut national de la statistique)
  20. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Kasserine (Institut national de la statistique)
  21. a et b (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de l’Ariana (Institut national de la statistique)
  22. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de la Manouba (Institut national de la statistique)
  23. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Kairouan (Institut national de la statistique)
  24. a, b et c (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Ben Arous (Institut national de la statistique)
  25. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Gabès (Institut national de la statistique)
  26. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Bizerte (Institut national de la statistique)
  27. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Monastir (Institut national de la statistique)
  28. a et b (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Médenine (Institut national de la statistique)
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  51. Voir à ce sujet le travail de Marcel Le Glay, Saturne africain, deux volumes, éditions de Boccard, Paris, 1966
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  60. Guillaume Bernard, Introduction à l’histoire du droit et des institutions, éd. Studyrama, Levallois-Perret, 2004, p. 70 (ISBN 2844724426)
  61. Alban Gautier, 100 dates qui ont fait le monde : 3 000 ans de mondialisation, éd. Studyrama, Paris, 2005, p. 105 (ISBN 2844726577)
  62. Dominique Arnauld, op. cit., p. 274
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  64. a, b et c Yves Lacoste et Camille Lacoste-Dujardin, op. cit., p. 42
  65. a, b, c, d, e, f et g Collectif, L’encyclopédie nomade 2006, éd. Larousse, Paris, 2005, p. 707 (ISBN 9782035202505)
  66. Ceci étant particulièrement évident à Carthage comme l’indique Liliane Ennabli, « Carthage chrétienne », Encyclopædia Universalis, Paris, 2002, p. 1041 et suivantes
  67. a, b et c Michel Quitout, Parlons l’arabe tunisien : langue et culture, éd. L’Harmattan, Paris, 2002, p. 11 (ISBN 2747528863)
  68. a, b et c Ephrem-Isa Yousif, op. cit., p. 358
  69. a et b Yves Lacoste et Camille Lacoste-Dujardin, op. cit., p. 43
  70. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale, traduit par William Mac Guckin de Slane, éd. Berti, Alger, 2003 (ISBN 9961690277)
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  77. a, b et c Yves Lacoste et Camille Lacoste-Dujardin, op. cit., p. 44
  78. Yves Lacoste et Camille Lacoste-Dujardin, op. cit., p. 44-45
  79. (en) Dynastie almohade (Islamic Architecture)
  80. a et b Pierre Bonte, Al-Ansâb, la quête des origines : anthropologie historique de la société tribale arabe, éd. Maison des sciences de l’homme, Paris, 1991, p. 115 (ISBN 9782735104260)
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  82. Pierre Pinta (La Libye, éd. Karthala, Paris, p. 115 (ISBN 2845867166)) résume ainsi cette situation : « Ces derniers [les Mérinides] firent leur entrée dans Tunis en même temps que la peste ».
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  87. (fr) Dynastie mouradite (Histoire de l’Afrique)
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  117. a, b, c, d, e et f Yves Lacoste et Camille Lacoste-Dujardin, op. cit., p. 74
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