Moncef Ghachem

Moncef Ghachem
Moncef Ghachem
Portrait de Moncef Ghachem
Portrait de Moncef Ghachem

Nom de naissance المنصف غشام
Activités écrivain
Naissance 29 juillet 1946 (1946-07-29) (65 ans)
Mahdia, Drapeau de Tunisie Tunisie
Langue d'écriture français, arabe
Genres poésie

Moncef Ghachem (المنصف غشام), né le 29 juillet 1946 à Mahdia, est un poète tunisien contemporain d'expression française.

Sommaire

Biographie

Formation

Descendant d'une famille de pêcheurs depuis quatre générations, Moncef Ghachem est né dans une maison près du cimetière de Mahdia, situé au bord de la mer Méditerranée, et dont l'environnement marque son imaginaire :

Cimetière marin de Mahdia

« Je suis venu de la mer, de la soif, du cri. Je suis voué au cri comme les vents de la mer »[1]. »

Après des études primaires à Mahdia et secondaires au Lycée de garçons de Sousse, il quitte à 19 ans sa ville natale pour étudier les lettres arabes et françaises à Tunis, à la faculté du boulevard 9-avril (1965-1970), puis poursuit des études supérieures en littérature arabe, française et comparée à l'Université de Paris IV (1976-1978).

Journaliste

Ghachem publie de nombreux et divers articles dans la presse ou dans des revues d'art et d'essai en Tunisie aussi bien qu'en France ou en Italie. Il est notamment journaliste culturel à Afrique Asie, rédacteur pour Le Maghreb, éditorialiste à Réalités et journaliste pour Le Temps. Pour Méditerranée Magazine, il rédige des articles sur Madhia et Sidi Bou Saïd.

Poète

Ghachem publie Cent mille oiseaux en 1975 puis Car vivre est un pays en 1978. En 1981 déjà, le journal L'Action tunisienne le qualifie de « sommet de la poésie tunisienne de langue française » et, en 1984, la revue parisienne Poésie 1 lui réserve plusieurs pages de son numéro 115 consacré aux poètes tunisiens d'expression française.

Villa Médicis où séjourne Ghachem en 1991

Son troisième recueil, intitulé Cap Africa, paraît en 1987. Sa poésie est aussi publiée dans de nombreuses revues poétiques dont Alif, dirigé par son ami Lorand Gaspar à Tunis, la revue Vagabondages, le Journal des poètes édité à Bruxelles, etc. Hôte de la Villa Médicis à Rome en 1991, il est fait cette même année citoyen d'honneur de la ville de Rocamadour où il se voit décerner le Prix international Mirabilia de poésie francophone.

En 1994 paraît son recueil de nouvelles L'Épervier, nouvelles de Mahdia dans lequel il démêle de lucides et édifiantes histoires de ses solides filets de mémoire :

« C'était le printemps du paysan, celui qui portait dans sa voix brève et cristalline les jardins de la mer, celui qui récoltait de son rose champ le mulet et tirait de ses résidences caverneuses le pagre et le denté, celui qui caressait de ses paupières l'étoile du matin, pour rentrer, chaussé d'embruns, avec le loup des tempêtes exténuées.
C'était mon père, et le temps est passé[2]. »

En 1997 paraît Orphie, recueil de poésies à l'éloge de la mer où Ghachem chante ses chers pêcheurs et marins, et toujours, la figure emblématique du père :

« Mon père n'est pas venu
balbutiant des versets sur la tombe frêle
j'appelle longtemps mon compagnon de jadis[3]. »

La même année, son recueil Nouba fait retentir l'écho des poètes martyrs en Algérie. En 1999, son ouvrage Matin près de Lorand Gaspar est consacré à son ami « poète du désert » qui réside comme lui à Sidi Bou Saïd de 1971 à 1996. Dans Santo et loup, nouvelle parue en janvier 2007, c'est la mémoire de Mahdia qui s'imprime au rythme des jeux espiègles des enfants tunisiens et siciliens :

« La première sardine à franchir la porte de mes bisaïeux, ce fut dans sa grande enfance, mon père qui l'apporta. Toute une corbeille pleine que lui avaient donnée des pêcheurs siciliens venus démailler leurs filets dérivants, dans la crique centrale du Cap Africa[4]. »

Moncef Ghachem est traduit notamment en italien, anglais, grec, allemand, arabe, etc. Il a lui-même traduit en arabe René Char, Lorand Gaspar ou Eugène Guillevic. Il participe à l'écriture de plusieurs livres collectifs et à nombre de rencontres ou festivals internationaux.

Pour Michèle Molto-Courren, « homme de cultures, Moncef Ghachem réalise dans ses textes une synthèse particulièrement réussie de la langue française et de la pensée maghrébine. Il est bien persuadé que le fait d'écrire en français ne le coupe pas de sa culture, de ses racines, mais au contraire ajoute à sa richesse d'expression »[5].

Lors de la rencontre « De tous les lieux du français » organisée à Hautvillers en 1975, à laquelle participent de nombreux poètes francophones dont Léopold Sédar Senghor, Ghachem affirme : « Je me gausse de l'angoisse sénile de ceux qui galvaudent la poésie maghrébine de langue française, prétextant déracinement et déculturation »[6]. Il exprime ainsi l'idée de faire partie de l'univers des poètes qui écrivent en français, qu'ils soient du Maghreb, de l'Afrique subsaharienne ou des Antilles, tout en acceptant la cohabitation des cultures.

Prix littéraires

En 1994, il reçoit le Prix Albert-Camus, mention « découverte », pour son recueil de nouvelles L'Épervier, nouvelles de Mahdia.

En mars 2006, à Paris, il est lauréat de la mention spéciale du Prix international de poésie de langue française Léopold Sédar Senghor pour l'ensemble de son œuvre.

Distinctions

Il est fait chevalier à l'Ordre des palmes académiques françaises en 1993 et chevalier par le Cordon culturel du président de la République tunisienne en 1994.

Publications

Recueils de poèmes

  • Gorges d'enclos, éd. Maison de la culture Ibn Rachid, Tunis, 1970
  • Cent mille oiseaux, éd. L'Auteur, Paris, 1975
  • Car Vivre est un pays, éd. Caractères, Paris, 1978
  • Cap Africa, éd. L'Harmattan, Paris, 1987
  • Orphie, éd. Maison des écrivains étrangers et des traducteurs, Saint-Nazaire, 1997
  • Nouba, éd. L'Or du Temps, Tunis, 1997
  • Matin près de Lorand Gaspar, éd. L'Or du Temps, Tunis, 1998

Romans et recueils de nouvelles

  • L'Épervier, nouvelles de Mahdia, éd. Société polygraphique Mang, Paris, 1994 - rééd. Arganier, Paris, 2009
  • Mugelières, éd. Apogée, Rennes, septembre 2010

Livres collectifs

  • Le Patrimoine culturel palestinien, éd. Le Sycomore, Paris, 1980
  • Marseille-Marseilles, éd. Parenthèses, Marseille, 1991
  • Pour Rushdie, éd. La Découverte, Paris, 1993
  • Algérie-Algérie, éd. Le Fennec, Casablanca, 1995
  • Méditerranée, Ombrageuse voyance, éd. L'Harmattan, Paris, 2003
  • « Santo et loup », Chroniques de Tunisie, éd. Institut français de coopération, Tunis, 2007

Discographie

Le groupe Dounia[7] crée et joue des musiques autour des textes de Moncef Ghachem, pour un reading live, avec ce dernier qui est intitulé Dalle sponde del mare bianco.

Références

  1. Extrait d'un entretien publié dans le quotidien L'Action tunisienne le 9 avril 1981, cité par Jean Déjeux, « Poètes tunisiens de langue française », Poésie, n°115, janvier-février 1984, p. 65
  2. Moncef Ghachem, L'Épervier, nouvelles de Mahdia, éd. Société polygraphique Mang, Paris, 1994
  3. Moncef Ghachem, Orphie, éd. Maison des écrivains étrangers et des traducteurs, Saint-Nazaire, 1997
  4. Moncef Ghachem, « Santo et loup », Chroniques de Tunisie, éd. Institut français de coopération, Tunis, 2007
  5. Article de Michèle Molto-Courren dans la revue Poésie/première
  6. Jean Déjeux, « Poètes tunisiens de langue française », Poésie, n°115, janvier-février 1984, p. 13
  7. (fr) [PDF] Présentation du groupe Donia (Dell'Amore)

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Moncef Ghachem de Wikipédia en français (auteurs)

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