- Mafia
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Une mafia (ou maffia) est une organisation criminelle dont les activités sont soumises à une direction collégiale occulte et qui repose sur une stratégie d’infiltration de la société civile et des institutions. On parle également de système mafieux. Les membres sont appelés « mafieux » (sans distinction de nombre), ou parfois « mafiosi », d’après le nom italien (au singulier : « mafioso »).
Étymologie
Article détaillé : Mafia (étymologie).Le terme mafia a diverses étymologies possibles, plus ou moins vérifiables et réalistes. Dans les années 1860 commence la notoriété du terme, qui désigne par exemple dans les documents officiels, comme les communications des fonctionnaires, à la fois une association de malfaiteurs et un comportement courant dans la société sicilienne, rapproché du courage et de la vengeance[1].
Naissance et origine de la mafia
Le terme mafia est polysémique : au sens large il désigne toute forme de crime organisé n'importe où sur la planète (c'est ainsi qu'on parle de mafia russe, italienne, chinoise, japonaise etc...) ; mais le sens premier désigne l'organisation du crime sicilien ; la Sicile est le berceau de la Mafia.
Une origine sicilienne
La mafia sicilienne : onorata societa, omerta, etc.
La mafia à l'origine est donc sicilienne. Elle apparaît dans la seconde moitié du XIX° siècle. Dans la première moitié du XIX° siècle, l'aristocratie a laissé de plus en plus de place à la bourgeoisie dans la gestion des terres. D'une manière générale les taxes ont augmenté ; les terres réservées autrefois aux pauvres ont été confisquées et privatisées. Avec le rattachement à l'Italie (1861), de nouvelles taxes imposées par le Nord s'ajoutent rendant la situation intenable. C'est dans ce contexte que la mafia explose. Qu'est-ce que la mafia ? Le mafieux est d'abord un misérable, chassé de ses terres, contraint à l'errance, mendiant, brigand, louant ses services, rackettant... mais il y a un autre type de mafieux : le riche, le possédant qui expulse et qui rémunère les gros bras qui expulsent, récoltent les taxes, extorquent les fonds sous la menace de l'arme, sans passer par les tribunaux (trop laxistes de toute façon). A une époque où le pauvre et le riche vont s'appauvrir les liens vont se resserrer ; au fur et à mesure que les difficultés s'accroissent la valeur de la parole donnée augmente, ainsi naît l'onorata societa, la société des hommes d'honneur, ceux qui tiennent leur parole, ceux qui tiennent leur langue. Avec la mafia la notion d' omerta est scellée. Tout "homme d'honneur" doit tenir sa langue, il doit préférer le silence à la dénonciation, l'action à la parlote. L' omerta, c'est l'homme ("omu") et l'humilité (umiltà), l'homme humble, respectable, digne de ce nom, qui se tait et qui fait C'est indéniablement dans un contexte d'extrême pauvreté que se développe la mafia : sans conditions extrêmes, pas d'hommes de main, sans hommes de main prêts à exécuter les ordres, il n'y a pas d'organisation. La mafia est aussi liée à la notion de "parrain". Le parrain est le chef de l'organisation, celui qui accumule le plus de richesses et celui qui prend toutes les décisions. Chaque homme lui doit le "respect" ; celui qui enfreint cette règle doit mourir. A l'origine la mafia est organisée, elle a un chef et des exécutants ; mais plus la pauvreté va croître dans la Sicile de la fin du XIX° siècle plus les "mafias" vont prospérer et s'organiser, plus elles vont être nombreuses et s'affronter pour le contrôle des territoires et des revenus.
Le premier Parrain : Don Vito
Le premier véritable « parrain » de la mafia s'appelle Vito Cascio Ferro. Il modernise l'organisation, impose le pizzu, impôt (racket) sur tous les commerçants. Il raconte qu'il va « picorer » chez les commerçants comme le moineau pique son bec dans une flaque d'eau pour boire ; d'où le terme « pizzu ». Il est le parrain qui chapote tous les capos qui eux-mêmes dirigent tous les hommes de mains. Chaque capo a un consigliere (bras droit). « Don Vito », comme on l'appelle, ne faillira jamais, parsemant sa vie de nombreux morts. Il est la légende qui a inspiré le personnage du film Le Parrain prêtant son surnom et son prénom à Don Vito Corleone (le nom de Corleone étant emprunté au village de mafieux le plus dur qu'ait connu la Sicile : Corleone, au sud-ouest de Palerme). C'est lui qui infiltre la mafia aux États-Unis à la fin du XIXe siècle.
La mafia sicilienne aux Etats-Unis d'Amérique
Les pauvres Siciliens fuyaient la misère et malheureusement ne trouvaient que misère également aux Etats-Unis ; l'organisation de la Mafia trouva donc un terrain prospère pour ses affaires aux Etats-Unis. C'est ainsi que dès l'arrivée des premiers Siciliens se mit en place l'organisation de la Main Noire ou Mano Nera. Les mafieux envoient des lettres anonymes aux autres Siciliens avec une demande de rançon signée par un dessin représentant une main gantée de noir. Celui qui reçoit la lettre n'a qu'à se rendre au rendez-vous fixé avec la somme demandée, sinon c'est l'assassinat. Ce phénomène n'étant réservé qu'aux Siciliens, et ces Siciliens étaient généralement très pauvres, la police américaine se moque éperdument de tout ça. Il n'y a guère qu'une fois le cadavre retrouvé que l'on s'inquiète un peu, puis on passe... C'est ainsi que l'organisation criminelle de Don Vito va s'étendre de la Sicile aux Etats-Unis et y prospérer également. On trouve très tôt des marques d'implantation de la mafia partout où il y a des Siciliens : New York bien sûr, mais aussi Chicago, et même Kansas City (!).
Les mafias italiennes
Si la mafia se développe d'abord en Sicile, elle se développe aussi rapidement dans le Sud de l'Italie, cette autre partie soumise au nord et négligée par le nord dès après 1861. Ces mafias portent différents noms selon le lieu où elles règnent :
- la Camorra (en Campanie : Naples) ;
- la Cosa Nostra (en Sicile) - celle-ci était jadis désignée sous le nom de mafia, dont le sens fut ensuite élargi, et ce jusqu'à ce qu'un pentito révèle qu'entre eux, les mafieux siciliens utilisaient le terme de Cosa Nostra ;
- la 'Ndrangheta (en Calabre) ;
- la Sacra Corona Unita (dans les Pouilles) ;
- la Stidda (en Sicile).
Les mafias autres dans le monde
Les organisations criminelles considérées comme des mafias stricto sensu par les criminologues sont, outre les mafias italiennes,
- les Triades chinoises,
- les Boryokudan japonais (dont les membres sont appelés « Yakuza »),
- la mafia italo-américaine, a une place à part puisqu'elle est directement issue de la mafia sicilienne et que c'est elle qui lui a servi de modèle
- la « Mafija » Serbe,
- la « Mafiya » russe, illustrée dans le film Un nouveau russe.
- la « Mafya » turque,
- la mafia albano-kosovare.
D’autres groupes criminels tels que les cartels colombiens avec Pablo Escobar, les clans nigérians, les posses jamaïcains, la pègre du sud de la France, sont des mafias vivant du rackett de la prostitution et de tout autre sorte de trafics.
Caractéristiques d'une mafia
Six caractéristiques définissent une mafia :
- Structuration de l'organisation qui suppose un engagement réciproque de ses membres et un certain nombre de règles internes.
- La violence qui est à la fois utilisée pour accéder à des richesses et pour protéger l'organisation par l'intimidation.
- La mafia a aussi un rôle social. Les mafieux cherchent à avoir des rôles important dans des activités de médiation sur le plan politique, social ou économique, en particulier pour la jonction entre la sphère légale et illégale.
- Un ancrage territorial. Ainsi tout en ayant des activités internationale. Les mafias cherchent à garder des liens sur leurs territoires d'origine.
- La coexistence entre les activités légales et illégales entre l'ensemble des ressources de l'organisation. Seule l'Italie, confrontée de longue date au phénomènes mafieux, a défini le crime d'association mafieuse.
- Le lien avec les classes politiques et les institutions, soit à l'échelle régionale, soit à l'échelle nationale. Grâce à cette interpénétration, elle arrive à accéder à certaines ressources, dont des marchés publics. Elle arrive dans certains cas à agir en toute impunité judiciaire parce qu'elle monnaie son soutien à la classe politique à travers l'influence qu'elle exerce sur la société.
Histoire de la Cosa Nostra sicilienne
Les débuts
Il a été longtemps débattu des origines médiévales ou non de la Mafia. Le Pentito décédé Tommaso Buscetta a pensé que oui, alors que les lettrés modernes pensent maintenant autrement. Il est possible que la mafia « originelle » ait été constituée comme une société secrète dont l’objectif avoué était de protéger la population sicilienne de la menace des maraudeurs espagnols au XVe siècle. Cependant, il y a très peu de preuves historiques qui abondent dans ce sens. Il est également concevable que le mythe de « Robin des Bois » ait été perpétué par les premiers mafiosi notoires dans le but de gagner la bienveillance et la confiance des Siciliens.
Après les révolutions de 1848 et 1860, la Sicile avait sombré dans l’anarchie la plus totale. Les premiers mafiosi, alors bandes de hors-la-loi, petites et éparses, contribuèrent par les armes à la confusion. Pour l’auteur John Dickie, leur objectif était de détruire les rapports de police et les preuves, ainsi que d’éliminer la police et les pentiti (repentis) en profitant du chaos ambiant. Cependant, une fois qu’un nouveau gouvernement fut établi à Rome et qu’il devint clair que la mafia ne serait plus à même de mener à bien ces actions, ils changèrent progressivement leurs méthodes et leurs techniques au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Protéger les grandes plantations de citronniers et les propriétés de la noblesse locale (parfois en son absence jusqu’à la remplacer) devinrent des affaires lucratives bien que dangereuses. Ces activités se déroulaient au début principalement à Palerme, mais la domination de la mafia sicilienne s’étendit bientôt dans tout l’ouest de la Sicile. Afin de renforcer les liens entre les bandes disparates et d’assurer ainsi de meilleurs profits et un environnement plus sûr, il est possible que la mafia telle que nous la connaissons ait été formée à ce moment, au milieu du XIXe siècle.
Après l’unification de l'Italie
À partir de 1861, date à laquelle le nouvel État italien unifié prit contrôle de la Sicile et des états papaux, les papes furent hostiles à l'État. Dès 1870, le pape déclara être assailli par l’État italien et les catholiques furent fortement encouragés à refuser de coopérer avec lui. En règle générale, en Italie, cela prit un caractère paisible. La Sicile était fortement catholique, dans un sens toutefois plus communautaire qu'intellectuel ou théologique, et se méfiait traditionnellement des étrangers. La friction entre l’Église et l’État donna un grand avantage aux bandes criminelles violentes de Sicile qui pouvaient déclarer aux paysans et aux citadins que coopérer avec la police, qui représentait le nouvel État italien, était un acte anti-catholique. C’est pendant les deux décennies suivant l’unification de 1860 que le terme mafia est venu à l’attention du grand public, bien qu’il désignât alors davantage un système d’attitudes et de valeurs qu’une organisation. Elle était encore à l’image des contremaîtres qui dirigeaient les grandes propriétés agricoles en l’absence des propriétaires terriens (les nobles) qui résidaient le plus souvent à Palerme, Naples ou, après l'unification, Rome et qui acquirent de fait un pouvoir local, notamment en termes d’impôts.
La première mention dans les annales judiciaires officielles du terme « mafia » apparaît à la fin du XIXe siècle, quand un certain Dr. Galati fut victime de menaces violentes par un mafioso local, Antonino Giammona, qui tentait de racketter son exploitation de citronniers. Les rackets de « protection », le vol de bétail et la corruption de fonctionnaires de l’État étaient les sources de revenus et les protections principales des premières mafias. La Cosa Nostra a aussi fortement emprunté aux serments et rites maçonniques, comme la désormais célèbre cérémonie d’initiation.
Le régime fasciste de Mussolini
En 1925, Benito Mussolini lança une campagne visant à détruire la mafia et à exercer un contrôle fasciste sur la vie sicilienne. La mafia menaçait, sapait sa puissance en Sicile, et une campagne réussie aurait pour conséquence de renforcer la légitimation et la mise en place de son pouvoir. C'était une opération dont les retombées pouvaient être très positives pour l'image du fascisme, et qui pouvait également fournir une excuse pour réprimer ses opposants politiques sur l'île, puisque de nombreux politiciens siciliens avaient des liens mafieux.
En tant que premier ministre, Mussolini avait visité la Sicile en mai 1924 et traversé Piana dei Greci, où il avait été reçu par le maire, patron de la mafia Francesco Cuccia. À un moment, Cuccia s'étonne de l'escorte policière de Mussolini, et lui chuchote à l'oreille: « Vous êtes avec moi, vous êtes sous ma protection. De quoi avez vous besoin de tous ces flics ? » Quand Mussolini eut rejeté l'offre de protection de Cuccia, celui-ci instruit les villageois de ne pas assister au discours de Mussolini. Mussolini se sentit humilié et outragé.
La remarque imprudente de Cuccia est passée dans l'histoire comme le catalyseur de la guerre de Mussolini contre la mafia. Lorsque Mussolini eut établi fermement son pouvoir, il nomma Cesare Mori, le préfet (« de fer ») de Palerme en octobre 1925 et lui accorda des pouvoirs spéciaux pour lutter contre la mafia. Mori forma une petite armée de policiers, de carabiniers et de miliciens, qui passait de ville en ville, pour entourer les suspects. Pour contraindre les suspects à se rendre, ils prirent leurs familles en otage, vendirent leurs biens ou firent publiquement abattre leur bétail. En 1928, plus de 11.000 suspects avaient été arrêtés. Les confessions étaient parfois extorqués sous la torture et les coups. Certains mafieux qui avaient été du côté des perdants de querelles mafieuses coopérèrent volontairement avec les procureurs, afin, peut-être, d'obtenir protection et vengeance. Les charges d'association mafieuse furent généralement adressées à des paysans pauvres, aux gabellotti (locataires de ferme), mais furent évitées lorsqu'il s'agissait de grands propriétaires terriens. Beaucoup furent jugées en groupe. Plus de 1.200 furent condamnés et emprisonnés et d'autres exilés (en exil intérieur) sans procès. Beaucoup de mafiosi fuirent à l’étranger pour échapper à l'emprisonnement.
Des résultats tangibles
En 1927 Mussolini crie victoire ; Mori, lui-même, se vante d'avoir ramené le nombre de meurtres en Sicile occidentale de 278 en 1924 à 25 en 1928 (en fait il y en aurait eu une bonne centaine pour cette année)[2].
La campagne de Mori prit fin en juin 1929, quand Mussolini le rappela à Rome. Bien qu'il n'ait pas totalement écrasé la Mafia comme la presse fasciste le proclama, sa campagne fut néanmoins couronnée de succès. Comme l'ancien mafieu Antonino Calderone le rappelle dans ses Mémoires : « La musique avait changé. Les mafieux eurent une vie difficile [...] Après la guerre, la mafia n'existait presque plus. Les familles siciliennes avaient toutes été brisées.... »
Grâce à ses actions, le taux d'assassinats en Sicile diminua fortement. Les propriétaires fonciers purent augmenter le loyer légal sur leurs terres;. Les mafiosi fuirent vers les États-Unis. Parmi ceux-ci Carlo Gambino, Joseph Bonanno, qui allaient devenir les patrons de la puissante mafia new-yorkaise. Joseph Bonanno, surnommé Joe Bananas, passera par le port du Havre et deviendra le futur parrain de la branche américaine de la Mafia. On peut encore citer Frank Coppola, qui fuit la Sicile en 1926 et devient chef d'une famille à Kansas City[2]. Expulsé en 1948 il revient en Sicile et organise le trafic de drogue.
Limites de la politique fasciste
Mais cette politique avait deux défauts : elle emprisonnait plus des opposants politiques (déportés aux îles Lipari) au régime que des mafieux notoires, d'autre part on éliminait les mafieux qui ne désiraient pas s'allier avec Rome, par conséquent on affaiblit une partie de la mafia, mais uniquement pour renforcer l'autre partie. Quand Mori eut fini d'emprisonner les mafieux non affiliés au régime, il continua sa furie antimafia, sans se rendre compte qu'il touchait aux amis du régime. Mussolini avait accueilli de nombreux mafieux dans son régime, si bien que ceux qui s'étaient alliés avec lui continuèrent à faire des affaires, et ces derniers profitèrent bien entendu de la violence du régime non seulement pour se débarrasser des mafieux d'autres clans mais également pour se débarrasser de civils qui désiraient lutter contre la mafia. Vito Genovese est le plus connu de ces gangsters qui firent le bonheur du parti fasciste. Mori finit par être victime de son propre zèle : il emprisonne Don Cucco, un oculiste connu et député, puis il emprisonne les avocats et les chirurgiens... on s'inquiète à Rome, bientôt la société sicilienne n'aura plus aucun cadre à ce rythme... Mori est appelé à d'autres fonctions en juin 1929. Officiellement, il est destitué car sa mission est accomplie et terminé : il n'y a plus de mafia en Sicile. En fait, elle est toujours là : en 1931, plus de 280 mafiosi sont condamnés dont 180 au cours d'un seul procès, en 1932 dans la seule ville d'Agrigente on rafle 242 hommes et femmes de la mafia. Le grand parrain de la Sicile, Don Vito Cascio est en prison et y meurt c'est vrai, mais il y vivait en vrai pacha[3][4], et il est remplacé par son bras droit Don Calogero Vizzini qui a lui l'appui du régime[3]. Don Calo avait en effet avant la prise du pouvoir par Mussolini caché un squadriste qui avait tué un opposant politique[3], de même il avait avancé des fonds à Mussolini pour sa marche sur Rome. Le fugitif qu'il avait caché était ensuite devenu secrétaire d'Etat de Mussolini[3]. En 1924 Don Calo fut officiellement inculpé de fraude, mais ne fut condamné qu'à 5 ans d'assignation à résidence (confino), le parrain était libre[3]. En 1925, il est de nouveau inculpé pour association de malfaiteurs, mais cette fois il est carrément acquitté[3].
La libération américaine et l’après-guerre
Après la chute du régime fasciste, la mafia est redevenue puissante en Italie avec la reddition du pays et l’occupation américaine. Les États-Unis ont utilisé les relations italiennes de mafiosi américains pendant le débarquement en Sicile et en Italie, en 1943. Lucky Luciano et d’autres mafiosi, qui avaient été emprisonnés pendant ce temps aux États-Unis, fournirent des informations au renseignement militaire américain et usèrent de l’influence de Luciano pour faciliter l’avancée des troupes. Par exemple, le contrôle de Luciano sur les ports a empêché leur sabotage par les agents fascistes. En échange les autorités américaines firent des cadeaux aux mafieux collaboratifs.
Ainsi , Luciano a été autorisé à commander son réseau criminel de sa cellule de prison en échange de son assistance et après la guerre Luciano fut libéré et extradé vers l’Italie, où non seulement il développa son entreprise criminelle mais il développa des liens entre l'Italie et la mafia restée aux Etats-Unis. Officiellement il lui était interdit d'aller en Sicile, mais rien ne l'en empêcha, et c'est lui qui permit une alliance avec la mafia corse qui mena au développement d’un vaste réseau international de trafic d’héroïne. Le lieu de production de l'héroïne était la Turquie, mais quand la Turquie a commencé à éliminer la production d’opium, il usa de ses relations avec les Corses pour ouvrir un dialogue avec les mafiosi corses expatriés au Sud-Vietnam. En collaboration avec les principaux patrons américains comme Santo Trafficante Jr, Luciano et ses successeurs profitèrent des conditions chaotiques en Asie du Sud-Est, résultant de la guerre du Vietnam, pour établir une base d’approvisionnement et de distribution hors d’atteinte dans le « Triangle d’or », laquelle redirigea bientôt des quantités énormes d’héroïne asiatique aux États-Unis, en Australie et dans les autres pays via l’armée américaine[5]. Ce réseau incluait la fameuse "french connection" de Marseille qui fournissait les savants capables de transformer et affiner la qualité de la drogue.
Certains [Qui ?] affirment que le bureau américain des services stratégiques (OSS), le précurseur de la CIA, a délibérément permis à la mafia de retrouver sa position sociale et économique en tant qu’« État dans l’État » en Sicile et que cela fut, avec l’alliance États-Unis-Mafia forgée en 1943, année de la chute de Mussolini, le tournant décisif dans l’histoire de la mafia et les bases nouvelles pour son activité pendant les soixante années suivantes.
D’autres, tel que l’historien palermitain Francesco Renda [réf. nécessaire], ont nié l’existence de toute alliance de ce type. La mafia aurait plutôt exploité le chaos de la Sicile post-fasciste pour reconquérir sa base sociale. L’OSS, en effet, en 1944, dans son « Rapport sur les problèmes de la mafia » par l’agent W.E. Scotten, a noté les signes de résurgence de la mafia et a averti des périls qu’elle représentait pour l’ordre social et les progrès économiques [réf. nécessaire].
Un bénéfice supplémentaire (dans la perspective américaine de la guerre froide) aurait été que beaucoup de mafiosi siciliens étaient des anti-communistes purs et durs. Ils ont donc été vus comme de précieux alliés. Ceux-ci auraient utilisé leurs services aussi bien dans l’industrie navale américaine pour éradiquer les éléments socialistes et communistes, que dans les mouvements de résistance durant la guerre ou dans les gouvernements d’après-guerre, locaux et régionaux, là où la Mafia avait la mainmise.
Ses relations politiques lors de la guerre froide
Durant toute la guerre froide, la mafia entretient des liens avec les partis politiques italiens, notamment la Démocratie chrétienne qui gouverne quasiment sans interruption le pays jusqu'aux années 1980. Une commission Anti-Mafia est mise en place en 1963, après plusieurs propositions restées lettre morte (en particulier après le massacre de Portella della Ginestra du 1er mai 1947 organisé par Salvatore Giuliano, dix jours après la victoire de la gauche aux élections locales, et en particulier du paysan sicilien Girolamo Li Causi, membre du Parti communiste italien (PCI). D'autres propositions furent émises, en 1948 par le député communiste Giuseppe Berti, et en 1958 par l'ex-Premier ministre Ferruccio Parri, cette dernière étant rejetée par les politiciens siciliens membres de la Démocratie chrétienne, en particulier Bernardo Mattarella et Giovanni Gioia. Mais après une guerre des gangs à Palerme, en 1962, la création de la Commission devint enfin effective. La première Commission parlementaire sur les activités de la mafia, présidée par Paolo Rossi, du Parti socialiste démocratique italien, fut mise sur pieds en 1963. En mai 1965, le Parlement vota la loi 575, « Dispositions contre la mafia. » La Commission enquêta sur l'échec du procès contre Luciano Leggio
Danilo Dolci, surnommé le « Gandhi de Sicile », témoigna en 1967 contre les liens entre la mafia et la classe politique italienne, s'attirant les foudres de trois hauts responsables de la Démocratie chrétienne, dont le ministre Bernardo Mattarella.
En 1972, neuf ans après le massacre de Ciaculli qui marqua le début de luttes fratricides au sein de la mafia et un an après la démission du maire démocrate-chrétien de Palerme, Vito Ciancimino, l'arrivée à la Commission anti-mafia du démocrate-chrétien Giovanni Matta, ex-membre du conseil municipal de Palerme, suscita un scandale, l'opposition de gauche accusant la Démocratie chrétienne au pouvoir de tout faire pour limiter les enquêtes de la Commission. Finalement toute la Commission dut démissionner, avant d'être reformée sans intégrer Matta[6].
Pour lutter contre la mafia, Peppino Impastato se porta candidat en 1978 sur la liste Democrazia Proletaria (extrême gauche) aux élections municipales de Cinisi. Il fut assassiné dans la nuit du 8 au 9 mai 1978, pendant la campagne électorale.
La Seconde Commission Antimafia fut mise sur pied en 1982, après l'assassinat en avril 1982 du membre de la Commission Pio La Torre, député communiste qui avait fait voté la loi anti-mafia Rognoni-La Torre, et, en septembre 1982, du général Carlo Alberto Dalla Chiesa, célèbre pour avoir capturé en septembre 1974 les fondateurs des premières Brigades rouges, Renato Curcio et Alberto Franceschini. Leader de la lutte antiterroriste, Chiesa avait été nommé préfet à Palerme le 1er mai 1982 pour mettre un terme aux violences commises lors de la Seconde guerre de la mafia (plus d'un millier d'homicides entre 1981 et 1983). Il fut assassiné cent jours après sa nomination, avec son épouse et son garde du corps.
En 1984, l'arrestation de Tommaso Buscetta au Brésil porte le premier coup d'envergure à Cosa Nostra. Devenant le premier pentito (« repenti »), son arrestation permit le maxi-procès de 1986-87 à Palerme, au cours duquel étaient inculpés 475 mafieux (dont les repentis Antonino Calderone; le « soldat » de la mafia Salvatore Contorno ayant été tué en 1986, ainsi que l'ex-maire de Palerme Vito Ciancimino). Buscetta collabora aussi avec les Américains lors de l'opération Pizza connection. En 1992, il fit des déclarations fracassantes contre l'ex-président du Conseil Giulio Andreotti, qui avait dominé pendant 50 ans la scène politique italienne, et dont le dernier gouvernement était tombé la même année en raison de l'opération Mains propres.
Depuis les années 1990
L’Italie a réussi à donner quelques coups importants aux organisations mafieuses qui œuvraient sur son territoire et à partir de celui-ci. La magistrature lance alors l'Opération Mains propres, qui sonne la fin de la Seconde République italienne, les deux partis principaux, la Démocratie chrétienne et le Parti socialiste étant contraints de se dissoudre, en raison du très grand nombre de politiciens impliqués dans des affaires de corruption (dont les ex-présidents du Conseil Bettino Craxi pour les socialistes, et Giulio Andreotti pour les démocrates chrétiens, celui-ci étant cité en plus comme ayant des liens avec la Mafia sicilienne mais il a été acquitté en dernière instance ; Salvo Lima, le « pro-consul d'Andreotti » en Sicile, fut assassiné le 12 mars 1992 pour éviter qu'il ne parle et peut-être comme « punition » suite au fait qu'en appel les peines prononcées lors des maxi-procès furent confirmées. Ces procès à grande échelle permettant ainsi la condamnation de nombreuses figures emblématiques de la mafia locale, tout en mettant hors d’état de nuire de nombreux politiciens véreux ou relais entre ces politiciens et les « familles » (dont les fameux fermiers généraux qui collectaient les impôts, dont une partie leur revenait). Le premier politique à tomber fut Vito Ciancimino, l'ex-maire de Palerme, en 1992.
Mais la mafia réplique à ces procès par une guerre ouverte contre l'Etat italien. L’assassinat particulièrement démonstratif du Général Carlo Alberto Dalla Chiesa, du magistrat Rosario Angelo Livatino, puis des juges Giovanni Falcone (23 mai 1992) et Paolo Borsellino (19 juillet 1992) (au moyen d’une tonne de TNT dans chaque cas), même s’ils eurent l’effet d’un électrochoc avec les nouvelles lois antimafia votées qui reprenaient l’essentiel des théories de ce haut fonctionnaire de l’armée ou des deux magistrats, donna malheureusement un coup d’arrêt grave à cette action.
Le 30 novembre 2004, plusieurs milliers de manifestants se sont retrouvés dans les rues de Naples, pour protester contre la mafia locale Camorra. En 2004, les règlements de compte entre bandes mafieuses rivales ont fait 139 morts, surtout dans les quartiers défavorisés de Scampia et de Secondigliano de cette même ville. Cette guerre mafieuse n’a pas encore atteint l’ampleur de celle qui avait fait 273 morts pour la seule année 1981[7].
Fin 2009, Massimo Ciancimino, le fils de l'ex-maire de Palerme devenu pentito (« repenti » ou « collaborateur de justice »), fit une série de déclarations fracassantes à la justice et à la presse, affirmant entre autres que Silvio Berlusconi avait bénéficié de fonds de la mafia dans les années 1970[8] et que Forza Italia était né de l'accord entre l'Etat et la mafia (le capo di tutti capi Toto Riina et Bernardo Provenzano) entre mai et juin 1992, accord en douze points prouvé par le Papello, qui devait permettre l'arrêt de la guerre contre l'Etat en échange de la réforme de la législation anti-mafia et des conditions de détention des mafieux[9],[10],[11],[12]. Dans le même temps, le sénateur Marcello Dell'Utri, fondateur de Forza Italia, était condamné pour association mafieuse.
Structure et fonctionnement de Cosa Nostra
Article détaillé : Cosa Nostra.Rituels des Siciliens de la Cosa Nostra
Dans la plupart des familles, le rite d’orientation est organisé quand un homme devient un « associé » et, plus tard, un « soldat ». Comme le décrit Tommaso Buscetta au juge Giovanni Falcone, la cérémonie réunit, en plus du néophyte, au moins trois « hommes d’honneurs » de la famille ; le plus vieux lui précise que cette « Maison » protège le faible contre l’abus du pouvoir ; il pique alors le doigt de l’initié dont il verse le sang sur une image sacrée, souvent un saint. L’image est alors placée dans la main de l’initié et l'officiant y met le feu. Le néophyte doit résister à la douleur et passer l’image d’une main à l’autre, jusqu’à ce que celle-ci soit consumée, tout en jurant solennellement de garder la foi dans les principes de la « Cosa Nostra » ; il utilise pour cela la formule « que ma chair brûle comme ce saint si je ne garde pas mon serment. » Joseph Valachi fut la première personne à mentionner cela au tribunal.
Mafieux siciliens importants
- Antonino Giammona (1820-?)
- Calogero Vizzini (1877-1954), patron de Villalba, il a été considéré comme un des patrons de la Mafia les plus influents de Sicile de la fin de la Seconde Guerre mondiale à sa mort en 1954.
- Stefano Magaddino (1891-1974), « le grandiose vieil homme de Cosa Nostra ». Membre d'origine de la National Commission aux USA, en a été un membre très éminent dans les villes de Buffalo et de Détroit.
- Giuseppe Genco Russo (1893-1976), le patron de Mussomeli, considéré comme l’héritier de Calogero Vizzini.
- Michele Navarra (1905-1958), le patron de la famille de Corleone de 1930 à 1958.
- Salvatore « Ciaschiteddu » Greco (1923-1978), patron de la famille de Ciaculli, il était le premier secrétaire de la première Commission de la mafia sicilienne quand elle a été formée en 1958.
- Gaetano Badalamenti (1923-2004), patron de la Famille de Cisini.
- Angelo La Barbera (1924-1975), patron de la famille de Palerme Centre.
- Michele Greco (né en 1924 mort le 13 février 2008 en prison), patron de la Mafia à Croceverde.
- Luciano Leggio (1925-1993 mort en prison), patron de la famille de Corleone.
- Tommaso Buscetta (1928-2000), le premier mafioso sicilien à devenir un pentito (repenti-informateur) en 1984 (un prédécesseur, Leonardo Vitale, qui s’est donné à la police en 1973, a été jugé mais reconnu comme souffrant de maladie mentale). La déposition de Buscetta a été utilisée durant le « Maxi Procès » entre autres.
- Salvatore Riina (né en 1930), connu sous le nom de Toto Riina, il est un des plus fameux membre de la Mafia sicilienne. Il a été surnommé « La Bête » ou parfois « Totò u Curtu » et il a gouverné la Mafia avec une main de fer dans les années 1980 jusqu’à son arrestation en 1993.
- Bernardo Provenzano (né en 1933), le successeur de Riina à la tête de Corleonesi, a été considéré comme un des plus puissants patrons de la Mafia sicilienne. Provenzano fuyait la justice depuis 1963. Il a été capturé le 11 avril 2006 en Sicile.
- Stefano Bontade (1939-1981), patron de la famille de Santa Maria di Gesù.
- Leoluca Bagarella (né en 1941), membre de la famille de Corleone arrêté en 1995.
- Salvatore Lo Piccolo (né en 1942), considéré comme un des successeurs de Provenzano.
- Salvatore Inzerillo (1944-1981), patron de la famille de Passo di Rigano.
- Giovanni « lo scannacristiani » Brusca (né en 1957), a été impliqué dans le meurtre de Giovanni Falcone.
- Matteo Messina Denaro (né en 1962), considéré comme un des successeurs de Provenzano.
- Michele Cavataio est mort sous le coup de la Mafia en 1969.
- Francesco di Boille « Capo di Tutti i Capi » de la famille "di Boille" de Bagheria, mafieux le plus recherché de Sicile.
- Vicenzo di Boille « Capo di Capi Re » de la famille "di Boille", père de Francesco di Boille.
- Vito Carretero (1932-1960) Don de la mafia sicilienne disparu depuis
Structure de la Cosa Nostra sicilienne
Connu comme la Société honoraire parmi les mafiosi, la chaîne d’ordre est organisée en une pyramide similaire à une structure d’entreprise moderne.
Terminologie traditionnelle
- Capo di Tutti i Capi (le « Chef de tous les chefs »), à savoir Matteo Messina Denaro pour la Mafia sicilienne et Renato Gagliana pour la Sacra Corona Unita.
- Capo di Capi Re (un titre de respect donné à un ainé ou un membre retraité, un équivalent devient un membre émérite, littéralement, « Le chef roi des chefs ») à savoir Vicenzo di Boille envers la Cosa Nostra
- Consigliere (un conseiller, le plus souvent un avocat)
- Caporegime (« Chef de Régime », un capitaine qui ordonne une équipe d’une dizaine de Sgarriste ou Soldats.)
- Sgarrista ou Soldato (« soldat », membres de la mafia qui sert principalement comme soldats.)
- Piccioto (« Jeune homme », un niveau bas qui sert de gros bras)
- Don (le parrain d'une famille mafieuse. Un membre associé, d’habitude, il n’est pas italien ou d’ancêtre sicilien.)
Structure de la Cosa Nostra
Fonctionnement
La mafia fonctionne sur un modèle d’économie parallèle ou souterraine. Elle cherche à contrôler les marchés et les activités où l’argent est abondant, circule en numéraire (argent liquide) et est facile à dissimuler au fisc. La plupart des activités commerciales usuelles sont utilisées, que ce soit comme paravent à des activités illégales ou comme moyen de blanchiment de l’argent récolté. Ces activités recouvrent aujourd’hui les domaines les plus variés :
- contrôle « douanier » des biens et des personnes en entrée et en sortie d’un quartier (pour certains lieux).
- voto di scambio (vote d’échange) : achat de consensus électoral contre les « faveurs » accordées à une partie de l’électorat (ce fut longtemps le cas de la DC).
- la vente d’armes.
- la contrefaçon.
- le trafic de drogue.
- le trafic d’êtres humains.
- le trafic d’organes.
- le blanchiment d'argent.
- les jeux d’argent (paris, casinos…).
- la prostitution qui passe par le proxénétisme.
- la pornographie.
- la cybercriminalité
- l'immobilier.
- le racket (extorsion ou pizzo).
En général, la mafia préfère recourir à l’intimidation, la corruption ou le chantage plutôt qu’à la force pour contraindre ceux qui lui résistent. De cette manière elle attire moins l’attention du grand public sur elle. Mais il arrive régulièrement que pour se débarrasser de concurrents, de témoins gênants ou de traîtres, les mafias usent de méthodes sanguinaires : guerres de gangs pour la prise de contrôle d’un territoire ou d’un marché, assassinat de témoins, de complices ou de juges avant un procès en sont quelques exemples. Mais ce fonctionnement est souvent régie par une Commission dirigé par les chefs et parrains d'un vaste territoire. Chaque protagonistes dirigent alors un secteur (voir ci-dessus). Elle peut etre basée sur un système démocratique avec une constitution et des lois ou sur un système despotiste. La plus célèbre fut celle d'Atlantic City dont les dirigeants furent les plus grands mafieux du XXe siècle (Al Capone, Lucky Luciano, ...).
L'infiltration mafieuse dans l'économie
Fonctionnement de l'économie mafieuse
La base de l’économie mafieuse se situe dans le système de collecte du « pizzo » : les mafieux imposent aux commerçants des revenus en échange d’une « protection » mais aussi sous peine de voir leurs vitrines brisés et leurs marchandises disparues ou brûlées. Bien qu’elle soit l’une des techniques les plus importantes en matière d’économie mafieuse, les revenus ont des centaines d’origines différentes. Il faut d’abord préciser que l’économie mafieuse se divise en trois parties : l’économie illégale, légale et légale-mafieuse. Ces trois circuits sont intimement liés. Ainsi, par exemple, les revenus de l’économie illégale (economia sommersa) permettent de créer de nouvelles entreprises cette fois-ci totalement légales. De même la production peut être légale mais la vente illégale et inversement. Ce sont ces liens étroits qui posent les difficultés énormes qu’affronte le gouvernement italien pour débusquer les entreprises mafieuses, notamment en vérifiant les mouvements et les dépôts bancaires ou les appels d’offre. Le recyclage d’argent sale est une activité à part entière. On connaît les grandes filières classiques des trafics illégaux : drogues, armes, œuvres d’art volées. Mais nous avons aussi à faire à des affaires moins connues tels que le trafic de déchets industriels, la fraude aux subventions alimentaires, les grands travaux d’infrastructure et ainsi de suite. La liste des secteurs est longue voire illimitée cela va du proxénétisme aux contrôles des casinos, de la fausse monnaie au trafic d’êtres humains mais aussi plus récemment de la cybercriminalité (piratage et détournement de fonds sur Internet). Tous ces réseaux se sont bien évidemment étendus aujourd’hui au niveau international.
Selon le rapport annuel de la Confesercenti en 2007, une association qui regroupe 270 000 commerçants et patrons de PME.
Le chiffre d'affaires des organisations mafieuses italiennes s'élèverait à 90 milliards d'euros, hors trafic de drogue[13]. Principales sources de revenus : le prêt usuraire (30 milliards d'euros de recettes, 150 000 entreprises victimes), le pizzo (10 milliards), les contrefaçons (7,4 milliards), le vol (7 milliards), l'escroquerie (4,6 milliards) et le jeu et paris clandestins (2 milliards) Source : Confesercenti, association regroupant 270 000 commerçants et petites entreprises italiennes)[14].
Conséquences
D’après un rapport récent, le produit économique des mafias italiennes représenterait un chiffre équivalent à environ 15 % du PIB de l’Italie[réf. nécessaire], soit près de 220 milliards d’Euros. Bien entendu le chiffre d'affaires des mafias n'est pas calculé dans les statistiques officielles du PIB car il est le fruit d'activités économiques illégales ou bien au noir. La mafia n’est plus une entreprise familiale mais est devenue au fil du temps un empire financier de type multinational.
L’infiltration mafieuse dans la politique
La mafia en Sicile représente un électorat relativement important, quoique toujours très minoritaire par rapport à la grande masse d'électeurs siciliens. Par une technique rodée, elle pousse ses affiliés à voter pour certains partis, certaines personnes. Les politiciens, en échange de cette faveur, garantissent la protection de la mafia et de son commerce une fois au pouvoir. C’est ainsi que des pro-mafias, ou des mafieux même, accèdent à des rangs tels que celui de maire (Vito Ciancimino), préfet[réf. nécessaire] ou conseiller municipal. C’est surtout lorsqu’elle a affaire aux tribunaux que la mafia réclame son soutien aux hommes politiques. Aucune préférence en général n’est remarquée chez les mafieux en matière de partis excepté un anticommunisme fervent. La démocratie chrétienne fut largement sollicité par la mafia car elle occupa le pouvoir de 1947 à 1990 sans discontinuer. À ce titre, le nom de Giulio Andreotti fut cité plusieurs fois lors de procès. Il a toujours été acquitté en dernière instance, même si des représentants de la DC sur place ont été arrêtés.
Présence de la mafia en France
Il existe un crime organisé français mais non une mafia française grâce à la présence d'un Etat centralisé fort depuis l'époque révolutionnaire. Ceci a pour conséquence d'empêcher la constitution d'un Etat dans l'Etat[15].
Par contre d'autres mafia transnationales sont présentes en France, en 2011, on en dénombre cinq :
- Les mafias italiennes (Cosa Nostra et Stidda en Sicile, Camorra en Campagnie, 'Ndrangheta en Calabre et Sacra Corona Unita dans les Pouilles) sont présentes en région Rhône-Alpes et en région PACA à Nice et Marseille, mais aussi à Strasbourg, Paris et Toulouse[16].
- Vory v zakone (Russes, Georgiens, Ukrainiens, Biélorusses, Tchétchènes, Arméniens, Ouzbeks) sont présents en Bretagne, Normandie et en région PACA[16].
- Les mafias baltes (estoniens, lituaniens et lettones sont présentes sur toutes la façade atlantique, en Bretagne et Normandie[16].
- Les mafias balkaniques (roumains et bulgares) sont présentes en régions PACA, Rhône-Alpes, Île-de-France et les villes de Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille et Strasbourg[16].
- La mafia nigériane est présente en région Rhône-Alpes et en Île-de-France[16].
Lutte contre la mafia
Les politiques de lutte contre cette organisation criminelle se heurtent à l’adaptabilité de ces structures souples et décentralisées, capables de délocaliser leurs activités et de diversifier leurs flux financiers sans limites dans le monde entier. Entreprendre des enquêtes transnationales et remonter les multiples filières devient alors un casse-tête pour les juges, d’autant plus que certains pays comme les paradis fiscaux ne font rien pour leur faciliter la tâche. C’est principalement dans cette optique [réf. nécessaire] qu'Interpol a été créé.
Autorités
Internationale
Interpol est la deuxième plus grande organisation au monde derrière les Nations Unies. La gestion des forces de police nationales européennes vont être modifier en 1996 avec la création de l'agence de police européenne Europol.
Nationale
- Allemagne: Federal
- Italie: Direzione Investigativa antimafia (DIA), fondée en 1992
- USA: Federal Bureau of Investigation (FBI) et DEA
Autres mafias
Le terme mafia désigne avant tout l’organisation criminelle italienne, mais il est souvent utilisé pour désigner n’importe quelle organisation criminelle structurée, parmi lesquelles :
Mafia albanaise
Article détaillé : Mafia albanaise.Mafia bulgare
Article détaillé : Mafia bulgare.Mafia chinoise
Article détaillé : Triades chinoises.Mafia corse
Article détaillé : Mafia corse.Mafia croate
Article détaillé : Mafia croate.Mafia italo-américaine
Mafia japonaise
Article détaillé : Yakuza.Mafia israélienne
Article détaillé : Mafia israélienne.Mafia polonaise
Article détaillé : Mafia polonaise.Mafia roumaine
Article détaillé : Mafia roumaine.Mafia russe
Article détaillé : Mafia russe.Mafia serbe
Article détaillé : Mafia serbe.( très faible )
Mafia turque
Article détaillé : Mafia turque.Personnages célèbres ayant combattu la mafia et le crime organisé
- Giovanni Falcone
- Paolo Borsellino
- Peppino Impastato
- Carlo Alberto Dalla Chiesa
- Antonio Di Pietro
- Bernard Bertossa
- Carla Del Ponte
- Eva Joly
- Ferdinando Imposimato
- Letizia Battaglia
- Pierre Michel (juge)
- Eliot Ness
Mafieux célèbres
- Dylan Mercadier
- Lucky Luciano
- Vito Genovese
- Tommaso Buscetta
- Bernardo Provenzano
- John Gotti
- Frank Costello
- Monk Eastman
- Arnold Rohtstein
- Meyer Lansky
- Bugsy Siegel
- Dutch Schultz
- Abe Reles
- Carlo Gambino
Liste des trente fugitifs les plus dangereux d'Italie
Au mois de juillet 1992, le ministère de l'intérieur a publié une liste où figurait les 30 fugitifs les plus dangereux d'Italie.
Au mois de novembre 2010, 15 de ces fugitifs sont encore recherché et 15 d'entre eux ont pu être arrêtés.
- Cosa nostra
- Giovanni Arena, recherché depuis 1993
- Vito Badalamenti, recherché depuis 1995
- Matteo Messina Denaro, recherché depuis 1993
- Giovanni Motisi, recherché depuis 1998
- Anonima sequestri
- Attilio Cubeddu, recherché depuis 1997
- Sacra corona unita
- Giuseppe Pacilli, recherché depuis 2009
Articles connexes
Bibliographie
Histoire de la Mafia
- John Dickie, Cosa Nostra. Histoire de la mafia sicilienne de 1860 à nos jours, Buchet Chastel, 2007
- Eric Frattini, Cosa Nostra : un siècle d’histoire, Flammarion, 2003
- Salvatore Lupo, Histoire de la mafia des origines à nos jours, Flammarion, 2001
- Marie-Anne Matard-Bonucci, Histoire de la Mafia, Éditions complexe, 1994
Autres
- (it) Pino Arlacchi, La Mafia Imprenditrice (langue : italien), L’éthique mafieuse et l’esprit de capitalisme, il Mulino/Contemporanea 2,1983
- Clotilde Champeyrache, Sociétés du crime - Un tour du monde des mafias, CNRS éditions, 2007, 427 pages.
- Jean-François Gayraud, Le monde des mafias, géopolitique du crime organisé, Odile Jacob, septembre 2005
- Clare Longrigg, Bernardo Provenzano - Le Parrain des parrains, Buchet-Chastel, 2006, 2010
- Fabrizio Maccaglia et M.A. Matard-Bonucci, Atlas des mafias. Acteurs, trafic et marchés de la criminalité organisée, Cartographie Alexandre Nicolas, Editions Autrement.
- Marcelle Padovani, Les Dernières années de la mafia, Gallimard, 1987
- Antonio Nicaso et Lee Lamothe, Les Liens du sang, Montréal, QC, Éditions de l'Homme, 2003. Concerne la famille Caruana-Cuntrera et la mafia au Canada.
- William Reymond, Mafia S.A. : Les Secrets du crime organisé, Flammarion, 2001
- Hervé Ryssen, La Mafia Juive, Editions Baskerville, 2008
Filmographie
Le cinéma est très riche en films sur la mafia ; parmi les plus marquants on peut citer :
À la télévision, on peut citer notamment :
- Les Soprano créé par David Chase
- The Black Donnellys créé par Paul Haggis et Robert Moresco
- Oz, une série de HBO à propos d’une prison où tous les détenus italiens sont des Mafiosi gérant des affaires illégales à l’intérieur et à l’extérieur de la prison.
- La télé série The Simpsons incorpore l’extension de la ville fictive de Springfield dans des épisodes occasionnels ; son meneur, Fat Tony est doublé par Joe Mantegna.
- Mafia La trahison de John Gotti, realisé par Thaddeus O’Sullivan avec Philip Baker Hall, Debi Mazar, Adam J. Roth, Tom Sizemore, Nicholas Turturro, Abe Vigoda, Frank Vincent.
- Gotti, un téléfilm d’HBO sur l’ancien chef récemment décédé de la famille Gambino.
- Un flic dans la mafia créée par Stephen J. Cannell
- La Mafia (titre original, La Piovra, c’est-à-dire La Pieuvre) de Damiano Damiani. Feuilleton de télévision italien par Luigi Perelli d’après les histoires de Sandro Petraglia est la série la plus vaste et dramatique sur la Mafia se frayant sur plus de 10 séries et 60 heures.
- Mafiosa — le Clan
Jeux vidéo
On retrouve également la mafia dans plusieurs jeux vidéo :
- Mafia, sorti en 2002 pour Windows, PlayStation 2, Xbox et sur GameCube a été développé par une équipe tchèque. Le joueur est placé dans la peau d’un homme qui adhère à la mafia italo-américaine des années 1930, dans une ville semblable à Chicago.
- Grand Theft Auto et ses suites, les héros des différents épisodes travaillent pour de nombreuses associations du crime organisé (Mafia italo-américaine, triades chinoises, yakuzas, mafia russe, etc.).
- Le parrain, sorti en 2006, est un jeu vidéo qui retrace l’histoire du film Le Parrain.
- Yakuza, jeu se déroulant dans un Tokyo réaliste, le héros y travaille pour les Yakuza.
- Mafia II, sorti en 2010 a été développé par la même équipe que Mafia, c'est un nouveau volet du jeu sans lien avec le premier, qui plonge le joueur dans la peau d'un mafieux, l'histoire se déroule après la Seconde Guerre mondiale.
Manga et Anime
- Reborn!, manga de type shonen, en cours depuis 2004 (2006 à octobre 2010 pour l'anime, présentement suspendue)
Liens externes
- Conférence de Marcelle Padovani intitulée "Nouvelles stratégies de la mafia Clé des langues - ENS de Lyon
Notes et références
- John Dickie (2004), Cosa Nostra. La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, éd. Perrin, 2007, en particulier chapitre I
- François de Vivies, « Mussolini contre la Mafia », dans Historia hors-série, no 28, 1972, p. 48
- de Vivies p.49
- voir Kermoal
- Alfred W. McCoy The Politics of Heroïn in South East Asia cf
- I pregiudicati nell'Antimafia, by Umberto Santino, Centro Siciliano di Documentazione "Giuseppe Impastato"
- Le Monde, 1er décembre 2004
- Mafia investment 'gave Silvio Berlusconi his big break', The Telegraph, 3 février 2010 Nick Squires,
- Palermo, Ciancimino: «Forza Italia frutto trattative Stato-mafia». Alfano: piano per delegittimarci, L'Unita, 8 février 2010
- Massimo Ciancimino: au nom du père et du fils..., Le Monde, 26 novembre 2009 Philippe Ridet,
- "Papello": la négociation entre Cosa nostra et l'État italien n'est plus une légende. Le document est au Parquet de Palerme, Italopolis, 15 octobre 2009 (traduction de l'italien sur Antimafia) Vito Vespucci,
- The relationship between the mafia and the State - Ciancimino jr. hands over to magistrates a copy of the “papello”, Italian News
- (es) "La Mafia représente 7 % du PIB italien", El Pais, le 22 octobre 2007
- 7 % : part occupée par la mafia dans le produit intérieur brut italien, Le Monde, 24 octobre 2007
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incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nomméespoint-20110721-41
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Erreur de référence : Balise - Le Point du 21 juillet 2011 : La mafia en France p.48
Bibliographie
- Jacques Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.34-41.
- François de Vivie, "Mussolini contre la Mafia", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.42-51.
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