Prairie (agriculture)

Prairie (agriculture)
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En agriculture, la prairie ou pâture est une culture de plantes fourragères, principalement composée de graminées et de légumineuses, destinée à être pâturée ou fauchée (dans ce dernier cas, on parle plutôt de « pré de fauche »).

Ces milieux rappellent plus ou moins, selon leur degré de naturalité, les prairies sauvages (vastes surfaces majoritairement et naturellement couvertes de graminées), ou certaines pelouses naturelles.

Pâtures à vaches, dans un contexte rural boisé
Pré de fauche (à Cogne, en Italie)
Prairie en fleur prête à être fauchée (à Roville-devant-Bayon, Meurthe-et-Moselle)
Le passage répété d'animaux sur de fortes pentes peut contribuer à une légère érosion ou à l'apparition de structure en terrasses.
Des espèces rustiques, telles cette Highland cattle, sont utilisées par les gestionnaires de milieux naturels pour l'entretien de milieux ouvert dans les parcs et réserves naturelles, et parce qu'elles offrent un substitut à certaines fonctions écologiques des grands herbivores qui ont disparu.
Paysage culturel constitué de prés de fauche, entretenus à la main, dans les montagnes des environs de Bocicoel, dans les Monts Maramureş (Judeţ de Maramureş, dans les Carpates orientales, dans le nord de la Roumanie). Après le recul de la forêt, la fauche entretient une strate herbacée différente de celle de la forêt, mais pouvant en contenir des reliques. Ces prés ont conservé un haut niveau de biodiversité.

Sommaire

Types de prairie

On ne parle de prairies que pour des zones enherbées qui restent en place au moins plusieurs années. Selon la période de rotation de la culture et ses objectifs, l'agriculture distingue plusieurs types de prairies :

  • prairie permanente, semée depuis longtemps (plus de dix ans), voire engazonnées naturellement (prairies naturelles) ;
  • prairie temporaire, qui n'est maintenue que quelques années ;
  • prairie artificielle, généralement semée de légumineuses comme le trèfle, le sainfoin ou la luzerne, qui rentrent généralement dans un système d'assolement ;
  • prairie humide (inondée ou gorgée d'eau en hiver) ou pâturage extensif, qui sont des habitats généralement bien plus riches en biodiversité, entretenus par les herbivores, mais avec une pression de pâturage modérée et contrôlée. Ces prairies, très utile à la régulation des cours d'eau, notamment pour la prévention des inondations et qui semble être le meilleur outil de gestion écologique et d’entretien applicable aux zones humides, est l'un des moyens d'entretenir des mosaïques d'habitats et milieux plus ou moins ouverts. C'est un mode de gestion ou gestion restauratoire utilisé dans de nombreuses réserves naturelles ou espaces naturels sensibles (ENS). Son objectif est faire faire par des animaux domestiques ou semi-domestiques le travail des grands herbivores sauvages qui limitaient l'extension du couvert forestier en permettant la floraison de nombreuses autres espèces végétales non ligneuses au sol. Une pression suffisante pour éviter la pousse des arbres permet aussi de limiter l'évapotranspiration et la baisse de nappe qu'implique souvent l'enforestation des petites zones humides (Idem pour le comblement rapide des zones humides par les feuilles mortes). Ces milieux sont encouragés en Europe dans le cadre de la PAC par les mesures agro-environnementales.

Les prairies bocagères peuvent relever des quatre types précédents, elles sont simplement caractérisées par le fait qu'elles s'inscrivent écopaysagèrement dans un réseau dense et maillé de haie ; le bocage.

Composition floristique

La flore des prairies peut être plus ou moins diversifiée selon la zone géographique considérée, selon le type de prairie, son âge et son mode d'exploitation. La richesse floristique dépend beaucoup de la naturalité de la prairie, de la nature du sol et du climat. C'est dans les prairies permanentes et sur sols pauvres que la flore est la plus riche, en nombre d'espèces, dépassant parfois les 300 espèces par hectare (prés communaux en France, prairies de moyenne montagne dans les pays de l'est de l'Europe). Une analyse de cette flore, qui nécessite un inventaire floristique, est nécessaire pour apprécier sa valeur et chercher le cas échéant à l'améliorer. Les sols très enrichis en engrais favorisent au contraire un faible nombre de plantes de milieux eutrophes qui croissent très vite, au détriment des autres qui sont peu à peu éliminées.

La proportion relative de graminées et de légumineuses et parmi celles-ci d'espèces productives est une caractéristique importante des prairies. On considère que la présence de l'ordre de 70 % de graminées et 20 % de légumineuse est un optimum agricole.

La présence de certaines espèces (bioindicateur), et leur fréquence relative, donne des indications sur les caractéristiques du sol ainsi que sur le mode d'exploitation.

Composition faunistique

Elle est fortement influencée par les facteurs suivant :

  • la pression de pâturage ;
  • le type d'herbivores présent ;
  • l'âge de la prairie et son caractère permanent ou non ;
  • le degré de naturalité (de la clairière pâturée aux prairies cultivées, en passant par les savanes, landes, prairies tourbeuses, vaines pâtures ou coteaux calcaires, etc.) ;
  • le contexte écopaysager plus ou moins maillé et riche en biodiversité (openfields, bocage...), et la présence ou proximité de bandes enherbées, cours d'eau ou mares, la proximité de forêts ou de lisières forestières, etc.

Par exemple la composition de populations d'araignées épigées, d'opilions ou de pseudoscorpions d'une strate herbacée seront très différentes selon le type de gestion[1], de même que la répartition des insectes et acariens[2].

Impacts

Un pâturage extensif naturel par les grands herbivore existait depuis des millions d'années, et existe encore très localement dans les écosystèmes non anthropisés (parcs nationaux en général).
Les populations de grands herbivores (mammouths, bisons, aurochs, etc.) étaient régulées par les grands prédateurs carnivores (Lions, tigres, loups, lynx, pumas, etc.).

Le pâturage (itinérant ou en enclos) par les éleveurs peut avoir des impacts écologiques positifs, notamment quand certaines de ses fonctions se substituent à celles du pâturage naturel, et en particulier dans des contextes tels que l'environnement bocager, mais il a aussi localement justifié la déforestation (dont en Amazonie et dans certains pays africains depuis plusieurs décennies), et le surpâturage est une cause de dégradation et érosion des sols en zone aride[3]. Localement les médicaments vétérinaires (ivermectine en particulier) ont un impact environnemental en tuant de nombreux coprophages qui ne peuvent plus dégrader les bouses aussi rapidement que dans la nature. En bordure de cours d'eau, le pâturage contribue aussi à l'érosion des berges, à des degrés divers selon le type de sol, les saisons, la pression de pâturage ou la durée des cycles de présence des animaux. Les zones-tampon « mixtes » (associant ripisylve et bande enherbée) peuvent limiter cette érosion des berges et apporter beaucoup d'autres avantages d'intérêt économique et aménitaire[3].

Menaces

En Europe, les prairies ont depuis les années 1960 beaucoup reculé en Europe de l'Ouest puis dans l'Union européenne, du fait de l'augmentation croissante des surfaces boisées (en moyenne et basse montagne principalement) et de la périurbanisation qui se fait souvent dans les vallées où étaient concentrées les prairies.

En France métropolitaine, la prairie (et surtout la prairie permanente) est le milieu semi-naturel qui a depuis les années 1970 le plus reculé selon l'IFEN. Elles ont perdu 900 000 ha (7 % de leur superficie) en 11 ans, de 1992 à 2003[4]. Leur régression est moins rapide depuis les années 2000, mais elles continuent à disparaître même dans des endroits théoriquement protégés ; elles sont remplacées par des lotissements et des boisements. Selon l'IFEN, de 1999 à 2000, elles ont encore reculé dans les Parcs naturels régionaux (mais moins que dans leur territoires périphériques) ; la perte la plus importante de prairie entre 1990 et 2000, dans les PNR est enregistrée dans le PNR de Scarpe-Escaut (qui a perdu 1,13 % de sa superficie de prairies en 10 ans, soit 8 fois plus que la moyenne des autres parcs (moyenne nationale = 0,14 %). Le Parc semble avoir freiné ces pertes puisqu'elles ont été trois fois plus importantes dans les territoires périphériques (0,35 % dans la bande d'1 km entourant ce PNR)(moyenne nationale = 0,19 % de perte dans cette même bande pour les autres PNR). Il n'y a que dans les cœurs de parcs nationaux et dans les espaces du Conservatoire du littoral qu'elles n'ont pas régressé durant cette même période[5].

Les surfaces en herbe subsistent essentiellement en zones de montagne où elles sont utiles à l'élevage et jouent un rôle important de prévention des risques naturels. Elles ont disparu le plus rapidement dans les lieux où elles étaient déjà rares et où elles jouaient un rôle de refuge pour de nombreuses espèces. De 2000 à 2005, 60 % des surfaces de prairies relèvent d’exploitations où elles représentent plus de 75 % de la surface agricole[4]. Ce taux était de 57 % en 1988 et de 54 % en 1979. Inversement, depuis 2000, 36 % de la SAU sont des exploitations où moins de 15 % du sol est en prairies (Ces exploitations concernaient 30 % de la SAU en 1988 et seulement 15 % en 1979). Ceci montre l'emprise croissante des systèmes intensifs et d'élevage hors-sol[4]. Les systèmes pastoraux (1,8 million d'hectares en 2005[4]) sont tous situés en altitude ou dans des régions sèches et pauvres, ainsi que dans quelques zones humides.

Flore des prairies semi-naturelles ou cultivées

En zone tempérée, les prairies sauvages ou permanentes et extensives (avec une faible charge animale) peuvent abriter jusqu'à plusieurs centaines d'espèces de plantes par hectare, et diverses espèces de champignons. La présence de haies, mares, berges, ruisseaux ou tourbières enrichissent la diversité floristique de ces prairies.
Les prairies cultivées (semées) ou destinées aux élevages plus intensifs contiennent principalement les espèces suivantes (parfois spontanées) :

Graminées

Légumineuses

Références

  1. Dennis, P., M. R. Young and C. Bentley (2001). The effects of varied grazingmanagement on epigeal spiders, harvestmen and pseudoscorpions of Nardus stricta grasslandin upland Scotland. Agriculture, Ecosystems & Environment 86(1): 39-57.
  2. Dennis, P., M. R. Young and I. J. Gordon (1998). Distribution and abundance of smallinsects and arachnids in relation to struxtural heterogeneity of grazed, indigenous grasslands.Ecological Entomology 23: 295-303.
  3. a et b (en) G.N.Zaimes, E.E.Stauffer, R.C.Schultz, T.M.Isenhart, J.R.Russell, W.J.Powers, S.K.Mickelson, J.L.Kovar, Stream bank erosion along different land-use practices with an emphasis on different grazing practices. - Iowa State University (Résumé)
  4. a, b, c et d Plan stratégique national de développement rural 2007-2013, Doc travail, version 6.4 – revue et abrégée, 2 juin 2006, consultée 2010/11/07
  5. Document IFEN (Oct 2007), "Changements modérés de l'occupation des sols dans les espaces naturels protégés" (pdf, 4 pages)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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