- Destour
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Parti libéral constitutionnel (Destour)
الحزب الحر الدستوريDonnées clés Président Abdelaziz Thâalbi (1921-1944) Fondation 4 juin 1920 Disparition début des années 1960 Données clés Idéologie nationalisme arabe, panarabisme Voir aussi
Le Destour est un parti politique tunisien fondé en 1920[1] et dont le but est de libérer la Tunisie du protectorat français.
Généralement traduit par « constitutionnel », le terme Destour est vraisemblablement d'origine persane, via le turc présent en Afrique du Nord du Moyen Âge au XIXe siècle, car il n'y a aucune trace de ce mot ni dans la langue arabe de la période pré-islamique, ni dans le Coran ou les hadiths, ni encore dans la littérature arabe de la période précédant la période ottomane où ce mot commence à être employé en Égypte.
Le Parti tunisien, héritier du mouvement des Jeunes Tunisiens, naît le 1er février 1920. Un grand nombre de notables, dont des médecins et des avocats qui ont pignon sur rue, certains membres de la famille beylicale et de familles bourgeoises mais également des journalistes connus et nombres de personnalités tunisiennes de l'époque y adhèrent.
Sommaire
Programme
Ils réclament alors une constitution pour la Tunisie qui rétablirait les droits dont jouissait le pays avant le protectorat. Le 4 juin 1920, le parti prend officiellement le nom de Parti libéral constitutionnel tunisien (Hizb al-Hor al-Destouri) ou plus simplement Destour[2]. Le cheikh Abdelaziz Thâalbi, qui en est l'instigateur, en assume la présidence à partir du 21 mai 1921. Le parti publie alors un premier manifeste pour réclamer « l'émancipation du peuple tunisien des liens de l'esclavage ».
Le parti adopte un programme en huit points :
- l'instauration d'une constitution fondée sur le principe de la séparation des pouvoirs ;
- la fin de la tutelle administrative de la France ;
- la sauvegarde des libertés individuelles ;
- la création d'un parlement tunisien élu ;
- l'instauration d'un pouvoir exécutif responsable devant le parlement ;
- l'indépendance du pouvoir judiciaire ;
- le développement de l'enseignement à tous les degrés ;
- la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle.
Le 8 juin 1920, une délégation d'une quarantaine de membres du parti, conduite par un ouléma, se rend au palais de La Marsa pour présenter les huit points du programme à Naceur Bey[3]. Conseillé par son fils, le prince Moncef Bey, Naceur Bey promet d'agir dans leur sens. Le 20 juin, sur instruction de Paul Deschanel, président de la République française, les membres de cette délégation sont interpellés par la police et accusés d'incitation à la haine entre les races.
Confrontation
Quelques mois auparavant, Thâalbi publie un manifeste, La Tunisie martyre. Ses revendications, dans lequel les revendications sont exprimées au nom de la collectivité tunisienne tout entière qui est présentée comme une victime de la colonisation française. Tiré à 2 000 exemplaires, il est adressé aux représentants du gouvernement français, aux parlementaires et aux responsables des partis politiques français, ainsi qu'aux principaux organes de presse en France et à l'étranger. En France, le livre a un grand retentissement, notamment dans les milieux de gauche : il suscite ainsi l'intérêt de L'Humanité (alors organe du Parti socialiste français).
En Tunisie, malgré son interdiction par les autorités du protectorat, cet ouvrage connaît une large diffusion clandestine. Considéré par les autorités françaises comme un pamphlet violent contre leur œuvre en Tunisie, un mandat d'arrêt est délivré contre Thâalbi qui est arrêté le 28 juillet à Paris, transféré sous escorte à Tunis et incarcéré à la prison militaire, sous l'inculpation d'atteinte à la sûreté de l'État. Cependant, grâce à l'action menée par une délégation conduite par Tahar Ben Ammar, les autorités du protectorat procèdent à la libération de Thâalbi le 1er mai 1921[4],[5], en application des dispositions prévues par la loi française d'amnistie du 29 avril de la même année. Le non-lieu, auquel aboutit l'instruction, n'est prononcé que plus tard.
Scission
Lors du septième congrès du Destour (12-13 mai 1933), le groupe du journal L'Action tunisienne (Habib Bourguiba, Mahmoud El Materi, Tahar Sfar et Bahri Guiga) intègre la commission exécutive du Destour. Mais le 7 septembre, ce groupe se retire sans démissionner du parti qui finit par l'exclure. Une divergence idéologique finit par provoquer une scission au sein du parti et mène à la création, en 1934, du Néo-Destour — l'ancien parti étant appelé l'Archéo-Destour par les historiens[6] — sous la direction d'Habib Bourguiba. Le Destour est progressivement évincé de la scène politique avant de disparaître au début des années 1960.
Figures
- Ahmed Taoufik El Madani
- Ahmed Essafi
- Salah Farhat
- Ali Kahia
- Mohieddine Klibi
- Hamouda Mestiri
- Ahmed Sakka
- Abdelaziz Thâalbi
- Habib Zouiten
Notes et références
- (fr) Henri de Montety, « Les données du problème tunisien », Politique étrangère, vol. 17, no 1, 1952, p. 451
- (fr) Dustūr : aperçu sur les constitutions des états arabes et islamiques, éd. Brill Archive, Leyde, 1966, p. 3
- Saïd Mestiri, Moncef Bey, éd. Sud Éditions, Tunis, 2008, p. 47
- Sadok Zmerli et Hamadi Sahili, Figures tunisiennes, éd. Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, 1993, p. 203
- Mohammed Dabbab, Les délégations destouriennes à Paris ou la « question tunisienne » dans les années 1920 : revendications, manœuvres, polémiques, scission, vol. I, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1980, p. 111
- Samya El Mechat, Le nationalisme tunisien. Scission et conflits. 1934-1944, éd. L'Harmattan, Paris, 2002[réf. incomplète]
Voir aussi
Bibliographie
- Youssef Mnasria, Le Parti libéral constitutionnaliste tunisien. 1919-1934, éd. Le Maghreb musulman, Beyrouth, 1988
Lien interne
Lien externe
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