- Diaspora tunisienne
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La diaspora tunisienne regroupe la population d'origine tunisienne vivant à l'extérieur du pays. Elle est la conséquence directe du fort taux d'émigration que connaît la Tunisie depuis son indépendance en 1956.
Dans les années 1960 et 1970, la conjoncture économique favorable que connaît la France contribue à amplifier le phénomène. Le début des années 1980 voit un véritable essor de la communauté tunisienne dans ce pays en raison des régularisations (plus de 22 000 cas)[1].
Sommaire
Nombres
En 2009, le nombre de Tunisiens résidant à l'étranger est évalué à 1 098 212 personnes[2] dont 83 % résident en Europe. Néanmoins, ces chiffres officiels semblent être sous-estimés en raison de l'inadéquation des bases des immatriculations consulaires à des fins statistiques[3]. Ainsi, il n'est pas rare de trouver un identifiant unique pour les membres d'une même famille ou des doublons. Parmi les ressortissants faiblement immatriculés figurent la troisième génération en France (dont on estime qu'une personne sur dix ne serait pas immatriculée) et les enfants de parents mixtes. Les sans-papiers (très nombreux en Italie par exemple) n'ont pas droit non plus à l'immatriculation.
598 504 sont installés en France[2] — l'une des plus importantes communautés étrangères du pays — et bénéficient pour les deux-tiers de la double nationalité[1]. Ils se concentrent essentiellement dans les grandes villes (40 % à Paris, 12 % à Lyon et 8 % à Marseille mais aussi à Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ou Lille)[1]. Sonia Mabrouk explique ce phénomène de regroupement par l'origine urbaine des migrants tunisiens (régions de Tunis et du littoral) mais aussi par la nature des différentes vagues de migrants[1]. Ainsi, les années 1970 voient surtout l'arrivée de migrants provenant du sud de la Tunisie. Ceux-ci s'installent dans la vallée du Rhône et à Paris, qui regroupent alors la plupart des opportunités d'emplois, et créent des réseaux avec leurs régions d'origine, utilisés ensuite par d'autres migrants[1].
On compte 106 835 Tunisiens dans les autres pays du Maghreb[2], 47 728 au Moyen-Orient, 28 998 en Amérique du Nord, 1 279 en Afrique subsaharienne et 1 123 en Asie (hors pays arabes) ; on dénombre aussi 644 Tunisiens installés en Australie et 76 en Amérique du Sud[2].
Pays Total Europe 911 378 France 598 504 Italie 152 721 Allemagne 85 532 Belgique et Luxembourg 20 752 Suisse 13 109 Pays-Bas 8 397 Suède 7 688 Royaume-Uni 6 659 Autriche 6 084 Espagne 2 755 Roumanie 1 387 Norvège 1 341 Danemark 1 243 Monde arabe 154 714 Libye 87 177 Arabie saoudite 18 582 Algérie 16 402 Émirats arabes unis 13 842 Qatar 3 039 Maroc 2 860 Oman 2 398 Syrie 2 300 Koweït 2 230 Égypte 2 039 Bahreïn 1 076 Liban 1 026 Amérique et Australie 29 718 Canada 15 272 États-Unis 13 726 Afrique subsaharienne 1 279 Asie 1 123 Total 1 098 212 Sources : Communauté tunisienne à l'étranger en 2009 (Office des Tunisiens à l'étranger)[2] Profils
Des statistiques de l'Office des Tunisiens à l'étranger font état de plus de 128 000 familles tunisiennes en Europe avec une concentration en France et en Allemagne. Les jeunes Tunisiens à l'étranger, qui sont âgés de moins de 16 ans, représentent 25 % de la communauté tunisienne à l'étranger[4]. Il s'agit donc d'un rajeunissement de l'émigration tunisienne qui en est actuellement à sa troisième génération. Les femmes représentent à peu près 26 % de l'ensemble de la communauté[4]. En France, leur pourcentage est estimé à 38,2 %. La part des Tunisiens qui ont plus de 60 ans est d'environ 7 %.
À l'origine, la plupart des Tunisiens en Europe travaillaient dans des secteurs nécessitant un niveau de qualification moyen voire faible. En effet, les migrants des années 1960 et 1970 étaient peu scolarisés (paysans ou ouvriers pour la plupart)[1].
Désormais, la plupart des Tunisiens installés en France travaillent dans le secteur des services (hôtellerie, restauration ou commerce de proximité) ou à la tête de petites entreprises. En 2008, la Tunisie devient le premier pays maghrébin à signer un accord de gestion concertée des flux migratoires sous l'impulsion du président Nicolas Sarkozy : il prévoit notamment un accès facilité pour près de 9 000 étudiants tunisiens inscrits dans des établissements français[1] mais aussi des cartes de séjours pour près de 500 personnes hautement qualifiées afin qu'elles puissent acquérir une expérience en France durant une période maximum de six ans[1]. Dans les pays arabes, la population tunisienne se constitue d'une majorité de personnes bien voire très qualifiées car les ouvriers et les personnes moyennement qualifiées proviennent pour la plupart des pays asiatiques comme l'Inde, le Pakistan ou l'Afghanistan.
Répartition de quelques compétences tunisiennes à l'étranger en 2003 Professions Europe Amériques Pays arabes Afrique Asie
(hors pays arabes)Total Enseignants/chercheurs 652 301 206 12 7 1 178 Ingénieurs/architectes 515 430 225 24 3 1 197 Médecins/pharmaciens 449 85 120 11 2 667 Informaticiens 181 25 18 12 0 236 Avocats 42 8 31 0 0 81 Autres cadres 803 364 393 54 6 1 620 Hommes d'affaires 850 62 97 12 2 1 023 Sources : Répertoire des compétences tunisiennes à l'étranger (Office des Tunisiens à l'étranger)[5] Investissements
L'apport des Tunisiens à l'étranger englobe l'ensemble des projets qu'ils financent directement ou indirectement en Tunisie. Selon l'Office des Tunisiens à l'étranger, leur nombre, pour la période allant de 1987 à 2004, s'élèverait à 8 845, pour un investissement global de l'ordre de 321 millions de dinars, générant 39 381 emplois, principalement tourné vers les services (64 %) et l'industrie (26 %)[6] :
- 5 649 projets en matière de services mobilisant 140,1 millions de dinars et générant 17 397 emplois.
- 2 423 projets dans le secteur industriel avec 133,7 millions d'investissements et 20 513 emplois ;
- 773 projets dans le secteur agricole pour un volume d'investissement de 47,2 millions de dinars et 1 471 emplois ;
Selon l'Office des Tunisiens à l'étranger, les transferts des Tunisiens à l'étranger atteignent une moyenne annuelle de 1,1 milliard de dinars, dont 76 % sous forme de transferts monétaires, ce qui constitue la quatrième source de devises du pays et représente 5 % du PIB et 23 % de l'épargne nationale[6]. Mais, bien que ces transferts augmentent de 8,9 % par an, l'apport en matière d'investissements ne cesse de diminuer depuis 1996 et le nombre de projets créés par les Tunisiens à l'étranger a tendance à stagner[6].
Liens avec la Tunisie
En Tunisie, des cours gratuits d'enseignement de l'arabe sont organisés pendant les vacances d'été pour les enfants tunisiens résidant à l'étranger, qui sont très influencés par les cultures dans lesquelles ils vivent. Des voyages sont également organisés pour leur faire découvrir la Tunisie sous ses aspects culturel, historique et civilisationnel.
Références
- Sonia Mabrouk, « Un diplôme pour visa », Jeune Afrique, 27 avril 2008, pp. 71-72
- (fr) Communauté tunisienne à l'étranger en 2009 (Office des Tunisiens à l'étranger)
- (fr) « Combien sommes-nous ? », 216 le mag, n°9, octobre 2009, p. 10
- (fr) Sonia Mabrouk, « Les Tunisiens dans le monde », Jeune Afrique, 27 avril 2008, p. 71
- (fr) Indicateurs des compétences tunisiennes à l'étranger (Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie)
- (fr) Abou Sarra, « Les transferts des Tunisiens à l’étranger : Une manne pas assez exploitée », Webmanagercenter, 3 septembre 2008
Liens externes
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