Ahmed Ier Bey

Ahmed Ier Bey
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Ahmed Ier
أحمد باي
Ahmed I Bey.jpg
Titre
17e bey de Tunis
10 octobre 183730 mai 1855
&&&&&&&&&&&0644117 ans, 7 mois et 20 jours
Premier ministre Mustapha Saheb Ettabaâ
Prédécesseur Moustapha Bey
Successeur Mohammed Bey
Biographie
Titre complet Possesseur de la Régence de Tunis
Hymne royal Salut beylical (dès 1846)
Dynastie Husseinites
Nom de naissance Abou Abbas Ahmed ben Moustafa el-Husseini
Date de naissance 2 décembre 1806
Lieu de naissance Tunisian flag till 1831.svg Tunis (Tunisie)
Date de décès 30 mai 1855 (à 48 ans)
Lieu de décès Pre-1999 Flag of Tunisia.svg La Goulette (Tunisie)
Père Moustapha Bey
Mère Francesca Rosso di Sofia, dite Lalla Jannati Beya
Conjoint Lalla Amina Menana Beya

Het grote Rijkswapen van Tunesie als Koninkrijk.jpg
Monarques de Tunisie

Ahmed Ier Bey (أبو العباس أحمد باشا باي), né le 2 décembre 1806[1] et décédé le 30 mai 1855[2] à La Goulette, est bey de Tunis de la dynastie des Husseinites de 1837 à sa mort[1].

Il succède à son père, Moustapha Bey, le 10 octobre 1837[3]. Jeune prince, il a pour son pays de grandes ambitions : il veut posséder une armée nombreuse, une marine de guerre redoutable, un arsenal moderne, une école polytechnique, un hôtel de monnaie, une résidence royale, etc. Mais ni lui ni son jeune ministre des finances Mustapha Khaznadar, qui est devenu son beau-frère, n'ont une idée exacte des ressources économiques à utiliser pour mener à bien ces grands travaux, de sorte que la plupart des initiatives beylicales aboutissent à des échecs coûteux de même qu'à une baisse des ressources financières de la régence[4].

Sommaire

Biographie

Firman ottoman

Quelque temps après son avènement, Ahmed Bey reçoit du sultan ottoman le firman traditionnel d'investiture et les insignes correspondants. L'envoyé du sultan, Osman Bey, arrive à La Goulette, le 15 mai 1838, à bord d'une frégate[5]. Le lendemain, il fait son entrée officielle à Tunis, à cheval, précédé de tous les membres du cabinet beylical qui étaient allés au-devant de lui jusqu'à deux lieues de la ville. On porte devant l'envoyé le sabre d'honneur et le caftan destiné au bey. L'envoyé est encadré de spahis et est suivi par toutes les troupes régulières (au nombre de 5 000 à 6 000) ainsi que par 5 000 cavaliers arabes des environs de Tunis. Le cortège fait son entrée dans la capitale sous les acclamations des hommes et les youyous des femmes.

Trois jours après cette entrée officielle, l'envoyé se rend au palais du Bardo en grand apparat pour présenter au bey le firman et les insignes de son investiture ainsi que des cadeaux parmi lesquels deux belles Géorgiennes et dix pièces de canons. Nommé général de division de l'armée impériale ottomane en mai 1838, il est élevé par le sultan à la dignité de maréchal (mouchir)[6] — jusqu'alors les beys de Tunis n'avaient que le grade de général de division — le 14 août 1840. Tous ces honneurs ont pour but de renforcer les liens de vassalité qui unissent la régence de Tunis au sultan ottoman[7].

Souverain modernisateur

Lors d'un traité signé en 1830, le bey consent à la cession d'un terrain à Carthage pour l'érection d'un monument au roi Louis IX de France. La pose de la première pierre de la cathédrale au sommet de la colline de Byrsa a lieu le 25 août 1840. Signe de la tolérance religieuse du bey, il permet également en février 1845, à la communauté chrétienne de Tunis essentiellement composée de commerçants européens, d'agrandir leur petite église située près de Bab El Bhar[8].

En juin-juillet 1846[9], le duc de Montpensier, fils du roi Louis-Philippe, visite Tunis et Carthage. Il est reçu avec beaucoup de solennité par le bey[9]. Au cours d'entretiens officiels s'amorce le projet du voyage d'Ahmed Bey à Paris. Ce voyage a lieu en novembre 1846[10] et le roi Louis-Philippe réserve au bey une réception splendide à laquelle celui-ci est très sensible[11]. Ce voyage, au cours duquel Ahmed Bey voit beaucoup de choses, renforce le souverain dans ses projets d'imiter les nations européennes. Un article paru en 1897 dans La Revue tunisienne décrit ainsi l'effet qu'a eu cette visite sur la volonté modernisatrice du bey :

« Parmi toutes les merveilles qu'il eut l'occasion d'admirer, son esprit demeura plus particulièrement frappé par les ingénieuses applications du génie industriel ; il conçut dès lors le noble projet de tirer l'industrie indigène hors de la routine où elle était plongée en l'encourageant à entrer dans la voie du progrès et de doter son pays d'établissements spéciaux, armés des moyens de production dont les avantages économiques lui avaient été révélés[12]. »

Cependant, la visite du bey en France et le fait que cette dernière le reçoit avec les honneurs réservés habituellement à un souverain indépendant déplaît aux autorités de l'Empire ottoman car le bey reste, du moins théoriquement, sous la suzeraineté du sultan[13]. De plus, l'effort de rénovation d'Ahmed Bey se fait peu sentir dans l'évolution urbaine de Tunis car il ne semble pas que ce prince se soit beaucoup intéressé à l'embellissement de la ville, à l'exception de la reconstruction de la mosquée de Bab El Jazira et de la restauration en 1847-1848 de Bab El Bhar. Les palais du Bardo, de La Goulette et de la Mohamedia profitent davantage des initiatives du souverain ; ce dernier, nommé Salehia du nom du saint local Sidi Saleh, est rarement habité par le bey alors que les dépenses découlant de sa construction ont été très élevées[14]. Dans le même temps, il fait don d'un lot important de manuscrits arabes à la mosquée Zitouna[7].

Il convient de remarquer ici que les beys ont, d'une façon générale, toujours agi par délégation en ce qui concerne Tunis où ils ont trois représentants avec des pouvoirs étendus : l'agha qui commande la kasbah et la milice, le daouletly ou ferik qui assure l'ordre et la sécurité dans la ville et le Cheikh El Médina chargé de l'administration des souks et dont les attributions sont peu à peu étendues. Bien que le bey a toujours manifesté une grande volonté réformatrice, notamment dans les domaines économiques et militaires, ses initiatives ont finalement peu de succès à cause de l'ignorance par le souverain des conséquences financières de ses réformes et de la médiocrité du personnel politique (certains ministres et conseillers peu compétents) qui l'entourent[15].

Vie familiale

Bien que la plupart des souverains de la dynastie husseinite disposent, aux XVIIIe et XIXe siècles, d'un vaste harem en plus de leurs épouses officielles, Ahmed Bey se contente d'une seule épouse et d'une concubine ; même avant l'abolition de l'esclavage (sous son règne), il prend l'habitude d'offrir à ses courtisans les odalisques qu'on lui envoie comme présents. N'ayant eu au total que deux enfants décédés en bas âge, le bey meurt sans descendance directe[16] et c'est son cousin Mohammed Bey, fils aîné d'Hussein II Bey, qui lui succède sur le trône[17].

Héritages

Parmi ses réussites, on peut citer l'abolition de l'esclavage en Tunisie au mois de janvier de l'année 1846[18],[19].

À cela s'ajoute la création de l'école polytechnique du Bardo en mars 1840 ; cet établissement est destiné à prodiguer une formation moderne aux futurs officiers de l'armée régulière. Cette dernière prend une importance considérable sous son règne, atteignant les 50 000 hommes de troupes divisés en sept régiments d'infanterie, quatre régiments d'artillerie et de deux régiments de cavalerie[20].

Décédé en 1855 au palais Sharfiya, il est enterré au mausolée du Tourbet El Bey situé dans la médina de Tunis[2].

Notes et références

  1. a et b Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental, vol. IV, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1990, p. 12
  2. a et b Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 184
  3. Hédi Slim, Ammar Mahjoubi et Khaled Belkhodja, Histoire générale de la Tunisie, tome III « Les temps modernes », éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2007, p. 369
  4. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 160
  5. Khelifa Chater, Dépendance et mutations précoloniales. La Régence de Tunis de 1815 à 1857, éd. Université de Tunis, Tunis, 1984, p. 502
  6. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 55
  7. a et b Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 56
  8. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 89
  9. a et b Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 103
  10. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 108
  11. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., pp. 120-121
  12. (fr) Lilia Ben Salem, « Les ingénieurs en Tunisie aux XIXe et XXe siècles », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, vol. 72, n°72, 1994, p. 62
  13. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 122
  14. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 157
  15. (fr) Robert Mantran, « Carl Brown (L. Cari) : The Tunisia of Ahmad Bey, 1837-1855 », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 20, n°20, 1975, pp. 185-186
  16. (fr) Odile Moreau, Réforme de l'État et réformismes au Maghreb (XIXe-XXe siècles), éd. L'Harmattan, Paris, 2010, p. 99
  17. Jean Ganiage, Les origines du Protectorat français en Tunisie (1861-1881), éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1968, p. 164
  18. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 97
  19. Ahmed Abdesselem, Les historiens tunisiens des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles : essai d'histoire culturelle, éd. Université de Tunis, Tunis, 1973, p. 141
  20. Ibn Abi Dhiaf, op. cit., p. 41

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ahmed Ier Bey de Wikipédia en français (auteurs)

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