- Christianisme
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« Chrétien » redirige ici. Pour les autres significations, voir Chrétien (homonymie).
Le christianisme est une religion abrahamique fondée sur la vie et les enseignements de Jésus de Nazareth et qui se définit comme monothéiste. Le nombre de chrétiens sur Terre se situe entre 2,23 milliards[1] et 2,3 milliards[2] de croyants dans près de 33 000 confessions différentes[3]. Les premières de ces confessions sont apparues au sein du judaïsme après la crucifixion de Jésus de Nazareth par les autorités romaines de la province de Judée au Ier siècle[4].
Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », signifiant « appartenant au Christ » ou « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche au milieu du Ier siècle[5]. La référence la plus ancienne connue pour le terme christianisme se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[6].
Les chrétiens croient que Jésus de Nazareth est le Messie que prophétisait l'Ancien Testament, et, hormis quelques minorités, qu'il est le fils de Dieu, à la fois de nature divine et de nature humaine. Les trois principales confessions chrétiennes, c'est-à-dire les catholiques romains, les orthodoxes des 7 conciles et les protestants, étudient l'interprétation patristique des textes scripturaires.
La Bible hébraïque est l'un des deux textes fondateurs du christianisme, qui la nomme Ancien Testament ou Premier Testament[7]. Le Nouveau Testament, centré sur la personne de Jésus-Christ, est le second texte fondateur.
Le christianisme est la religion la plus répandue dans le monde[8] et a profondément marqué différentes civilisations au cours de l'histoire alors qu'il était initialement considéré comme une secte juive parmi d'autres. Il est présent sur tous les continents.
Sommaire
Doctrines
Les croyances et pratiques chrétiennes se sont beaucoup diversifiées au fil des siècles et autour du monde. De ce fait, il n'y a pas de définition synthétique de la foi chrétienne et de ses doctrines. Cependant, il existe certains éléments d'homogénéité tels que la croyance centrale en Jésus-Christ. Le plus grand nombre des chrétiens définissent leur foi par le Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection de la chair et la vie du monde à venir » (par opposition à l'au-delà des Egyptiens ou des Grecs). Une légère modification du Credo par Rome (controverse du filioque) a conduit au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes, une autre contestation de positions de Rome quelques siècles plus tard au protestantisme. Ces questions sont détaillées plus bas.
Le Christ
Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus de Nazareth qui est considéré comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament. Le terme de « Christ » vient du grec Χριστός, l'équivalent du terme sémitique Messie (de l'hébreu מָשִׁיחַ - mashia'h), littéralement « celui qui est oint », et de lui découle l'appellation « Jésus-Christ ». "Christ" est donc un adjectif et non un nom propre.
Jésus-Christ est la figure centrale du christianisme. Le fondement de la religion chrétienne est la foi en sa résurrection.
La profession de foi
Le kerygme, la profession de foi fondamentale des chrétiens contenue dans l'Épitre de saint Paul aux Corinthiens, stipule que, si Jésus-Christ n'est pas ressuscité, la foi chrétienne est vide[9]. Deux autres professions de foi sont venues préciser la foi chrétienne, le Symbole des Apôtres et le Symbole de Nicée-Constantinople (ou credo). Cependant, tous les chrétiens n'accordent pas une valeur à ces deux derniers. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. Les catholiques insistent davantage sur la filiation biologique dans la doctrine de la virginité perpétuelle. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit Saint intercède pour les hommes et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
La Trinité
La Trinité découle directement de ces professions de foi. La Trinité est le fait que le Dieu unique se révèle en trois « personnes », le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Le terme de personne a donné lieu à de nombreuses interprétations et saint Augustin précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité. La triple invocation du baptême, « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[10] fut conceptualisée sous forme du dogme de la Trinité lors des grands Conciles du IVe siècle. Les interprétations de la Trinité sont différentes selon les chrétiens qui se revendiquent des Églises des deux conciles, des Églises des trois conciles ou des Églises des sept conciles. De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes et les Témoins de Jéhovah n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés antitrinitaires.
Article détaillé : Christologie.Historicité
L'étude historique des fondements du christianisme, la vie de Jésus de Nazareth, est ardue. Une étude historique scientifique demande de comparer ces textes à d'autres récits relatant les mêmes faits. Cependant, en dehors des évangiles du Nouveau Testament, les sources écrites précises traitant de la vie de Jésus sont très rares. Ajouté à l'absence de preuves archéologiques de l'existence de Jésus, cette incertitude de la véracité historique des textes bibliques a poussé certains auteurs du tournant du XIXe siècle et du début du XXe siècle à faire l'hypothèse de l'inexistence de Jésus. Depuis les années 1930, cette hypothèse est abandonnée par les chercheurs.
Articles détaillés : Quêtes du Jésus historique, Problème synoptique, Évolution de la lecture de la Bible au XIXe siècle et Crise moderniste.L'Ancien et le Nouveau Testament
Aux Écritures issues du judaïsme, qui correspondent à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, la tradition des premiers siècles du christianisme a adjoint le Nouveau Testament. On emploie souvent l'appellation « Premier » Testament au lieu d'Ancien, pour signifier que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l' « Ancien » mais l'accomplir. L'Ancien et le Nouveau Testament sont réunis dans la Bible chrétienne.
Le Nouveau Testament est composé de quatre évangiles (selon Matthieu, Marc, Luc et Jean), des Actes des Apôtres, des Épîtres et de l'Apocalypse (aussi appelé Révélation). On considère que la rédaction de ces textes s'étend de la seconde moitié du Ier siècle jusqu'au début du IIe siècle. Cependant, les manuscrits les plus anciens en notre possession remontent au IVe siècle de notre ère. Cependant, l'on dispose de fragments d'évangiles antérieurs (Magadalen, Ier siècle, Rylands 457: IIe siècle). Ces quatre livres présentent entre autres une exhortation à l'amour du prochain. Cet amour peut s'exprimer de diverses manières : le pardon[11], la charité[12], la miséricorde[13], le désintéressement[14].
On appelle « évangiles synoptiques » les évangiles de Matthieu, Marc et Luc, qui sont construits sur le même plan. L'évangile de Jean est, en revanche, nettement différent.
Les épîtres de Paul de Tarse (ou saint Paul) semblent être les plus anciennes (on date la première d'entre elles, la 1re épître aux corinthiens de l'année 40 environ, en particulier le chapitre 15 qui rappelle le dogme central de la foi, le Kérygme) ; cette antériorité donne à Paul une place particulière dans le christianisme, certains le considérant comme le véritable fondateur de la religion.
L'évangile selon Marc est généralement considéré comme celui qui a été rédigé en premier (vers les années 65-70 ?), et constituerait une des sources ayant servi à rédiger les deux autres synoptiques. Viendraient ensuite les autres évangiles (Matthieu et Luc, dans leur rédaction définitive vers l'an 70, mais il existe de nombreux documents antérieurs), Jean après 90. Les évangiles ont été rédigés sur la base de traditions et de documents plus anciens. Leur rédaction est contemporaine de la disparition des témoins directs de la vie de Jésus, et manifeste la volonté de conserver l'essentiel de la prédication du Christ.
Les Actes des Apôtres sont la deuxième partie de l'évangile de Luc. L'Épître aux Hébreux semble être le texte le plus récent.
Le canon ainsi constitué (ensemble des textes reconnus officiellement) écarte les textes dits apocryphes. L'existence des évangiles apocryphes révèle que le Nouveau Testament, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est le fruit d'un choix parmi une multiplicité de documents témoignant de la vie et de la prédication de Jésus, ainsi que de la vie de l'Église primitive. Ce choix a été effectué dès le IVe siècle, au concile de Nicée, on appelle ce corpus canon des Écritures, en fonction de ce qui a paru alors vraisemblable, de l'ancienneté de la tradition à laquelle ces textes étaient rattachés. Le Nouveau Testament, comme ensemble de la Bible, est donc un témoignage de la foi de ces communautés avant d'être un récit historique[15].
Article détaillé : Canon (Bible).L'Église et le baptême
D'après certains, depuis Jésus, Dieu veut[16] créer une Église, non limitée aux seuls Juifs. Selon la Bible, alors que Jésus est Le Fils de Dieu, les autres hommes le sont par adoption. (note: d'autre passages mentionnent Jésus comme « Fils de l'Homme », soit la réalité que l'homme est censé incarner durant sa vie).
C'est la foi en Jésus-Christ et l'acceptation de l'œuvre de rédemption qu'il aurait accomplie qui définit cette famille, et non la pratique de la loi mosaïque ou des doctrines religieuses : « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu » proclame l'Épître aux Éphésiens (Ep 4,5). On devient chrétien par le sacrement du baptême[17], que l'on ne reçoit qu'une seule fois même si on change d'Église (mais ce point de vue n'est pas partagé par tous : le baptême représentant, alors, la confession publique de la conversion).
Histoire du christianisme
Articles détaillés : Origines du christianisme et Histoire du christianisme.Critique de la religion, le mouvement des Lumières reprochait, entre autres, au christianisme d'avoir eu une histoire sanglante de l'Antiquité à son époque[18].
Une religion issue du judaïsme
D'après les évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion : Jésus, les apôtres, Marie la mère de Jésus, tout le groupe primitif était juif. Cette perspective se retrouve dans de nombreuses phrases de Jésus rapportées par les évangiles ; ainsi, les consignes données aux disciples de s'adresser « aux brebis perdues d'Israël » (Matth. 10:6), et non aux païens.
Le christianisme a repris, de façon plus ou moins importante selon ses courants, plusieurs éléments présents dans le judaïsme de la période suivant la destruction du Second Temple, tels que :
- l'adaptation de la forme du culte synagogal aux églises de paroisses, (le culte synagogal était déjà présent en Galilée) ;
- l'utilisation de l'ensemble des textes bibliques, au premier rang desquels les psaumes juifs, issus du livre des Louanges ; ces textes peuvent être lus sur des cycles variables, pouvant atteindre jusqu’à trois ans pour l'Église catholique ;
- un calendrier religieux, partiellement mobile, dans lequel certains évènements notables ou certains points de foi donnent lieu à des célébrations annuelles ;
- l'utilisation de chants et d'hymnes dans la prière ;
- dans les célébrations et les réunions communautaires, l'utilisation de certains mots venant de l'hébreu biblique (par exemple : amen, hosanna, alléluia).
Pour les chrétiens, la ligne de partage avec le judaïsme passe par la reconnaissance ou non du Messie en la personne de Jésus. Du point de vue juif, le christianisme s'écarte fondamentalement du judaïsme ; il ne « l'accomplit » donc pas - en rejetant le « joug de la Torah et des mitsvot » – et ne respecte pas non plus le monothéisme. Marcion, au IIe siècle, va plus loin que l'Église chrétienne : il conteste la filiation judaïsme-christianisme et souligne l'origine autonome du christianisme vis-à-vis du judaïsme. Il fut qualifié d'hérétique par l'Église. La séparation effective des deux religions, aussi bien parmi les premiers chrétiens que vis-à-vis des autorités romaines, occupa au minimum deux siècles, peut-être davantage, selon les historiens.
Christianisme primitif
Article détaillé : Origines du christianisme.Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier les communautés juives hellénisées. Le nom « christianisme » vient du mot grec Christos, qui traduit l'hébreu Messie (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne dans le judaïsme tardif un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Il est, depuis, quasi-exclusivement réservé à Jésus.
Jésus est la figure fondatrice du christianisme, sans toutefois en être le fondateur au sens historique : le débat est encore ouvert sur le fondateur du christianisme « Paul ou Jésus », d'un point de vue théologique ; mais surtout, d'un point de vue historique, le christianisme ne naît pas du vivant de Jésus. Deux écoles se partagent chacune un consensus : le christianisme naît avec l'introduction de la Birkat-ha-Minim dans la Amida (bénédiction 12). Pour d'autres, le christianisme commence avec le tournant du IIe siècle : établissement d'un canon du Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[19].
À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (saducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme recouvre différentes communautés comme, par exemple : 1. la communauté (postpascale) judéo-chretienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu ; 2. la communauté galiléenne regroupée autour d'une interprétation prépascale et sapientale de la vie de Jésus, probablement à l'origine de la source Q commune aux évangiles de Luc et de Matthieu ; 3. la communauté helléno-chrétienne autour des figures emblématiques des sept préposés au service de table et d'entretien des veuves, et d'Étienne, à l'origine probable de l'évangile de Matthieu ; 4. la communauté apocalyptique qui sera à l'origine, probablement en recueillant des éléments esséniens après la chute du Temple, de l'évangile de Jean ; 5. la communauté paulinienne qui permettra dans le sillage des hellénistes, l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres). Ces communautés paléo-chrétiennes (car toujours incluses dans le judaïsme) vont progressivement soit quasiment disparaître comme les judéo-chrétiens, soit diverger du judaïsme à la faveur d'interprétation différentes des Écritures, de l'intégration de nouvelles traditions orales puis textuelles (paléo-évangiles, épîtres), de facteurs historiques (soulèvements de 66-70 puis de 135), changement de langue (de l'araméen/hébreu au grec/latin), de centre démographique (de la Palestine vers la totalité de l'Empire romain), des relations politiques avec Rome pour rester religio licita...., et des relations conflictuelles avec le judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70).
La divergence d'avec le judaïsme s'accélèrera au tournant du premier siècle.
Son expansion
« Nous ne sommes que d'hier et nous avons déjà conquis la terre » dit le philosophe Tertullien au IIe siècle. Les chrétiens, d'abord petite minorité de disciples de Jésus ainsi que les apôtres, se répandirent surtout à l'ouest de l´Empire romain en occident, en s'appuyant sur les communautés juives préexistantes de l'Empire.
Ensuite un problème se pose : doit-on convertir les non-juifs ? En effet, le judaïsme est une religion qui se transmet très souvent par le sang, et étant donné que Jésus, selon la Bible, ne s'adresse qu'aux juifs, les disciples ne savent pas s'il faut aller vers les autres.[réf. nécessaire] Cependant, Paul de Tarse décide d'ouvrir la nouvelle religion aux autres: à la gentilité.
Ils disent alors propager la Bonne Nouvelle (la résurrection de Jésus). Au Ier siècle, les chrétiens sont très peu nombreux en Occident. Ils grossissent la communauté d'Alexandrie déjà importante, puis traduisent la Bible en plusieurs langues (grec et latin) afin d'assurer la communauté chrétienne. Alors ils s'installent de l'Afrique du nord à l'Espagne[20] et en Gaule.
Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant perçus que comme une secte juive.
La conversion de Constantin et la christianisation de l'Empire romain : avec l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s´arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devient la religion officielle de l'Empire romain, remplaçant ainsi le culte romain antique et retournant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté : période de l'histoire de l'Europe où le christianisme est la seule religion admise dans la mesure où il persécute les autres (depuis Justinien), et d'abord ses propres dissidents puis le judaïsme[21].
Cette victoire sur le paganisme antique s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique.
Expansion mondiale du christianisme
À partir de la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, l'expansion du christianisme a été parallèle à l'expansion coloniale. L'activité de mission a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Mais cette cohabitation n'alla pas sans heurts, l'Église heurtant directement de front les intérêts coloniaux quand elle affirme que la dignité de l'Homme doit être défendue (comme dans la célèbre controverse de Valladolid). En Martinique, les âmes pieuses durent se battre pour obtenir que les secours de la religion soient apportés aux esclaves.
Les rites indiens ou africains ne furent plus officiellement tolérés, mais le candomblé et nombre de cultes vaudous témoignent d'un syncrétisme et de la perduration des cultes africains ou amérindiens. Spécifiquement, les christologies afro-américaines témoignent que ces cultes n'ont jamais disparu. Aujourd'hui la religion chrétienne est la religion la plus répandue dans le monde.
Recul dans les pays occidentaux
Depuis une cinquantaine d'années, de nombreuses études statistiques ont démontré un recul progressif du christianisme dans les pays occidentaux. La croyance active dans les préceptes et rites du christianisme s'est largement effondrée, et le nombre de pratiquants et la fréquentation des lieux de cultes a décru de manière conséquente. Ce recul est cependant moins net dans ce que l'on peut appeler la croyance passive : de nombreuses personnes se déclarant toujours chrétiennes par tradition familiale.
Ce qui progresse le plus, c'est sans doute l'indifférence religieuse. On peut noter également les phénomènes des religions concurrentes, des croyances nostalgiques du paganisme, de l'athéisme, voire de l'antithéisme militant, qui peuvent en outre contribuer à expliquer ce phénomène.
Le christianisme, s'il n'est plus dominant dans certains pays occidentaux, demeure cependant une référence éthique et culturelle. Les épiscopats nationaux sont souvent consultés par les gouvernants avant le vote de lois qui engagent le sens et la valeur de la vie humaine (débat sur l'euthanasie, bioéthique...). D'antiques critiques, chez certains intellectuels, reviennent au goût du jour, à l'instar du Contre les chrétiens du philosophe Celse et des écrits de l'empereur romain Julien.
Les Églises
Article détaillé : Branches du christianisme.Il existe trois grands groupes d'Églises : les catholiques, les orthodoxes et les protestantes. Le mot « chrétien » n'est pas le mot utilisé habituellement par le Nouveau Testament pour désigner les disciples de Jésus. Ceux-ci s'appellent, ou sont appelés, la « Voie », « l'Église », « les Églises » ou les « Nazaréens » (du nom de Nazareth, la ville d'origine de Jésus). Le livre des Actes des Apôtres nous apprend que c'est à Antioche, donc dans une ville de langue grecque, que l'on donna pour la première fois aux disciples le nom de « chrétiens ». Sans doute ce nom n'a-t-il servi à l'origine que pour désigner ceux des disciples de Jésus qui étaient de langue grecque (« chrétien » signifie « disciple du christos », terme grec équivalent à messie).
Dans le premier siècle du christianisme, la prédication de Jésus a été reçue de manière sensiblement différente selon les cultures et les communautés. Un écho de ces différences se perçoit dans les textes du Nouveau Testament et la diversité de leurs présentations de cette prédication. Les divergences sont plus importantes encore quand on prend en considération l'abondante littérature dite apocryphe, dans laquelle se reflètent les convictions d'Églises dont on a aujourd'hui perdu le souvenir.
Ces différences de compréhension de la prédication et de la personne de Jésus ont été à l'origine de conflits internes au christianisme et à la création de nombreuses hérésies, chaque Église locale considérant comme hérétiques les traditions et les dogmes retenus par les autres mais qu'elle rejetait.
La nécessité de s'entendre sur un langage commun sur Dieu et sur Jésus est donc apparue très tôt, d'où la pratique des lettres de communion, lettres délivrées par une Église pour s'assurer qu'un de ses membres en voyage est bien dans la communion de toute l'Église.
Les conciles
Avec l'accès au culte chrétien parmi les cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique a pris l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Lorsque la majorité des évêques s'accordait sur un point, les évêques minoritaires ne choisissaient pas forcément d'adopter la formulation retenue. Le concile de Chalcédoine (451) marque une étape décisive dans l'histoire du christianisme en ce sens que la doctrine sur la Trinité et sur la double nature du Christ y est définie. À partir de cette date, elle ne variera plus. Seul le Grand Schisme d'Orient, 600 ans plus tard, ouvrira un débat important avec la question du filioque, c'est-à-dire d'une petite hiérarchisation possible (ou impossible) à l'intérieur de la Trinité.
La séparation de l'Orient et de l'Occident
La chute de l'Empire romain d'Occident, puis la conquête progressive de la partie orientale de l'Empire par les musulmans, ont eu pour résultat de diviser les deux parties du bassin méditerranéen. On retient souvent la date de 1054 comme celle de la séparation séparation des Églises d'Orient et d'Occident. En fait, l'éloignement des deux églises commence bien avant. En 1054, deux évêques furent envoyés par Rome à Constantinople. Après un certain nombre de malentendus, ils lancèrent l'anathème (excommunication) contre le patriarche Michel Cérulaire. À la suite de quoi, celui-ci a également lancé l'anathème contre ces deux évêques et les choses en sont restées là. La rupture a été consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ont pillé Constantinople et déposé le patriarche lors de la Quatrième croisade. Rome et Constantinople se traitent alors de schismatique et d'anathème. Une tentative d'union au Concile de Florence au XVe siècle n'a pas eu de résultat. L'occupation de Constantinople par les Turcs a aggravé le fossé culturel qui s'était installé entre les Églises, catholiques d'un côté, orthodoxes de l'autre. La réconciliation et la levée des anathèmes n'intervinrent qu'en 1965 avec les déclarations du pape Paul Vi et du patriarche Athénagoras Ier.
La différence entre catholiques et orthodoxes concerne surtout l'organisation de l'Église, les orthodoxes ne reconnaissant pas l'autorité du pape sur l'ensemble de l'Église.
Le protestantisme (Églises issues de la Réforme)
Article détaillé : Protestantisme.Le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Martin Luther au début du XVIe siècle. Martin Luther était un moine révolté par les abus de l'Église catholique et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Par la suite de nombreux personnages historiques ont instauré la réforme des églises se démarquant alors de l'Église catholique qu'ils considéraient en dérive. Les protestants refusent alors l'autorité du pape, et décident de ne dépendre d'aucune institution hiérarchique. Ce courant a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises évangéliques (baptistes, méthodistes, pentecôtistes...).
Le dialogue œcuménique
Article détaillé : œcuménisme.La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[22], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
Dès 1927[23], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
Avec le Concile de Vatican II, en 1962, l'Église catholique s'est engagée dans le dialogue œcuménique. Elle n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales (par exemple, depuis la déclaration Dominus Jesus l'Église catholique ne parle plus d'« Églises » pour les protestants mais parle de « communautés ecclésiales ») et de volonté de primauté [24]. Cela ne l'empêche pas de participer à divers travaux de dialogue œcuménique[25].
Le christianisme face aux questions sociétales
La question sociale
La révolte des Canuts en 1831 fut l'un des premiers événements où se manifesta la misère ouvrière. Frédéric Ozanam en fut si bouleversé qu'il fonda la société Saint Vincent de Paul pour l'aide aux pauvres. Ce fut le début de l'action du catholicisme social, qui aboutit en 1891 à l'encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, qui reconnaît les droits des ouvriers et cautionne solennellement le développement d'un mouvement social. Les premiers syndicats furent des syndicats chrétiens.
Depuis cette époque, en ce qui concerne le catholicisme, les papes ont régulièrement mis à jour la doctrine sociale de l'Église. Celle-ci comprend un ensemble de principes et de valeurs qui doivent dicter l'action des catholiques en matière sociale. L'action sociale des chrétiens peut aujourd'hui intervenir en France dans le cadre du bénévolat dans des associations.
Article détaillé : Doctrine sociale de l'Église.Annexes
Articles connexes
- Histoire du christianisme
- Apôtre
- Nontrinitarisme
- Antichristianisme
- Homosexualité dans le christianisme
- Antiquité tardive
- Relations entre judaïsme et christianisme
- Critique du christianisme
- Christianisme par pays
Bibliographie
Textes classiques
- Christianisme, article de Diderot sur Wikisource
- Ernest Renan, La Vie de Jésus
Essais contemporains
- François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135), Paris, Éditions du Cerf, « Initiations », 2001
- Alain Duphil, Au pays de Jésus—Les chrétiens et ...la lignée d'Abraham, Éditions Amalthée
- Dominique de La Maisonneuve, nds, « La Tora vient des cieux » : Introduction au sens du langage biblique, Parole & Silence, 2010
- André Lemaire, La Naissance du monothéisme : Point de vue d'un historien, Bayard, 2003
- Jean-Pierre Lémonon, sous la direction de Philippe Abadie, Le Judaïsme à l'aube de l'ère chrétienne, XVIIIe Congrès de l'ACFEB, Paris, Éditions du Cerf, « Lectio Divina, 186 », 2001
- C. S. Lewis, Les Fondements du christianisme, (ISBN 2-85031-311-4)
- S.-C. Mimouni (dir.), Actes du Colloque de Jérusalem, 6-10 juillet 1998 - Le Judéo-christianisme dans tous ses états, Paris, Éditions du Cerf, 2001
- Étienne Nodet et Justin Taylor, Essai sur les origines du christianisme, Éditions du Cerf, Paris, 2002
- Hervé Pasqua, Qu'est-ce que le christianisme?, Éditions du Cerf, Paris, 2004
- Jaroslav Pelikan À qui appartient la Bible ? Le livre des livres à travers les âges, La Table Ronde, coll. Religions, octobre 2005
- Comptes rendus d'ouvrages portant sur le christianisme sur le site de l'Institut européen en sciences des religions
Notes et références
- (fr)[1]
- [2]
- Les religions dans le monde : que disent les chiffres ? Mensuel n°198 Sciences Humaines, Novembre 2008.
- (en) /religion/religions/christianity/ Religion & Ethics - Christianity sur BBC <
- Ac 11;26
- Lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens, note 14, dans Les Pères Apostoliques, Coll. Foi Vivante, Cerf, 1998 p. 174.
- Ac 3;1 ; Ac 5;27 – 42 ; Ac 21;18 – 26 ; Ac 24;5; Ac 24;14 ; Ac 28;22 ; ;16;&version=50; Rm 1;16 ; Tacite, Annales xv 44 ; Flavius Josèphe Antiquités xviii 3
- (en)World Factbook de la CIA, 2009, les chrétiens représentent 33,2 % des 6,79 milliards d'individus que compte alors la planète, soit 2,25 milliards personnes.
- Première épître aux Corinthiens, 15;14 « Si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi »,
- fin de l'Évangile de Matthieu
- Notre Père: « Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (version œcuménique) ; « comme nous remettons à nos débiteurs » (version de l'Église orthodoxe). Voir la 7e ligne du
- 1 Co 13.
- Mt 5, 7.
- 1 Th 2, 5. Voir également le Notre Père, « ne nous soumets pas à la tentation ».
- Seules les Églises les plus traditionalistes conçoivent le NT comme un récit historique
- Cette affirmation doctrinale n'est pas partagée par tous les chrétiens. Spécifiquement, les catholiques pensent que Dieu a fondé l'Église catholique, avec institutions alors que les autres chrétiens mettent l'accent sur le caractère « assemblée »
- anabaptistes considèrent que leurs enfants sont chrétiens avant d'avoir été baptisés, car ce courant théologique considère que ce n'est pas le rite qui fait le chrétien mais le genre de vie. Nombre de chrétiens
- Thomas W. Gaehtgens, L'art et les normes sociales au XVIIIe siècle, MSH, 2001, 543 p. (ISBN 2735109178) [lire en ligne], p. 356
- the ways that never parted colloque Oxford Princeton 2002. De même Dan Jaffé dans Le judaïsme et l'avènement du christianisme, orthodoxie et hétérodoxie dans la littérature talmudique Ier et IIe siècles , CERF, montre que l'introduction de la Birkhat Ha Minim n'est pas déterminant Voir Le Judéo-christianisme dans tous ses états Actes du colloque de Jérusalem, 6-10 juillet 1998, ouvrage collectif publié au CERF; voir
- Les rois vandales prendront des décrets pour interdire aux Vandales chrétiens les cérémonies communes avec les juifs.
- La conversion de Constantin et la christianisation de l'Empire romain
- Nathan Söderblom - Biography
- Vivekananda Concrètement des discussions sont engagées depuis le congrès des Sociétés Bibliques, le colloque de Chicago en 1893 qui crée le Parlement International des religions, à Chicago, organisé par un chrétien unitarien, Jenkin Lloyd Jones, et Swami
- quoiqu'elle prétende que c'est aussi une question de taille : elle représenterait à elle seule plus de fidèles que tous les autres membres du COE, alors qu'elle n'aurait comme les autres églises, qu'une seule voix.
- pluraliste : Hans Küng, Yves Congar o.p., Jacques Dupuis s.j., Claude Geffré o.p. mais sanctionne ou inquiète systématiquement ses théologiens dès qu'ils élaborent dans une théologie
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