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Béchir Sfar
Béchir Sfar (البشير صفر), né le 27 février 1856 à Tunis et décédé le 1er mars 1917 à Tunis[1], est un militant, administrateur et réformiste tunisien.
Sommaire
Jeunesse
Originaire de Mahdia, il fait partie de la première promotion du Collège Sadiki. Envoyé à Paris, au sein d'un groupe d'étudiants, il poursuit des études au Lycée Saint-Louis destiné à former des ingénieurs. Toutefois, il interrompt ses études en 1881, lorsque commence le protectorat en Tunisie. Regagnant Tunis, il entre dans l'administration en juin 1881. C'est là qu'il peut, au fil du temps, acquérir de l'expérience et contribuer à l'institution d'organismes administratifs ou culturels. Il est en effet le fondateur de l'association Khaldounia. Par ailleurs, il est nommé responsable du service de comptabilité au sein du premier ministère en 1882, poste qu'il occupe jusqu'en 1891.
Engagement réformiste
Sfar débute sa carrière politique de militant réformiste et nationaliste avec la fondation, le 2 août 1888, du journal El Hadhira (La Capitale) qui est dirigé par un membre de l'association Khaldounia : Ali Bouchoucha. Dans ses nombreux articles, il appelle ses compatriotes émerveillés par la France à « se garder de tomber dans un excès de nature à les mener au reniement de la culture arabo-musulmane et à la dépersonnalisation ». C'est la raison pour laquelle il estime, en tant que réformiste, que le renouveau national tunisien ne peut se réaliser que par la réforme de l'enseignement, c'est-à-dire en inculquant aux élèves, à côté de la culture islamique, les sciences exactes, les sciences économiques, l'histoire, la géographie et les langues vivantes.
Confrontation avec les colons
Dans son discours devant le résident général en 1906, à l'occasion de l'inauguration de l'asile des vieillards, il déclare « qu'il faut couper le mal à la racine en généralisant l'enseignement et en encourageant le commerce national et la production artisanale afin de promouvoir la main d'œuvre locale (concurrencée à l'époque par la main d'œuvre italienne et bulgare). Par ailleurs, il est temps que cessent les multiples aliénations des terres nationales afin d'encourager l'agriculture par l'octroi de crédits aux petits et moyens propriétaires ». Ce discours suscite le mécontentement des colons français qui y répondent avec virulence dans de multiples articles à travers leur journal Le colon français ou encore La Tunisie française où un certain Henri Tridon va même jusqu'à traiter les arabes de « bicots avec lesquels la sévérité constitue la meilleure garantie de sûreté pour les colons ». En revanche, en France, le groupe des Français libres, appuie Sfar dans le journal Le Temps et note qu'il est nécessaire de prendre en compte les revendications des Jeunes Tunisiens qui sont imbus des principes de la Révolution française. Ce discours incite un mois plus tard, le 26 avril 1906, au soulèvement populaire des tribus des Frachiches, dans la région de Kasserine et de Thala, contre l'occupation des terres par les colons français.
Héritage
Cet éminent homme de culture est, comme l'écrit Fadhel Ben Achour, quelqu'un « qui s'érigeait avec force contre la situation déplorable dans laquelle était le pays à l'époque, était imbu dès sa tendre enfance des principes réformistes de Kheireddine et qui était d'un grand élan révolutionnaire, d'autant plus qu'il fut empêché de continuer les études qu'il avait entamées en France ». Il marque une période de l'histoire du mouvement national qui commence avec le mouvement des Jeunes Tunisiens auquel il emboîte le pas en posant un jalon supplémentaire dans la voie du militantisme national. Il milite jusqu'à sa mort des suites d'une opération chirurgicale.
Références
- Portail de la Tunisie
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