- Paganisme
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Paganisme est un terme générique qui depuis l'empereur Théodose désigne les religions dites païennes, c'est-à-dire non-monothéistes. Ce terme à connotation parfois péjorative[1] est encore utilisé de nos jours par les monothéistes, mais les laïques lui préfèrent « polythéisme » et/ou « animisme ».
Sommaire
Sémantique
Dans le judaïsme, les « païens » étaient tous ceux qui ne reconnaissaient pas Dieu comme unique, autrement dit : les peuples qui vénéraient plusieurs divinités (polythéisme) au lieu d'un seul Dieu (monothéisme) apporté alors, en ces temps reculés, uniquement par les Hébreux. C'est donc un terme générique qui n'entend pas définir mais désigner globalement. Certains chrétiens considèrent que les Évangiles, s'appuyant sur l'Ancien Testament, développent et ne contredisent pas le judaïsme : pour eux, le christianisme est donc l'héritier du judaïsme. Cette conception est illustrée par la phrase du Christ : « Je ne suis pas venu abolir la Loi (de Moïse), je suis venu l'accomplir ». De même, l'épisode de la Transfiguration (Évangile selon Saint Matthieu, XVII, 1-9) où Jésus apparaît entouré de Moïse (symbole de la Loi) et d'Élie (symbole des prophètes) présente Jésus et son enseignement comme une continuité de l'enseignement du judaïsme. L'islam non plus ne récuse pas l'enseignement des prophètes antérieurs à Mahomet, qui sont présentés dans le Coran et la Sunna comme ses précurseurs. Par conséquent, les trois monothéismes ont hérité de la notion de païen : d'ailleurs les croyants de chacun l'ont parfois appliquée à ceux des deux autres.
Évolution du sens du mot
Dans la langue courante, le sens et la valeur du mot païen sont contrastés. « Paganisme » désigne, entre autres, les religions que pratiquaient les Grecs, les Romains et les Arabes avant le Christianisme et l'Islam.
Catholicisme, orthodoxie et protestantisme considèrent que le christianisme est une religion « révélée » : la « Bonne Nouvelle » (l'Evangile) est révélée par Jésus-Christ à l'Humanité et prend la suite du judaïsme qu'elle développe. Le Nouveau Testament est donc la suite de l'Ancien et les Juifs sont donc inclus comme « frères aînés dans la Foi » [2],[3](Joseph Ratzinger et Jean-Paul II) car même si les Juifs ne reconnaissent pas Jésus-Christ pour l'incarnation de Dieu, catholicisme, orthodoxie et protestantisme considèrent que le judaïsme a cette révélation en germe et qu'il y amène par les prophéties qu'il renferme et son enseignement moral[4]. En revanche les religions ne reconnaissant pas Jésus-Christ pour Dieu incarné ne peuvent ne faire partie de cet ensemble même si elles ont des éléments communs avec le christianisme.
Dans certaines acceptions chrétiennes[réf. nécessaire], « paganisme » désigne uniquement les religions non-monothéistes, du fait de l'inspiration que ces dernières puisent toutes trois dans l'Ancien Testament.
Parmi les musulmans, certains désignent sous le nom de « paganisme » tout ce qui ne relève pas strictement des hadith, y compris les mouvements « dissidents » de l'Islam tels les baha'i, les druzes ou les yézidis. Chez certains croyants, « paganisme » peut également désigner l'athéisme ou être synonyme de « mécréant ».
À l'heure actuelle, le terme est de moins en moins utilisé en Occident, où l'on parle plutôt « d'autres religions » ou « d'incroyants ». La déchristianisation dans les pays occidentaux s'est accompagnée de la renaissance ou de l'apparition de courants religieux ou philosophiques très divers et souvent désignés par le terme générique « néopaganisme ». On regroupe alors sous ce terme l'ensemble de croyances ou philosophies nouvelles ou renaissantes qui ne s'appuient pas sur le judéo-christianisme. On constate donc que là encore, la filiation avec le judéo-christianisme est le critère d'attribution du terme.
Il s'agit parfois de « religions naturelles », c'est-à-dire basées sur le culte de la Nature, ou Cosmos, réalité englobante sacrée d'où proviennent les dieux et les hommes et au sein de laquelle dieux et hommes évoluent et se rencontrent dans un rapport différencié, mais en l'absence de toute transcendance ou de tout commencement absolu. Les dieux et les autres entités spirituelles sont immanents au monde et à l'homme qui participe souvent d'ailleurs de ce domaine sacré par son origine ou une part de sa constitution.
Dans le domaine philosophique, on considère souvent que la pensée de Nietzsche est un des fondements du néopaganisme[réf. nécessaire] car directement opposée au judéo-christianisme, bien que Nietzsche n'ait voulu fonder aucune religion ni idéologie.
La crédibilité du néopaganisme a souffert de ce qu'au début du XXe siècle, il a été utilisé par les idéologies fascistes et nazies comme un moyen de lutte contre le christianisme par le biais du culte de la force, de la virilité, du chef, de l'État[réf. nécessaire] : autant de cultes condamnés par les encycliques Non abbiamo bisogno en 1931, contre le culte de l'État fasciste et Mit brennende Sorge en 1937, contre le culte du chef et de la race, précision importante car elle montre que la renaissance d'un courant païen a aussitôt rallumé la vieille lutte christianisme contre paganisme.
Aujourd'hui, les néopaganismes sont surtout par exemple, des courants de pensée « New Age », tout comme des renaissances druidiques ou de cultes germaniques, indépendants et indifférents au judéo-christianisme, mais aussi des courants satanistes dans lesquels au contraire, l'opposition au judéo-christianisme peut être recherchée.
Étymologie
L'origine du terme paganus est elle-même sujette à polémique. Pour certains, paganus signifiait « civil », pour d'autres, « paysan ».
Dans le premier cas, les chrétiens se considèrent comme des soldats du Christ (les païens étant alors ceux qui sont exclus de cette armée[5]). Tertullien (v.150~v.230) valorise les milites christi, « les soldats du Christ, les chrétiens » contre les pagana fides « ceux qui croient au pays, les fidèles de la religion impériale »[6]. C'est la référence morale de l'« Opus Dei » catholique, de l'« Armée du Seigneur » orthodoxe et de l'« Armée du salut » protestante, ainsi que des anciens ordres de moines-soldats.
Dans le second cas, les chrétiens sont identifiés aux citoyens romains vivant en collectivité (et « paganus », dans le sens d'« homme du pays », d'« indigène » non-citoyen conservant les religions antérieures, apparaît dans la langue littéraire à la fin du IVe siècle, sans qu’il y ait de connotation dépréciative). Le premier auteur à utiliser paganus est Marius Victorinus[5]. Paganus fonctionne toujours en rapport d’opposition à l'idée d'association, de collectivité, de communauté, et c’est à travers cela qu’il faut chercher l’origine du sens médiéval de païen. D'ailleurs, le paganisme n'était pas spécifiquement rural et il est resté longtemps bien ancré dans les villes et fort répandu dans les élites intellectuelles. C'est le cas en particulier à Rome où le Sénat était encore à majorité païenne sous Théodose Ier. Ce n'est donc pas au sens de « paysan » que paganus a été utilisé dans le domaine religieux. Jusqu'à une époque assez tardive, une bonne partie du clergé chrétien des régions occidentales est d'origine orientale et souvent rurale : grecque, syrienne, égyptienne, et paganus ne semble donc pas s’opposer pas à urbanus et n’est pas un synonyme de rusticus. Le terme n’a rien à voir avec le monde paysan, sauf en de rares cas, comme chez Paul Orose.
Philastrius utilise ce terme en donnant une explication qui confirme qu’à la fin du IVe siècle « Paganus » est un équivalent d’« Hellène » (terme par lequel les Grecs du Moyen Âge désignaient leurs ancêtres polythéistes, alors qu'eux-mêmes se définissaient comme Rhômaioi : « Romées », signifiant : « Romains chrétiens »). Chez St-Augustin, on trouve un rapprochement entre « pagani » et « gentiles », mais, en général l’évêque d’Hippone emploie paganus sans explication, pour désigner les non-chrétiens. Dans le code de Théodose II, empereur romain d'Orient, en (409), païen remplace définitivement l'ancien terme de « gentils », pour désigner toutes les croyances non-chrétiennes[7]. Dans le code Théodosien, au titre De paganis sacrificiis et templis, il est écrit qu’il faut détruire les lieux de culte païens avec toutes leurs idoles (une perte inestimable du point de vue artistique).
Histoire du concept
Dans les limites géographiques du monde antique, centré sur la Méditerranée, de nombreuses religions ont existé. En Mésopotamie, en Égypte, en Grèce puis à Rome, les divinités étaient multiples, locales ou importées. Les divinités archaïques, souvent agrestes ou chthoniennes, ont évolué vers des divinités plus humaines, policées, dont les Olympiens sont le meilleur exemple.
Il n'existait pas de mot pour désigner l'ensemble des religions, bien que l'Empire romain eût consolidé les échanges de toute nature entre ces peuples.
D'autres religions encore existaient, au Nord de l'Europe, en Orient ou Extrême-Orient, en Afrique, etc.
Au travers des millénaires, deux caractères semblent constants dans ces religions : le polythéisme, c’est-à-dire la croyance en plusieurs dieux, et la tolérance pour les dieux des autres, assortie d'emprunts fréquents. Isis avait par exemple son temple à Rome, et les Césars les leurs à Alexandrie.
Dans le monde méditerranéen, la première dissonance devait venir des Hébreux qui étaient monothéistes. La Judée était une province romaine bien particulière, avec son pouvoir religieux articulé au pouvoir politique de Rome, dont la Bible raconte les démêlés. Les juifs ne reconnaissaient pas les autres dieux, ni la divinité de César. César s'en accommodait, le Peuple élu étant forcément limité et peu prosélyte.
Puis vint le christianisme. Articulée sur la foi des Israélites et l'Ancien Testament, cette religion excluait aussi la reconnaissance de tout autre dieu. Le mithraïsme récent, monothéiste aussi, n'avait pas cette exclusivité. Ouvert à tous, le christianisme ne tarda pas à devenir majeur, à se doter d'une Église puis à compter des empereurs dans ses rangs. De son émergence à la conquête du pouvoir suprême, l'affaire prendra à peine trois siècles.
Le « paganisme » désigna alors toutes les religions connues, autres que le christianisme, que pratiquaient les « païens ». L'étymologie du mot montre l'intention péjorative comme le seront les mots « mécréant » ou « infidèle » pour les musulmans. Seuls les juifs hébraïques, qui partageaient le même Dieu, gardèrent une identité distincte.
En 391 et 392, le mot est utilisé officiellement dans la législation par Théodose Ier, empereur romain chrétien, pour interdire ces religions dans tout l'Empire, déjà chrétien depuis 380. Puis viendront, au début du Ve siècle, les destructions massives et les pillages, quelques massacres auxquels ces religions éparpillées, non cléricales et non dogmatiques, ne survivront guère.
Ce mot, inventé par une minorité pour désigner une majorité, devint ainsi progressivement le qualificatif d'une minorité, supposée fruste et rurale, donc inculte. Le mot s'élargit ensuite aux musulmans, puis dépassant le seul champ de la religion, qualifiant aussi des pratiques sociales que la morale chrétienne réprouvait. Même élargi, il reste un point de vue chrétien.
Bien que le christianisme, religion officielle et unique de l'Empire romain depuis 380, s'étende ensuite largement en Europe (Charlemagne, Saint-Empire romain germanique, etc.), des cultes et pratiques païens ont encore lieu les siècles suivants, mais la clandestinité conditionne la survie. Dans ces conditions, l'absence de textes sacrés, la tradition orale, le secret des cultes contribueront à faire presque entièrement disparaître ces religions anciennes. Quelques « fêtes traditionnelles » de nos campagnes existent encore de nos jours, mais n'ont plus de signification religieuse. Notre bûche de Noël est une survivance païenne, comme le Carnaval, etc.
À la Renaissance européenne (XVIe siècle), l'art païen redécouvert a contribué au retour à la culture antique des humanistes, et le romantisme (XIXe siècle) y a cherché un renouveau celtique. Le paganisme recouvre donc plusieurs religions dans leurs rapports avec le christianisme, généralement des polythéismes indo-Européens.
Des résurgences religieuses auront lieu en Europe, des « néopaganismes », notamment à la Renaissance, mais aussi au XIXe siècle (germanisme, celtisme, etc.), et encore de nos jours : Wicca, Asatru, YSEE, etc.
L'hellénisme réinventé
Selon les porte-parole du mouvement « Ellinaïs »[8], le seul paganisme authentique, ayant survécu en Grèce et se redéveloppant aujourd'hui, serait celui des Έλληνες (« Hellènes », désignant les rares grecs restés fidèles aux dieux de l'Olympe, à l'époque où les autres grecs, christianisés et sujets l'Empire byzantin, se définissaient comme Ρωμαίοι = « Romées », qui a donné « Roumis » chez les Turcs). Ρωμαίοι (« Romées ») vient du nom officiel de l'Empire byzantin : Ρωμανία (« Romania »)[9]. Mais ces Έλληνες (« Hellènes »), devenus esotériques et clandestins, n'ont jamais dépassé quelques milliers d'initiés avant le XXe siècle.
Toutefois, selon la plupart des historiens hellénistes actuels, ainsi que selon les autorités et l'église grecque, leur mouvement serait en fait un hellénisme réinventé, dépourvu de traditions historiques et ne donnant aucune preuve crédible d'une survie clandestine de l'ancienne religion hellénique. « Ellinaïs » revendique 150 000 fidèles, mais selon la police grecque, ils seraient une trentaine de milliers au plus. Le mouvement réclame à l'état grec sa reconnaissance officielle comme culte, au même titre que les autres. L'administration des monuments historiques s'y oppose, car les Έλληνες (« Hellènes ») pratiquent leurs rituels dans les sites religieux antiques, comme dans les ruines du temple de Zeus olympien d'Athènes, où ils fêtent le nouvel an antique selon un calendrier commençant en 776 avant notre ère. Une jurisprudence récente les considère comme un mouvement religieux légal devant les tribunaux, au grand dam de Église orthodoxe grecque (98 % de la population), qui tient ce mouvement pour une secte. La grande prêtresse de ce culte, Doreta Pepa, considère que la religion grecque antique a été persécutée depuis 1600 ans par la religion chrétienne, et qu’il n’est que justice que le culte soit exercé dans les anciens temples, et que les baptêmes -cérémonie n'existant pas dans l'ancien hellénisme-, mariages et funérailles olympiens soient reconnus comme actes juridiques. Pour faire admettre cela, elle a porté plainte contre l'état grec devant la CIJ. La principale raison avancée par le gouvernement pour refuser l’ouverture des sites au culte olympien, est la protection du patrimoine historique. Le côté “exotique” et spécifiquement grec de ce culte olympien, dit aussi « dodécathéiste » lui donne dans les médias grecs un côté sympathique qui le rend attractif pour de nouveaux adeptes[10].
Autres paganismes
De nos jours, on qualifie aussi de paganisme, du moins avec le regard de la culture chrétienne d'Europe, des religions lointaines qui n'ont jamais participé à la fondation du mot, comme l'hindouisme.
Dans le cadre de la mondialisation, les mouvements néopaïens modernes ont fait leur jonction en 1998 avec les autres religions polythéistes, au sein du Congrès mondial des religions ethniques (WCER), et espèrent être reconnus. À une époque où le développement de l'islam en Europe remet en question les équilibres établis depuis le XIXe siècle, réduisant les monothéismes reconnus à faire cause commune, le propos n'est plus utopique.
Le concept
« Païen » est donc à l'origine un concept spécifiquement chrétien qui désignait tous ceux qui, mis à part les juifs (pour des raisons évidentes), ne sont pas chrétiens. Au Moyen Âge, la Chanson de Roland appelle « païens » les musulmans. Ce concept fait donc un amalgame entre des réalités très diverses et qui, jusqu'à l'époque où le christianisme devint religion officielle (ou quasi officielle), n'étaient nullement perçues par les intéressés comme formant un tout. Chez les auteurs chrétiens de l'Antiquité Tertullien ou Lactance ou Augustin, le païen est à l’image du chien qui renifle, en quête de nourriture ou le chien mord et aboie, comme les païens après les chrétiens : le païen est surtout celui qui est en attente de conversion.
La question de la transformation des temples païens anglais en églises d’après les instructions de Grégoire le Grand permet de réfléchir au concept de païen. Le terme « paganus » ne se trouve que dans le Registre des lettres du pape où, clairement pagani est synonyme de gentiles. Grégoire ne considère pas les païens forcément d’une façon négative. À l'époque carolingienne, la correspondance d’Alcuin révèle un réel souci chez le conseiller de Charlemagne pour la conversion des païens. Lors des campagnes militaires contre les Saxons, il préconise toujours la persuasion, rappelant à plusieurs reprises qu’on ne saurait donner la foi à un païen par la violence.
La dénomination de « chiens » pour les païens est une insulte fréquente dans de nombreux textes, en particulier dans le monde germanique et slave, durant le haut Moyen Âge. Cette insulte est encore largement utilisée à la fin du Moyen Âge.
Elle était déjà utilisée dans l'Ancien Testament par les juifs, désignant ainsi les prostitués sacrés de polythéismes contemporains, élargissant le terme aux homosexuels. Il n'a plus de caractère insultant dans l'Evangile selon Matthieu 15(21-28), où il devient affectueux plutôt que méprisant, s'appliquant à la cananéenne comme aspirant à la foi, non plus comme opposée. L'histoire tumultueuse entre romains et premiers chrétiens a pu le lui ramener.
Néanmoins, du temps a passé depuis cette époque et, vu d'aujourd'hui, le concept n'est pas dépourvu de pertinence (et le mot semble plus commode que les substituts qu'on pourrait lui trouver, « religion traditionnelle », « polythéisme », qui ont eux aussi leurs imperfections), à condition que l'on garde à l'esprit qu'il cerne une réalité multiple. Le paganisme est un terme pratique pour désigner globalement les pratiques religieuses de l'Antiquité (Europe, Proche et Moyen-Orient, Afrique du Nord) en dehors du christianisme et du judaïsme.
À partir de la Renaissance ont ressurgi des mouvements religieux ou philosophiques se réclamant à nouveau du paganisme :
- le néopaganisme des humanistes du XVIe siècle ;
- les néopaganismes celte (néodruidisme), germanique, scandinave (Ásatrú), égyptien (khémitisme) et grec (hellénisme) de la fin du XIXe siècle au XXe siècle.
Il ne faut pas confondre le paganisme avec l'athéisme. Les païens ont un sens du mystique et du sacré étranger aux athées.
Le luciférisme est-il un paganisme ? La croyance dans l'existence de démons ou d'un être personnifiant le mal existe dans quasiment toutes les religions qui sont fondées sur l'opposition Bien/Mal. Il ne faut pas confondre culte et croyance : le christianisme enseigne la croyance dans l'existence de Satan mais rejette toute idée de culte qui n'est dû qu'à Dieu. Quant au satanisme d'Anton Szandor LaVey, ses adeptes ne croyant en aucune divinité, mais pensant que l'homme est son seul dieu, ils sont plus difficiles à classer.
Historique
- 800 av. J.-C. - 750 av. J.-C. : rédaction des textes homériques
- 776 av. J.-C. : création des Jeux olympiques en Grèce
- 753 av. J.-C. : fondation de Rome
- vers 700-600 av. J.-C. : prêche de Zarathoustra (Zoroastre) en Perse
- vers 530 av. J.-C. : mort du roi perse Cyrus le Grand, fidèle de Mithra
- vers 399 av. J.-C. : condamnation à mort de Socrate pour impiété
- 323 av. J.-C. : mort d’Alexandre le Grand, fils de Zeus et nouvel Héraclès et Dionysos
- 303 av. J.-C. : chez les stoïciens, identification des dieux avec les forces de la nature
- 167 av. J.-C. : le roi séleucide Antiochos IV Épiphane cherche à convertir les Juifs à l’hellénisme, suscitant une guerre ; il veut transformer le temple de Jérusalem en temple de Zeus olympien.
- 65 av. J.-C. : Pompée entre à Jérusalem et entre dans le temple de Salomon, commettant ainsi un acte d’impiété
- 52 av. J.-C. : Crassus s’empare des richesses du temple de Salomon pour financer sa guerre contre les Parthes
- 44 av. J.-C. : assassinat de Caius Iulius Caesar (Jules César), fils de Mars et de Vénus
- 21 av. J.-C. : Auguste interdit les cultes orientaux à Rome.
- 8 av. J.-C. : naissance de Yeshua Ben Yosef à Bethléem (Jésus de Nazareth), fils du charpentier Yosef et de son épouse Myriam
- 2 av. J.-C. : construction du Forum Augusti à Rome, au cœur duquel se trouve le temple de Mars Vengeur (Ultor)
- 14 : mort de l’empereur Auguste
- 19 : l'empereur Tibère interdit le judaïsme en Italie
- 42 : Claude expulse les Juifs de Rome
- 52 : Caligula veut faire placer sa statue dans les synagogues et dans le temple de Salomon ; révolte juive
- 67 : l’empereur Néron persécute les Juifs, accusés d’avoir mis le feu à Rome
- 70 : destruction par les empereurs Vespasien et Titus du temple de Salomon à Jérusalem
- 95 : l’empereur Domitien fait condamner des familiers convertis au judaïsme et au christianisme
- 117 : politique antijuive en Égypte et Mésopotamie de l’empereur Trajan. Les communautés juives d’Alexandrie, de Chypre et de Libye sont décimées.
- 132 : lutte de l’empereur Hadrien contre la révolte juive de Bar Koshba ; Jérusalem devient Aelia Capitolina. Les Romains construisent un temple dédié à Jupiter Capitolin sur les ruines du temple de Salomon.
- 251 : l’empereur Dèce interdit le christianisme
- 252-259 : l’empereur Valérien interdit le christianisme
- 260 : édit de tolérance de Gallien en faveur des chrétiens
- 274 : l’empereur Aurélien construit un temple dédié à Sol Invictus à Rome
- 297-301 : conversion du roi arménien Tiridate III par Grégoire l'illuminateur
- 305 : décret d’interdiction du christianisme par l’empereur Dioclétien
- 306-312 : l’empereur Maxence prend à Rome la tête d’un mouvement traditionaliste païen mené par les Prétoriens
- 311 : l’empereur Galère tolère le christianisme au moment de sa mort
- 312 : victoire de Constantin Ier sur Maxence lors de la bataille du pont Milvius ; Constantin attribue sa victoire à Sol Invictus et au dieu chrétien
- 313 : Constantin et Licinius tolèrent le christianisme ; mort de l’empereur réformateur païen Maximin Daia
- 314 : conversion du roi d'Albanie (Aghbanie, devenue Azerbaïdjan) Urnayr au christianisme par Grégoire l'Illuminateur.
- 317 : conversion du roi d’Ibérie (Géorgie) Mirian III et de son épouse Nana par l'évangéliste Nino
- 324 : victoire de Constantin le chrétien sur Licinius le païen
- 337 : mort de l’empereur Constantin, baptisé sur son lit de mort
- 337 : conversion du roi d’Ibérie (Géorgie) Mirian par sainte Nino
- 361-363 : règne de l’empereur païen Julien, assassinat de ce dernier probablement par un chrétien
- 365 : règne du païen Procope, cousin de Julien
- 379 : Gratien abandonne le titre païen de pontifex maximus
- 392 : L'empereur byzantin Théodose invente le mot « païen » pour désigner les religions autres que le monothéisme chrétien.
- 392 : décret de Théodose interdisant le paganisme dans tout l’Empire
- 392-394 : réaction païenne à Rome de l’empereur Eugène, du franc Arbogast et du Sénat ; qui est écrasée lors de la bataille de la Rivière froide (Frigidus)
- 394 : interdiction des Jeux olympiques par Théodose
- 399 : destruction du Serapeum (temple de Sérapis) à Alexandrie
- 415 : assassinat par une foule chrétienne de la philosophe néoplatonicienne Hypatie à Alexandrie
- 399-420 : règne de Yazdagard Ier, roi perse prochrétien puis devenu antichrétien et antisémite
- 421 : persécution des chrétiens sous le roi perse Varhran V
- 438-459 : règne de Yazdagard II, roi perse antichrétien et antisémite
- vers 450 : début de la christianisation de l’Irlande par le mythique saint Patrick
- 472-475 : règne de l’empereur païen d’Occident Anthemius
- 476 : bref règne du dernier empereur romain, probablement païen, Romulus Augustule, surnommé Augustulus
- 488 : révolte à Byzance de l’isaurien païen Illous avec l’aide de son ami le poète païen Pamprépios
- 498 : conversion du roi franc Clovis Ier au christianisme
- 529 : l’empereur byzantin Justinien interdit l’enseignement de la philosophie païenne à Athènes. Les philosophes, dont Damascios et Simplicius de Cilicie, quittent Byzance et sont accueillis à la cour du roi perse Khosro Ier (Khosro Anushirvan).
- 537 : fermeture du temple d’Isis à Philæ
- 550 : fermeture de l’école philosophique païenne d’Alexandrie
- 562 : grande persécution contre les païens de Constantinople
- 565 : mort du dernier roi païen irlandais, Diarmat McCerbaill (restauration païenne de 559-565), et fermeture du sanctuaire druidique de Tara
- 580 : fermeture du temple de Baal Shamin, dieu du ciel, à Baalbek
- 630 : le concile de Reims condamne les augures et les rites païens
- vers 650 : fermeture définitive du sanctuaire d’Ammon-Rê, assimilé à Zeus depuis Alexandre, à Siwah
- 652- vers 1000 : résistance païenne iranienne face à l’islam
- 653 : conquête de la Perse par le calife Omar ; l’islam devient religion officielle et le shah Yazdagard III est assassiné
- vers 650-700 : fin de la christianisation des Anglo-Saxons
- 745 : le concile de Soissons recommande aux évêques de préserver le peuple du paganisme environnant
- 772 : Les Francs attaquent le temple païen des Externsteine en Basse-Saxe.
- 774 : Par les capitulaires de Paderborn, Charlemagne interdit sous peine de mort la fréquentation du Thing, les cultes païens et les coutumes associées, y compris la consommation de viande de cheval, ainsi que ceux qui refusent le baptême chrétien[11].
- 782 : Massacre de prêtres et nobles païens à Verden qui refusent le baptême.
- 798 : conversion forcée des Saxons de Witukind par Charlemagne
- vers 840 : révolte des derniers Saxons païens
- vers 850-860 : conversion du roi Boris Ier de Bulgarie
- 889-893 : réaction païenne du roi Vladimir de Bulgarie, fils du précédent
- à partir de 950 environ : début de la christianisation des Basques
- 950-998 : conversion de la Laconie (autour de Sparte) par l’Arménien saint Nicôn
- 960 : conversion du roi danois Harald à la Dent bleue
- 966 : conversion du prince polonais Mieszko Ier
- 976 : conversion du roi Boleslaw et de la Bohême
- 978 : mort du roi irlandais Domnal Hua Neill, dernier roi ayant des druides à sa cour
- 989 : conversion du roi russe Vladimir le Rouge
- 995 : début de la christianisation de la Norvège par le roi Olaf Trygvasson
- 999 : conversion de l’Islande au christianisme
- 1000 : conversion du roi hongrois Vaîk (Étienne), fils de Geza et petit-fils d'Arpad, fondateur du royaume
- vers 1000 : réaction païenne russe à Novgorod
- 1008 : conversion du roi suédois Olof Skötkonung
- 1037 : réaction païenne du peuple polonais[réf. nécessaire]
- 1046 : réaction païenne du peuple hongrois[réf. nécessaire]
- vers 1050 : fermeture de l’école philosophique païenne d’Harran en Mésopotamie (Carrhae) par les autorités musulmanes
- 1071 : réaction païenne en Russie, à Souzdal et dans plusieurs autres villes, menée par les prêtres païens (volkhvy)
- 1079 : exécution dans l’Empire byzantin du philosophe néoplatonicien Jean Italos
- 1080-1083 : réaction païenne du roi suédois Blot Sven ; à sa mort, assassiné, le temple d’Uppsala est détruit et remplacé par une église
- 1083- environ 1120 : réaction païenne du suédois Erik, fils de Blot Sven, en Ost Gotland et en Samland (Laponie)
- 1165 : conversion forcée des Finnois par les Suédois
- 1194-1250 : règne de Frédéric II Hohenstaufen, empereur du Saint-Empire romain germanique ; mena une politique culturelle païenne[réf. nécessaire], rejetant personnellement le christianisme. Parution de Le traité des trois imposteurs, évoquant Moïse, Jésus et Mahomet.
- Vers 1220 : conversion de l’Estonie et de la Lettonie par les chevaliers teutoniques
- 1227 : nouvelle réaction païenne à Souzdal. Quatre prêtres païens sont immolés.
- 1238-1248 : révolte païenne finlandaise
- 1261 : apostasie du duc lituanien Mindaugas et réaction païenne
- 1263-1265 : réaction païenne du roi lituanien Trenoita
- 1265-1268 : conversion du roi lituanien Vaisvilkas
- 1270-1282 : réaction païenne du roi Traidenis
- 1316 : conversion du roi lituanien Gediminas
- 1386 : début de la christianisation de la Lituanie par Jogaila (Jagellon)
- 1452 : mort du philosophe grec néopaïen Georges Gémiste Pléthon à Mistra
- vers 1500-1600 : conversion réelle de la Lituanie, mais des noyaux païens subsistent jusqu’au XXe siècle
Paganisme arabe
Le paganisme arabe existe depuis longtemps. Il y avait plusieurs religions préislamiques chez les Arabes[12]. Les spécialistes soulignent trois groupes importants dans l'Arabie méridionale, centrale et septentrionale. Le Coran révèle plusieurs divinités de cette époque (Allâh, Hubel, Quzeh, Al Lât (féminine), Al Ozzâ, Wadd (l'Amour), Amm, Yagût, Nasr, et d'autres, assimilés aux djinns après l'apparition de l'islam. Tous les Arabes n'étaient pas des païens : les communautés israélites et chrétiennes (notamment nestorienens) étaient nombreuses en Arabie, et elles ont visiblement inspiré Mahomet qui d'ailleurs a tenu à leur accorder un statut de dhimmis (« Gens du Livre protégés ») au sein de l'islam.
Il existait différents cultes des morts chez les Arabes, mais ils sont mal connus. Les tombeaux étaient des lieux saints et on y accomplissait des rituels de vénération ou propitiatoires. Le site le plus important était déjà celui de la Ka'ba qui faisait partie d'un circuit de pèlerinages sacrés chez les Arabes, circuit que l'islam a partiellement repris à son compte. De même que le Jésus de Nazareth affirmait accomplir et non remplacer la Loi de l'Ancien Testament, Mahomet affirmait que l'entendement des religions et des rituels antérieurs vient par l'islam qui doit transcender et unifier ces croyances et ces rituels[réf. nécessaire].
Notes et références
- lexicographiques et étymologiques de « païen » du CNRTL. Définitions
- http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=21816050
- http://acatparis5.free.fr/html/modules/news/article.php?storyid=43
- notamment Isaïe ch.7 v.14, Michée ch.5 v.1, Daniel ch. 9 v.25-26 Zacharie ch.11 v.12-13, Psaumes de David, n°22 et 69 v.22, Osée ch.6 v.2
- ISBN 2-7084-0670-1) Impies et païens entre Antiquité et Moyen Âge, sous la dir. Lionel Mary et Michel Sot, Paris, Picard, 2002 ; (
- De corona militis, De la couronne du soldat, 11, Apud hunc tam miles est paganus fidelis quam paganus est miles fidelis, « Avec lui, le citoyen croyant devient soldat, et civil celui qui croit à l'armée. »
- Alain Rey, dictionnaires Le Robert Dictionnaire historique de la langue française, dir.
- Zeus Worshippers Demand Access to Temple. The New York Times, 19 janvier 2007 Kostas Stathopoulos dans Associated Press,
- (el) http://www.megarevma.net/ellin_i_romios.htm
- Le "renouveau païen en Grèce"
- Réfléchir et Agir, n°10, hiver 2001, Verden an der Aller, un grand symbole, par Robert Dun, p. 66-67.
- Identités et stratégies politiques dans le monde arabo-musulman. De Laurent Chabry, Annie Chabry. L'Harmattan, 2001, ISBN 2-7475-0905-2. p. 32
Voir aussi
Bibliographie
- Marc Auge, Génie du paganisme, Gallimard, Paris, 1982. (ISBN 2-070-23094-5).
- B. Ribémont, «Impies et païens entre Antiquité et Moyen Âge», Cahiers de recherches médiévales, comptes rendus dans [1].
Articles connexes
Liens externes
- Le Passage du paganisme au christianisme, exposé universitaire de Louis Campos.
- le culte des arbres
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