- La Marsa
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La Marsa Administration Pays Tunisie Gouvernorat Tunis Délégation(s) La Marsa Maire Nadia Ben Hamouda[1] Code postal 2070 Site web officiel Municipalité de La Marsa Démographie Population 77 890 hab. (2004[2]) Gentilé Marsois Géographie La Marsa (المرسى) est une ville tunisienne située à 18 kilomètres au nord-est de Tunis. Elle constitue une municipalité comptant 77 890 habitants en 2004[2] tandis que la ville elle-même compte 36 234 habitants[2].
Considérée par bon nombre de Tunisiens comme la ville la plus chic de la banlieue nord de la capitale, elle a conservé son cachet de banlieue cossue et reste une station balnéaire appréciée des Tunisois[3].
Sommaire
Géographie
La ville s'étire entre la colline de Sidi Bou Saïd et la falaise de Cap Gammarth. Elle se compose de différents quartiers dont Marsa Ville, Marsa Plage ou la cité des Juges. Sur la route menant à Gammarth, le quartier huppé de Marsa Cube aligne un chapelet de villas alors qu'un cimetière en bord de mer porte le nom de Sidi Abdelaziz, saint patron de la ville, qui aurait été un disciple du maître soufi andalou Ibn Arabî[3].
Elle abrite notamment la résidence de plusieurs ambassadeurs, dont le palais Dar El Kamila — résidence de l'ambassadeur de France au cœur d'un parc de 3,5 hectares —, le palais des hôtes de la République, le Lycée français Gustave-Flaubert, l'IPEST (Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques) et l'EPT (École polytechnique de Tunisie).
Histoire
L'histoire de la ville remonte à l'époque punique où son premier noyau appartient au quartier de Mégara, faubourg de la cité punique de Carthage[4]. Dans Salammbô, Gustave Flaubert y fait se dérouler un festin offert par Hamilcar Barca à ses soldats[3]. En raison de son nom — Marsa ou Mers désignant un port ou un mouillage — , des archéologues ont cru pouvoir y situer les ports puniques de Carthage. Mais, si la baie de La Marsa a parfois servi de mouillage, comme en 1856 pour le débarquement des troupes tunisiennes envoyées par Sadok Bey en Crimée, rien n'est encore venu confirmer l'existence d'un port à cet emplacement.
Peu après la conquête arabe, on y érige un ribat, où des hommes pieux montent la garde et enseignent à partir du XIIe siècle le soufisme, et où sont inhumés quelques marabouts célèbres. Au début du XVIe siècle, le souverain hafside Abû `Abd Allâh Muhammad al-Mutawakkil choisit cette localité pour résidence estivale et y fait bâtir trois palais au sein d'un parc situé en plein centre[3]. Plus tard, la Abdalliya sert de résidence aux consuls d'Angleterre avant de devenir la maison des hôtes européens en visite en Tunisie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment sert d'école primaire[3]. Aujourd’hui seule subsiste la Abdalliya El Koubra, témoignage de l'architecture princière hafside, qui abrite un centre culturel.
Le climat conjugué aux paysages de falaises rocheuses, forêts de pins et orangeraies en font vite un lieu prisé des dignitaires, savants, bourgeois et artistes qui suivent la famille régnante. Car, dès le début du XIXe siècle, les beys de Tunis font ériger de nombreux palais où ils s'y installent de mai à septembre[3] : Mohammed Bey fait construire Dar El Tej vers 1855 avant que son successeur n'entame la construction d’un pavillon dominant la plage, la Koubbet El Haoua, destiné à dissimuler les baignades de la famille régnante[3]. De même, sous le règne de Naceur Bey, est construit le palais Essaâda à l’intention de son épouse Lella Kmar, une odalisque circassienne qui épousa trois beys successifs[3]. Centre du pouvoir pendant une partie de l’année, la ville attire vite ambassades et consulats dans le centre ou le long de la côte en direction de Gammarth, certaines bénéficiant de demeures beylicales délaissées comme les représentants français et britanniques[3].
Ainsi, la présence de hautes personnalités tunisiennes et étrangères contribue à l'essor de la localité. Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge en visite en Tunisie en 1858, décrit la localité dans sa Notice sur la régence de Tunis :
« Lorsqu'un étranger arrive à La Marse, tout lui annonce et lui fait sentir qu'il approche de la résidence d'un souverain d'Orient. L'animation règne aux abords du palais : ce sont les carrosses des grands de la cour, traînés par des chevaux ou des mules de prix, et conduits par des nègres à la livrée orientale ; ce sont des officiers, les généraux à cheval, les serviteurs du prince ou des Maures en grand costume ; les consuls européens dans leurs voitures ; les étrangers, les voyageurs, sans compter les caravanes d'Arabes, de Maltais, de Juifs ; ou des chameaux, des muletiers et des attelages de toute espèce et de toute sorte, qui vont et viennent de Tunis à La Marse[3]. »
Le 8 juin 1883, c'est dans cette ville que sont signées les conventions de la Marsa qui renforcent le contrôle des autorités françaises sur le jeune protectorat[5]. Elle est érigée en municipalité en 1912[6].
Culture
La Marsa abrite des galeries d'art telles que Mille Feuilles ou Saf Saf, une salle de cinéma et une bibliothèque publique fréquentée par les étudiants et les candidats au baccalauréat.
Sur le plan religieux, elle abrite la synagogue Keren Yéchoua, fondée en 1927 et qui continue d'accueillir le culte durant l'été, ainsi que la mosquée Al Ahmadi.
Économie
Le point fort de l'économie marsoise réside dans le tourisme avec les zones voisines de Gammarth et Raoued et leurs ensembles résidentiels, hôtels, centres de thalassothérapie, restaurants et boîtes de nuit[3].
Le quartier Saf-Saf, au cœur de Marsa Plage, est le haut-lieu d'animation de la ville et attire de nombreux Tunisois. Sans doute né à la fin du XIXe siècle, le célèbre café du même nom est un lieu mythique qui préserve les traditions du savoir-vivre tunisois selon Ridha Kéfi[7]. Doté d'un puits public datant de l'époque des Hafsides et où les caravaniers venaient se rafraîchir et abreuver leurs bêtes, il accueille durant les années 1950 et 1960 les peintres Yahia Turki, Jellal Ben Abdallah ou Noureddine Khayachi venus y peindre les atmosphères particulières du lieu[7]. Dans les premières années de l'indépendance, Ali Riahi ou Safia Chamia viennent souvent y chanter et l'endroit fait même l'objet d'une chanson de Naâma intitulée El Bir Wessafsaf Wennaoura[7]. Désormais, c'est un café populaire qui a été préservé de la boulimie des promoteurs immobiliers. Le journal français Le Monde l'avait qualifié un jour de « plus beau café du monde »[7].
Transports
La ville est reliée à la capitale par le TGM, une ligne de chemin de fer périurbain desservant aussi Sidi Bou Saïd, Carthage et La Goulette. La station-terminus de la ligne, connue pour son architecture coloniale, voit passer chaque jour des milliers de visiteurs[3].
Sport
La Marsa est une terre de volley-ball avec les clubs de Saydia Sports, basé dans le village voisin de Sidi Bou Saïd, et de l'Union sportive de Carthage alors que le club de football de l'Avenir sportif de La Marsa joue en Ligue I.
Références
- (fr) « Dissolution de 22 conseils municipaux et désignation de délégations spéciales », Leaders, 19 avril 2011
- (fr) Recensement de 2004 (Institut national de la statistique)
- (fr) Joëlle Vauthier, « La Marsa. Le jardin des délices », Saisons tunisiennes, 6 mars 2008
- (fr) Véronique Krings, La civilisation phénicienne et punique : manuel de recherche, éd. Brill, Leyde, 1995, p. 384
- (fr) Nada Auzary-Schmaltz, La justice française et le droit pendant le protectorat en Tunisie, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2008, p. 44
- (fr) Paul Sebag, Tunis : histoire d'une ville, éd. L'Harmattan, Paris, 1998, p. 361
- (fr) Ridha Kéfi, « Souvenir d'un après-midi d'été au café Saf Saf à La Marsa », Saisons tunisiennes, 23 mai 2007
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