- Monnaie
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La monnaie est un instrument de paiement spécialisé accepté en règlement d’un achat, d’une prestation ou d'une dette. Elle peut remplir trois fonctions principales :
- la fonction d'intermédiaire dans les échanges ;
- la fonction de réserve de valeur ;
- la fonction d'expression d'unité de compte pour le calcul économique ou la comptabilité ;
Certains auteurs considèrent que la capacité d’éteindre des dettes et des obligations, notamment fiscales, constitue une quatrième fonction appelée « pouvoir libératoire » de la monnaie. En pratique ces fonctions peuvent être assurées par différentes monnaies en circulation simultanée[1].
Une monnaie se caractérise par la confiance qu’ont ses utilisateurs dans la persistance de sa valeur et de sa capacité à servir de moyen d'échange. Elle a donc des dimensions sociales, politiques, psychologiques, juridiques et économiques. En période de troubles, de perte de confiance, une monnaie de nécessité peut apparaître.
La monnaie a pris au cours de l'histoire les formes les plus diverses : bœuf, sel, nacre, ambre, métal, papier, etc. Après une très longue période où l'or et l'argent (et divers métaux) en ont été les supports privilégiés, la monnaie est aujourd'hui presque entièrement dématérialisée et circule majoritairement sous des formes scripturales, notamment sur support électronique.
Chaque monnaie est définie, sous le nom de devise, pour une zone monétaire donnée (le plus souvent un État). Elle y prend la forme de dépôts, de billets de banque et de pièces de monnaie, dites aussi monnaie divisionnaire. Les devises s'échangent entre elles dans le cadre du système monétaire international. De facto depuis 1973 où les parités des principales monnaies mondiales cessent d'être défendues et de jure après les accords de la Jamaïque en 1976, les devises ne sont plus étalonnées directement ou indirectement par un poids de métal précieux. Leurs valeurs relatives fluctuent sur un marché international des devises dans le cadre d'un système de changes dits flottants ou flexibles.
En raison de l'importance de la monnaie, les États ont très tôt cherché à s'assurer le maximum de pouvoir monétaire, en définissant une devise officielle et en faisant de cette devise l'un de leurs symboles et une marque de leur puissance. Ils se sont arrogés progressivement un peu partout le monopole de l'émission des billets et des pièces. Ils exercent un contrôle sur la création monétaire des banques via la législation et la politique monétaire des banques centrales.
Les fonctions de la monnaie
Aristote[2] définit la monnaie par trois fonctions : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. Depuis la suppression de toute référence à des matières précieuses et la dématérialisation des supports monétaires, et après l’intervention des économistes « nominalistes »[3], les aspects légaux de l'usage de la monnaie (et notamment les droits juridiques qui sont attachés au cours légal et au pouvoir libératoire) sont plus apparents. Ces droits sont fixés par l’État et font de la monnaie une institution constitutionnelle en de multiples pays.
Intermédiaire des échanges et des contrats
Intermédiaire des échanges
En l’absence de monnaie, les échanges ne peuvent se réaliser que sous forme de troc d’un bien contre un autre. Pour que deux agents A et B échangent des biens X et Y, il faut que celui qui possède X préfère Y et que celui qui possède Y préfère X. C’est ce qu’on appelle la condition de « double coïncidence des désirs ». Cette condition limite sévèrement le nombre de situations où le troc est possible pour un particulier dans la vie courante.
La monnaie permet de s'affranchir de ces conditions, en constituant un bien qu'on pourra échanger contre tous les autres. Un agent accepte de la monnaie en échange d’un bien qu’il cède parce qu’il sait que les autres agents l’accepteront en échange d’un bien qu’il souhaite acquérir. La monnaie a ainsi toujours une valeur pour tous par la possibilité de l’échanger contre n'importe quel autre bien.
Une opération d'échange d'un bien contre un autre est ainsi dissociée en deux opérations séparées dans le temps : d'abord l'échange du bien possédé contre de la monnaie, et ensuite l'échange de la monnaie contre le bien désiré. La fonction de moyen de paiement, quelquefois présentée comme une quatrième fonction de la monnaie, n'est qu'un aspect de sa fonction d'intermédiaire dans les échanges. En facilitant les échanges, la monnaie est un outil essentiel du commerce libre.
Les contrats
La monnaie facilite aussi le paiement de rémunérations de travailleurs libres qui autrement ne peut se faire qu’au pair ou plus généralement par compensation. Ces dernières méthodes sont lourdes, potentiellement arbitraires et sujettes à contentieux.
La monnaie facilite l’emploi salarié, la division du travail et l'établissement des contrats. Elle donne une expression commode aux obligations privées nées de toutes les sortes de contrat, ou publiques (amendes, taxes, impôts) dès lors que la puissance publique lui donne un pouvoir libératoire.
C’est une institution fondamentale pour l’économie des sociétés modernes fondées sur la liberté du travail, des productions, de la consommation et de l’épargne.
Réserve de valeur
Par réserve de valeur, on entend la capacité que possède un instrument financier ou réel de transférer du pouvoir d'achat dans le temps. Ainsi, un bien immobilier constitue une réserve de valeur puisqu'il peut être acheté aujourd'hui et revendu dans le futur en procurant un pouvoir d'achat à son détenteur. On appelle cela un actif réel par opposition à la notion d'actifs financiers ou de titres, dont les actions et les obligations font partie.
La capacité de la monnaie est pratiquement garantie à court terme : il est rare qu'elle soit amputée fortement de sa valeur du jour au lendemain, même si cela s'est déjà produit. À plus long terme le pouvoir d’achat de l’unité monétaire est réduit par l’inflation. Pour échapper à ce phénomène, les épargnants cherchent à placer leur épargne plutôt qu’à la conserver sous forme de monnaie, sauf en cas de panique.
La thésaurisation de la monnaie est le placement le plus liquide. La propension collective à conserver plus ou moins « liquide » son épargne conditionne tous les marchés financiers et est suivie avec attention par les autorités monétaires. Lorsque les agents économiques accroissent leurs encaisses, c’est qu’ils se détournent des placements et la conséquence la plus fréquente est une restriction du crédit. Les paniques financières se manifestent par des ruées vers la liquidité qui déstabilisent gravement l’activité des banques et des entreprises.
Unité de compte
L’humanité a représenté la valeur économique d’un bien ou d’un revenu sous forme abstraite depuis la plus haute antiquité. Le bœuf ou le blé ont été des repères fréquents. Ces repères servaient dans presque toutes les sociétés antiques pour fixer l’étagement des compensations, par exemple pour payer les amendes, répartir les productions, évaluer les rapports de troc, et fixer les rémunérations en nature.
Le faible nombre de produits disponibles et la tradition fixaient le rapport de valeur entre les biens d’une façon presque constante. Il y eut donc dans le passé de nombreuses unités de compte qui n'étaient pas des monnaies circulantes. Ce fut notamment le cas de l'Égypte des Pharaons, de la civilisation aztèque, des formes primitives des sociétés grecques et romaines (la tête de bœuf) ou des formes féodales au haut Moyen Âge après la dislocation de l'Empire romain[4]. Leur organisation sociale hiérarchisée et le caractère primitif des productions permettaient des modes de production, de distribution et d'échange reposant sur la contrainte et limitaient l'échange libre au troc.
Une des monnaies circulantes (il y a généralement plusieurs monnaies qui circulent en même temps : monnaies locales de différents métaux, monnaies étrangères acceptées…) devient naturellement l’unité de compte qui sert à exprimer les prix. Dans un contexte où les biens sont très nombreux et où les prix relatifs peuvent varier fréquemment sur des marchés libres, l’expression monétaire du prix est la plus pratique. Les agents ajustent leur consommation et fixent le prix de leurs propres productions en unités monétaires, arbitrent leur consommation en fonction des prix des produits constatés sur les marchés. C'est l'existence des autres monnaies circulantes qui justifie la différence entre la fonction d'unité de compte (assurée par une seule monnaie : la livre tournois par exemple) et les autres fonctions de la monnaie (assurées par toutes les monnaies en circulation : par exemple écu, ducat, florin, doublon, etc. )
La monnaie est ainsi un moyen universel d’expression de la valeur des flux et des stocks. On parle de calcul économique quand cette évaluation est faite a priori et de comptabilité quand elle est faite a posteriori.
Il arrive que des populations persistent à exprimer des prix dans des monnaies qui n'ont plus cours depuis longtemps (le sou, le franc français depuis le passage à l'euro et l'ancien franc avant lui, la guinée dans les magasins de luxe britannique[N 1], etc.). Ces exemples anecdotiques montrent l'emprise psychologique forte des monnaies de compte et la rémanence des prix exprimés dans les anciennes monnaies, l’absence de connaissance des prix dans la nouvelle empêchant « de se rendre compte » de l’importance d’un prix ou d’un revenu annoncé, faute d’échelles familières. Un changement de l‘unité nominale d’une monnaie est toujours un traumatisme pour les populations comme on l’a vu lors du passage à l’euro.
Les formes actuelles de la monnaie
Article connexe : Devise (monnaie).La monnaie fiduciaire
Article détaillé : Monnaie fiduciaire.La monnaie divisionnaire en pièces de métal
La monnaie divisionnaire, ce qu’on appelle les pièces de monnaie, est un dérivé de la monnaie. Les pièces n’ont pas de valeur intrinsèque même si elles ont un coût. Les variantes d’alliage et de composition de ces pièces n’ont généralement qu’un but pratique. Les pièces sont généralement produites par le trésor public mais ne correspondent pas à une émission de monnaie : elles ne sont mises en circulation qu’après échange contre une quantité équivalente d'unités de compte plus généralement représentées par des billets. Cependant les pièces produites à partir de métaux précieux ont la valeur d'usage ou d'échange de ce métal (or ou argent), ce qui peut leur conférer un statut de valeur-refuge. Par ailleurs depuis l'Empire Romain, dans le monde occidental, on constate historiquement un rapport entre l'or et l'argent avec un ratio allant de 12 à 16 (valeur d'un gramme d'or en grammes d'argent)[5]. Ce dernier point n'est pas vérifié à l'heure actuelle (mai 2011).
L’humanité a toujours montré le plus grand pragmatisme dans le choix de ses monnaies divisionnaires qui circulent très vite et restent très peu de temps dans la poche des usagers. Le risque qu’elles perdent leur valeur pendant la période où elles sont conservées est quasi nul sauf très rares exceptions, et les sommes en jeu ne sont pas telles que la perte de valeur par démonétisation soit réellement grave.
Beaucoup des objets présentés comme monnaies primitives sont en fait de la petite monnaie dont la valeur intrinsèque n’a pas grande importance pourvu que l’objet ait une certaine résistance et ne soit pas facile à dupliquer. Les coquillages (les cauris) en Chine ont par exemple joué un rôle multi-millénaire de petite monnaie (jusqu’à la fin du XIXe siècle) alors même que les étalons monétaires changeaient ainsi que l’étalon de la monnaie principale. Ces cauris se retrouvent un peu partout et servirent très longtemps de petite monnaie en Afrique.
Pas de commerce de détail sans petite monnaie ! Ce qui rend les usagers peu regardants sur les substituts si la monnaie divisionnaire officielle vient à manquer. Aux péages des autoroutes ou dans les commerces italiens, on utilisait dans les années 1960 le bonbon pour le rendu de la monnaie. La dévaluation de la Lire avait rendu plus avantageux de fondre les pièces officielles de 10 lires que de les laisser en circulation, ce qui a suscité une étonnante prolifération de bonbons de mauvaise qualité.
On constate à chaque démonétisation d’une pièce de monnaie divisionnaire qu’une part importante de la circulation n’est pas présentée à la conversion, ce qui a notamment été vérifié partout en Zone euro lors du passage à l’Euro.
La monnaie de papier
Le billet naît comme substitut pratique mais provisoire et remboursable des monnaies métalliques. Après une histoire tourmentée, il finira par les remplacer totalement. On passe du billet de banque au papier monnaie.
Le premier billet a été utilisé au XIe siècle en Chine[6],[7],[8] à une période où une pénurie de métal bloquait le monnayage. Les Jiao Z I étaient des planches en bois portant inscription à l’encre vermillon et noire émises en règlement en substitut d’argent métal par des commerçants pour leur usage propre. Ces planches ne circulaient pas sur les marchés. Mais, même limitée, cette circulation n’alla pas sans abus qui permirent à la dynastie Song, à court de numéraire, de prendre l’initiative en 1024 de monopoliser l’émission et d’en rendre le cours légal : le papier monnaie pouvait dès lors être utilisé pour payer ses impôts. L’opération fut un succès. Le papier monnaie sera utilisé plusieurs siècles durant et profitera de progrès techniques comme le moulin à papier, introduit en 1168, permettant d’imprimer sur un papier à base de pâte d’écorce de murier. Le papier disparaît à partir du XIVe siècle à la suite d’émissions excessives, des exactions mongoles, de la grande peste puis de l’abondance de l’argent fourni par Venise.
Il réapparait à Amsterdam en 1609 pour faire face à une situation ennuyeuse pour un commerce alors en pleine expansion sur cette place. Plus de 400 pièces différentes de monnaies métalliques, plus ou moins rognées, plus ou moins trafiquées, circulent difficilement compte tenu des contrôles qui s’imposent à chaque échange. La banque d'Amsterdam a l’idée de recevoir toutes les monnaies (à un prix cassé) pour les refondre et les transformer en une monnaie métallique d’aloi certain. Au lieu de rendre directement cette nouvelle monnaie aux déposants, elle émet des certificats de dépôt représentant cette monnaie et convertibles à vue. Le métal collecté sert à financer la prise de pouvoir par Guillaume d’Orange. La conjonction d’une innovation bancaire et d’un calcul politique se retrouvera à travers l’histoire. Le Florin Banco ne circule pas dans le petit commerce.
En 1619, la Banque de Hambourg, créée par un banquier vénitien, Warburg, reçoit sa charte et travaille sur le mode de la banque d'Amsterdam. En 1661, la banque de Suède se constitue sur des bases comparables et crée véritablement le premier billet de banque occidental. La banque d’Angleterre démarre en 1694, s’implante symboliquement sur l’emplacement du temple de Mithras et obtient le privilège d’émission en contrepartie du financement massif des besoins financiers de Guillaume III. Vient alors le tour de l’Écosse qui, excentrée par rapport au lit du commerce, manque régulièrement de numéraire. La Bank of Scotland, créée en 1695, est totalement indépendante et émet ses billets selon les règles prudentielles qu’elle se donne.
À la fin du XVIIe siècle, les billets sont une innovation à grand succès (alors que beaucoup croient qu'ils datent du XIXe siècle). La technique est prête à essaimer partout dans le monde. Les Écossais en seront les promoteurs. C’est en effet un Écossais qui dirige la Banque d’Angleterre, un autre qui crée la première banque au Canada (qui conservera son droit d’émission jusqu’en 1934). Et c’est à l’Écossais John Law[9] que la Régence, aux prises aux difficultés budgétaires laissées par le Grand Siècle, fait appel pour mettre en place un système du même genre : les monnaies métalliques seront apportées à la banque et mises aussitôt à la disposition de la Régence. En contrepartie, des billets seront mis en circulation, remboursables en une quantité donnée de métal précieux monétaire.
L’opération s’avère positive de 1716 à 1719. Elle ranime une activité commerciale déprimée. Comme les banquiers italiens de Florence, Law en profite pour se faire affermer la collecte des impôts et attribuer le monopole d’opérations commerciales extérieures avec la compagnie perpétuelle des Indes.
Le cumul de deux innovations, la banque émettrice de billets et les grandes compagnies par actions, allait provoquer l’apparition d’un agiotage frénétique. La Régence rembourse les actionnaires en 1719, impose de nouvelles émissions et force Law à introduire, malgré ses plus vives protestations, une modification des statuts de sa banque : le billet n’est plus remboursable en une quantité précisée de métal précieux (« en monnaie de même poids et même titre que la monnaie de ce jour » est l'expression exacte) mais « en espèces d'argent »[10]. Puissance de la sémantique, la différence est rapidement perçue et la bulle financière éclate. La banque est submergée de demandes de remboursement jusqu’à la banqueroute générale. Law est exilé à Venise. L’idée d’une banque émettant des billets est déconsidérée en France pour un temps.
Mais pas ailleurs. La banque d’Angleterre survit au krach de la Compagnie des mers du Sud, après une frénésie boursière identique à celle qui a perdu Law et avec le temps devient le modèle de la banque d'émission.
Dans les colonies américaines de la couronne britannique, le besoin de monnaie est chronique. Il est tel que la monnaie traditionnelle des « peaux rouges » comme le Wampum circule et que certains états mettent en œuvre des monnaies agricoles comme le tabac[11].
La première émission de monnaie papier a lieu au Massachusetts en 1690. Elle est suivie d’une autre en Pennsylvanie en 1723 complétée par une seconde en 1729, avec de bons résultats sur l'activité. D'autres expérimentations eurent lieu un peu partout, l'argent étant émis par le biais de la dépense publique. L'exception du Maryland est remarquable : tous les contribuables recensés reçurent 30 shillings en billets ! Il est à noter que toutes ces émissions de billets furent rachetées en espèces au bout d'un certain temps.
La querelle entre colonisateur et colonisé, illustrée par les campagnes de Benjamin Constant qui publie en 1729 sa Modeste enquête sur la nature et la nécessité d'une monnaie de papier, porte largement sur la volonté de l’Angleterre d’imposer sa monnaie : quand cela arrivera, une récession s'ensuivra dans les colonies qui accélérera le mouvement vers l’indépendance. La révolution américaine se finance par l’émission de billets dits « du Congrès ». L’inflation sera immédiate, et après 42 émissions tournant à l'hyperinflation, cette monnaie disparaîtra non sans laisser le dicton : « Ça ne vaut même pas un billet du Congrès ».
La Révolution française pour les mêmes raisons se finance par l’impression de billets, les assignats, dont on assure la garantie sur la valeur des biens nationaux confisqués au clergé et à la noblesse. La terre garantit la monnaie. Comme lors du système de Law, les débuts sont excellents avec une reprise de l’activité et la constitution de remarquables fortunes comme celle des Perrégaux, futurs créateurs de la Banque de France. Mais l’abus d’émission finit par faire perdre toute valeur aux assignats qui resteront de sinistre mémoire.
Bonaparte puis Napoléon refondent entièrement le système monétaire français en créant une nouvelle monnaie, le Franc Germinal et une banque d’émission, la Banque de France le 18 janvier1800 ; celle-ci obtient divers privilèges en 1803. Le billet, convertible en or, est désormais installé pour longtemps en France, d’autant qu’en dépit de l’état de guerre permanent sous l’Empire, le billet reste constamment et effectivement convertible (ce qui ne sera pas le cas chez son principal adversaire, l'Angleterre).
Les deux siècles qui suivront verront la généralisation des billets avec une double évolution :
- La démonétisation de l’or et de l’argent pour la circulation privée puis comme instrument de réserve mondial. Les billets cessent d’être convertibles et sont seuls l’ultime forme de liquidité. La Première Guerre mondiale jouera le rôle principal dans cette évolution.
- La monopolisation de l’émission des billets dans des banques centrales à capitaux exclusivement publics mais devenues largement indépendantes des États.
Les banques privées n’ont désormais plus le pouvoir d’émettre des billets, mais en contrepartie, elles ont conservé et étendu celui d’émettre de la monnaie de crédit.
Les petites coupures sont des billets qui s’apparentent à la monnaie divisionnaire métallique avec laquelle elle entre en concurrence. Le plus petit billet reste dans les encaisses des commerçants et dans la poche des consommateurs. Ils ne sont pas souvent remis aux banques et ne reviennent que lentement à l’institut d’émission. C’est la raison de leur plus grande usure et saleté. Une polémique a été lancée en France pour la mise en circulation de billets d’un Euro, moins coûteux à produire que les pièces. L’impossibilité d’en garantir la propreté et l’intégrité explique la réticence de la BCE à aller en ce sens.
La monnaie scripturale
Article détaillé : Monnaie scripturale.Il a fallu une longue maturation pour que les agents économiques confient leur monnaie aux banques sous forme de dépôt. Actuellement c'est devenu le principal réservoir de monnaie. La principale raison est la sécurité offerte par les banques pour la conservation de l'épargne liquide, moins aléatoire que celle du bas de laine, et les facilités de paiement offertes par le système bancaire.
Tant que le chèque était payant et n'était pas accepté par l’État pour le paiement des impôts, le développement en fut lent. La possibilité de payer ses impôts par chèque date de Napoléon III qui fixe par les lois de 1865 les règles de son usage. En France, la possession de compte chèque ne s'est généralisée qu'à partir des années 1960. L’emploi du chèque est aujourd’hui très règlementé. Même s’il n’a pas cours légal (il peut être refusé par les commerçants) la loi en a imposé l’usage pour nombre de paiements, ne serait-ce que pour assurer la traçabilité des mouvements de fonds importants. Il est actuellement interdit de transporter plus de 10 000 euros en liquide dans le cadre d'un règlement valable pour l'Europe[12], ce qui implique des règlements via un compte bancaire pour toutes les grosses transactions.
La généralisation des succursales de banques de dépôts « à chaque coin de rue » qui a profondément bouleversé le physionomie de nos villes et celle du compte chèque ont permis ces législations favorables aux paiements bancaires.
La carte de crédit qui permet d’assurer un paiement garanti jusqu’à une certaine somme par l’émetteur sans avoir à se préoccuper de la provision du compte en banque de l’acheteur, malgré son coût pour le vendeur, s’est désormais généralisée et l’emporte sur le chèque pour la plupart des achats un peu coûteux en boutiques et pour presque tout sur Internet.
Les dispositifs électroniques de virement comme par exemple le système Swift permettent de faire circuler les monnaies à travers le monde à grande vitesse. Instantanéité et ubiquité ont donné un intérêt d’usage inégalable au dépôt bancaire pour les transactions de placement ou d’achat liées à la mondialisation.
Les banques n'offrent pas leur service monétaire sans contrepartie. Outre que certains moyens de paiement sont le plus souvent payants (virement, cartes bancaires), les dépôts fournissent aux banques l'essentiel des ressources affectées aux prêts. À son tour, le crédit permet de créer de la monnaie, dans la mesure où l’écriture créditée sur le compte de l’emprunteur est acceptée comme base de paiement par les commerçants et d’autres banquiers. Cette acceptation a d’abord été limitée aux réseaux de commerçants intéressés par l’emploi de monnaies scripturales pour des raisons pratiques, puis s’est généralisée par différents dispositifs prudentiels soit privés (la sélection des risques, l’ampleur des réserves en liquidité) soit d’organisation générale, comme l’instauration d'une banque centrale prêteuse de dernier ressort, la règlementation bancaire et la mise en place d'une politique monétaire.
L’inconvénient systémique du fait de lier dépôt et crédit est le risque d’un afflux de demandes de conversion en billets, appelé crise de liquidité, par opposition à la crise de solvabilité qui qualifie la déconfiture des crédits d’une banque entraînant sa banqueroute « de son fait » et non pas à cause d’une panique générale. Ce risque a conduit les États à accorder des garanties publiques aux dépôts bancaires pour éviter les ruées dévastatrices. Ces garanties ont été récemment élargies et mieux coordonnées entre les États européens pour éviter une concurrence déstabilisatrice basée sur ce seul aspect.
L'autre inconvénient de la monnaie créée par le crédit est qu'elle est fugace : la monnaie disparaît lorsque le crédit est remboursé. Alors que l’émission de billets par les banques centrales est aujourd'hui permanente. La disparition de la monnaie de crédit suit donc celle du crédit. Un « credit crunch », une déflation brutale de la masse monétaire qui asphyxie les entrepreneurs, se produit quand les restrictions de crédit deviennent trop importantes.
Le support électronique
Article détaillé : Monnaie électronique.Grâce aux outils informatiques, l'argent s'est davantage virtualisé, de sorte que les jeux d'écriture ne sont plus inscrits sur des supports de papier tangibles, mais dans des banques de données informatisées. Ainsi, s'est progressivement imposée la carte bancaire, au côté des pièces et billets, et des chèques, comme outil de paiement courant. Ce nouvel outil semble cumuler les avantages des monnaies fiduciaires et scripturales : d'un côté, la carte bancaire permet d'effectuer des paiements de manière fluide, quel que soit le montant échangé, sans nécessiter les formalités bancaires caractéristiques de la monnaie scripturale. De l'autre, elle ne recèle pas de valeur précise en elle-même, la somme déboursable correspondant à celle placée sur le compte auquel elle donne accès, et elle n'est pas un moyen de paiement impersonnel, de sorte que son utilisation est réservée à son propriétaire, qui peut faire opposition en cas de vol, contrairement au cas de la monnaie fiduciaire.
Cependant, afin de fluidifier les petites transactions de la vie quotidienne sans mettre systématiquement en jeu les sommes importantes des comptes bancaires, l'idée de monnaie électronique est apparue. Il s'agit d'une monnaie où les montants sont stockés en faible quantité sur des dispositifs électroniques mobiles, et qui est aussi intrinsèque et impersonnelle que la monnaie fiduciaire (son utilisation ne requiert pas l'usage d'un code secret).
Actuellement, la seule monnaie électronique en France est celle qui peut être chargée sur les dispositifs Moneo.
Comme pour toutes les monnaies, l'adoption de la monnaie électronique pose la question de la réalité des droits transférés au moment du paiement. Elle est actuellement garantie par le consortium de banques qui soutient Monéo. Cela veut dire que le commerçant qui a constaté des versements en monnaie électronique peut les reverser sur son compte de dépôt sans contestation possible de la part de Monéo et des banques affiliées, qui pensent elles-mêmes s'être assurées que personne ne peut créer de la fausse monnaie sur leur carte. De même, la confiance du propriétaire du porte-monnaie électronique est cruciale. Il veut être sûr que la monnaie qu'il y a versée ne sera pas contestée.
Les très faibles montants que l'on peut stocker (100 euros maximum) et la très faible valeur des opérations unitaires (moins de trente euros pour une opération sans vérification) ainsi que la relative nouveauté du dispositif expliquent que la monnaie électronique soit encore marginale.
Distinguons bien la monnaie électronique de son support de stockage. Qu'il s'agisse d'une carte à puces, d'un téléphone portable ou d'une clé USB, ces outils ne sont pas de la monnaie.
Il ne faut pas confondre non plus la monnaie électronique qui peut être stockée sur les différents supports Monéo et les dispositifs de prépaiement ou les cartes bancaires dans leur usage non Monéo (on peut actuellement se servir de sa carte bancaire comme porte-monnaie électronique).
Une carte bancaire permet de virer via un terminal de paiement une somme d'un compte de chèque à un autre. Elle ne stocke aucune monnaie et n'est pas en elle-même de la monnaie.
De même les dispositifs de pré-paiement n'acquièrent pas du fait qu'ils soient électroniques un caractère monétaire. Une carte métro-bus ou une carte de prépaiement de parking ne sont pas de la monnaie. Pas plus qu'un abonnement annuel à une revue ou une inscription à un club de golf ou une carte magnétique permettant d'aller au Louvre quand on veut. La prestation sera effectuée progressivement. Elle a été payée d'avance. La vraie monnaie est dans le compte du fournisseur.
Les quasi monnaies et les mesures de la masse monétaire
Article détaillé : Masse monétaire.Pour les besoins de l’analyse monétaire a été développé un concept de « quasi monnaie » constitué par des placements bancaires pratiquement immédiatement disponibles mais qui imposent un passage par un compte bancaire pour pouvoir être utilisés. Les opérations de liquidation pouvant être faites quasiment en temps réel, il n’est pas absurde de considérer que ces comptes sont quasi liquides et s’apparentent à la monnaie.
Les différents agrégats monétaires ont été définis sur une base statistique internationale.
M1 correspond à la monnaie fiduciaire (billets et pièces en circulation) détenue par les agents non financiers, plus les dépôts « à vue » (dans les banques et les caisses d'épargne). À fin juin 2008, en zone euro, M1 = 3 838 milliards d'euros
M2 = M1 + les dépôts à terme à moins de 2 ans et dépôts avec préavis de moins de 3 mois (tels les livrets A et bleu, CODEVI, compte d'épargne logement, livrets d'épargne populaire, livrets jeunes, etc). À fin juin 2008 en zone euro, M2 = 7 667 milliards d'euros.
M3 = M2 + les titres de pension, les titres de créance émis à moins de 2 ans (tels les obligations et les bons à moyen terme négociables, ainsi que les titres d'OPCVM et les instruments du marché monétaire (SICAV monétaires, certificats de dépôts, bons des institutions et sociétés financières). À fin juin 2008 en zone euro, M3 = 9 022 milliards d'euros.
M0 qui n'est plus guère utilisé (on parle plutôt de « base monétaire ») n'est pas un agrégat monétaire: il correspond à la monnaie émise par la banque centrale (billets + solde créditeurs des banques secondaires à la banque centrale). En 2005 en Europe, M0 = 514 milliards d'euros[13].
Ces chiffres sont à rapprocher du montant du PIB en Euroland (16 pays de la zone Euro) au 31 décembre 2009 : 9 534 milliards d'Euros [14].
Tout ce qui affecte la masse monétaire peut avoir un effet direct et massif sur l'activité « réelle ».
L’interprétation de ces agrégats est devenue complexe du fait des changements structurels qui se sont produits récemment et l’introduction dans les produits relevant normalement de M3 de nouveaux instruments financiers complexes comme les CDO ( Debt Obligations).
Le ratio M1/PIB est passé de 0,40 en 1950 à 0,25 en 1982. Depuis il oscille autour de 0,25 [15]. Cette baisse traduit une meilleure gestion des trésoreries par les entreprises et par les particuliers qui placent de mieux en mieux leur solde de compte créditeurs. En revanche, si on prend la valeur absolue de M1 et qu’on retranche l’inflation on constate en général que pendant les récessions M1 se contracte et se dilate pendant les phases d’expansion, correspondant à une plus grande prise de risque et un accroissement de l’endettement par les agents économiques.
Le 23 mars 2006, la Réserve fédérale américaine a cessé de publier M3, considérant que cet indicateur « n’était pas utilisé ». La BCE continue à le faire même si Christian Noyer, l’actuel gouverneur de la Banque de France a précisé que l’introduction de nouveaux produits en changeait l’interprétation[16].
L’examen rétrospectif de M3 montre le gonflement de la bulle immobilière et le début de son renversement à fin 2007 qui allait précipiter le blocage puis la dégringolade des marchés financiers et des banques [réf. souhaitée].
Eurodollars, Euromonnaies
Un cas particulier de ces quasi-monnaie est celui des Euromonnaies, et notamment des Eurodollars. Le principe est le même, un dépôt d'espèce dans une banque du pays d'origine sert de gage à une émission de titre qui circule à l'extérieur du pays. Cela permet de s'affranchir de la règlementation du pays d'origine. L'effet multiplicateur du crédit s'applique, ce qui permet la circulation d'une masse considérable de monnaie dérivée, pouvant servir à tous les usages ordinaires de la monnaie, notamment des levées de fond par émissions d'obligations
La création de la monnaie
Principes généraux
Dans le système monétaire actuel, la monnaie est essentiellement scripturale (environ 90%) : elle est créée par les banques par un jeu d'écritures, sur simple demande, et dans certaines limites, en échange d'une promesse de remboursement (dette). Il y a création monétaire lors de l'octroi d'un crédit, et destruction monétaire lors du remboursement de ce crédit. La masse monétaire totale ne correspond pourtant pas aux en-cours de crédit, ceux ci étant fortement gonflés par rapport à celle là par les intérêts cumulés.
Le jeu d'écritures consiste en l'inscription par le banquier en ses livres du montant du crédit d'un côté à l'actif (détention d'une créance) et de l'autre au passif (approvisionnement d'un compte).
Les limites à la création de monnaie sont gérées par le montant de réserve que la banque doit posséder en dépôt dans ses livres à chaque octroi de nouveau crédit. Ce montant est généralement compris entre 2% et 10%.
La création de monnaie scripturale par le crédit bancaire
Article détaillé : Effet multiplicateur du crédit.Le pouvoir du système bancaire dans son ensemble de créer de la monnaie apparait bien si pour simplifier on considère l'ensemble du système bancaire comme une banque unique. Tout prêt à un agent est dépensé et la monnaie sort du compte du déposant concerné mais la monnaie revient à la banque, dans les comptes des fournisseurs ou prestataires, qui dispose à nouveau de la liquidité nécessaire à d'autres prêts.
Les banques, collectivement, disposent donc d’une possibilité remarquable : l’expansion de leur actif (par émission de créances accordées aux Agents Non Financiers – ANF), entraine instantanément celle de leur passif à l’équivalence (les dépôts à vue).
Mais l’expansion du passif est limitée car il existe des possibilités organisées ou spontanées de ponction sur leur circuit monétaire propre. Ces « fuites » sont :
- la demande de monnaie fiduciaire (pièces et billets) qui est actuellement estimée à 15% dans la zone euro ;
- les réserves obligatoires (pourcentage des dépôts, actuellement de 2% dans la zone euro).
Exemple :
Imaginons que la demande de monnaie fiduciaire est constatée à 20% des dépôts, que les réserves obligatoires soient de 8% et que les banques disposent de réserves excédentaires auprès de la banque centrale pour un montant de 100.
S’il y a demande de crédit des ANF, elles peuvent accorder un nouveau crédit de 100, et, en assurant le total des fuites de 28, il leur restera 72 de réserves excédentaires.
Ces réserves vont, à leur tour, permettre 72 de nouveaux crédits, et le total des fuites sera de 20,2, le solde des réserve deviendra 51,9.
Ainsi de suite pour arriver à ce que les réserves excédentaires soient de 0, puisque le total des fuites sera de 100.
Dans cet exemple, au total, à partir de 100 de monnaie centrale, les banques auront créé 357, 71,4 se retrouveront en monnaie fiduciaire, 28,6 en réserves obligatoires auprès de la banque centrale et le retour des dépôts dans le système bancaire sera de 285,6.
Il y a donc bien création de monnaie par le système bancaire à partir du montant de monnaie centrale dont elles disposent (base monétaire).
Cette création n’est pas sans limite.
Le potentiel de création de monnaie se réduit au fur et à mesure des crédits émis : la multiplication du crédit comme nous l'avons vu finit par s'arrêter.
La formule du multiplicateur de crédit du système bancaire est:
k = 1 / b + h (1-b)
avec b, coefficient de fuite sous forme de billets, et h le coefficient de fuite des réserves obligatoires.
Sachant que dans la zone euro b = 15% et h = 2%, le système bancaire ne peut multiplier le crédit qu'au maximum 5,48 fois.
Les banques commerciales sont tenues également à des règles dites prudentielles (Bâle 2 – ratio Mac Donought) afin que les crédits qu’elles font ne dépassent pas différents ratios par rapport aux fonds propres et aux dépôts de leur clientèle. L'extension de la titrisation et des opérations hors bilan leur a permis largement ces dix dernières années d'échapper à ces contraintes.
Pour limiter l’expansion du crédit et donc de la masse monétaire, la banque centrale peut agir pour réduire la liquidité générale (opération d'open market) ou augmenter les taux de refinancement en monnaie centrale (ce levier a été le moyen privilégié de contrôle de la plupart des banques centrales ces dernières années).
Dans certaines formes d'organisation du contrôle bancaire, les autorités peuvent aussi agir directement sur la quantité de crédit offerte par les banques. C’était par exemple le cas en France dans le cadre des lois Debré dans les années soixante.
Les crédits doivent être remboursés. Lorsqu’ils le sont la destruction monétaire suit exactement les mêmes règles que la création dans le sens contraire. L’activité monétaire de crédit joue donc dans les deux sens. Si globalement les banquiers freinent puis réduisent leurs crédits il y aura diminution de la masse monétaire.
La création monétaire globale des banques dépendra donc à la fois :
- Du désir d'encaisse liquide des agents économiques qui dépend étroitement de leurs anticipations en matière de revenu, d'épargne, d'inflation ainsi que de l'idée qu'ils se font de la solidité des placements possibles.
- Des anticipations des banquiers qui, selon la conjoncture, privilégieront l'extension ou la défense de leur bilan.
- De l'action des autorités de régulation, par la règlementation ou par l'intervention.
- Des autres sources de création monétaire qui l'alimentent plus ou moins généreusement en dépôts (solde de balance des paiements, création monétaire par le trésor public là où elle est possible).
Cette complexité où la confiance et les facteurs psychologiques jouent un rôle important, explique l'instabilité associée à la création monétaire des banques et son rôle dans les mouvements de la conjoncture et dans le cycle économique.
Le marché monétaire
Lorsqu’une banque prête de l'épargne pré-existante ou crée de la nouvelle monnaie scripturale à la suite d'un crédit accordé, elle crédite le compte à vue de son client qui va dépenser cette monnaie, c'est-à-dire la virer aux comptes à vue de ses fournisseurs et salariés, une fraction seulement des comptes des bénéficiaires étant tenus par cette banque. À l'inverse, la banque peut recevoir, dans les comptes de dépôts de ses clients, les montants correspondant aux achats effectués par les clients d’autres banques.
Les banques doivent faire face aux fuites correspondantes aux besoins de monnaie banque centrale : réserves obligatoires (2% dans la zone euro) et demande de monnaie fiduciaire (estimé en moyenne à 15% des dépôts à vue, mais variable suivant les périodes et les lieux). Si chaque banque accorde des crédits en fonction de ses parts de marché de dépôts, les fuites se compensent et le marché bancaire est équilibré. Mais si ce n'est pas le cas, pour ajuster leur trésorerie en monnaie banque centrale, les banques vont se tourner vers le marché monétaire (Euribor, par exemple) qui leur permettra de placer, auprès des autres banques et établissements financiers, leurs excédents ou d’obtenir d'eux le financement de leurs besoins de monnaie centrale, après compensation journalière des mouvements entre banques.
Les interventions de la banque centrale sur ce marché correspondent au « refinancement ».
Les opérations de la banque centrale sur les taux d’escompte et les opérations d’open market, conjointement avec les règles de mises en pension de certains actifs monétaires, sont censées réguler ce marché. Du fait d’une abondance excessive de liquidité des établissements financiers, les taux du marché peuvent devenir inférieurs aux taux de refinancement de la banque centrale. En cas de tension sur le marché monétaire, une mise à disposition de liquidité (refinancement) par la banque centrale est de nature à réguler la situation.
Lorsque (comme ce fut le cas en 2008) aucune banque ne fait plus confiance aux autres, il advient un blocage des prêts inter bancaires ou un taux de prêt trop élevé. Cette situation bloque le marché monétaire et impose des refinancements massifs par les banques centrales pour permettre aux banques commerciales d'assurer leurs besoins de monnaie centrale.
Histoire
Article détaillé : Histoire de la monnaie.Les proto-monnaies
Si on parle de monnaie dès qu’un objet a été mis en réserve pour un usage d’échange ultérieur ou a été utilisé régulièrement comme contrepartie des échanges ou qu’un symbole de dénombrement a permis de comptabiliser un bien, les premières monnaies remontent aux racines de l’humanité. La liste des matières ayant pu servir à l’une ou l’autre de ces fonctions devient également quasiment infinie. En vérité, on peut épargner, troquer, compter en n’importe quelle matière. Pour les tout petits achats, où la perte à l’échange n’a pas grande importance, on a utilisé de tout temps comme moyen d’échange des objets commodes à transporter et sans réelle valeur propre sans que cela soit véritablement des monnaies. Parmi les moyens d’échange un peu réguliers que l’humanité a imaginés figurent :
- Des matières naturelles : la pierre, le sel, le poivre (notamment en France au Moyen Âge), l’ambre, les pierres précieuses, les coquillages.
- Des produits agricoles ou de cueillette : le bétail, le grain de blé, la graine de cacao, la feuille de tabac, les peaux de bêtes, la morue séchée, les feuilles de thé compressée [17], , etc.
- Des produits artisanaux : Pagne (Égypte, Afrique), verroterie (GnaïGnaï, perle « œil de chat » du Sénégal en Afrique), couteaux (Chine), araires (Chine), haches métalliques (Chine, pays celtiques), hâchoirs (peuples précolombiens), métrage de tissu (Égypte, Amérique du Sud et du Nord, Afrique (Les Gabback du Nigéria)), anneaux (Égypte), trépieds métalliques (Grèce), fer martelé (Guindja d'Afrique centrale), alcool (Amérique), fusils (Amérique), etc.
- Des humains : Les esclaves (Alger et empire Ottoman, l'achat par le sultan pour les galères faisant office de banquier de dernier ressort) (commerce triangulaire avec l'Amérique).
Des monnaies basées sur des objets ont persisté jusqu’à la fin du XIXe siècle (le sel au Tibet, les cauris en Chine, en Inde et en Afrique…) et réapparaissent sporadiquement lorsqu’il y a pénurie de monnaie, notamment pendant les grandes périodes de désordre et de pauvreté (le paquet de cigarettes en Allemagne juste après guerre).Ces phénomènes ne sont pas seulement anecdotiques : ils démontrent le besoin de disposer d'un moyen d’échange.[non neutre]
Les unités de compte non circulantes
Les unités de compte existent depuis plus de 2 000 ans. Elles sont souvent dérivées des unités de poids.
Une unité de compte, le Mine, existe par exemple dans l'empire d'Akkad (2300-2200 avant J.C.).
L’Égypte antique des Pharaons dispose d’une série d’unités de compte : le Sha, le Deben son multiple, ou le Quite le dixième du Deben utilisés quotidiennement par les scribes.
Les Aztèques (plus tard mais à un niveau de développement comparable) disposaient d’un système de numération et également d’une unité de compte étalon le Quachtli égal à 100 cabosses de cacao ou une pièce de coton (l’Ixtle).
Mais la forme très hiérarchisée de ces sociétés, le peu de liberté des producteurs, le faible nombre de produits, le peu de division du travail, le rôle écrasant des autorités dans la collecte et la répartition des productions, expliquent que ces unités de compte ne circulaient pas. En Égypte, seul le troc était légalement autorisé. Chez les Aztèques, on ne commence à voir une circulation de la cabosse de cacao qu’à partir de l’arrivée des Européens[18],[19].
L’invention de la monnaie métallique
Du fait qu'ils sont recherchés par tous les peuples, la valeur des métaux est intrinsèque (« commodity money »), durable, homogène, facilement divisible et relativement rare[réf. nécessaire].
La transgression des rois lydiens
L’utilisation de l'or et de l'argent est attestée depuis les temps les plus lointains (4000 ans av JC). La force symbolique de ces métaux précieux et rares était très forte et touchait à la religion et au pouvoir dans tout le bassin méditerranéen :
- Au pouvoir : par l’intermédiaire des tributs qui était acceptés en toute matière y compris l’or ou les objets précieux comme les trépieds métalliques.
- À la religion : les sanctuaires grecs conservaient par tradition les « trésors ».
L’abandon progressif des sacrifices humains (au VIIe siècle av. J.‑C.) pour se concilier les dieux laissa la place aux sacrifices d'animaux et aux donations en objets de valeur, notamment en or. La représentation des Dieux en métal précieux dans les temples perdurera longtemps, par exemple la statue chryséléphantine d'Athéna au Parthénon. « L'argent servait de tribut et n'était pas mis en circulation »[20]. Le dicton égyptien « L’or est le sang des Dieux[21],[22] » fut et resta valable bien au-delà de l’Égypte antique[23].
Les sanctuaires étaient le lieu d’une intense activité de dons et de contributions. L'ékaté est un dixième religieux du même type que la dîme. « Les sanctuaires grecs étaient incontestablement des agents économiques. Les Dieux étaient des manieurs d'argent »[24]. Les pratiques religieuses autour de la monnaie continueront après la création de la monnaie comme en témoigne la tradition de mettre une obole dans la bouche des défunts qui traversera les âges grecs anciens (On donnait ainsi symboliquement la pièce à Charon, gardien du Styx, le fleuve barrant l’entrée de l’empire des morts).
La civilisation marchande des Hittites remplace le réglement en orge des transactions commerciales par le paiement en lingots d'or.
Mais l'inventeur de la monnaie - au sens actuel du terme- est un roi de Lydie ( Gygès) qui a en 687 av JC l'idée de substituer aux lingots d'or des morceaux d'électron ( alliage naturel d'or et d'argent provenant de filons locaux ) dotés des caractéristiques suivantes : poids invariable, même forme et marqués d'un signe authentifiant leur étalonnage. Cette désacralisation partielle de l’or et la circulation sous forme de pièces sont d’autant plus facilement acceptées qu’elles permettent en dernier recours de se dégager de ses obligations régulières vis-à-vis des Dieux et du temple. Le commerce des prostituées (proches des temples) et l’ensemble du commerce de détail local sont bientôt alimentés par ces pièces de monnaie qui étaient pratiques et qu’on était à peu près sûr de pouvoir échanger contre tout bien disponible à la vente[25].
Plus tard, les Perses achéménides ayant conquis Babylone, battent monnaie à leur tour : Celle-ci a force libératoire et repose sur le bi-métallisme ( une monnaie d'Or valant treize et demi monnaie d'argent ). L’histoire des innovations monétaires des trois derniers rois de la dynastie des Mermnades, Alyattès (610-560 av. J.-C.) et Crésus (560-546 av. J.-C.), en Asie Mineure occidentale racontée par Hérodote [26] a été confirmée depuis par les études archéologiques et numismatiques[27]. L’or du fleuve Pactole, la manufacture des pièces et leur circulation dans les villes, les îles (en particulier Égine grâce à l'or de Siphnos) et jusqu’aux colonies grecques lointaines (des pièces ont été utilisées à Marseille dès la fondation de la ville) ouvrent une nouvelle page de l’histoire de l’humanité. « La monnaie n'a sans doute pas été créée pour faciliter les transactions mais aussitôt créée elle a été adoptée par le commerce ». « La monnaie a accompagné l'apparition du commerce de détail » [28].
La mise en œuvre d’un système monétaire complet à Athènes
Selon certains, l’invention de la monnaie aurait eu un rôle aussi important que celle de la roue, de la boussole ou de l’imprimerie[réf. souhaitée].
Sans la monnaie, la distribution des biens ne peut se faire que de trois façons :
- le don ;
- la réquisition ;
- l’échange sous forme de compensation : troc de marchandises, ou paiement de prestations en nature ou « au pair ».
L’échange compensatoire est très compliqué pour les individus et encore plus pour les pouvoirs publics : comment rémunérer une grosse armée et des cohortes de fonctionnaires ? La réquisition et la fourniture directe des moyens d’existence élémentaires, agrémentées par la perspective du pillage est une chose. La mobilisation de citoyens libres en est une autre.
La révolution athénienne est celle de la rationalité, de la citoyenneté, des libertés publiques, de la science théorique et appliquée, de l’innovation économique, de l’expansion par le commerce et par la guerre. La monnaie permet à ces mouvements de s’exprimer complètement.
La Cité peut rémunérer les citoyens libres qui la servent avec des pièces qui permettront d’accéder aux marchandises librement échangées par des producteurs ou des commerçants libres. Les productions se diversifient, les échanges s’intensifient, le prêt devient facile, la commandite d’expéditions lointaines aussi. Les hommes quittent les campagnes (où ils étaient près des vivres) pour les villes (où la monnaie permet de se fournir en vivres).
La monnaie athénienne est une nomisma, de nomos, la règle. La monnaie est frappée sous contrôle public et a cours légal, c'est-à-dire que si les autorités peuvent rémunérer avec elle ses prestations, les citoyens peuvent réciproquement payer leurs impôts avec elle. Ils peuvent aussi solder les dettes de toute nature. La monnaie grecque a un caractère légal et juridique. Les indemnités accordées par les juges peuvent se faire en monnaie, une nouveauté pleine d’intérêt qui limite les pensions en nature et les cessions de terre.
Dracon fixait précédemment les amendes en « têtes de bétail », un système fort peu pratique.
La monnaie est l’enfant des libertés publiques, et se voit garantie par les autorités. Dostoïevski dira « la monnaie est de la liberté frappée ». Elle est aussi le symbole de la force de la cité, car la cité la plus prospère et la plus forte peut montrer sa supériorité par l’exposition de son numéraire. La tradition de symboliser les « temples de l’argent » par une réplique du Parthénon date de là.
En vérité, Athènes monétise principalement l’argent, d’où l’identité historique entre monnaie et argent. Mais l’Asie mineure conservera le bimétallisme et même le tri métallisme initial de Crésus avec des monnaies en or, en argent, ou en électrum, avec un rapport relativement stable entre elles : l’or est à l’argent dans un rapport de 1 à 13 1/3. Le drachme, le statère et le sicle deviennent les unités de compte de la civilisation helléniques après avoir été des unités de poids.
Athènes ne monétisera l'or que rarement et dans des conditions d'urgence militaire. Vers 406, les sept statues d'or du Parthénon sont monnayées[29], sous forme de Statère et de Tétradrachme avec un ratio 1/12 avec les équivalents en argent. Il faudra attendre 267-265 avant J.-C. pour qu'un second monnayage d'or soit organisé.
En revanche les mines d'argent du Laurion en Attique emploient en permanence entre 20 et 30 000 personnes, principalement des esclaves, ce qui donne une idée de l'importance de la monnaie dans le monde hellénique [30].
Alexandre le Grand, après Philippe II de Macédoine, enrichi par la conquête des mines du Mont Pangée, profite de la révolution monétaire qui permet de rémunérer des mercenaires pour financer de grandes armées qui conquerront toute l’Asie mineure jusqu’en Inde et en Égypte. Pendant tout son périple il identifie les mines d’or et d’argent et monte partout des ateliers de frappe de monnaie. La monnaie est le « nerf de la guerre », dès ses débuts. « Ce n'est pas Philippe mais l'or de Philippe qui prit les villes de Grèce »[31]… et d'ailleurs.
L’expansion de la monnaie métallique dans l’Antiquité
La monnaie métallique gagne sur le modèle grec tout le monde antique, en dépit de certaines résistances comme celle de Sparte qui affichait son mépris pour la monnaie et un adversaire qui l'utilisait (la cité ne viendra à la monnaie qu'à partir du IIIe siècle av. J.‑C.) ou des Phéniciens, peuple pourtant de négociants qui attendront également quelque temps avant d'entrer dans le système.
Elle sera un élément central de la vie économique et politique de deux empires : Rome et la Chine.
Rome
Rome imita la Grèce en matière monétaire comme dans d’autres. Les premières monnaies furent d’argent et de bronze. Auguste utilisera l’or avec l’aureus. La difficulté à laquelle Rome fut confrontée est le manque de sources nouvelles et suffisantes de métal monétaire à l'exception de la montagne espagnole de Las Medulas qui fut proprement détruite dans un effort frénétique pour se fournir des quantités requises par le paiement des mercenaires (le site, conséquence géographique de la passion pour la monnaie, est classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco). Les dépenses militaires furent telles qu’il fallut se résoudre à de nombreuses dévaluations de la monnaie sous forme de changement des titres des pièces en métal précieux. La teneur en argent des pièces fondit littéralement au cours des siècles. Une réforme importante fut entreprise par Dioclétien qui créa une nouvelle unité monétaire : le solidus en or. Il le fit en volant de façon éhontée tout l’or des temples païens qu’il put trouver. Le solidus marqua les esprits et la langue française puisque de lui vient le sol ou le sou.
Les manipulations romaines des monnaies leur ont valu une certaine mauvaise réputation auprès d’auteurs respectueux des canons de l’orthodoxie monétaire, au point que certains y ont vu une des sources de la chute de l’Empire romain. JK Galbraith[32] ironisera sur ces raisonnements idéologiques en notant qu’après tous les romains réussirent à dominer le monde pendant des siècles avec et peut-être grâce à une monnaie fondante.
La Chine
En Chine, on trouve très tôt l’utilisation d’outils métalliques comme intermédiaires dans des échanges (des couteaux et des houes) ainsi que des lingots métalliques, notamment en argent. On ne passe à une véritable monnaie avec tous ses attributs qu’à compter du règne de Qin Shi Huangdi (221-210 av. J.C.), qui non seulement unifia la Chine et créa la grande muraille mais imposa aussi l’usage exclusif de la monnaie ronde à trou carré en cuivre qui survécut jusqu’en 1837. C’était une véritable monnaie: elle servait à payer les troupes et était acceptée pour payer l’impôt. La société l’utilisait sur les marchés sous forme de ligature de Sapèques encore que des formes non monétaires de règlements aient persisté jusqu’aux époques modernes, la forme monétaire connaissant à certaines périodes des éclipses importantes. Il n’y eut jamais assez d’or et d’argent pour frapper des pièces en ces métaux. Mais les gros commerçants restèrent fidèles au lingot d’argent à travers les siècles, la Chine étant une destination de choix pour ce métal.
Les monnaies métalliques au Moyen Âge
L’usage de la monnaie connaît une régression dans l’Europe du Haut Moyen Âge avec les restrictions au commerce et la mise en place presque partout de systèmes féodaux laissant peu de places aux libertés économiques. Les Mérovingiens utilisent la monnaie ancienne et abandonnent même la frappe nouvelle sur le modèle des anciennes pièces à des villes ou des monastères. Les Carolingiens sont moins laxistes et frappent monnaie ainsi que leurs successeurs. En 781, Charlemagne remplace les pièces anciennes par une nouvelle monnaie frappée en argent. L'unité de base reste le denier, mais un nouvel étalon apparaît : la livre qui vaut 240 deniers. Le sou, dont le prestige demeure grand, n'a plus d'existence propre mais devient un multiple du denier. On a ainsi : 1 livre = 20 sous de 12 deniers = 240 deniers.
Ce système monétaire restera en vigueur pendant mille ans. Il permettra une reprise des échanges commerciaux et une première renaissance économique.
En Asie mineure, la monnaie d’or reste en circulation pendant toute la durée de l’Empire d’orient. Le monde musulman, s’inspirant du monnayage parthe (IIIe siècle), met en place un système monétaire trimétallique : le dinar d’or vient du syriaque denarius aureus, pièce d’or pour le nom et du solidus pour le poids. Le dirham est la drachme de l’antiquité et le fels, le follis de la haute époque byzantine. La grande réforme de 696 vit la refonte (au sens propre) totale des premières monnaies et la mise en place peu après de monnaies faisant référence à l’Hégire et au Coran.
Au Moyen Âge, toutes les unités monétaires sont définies partout en référence à leur poids d’or ou d’argent. Sous réserves du contrôle de l’aloi, les monnaies peuvent être changées et substituées partout sur la base de leur poids d’or et d’argent. À partir du IXe siècle, le commerce renait avec des foires de plus en plus importantes. Des villes parviennent à obtenir des franchises et les marchands des latitudes par rapport aux seigneurs, aux princes et au clergé.
Les aléas du bimétallisme de la Renaissance à 1873
La banque naît, d’abord sous la forme de changeur puis rapidement sous celle de banque au sens moderne. Venise, républicaine et indépendante, devient la plateforme monétaire du monde. Son succès est basé principalement sur l’arbitrage entre les cours respectifs de l’or et de l’argent entre Orient et Occident. Elle assèche l’argent existant en Europe provoquant de nombreuses difficultés monétaires et par ricochet favorisant les manipulations monétaires. Les rois de France usent de tous les artifices pour fausser en leur faveur le rapport entre valeur nominale des monnaies et teneur en métal.
L’histoire monétaire devient celle de la production relative de l’or et de l’argent et des conséquences de la variation des taux d’échange entre ces deux métaux (ils varieront entre 1 à 7 et 1 à 12 pendant toute cette période). L'arrivée de l'or des Conquistadors a de profondes conséquences : on estime qu'entre 1450 et 1550, la masse monétaire en Europe (hors Empire ottoman) est multipliée par huit[33]. Mais l'argent reste la monnaie principale en Europe. le bimétallisme est de règle dans l'Union latine.
La découverte massive de l’or du Klondike en 1896, puis de nouvelles techniques d’extraction de l’or qui permettent d’obtenir des rendements accrus en Australie et en Afrique du Sud entrainent une hausse spectaculaire de la production : de 1851 à 1860 on produit la moitié de tout l'or sorti de terre depuis 1500 ans (2 000 tonnes contre 4 000 tonnes[34]).
Cet afflux entrainent de graves difficultés pour le bimétallisme or et argent à partir du milieu du XIXe siècle. L’argent métal finira par être démonétisé, le passage au monométallisme d’or en 1873 aux États-Unis et dans tous les autres pays adeptes du bimétallisme dans les années suivantes, marquant la fin du processus au prix d’une crispation politique d’une rare intensité dans ce pays. Elle durera jusqu’à la guerre de 40, sous la pression des États américains producteurs d’argent.
La courte période de l’étalon-or
Article détaillé : Étalon-or.L’étalon-or exclusif, pratiqué jusque là principalement par le Royaume-Uni, connaîtra une période de vie universelle relativement courte : 40 ans. L’argent reste en circulation comme pièces mais n'est plus étalon de valeur. Il s’agit d’un système international auto régulé qui marche effectivement comme la théorie le veut : quand un pays est en déficit commercial (croissance trop forte de sa consommation par rapport à sa production), il se vide de son or et le crédit se renchérit ; la consommation est poussée vers le bas, la production voit sa rentabilité croitre et l'équilibre peut se rétablir. En sens inverse les économies recevant de l’or voient leur crédit augmenter ainsi que les affaires et les prix. Mais ces ajustements ne vont pas sans grincements et on leur impute la responsabilité des difficultés économiques sérieuses dont ils sont la conséquence[réf. nécessaire]. Il n’y a pas ou peu d’inflation, ce qui permet un financement sain et assure la prospérité des épargnants ; une classe de rentiers peut exister. La révolution industrielle s’épanouit un peu partout en même temps que les banques et les bourses prennent de l’importance. Les crises spécifiques qui les affectent, comme la crise sévère de 1907 aux États-Unis, n’ont pas d’effet sur la valeur respective des monnaies. Le commerce international connaît un immense développement.
La guerre de 1914 signe la mort programmée de l’étalon-or. Contrairement aux illusions, la guerre se révèle longue, couteuse et très nuisible à l'activité économique, donc aux bases fiscales et aux revenus des états. Le crédit international et la planche à billet sont mobilisés : les états belligérants suppriment la convertibilité des monnaies en or et en assurent la collecte auprès des particuliers. L’or quitte les coffres européens pour les pays fournisseurs et notamment les États-Unis, où les autorités fédérales mises en place en 1913 (en particulier la FED) tentent par tout moyen d’éviter que l’afflux d’or ne provoque un excès de création monétaire et d’inflation.
Au sortir de la guerre revenir immédiatement à l’étalon-or signifierait prendre acte de l'appauvrissement colossal des belligérants et l'enrichissement (relatif) des États-Unis et autres pays fournisseurs (Argentine, etc.). Or, si le développement de l'économie américaine suscite un besoin de monnaie qui lui permet aisément d'absorber l'or européen, à l'inverse l'Europe fait face à un grave problème : impossible de rembourser en or les monceaux de dettes accumulés, mais impossible d'annoncer froidement aux épargnants qu'il ne reverront pas leur or (et qu'ils doivent se serrer la ceinture).
En 1922 (accords de Gênes) on met en place un système dit d'Etalon Change-Or (Gold Exchange Standard ou GES) établissant une certaine parité entre les monnaies et l'or. En fait, seuls la livre et le dollar sont réellement convertibles en or. Les autres monnaies ne sont convertibles qu’en dollar ou en livre, et ce sous le contrôle de leur gouvernement respectif. Un tel système permet de faire comme s'il y avait plus d'or en circulation qu'il n'y en a réellement, sur le même principe que celui des réserves fractionnaires des banques (plus de billets que d'argent en dépôt). Des dévaluations explicite (diminution du taux de change) ou implicite (inflation) complètent le tableau, non sans douleur.
Le système de 1922 ne résiste pas très longtemps. La crise de 1929, la seconde guerre mondiale et chaque crise subséquente seront l'occasion de fuir en avant toujours plus loin dans la fiduciarisation de la monnaie. Les recettes sont toujours les mêmes : planche à billet, contrôle des changes, suspension de la convertibilité, dévaluation, retour à la convertibilité et assouplissement du contrôle des changes, avant le cycle suivant.
Dans le système de Bretton Woods, (juillet 1944), seul le dollar reste convertible en or. C'est le Système d'Etalon Change-Or (Gold Exchange Standard), et chaque pays contrôle la convertibilité de sa monnaie en dollar.
Jusqu'en 1971, le système monétaire international est resté mixte (métallique et fiduciaire) puisqu’il était possible d’échanger des billets (dollar) contre de l'or. Le 15 août 1971 la situation financière insupportable des États-Unis (notamment à cause des dépenses de guerre au Vietnam) conduisent le président Nixon à « suspendre » (en réalité mettre fin à) la convertibilité du dollar en or.
En 1976, cent ans après la démonétisation de l’argent, la conférence internationale tenue les 7 et 8 janvier 1976 à Kingston conclue aux accords de la Jamaïque et entérine la disparition de l’or comme étalon monétaire, le cours des différentes devises devenant officiellement flottant.
Le change des monnaies entre elles
Le régime de change des monnaies entre elles dépend du système monétaire international et de la convertibilité des monnaies.
Une monnaie est dite inconvertible quand il est impossible de s’en procurer sur un marché libre. L’autorité monétaire se voit remettre les devises étrangères qu’elle convertit en monnaie locale selon sa règle propre. Elle délivre des devises à ceux qui veulent acheter à l’étranger ou s’y déplacer en fonction des disponibilités après que l’État s'est couvert de ses besoins. Un très grand nombre de monnaies sont aujourd’hui inconvertibles. Ce système est un frein majeur au commerce international. Lors de crises sérieuses une monnaie convertible peut cesser de le devenir temporairement. En France, le contrôle des changes a été rétabli temporairement pour la dernière fois par le gouvernement Mauroy, sous la présidence de François Mitterrand, après la mise en place du Programme commun de gouvernement et la fuite de capitaux qu’il a provoquée.
Le système monétaire international définit le régime des changes que les grands pays sont décidés à mettre en œuvre entre eux. Après l’échec successif du Gold Standard après la guerre de 1914, puis du premier Gold exchange standard mis en place à Athènes en 1922, puis finalement du Gold Exchange standard institué par les accords de Bretton-Woods en 1944, les accords de la Jamaïque en 1976 ont défini un système de flottement généralisé des monnaies.
Le cours des monnaies s’établit sur un marché particulier où les États, les banques, les entreprises et les particuliers peuvent intervenir. Sur l'organisation et l'évolution du marché des changes depuis 1973, voir notamment : Forex et Dollar américain.
Cette organisation de change est une nouveauté qui pose de nombreuses difficultés théoriques et pratiques.
Le dollar est en fait la monnaie principale. Son cours a fait le yoyo depuis 1971, s’effondrant dans un premier temps, puis revenant à des sommets à partir de 1997 avant de retomber très bas en 2002. Ces variations qui vont du simple au double sont néfastes au commerce et provoquent de la part des industriels des critiques vives dès que leur monnaie devient forte. Elles posent de graves difficultés aux « petites monnaies », qui peuvent perdre beaucoup de valeur et contraindre les autorités financières locales à monter très haut les taux d’intérêt pour éviter une chute catastrophique. Les petits pays cherchent à échapper à cette difficulté en utilisant différentes solutions comme la caisse d'émission, la dollarisation, les systèmes de monnaies pivots (peg), avec des résultats mitigés.
L’histoire récente des changes flottants est marquée par une suite de crises financières et économiques :
- crise dite du « premier choc pétrolier » de 1973-1974 ;
- crise des dettes souveraines de 1981-1985 (à la suite de prêts massifs au tiers monde en recyclage des pétrodollars générés par la hausse massive des cours du pétrole) ;
- crise des Savings and Loans banks et des « obligations pourries » aux États-Unis à la fin des années 1980 ;
- crise de 1991-1993, première récession depuis la Seconde Guerre mondiale ;
- crise économique du Mexique de 1994-1995, dite aussi crise Tequila ;
- crise de 1998 dite « des pays émergents » ;
- crise de 2000-2001 dite « bulle internet » avec une chute boursière impressionnante (en France le CAC passe de près de 8000 à 2700) ;
- crise depuis 2007, dite des subprimes.
La création de l’euro, c’est-à-dire d’une monnaie réellement transnationale gérée par une banque centrale indépendante des États, marque aussi une étape importante de l’évolution des régimes de changes. Pour les Européens cela signifie que leur monnaie n’a plus de caractère symbolique national, n’est plus gérée par leur gouvernement et permet de réaliser librement toutes opérations financières sans risque de change dans la zone monétaire de l’euro dite « Euroland ». Dix-sept pays sont dans l'Euroland au 1er janvier 2011.
Le refus de la Constitution européenne qui proposait de constitutionnaliser la monnaie européenne et ses institutions et les tentatives pour surmonter cet échec montrent l’importance de la monnaie comme thème politique.
Théories économiques
La pensée sur la monnaie traduit depuis toujours les oscillations de la pensée économique entre une approche théorique, neutre, conforme aux exigences de l’approche scientifique, quantifiée et cherchant à isoler des objets précisément et clairement définis, et permettant de définir des lois vérifiables, et des soucis doctrinaux largement liés aux intérêts des acteurs économiques, faisant intervenir des considérations éthiques, politiques et sociales, affirmant des attitudes et imposant des jugements et des politiques.
Comme toute science, la théorie économique cherche à établir des liens entre les grandeurs qu’elle définit :
- Monnaie et prix (inflation et déflation)
- C’est la théorie la plus ancienne, la plus débattue, la plus perfectionnée et la plus modélisée, sous le nom de théorie quantitative de la monnaie et des prix.
- Monnaie et croissance
- Monnaie et cycles économiques
- Monnaie et salaires
- Monnaie et formation de capital
- Monnaie, change et taux d’intérêt
Les balbutiements
« Les premières réponses constituaient des vues doctrinales, des règles juridiques, des préceptes moraux et des recettes politiques » (Alain Barrère, Histoire de la pensée économique). Le normatif l’emporte le plus souvent sur l’analyse.
Aristote d'abord dans La Politique, puis dans l'Éthique à Nicomaque propose une vision fonctionnaliste de la monnaie, mais également philosophique et morale. La poursuite du gain d’argent pour lui-même, la chrématistique, est néfaste. Dans l’échange monétaire, l’important ce n’est pas la monnaie. La monnaie est en elle-même stérile.
Caton et Varron, assez représentatifs de la mentalité romaine, placent l’agriculture au-dessus du commerce et condamnent le prêt à intérêt, donc le commerce de l’argent, même si dans la pratique (non théorisée), les monetarii font le commerce de l’argent et pratiquent le prêt à intérêt, en même temps que les autorités manipulent les monnaies.
Les canonistes médiévaux posent la question du bien commun, notamment à travers les travaux de saint Thomas d'Aquin et de ses réflexions sur la nécessité de la propriété privée, essentielle à l’apparition d’un droit monétaire individualiste, et de la recherche du juste prix dans les échanges. Ils se rangent aux conceptions d’Aristote sur la stérilité de la monnaie et interdisent conformément au dogme théologique le prêt à intérêt, interdiction qui entre dans le droit civil pour des siècles. La possibilité de la monnaie d’aider la spéculation, déjà entrevue et condamnée par Aristote, génère une méfiance séculaire, source de nombreuses interdictions. Le prêt à intérêt ne sera pratiqué pendant longtemps que par les Syriaques (chrétiens d’orient) et plus tard par les Juifs.
Nicolas Oresme, évêque de Lisieux, précepteur et conseiller de Charles V, publie en 1366 « de origine natura, jure et mutationibus monétarum » qui est le premier texte de politique monétaire destiné au Prince. Il explique le rôle de la monnaie et l’amoralité de ses altérations. Il donne une première analyse des conditions de fonctionnement d’un système bimétallique.
Le mercantilisme et la monnaie
Les conceptions mercantilistes dominent de 1450 à 1750. Contemporaines de l’émergence des grands États modernes, de la réforme religieuse, d’une montée des échanges et de la production, de la découverte des Amériques et des Indes, d’un gonflement de la richesse mobilière plus rapide que celui de la richesse liée à l’exploitation de la terre, elles posent la question de la richesse du Prince donc de celle de la nation.
Avec l’abondance des métaux précieux en provenance des mines d’Amérique du Sud se posent de nombreuses questions comme la relation entre cette abondance et la hausse des prix très forte que l’on constate partout en Europe, le bien fondé des politiques commerciales qui laissent s’échapper le métal à l’étranger et donc la question de l’accumulation ou de la circulation des espèces. Ces réalités conduisent à une intense réflexion sur le rôle des monnaies et la législation qui s’impose aux échanges monétaires.
Des thèses font valoir que le marchand est puissant parce que riche d’espèces monétaires et que la puissance du prince est d’accumuler également les signes monétaires pour financer ses ambitions. D’autres soulignent qu’il s’agit d’une illusion, l’illusion chrysohédonique, et que la vraie richesse est ailleurs.
Au XVIe siècle, Copernic donne la première formulation de la théorie quantitative de la monnaie : « la monnaie se déprécie quand elle devient trop abondante », qui sera reprise par l'École de Salamanque et développée par Jean Bodin, qui publie en 1568 « Réponse à M. de Malestroit » puis au XVIIe siècle par John Locke et David Hume. Thomas Gresham donne son nom à une loi qui restera célèbre : l’abondance monétaire artificielle créée par des altérations politiques est une illusion car la « mauvaise monnaie chasse la bonne ». En fait c'est Copernic qui l'avait formulée d'une façon explicite un siècle plus tôt : « Une plus grande faute, consiste à introduire à côté d'une ancienne bonne monnaie, une nouvelle monnaie mauvaise, car, non seulement celle-ci déprécie l'ancienne, mais, pour ainsi dire, elle la chasse. »[35]
L’activité manufacturière considérée dans un premier temps comme le moyen d’accumuler de la monnaie, par un renversement de point de vue remarquable, devient un objectif per se, la monnaie abondante et peu chère en étant le moyen. Ces conceptions triomphent notamment en Angleterre et dans ses colonies à la fin du XVIe siècle et au début du suivant. Elles peuvent se résumer par cette règle : l’abondance de la monnaie et un taux convenable d’intérêt sont deux facteurs du développement de l’activité. Ce sont ces conceptions qui conduiront à la constitution de banque d’émission des billets comme complément et finalement substitut des monnaies métalliques.
Mais pendant toute la période des idées contraires sont proposées : Antoine de Montchrestien (1576-1621) publie en 1615 son « traité d’économie politique », imposant le nom de la nouvelle discipline, qui défend le nationalisme économique, les restrictions au commerce et exprime une grande méfiance vis-à-vis de l’excès de monnaie qui hausse les prix et déséquilibre les échanges extérieurs. Il souligne la nécessité d’une intervention forte de l’État.
Les débuts de la science économique et la formation d’une doctrine monétaire orthodoxe
Alors que le mercantilisme et notamment le bullionisme voyaient dans la monnaie l’essence même de la richesse, les physiocrates et leurs successeurs jusqu'à la fin du XIXe siècle mettent l’accent sur sa fonction de moyen d’échange et réservent la dénomination de « richesses » aux seuls biens réels.
François Quesnay, Richard Cantillon, Turgot, Adam Smith, Jean-Baptiste Say, David Ricardo, John Stuart Mill… les grands auteurs de la science économique de l’époque, s’accordent sur les positions suivantes :
- La seule vraie monnaie est la monnaie métallique. Les billets de banques et les dépôts ne sont pas de la monnaie, mais des substituts ou des dérivés, Irving Fisher dira des « succédanés ».
- La création monétaire a pour effet d’une part d’altérer le niveau général des prix, et d’autre part de transférer des richesses vers ceux qui reçoivent cette monnaie au détriment de tous les autres (effet Cantillon), ce qui n’est pas souhaitable.
La théorie quantitative de la monnaie de Jean Bodin étendue par David Ricardo devient officielle et la seule enseignée. Karl Marx aussi abonde dans ce sens en déclarant que la monnaie est un leurre qui cache la réalité des phénomènes de domination.
Ces positions ont été interprétées par certains commentateurs du XXe siècle comme un désintérêt pour les questions monétaires, qui auraient été éliminées du courant principal des réflexions, alors qu’en réalité tous les auteurs ci-dessus leur consacrent plusieurs chapitres de leurs ouvrages. Ces mêmes commentateurs prêtent aussi aux auteurs du XIXe siècle l’idée que la monnaie serait « neutre », alors qu’au contraire ils analysent en détail, pour les dénoncer, les effets des variations de la masse monétaire. Ce n’est que chez Walras que la monnaie disparaît complètement du raisonnement économique.
Cette doctrine atteint son apogée entre 1873 et 1913 avec la généralisation de l’étalon-or partout en Occident et l’achèvement du mouvement d’établissement des banques centrales avec la création du système de réserve fédéral américain en 1913.
Avant que la guerre de 1914 puis la crise de 1929 remettent en cause cette orthodoxie, divers auteurs en contestent l’essentiel. Par exemple, selon Malthus une hausse de la circulation monétaire est favorable à l’activité et à l’emploi.
Clément Juglar (1862) met en évidence un cycle économique qu'il explique par le dérèglement du crédit.
La démonétisation de l’argent au profit exclusif de l'or conduit à de très nombreuses protestations politiques ou théoriques fondées essentiellement sur l’affirmation que la réduction de la quantité de monnaie est néfaste aux affaires. L’abondance monétaire est mieux assurée avec deux métaux. Milton Friedman, bien plus tard, donnera sa caution à cette thèse dans son livre « Money mischief ».
Les nominalistes contestent que la monnaie ne puisse être que métallique et que sa valeur soit intrinsèque. Marcel Mongin en 1887 affirme que la monnaie est un « bon d’achat », en terme moderne une créance sur l’économie et qu’elle peut s’exercer par tout support ad hoc bien géré. F. Knapp établit que la monnaie ne se manifeste pas seulement par sa Wert (pouvoir d’achat), mais aussi par sa Geltung (pouvoir libérateur à l’égard des dettes contractées précédemment) ; pour lui c’est l’État qui fixe la Geltung et le marché la Wert.
Joseph Schumpeter en 1911 dans « théorie de l’évolution économique » met en avant le rôle des entrepreneurs et signale que l’expansion du crédit, donc de la monnaie, est indispensable à l’investissement donc à l’activité et la croissance. La monnaie cesse d’être neutre et devient une condition de l’expansion économique.
Knut Wicksell observe pour sa part qu'à la fin du XIXe siècle les prix restaient déprimés alors que les taux d’intérêt étaient très bas. Il démontre la contradiction entre la loi des débouchés de Say, et la théorie quantitative de la monnaie (formulée par Irving Fisher) à laquelle il s'oppose. Il fait apparaître des notions nouvelles comme les contradictions possibles entre le marché des biens de consommations et celui des biens de production et les effets cumulatifs, un trouble initial pouvant prend une ampleur cumulative et s’aggraver de façon accélérée.
Bertrand Nogaro constate que le prix des métaux dépend du fait qu’ils sont ou non monétisés. Donc la valeur de la monnaie n’est pas liée à une valeur intrinsèque du métal. La démonétisation de l’argent, contemporaine de ses écrits, lui en donne une ample confirmation. La monnaie n’est pas « une marchandise ordinaire ». En même temps il prouve que la hausse des prix en cas d’abondance monétaire n’est ni générale, ni uniforme, ni inconditionnelle.
Les troubles monétaires après la guerre de 1914 et la montée du keynésianisme
La première guerre mondiale et industrielle avec ses énormes prélèvements en hommes et en richesses en même temps que la déstabilisation totale des relations économiques internationales qu’elle provoque, va signer l’échec des pratiques issues des doctrines dominantes avant guerre et provoquer un renouvellement complet de la pensée monétaire. La main passe aux partisans de l’activisme monétaire et au delà de l'interventionnisme des États.
Les États après guerre ne parviennent pas à rétablir l’étalon-or et doivent faire face à des crises multiples (hyperinflation en Autriche et en Allemagne), récession de 1921 aux États-Unis et dans une grande partie du monde, en même temps que des guerres et des révolutions continuent un peu partout. La conférence d’Athènes au début des années 1920 met en place un système de Gold Exchange, qui fonctionne mal. La tentative de restauration de la monnaie anglaise sur des bases surévaluées provoque une récession. On parle encore « d’assainissement » des diverses monnaies quand la crise de 1929 survient et prouve l’incapacité des banques centrales à éviter la récession. Pour certains [36] elles ont même eu une certaine propension à l’aggraver.
Sur les ruines du modèle prévalent en 1900 s’installe une nouvelle orthodoxie autour de l’œuvre majeure de John Maynard Keynes : « théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie » publiée en 1936, trop tard pour être d’un intérêt pratique pour sortir de la dépression, mais dont la propagation rapide en fera le guide des politiques économiques d’après guerre. Keynes fait valoir que la loi de Say (pour simplifier : l’offre fournit les moyens de sa propre demande) est fausse et qu’on peut aboutir à des situations de chômage par insuffisance de la demande globale. L’action par les taux d’intérêt pour ranimer la conjoncture est inefficace et il faut une politique macro économique conduite par les gouvernements pour assurer le plein emploi.
Ces idées devenues dominantes à travers le monde conduiront à une extension ininterrompue et massive de la place de l’État dans l’économie et à une hausse corrélative des impôts, de la dépense publique et de la dette publique. En France, par exemple, en 2006, la dépense publique est supérieure à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand[37]. Ce mouvement général dans les économies développées suscitera une réaction conservatrice.
Les changes flottants et la domination des idées de Friedman
La période de croissance continue et d’inflation modérée appelées «les trente glorieuses » construite sur les idées keynésiennes s’arrête après la crise mondiale de 1973-1974, la plus dure depuis la guerre, et la période de stagnation et d’inflation, appelée stagflation, qui s’en suit pendant une dizaine d'années. L’échec de toutes les « relances keynésiennes » dans les années 1970 conduit à un retour en grâce des thèses monétaristes sur la base des travaux de l’école autrichienne, très influencée par l’hyperinflation autrichienne qui a suivi la fin de la guerre de 1914 et qui précédera celle de l’Allemagne. Elles cherchent à montrer que l’État en matière monétaire ne sait guère faire mieux que provoquer des crises.
Carl Menger reconnaît le rôle central de la monnaie et décrit son invention comme celle d'un ordre spontané. Les différents moyens d'échange primitifs ont été progressivement supplantés par ceux qui étaient les plus durables, les plus commodes à utiliser et dont la valeur était la plus pérenne à cause de leur rareté, c'est-à-dire les métaux précieux. Toutes les fonctions de la monnaie sont des aspects ou des conséquences de sa fonction de moyen d'échange. Cette attitude cohérente avec celle des classiques est développée par les économistes de la tradition autrichienne, dont Ludwig von Mises qui voit dans la création excessive de monnaie et de crédit par l'État l'origine unique des crises économiques.
Ils sont relayés par les écrits éloquents de Milton Friedman et des économistes de l’école de Chicago. Ils dénoncent comme illusoires les politiques de relance monétaire et intenables les changes fixes.
Ces conceptions ont conforté le système de changes flottants qui s’est instauré de facto depuis l’explosion du système de Bretton-Woods en 1971 et les politiques libérales de dérégulation financières et monétaires qui ont été largement mises en place ultérieurement, en dépit de protestations théoriques vives comme celle du Français Maurice Allais qui critique les changes flottants et les risques d’une nouvelle crise globale de crédit : « Ce qui doit arriver arrive », écrit-il.
Les incertitudes actuelles
La crise bancaire et monétaire qui se développe depuis l’été 2007 est traitée par des moyens monétaires (l’injection massive de liquidité) et macro économiques (déficit record, plan de relance d’investissement, distribution de pouvoir d’achat par baisses fiscales) qui font l’impasse sur les thèses de Milton Friedman et remettent les thèses de Keynes au premier plan.
Dans un contexte de changes flottants, de mondialisation quasi-totale des échanges et de perfectionnement des produits financiers, la théorie monétaire, largement émiettée, ne permet pas de préjuger de leur validité.
Les grandes querelles politiques autour de la monnaie
La querelle entre banking principle et currency principle
La question est : quelles sont les règles à appliquer à l’émission des billets de banque ? La querelle se produit en Angleterre, d'abord en 1810 quand la banque d'Angleterre suspend la convertibilité en métal de ses billets, puis dans les années 1840 à la suite d’une crise bancaire qui a vu la faillite de plusieurs banques, puis encore, aux États-Unis, dans les années 1870 à propos des greenbacks (Demand Note et United States Note).
Le currency principle dispose que les billets remplacent les monnaies métalliques 1 pour 1. Tout billet émis peut donc être converti sans aucune difficulté ce qui assiéra la confiance et permettra de bénéficier des avantages du billet sans les risques d’insolvabilité des banques que l’on constate.
Le banking principle considère que l’émission des billets doit être ajustée au besoin de l’économie qui, si elle est contrainte par le faible accroissement des ressources en métal, ne sera pas optimale. Selon cette doctrine, le fait que le public a toujours la faculté d'exiger le remboursement en or des billets suffit à en garantir la valeur, pourvu toutefois que les actifs de la banque, non seulement en or, mais aussi sous n'importe quelle autre forme (doctrine des effets réels) restent suffisants.
La loi de 1844, le Banking Act, tranche la querelle au profit du currency principle, du moins en théorie puisqu'en pratique à chaque crise des mesures d'exceptions seront adoptées.
La démonétisation de l'or et de l'argent a rendu cette querelle très inactuelle, elle subsiste néanmoins sous la forme de la question de la garantie des dépôts et du niveau de réserve (en monnaie banque centrale) qu'on exige des banques.
La querelle autour de la démonétisation de l’argent métal
L’argent métal est démonétisé aux États-Unis en 1873, dans le cadre d’un mouvement international qui verra la fin du bimétallisme au profit de l’étalon-or. La question agite fortement la vie politique américaine au point qu’un « parti de l’argent » est constitué qui aura un rôle dans toutes les élections présidentielles et législatives de la fin du XIXe siècle appuyé par les états producteurs de ce métal.
La querelle durera jusque dans les années trente où Roosevelt remonétise partiellement l’argent, provoquant une raréfaction en Asie qui mettra en difficulté le régime chinois de Tchang Kai Check et favorisera involontairement la révolution communiste [38].
Milton Friedman [39] donnera raison rétrospectivement aux partisans du bimétallisme en montrant que la raréfaction de monnaie due à la disparition de l’argent monétaire explique pour une partie importante la récession qui a suivi.
La querelle américaine autour de la création d’une banque centrale
Les questions monétaires ont toujours agité les États-Unis. Après l’épisode d’hyperinflation des billets du Congrès on ressent le besoin d’une émission monétaire un peu mieux contrôlée. Une banque des États-Unis est créée en 1791 par Alexander Hamilton, dont la charte est temporaire 20 ans[40]. Elle ouvre huit succursales, sert de dépôt pour les fonds de l'État, assure les transferts d'un bout à l'autre des États-Unis et joue le rôle de payeur général des dépenses publiques. Elle émet des billets convertibles en or ou en argent. Ces billets ne perdirent pas de leur valeur et « connurent l'estime générale[38]. »
La Constitution américaine définit strictement la monnaie et donne au Congrès (Sénat et Chambre des représentants réunis) la responsabilité des questions monétaires. Une grande querelle politique s’installe lorsqu’il s’agit de renouveler ou non la franchise de la banque. Menée par Thomas Jefferson, l'opposition au renouvellement gagne. Une seconde Banque des États-Unis voit le jour peu de temps après. Cette fois là c'est le Président Andrew Jackson qui l'étouffera.
L'idée d'une banque centrale s'effacera pour longtemps (80 ans).
L'avis de Jefferson était sans nuance : « J'ai toujours été l'ennemi des banques : non de celles qui acceptent des dépôts mais bien de celles qui vous refilent leurs billets de papier, écartant ainsi les honnêtes espèces de la circulation. Mon zèle contre ces institutions était tel qu'à l'ouverture de la Banque des États-Unis je m'amusais comme un fou des contorsions de ces bateleurs de banquiers cherchant à arracher au public la matière de leur jongleries financières et de leurs gains stériles. »[41]
Les banques se développeront à un rythme échevelé, surtout dans la seconde partie du XIXe siècle. Par exemple la Wells Fargo ouvre 3 500 succursales entre 1871 et 1900. Les Westerns rendent compte de cette frénésie bancaire en montrant que dans tout village qui se crée se monte aussitôt un relais de diligence, un saloon et…une banque. Il est vrai que les colons qui accèdent à un lopin de terre n'ont pas de ressources. La banque les leurs fournit, avec la terre comme garantie et les résultats d'exploitation comme source de remboursement. Il faudra attendre la crise de 1907 qui verra de nombreuses faillites de banques pour que l’idée d’une banque centrale assurant la fonction de « prêteur de dernier ressort » prenne corps à nouveau[42].
Mais les préventions sont telles qu’on lui donne un nom neutre (Système Fédéral de Réserve, dit familièrement FED) et on crée dans plusieurs régions (states) un établissement similaire avec de larges pouvoirs. Ce n’est que bien après le déclenchement de la crise de 1929 et la faillite de plus de 9000 banques que la FED obtient de Roosevelt en 1935 tous les pouvoirs d’une véritable banque centrale (1929 : 659 faillites de banque, 1930 : 1352, 1931 : 2294 ; fin 1933, près de la moitié des banques avaient disparu car 4004 banques firent faillites cette année-là). Mais ce n'est pas à la FED que l'on doit l'arrêt des faillites bancaires mais à la Société Fédérale D'assurances des dépôts qui offrit une garantie d'État aux déposants. En 1934, 62 banques cessèrent leur paiement. La crise bancaire était terminée.
Note : Cette situation se répétera en 2008 où après la crise de confiance suivant la chute des bourses et la faillite de Lehman Brothers, ce sont les États qui déclarèrent garantir les déposants pas les banques centrales.
La querelle de l’Euro
Le projet entièrement nouveau historiquement de créer une zone monétaire unifiée plurinationale en Europe a été une source de tensions politiques extrêmement fortes qui ont fait naître de très fortes divisions au sein des partis de gouvernement dans tous les pays concernés.
Les souverainistes ont expliqué que la monnaie était un attribut fondamental de la nation qui ne pouvait être transféré et que l’abandon de la souveraineté monétaire signifiait l’abandon de la souveraineté tout court.
L'extrême-gauche fit campagne pour dénoncer le projet d’euro comme une concession au « néolibéralisme » et privait l’État de toute politique monétaire rejoignant curieusement les affirmations d’une de leur bête noire, Milton Friedman, qui répond dans le n°53 de Géopolitique au printemps 96 à la question « Croyez-vous à la possibilité d’une monnaie unique en Europe » par ces mots : « Pas de mon vivant en tout cas. Pas plus en 97 qu’en 99 ou en 2002 ! »
Les désordres monétaires en cours auraient plutôt conforté le désir de rejoindre une zone monétaire large comme celle l'Euro que celui d'en quitter la protection. Les difficultés extrêmes que connait l'Islande portent à réfléchir des pays comme la Hongrie ou certains pays baltes qui ont dû pousser leur taux d'intérêt très haut au détriment de leur économie pour éviter le naufrage de leur monnaie. Éviter le retour de situations de ce genre pèserait nécessairement sur le débat pour l'adoption de l'Euro par la Hongrie. La situation est la même notamment au Danemark et en Pologne.
Toutefois, certains économistes pourtant partisans de l'Euro comme Thomas Piketty critiquent sa gestion par la BCE et préconisent à celle-ci de prêter aux États à des taux d'intérêts nuls ou faibles afin qu'ils puissent rembourser les intérêts de la dette[43].Les grandes crises monétaires
Une crise est spécifiquement monétaire lorsque l’épargne conservée en monnaie perd tout ou partie de sa valeur soit à la suite de la disparition des dépôts ou des titres de placements monétaires, soit parce que la valeur nominale de l’unité monétaire perd massivement de son pouvoir d’achat.
Lorsque la monnaie était métallique, ce genre de crise était possible en cas d'afflux massif de métal précieux sans contrepartie économique, suite à une expédition militaire particulièrement réussie (cas de l'Espagne suite à la conquête de l'Amérique) ou, plus rarement, suite à un boom minier. Inversement il pouvait se produire une raréfaction du métal pour la raison symétrique (paiement d'un énorme tribut, pillage) ou suite à une crise de confiance induisant une thésaurisation de précaution massive.
Aujourd’hui les crises ne sont plus physiques. Cependant l'utilisation excessive de la planche à billets par un ou plusieurs états et l'augmentation correspondante de la masse monétire en circulation peut aboutir à un résultat similaire. Quoi qu'il en soit, les crises prennent essentiellement la forme d’une perte massive de confiance.
On en distingue plusieurs types :
La panique bancaire
Les déposants se ruent à leur banque pour retirer leurs dépôts, récupérer physiquement leur monnaie sous une forme sûre (selon le cas, monnaie métallique ou monnaie légale). Si la banque fonctionnait selon le currency principe (Cf supra), rien ne se passerait. Mais si la banque fonctionne selon le banking principe (comme c'est le cas de nos jours), elle a prêté à d'autres l'argent mis en dépôt chez elle (obtenant en échange des bien dont la valeur est supérieure, mais moins disponibles) et elle est incapable de rembourser à vue : c'est la faillite assurée. Sauf intervention d'un sauveteur.
Dans une situation normale, de par les revenus qu'ils procureront, les prêts consentis par la banque (avec les dépôts qu'il s'agit de rembourser) ont une valeur supérieure à ces dépôts. Ils peuvent attirer un acheteur de la banque (qui est sauvée en échange de son indépendance) : une autre banque plus grosse, un assureur, voire un état (nationalisation). Ils peuvent aussi servir de garantie à un prêt (même type d'intervenants, plus la banque centrale dont les ressources sont sans limite puisqu'elle dispose de la planche à billet, les billets émis à cette occasion pouvant être détruit dès le prêt remboursé).
Si une opération de sauvetage n'a pas lieu (par exemple le portefeuille de prêts n'est pas, ou ne semble pas, de valeur suffisante pour attirer un acheteur ou un préteur), la banque fait faillite. Comme selon toute probabilité la banque a elle-même des dettes chez d'autres banques, celles-ci sont fragilisées et peuvent à leur tour devenir victimes d'une panique, éventuellement avec un effet boule de neige capable de dévaster entièrement le système bancaire d'un pays en quelques mois. C'est une des composantes du « risque systémique. » Une telle éventualité est trop grave pour être prise à la légère par les états.
La panique est consubstantielle à l'application du banking principle, c'est-à-dire à la possibilité de convertir les dépôts (à court terme et disponible immédiatement, mais qui ne rapportent rien et suscitent des frais de stockage) en valeurs mobilières (source de revenu mais risquée et bloquée pour un temps plus ou moins long). Il s’en produit encore de nos jours (exemple de la banque Northern Rock au Royaume Uni). Mais avec le temps les exigences en termes de réserve ont baissé, ce qui rend à la fois plus probables et plus graves les phénomènes de paniques.
La réduction des exigences concernant les réserves en fonds propres fait système avec la garantie des dépôts par les états (au moins pour un montant maximum connu à l'avance) : cette garantie réduit les risques de panique (si l'éventuelle faillite de la banque n'a pas d'effet sur les avoirs des déposants, il n'est pas nécessaire de courir retirer ses fonds), et inversement elle rend possible une réduction des fonds propres (puisque la panique n'a pas de raison de se produire, il n'est pas nécessaire de prévoir les moyens d'y faire face).
L'hyperinflation
L'hyperinflation est une situation où les prix montent à très grande vitesse et la spirale s’achève quand la monnaie ne vaut plus rien. En fin de scénario les billets peuvent atteindre des montants vertigineux se comptant en dizaines ou centaines de milliards.
Au XVIIIe siècle, les assignats en France au début de la Révolution, et les billets de la Convention aux États-Unis pendant la révolution furent des hyperinflations. Au XXe siècle, on connut l’hyperinflation autrichienne suivie de l’hyperinflation allemande au début des années 1920. Au XXIe siècle, on connut l'hyperinflation au Zimbabwe jusqu'à mi-2009.
La rupture du système de change
L’exemple le plus récent est l’explosion du système de caisse d'émission monétaire (currency board) argentin au début des années 2000. Le système assurait une parité entre le Peso et le Dollar. Il avait permis de restaurer la convertibilité de la monnaie, la stabilisation des prix, l’investissement étranger et une forte croissance initiale. Mais la forte remontée du dollar allait provoquer la crise des pays émergents (voir crise asiatique) et mettre à mal les monnaies les plus fragiles.
Le Réal brésilien est dévalué fortement fin 1999, alors qu’il s’agit du pays qui a les plus grosses relations économiques avec l’Argentine. Le pays est engagé dans une déflation douloureuse et confronté à un assèchement de liquidité. Certaine provinces argentines produisent des monnaies de substitution (comme l'argentino) en même temps que les dollars fuient le pays ou surtout n'y entrent plus.
Les comptes des argentins sont bloqués dans un « corralito » puis autoritairement dévalués. Les comptes en dollars sont convertis de force en comptes en pesos avec une forte décote. Les épargnants perdent une part très importante de leurs avoirs ainsi que les investisseurs étrangers.
La rupture du marché interbancaire : cas des CDO (Collateralised Debt Obligation)
Les CDO sont des dettes en général immobilières du marché américain qui ont été rassemblées puis transformées en titres, découpées en mini blocs notés par les agences de notation et vendus aux enchères sur le marché de gré à gré des produits quasi liquides. Elles ont été intégrées en masse dans les placements monétaires « dynamiques » par des intermédiaires financiers qui ont ainsi dopé un temps le rendement de la trésorerie de particuliers comme d’entreprises. En juillet 2007 ces titres se sont révélés invendables et ont perdu l’essentiel de leur valeur provoquant des pertes directes et massives de trésorerie et bloquant le marché interbancaire.
La panique bancaire américaine de 1907 offre également un exemple de rupture majeure du marché interbancaire.
Gravité des crises monétaires
Quelle qu’en soit la forme, les crises monétaires sont les plus graves car elles provoquent un collapsus général et immédiat de pans entiers de l’économie.
En Argentine, la perte de l’épargne monétaire entraînera une récession catastrophique avec un recul du PIB de 46.1% en 2002 et une très forte montée de la pauvreté.
Au Zimbabwe, il n’y a pratiquement plus d’économie. Le journal Le Monde du quatre décembre 2008 indique : « L'inflation atteint officiellement 231 millions pour cent. L'eau vient d'être coupée à Harare. Une épidémie de choléra touche 9 provinces sur 10 ». 11071 cas de choléra ont coûté la vie à 425 personnes. « Des groupes de soldats se sont attaqués à des changeurs ». L'armée, non payée, commence à piller les magasins. De tels évènements démontrent à quel point la monnaie est symptomatique d'un régime et démontrent les dégâts éventuellement mortels de l'absence de monnaie saine.
En Autriche et en Allemagne le traumatisme de la première moitié du XXe siècle sera tel que la BUBA, la banque centrale allemande, aura toujours par la suite une politique extrêmement conservatrice, fuira tout risque d’inflation au point de faire échouer les accords de Bretton Woods en 1971 pour éviter les conséquences d’une arrivée inflationniste de dollars, et finalement imposera cet état d’esprit lors de la création de la Banque Centrale Européenne (BCE) dont la mission essentielle est de lutter contre l'inflation.
L’un des désagréments de la crise économique mondiale débutée en 2007 est qu’elle est très largement monétaire donc sévère.
Amateurs et contempteurs de la monnaie
Les amateurs
La fonction d'échange que permet les monnaies est le seul garant de la paix dans le monde[44] et la fin de la monnaie fiduciaire conventionnelle, que l'on entend par pièces ou billets, pourrait être la cause de nouveaux conflits sociaux sans précédents[45]. Un retour à la valeur refuge des monnaies métalliques telles que l'or et de l'argent apparait dans ce cadre inéluctable.
Les numismates
Les numismates collectionnent et étudient les formes circulantes de la monnaie (pièces et billets). La recherche numismatique a permis de comprendre l’émergence des monnaies, leur diffusion, leur technique de production, leur manipulation. Même si l’aspect artistique et le goût de la collection priment, il ne faut pas négliger la contribution de la numismatique à l’histoire économique. L'investissement en pièces d'or est aussi un acte de précaution contre la dévaluation des monnaies et le risque de défaillance bancaire généralisée.
Les historiens
L’étude de la monnaie permet aux historiens et aux archéologues de dater des sites, d'identifier la succession des régimes, et de dimensionner les flux économiques du passé, tout en clarifiant les sphères d’influence.
Les faux-monnayeurs
Article détaillé : Faux-monnayage.Le faux-monnayage a commencé dès la création de la monnaie. La première fraude connue à ce jour, repérée en Lydie, fut pratiquement contemporaine de la création de la monnaie métallique.
Il a longtemps été sanctionné par la peine capitale. Partout, encore de nos jours, la sanction du faux monnayage reste très élevée dans l’échelle des peines, proche de celle encouru pour un meurtre. Certains billets qui portèrent un temps la promesse d’un remboursement finirent par n’afficher que les sanctions encourues en cas de faux monnayage.
Le développement des techniques de numérisation et d’impression couleur ont créé un risque nouveau qui a obligé les banques centrales à mettre en œuvre des techniques de plus en plus complexes pour contrer les tentations offertes par la facilité de la photocopie des billets. Le passage à l’Euro a permis en Europe de supprimer des coupures qui étaient devenues trop faciles à imiter. La généralisation chez les commerçants de dispositifs permettant de détecter les faux billets traduit la montée du faux monnayage.
Certaines théories militaires ont laissé penser qu’en s’attaquant à la monnaie d’un pays on pouvait durablement porter atteinte à ses fondements. On a prêté cette intention aux Nazis puis à l’Union Soviétique vis-à-vis du dollar. Cette fantaisie a nourri une abondante littérature mais l’histoire ne rend pas compte de tentatives qui aient eu ne serait-ce que le début d’un effet. En revanche, on cite abondamment les propos de Keynes ou de Lénine expliquant que le meilleur moyen de créer les conditions d’une révolution était de pervertir la monnaie.
Les contempteurs de la monnaie
Les condamnations morales et religieuses
Les religions en général mettent l'accent sur le domaine spirituel et condamnent l'excès d'importance accordé au monde matériel, voire le monde matériel dans son ensemble. La monnaie, en tant que symbole et incarnation de la richesse, supporte le poids de cette réprobation, sans que son utilité ne soit remise en cause (aucune religion importante ne préconise un retour au troc, ni ne réprouve l'échange y compris sous forme d'achat).
Cependant, sans condamner la monnaie elle-même, le christianisme condamne la richesse qui deviendrait sa propre fin, et valorise la pauvreté. On le voit dans certains passage de la Bible comme lorsque Jésus dit à ses fidèles « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Mammon étant l'incarnation du péché d'avarice, ou plus généralement de l'argent), ou encore avec cette célèbre métaphore : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche de rejoindre le royaume des cieux. » Plus précisément, la Bible condamne l'« usure » (Exode 22:25, Lévitique 25:36-37, Deutéronome 23:19, Ézéchiel 18:13…), c'est-à-dire le prêt d'argent avec un taux d'intérêt. Cet aspect de la condamnation morale de l'argent a eu des conséquences : le rôle de prêteur a été dévolu aux Juifs, qui étaient donc avec les Lombards les seuls qui servaient de banquiers. Concernant maintenant le judaïsme et l'islam, on notera que ces religions ne rejoignent pas le christianisme dans sa conception morale de l'argent. Les juifs, au contraire, voient en la richesse la marque d'une élection divine, et lui reconnaissent certaines qualités ; en effet, l'argent permettrait de faire des offrandes au Temple, d'accomplir son devoir envers les pauvres, et de dégager du temps (puisque le riche n'a pas besoin de travailler) pour l'étude de la Loi. S'agissant de l'islam, on peut avant tout noter la description que le Coran fait d'Abraham, un homme « lourd en or, en argent et en troupeau. » Il est donc riche et bon (ce qui reviendrait à un oxymore pour les chrétiens). De plus, la religion musulmane valorise le commerce (« Un dinhar gagné par le commerce vaut mieux que dix dinhars gagnés autrement »).
Les condamnations écologiques
Le souci de l’avenir de la planète et les préoccupations écologiques ont développé une critique de la croissance et de ses moyens. La monnaie créée par le crédit, instrument de la croissance, a été ainsi mise au banc des accusés. Pour rembourser un prêt à intérêt il faut nécessairement de la croissance sinon l’intérêt entraînerait une capture progressive de tout le capital. Comme la monnaie est aujourd’hui presque entièrement créée par le mécanisme du crédit, il faut revenir sur la pratique de la monnaie de crédit souvent présentée comme une « monnaie dette » dans ces textes ou vidéos contestataires.
Les autres aspects de la monnaie
La monnaie et le droit
Article détaillé : Étalon-or.La monnaie a eu une profonde influence sur l'évolution du droit.
En l'absence de monnaie, la sanction publique ne peut prendre que des formes physiques : confiscation de bien ; travail forcé. Elle est relativement difficile à étager. La monnaie permet de simplifier le système des amendes et de proposer des sanctions nuancées qui peuvent pour les délits sans trop d'importance ne pas entraver la vie courante des contrevenants.
Dans le domaine civil l'absence de monnaie impose la compensation, c'est-à-dire la recherche d'une indemnisation en nature systématique et souvent très difficile à mettre en œuvre de façon juste et simple. L'indemnisation pécuniaire a été un grand progrès.
Cours légal, cours forcé et pouvoir libératoire
Articles détaillés : Cours légal et Cours forcé.Les pouvoirs publics sont seuls capables de donner un pouvoir libératoire à une monnaie, c'est-à-dire une capacité d'éteindre toute dette y compris les dettes fiscales et les dettes pénales ou civiles, en tout lieu et à tout moment dans la zone où un moyen de paiement a cours légal. Toutes les formes monétaires n'ont pas nécessairement cours légal. Généralement n'en sont dotés que seuls les billets émis par une Banque centrale et les pièces de monnaie. Le chèque n'a généralement pas cours légal. Il peut être refusé par les commerçants.
Pourtant, inversement, il n'est pas possible d'effectuer tous les paiements avec une forme monétaire ayant cours légal. Par exemple en France, alors que l'article R642-3 du Code pénal prévoit que « le fait de refuser de recevoir des pièces de monnaie ou des billets de banque ayant cours légal est puni de l'amende prévue pour les contraventions de deuxième classe[46] », la Cour de Cassation s'appuie sur l'article L112-5 du Code monétaire et financier qui stipule qu'« en cas de paiement en billets et pièces, il appartient au débiteur de faire l'appoint »[47].
L'émission de monnaie de crédit est strictement encadré par le droit bancaire et des institutions étatiques de contrôle.
Les aspects psychologiques de la monnaie
La monnaie est normalement le compagnon de tous les jours du citoyen. La confiance qu'il a en sa monnaie a des influences extrêmement importantes sur l'activité économique.
Une action psychologique visant à rasséréner la population a été pratiquée en tous temps. La monnaie stimule la mythification de certains personnages. En France, le cas le plus notable est celui de M. Antoine Pinay, « l'ermite de Saint Chamond. »
Ayant réussi le lancement d'un grand emprunt gagé sur l'or à un moment où les finances publiques françaises de la quatrième République étaient au plus bas, il deviendra une forme d'oracle que tout ministre des finances se devait de consulter à chaque émission d'un nouvel emprunt. On vit ainsi Valéry Giscard d'Estaing, puis Raymond Barre, faire le pèlerinage de Saint-Chamond pour obtenir la caution de l'oracle.
En Allemagne, Herr Schacht fut considéré comme le père d'une sorte de miracle allemand lors qu'il réussit à faire sortir l'Allemagne des suites de la crise de 1929 et son aura réussit à survivre au discrédit du nazisme.
Plus récemment le Président de la FED, l'américain Alan Greenspan, fut aussi largement considéré comme un génie de la finance dont les oracles, à dessein rarement compréhensibles, étaient guettés avec ferveur par les milieux économiques et boursiers dans les années 1990 et jusqu'en 2007. Considéré désormais comme un des instigateurs de la crise des subprimes, la magie de son verbe a quelque peu faibli.
Tous les grands plans lancés actuellement pour faire face à la crise monétaire, bancaire, boursière et économique en cours ont une forte dimension d'action psychologique. La réunion du G20 à Washington en novembre 2008 avait essentiellement pour but de montrer la détermination et l'unité de l'ensemble des grands pays. L'affichage de plans de sauvetage gigantesques et de plans de relance colossaux est aussi largement d'essence psychologique.
S'ils n'ont pas permis de supprimer le pessimisme ambiant ni d'altérer le cours de la récession, ils ont tout de même réussi à conjurer une panique bancaire et une ruée désastreuse sur les dépôts.
La psychologie du consommateur et de l'épargnant qui le pousse soit à l'euphorie soit à une rétraction très forte, est une force économique de première importance. Mais il est très difficile de l'influencer.
L'or, valeur psychologique s'il en est, est un bon indice de la confiance. Bien que démonétisé, il est le refuge en cas de peur sur la monnaie. Actuellement, le dollar a perdu environ 95% de sa valeur en or, traduisant l'effet de l'inflation rampante depuis 1971 et celui d'une certaine fuite devant cette monnaie. Cette dévaluation est d'autant plus remarquable que la production d'or est au plus haut. Alors qu'il n'avait été extrait que 45 360 tonnes de l'origine des temps à 1956, 102 700 tonnes [réf. nécessaire] ont été extraites après 1956. Les monnaies ne se sont pas dévaluées par rapport à un métal plus rare mais beaucoup plus abondant…
Musées monétaires
- le Bode Museum de Berlin, Allemagne. Une des plus belles collections numismatiques du monde avec créséides, dariques, monnaies athéniennes et grecques, pratiquement toutes les monnaies romaines, notamment une collection exceptionnelle d'aurei, le premier franc or, des ducats vénitiens, etc. La collection complète est consultable sur Internet : http://www.smb.museum/ikmk.
- Musée de la Monnaie de Paris, hôtel de la Monnaie, Paris, France. Collection assez étroite de monnaies anciennes. Belle collection de médailles mais non monétaires.
- Musée des Médailles et des Monnaies, Perpignan, France
- Musée de la fausse monnaie, Saillon, Canton du Valais, Suisse
- Musée monétaire cantonal, Lausanne, Canton de Vaud, Suisse
- Musée de la Banque Nationale de Belgique. « La Banque nationale abrite un musée depuis 1982. Entièrement rénové en 2002, sa surface d'exposition a pratiquement été doublée. Le thème central est « la monnaie. » Au fil des 15 salles, la présentation est variée et se veut à la fois interactive et éducative. » (présentation par la BNB) Bruxelles, Belgique.
- Le Cabinet Royal de la Monnaie (Kungliga Myntkabinettet) de Stockholm.
Notes et références
- Notes
- 5 centimes de francs, « 100 sous » désignant la pièce de 5 francs ; 100 anciens francs valaient 1 « nouveau » franc, dont il fallait 6,55957 pour faire un euro ; la guinée vaut toujours 105 pence, soit une livre et 1 shilling (shilling = sou) Le sou valait
- Références
- livre tournois alors que c'était toutes sorte de monnaies (écu, florin, etc.) qui servaient aux transaction et comme réserve) par exemple en France avant le Franc Germinal, où l'unité de compte était la
- Aristote, Éthique à Nicomaque, GF Flammarion, pp.246-252, on peut voir aussi dans le livre Politique du même auteur (cité in Rumy, 2003, p.19)
- CF plus bas histoire de la pensée économique sur la monnaie
- castors ou le tabac a longtemps représenté l'unité de compte Dans les colonies britanniques nord américaines, la peau de
- voir aussi l'article de Wikipédia sur l'union latine (monnaie)
- Kann E., History of Chinese paper money (ancient), International Banknote Society, 1963
- Marsh G., Chinese note of Ming Dynasty rates among oldest paper currency known, in : Coin World, december 1, 1965, p. 56
- Reinfeld F., The story of paper money, Sterling publishing CO, Inc., 1957. Narbeth C., Collecting paper money, Seaby London, 1986
- prononcé lass en français de l’époque
- JB Say Traité d'économie politique chap XXVI
- État de Virginie
- http://douane.gouv.fr/page.asp?id=79
- (Insee l'économie Française 2006)
- http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page?_pageid=1996,39140985&_dad=portal&_schema=PORTAL&screen=detailref&language=fr&product=REF_TB_national_accounts&root=REF_TB_national_accounts/t_na/t_nama/t_nama_gdp/tec00001 Eurostat
- André Chaineau, Mécanismes et politiques monétaires
- Interview Liberation janvier 2007, BNP bulletin du 10 mai 2007
- Un bel exemplaire visible au musée cantonal de Lausanne
- Raynal Histoire philosophique et politique, Livre VI
- JB Say Traité d'économie politique chap XXI
- Bresson - Économie de la Grèce des Cités - Armand Colin
- Heinri Stierlin The gold of the Pharaons, Terrail
- Le dicton est également souvent traduit par la formule « l'or est la chair des Dieux »
- L'or de l'ancienne Égypte, Eberhard Thiem et Hans Wolgang Müller
- Brunet et Collin Buffon - Économies et sociétés en Grèce ancienne
- Emmanuel LE ROY LADURIE - FIGARO LITTERAIRE - HISTOIRE, ESSAIS 21/06/2001)
- Herodote I 94)
- Historical GreekCoins (1906) Sir Higgins
- Hérodote, I 94
- La monnaie Grecque - Ellipses - P.103
- (Paul Petit, Précis d'histoire ancienne PUF)
- IIe siècle av. JC cité par Plutarque Vies Parallèles Paul-Emile
- John Kenneth Galbraith La monnaie
- Jean-Marc Daniel, Histoire vivante de la pensée économique, Pearson, p. 24
- Traité théorique pratique d'économie politique, p. 578 - Leroy beaulieu 1910
- XVIe siècle). De Copernic à Davanzati. Reproduits, traduits d'après les éditions originales et les manuscrits, avec une introduction, des notices et des notes par Le Branchu. Paris, Librairie Félix Alcan, 1934 Cité dans : Jean-Yves Lebranchu : Ecrits notables sur la monnaie (
- Keynes, Friedman, Samuelson, etc.
- Insee - L'économie française 2006
- (JK Galbraith, La monnaie)
- dans Money Mischief
- The Bank of the United States and the American Economy. By Edward S. Kaplan. Westport, CT: Greenwood Press, 1999.
- (Lettre à John Adams - Lester Cappon - 1971)
- Panique bancaire américaine de 1907
- http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/02/dette-la-banque-centrale-doit-creer-de-la-monnaie-et-preter-a-0-aux-etats/
- http://www.un.org/News/fr-press/docs/2003/CS2429.doc.htm
- http://www.france-jeunes.net/lire-monnaie-fiduciaire-electronique-16-02-2059-25656.htm
- Soit une amende de 150 € maximum pour le commerçant coupable
- Sylvain Morvan, « Refuser les grosses coupures, c'est légal ? », dans Ouest-France, no 20063, 18 août 2010, p. 3
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Milton Friedman : Money Mischief et Histoire de la monnaie américaine (avec A. Schwartz)
- JK Galbraith : Money
- Bertrand Nogaro : La monnaie et les systèmes monétaires, LGDJ, 1948
- Emile James : Histoire sommaire de la pensée économique, édition Montchrétien, 1965
- Charles Rist : Histoire des théories relatives à la monnaie et au crédit
- JR Hicks : A suggestion for simplifyng the theory of money, Economica, 1935
- JM Keynes : Treatise on money Macmillan, 1930 ; Théorie générale, 1936
- Don Patinkin : Money Interest and prices, 1956
- D Robertson : Essay on monetary theory, 1932 ; Growth Wages and money, 1961
- R Triffin : Gold and the dollar crisis, 1960
- G Myrdal : L’équilibre monétaire, Paris Médicis, 1950
- Véronique Lecomte-Collin et Bruno Collin, Histoire de la monnaie, Éditions Trésor du Patrimoine, 2004
- Véronique Lecomte-Collin et Bruno Collin, Les monnaies dans les collections publiques françaises, Éditions Hervas, 1990
- Jean Belaubre et Bruno Collin, Les monnaies de France : Histoire d'un peuple, Éditions Perrin, 1991
- Philippe Narassiguin, Monnaie - Banques et Banques centrales dans la zone euro, Éditions De Boeck, 2004
- Jean-Marie Albertini, Véronique Lecomte-Collin et Bruno Collin, Histoire de la Monnaie, du troc à l'euro, Éditions Sélection du Reader's Digest, 2000
- Maurice Allais, La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires, Éditions Clément Juglar, 1999
- René Sédillot, Histoire morale et immorale de la monnaie, Éditions Bordas, collection Cultures, 1989
- Michel Aglietta et André Orléan, La violence de la monnaie, Presses Universitaires de France, 1998
- Le capital, Karl Marx, 1861, Lire en ligne
- Louis Even, L'Île des naufragés
- (de) Franziska Jungmann-Stadler, Was ist Was. Geld. (ISBN 3-7886-0418-2)
- Georg Simmel, Philosophie de l'argent, PUF, 1987.
- Bruno Moschetto : Tout savoir -ou presque- sur la face cachée de l'euro, Arnaud Franel Editions 2011
Article de vulgarisation
- Michel Ruimy, 2003, La monnaie au cœur de la relation marchande Cahiers francçais N°315
Lien externe
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