Sunnisme

Sunnisme
Pourcentage de musulmans par pays
Vert: Sunnisme, rouge: Chiisme, bleu: Ibadisme

Le sunnisme (arabe : سني sunnīy) est le courant religieux majoritaire de l'islam. Il représente 85 à 90% des musulmans.

Ce qui distingue les courants de l'islam sont principalement les sources utilisées pour écrire le droit musulman. Les sunnites s'accordent sur quatre sources de référence principales : le Coran, livre révélé au prophète de l'islam Mahomet. Puis, pour les cas non directement évoqués dans le Coran, les sunnites utilisent en priorité ses actes, puis le consensus des jurisconsultes musulmans, puis finalement la déduction juridique (Qiyas) du jurisconsulte à condition qu'elle ne contredise pas les trois références précédentes. Il existe d'autres sources de références selon les écoles sunnites.

Le mot sunnite dérive de sunna qui représente la ligne de conduite de Mahomet. Ses actes ont donc valeur de loi.

Le sunnisme se subdivise ensuite en écoles de droit ou madhhab, ayant toutes les mêmes croyances. Les quatre principales écoles étant le malékisme, le hanafisme, le chaféisme et le hanbalisme, dont une manifestation récente est le wahabisme et le salafisme.

Sommaire

Jurisprudence

La Grande Mosquée de Kairouan (également appelée mosquée Oqba Ibn Nafi), fondée en 670, est le berceau de l'Islam sunnite dans tout l'Occident musulman et elle fut le centre de formation des premières générations de savants musulmans dans cette région[1]. La Grande Mosquée de Kairouan avait aussi, depuis le IXe siècle, la réputation d'être l'un des plus importants centres d'enseignement de la jurisprudence malékite[2] ; elle est située à Kairouan en Tunisie.

Il existe quatre grandes écoles de jurisprudence : le hanafisme, le malikisme, le chaféisme et le hanbalisme qui ont simplement divergé sur des questions de jurisprudence mais qui sont unanimes sur les fondements de la croyance, à savoir le Coran, la sunna de Mahomet selon la compréhension de ses compagnons et que ces trois fondements sont privilégiés par rapport à la raison.

Les savants sunnites sont donc opposés, par consensus, aux interprétations religieuses libérales de certains philosophes ou islamologues modernes.

Ces quatre écoles se reconnaissent mutuellement comme valides et véridiques, et les différences qui les caractérisent sont très minimes. Elles forment une seule entité : le sunnisme.

  • L'école hanafite d'Abu Hanifa Al-Nu'man Ibn Thabit. C'est l'école la plus ouverte au niveau des déductions, car elle insiste sur la liberté d'opinion, le jugement personnel, et la recherche de la meilleure solution (au cas par cas, en fonction des convenances du moment et de l'équité). Il existe donc, du moins à l'origine, une certaine marge de manœuvre interprétative. Le rite insiste sur l'importance des textes et de la tradition. Peu à peu, cette école va perdre de sa capacité à innover et la notion d'ijtihad (interprétation) laisse place à la notion de taqlid (imitation, tradition). L'école hanafite se retrouve surtout chez les peuples turcs, indo-pakistanais, afghans, albanais et chinois.
  • L'école malikite a été fondé par Mâlik ibn Anas en basant la théorie juridique sur les coutumes médinoises au moment où Mahomet y vivait. Elle diffère essentiellement des trois autres écoles par les sources qu'elle utilise pour déterminer la jurisprudence. Si les quatre écoles utilisent le Coran, la sunna, ainsi que l'ijma (le consensus des experts) et les analogies (qiyas), le malikisme utilise également les pratiques des habitants de Médine (Amal ahl al-medina) à l'époque de Mahomet comme sources de la jurisprudence (fiqh). Cette place majeure donnée à la coutume a favorisé l'acceptation de coutumes populaires rejetées par d'autres courants. L'interprétation (ijtihad), d'abord recommandée, est fermée au Xe siècle. L'école est principalement répandue en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest, ainsi qu'en Syrie et aux Emirats Arabes Unis. Une minorité malikite importante est également présente dans les villes saintes de La Mecque (dont est issu le célèbre Imâm Muhammad Ibn 'Alawî Al Mâlikî Al Makkî) et de Médine. L'Espagne musulmane (al-andalus) était le bastion du sunnisme malikite. Elle reste cependant toujours présente en Occident, notamment en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis.
  • Le hanbalisme est l'école inspirée par l’imam Ahmed Ibn Hanbal (mort en 855). Elle est considérée comme l'école traditionaliste par excellence[3]. Majoritaire dans la péninsule arabique, notamment en Arabie saoudite, l'école hanbalite a exercé et continue d'exercer une influence intellectuelle importante.

Théologie

Selon certains mouvements, certaines questions théologiques ne trouvent pas de réponses claires dans le Coran, comme la nature de Dieu, le libre arbitre ou l'éternité de l'existence. Plusieurs écoles de théologie et philosophie se sont développées pour répondre à ces questions, chacune prétendant relever de la vraie tradition musulmane sunnite.

Contrairement aux quatre écoles de jurisprudence, ces écoles théologiques se contredisent. Elles alimentent les divisions au sein du sunnisme[4] :

  • L'Asharisme (littéralisme et rationalisme), fondé par Abû Al-Hasan Al-Ach`arî (873-935), est la théologie dominante. Elle a été adoptée par Al-Ghazali, un mystique et juriste qui pense que la révélation dépasse la raison humaine. Cependant, cette école théologique se différencie des traditionalistes atharistes tels que les hanbalites en considérant qu'il est parfois nécessaire d'ajouter le raisonnement à la révélation contenue dans le Coran et la sunna afin d'expliquer certaines ambiguïtés et de réfuter certaines pensées jugées hérétiques. Cette méthodologie de raisonnement théologique est appelé kalâm, et autorise une certaine interprétation prudente et limitée des textes, non strictement littéraliste. L'Ash'arisme refuse tout anthropomorphisme de la nature de Dieu.
  • Le Maturidisme, fondé par Abul Mansûr Al Mâturîdî (944). Assez minoritaire jusqu'à son adoption par les tribus turques d'Asie centrale, en même temps qu'ils ont adopté l'école juridique hanafite. Le maturidisme est une école théologique identique à l'Ash'arisme et surtout répandue chez les sunnites de jurisprudence hanafite.
  • L'atharisme (littéralisme), non proprement fondé mais défendu par l'imam Ahmad Ibn Hanbal et ceux qui l'ont suivi. Tous les noms et attributs de Dieu sont reconnus tels quels, et tout anthropomorphisme ou métaphorisme est prohibé. C'est une école très littéraliste, qui prend les textes sacrés comme ils sont, en essayant d'éviter toute interprétation s'en éloignant. L'atharisme est très répandu au sein des membres de l'école de jurisprudence hanbalite. Les salafistes se réclament de cette école qui est la principale théologie d'opposition à l'acharisme et au maturidisme.

Écoles théologiques marginalisées ou disparues[5] :

  • Le motazilisme, utilisant le kalâm, a été fondé en Irak par Wasil bin 'Ata (699-749). Les motazilistes dominent en 750, sous la nouvelle dynastie des califes abbassides. Elle est même devenue doctrine officielle sous le calife Al-Mamun qui fit persécuter ses opposants. Elle tomba finalement en désuétude après sa mort. C'est la réaction au motazilisme qui a largement entraîné la formation définitive du sunnisme, même si le motazilisme a en partie influencé ce dernier, en particulier à travers l'acharisme. Une certaine influence motaziliste peut également être retrouvée chez les chiites, même si le motazilisme est clairement apparu dans le camp califal que combattait les chiites du VIIIe siècle.

Fêtes spécifiques

Les deux fêtes authentiquement sacrées des sunnites sont :

  • Aïd al-Fitr : fête de la rupture du jeûne, célébrant la fin du mois de ramadan. Elle a lieu le premier jour du mois lunaire chawwal suivant celui de ramadan.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Messaoud Boudjenoun, Les Quatre Imâms : fondateurs des écoles sunnites. Paris : Universel, 2004. 264 p., 23 cm. (ISBN 2-911546-41-5).
  • Charles Saint-Prot.Islam, l'avenir de la Tradition entre révolution et occidentalisation.Paris: Le Rocher, 2008.
  • Madame Rachida Rostane, article "les statuts coranique" publié in revue « Convergence » année 2002 autour du discours islamo-chétien.
  • Edgard Weber, L'Islam sunnite contemporain, éd. Brepols, 2001.

Notes et références

  1. Évariste Lévi-Provençal, Études d'orientalisme dédiées à la mémoire de Lévi-Provençal, Volume 1, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 1962, p. 203
  2. (en) Roland Anthony Oliver et Anthony Atmore, Medieval Africa, 1250-1800, éd. Cambridge University Press, Cambridge, 2001, p. 36
  3. Charles Saint-Prot, Islam, l'avenir de la tradition entre révolution et occidentalisation
  4. par exemple, les acharistes, majoritaires, sont opposés théologiquement aux minorités salafistes
  5. Rachida Rostane, mémoire ou thèse (version d'origine)Fêtes religieuses et profanes dans l'Occident musulman au Moyen-Âge



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sunnisme de Wikipédia en français (auteurs)

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