- Didon
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Didon Titre Reine de Carthage 814 – v. 760 Successeur non connu Biographie Dynastie Didoiens Père Bélos modifier Dans la mythologie grecque et romaine, Didon (en latin Dido) ou Élisha/Élissa est la fondatrice légendaire et première reine de Carthage. Elle est la fille de Bélos et la sœur du roi de Tyr Pygmalion. Arrivée sur les côtes d'Afrique du Nord, elle se serait immolée par le feu pour ne pas avoir à épouser le souverain des lieux, Hiarbas.
Le mythe de Didon a été repris par Virgile dans son ouvrage l’Enéide. Le mythe a fait l'objet de nombreuses utilisations dans les arts, musique, peinture, sculpture.
Sommaire
Légende
Le point de vue hostile diffusé par Timée de Tauroménion, et répercuté par Justin, est fragile car, en se fondant sur l'interprétation de Gerhard Herm (Die Phönizier) et en s'appuyant sur des sources classiques telles que Virgile, Ovide, Silius Italicus ou Trebellius Pollio, on aboutit à un profil historiographique assez différent de la version traditionnelle et stéréotypée.
Didon était une princesse phénicienne, première-née du roi de Tyr, dont la succession est entravée par son frère Pygmalion. Pygmalion assassine son mari, Sychée, et impose sa propre tyrannie.
Pour éviter probablement une guerre civile, elle quitte Tyr avec une suite nombreuse, s'embarquant pour un long voyage dont l'étape principale fut l'île de Chypre[1]. À Chypre, l'escadre embarque des jeunes filles destinées à épouser les membres masculins de l'expédition.
Débarquée sur les côtes de l'actuelle Tunisie, vers 814 av. J.-C., elle choisit un endroit où fonder une nouvelle capitale pour le peuple phénicien : Carthage. Elle obtient pacifiquement des terres par un accord ingénieux avec le seigneur local : elle obtint une terre pour s'établir « autant qu'il en pourrait tenir dans la peau d'un bœuf ». Elle choisit alors pour fonder sa ville une péninsule qui s'avançait dans la mer et fait découper une peau de bœuf en lanières extrêmement fines. Mises bout à bout, elles délimitent l'emplacement de ce qui deviendra plus tard la grande Carthage. On fait souvent référence à ce stratagème en mathématiques, dans le domaine qui étudie les problèmes d'isopérimétrie.
Soumise à une cour pressante de la part des roitelets locaux, elle se remarie probablement avec l'un de ses fidèles tyriens, qui appartenait à la famille Barca, selon Silius Italicus[2]. Les autres sources présentent différemment les choses : pour ne pas avoir à trahir son serment de fidélité envers son défunt époux, elle se perce le cœur et se jette dans un bûcher prétendument dédié aux mânes de ce dernier.
Elle est divinisée par son peuple sous le nom de Tanit et comme personnification de la grande déesse Astarté (équivalent de la Junon romaine)[3],[4],[5].
Légende de Didon et Enée dans l’Enéide de Virgile
Une des sources du mythe de Didon vient des chants de l’Énéide où le poète latin Virgile décrit les amours de Didon et Énée.
Énée s'enfuit avec son père Anchise, son fils Ascagne et vingt bateaux remplis des survivants de la chute de Troie (réduits au nombre de trois à l'arrivée). Les dieux de l'Olympe lui ayant prédit qu'il fonderait un nouveau royaume, en l'occurrence Rome, il atteint au cours de son périple le sol d'Afrique, dans la région de l'actuelle Tunis où il est accueilli par la reine de Carthage, Didon. Une grande passion naît alors entre eux[6] mais se voit interrompue par les dieux de l'Olympe qui rappellent au héros troyen sa destinée[7].
Lorsque Énée quitte Carthage, Didon, incapable de supporter cet abandon, préfère se donner la mort avec une épée qu'Énée lui avait laissée[8]. Lorsque ce dernier arrive aux Enfers, il parlera à son fantôme mais celle-ci refusera de lui pardonner son départ. C'est aussi comme fantôme que Didon fait part à sa sœur, Anna Perenna, de la jalousie de Lavinia, la femme d'Énée.
Virgile introduit la figure de Didon dans la « culture occidentale » selon un système de « double écriture » dont le premier niveau superficiel est prévu pour l'audience romaine et les besoins d'Auguste alors que la seconde, plus profonde et cachée, reflète le point de vue de l'auteur et sa reconstruction historique.
Postérité artistique
Le mythe de Didon a beaucoup inspiré les artistes, dans des champs d'action divers.
Littérature
Voici une liste de quelques dramaturges et auteurs inspirés par ce mythe :
- Étienne Jodelle, Didon, 1558 ;
- Georges de Scudéry, Didon, 1636 ;
- Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, disponible sur Gallica Didon, 1734 ;
- Jean-François Marmontel, disponible sur Gallica Didon, 1783 ;
- Louise-Geneviève de Saintonge, disponible sur Gallica Didon, tragédie en musique, 1693 ;
- François Le Métel de Boisrobert, disponible sur Gallica La vraye Didon ou La Didon chaste, 1643 ;
- Alexandre Hardy, Didon se sacrifiant, XVIIe siècle ;
- Gilles Massardier, Les Brûlures de Didon, 2005.
Peinture
Didon est le sujet de l'un des tableaux de Pierre-Narcisse Guérin.
La mort de Didon a été peinte par Pierre Paul Rubens.
Opéra
Didone abbandonata, l'un des livrets les plus célèbres de Métastase, fut mis en musique par plus de 50 compositeurs parmi lesquels Domenico Sarro (1724), Nicola Porpora (1725), Leonardo Vinci (1726), Baldassare Galuppi (1740), Johann Adolph Hasse (1742), Niccolò Jommelli (1747), Tommaso Traetta (1757), Giuseppe Sarti (1762), Niccolò Piccinni (1770) et Saverio Mercadante (1823).
Didon est également l'héroïne de nombreux autres opéras :
- 1641 : La Didone de Francesco Cavalli
- 1656 : La Didone de Andrea Mattioli
- 1689 : Dido and Aeneas de Henry Purcell
- 1693 : Didon de Henry Desmarest
- 1707 : Dido, Königin von Carthago de Christoph Graupner
- 1783 : Didon de Niccolò Piccinni
- 1860 : Les Troyens de Hector Berlioz
Notes et références
- Ovide, Fastes [détail des éditions] [lire en ligne], III, 567 et suiv.
- Silius Italicus, Punica [lire en ligne], I, 71 et suiv., II, 239.
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne], I, 446 et suiv.
- Silius Italicus, Puniques, I, 81 et suiv.
- G. De Sanctis, Storia dei Romani.
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne], IV, 1-172.
- Énéide, IV, 219-295.
- Énéide, IV, 645-665.
Sources
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CCXLIII).
- Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne] (XVIII, 3-6).
- Ovide, Fastes [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 543 et suiv.), Héroïdes [détail des éditions] [lire en ligne] (VII), Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (XIV, 79 et suiv.).
- Timée de Tauroménion (fr. 23 Müller [lire en ligne]).
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (passim).
Annexes
Bibliographie
- (fr) L. Foucher, Les Phéniciens à Carthage ou la geste d'Élissa, 1978
- (fr) David Lockie, L'amour d'une reine, traduction de l'anglais Dido a love story de E.D. Balland, 1977
- (en) H. Akbar Khan, Doctissima Dido : Etymology, Hospitality and the Construction of a Civilized Identity, 2002
- (en) R.S. Conway, The Place of Dido in History, 1920
- (it) S. Conte, Dido sine veste, 2005
- (it) L. Mangiacapre, Didone non è morta, 1990
- (it) E. Stampini, Alcune osservazioni sulla leggenda di Enea e Didone nella letteratura romana, 1893
- G. Kowalski, De Didone graeca et latina, 1929
Articles connexes
Liens externes
- Didon et Énée chez Virgile : texte, commentaires et ressources
- Didon ou Élyssa par Majed, critique des sources traditionnelles
- Infelix Dido ! par Franz De Ruyt
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