Tunisienne

Tunisienne

Tunisie

الجمهورية التونسية (ar)
République tunisienne (fr)
Drapeau de la Tunisie Armoiries de la Tunisie
(Détails) (Détails)
Devise nationale : Hurriya, Nidham, ’Adala (Liberté, Ordre, Justice)
carte
Langues officielles Arabe[1] (de jure),
Français (de facto)
Capitale Tunis
36°84N 10°22E / 37.4, 10.367
Plus grande ville Tunis
Forme de lÉtat
 - Président de la République
 - Premier ministre
République présidentielle
Zine el-Abidine Ben Ali
Mohamed Ghannouchi
Superficie
 - Totale
 - Eau (%)
Classé 90e
163 610 km²
5 %
Population
 - Totale (2009)
 - Densité
Classé 77e
10 486 339[2] hab.
65,6 hab./km²
Indépendance
 - Indépendance
France
20 mars 1956


Gentilé Tunisien, Tunisienne


IDH (2007) Augmentation 0,766 (moyen) ( 91)
Monnaie Dinar tunisien (TND)
Fuseau horaire UTC +1
Hymne national Humat Al-Hima
Domaine internet .tn
Indicatif
téléphonique
+216


La Tunisie (arabe : تونس), officiellement la République tunisienne, est un pays dAfrique du Nord appartenant au Maghreb. Elle est bordée au nord et à lest par la mer Méditerranée. Sa frontière ouest souvre sur lAlgérie (965 kilomètres) et sa frontière sud-est sur la Libye (459 kilomètres). Sa capitale Tunis est située dans le nord-est du pays.

Près de 40 % de la superficie du territoire est occupée par le désert du Sahara, le reste étant constitué de terres fertiles, berceau de la civilisation carthaginoise qui atteignit son apogée au IIIe siècle av. J.-C., avant de devenir le « grenier à blé » de lEmpire romain.

Longtemps appelée Régence de Tunis, notamment sous la domination ottomane, la Tunisie passe sous protectorat français en 1881. Avec lavènement de lindépendance, le 20 mars 1956, le pays prend lappellation officielle de Royaume de Tunisie à la fin du règne de Lamine Bey qui, cependant, ne porta jamais le titre de roi. Avec la proclamation de la république, le 25 juillet 1957, cest le leader nationaliste Habib Bourguiba qui devient le premier président de la République tunisienne et modernise le pays. Toutefois, au terme de trente ans à la tête du pays dont la fin est marquée par le clientélisme et la montée de lislamisme, le Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali finit par le déposer mais poursuit dès lors les principaux objectifs du « bourguibisme » tout en libéralisant léconomie.

Intégrée aux principales instances de la communauté internationale, la Tunisie fait également partie de la Ligue arabe, de lUnion africaine et de la Communauté des États sahélo-sahariens.

Sommaire

Géographie

Article détaillé : Géographie de la Tunisie.

La Tunisie est le pays le plus au nord du continent africain. Il est séparé de lEurope par 140 kilomètres au niveau du détroit de Sicile et rattaché au Maghreb dont il est le plus petit État. Disposant dune superficie de 163 610 km2[3], le pays est limité à louest par lAlgérie (965 km de frontière commune), au sud-est par la Libye (459 km) et au nord et à lest par la mer Méditerranée (1 298 km de côtes).

Topographie de la Tunisie

Les terres cultivées représentent 4,9 millions dhectares dont 1,6 consacré à la culture des céréales, 1,6 consacré à la culture de lolivier et 400 000 hectares consacrés aux cultures irriguées. Le désert occupe une superficie comprise entre 33 % et 40 % du territoire selon quon le définisse daprès laridité ou selon des caractéristiques paysagères.

La Tunisie possède un relief contrasté entre une partie septentrionale et occidentale montagneuse située dans lextension du massif montagneux de lAtlasson point culminant est le Djebel Chambi (1 544 mètres) — et coupée par la plaine de la Medjerda (seul cours deau alimenté de façon continue), une partie orientale plane sétendant entre Hammamet et Ben Gardane et une partie méridionale désertique divisée entre une succession de chotts (Chott el-Gharsa, Chott el-Jérid et Chott el-Fejaj), des plateaux rocheux et les dunes du Grand Erg Oriental. Le littoral parsemé de tombolos et de lagunes sétend sur 1 298 kilomètres dont 575 de plages sablonneuses. Quelques îles dont les Kerkennah et Djerba parsèment le littoral.

Climat

Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises au climat méditerranéen de celles soumises au climat aride engendré par le Sahara. En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types de vents : la côte nord est exposée aux vents marins soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse des précipitations, et le sud du pays aux vents chauds et secs tels le sirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines. Le pays bénéficie également dun taux densoleillement important (dépassant 3 000 heures par an). Les températures varient en raison de la latitude, de laltitude et de la proximité ou de léloignement de la mer Méditerranée. Sil peut faire quelques degrés au-dessous de 0°C en hiver dans les montagnes de Kroumirie, la température grimpe parfois en été aux environs de 50 °C dans les régions désertiques. La pluviométrie annuelle varie également selon les régions : denviron 1 000 millimètres au nord à environ 380 mm au centre et moins de 300 mm au sud.

Environnement

Paysage du Sud tunisien

La flore varie beaucoup en fonction des régions : celle des régions côtières est semblable à celle de lEurope méridionale et comprend prairies, garrigue, maquis et forêts de chênes-liège. Plus au sud, la végétation est de type steppique avec une dominance de lalfa. Dans les régions arides de lextrême sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers.

Huit aires naturelles ont été érigées en parcs nationaux. Le parc national de l'Ichkeul, qui sétend sur 12 600 hectares, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de lUnesco. Il existe également seize réserves naturelles qui ont pour but dêtre un habitat pour des espèces ayant une valeur écologique et économique et en tant quécosystèmes vulnérables.

Selon une étude du programme méditerranéen du WWF, la région côtière du nord-ouest figure parmi les treize sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, leur biodiversité et leurs espèces végétales et animales uniques.

Géographie humaine

Banlieue de Tunis

Lespace tunisien apparaît inégalement peuplé et développé sur le plan socio-économique selon un gradient intérieur-littoral (ouest-est: les treize gouvernorats côtiers totalisent ainsi 65,3 % de la population totale avec une forte densité de population (140 habitants par km² contre 65,6 pour l'ensemble du pays[4]). Léconomie y est diversifiée, lactivité industrielle se démarquant le plus avec la concentration de 85 % des établissements industriels du pays et même de 87,5 % de lemploi dans ce secteur économique.

La Tunisie est urbanisée à 65,6 % en 2007[4] et connaît un taux durbanisation annuelle de 3,6 %. Le réseau urbain se situe sur la bande littorale orientale, entre les régions de Bizerte et Gabès en passant par Tunis, le Cap Bon, le Sahel et Sfax (centre-est du pays), qui dispose des plus grandes infrastructures économiques et concentre plus de 80 % de la population urbaine. Au terme du recensement de 2004, les principales agglomérations sont :

  • Tunis : 728 453 habitants[5] (2 083 000 en intégrant le Grand Tunis) ;
  • Sfax : 265 131 habitants[6] (500 000 en intégrant le Grand Sfax) ;
  • Sousse : 173 047 habitants[7] (400 000 en intégrant le Grand Sousse) ;
  • Kairouan : 117 903 habitants[8] ;
  • Gabès : 116 323 habitants[9] (170 000 en intégrant le Grand Gabès) ;
  • Bizerte : 114 371 habitants[10] (150 000 en intégrant le Grand Bizerte).

Géographie administrative

Article détaillé : Gouvernorat.

La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats qui portent le nom de leurs chefs-lieux :

Tunis (تونس), Ariana (أريانة), Ben Arous (بن عروس), La Manouba (منوبة), Béja (باجة)
Jendouba (جندوبة), Le Kef (الكاف), Siliana (سليانة), Bizerte (بنزرت), Nabeul (نابل)
Zaghouan (زغوان), Gafsa (قفصة), Kairouan (القيروان), Kasserine (القصرين)
Mahdia (المهدية), Monastir (المنستير), Sfax (صفاقس), Sidi Bouzid (سيدي بوزيد)
Sousse (سوسة), Gabès (قابس), Kébili (قبلي), Médenine (مدنين), Tataouine (تطاوين), Tozeur (توزر)


À leur tête se trouvent des gouverneurs, nommés par le président de la République, qui sont les « dépositaires » de lautorité de lÉtat. Trois institutions les aident à accomplir leurs missions :

  • le conseil local de développement ;
  • le conseil rural ;
  • le comité de quartier.

Aux côtés des gouverneurs se trouvent les Conseils régionaux qui sont chargés dexaminer « toutes les questions intéressant le gouvernorat dans les domaines économiques, sociaux et culturels ». Ils donnent ainsi leur avis sur les programmes et projets que lÉtat envisage de réaliser dans leur gouvernorat respectif, arrêtent le budget des gouvernorats et les impôts perçus au profit de la collectivité publique et établissent des relations de coopération avec des instances étrangères de niveau régional (après approbation du ministre de lIntérieur).

Histoire

Préhistoire

Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent du Paléolithique. Cest à 20 kilomètres à lest de Gafsa, dans loasis dEl Guettar, que se rassemble une petite population nomade de chasseurs-cueilleurs moustériens[11]. Michel Gruet, larchéologue qui découvre le site, relève quils consomment des dattes dont il retrouve le pollen aux alentours de la source[12] aujourdhui asséchée[13].

Squelette capsien en position repliée

À une culture ibéromaurusienne, répartie sur le littoral[14] et relativement minime en Tunisie[15], succède la période du Capsien, nom créé par Jacques de Morgan et issu du latin Capsa, qui a lui-même donné le nom de lactuelle Gafsa[16]. Morgan définit le Capsien comme étant une culture allant du Paléolithique supérieur au Néolithique, couvrant ainsi une période qui sétend du VIIIe au Ve millénaires av. J.-C.[17]. Dun point de vue ethnologique et archéologique, le Capsien prend une importance plus grande puisque des ossements et des traces dactivité humaine remontant à plus de 15 000 ans sont découverts dans la région. Outre la fabrication doutils en pierre et en silex, les Capsiens produisaient, à partir dossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements à partir de peaux danimaux.

Au Néolithique (4500 à 2500 av. J.-C. environ), arrivé tardivement dans cette région, la présence humaine est conditionnée par la formation du désert saharien, qui acquiert son climat actuel. De même, cest à cette époque que le peuplement de la Tunisie senrichit par lapport des Berbères[18], issus semble-t-il de la migration vers le nord de populations libyques[19] (ancien terme grec désignant les populations africaines en général[20]). Le Néolithique voit également le contact sétablir entre les Phéniciens de Tyr, les futurs Carthaginois qui fondent la civilisation punique, et les peuples autochtones de lactuelle Tunisie, dont les Berbères sont désormais devenus la composante essentielle. On observe le passage de la Préhistoire à lHistoire principalement dans lapport des populations phéniciennes, même si le mode de vie néolithique continue un temps à exister aux côtés de celui des nouveaux arrivants. Cet apport est nuancé, notamment à Carthage (centre de la civilisation punique en Occident), par la coexistence de différentes populations minoritaires mais dynamiques comme les Berbères, les Grecs, les Italiens ou les Ibères dEspagne. Les nombreux mariages mixtes contribuent à létablissement de la civilisation punique[21].

De la Carthage punique à la Carthage romaine

Article détaillé : Histoire de Carthage.

Lentrée de la Tunisie dans lhistoire se fait par lexpansion dune cité issue dune colonisation proche-orientale[22]. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien dautres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui dUtique[23], qui date de 1101 av. J.-C[24]. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr[25] fondent la ville de Carthage[26]. Daprès la légende, cest la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de Tyr Pygmalion, qui est à lorigine de la cité[27].

Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur lextérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de la mer Méditerranée. Cette présence prend diverses formes, y compris celle de la colonisation[26], mais reste dabord commerciale[28] (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.). La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante de Rome[26] et de ses alliés massaliotes, campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois quest la Tunisie, à la veille des guerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait ladmiration des Romains.

La lutte entre Rome et Carthage prend de lampleur avec lessor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., après un siège de trois ans[28]. À lissue de la Troisième Guerre punique, Rome sinstalle sur les décombres de la ville[26]. La fin des guerres puniques marque létablissement de la province romaine dAfrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage simpose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en 14[26],[29]. En 44 av. J.-C., Jules César décide dy fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago[30], mais il faudra attendre quelques décennies pour quAuguste lance les travaux de la cité[31].

Mosaïque dAmphitrite à Bulla Regia

La région connaît alors une période de prospérité lAfrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles[19], comme le blé et lhuile d'olive[31], grâce aux plantations doliviers chères aux Carthaginois[26]. La province se couvre dun dense réseau de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à lheure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites de Dougga (antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla Regia, El Jem (Thysdrus) ou Thuburbo Majus. Partie intégrante de la République puis de lEmpire avec la Numidie[26], la Tunisie devient pendant six siècles le siège dune civilisation romano-africaine dune exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de lart de la mosaïque, qui sy distingue par son originalité et ses innovations[31]. Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises dépoque impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, sinscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à sa parèdre Tanit[32]. Le « carrefour du monde antique » voit aussi linstallation précoce de communautés juives[30] et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes.

Lapogée du IIe et du début du IIIe siècles ne va toutefois pas sans heurts[26], la province connaissant quelques crises au IIIe siècle av. J.-C. : la répression de la révolte de Gordien en 238 la frappe ; elle subie de même les affrontements entre usurpateurs au début du IVe siècle. La province est lune des moins touchées par les difficultés que connaît lempire romain entre 235 et le début du IVe siècle. Avec la Tétrarchie, la province recouvre une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions publiques que dhabitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion personnelle de lempereur Constantin[26].

Christianisation

Dans un espace ouvert sur lextérieur comme lest alors la province dAfrique, le christianisme se développe de façon précoce[33] grâce aux colons, commerçants et soldats[34], et la région devient lun des foyers essentiels de la diffusion de la nouvelle foi, même si les affrontements religieux y sont violents avec les païens. Dès le IIe siècle, la province applique aussi les sanctions impériales, les premiers martyrs étant attestés dès le 17 juillet 180[34] : ceux qui refusent de se rallier au culte officiel peuvent être torturés, relégués sur des îles, décapités, livrés aux bêtes féroces, brûlés voire crucifiés. À la fin du IIe siècle, la nouvelle religion progresse dans la province car, malgré une situation difficile, la nouvelle foi simplante plus vite quen Europe, notamment en raison du rôle social joué par lÉglise dAfrique, qui apparaît dans la seconde moitié du IIIe siècle, et du fait de la très forte densité urbaine. Cest à partir denviron 400 que, sous laction dynamique dAugustin d'Hippone et limpulsion de quelques évêques, les grands propriétaires terriens et laristocratie citadine se rallient au christianisme, ils voient leur intérêt, lÉglise intégrant alors les diverses couches sociales.

Cyprien de Carthage, évêque de Carthage

Rapidement, la province dAfrique est considérée comme un phare du christianisme latin occidental[34]. Cette expansion rencontre toutefois des obstacles, en particulier lors du schisme donatiste[26] qui est condamné de façon définitive au concile de Carthage. Ce dernier accuse les schismatiques davoir coupé les liens entre lÉglise catholique africaine et les Églises orientales originelles[34]. En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme[35], comme en témoignent les nombreux vestiges, notamment de basiliques à Carthage et de nombreuses églises aménagées dans danciens temples païens (comme à Sbeïtla) ou même certaines églises rurales découvertes récemment.

Le 19 octobre 439, après sêtre rendus maîtres dHippone[36], les Vandales et les Alains entrent dans Carthage, ils installent leur royaume pour près dun siècle[37]. Les Vandales sont adeptes de larianisme[38], déclarée hérésie chrétienne au concile de Nicée, ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairement catholiques. Or les Vandales exigent de la population une totale allégeance à leur pouvoir et à leur foi[39]. En conséquence, dès lors quils tentent de sopposer aux Vandales, les chrétiens sont persécutés : de nombreux hommes dÉglise sont martyrisés, emprisonnés ou exilés[40] dans des camps au sud de Gafsa. Dans le domaine économique, les Vandales appliquent à lÉglise la politique de confiscation dont doivent pâtir les grands propriétaires[39]. Cependant, la culture latine reste largement préservée[41] et le christianisme prospère tant quil ne soppose pas au souverain en place. Dans ce contexte, le territoire, enserré par des principautés berbères, est attaqué par les tribus de nomades chameliers : la défaite, en décembre 533 à la bataille de Tricaméron[42], confirme lanéantissement de la puissance militaire vandale. Carthage est prise facilement par les Byzantins dirigés par le général Bélisaire[19], envoyé par Justinien[43], le roi vandale Gélimer se rendant en 534[43]. Malgré la résistance des Berbères, les Byzantins rétablissent lesclavage et instituent de lourds impôts[44]. Par ailleurs, ladministration romaine est restaurée.

LÉglise dAfrique est mise au pas[39] et Justinien fait alors de Carthage le siège de son diocèse dAfrique. À la fin du VIe siècle, la région est placée sous lautorité dun exarque cumulant les pouvoirs civil et militaire, et disposant dune large autonomie vis-à-vis de lempereur. Prétendant imposer le christianisme dÉtat, les Byzantins pourchassent le paganisme, le judaïsme et les hérésies chrétiennes[44]. Pourtant, à la suite de la crise monothéliste, les empereurs byzantins, opposés à lÉglise locale, se détournent de la cité. Or, avec une Afrique byzantine entraînée dans le marasme, un état desprit insurrectionnel secoue des confédérations de tribus sédentarisées et constituées en principautés[39]. Ces tribus berbères sont dautant plus hostiles à lEmpire byzantin quelles ont conscience de leur propre force[39]. Avant même sa prise par les Arabes en 698[45], la capitale et dans une certaine mesure la province dAfrique se sont vidées de leurs habitants byzantins. Dès le début du VIIe siècle, larchéologie témoigne en effet dun repli[46].

Arabisation et islamisation de la Tunisie

Article détaillé : Tunisie à l'époque médiévale.

La première expédition arabe sur la Tunisie est lancée en 647[45]. En 661, une deuxième offensive se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafi Al Fihri, est décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la même année[44] et cette ville devient la base des expéditions contre le nord et louest du Maghreb[19]. Linvasion complète manque déchouer avec la mort dIbn Nafi en 683[47]. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le général ghassanide Hassan Ibn Numan réussit à vaincre lexarque et à prendre Carthage[48] en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena[48]. Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui sempare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes en 697[48]. Ces derniers, au prix dun nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena[47].

Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas doccuper la côte et entreprennent de conquérir lintérieur du pays. Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs[47], principalement à travers leur recrutement dans les rangs de larmée victorieuse. Des centres de formation religieuse sorganisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer lampleur de ce mouvement dadhésion à lislam. Dailleurs, refusant lassimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, hérésie née en Orient et proclamant légalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe[49]. La région reste une province omeyyade jusquen 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit ces derniers lemporter[49]. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement dAbou Qurra semparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans leur royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque[50]. En 800, le calife abbasside Haroun ar-Rachid délègue son pouvoir en Ifriqiya à lémir Ibrahim ibn al-Aghlab[51] et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire[52]. Al-Aghlab établit la dynastie des Aghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie dune indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside[52]. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sa Grande mosquée, un centre intellectuel de haute renommée[53].

Minaret de la mosquée Zitouna de style almohade

À la fin du règne de Ziadet Allah Ier (817-838), Tunis devient la capitale de lémirat jusquen 909[54]. Appuyée par les tribus Kutama qui forment une armée fanatisée, laction du prosélyte ismaélien Abu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de lémirat en une quinzaine dannées (893-909)[55]. En décembre 909, Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides, qui déclare usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. LÉtat fatimide simpose progressivement sur toute lAfrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec lAfrique subsaharienne. En 945, Abu Yazid, de la grande tribu des Banou Ifren, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et sempare de la Sicile[45] en 948.

Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers lest en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur lIfriqiya, le calife Al-Muizz li-Dîn Allah confie à Bologhine ibn Zirifondateur de la dynastie des Ziridesle soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide[45], ce qui culmine avec la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure lère de lémancipation berbère[55]. Lenvoi depuis lÉgypte de tribus arabes nomades sur lIfriqiya marque la réplique des Fatimides à cette trahison[55].

Les Hilaliens suivis des Banu Sulaymdont le nombre total est estimé à 50 000 guerriers et 200 000 bédouins[55]se mettent en route après que de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant dêtre occupée et pillée. Le souverain se réfugie alors à Mahdia en 1057 tandis que les nomades continuent de se répandre en direction de lAlgérie, la vallée de la Medjerda restant la seule route fréquentée par les marchands[55]. Ayant échoué dans sa tentative pour sétablir dans la Sicile reprise par les Normands, la dynastie ziride sefforce sans succès pendant 90 ans de récupérer une partie de son territoire pour organiser des expéditions de piraterie et senrichir grâce au commerce maritime.

Les historiens arabes sont unanimes à considérer cette migration comme lévénement le plus décisif du Moyen Âge maghrébin, caractérisé par une progression diffuse de familles entières qui a rompu léquilibre traditionnel entre nomades et sédentaires berbères[55]. Les conséquences sociales et ethniques marquent ainsi définitivement lhistoire du Maghreb avec un métissage de la population. Depuis la seconde moitié du VIIe siècle, la langue arabe demeurait lapanage des élites citadines et des gens de cour. Avec linvasion hilalienne, les dialectes berbères sont plus ou moins influencés par larabisation, à commencer par ceux de lIfriqiya orientale[55].

À partir du premier tiers du XIIe siècle, la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du sud de lItalie, basés dans le royaume normano-sicilien. Cependant, lensemble du territoire dIfriqiya finit par être occupé par larmée du sultan almohade Abd al-Mumin lors de son expédition depuis le nord du Maroc en 1159[56]. Léconomie devient florissante[57] et des relations commerciales sétablissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (Pise, Gênes, Marseille, Venise et certaines villes dEspagne). Lessor touche également le domaine culturel[57] avec les œuvres du grand historien et père de la sociologie Ibn Khaldoun ; le siècle almohade est considéré comme l’« âge dor » du Maghreb[57]. De grandes villes se développent et les plus belles mosquées sont érigées à cette époque[58]. Les Almohades confient la Tunisie à Abû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs mais son fils Abû Zakariyâ Yahyâ se sépare deux en 1228 et fonde la nouvelle dynastie berbère[29] des Hafsides[59]. Elle acquiert son indépendance dès 1236[60] et dirige la Tunisie jusquen 1574[51], ce qui en fait la première dynastie tunisienne par sa durée[61]. Elle établit la capitale du pays à Tunis[51], et la ville se développe grâce au commerce avec les Vénitiens, les Génois, les Aragonais et les Siciliens[45].

À la croisée des convoitises

Article détaillé : Tunisie beylicale.
Portrait du corsaire Arudj Barberousse

Les Hafsides de Tunis sessoufflent et perdent peu à peu, après la bataille de Kairouan en 1348, le contrôle de leurs territoires au profit des Mérinides dAbu Inan Faris[60], alors que, frappée de plein fouet par la peste[62] de 1384, lIfriqiya continue de subir une désertification démographique amorcée par les invasions hilaliennes[63]. Cest alors que commencent à arriver les Maures musulmans et juifs andalous[45] fuyant la déchéance du royaume de Grenade en 1492 et occasionnant des problèmes dassimilation[63]. En une dizaine dannées, les souverains espagnols Ferdinand dAragon et Isabelle de Castille prennent les cités de Mers el-Kébir, Oran, Bougie, Tripoli et lîlot situé en face dAlger. Pour sen libérer, les autorités de la cité sollicitent laide de deux corsaires renommés, dorigine grecque : les frères Arudj et Khayr ad-Din[64] Barbaros ou Barberousse.

La Tunisie offrant un environnement favorable, les frères Barberousse sy illustrent : Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois lautorisation dutiliser le port de La Goulette puis lîle de Djerba comme base[63]. Après la mort dArudj, son frère Khayr ad-Din se place dans la vassalité du sultan dIstanbul. Nommé grand amiral de lEmpire ottoman, il sempare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après la prise de la ville par larmada que Charles Quint mène en 1535[45],[63]. En 1560, Dragut parvient à Djerba et, en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans[51], qui font de la Tunisie une province de lempire[38] en 1575. Pourtant, malgré leurs victoires, les Ottomans ne simplantent guère en Tunisie. Au cours du XVIIe siècle, leur rôle ne cesse de décroître au profit des dirigeants locaux qui sémancipent progressivement de la tutelle du sultan dIstanbul[65] alors que seuls 4 000 janissaires sont en poste à Tunis[63]. Au bout de quelques années dadministration turque, plus précisément en 1590[29], ces janissaires sinsurgent, plaçant à la tête de lÉtat un dey et, sous ses ordres, un bey[66] chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Ce dernier ne tarde pas à devenir le personnage essentiel de la régence[51] aux côtés du pacha, qui reste confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point quune dynastie beylicale finit par être fondée par Mourad Bey en 1612. Le 15 juillet 1705, Hussein I Bey fonde la dynastie des Husseinites[61]. Quoique toujours officiellement province de lEmpire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au XIXe siècle[51], notamment avec Ahmed I Bey, régnant de 1837 à 1855, qui enclenche un processus de modernisation[67]. À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme labolition de lesclavage et ladoption en 1861 dune constitution[67],[68], et manque même de devenir une république indépendante.

Il est difficile de mesurer limportance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane. Dans un autre domaine, lart des tapis, qui existait pour certains avant larrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter au XVIIIe siècle des motifs purement anatoliens[63]. Malgré ces influences perceptibles dans laspect des objets manufacturés, lempreinte de lItalie voisine se fait de plus en plus manifeste au cours du XVIIIe siècle, tant dans larchitecture que dans la décoration, marquant ainsi une ouverture du pays à lEurope[63].

Protectorat et lutte nationaliste

Article détaillé : Protectorat français en Tunisie.

Toutefois, en raison de la politique ruineuse des beys, de la hausse des impôts[61] et dinterférences étrangères dans léconomie, le pays connaît peu à peu de graves difficultés financières[67]. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière internationale anglo-franco-italienne[69]. La régence apparaît vite comme un enjeu stratégique de première importance de par la situation géographique du pays, à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée[70]. La Tunisie fait donc lobjet des convoitises rivales de la France et de lItalie. Les consuls français et italien tentent de profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la neutralité de lAngleterre (peu désireuse de voir lItalie prendre le contrôle de la route du canal de Suez) et bénéficiant des calculs de Bismarck, qui souhaite la détourner de la question de lAlsace-Lorraine[70].

Les incursions de « pillards » khroumirs en territoire algérien fournissent un prétexte à Jules Ferry pour souligner la nécessité de semparer de la Tunisie[70]. En avril 1881, les troupes françaises y pénètrent sans résistance majeure et parviennent à occuper Tunis[67] en trois semaines, sans combattre[71]. Le 12 mai 1881, le protectorat est officialisé lorsque Sadok Bey signe forcé, sous peine de mort[72], le traité du Bardo[73] au palais de Ksar Saïd[74]. Ce qui nempêche pas, quelques mois plus tard, les troupes françaises de faire face à des révoltes rapidement étouffées dans les régions de Kairouan et Sfax[70]. Le régime du protectorat est renforcé par les conventions de la Marsa du 8 juin 1883 qui accordent à la France le droit dintervenir dans la politique étrangère, la défense et les affaires internes de la Tunisie[75],[76]. La France représente dès lors la Tunisie sur la scène internationale, et ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de protecteur pour exploiter le pays comme une colonie, en contraignant le bey à abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs au résident général[77]. Néanmoins, des progrès économiques ont lieu, notamment via les banques et les compagnies[75]. La colonisation permet lexpansion des cultures de céréales et de la production dhuile dolive ainsi que lexploitation des mines de phosphates[69] et de fer. Un important port militaire est aménagé à Bizerte[70]. De plus, dans le domaine de léducation, les Français établissent un système bilingue arabe et français qui donne lopportunité à lélite tunisienne de se former dans les deux langues[78].

Procès de laffaire du Djellaz en 1911

La lutte contre loccupation française commence dès le début du XXe siècle avec le mouvement réformiste et intellectuel des Jeunes Tunisiens fondé en 1907[79] par Béchir Sfar, Ali Bach Hamba et Abdeljelil Zaouche. Ce courant nationaliste se manifeste par laffaire du Djellaz en 1911 et le boycott des tramways tunisois en 1912[77]. De 1914 à 1921, le pays vit en état durgence et la presse anticolonialiste est interdite[19]. Malgré tout, le mouvement national ne cesse pas dexister[77]. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération organisée autour dAbdelaziz Thâalbi prépare la naissance du parti du Destour[77]. Entré en conflit avec le régime du protectorat[80], le parti expose, dès la proclamation officielle de sa création le 4 juin 1920[76], un programme en huit points. Après avoir fustigé le régime du protectorat dans des journaux comme La Voix du Tunisien et LÉtendard tunisien[81], lavocat Habib Bourguiba fonde en 1932, avec Tahar Sfar, Mahmoud El Materi et Bahri Guiga, le journal L'Action Tunisienne[82], qui, outre lindépendance, prône la laïcité[83]. Cette position originale conduit le 2 mars 1934[76], lors du congrès de Ksar Hellal[80], à la scission du parti en deux branches, lune islamisante qui conserve le nom Destour, et lautre moderniste et laïque, le Néo-Destour[69], une formation politique moderne, structurée sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminée à conquérir le pouvoir pour transformer la société[82]. Après léchec des négociations engagées par le gouvernement Blum, des incidents sanglants éclatent en 1937[69] et les émeutes davril 1938 sont sévèrement réprimées[83].

Cette répression conduit à la clandestinité du Néo-Destour, qui incite les nouveaux dirigeants à ne pas exclure léventualité dune lutte plus active[84],[85]. En 1940, le régime de Vichy livre Bourguiba à lItalie, à la demande de Benito Mussolini, qui espère lutiliser pour affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord[83]. Cependant Bourguiba ne désire pas cautionner les régimes fascistes et lance le 8 août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées[83]. Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre dimportantes opérations militaires[79] connues sous le nom de campagne de Tunisie[69] Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sbeïtla au début de lannée 1943, les troupes du Troisième Reich sont contraintes de capituler le 11 mai dans le cap Bon, quatre jours après larrivée des forces alliées à Tunis[86]. Après la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération nationale[85]. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement français[84], si bien que Robert Schuman évoque en 1950 lindépendance de la Tunisie en plusieurs étapes[76]. Mais des troubles nationalistes en 1951 précipitent leur échec[76].

Habib Bourguiba à Bizerte en 1952

Avec larrivée du nouveau résident général, Jean de Hauteclocque, le 13 janvier 1952, et larrestation, le 18 janvier, de 150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée[69], la répression militaire française[76] et un durcissement des positions de chaque camp[87]. De plus, avec lassassinat du syndicaliste Farhat Hached par lorganisation colonialiste extrémiste[88] de la Main rouge[89], le 5 décembre, se déclenchent manifestations, émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales[85]. Le développement de la répression, accompagnée de lapparition du contre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales[85]. Cest pourquoi les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial. En réponse, près de 70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des groupes tunisiens dans les campagnes[90]. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de lautonomie interne de la Tunisie, concédée par Pierre Mendès France le 31 juillet 1954[76],[91]. Cest finalement le 3 juin 1955[90] que les conventions franco-tunisiennes sont signées entre le Premier ministre tunisien Tahar Ben Ammar et son homologue français Edgar Faure[88]. En dépit de lopposition de Salah Ben Youssef, qui sera exclu du parti[38], les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre de la même année[87]. Après de nouvelles négociations, la France finit par reconnaître « solennellement lindépendance de la Tunisie »[87] le 20 mars 1956[92], tout en conservant la base militaire de Bizerte.

Tunisie indépendante

Article détaillé : Tunisie depuis 1956.

Le 25 mars[61], lAssemblée nationale constituante est élue : le Néo-Destour en remporte tous les sièges et Bourguiba est porté à sa tête le 8 avril[19],[79]. Le 11 avril, il devient le Premier ministre de Lamine Bey[88]. Le Code du statut personnel, à tendance progressiste, est proclamé le 13 août[93] et, le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie, la Tunisie devenant une république[94] dont Bourguiba est élu président[95] le 8 novembre 1959[96].

Photo officielle de Habib Bourguiba

Le 8 février 1958, en pleine guerre d'Algérie, des avions de larmée française franchissent la frontière algéro-tunisienne et bombardent le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef[19]. En 1961, dans un contexte dachèvement prévisible de la guerre, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte[76] : la crise qui suit fait près dun millier de morts, essentiellement tunisiens[76], et la France finit, le 15 octobre 1963, par rétrocéder la base à lÉtat tunisien[95].

Avec lassassinat de Salah Ben Youssef, principal opposant de Bourguiba depuis 1955[95], à Francfort et linterdiction du Parti communiste (PCT) le 8 janvier 1963, la République tunisienne devient un régime de parti unique dirigé par le Néo-Destour[95]. En mars 1963, Ahmed Ben Salah entame une politique « socialiste » détatisation pratiquement totale de léconomie. Des émeutes contre la collectivisation des terres dans le Sahel tunisien le 26 janvier 1969 poussent au limogeage de Ben Salah le 8 septembre avec la fin de lexpérience socialiste[95]. Avec une économie affaiblie par la fin du socialisme et un panarabisme défendu par Mouammar Kadhafi, un projet politique qui unifierait la Tunisie et la Libye sous le nom de République arabe islamique est lancé en 1974 mais échoue très rapidement en raison des tensions tant nationales quinternationales. Après la condamnation à une lourde peine de prison de Ben Salah, rendu responsable de léchec de la politique des coopératives, viennent lépuration de laile libérale du PSD animée par Ahmed Mestiri puis la proclamation de Bourguiba comme président à vie en 1975[19]. Cest dans ces conditions, marquées par un léger desserrement de létau du PSD sous le gouvernement dHédi Nouira, que lUGTT gagne en autonomie tandis que naît en 1977 la Ligue tunisienne des droits de l'homme. Le coup de force du « Jeudi noir » contre lUGTT en janvier 1978 puis lattaque contre la ville minière de Gafsa, en janvier 1980, ne suffisent pas à museler la société civile émergente.

Dès le début des années 1980, le pays traverse une crise politique et sociale[97] se conjuguent le développement du clientélisme et de la corruption, la paralysie de lÉtat devant la dégradation de la santé de Bourguiba, les luttes de succession et le durcissement du régime. En 1981, la restauration partielle du pluralisme politique, avec la levée de linterdiction frappant le Parti communiste, suscite des espoirs qui seront déçus par la falsification des résultats aux élections législatives de novembre. Par la suite, la répression sanglante des « émeutes du pain » de décembre 1983[97], la nouvelle déstabilisation de lUGTT et larrestation de son dirigeant Habib Achour contribuent à accélérer la chute du président vieillissant[82]. La situation favorise la montée de lislamisme[88] et le long règne de Bourguiba sachève dans une lutte contre lislamisme menée par Zine el-Abidine Ben Ali, nommé ministre de lIntérieur puis Premier ministre en octobre 1987[95].

Le 7 novembre 1987, Ben Ali dépose le président pour sénilité, action accueillie favorablement par une large fraction du monde politique[97]. Élu le 2 avril 1989 avec 99,27 % des voix[98], le nouveau président réussit à relancer léconomie alors que, sur le plan de la sécurité, le régime senorgueillit davoir épargné au pays les convulsions islamistes qui ensanglantent lAlgérie voisine, grâce à la neutralisation du parti Ennahda au prix de larrestation de dizaines de milliers de militants et de multiples procès au début des années 1990[82]. Les opposants laïques signent quant à eux le Pacte national en 1988, plate-forme destinée à la démocratisation du régime. Pourtant, lopposition et de nombreuses ONG de défense des droits de l'homme accusent peu à peu le régime dattenter aux libertés publiques[69] en étendant la répression au-delà du mouvement islamiste. En 1994, le président Ben Ali est réélu avec 99,91 % des voix[99],[100] et signe lannée suivante un accord de libre-échange avec lUnion européenne[76]. Les élections du 24 novembre 1999, bien quelles soient les premières présidentielles à être pluralistes avec trois candidats, voient le président Ben Ali réélu avec un score comparable aux scrutins précédents[98],[100]. La réforme de la constitution approuvée par référendum le 26 mai 2002 accroît encore les pouvoirs du président, repousse lâge limite des candidats, supprime la limite des trois mandats réintroduite en 1988 et permet au président de briguer de nouveaux mandats au-delà de léchéance de 2004 tout en bénéficiant dune immunité judiciaire à vie[82]. Le 11 avril 2002, un attentat au camion piégé vise la synagogue de la Ghriba et provoque la mort de 19 personnes dont quatorze touristes allemands.

Politique

Politique intérieure

Zine el-Abidine Ben Ali

Le président de la République tunisienne est élu tous les cinq ans au suffrage universel et il peut se présenter aux élections autant de fois quil veut pour autant quil ait moins de 75 ans. Zine el-Abidine Ben Ali, lactuel détenteur du poste, est élu le 24 octobre 2004 pour un quatrième mandat. La Tunisie ne connaît que deux présidents au cours de son histoire moderne : Habib Bourguiba (25 juillet 1957-7 novembre 1987), avec comme Premiers ministres Bahi Ladgham, Hédi Nouira, Mohamed Mzali, Rachid Sfar et Zine el-Abidine Ben Ali, puis Ben Ali (depuis le 7 novembre 1987) avec comme Premiers ministres Hédi Baccouche, Hamed Karoui et Mohamed Ghannouchi. Le pouvoir législatif, bicaméral depuis 2002, est exercé par la Chambre des députés, composée de 189 députés (dont 37 de lopposition) élus au suffrage universel, et par la Chambre des conseillers (qui tient sa séance inaugurale le 16 août 2005) qui comprend 112 membres.

La constitution actuelle est celle qui est proclamée le 1er juin 1959, trois ans après lindépendance. Elle a subi plusieurs amendements dont celui du 12 juillet 1988 pour limiter le nombre de mandats présidentiels à trois (après que Bourguiba eut été proclamé président à vie) et celui du 1er juin 2002 suite au référendum tenu le 26 mai de la même année, permettant notamment la suppression de la limite du nombre de mandats présidentiels, lallongement de lâge limite pour déposer une candidature à la présidence, linstauration dune immunité judiciaire pour le président (durant et après lexercice de ses fonctions) et linstauration dun parlement bicaméral.

Le RCD, parti au pouvoir, fut durant 25 ans le seul parti politique légalalors quil portait le nom de PSDet domine toujours la vie politique avec plus de deux millions dadhérents revendiqués. La scène politique du pays compte actuellement six partis politiques dopposition légaux, un minimum de 20 % des 189 sièges de la Chambre des députés leur étant garanti par la loi.

Le manque de transparence politique, la faible liberté d'expression et la censure (notamment de la presse et de nombreux sites web) font quune situation politique précise de la Tunisie est difficile à déterminer. De nombreuses ONG internationales pointent du doigt les atteintes aux droits de lhomme en Tunisie notamment en ce qui concerne les atteintes à la liberté dexpression, les prisonniers politiques et dopinion, linstrumentalisation de la justice par le pouvoir exécutif, la torture et la situation dans les prisons tunisiennes, ainsi que le harcèlement de toute dissidence politique. De leur côté, les autorités tunisiennes font valoir que leurs efforts en termes de droits de lhomme ont été officiellement reconnus par des instances internationales comme le Conseil des droits de l'homme des Nations unies dont les membres ont souligné, avec quelques réserves pour certains, les progrès accomplis par le pays en la matière[101].

Politique extérieure

Habib Ben Yahia, ministre des Affaires étrangères, en compagnie de Colin Powell durant sa visite à Washington en avril 2002

Le premier président, Habib Bourguiba, choisit le non-alignement durant la guerre froide tout en ayant des relations étroites avec lEurope et les États-Unis. Son successeur, Zine el-Abidine Ben Ali, maintient la tradition tunisienne de bonnes relations avec lOccident tout en jouant un rôle actif dans les instances régionales arabes et africaines : le pays accueille, en mai 2004, la 16e session ordinaire du sommet de la Ligue arabe (dont la Tunisie est membre depuis 1958) et envoie régulièrement de laide humanitaire aux Palestiniens et aux États arabo-musulmans en crise comme le Liban, en 2006, ou lIndonésie après le tsunami du 26 décembre 2004. Le pays est également un membre fondateur de lOUA, dont elle assure la présidence en 1994-1995, avant de participer à la fondation de lUnion africaine en juillet 2002. La Tunisie a également soutenu le développement de lUnion du Maghreb arabe qui inclut lAlgérie, le Maroc, la Mauritanie et la Libye. Toutefois, ses progrès restent limités en raison de tensions entre lAlgérie et le Maroc à propos du Sahara occidental. En février 2001, la Tunisie adhère à la Communauté des États sahélo-sahariens et accueille le siège de la Banque africaine de développement en 2003. Le pays est depuis longtemps une voix modératrice sur la question du Proche-Orient : Bourguiba est ainsi le premier dirigeant arabe à appeler à la reconnaissance dIsraël par les pays arabes dans un discours prononcé à Jéricho le 3 mars 1965[102]. Le pays abrite le quartier général de la Ligue arabe de 1979 à 1990 ainsi que celui de lOLP de 1982 à 1993 (jusquà ce que son comité exécutif sinstalle dans les Territoires occupés bien que son département politique reste à Tunis). Le pays joue également un rôle modérateur dans les négociations de paix au Proche-Orient : la Tunisie est le premier pays arabe à recevoir une délégation israélienne en 1993, dans le cadre du processus de paix, et maintient une représentation en Israël jusquau début de la seconde Intifada en 2000.

Coincée entre lAlgérie et la Libye, la Tunisie a toujours cherché à maintenir de bonnes relations avec ses voisins malgré des tensions occasionnelles. La Tunisie et lAlgérie ont résolu un long litige frontalier en 1993 et ont coopéré dans la construction du gazoduc transméditerranéen menant vers lItalie. La Tunisie a par ailleurs récemment signé un accord avec lAlgérie pour démarquer la frontière maritime entre les deux pays. Vis-à-vis de son autre voisin, les relations sont plus difficiles à partir de lannulation par la Tunisie dun accord visant à la formation dune union tuniso-libyenne en 1974. Les relations diplomatiques sont rompues entre 1976 et 1977 puis se détériorent à nouveau en 1980 lorsque des rebelles appuyés par la Libye tentent de prendre la ville de Gafsa[103]. En 1982, la Cour internationale de justice tranche le différend relatif à la partition du plateau continental frontalier (riche en pétrole) en faveur de la Libye. Lexpulsion par la Libye de nombreux travailleurs tunisiens en 1985 et les menaces militaires américaines conduisent la Tunisie à restreindre leurs relations qui sont à nouveau normalisées dès 1987. Tout en soutenant les sanctions de lONU imposées à la Libye, à la suite de bombardements aériens américains, la Tunisie prend soin de maintenir de bonnes relations avec son voisin. Elle soutient ainsi la levée de ces sanctions en 2003, la Libye redevenant ainsi lun de ses partenaires commerciaux majeurs. Néanmoins, les deux pays ont encore un contentieux maritime sur leur frontière commune.

La Tunisie revendique également sa dimension méditerranéenne. Elle participe ainsi au Forum méditerranéen, dont elle organise lédition 2005, et devient le premier pays du bassin méditerranéen à signer, le 17 juillet 1995, un accord dassociation avec lUnion européenne dans le but de renforcer son ancrage à lEurope. Avec son plus proche voisin européen, Malte, la Tunisie discute actuellement de lexploitation pétrolière du plateau continental qui se trouve entre les deux pays.

Laction politique de la Tunisie dépasse pourtant les frontières régionales. Lors dun discours prononcé devant lAssemblée générale des Nations unies en 1999, le président Ben Ali appelle à la création dun Fonds mondial de solidarité (en sinspirant du Fonds de solidarité nationale) visant à contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les zones les plus déshéritées dans le monde. LAssemblée générale adopte à lunanimité, le 20 décembre 2002, une résolution portant création de ce fonds et instaurant les modalités pratiques requises pour sa mise en place.

Justice

Le droit tunisien reste largement inspiré par le droit français, tant dans son contenu que dans ses grandes divisions (public et privé) et ses structures.

Modifiée à plusieurs reprises, la constitution tunisienne garantit les principes fondamentaux suivants :

  • lindépendance de la justice (art. 65: selon cette disposition, la justice et le corps des juges devraient jouir dune pleine indépendance. En réalité, la justice tunisienne demeure influencée par le pouvoir exécutif. Ainsi, en tant que chef du Conseil supérieur de la magistrature, le président nomme par décret les magistrats, les révoque ou les transfère sur proposition dudit conseil.
  • la garantie de certains principes fondamentaux du droit comme le principe de la présomption dinnocence (art. 12), la non-rétroactivité de la loi (art. 13), linviolabilité de domicile, la liberté de mouvement et les libertés dopinion, dexpression, de publication, de réunion et dassociation. Ces droits peuvent être toutefois limités par des dispositions légales ou la sécurité dÉtat (art. 8-10).

Le système juridictionnel est précisé par la loi portant sur lorganisation judiciaire de 1967, les règles de compétence (attribution, compétence territoriale et compétence dexception) étant établies dans dautres textes dont le Code de procédure pénale du 24 juillet 1968. Le système judiciaire est composé de deux grands ensembles : les juridictions civiles (ordinaire, pénale et spéciale) placées sous le contrôle du ministère de la Justice et les juridictions spéciales : Conseil de Prudhommes, Tribunal immobilier, Conseil dÉtat (Tribunal administratif et Cour des comptes), Haute Cour (destinée à juger le crime de trahison commis par un membre du gouvernement) et Tribunal militaire (qui nest pas une juridiction dexception selon les autorités tunisiennes). Le domaine de compétence de ce dernier sétend principalement aux atteintes à la sécurité nationale et à la sûreté intérieure de lÉtat.

Économie

Article détaillé : Économie de la Tunisie.

En 2007, le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie atteint 34,540 milliards de dollars soit une hausse de 6,3 % par rapport à 2006[104]. En 1960, celui-ci ne se montait quà 847 millions de dollars, passant à 1,581 milliard en 1970, 8,634 millards en 1980, 12,875 milliards en 1990 et 21,254 milliards en 1999[105]. Quant à la population active, elle atteint 3,593 millions de personnes mais la population active occupée totalise 3,085 millions de personnes[106], dont près de 30 % de femmes, ce qui représente tout de même plus du double du niveau de 1980[107].

Historique

À la proclamation de lindépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de ses voisins maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par lémigration des populations dorigine européenne et relations avec les milieux daffaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel embryonnaire[108]. La priorité établie par le nouveau président Habib Bourguiba est alors de libérer léconomie nationale du contrôle français qui avait favorisé lagriculture et lextraction minérale, mais avait, en grande partie, négligé lindustrie[109],[110], la Tunisie étant alors le pays le moins industrialisé du Maghreb[111].

Dans ce contexte, limportance croissante de lUnion générale tunisienne du travail (UGTT) dans les choix économiques par laction de son secrétaire général, Ahmed Ben Salah, mène le pays vers ladoption de mesures collectivistes dans léconomie[109]. Lexpérience coopérative dure jusquen septembre 1969 lorsque Bourguiba suspend Ben Salah de ses fonctions suite à la parution dun rapport confidentiel de la Banque mondiale sur le déficit des entreprises publiques[112] et aux pressions de laile pragmatique du parti. Avec larrivée dHédi Nouira, pragmatique gouverneur de la Banque centrale hostile au collectivisme[113], au ministère de lÉconomie puis au Premier ministère, la Tunisie se réoriente vers léconomie de marché et la propriété privée[109]. Durant la décennie des années 1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur privé et un développement rapide de lemploi manufacturier. Cette timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le développement dune meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement instruite et la croissance dune classe moyenne[114].

En 1986, la Tunisie connaît toutefois sa première année de croissance négative depuis son indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique pendant cette période et lUGTT, qui critique ouvertement la politique économique adoptée par le gouvernement, organise des grèves et des manifestations contre laugmentation du chômage et la politique salariale[109],[110]. Le gouvernement se met alors daccord avec le Fonds monétaire international sur la mise en place dun programme de reprise économique sur 18 mois. Lobjectif principal du plan est daccroître lefficacité et de promouvoir les mécanismes du marché. En même temps, il est conçu pour surmonter les conséquences sociales et politiques de ses mesures. Les dépenses publiques sont concentrées aux secteurs de la santé, de léducation, du logement et des services. Le gouvernement ne lance cependant pas de véritables programmes avant 1987. La privatisation se traduit dans un premier temps par la vente de petites et moyennes entreprises avec un bon historique bancaire à des acheteurs tunisiens présélectionnés. Depuis le lancement du nouveau programme de privatisation en 1987, le gouvernement a totalement ou partiellement privatisé 203 entreprises, dont de grands établissements publics tel Tunisie Télécom, pour une recette globale de 5 557 millions de dinars[115]. De plus, la non préparation de plusieurs secteurs à louverture a conduit au maintien dun niveau de chômage élevé et variant selon les sources de 13 % à 20 %[116]. Pourtant, le chômage ne touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage des diplômés de lenseignement supérieur est ainsi en augmentation depuis plusieurs années. Alors quil était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984[117], il atteint 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de la Banque mondiale[118].

En 1959, le pays prend ses premiers contacts avec la Communauté économique européenne. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe et aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature dun premier accord commercial le 28 juillet 1969 à Tunis[98]. Un accord dassociation est finalement signé avec lUnion européenne le 17 juillet 1995 et entre en vigueur le 1er mars 1998 pour engendrer dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières jusquau 1er janvier 2008[119].

Croissance de léconomie entre 1962 et 2005

Secteurs

Champ doliviers du gouvernorat de Sfax
Hôtel djerbien de la chaîne El Mouradi

Depuis lindépendance de la Tunisie, lagriculture a enregistré des taux de croissance importants et a permis au pays datteindre un niveau de sécurité alimentaire suffisant. En dépit du développement des autres secteurs de léconomie nationale, lagriculture conserve une importance sociale et économique : elle assure environ 12,3 % du PIB et emploie 16,3 % de la main-dœuvre en 2006. Les principales productions agricoles sont les céréales (blé et orge), les olives (4e producteur mondial et 2e exportateur mondial)[120], les dattes, les agrumes et les produits de la mer. La gestion de lagriculture appartient encore à des organismes dÉtat tels les offices des céréales, de la pêche ou de lhuile mais le secteur agricole est de plus en plus pris en charge par des groupes privés souvent présents dans lindustrie agroalimentaire tel le groupe Poulina qui est le premier groupe privé du pays.

En matière industrielle, la Tunisie est le premier exportateur dAfrique en valeur absolue : elle est ainsi passée devant lAfrique du Sud en 1999[121]. Les secteurs du textile et de lagroalimentaire représentent 50 % de la production et 60 % de lemploi de lindustrie manufacturière. Mais, après avoir cru à un rythme annuel de 2,1 % (entre 2000 et 2005), lindustrie tunisienne fait aujourdhui face à la concurrence étrangère. Toutefois, les exportations de produits mécaniques et électriques se sont multipliées par cinq entre 1995 et 2005[122]. Quatrième fournisseur de lUnion européenne en produits textiles, elle était jusquen 2002 le premier fournisseur de la France avant dêtre surclassée par la Chine en 2003. Les ressources naturelles de la Tunisie restent quant à elles modestes, ce qui contraint le pays à importer du pétrole.

Dans le secteur des services, le développement du tourisme remonte aux années 1960 grâce à laction conjuguée de lÉtat et de groupes privés. Le secteur touristique représente 6,5 % du PIB et fournit 340 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit 11,5 % de la population active occupée avec une forte part demploi saisonnier. Outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme saharien (Douz et Tozeur attirant chaque année plus de 250 000 touristes durant toute lannée) est en fort développement. Plus récemment, le tourisme vert, la thalassothérapie et le tourisme médical sont apparus et croissent très rapidement. Le secteur du commerce et de la distribution, qui emploie plus de 500 000 personnes et participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories[123]. Ainsi, le secteur se caractérise encore par la prédominance du commerce traditionnel avec 88 % (2006) du chiffre daffaires, lessentiel des transactions commerciales étant réalisé par de petits commerçants. La distribution moderne, qui compte pour 12 % du chiffre daffaires global et regroupe des enseignes nationales et internationales, nest apparue que lorsque le marché sest libéralisé en 1999[124].

Infrastructures

Vue aérienne du port de Radès

En matière de transport, la Tunisie compte aujourdhui sept ports de commerce (Radès, Sfax, Bizerte, Gabès, Sousse, Zarzis et La Goulette) tandis quun port en eaux profondes va être réalisé à Enfida. Placés sous la gestion de lOffice de la marine marchande et des ports, ils assurent à eux seuls 96 % du commerce extérieur tunisien[124]. Avec ses 550 000 passagers et ses 415 000 croisiéristes enregistrés en 2004, le port de La Goulette est lune des destinations les plus appréciées dans louest du bassin méditerranéen[124]. La Compagnie tunisienne de navigation, société publique, est le principal armateur du pays et assure des lignes régulières reliant les deux rives de la mer Méditerranée (vers Marseille, Gênes, Livourne et Barcelone).

Terminal de laéroport de Tunis

Le pays compte par ailleurs trente aéroports dont sept aéroports internationaux (Tunis-Carthage, Monastir-Habib Bourguiba, Djerba-Zarzis, Tozeur-Nefta, Sfax-Thyna, Tabarka-7 novembre et Gafsa-Ksar). En 2005, 39,2 % du trafic seffectue par laéroport international de Tunis-Carthage. Par ailleurs, un nouvel aéroport situé à Enfida (à cent kilomètres au sud de Tunis) devrait être opérationnel à la fin 2009 ou, plus probablement, début 2010 avec une capacité de cinq millions de passagers par an[125].

Le transport ferroviaire assure plus du tiers des déplacements nationaux à travers un réseau national de 2 153 kilomètres de voies ferrées[126]. Le réseau est exploité par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) ainsi que par la Société des transports de Tunis spécialisée dans le transport urbain dans la région de Tunis. Le réseau routier sétend pour sa part sur 19 300 kilomètres dont 12 655 kilomètres de routes goudronnées ainsi que de trois autoroutes reliant Tunis à Sfax au sud, Bizerte au nord et Oued Zarga à louest. Le secteur du transport routier domine les transports terrestres de voyageurs et de marchandises. Il est néanmoins contrôlé par les sociétés étrangères à cause du petit nombre dentreprises tunisiennes.

Les infrastructures de télécommunications sont largement développées[127] : le réseau téléphonique compte environ sept millions dabonnés en 2006 dont six millions dabonnés mobiles et environ 12,5 % de la population a accès à Internet en février 2007[128]. Lopérateur public, Tunisie Télécom, reste le seul fournisseur de la téléphonie fixe[127] alors que deux opérateurs se partagent à ce jour le marché de la téléphonie mobile : Tunisie Télécom et Orascom Telecom et sa marque Tunisiana. LAgence tunisienne d'Internet gère le réseau web au plan national qui compte douze fournisseurs daccès (sept publics et cinq privés). Par ailleurs, 281 publinets (accès publics à Internet) sont répartis sur lensemble du territoire[127].

Démographie

Structure de la population de la Tunisie
Évolution démographique
Population 10 486 339 habitants
Densité de la population 65,6 hab./km²
Taux de croissance de la population 0,98 %
Âge médian (population totale)
 - Hommes
 - Femmes
29,2 ans
28,7 ans
29,8 ans
Structure par âge
 - 0-14 ans
 - 15-64 ans
 - 65 ans et plus

22,7 %
70,1 %
7,2 %
Rapport de masculinité (population totale)
 - À la naissance
- Moins de 15 ans
- 15-64 ans
- 65 ans et plus
1,01 homme/femme
1,07 homme/femme
1,07 homme/femme
1,01 homme/femme
0,87 homme/femme
Part de la population urbaine 67 %
Sources: CIA World Factbook[2] et Institut national de la statistique[4]


Alors que la vaste majorité des Tunisiens (98 %) sidentifient culturellement aux Arabes, certaines études tendent à indiquer quils seraient ethniquement plus proches des Berbères mais aussi de certains Européens :

«  Comparés avec dautres communautés, notre résultat indique que les Tunisiens sont très liés aux Nord-Africains et aux Européens de lOuest, en particulier aux Ibériques, et que les Tunisiens, les Algériens et les Marocains sont proches des Berbères, suggérant une petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région au VIIe ou VIIIe siècle[129]. »

Toutefois, de nombreuses civilisations ont envahi le pays puis ont été assimilées à des degrés divers : Phéniciens[130], Romains, Vandales venant dAllemagne, Ottomans et enfin Français. De plus, beaucoup de Maures et de Juifs arrivèrent dAndalousie à la fin du XVe siècle.

Les premiers Arabes orientaux, venus à partir du VIIe siècle avec les conquêtes musulmanes, ont contribué à lislamisation de la majeure partie de lIfriqiya. À cette occasion se créent quelques villes nouvelles dont Kairouan et Mahdia. Cest à partir du XIe siècle, avec larrivée des tribus hilaliennes chassées dÉgypte, que larabisation linguistique et culturelle devient déterminante[131]. Certains groupes, descendants des Berbères, ont cependant su conserver leur langue et leurs coutumes, souvent en raison de leur enclavement géographique[132]. En effet, de nos jours, ils habitent souvent les régions de montagnes (Matmata, Tataouine, Gafsa ou Sbeïtla). Toutefois, les berbèrophones, qui représentent une minorité ethnique au Maroc et en Algérie, restent peu nombreux en Tunisie[2].

Presque la totalité des Tunisiens (98 % de la population) est de confession musulmane sunnite de rite malékite. De la forte population juive qui a existé durant 2 000 ans, au sud de Djerba, il nen reste plus aujourdhui quune infime partie, vivant principalement dans la région de Tunis, car la majorité des Juifs tunisiens ont en effet émigré vers Israël ou la France. Il existe également une petite population chrétienne. Les quelques tribus nomades, minoritaires, sont pour la plupart intégrées et sédentarisées.

La Tunisie a dépassé le cap des dix millions dhabitants en 2005, ce qui correspond à un triplement de sa population depuis 1956 (3 448 000 habitants) et à un doublement depuis le début des années 1970. Néanmoins, la croissance démographique ralentit, le pays accélérant sa transition démographique dans les années 1990. Lindice de fécondité recule graduellement : le nombre denfants par femme est passé de près de six dans les années 1960 à 3,4 en 1994 et serait de deux en 2006 (niveau le plus faible du monde arabe). Ainsi, laccroissement annuel est réduit à 1,08[133]. Mais la Tunisie est aussi un pays qui connaît un taux important démigration : le nombre de Tunisiens résidant à létranger est évalué à 885 000 personnes. 83 % dentre eux résident en Europe dont 511 000 en France.

Culture

Article détaillé : Culture de la Tunisie.

La culture de la Tunisie se diversifie par un héritage de quelques 3 000 ans dhistoire et une position géographique en plein bassin méditerranéen, berceau des civilisations les plus prestigieuses et des principales religions monothéistes. La Tunisie a en effet été un carrefour de civilisations et sa culture reflète les traces des cultures punique, arabe, turque, africaine, européenne et musulmane ainsi que linfluence des dynasties successives qui ont régné sur le pays.

Religion

Article détaillé : Religion en Tunisie.

Lislam est la religion principale et officielle de la Tunisie[134] avec un taux qui avoisine les 98 % de la population. 85 % des musulmans tunisiens sont sunnites de rite malékite, le reste étant hanafite[19] et ibadites. Le christianisme, le judaïsme et le bahaïsme sont très minoritaires en Tunisie mais le pays se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux autres cultures qui ont fait son identité.

La constitution tunisienne prévoit ainsi lexercice libre de la foi tant quelle ne porte pas atteinte à lordre public[134]. Le gouvernement respecte généralement ce droit. Cependant, il ne permet pas létablissement de partis politiques basés sur la religion, interdit le prosélytisme, la polygamie[135], et limite le port du hijab, notamment dans les administrations et les écoles publiques[134]. Les fêtes religieuses musulmanes (Aïd el-Kebir, Aïd el-Fitr, Mawlid, etc.) sont considérées comme des jours fériés.

Les Tunisiens conservent par ailleurs quelques croyances dorigine païenne comme le mauvais œil. Par ailleurs, le pays est parsemé de petites constructions blanches appelées marabouts. Ce sont les tombeaux de sages qui sont censés avoir un certain privilège dans lau-delà leur permettant dêtre un lien entre lhomme et Dieu. Aujourdhui encore, des Tunisiens continuent à les prier et à leur demander dintercéder pour eux auprès dAllah et de faire accepter leur demande. Ces pratiques sont toutefois dénoncées par le sunnisme comme forme dassociation religieuse.

Langues

Articles détaillés : Arabe tunisien et Français.
Signalisation routière en arabe et français

La Tunisie est lÉtat du Maghreb le plus homogène sur le plan linguistique[136] car la quasi-totalité de la population parle larabe tunisien et maîtrise larabe littéral qui est la langue officielle du pays. Larabe tunisien est en fait un dialecte dérivé de larabe littéralou plus exactement un ensemble de dialectes[137] pour lesquels il nexiste aucun organisme officiel de normalisation[138]qui est surtout parlé dans le cadre dun dialogue quotidien au sein de la famille.

Durant le protectorat français en Tunisie, le français simpose à travers les institutions, particulièrement léducation, qui deviennent un fort vecteur de diffusion. À partir de lindépendance, le pays sarabise peu à peu même si ladministration, la justice et lenseignement restent longtemps bilingues[139] alors que la connaissance des langues européennes est renforcée par lexposition de la Tunisie à ce continent par lintermédiaire de la télévision et du tourisme[140].

Les années 1990 marquent un tournant avec larabisation des cours de sciences jusquà la fin du collège, avec toutes les difficultés occasionnées par ce type de processus, afin de faciliter laccès aux études supérieures et ce dans un contexte de réhabilitation du référent arabo-islamique dans lespace public[139]. En octobre 1999, les établissements commerciaux se voient contraints daccorder deux fois plus de place aux caractères arabes quaux caractères latins[139]. Dans le même temps, ladministration se voit contrainte de communiquer exclusivement en arabe mais seuls les ministères de la Défense et de la Justice et le parlement sont totalement arabisés[136]. Dans ce contexte, lusage du français semble régresser malgré le nombre accru de diplômés du système denseignement, ce qui conduit au fait quune bonne pratique du français demeure un marqueur social important[139]. Puisquelle reste largement pratiquée dans les milieux daffaires, lunivers médical et le monde culturel, on peut même considérer quelle sest embourgeoisée[139].

Médias

Article détaillé : Presse en Tunisie.
Siège du journal La Presse de Tunisie à Tunis

Le paysage audiovisuel tunisien se compose de deux chaînes de télévision publiques (Tunisie 7 et Tunisie 21) ainsi que de quelques chaînes de télévision privées (Hannibal TV et son groupe ainsi que Nessma) nées du processus douverture au secteur privé initié en 2003. Il existe également quatre stations de radio nationales (Radio Tunis, Radio Tunisie Culture, Radio Jeunes et RTCI) et cinq régionales de même que trois radios privées (Mosaïque FM, Jawhara FM et Zitouna FM).

La presse écrite compte en 2007 quelques 245 quotidiens et revues en grande partie (90 %) détenus par des groupes privés et des indépendants. La liberté de la presse est garantie par la constitution même si la quasi-totalité des journaux suit la ligne gouvernementale et rapporte sans approche critique les activités du président de la République, du gouvernement et du Rassemblement constitutionnel démocratique (parti au pouvoir) au travers des dépêches de lagence Tunis Afrique Presse.

Éducation

Léducation préscolaire non obligatoire, qui sadresse aux enfants de trois à six ans[141], est dispensée dans les jardins denfants[142]. Lenseignement de base est obligatoire et gratuit, de six à seize ans, et se répartit sur deux cycles : le premier cycle, dune durée de six ans, est dispensé à lécole primaire alors que le deuxième cycle, dune durée de trois ans, se déroule au collège[141],[143].

Ce parcours est sanctionné par le diplôme de fin détudes de lenseignement de base permettant aux diplômés daccéder à lenseignement secondaire (toujours gratuit) dispensé au lycée durant quatre ans à partir de la réforme de 1995[142]. Il comprend un tronc commun dune année (trois jusquen 1991) au terme duquel les élèves sont orientés vers un deuxième cycle de trois ans comprenant cinq filières (lettres, sciences, techniques, sciences de l'informatique et économie-gestion) et sanctionné par le baccalauréat permettant laccès à lenseignement supérieur[142] qui compte douze universitéscinq à Tunis, une à Sousse, une à Sfax, une à Kairouan, une à Gabès, une à Gafsa, une à Monastir et une à Jendoubamais aussi 178 autres établissements dont 24 instituts supérieurs détudes technologiques (ISET) et six instituts supérieurs de formation des maîtres (ISFM).

La formation professionnelle est assurée par un ensemble dopérateurs publics parmi lesquels figure lAgence tunisienne de la formation professionnelle qui assure une tutelle pédagogique de lensemble des opérateurs publics et privés[142]. Les diplômes délivrés après une formation initiale sont de trois niveaux : le certificat daptitude professionnelle (CAP) qui sanctionne un cycle de formation dune durée minimale dune année après lenseignement de base, le brevet de technicien professionnel (BTP) qui sanctionne un cycle de formation dune durée minimale dune année après la fin du premier cycle de lenseignement secondaire ou après lobtention du CAP et le brevet de technicien supérieur qui sanctionne un cycle de formation dune durée minimale de deux années après le baccalauréat ou après lobtention du BTP[142].

En 2001, 19,9 % du budget national est consacré à léducation nationale. En 2005, le taux dalphabétisation est de 76,2 % et le taux de scolarisation des enfants de 12 à 17 ans, égal pour les garçons et les filles, est de 66 %[19]. Laccès à lenseignement supérieur concerne 27 % de la classe dâge concernée[19].

Arts

Les productions tunisiennes restent rares et confidentielles même si certaines rencontrent un certain succès hors de Tunisie. Parmi les plus connues, on peut citer Un été à La Goulette (1996) et Halfaouine, lenfant des terrasses (1990) de Férid Boughedir. Ce dernier, sans doute le plus grand succès du cinéma tunisien, met en scène un enfant dans le Tunis des années 1960. Nouri Bouzid porte quant à lui sur la réalité tunisienne un regard sans complaisance. Dans LHomme de cendres (1986), il traite de la pédophilie, de la prostitution et des relations entre les communautés musulmane et juive[144]. Dans Bezness (1991), cest le tourisme sexuel qui se trouve dans sa ligne de mire[144]. Dans Les Ambassadeurs (1975), Naceur Ktari met en scène des émigrés maghrébins en France qui y sont confrontés au racisme. Les Silences du palais (1994) de Moufida Tlatli a quant à lui été primé par plusieurs jurys internationaux. Premier film arabe réalisé par une femme, on y découvre la vie dans une maison aristocratique de Tunis à travers les yeux dune jeune fille. En 2007, le paysage cinématographique tunisien voit la sortie de plusieurs films recevant un certain succès auprès du public tel que Making off de Bouzid ou VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi.

La musique tunisienne est le résultat dun métissage culturel. Principalement influencée par les cultures arabo-andalouse, arabe et occidentale, elle est relativement diversifiée. Son courant musical classique et le plus réputé est le malouf. Toutefois, les chants traditionnels continuent de rencontrer un certain succès. Côté instruments, les régions urbaines et rurales se différencient quelque peu. En milieu urbain, ce sont les instruments à cordes (rebec, oud et qanûn) et les percussions (darbouka) qui dominent alors que, en milieu rural, le chant bédouin, en plus des percussions, est accompagné dinstruments à vent comme le mezoued et la gasba.

Ali Riahi en représentation avec son orchestre

Parmi les grands chanteurs et chanteuses tunisiens, on peut citer Saliha, Khemaïs Tarnane, Ali Riahi, Hédi Jouini, Latifa Arfaoui, Mohamed Jamoussi, Cheikh El Afrit ou encore Dhikra Mohamed. Chez les musiciens, on peut également citer Anouar Brahem, Lotfi Bouchnak, Salah El Mahdi, Ridha Kalaï, Ali Sriti ou encore Youssef Slama. Dans le même temps, une majorité de la population est attirée par des musiques dorigine arabe (égyptienne, libanaise ou encore syrienne). La musique occidentale actuelle remporte également un succès important avec lémergence de nombreux groupes et de festivals de rock, de hip-hop, de reggae et de jazz.

Le théâtre tunisien sest surtout développé entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle durant le protectorat français[145]. Fondé à cette époque, le Théâtre municipal de Tunis[145] a accueilli en plus dun siècle dexistence de grands noms de la scène tunisienne et internationale[145]. Le 7 novembre 1962, Habib Bourguiba consacre son discours au théâtre quil considère comme « un puissant moyen de diffusion de la culture ainsi quun moyen déducation populaire des plus efficaces »[146]. Toutefois, le théâtre tunisien na jamais connu un réel développement. En 1970, sous limpulsion de lacteur Aly Ben Ayed, Caligula dAlbert Camus est traduit en arabe et les œuvres dHabib Boularès, comme Mourad III ou Le Temps du Bouraq, maintiennent le ton de la violence sanglante. Même si, de plus en plus, les spectacles dits de boulevard sont restreints au profit dun genre de spectacle plus sophistiqué[147], Moncef Souissi et Ezzeddine Madani ont créé un théâtre dexpression populaire et moqueur en tunisien. Le courant dit du Nouveau Théâtre de Tunis a également repris le fil de la dérision.

Nommé en 1988 à la tête du Théâtre national tunisien (TNT), Mohamed Driss lui offre une nouvelle salle, Quatrième art, en 1996[148] et louvre aux spectacles de ballet, de cirque et de chant[148]. Quant à El Teatro, le premier théâtre privé de Tunisie[149], il offre des représentations théâtrales, des spectacles de danse, des concerts de jazz, des galas de musique arabe, des expositions dart et des récitals de poésie[149].

Portrait du jeune Abou el Kacem Chebbi

La naissance dune peinture tunisienne contemporaine est fortement liée à lÉcole de Tunis mise en place par un groupe dartistes de Tunisie unis par la volonté dincorporer des thèmes proprement tunisiens et rejetant linfluence orientaliste de la peinture coloniale. Après la peinture expressionniste dAmara Debbache, Jellal Ben Abdallah et Ali Ben Salem se font reconnaître, lun pour ses miniatures de style byzantin, lautre pour son rattachement à limpressionnisme[150]. La vie quotidienne devient par ailleurs linspiration de Zoubeir Turki et dAbdelaziz Gorgi. Labstraction saisit également limagination des peintres comme Edgar Naccache, Nello Lévy et Hédi Turki. Après lindépendance en 1956, le mouvement pictural tunisien entre dans une dynamique dédification nationale, des artistes se mettant au service de lÉtat. Des artistes ont ainsi pu accéder à une reconnaissance internationale tels que Hatem El Mekki, peintre abstrait, dont la facture rappelle celle dAlberto Giacometti[150]. La jeune peinture emboîte davantage le pas à ce qui se passe ailleurs dans le monde[150] : Sadok Gmech puise son inspiration dans le patrimoine national alors que Moncef Ben Amor se tourne vers le fantastique. Dans un autre registre, Youssef Rekik réutilise la technique de la peinture sur verre et Nja Mahdaoui retrouve la calligraphie dans sa dimension mystique[150].

La littérature tunisienne existe sous deux formes : en langue arabe et en langue française. La littérature arabophone remonte au VIIe siècle avec larrivée de la civilisation arabe dans la région. Elle est plus importante en volume comme en valeur que la littérature en langue française qui suit limplantation du protectorat en 1881. Malgré la longue histoire de la littérature tunisienne, la production nationale reste pourtant maigre : la bibliographie nationale a recensé 1 249 livres non scolaires publiés en 2002 dont 885 titres en arabe[151]. Parmi les grands auteurs tunisiens, on peut citer Abou el Kacem Chebbi, Moncef Ghachem et Mahmoud Messaadi.

Traditions

Articles détaillés : Artisanat tunisien et Proverbes tunisiens.
Poterie djerbienne

La Tunisie est réputée pour ses nombreux produits artisanaux dont les diverses régions du pays font leur spécificité. La poterie tunisienne est principalement issue de Guellala[152], ville à lorigine de la création dautres centres potiers sur le littoral tunisien, notamment à Tunis, Nabeul, Moknine, etc. Mais si la poterie poreuse sidentifie à Guellala, celle émaillée (jaune, verte ou brune) est la marque de fabrique de Nabeul[153]. La ferronnerie remonte pour sa part à lépoque andalouse lorsque lon décorait les portes cloutées, ornement devenu caractéristique du fer forgé tunisien. Bleues par tradition, destinées à embellir les maisons et à préserver lintimité des habitants, ces grilles rappellent les moucharabiehs de la tradition arabo-andalouse, panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de regarder dans la rue sans être vues. La ville de Kairouan constitue quant à elle le centre national de production de tapis. La Tunisie possède enfin une riche tradition de mosaïques remontant à la période antique.

Le costume traditionnel est la tenue par excellence des mariages et autres cérémonies[154]. Au niveau national, cest la jebba qui sest imposée comme habit traditionnel[154]. Les babouches masculines sont en général de la couleur naturelle du cuir[155], celles des femmes étant dans leur majorité brodées de fils de soie, de coton, dor et dargent avec des motifs floraux ou des croissants[155].

Importé par les Andalous au XVIe siècle, le jasmin est devenu la fleur emblématique de la Tunisie. Dès la tombée de la nuit, les vendeurs confectionnent de petits bouquets et les vendent aux passants dans la rue ou aux automobilistes arrêtés aux carrefours. Par ailleurs, le jasmin fait lobjet dun langage spécifique. Ainsi, un homme qui en porte à loreille gauche indique quil est célibataire. Par ailleurs, offrir du jasmin blanc est une preuve damour alors quoffrir du jasmin d'hiver, sans odeur, est signe dinsolence[156].

Gastronomie

Article détaillé : Cuisine tunisienne.
Briks à lœuf

La cuisine tunisienne est essentiellement basée sur les légumes, la viande de mouton et de bœuf (et dans certaines régions celle du chameau), le poissonsurtout le long des côteset les pâtes.

Le plat le plus consommé reste sans doute les pâtes et en particulier les spaghettis et macaronis servis généralement avec de la sauce tomate et de lharissa, même si le plat traditionnel reste le couscous. Le pain italien (pain blanc avec beaucoup de mie) est également un aliment apprécié de beaucoup de Tunisiens. Le sandwich au thon constitué dune demi-baguette remplie de miettes de thon, dharissa avec parfois des olives vertes, des câpres et des rondelles dœufs durs, est vendus dans toutes les échoppes dalimentation. Un autre plat fort réputé est le brik à lœuf ou avec des garnitures à base de viande et de fromage.

La cuisine tunisienne se différencie quelque peu de ses voisines maghrébines. Le tajine tunisien, contrairement à la version marocaine, consiste en une sorte de terrine à base dœuf, de viande, de pommes de terre et de persil. Le couscous, lui, se caractérise par une combinaison entre les légumes (pommes de terre, tomate, carottes, courge, etc.), la viande (surtout celle de lagneau) ou le poisson et la semoule.

Sport

Article détaillé : Sport en Tunisie.

Le sport en Tunisie est marqué par la domination du football, tant en termes de couverture médiatique quen termes de succès populaire avec 27 733 licenciés contre 13 992 pour le taekwondo[157]. Toutefois, des sports comme le volley-ball ou le handball figurent également parmi les sports les plus représentés même si des sports moins connus sont plus pratiqués par les Tunisiens, notamment les arts martiaux (taekwondo, judo et karaté), lathlétisme voire le tennis[157]. Dautres grands sports comme le cyclisme sont en revanche moins représentés, faute dinfrastructures, déquipement et dintérêt médiatique suffisant[158].

LEspérance sportive de Tunis est le club de football le plus titré du championnat national avec vingt titres à son actif. Le Club athlétique bizertin devient en 1988 le premier club tunisien à avoir remporter un trophée continental : la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe. Le Club africain est le premier club tunisien à avoir remporté la Coupe dAfrique des clubs champions en 1992. LÉtoile sportive du Sahel est le premier club tunisien à remporter la Ligue des Champions de la CAF dans sa nouvelle édition le 9 novembre 2007. Le Club sportif sfaxien a aussi remporté des manifestations continentales et régionales ; il est le premier club à remporter deux fois de suite la coupe de la CAF en 2007 et 2008.

Le derby de la capitale entre le Club africain et lEspérance sportive de Tunis reste lévenement footballistique phare de lannée en rassemblant à deux reprises par saison plus de 60 000 spectateurs et donnant lieu à un show (dakhla en tunisien) de la part des supporters des deux équipes. Le grand classique du championnat entre lEspérance sportive de Tunis et lÉtoile sportive du Sahel retient également lattention populaire et cristallise autour de lui la rivalité historique qui oppose les deux clubs.

Finale de la coupe de Tunisie de volley-ball 2008

Lannée sportive tunisienne est rythmée par les grandes compétitions que sont les championnats (football, handball, volley-ball et basket-ball) et les coupes (football, handball, volley-ball et basket-ball) des sports les plus populaires. En cyclisme, discipline moins suivie, sont organisés les championnats de Tunisie de cyclisme et, de façon irrégulière, le Tour de Tunisie. Mais le pays organise également des compétitions internationales. Ainsi, la première édition de la Coupe du monde de football des moins de 20 ans sy tient en 1977[159] tout comme les phases finales des coupes d'Afrique des nations de football en 1965[160], 1994[161] et 2004[162], dernière édition remportée par la sélection nationale. Plus récemment, le championnat du monde de handball masculin 2005 sest également tenu en Tunisie.

En mai 2007, le pays compte 1 673 clubs sportifs dont les principaux sont actifs dans le football (250) et le taekwondo (206)[157]. Viennent ensuite le karaté et ses dérivés (166), lhandisport (140), le handball (85), lathlétisme (80), le judo (66), le kung fu (60), le kick boxing (59), le basket-ball (48), la pétanque (47), le tennis de table (45), le volley-ball (40), la boxe (37), la natation (31) et le tennis (30)[157].

Parmi les sportifs les plus connus, Mohammed Gammoudi sillustre en athlétisme, ce qui lui permet de remporter quatre médailles aux Jeux olympiques, ce qui en fait le sportif tunisien le plus médaillé de lhistoire du pays[163]. La Tunisie a également vu émerger des champions dans des sports individuels tels que Anis Lounifi (champion du monde de judo) ou encore Oussama Mellouli (champion du monde de natation). En ce qui concerne les sports collectifs, les équipes nationales ont remporté une coupe d'Afrique des nations de football, sept championnats dAfrique de handball masculin, huit championnats dAfrique de volley-ball masculin ou encore la compétition de basket-ball des Jeux panafricains de 1973.

Codes

La Tunisie a pour codes :

Notes et références

  1. (fr) Article premier de la constitution tunisienne (Jurisite Tunisie)
  2. a, b et c (en) Population de la Tunisie (CIA World Factbook)
  3. Les chiffres ne sont pas convergents : la superficie officielle donnée par lÉtat tunisien est de 162 155 km2 alors que celle mentionnée est la plus fréquemment lue notamment dans les travaux de géographie.
  4. a, b et c (fr) Données générales sur la population tunisienne (Institut national de la statistique)
  5. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Tunis (Institut national de la statistique)
  6. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Sfax (Institut national de la statistique)
  7. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Sousse (Institut national de la statistique)
  8. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Kairouan (Institut national de la statistique)
  9. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Gabès (Institut national de la statistique)
  10. (fr) Recensement de 2004 dans le gouvernorat de Bizerte (Institut national de la statistique)
  11. Ahmed Moro et Bernard Kalaora [sous la dir. de], Le désert : de lécologie du divin au développement durable, éd. LHarmattan, Paris, 2006, p. 110 (ISBN 274759677X)
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