- Chronologie du siège de Paris (1870)
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Article principal : Siège de Paris (1870).
Le siège de Paris de 1870-1871 est un épisode de la guerre franco-prussienne de 1870-71, sa chronologie permet d'appréhender l'histoire de ce siège par les événements selon leur ordre temporel[1].
Cette chronologie ne fait pas apparaître les polémiques, les bruits, les racontars, les appréciations diverses, les discours exagérés, les nouvelles à sensation... Elle est principalement basée à partir des rapports extraits du Journal officiel de la République, mais également des nombreux mémoires de, journal de,... .Sommaire :Préambule
Après la capitulation de Sedan, les armées prussiennes et leurs alliés déferlent sur le Nord de la France et se déploient afin de mettre le siège devant Paris. Dans la capitale, la nouvelle parvient dans l'après-midi du 3 septembre.
L'opposition parlementaire à Napoléon III, menée par Léon Gambetta met alors en place un gouvernement provisoire, dit de la Défense nationale. La République est proclamée le 4 septembre, au balcon de l’hôtel de ville de Paris, et le gouvernement de la défense nationale est formé.
Septembre
4 septembre
- Paris :
Formation du gouvernement de la Défense nationale. Le général Trochu en assume la présidence. Le gouvernement est composé de députés républicains de Paris avec entre autres Léon Gambetta comme ministre de l'Intérieur, Jules Favre comme ministre des Affaires étrangères et Jules Ferry comme secrétaire du gouvernement.
Article détaillé : Gouvernement de la Défense nationale.8 septembre
11 septembre
- Aisne :
Dans la matinée des ulhans aperçus aux environs de Soissons ont été mis en fuite.
Les Prussiens occupent Château-Thierry.
L’après-midi, des cavaliers sont signalés à Viels-Maisons.
Soissons a été sommée de se rendre.
- Marne :
500 prussiens sont signalés à Sézanne.
Vers midi 200 cavaliers déjeunent à Bouchy-le-Repos.
L’après-midi, des cavaliers sont signalés à Montmirail. - Haute-Marne :
2 000 Bavarois sont à Vied[2] et 2 500 à Vaucouleurs.
- Seine-et-Marne :
Les Prussiens sont signalés en force à La Ferté sous Jouarre et Rebais, des éclaireurs sont aperçus à Villenauxe, le procureur de la République de Provins échappe aux ulhans.
Les prussiens sont autour de Meaux ; des colonnes sont signalées à Crécy la Chapelle et Nanteuil-lès-Meaux.
Claye est évacuée de ses habitants.
- Paris :
La taxe de la viande de boucherie est décrétée.
12 septembre
- Val-de-Marne :
Le génie français fait sauter le pont de Champigny-sur-Marne
- Seine-et-Marne :
Un groupe d’allemands arrive à Melun d’où ils repartent en début d’après midi en direction de Villiers Saint Georges annonçant l’arrivée d’un corps de 20 000 hommes, composé de 8 régiments d’infanterie, 5 régiments de cavalerie, 16 batteries d’artillerie et 6 bataillons de chasseurs à Pied.
L’après-midi, des cavaliers sont signalés à Rebais, Nanteuil-lès-Meaux, Crégy les Meaux investissant ainsi la ville de Meaux.
Ils occupent Nogent-sur-Seine et Provins, ou des uhlans annoncent l'arrivée d'un corps d'armée de 15 000 hommes.
- Paris :
Les gardes mobiles, gendarmes et autres troupes Françaises se replient sur Paris.
Après la formation du gouvernement de la défense nationale, le 4 septembre, Adolphe Crémieux est délégué pour représenter le gouvernement à Tours.
13 septembre
- Oise :
Le pont de Creil près de Chantilly est renversé.
Le réseau des chemins de fer du Nord ne communique qu’avec Pontoise et le pont de Saint-Ouen
- Seine-et-Marne :
20 uhlans qui traversaient Nangis ont échangé quelques coups de fusils avec une compagnie de francs-tireurs.
- Paris :
Le gouverneur de Paris passe la garde nationale en revue.
14 septembre
- Seine-et-Marne :
30 lanciers ennemis sont présents à Mormant, annonçent l’arrivée d’une partie des troupes du prince royal et se dirigeant vers Paris.
Un engagement a eu lieu avec des cavaliers prussiens à Mortcerf.
Des troupes ennemies sont campées aux environs de la Croix aux Bois, Gastins et Clos-Fontaine. À Gastins, un camp de 4 000 soldats allemands est établi près du bois Thibout.
Les communications télégraphiques sont désormais coupées entre Melun et Mormant.
- Val-d'Oise :
Le génie français, en retraite sur la rive droite de l'Oise, fait exploser des charges qui anéantissent les arches centrales des ponts en pierre de L'Isle-Adam puis Pontoise.
- Paris :
Défense de sortir ni d'entrer dans Paris.
15 septembre
- Oise :
2 trains sont attaqués par les troupes allemandes aux abords de Senlis et de Chantilly qui s'installent ensuite dans ces villes. Le service est supprimé à partir de Paris.
- Seine-et-Marne :
Des uhlans sont arrivés à Courcelles-en-Bassée.
Des francs-tireurs de Fontainebleau tendent avec succès une embuscade à l'ennemi sur la route de Guignes.
- Val-de-Marne :
10 000 ennemis sont signalés en direction de Joinville ainsi que 200 uhlans à Mesly près de Créteil.
Le long de la Marne, un détachement français met en fuite des éclaireurs et le pont de Joinville saute.
- Seine-Saint-Denis :
Un important détachement de uhlans est signalé à Neuilly-sur-Marne comme devant être l'avant-garde de la colonne se dirigeant sur de Joinville.
- Val-d'Oise :
Les troupes françaises, en retraite sur la rive droite de l'Oise, font sauter le pont de chemin de fer de Saint-Ouen-l'Aumône
Ordre du jour du général Trochu
Ordre du jour du général Trochu« Aux gardes nationaux, aux gardes mobiles de la Seine et aux gardes mobiles des départements.
Jamais aucun général d'armée n'a eu sous les yeux le grand spectacle que vous venez de me donner.
Trois cents bataillons de citoyens, organisés, armés, encadrés par la population tout entière acclamant dans un concert immense la défense de Paris et la liberté.
Que les nations étrangères qui ont douté de vous, que les armées qui marchent sur vous ne l'ont elles entendu !
Elles auraient eu le sentiment que le malheur a plus fait en quelques semaines pour élever l'âme de la nation que de longues années de jouissance pour l'abaisser.
L'esprit de dévouement et de sacrifices vous a pénétrés, et déjà vous lui devez le bienfait de l'union de cœur qui va vous sauver.
Avec notre formidable effectif, le service journalier de la garde de Paris ne sera pas de moins de 70 000 hommes en permanence. Si l'ennemi, par une attaque de vive force, ou par surprise, ou par la brèche ouverte, perçait l'enceinte, il rencontrerait les barricades dont la construction se prépare, et ses têtes de colonnes seraient renversées par l'attaque de dix réserves échelonnées.
Ayez donc confiance entière et sachez que l'enceinte de Paris, défendue par l'effort persévérant de l'esprit public et par trois cent mille fusils, est inabordable.Gardes nationaux de la Seine et gardes mobiles :
15 septembre 1870. »
Au nom du gouvernement de la défense nationale, dont je ne suis devant vous que le représentant, je vous remercie de votre patriotique sollicitude pour les chers intérêts dont vous avez la garde.
À présent, à l'œuvre dans les neuf sections de la défense!
De l'ordre partout, du calme partout, du dévouement partout.
Et rappelez vous que vous devenez chargés, je vous l'ai déjà dit, de la police de Paris pendant ces jours de crise.
Préparez vous à souffrir avec constance. À cette condition vous vaincrez.16 septembre
- Paris :
À mesure que les Prussiens resserrent le cercle dans lequel ils vont enfermer Paris, les populations des localités voisines, refoulées par l'invasion, se précipitent de toutes parts dans la capitale, avec des voitures chargées de meubles entassés à la hâte, de provisions, des objets les plus précieux abandonnant leur foyer qu'ils retrouveront, généralement, pillé et détruit.
- Val-de-Marne :
On se bat à Athis. La voie de chemin de fer est coupée par une canonnade entre Ablon et Athis, les trains allant sur Paris sont stoppés.
Les éclaireurs de la Seine engagent un combat à Pompadour.
- Val-d'Oise :
L'ennemi est à Pierrelaye, et des uhlans arrivent à L'Isle-Adam par la forêt.
- Hauts-de-Seine - Val-d'Oise :
Le génie militaire français fait sauter les ponts ferroviaire et routier d'Argenteuil
17 septembre
- Essonne :
Grand mouvement de troupes ennemies sur les hauteurs de Brunoy et se dirigeant sur les hauteurs de Villeneuve-Saint-Georges.
- Val-de-Marne :
L'ennemi commence la construction d'un pont près de Villeneuve-Saint-Georges. À Montmesly des combats ont lieu entre les troupes de la défense nationale et l'avant-garde de la IIIe armée allemande.
Partant de Vincennes, la division du général d'Exéa, du 13e corps, effectue une reconnaissance contre des colonnes ennemies signalées du côté de Choisy le Roi. Cette forte colonne cherche à couper les ligne de Compagnie du chemin de fer de Lyon et d'Orléans et à s'installer sur les hauteurs dominant la Seine. Un engagement contre ces troupes prussiennes, forte de 3 à 4 000 hommes qui se dirigeait de Choisy-le-Roi sur Versailles en contournant les positions de Châtillon et de Clamart. Selon le général Vinoy commandant de l'opération indique que l'avantage est resté à nos troupes qui ont perdu 6 tués et 37 blessés. Les pertes de l'ennemi auraient été de 400 hommes environ, dont 58 tués.
- Val-d'Oise :
A L'Isle-Adam, un escadron de cavalerie aidé de 200 fantassins arrachent le drapeau de l'hôtel de ville, se livrent au pillage et réquisitionnent les plus belles demeures.
18 septembre
- Les allemands composés de deux corps bavarois, la division wurtembourgeoise, le corp saxon, la garde prussienne et quatre corps d'armée prussiens arrivent sous les murs du camp retranché de Paris par 3 côté à la fois.
- Paris :
Décret d'un crédit de 600 000 francs pour construire des mitrailleuses.
- Hauts-de-Seine :
Les Prussiens occupent Bourg-la-Reine, Clamart, Meudon...
Une colonne marche sur Versailles en passant par Bièvre en contournant les bois de Verrières. Une seconde se dirigent également vers Bièvre par Petit-Bicêtre[3], la pointe du bois de Verrières et la capsulerie du bois de Meudon établissant un cordon sur les hauteurs de Clamart-Meudon dominants Paris. Un petit engagement eu lieu entre les zouaves qui étaient dans la ferme de Trivaux[4] et les fantassins prussiens qui étaient dans une autre petite ferme, dite: Pointe de Trivaux[5]. Les Prussiens sont chassés à coups de canon, et les zouaves prennent leur position.
- Yvelines :
L'ennemi qui occupe Conflans, Andrésy, Carrières sous Poissy et Triel laisse dans chacune des communes environs 800 hommes et installe son artillerie sur les hauteurs de Chanteloup.
- Val-de-Marne :
Environ 200 prussiens s'avancent près du pont de Joinville en venant de Champigny. Après avoir échangé, pendant une demie-heure, des coups de feu avec les francs-tireurs ils se retirent.
Les voies de chemins de fer sont coupées après qu'un convoi ai été assailli, à coup de fusil, à Choisy-le-Roi par les ulhans postés sur l'autre rive de la Seine.
Les Prussiens sont signalés à Vitry et Chevilly.
Le général Ducrot qui occupe, avec 4 divisions d'infanterie, des positions qui s'étendent des hauteurs de Villejuif à celles de Meudon, fait effectuer une reconnaissance de cavalerie. 2 000 hommes et 28 pièces d'artillerie de campagne de la division du général Maud'hui renforcent les positions du Moulin de Saquet et des Hautes Bruyères et entreprennent le creusement de tranchées.
- Seine-et-Marne :
20 000 Prussiens sont signalés cheminant dans la vallée de la Marne en direction de Paris dont l'avant-garde, de 6 000 hommes, se dirige à partir de Lagny sur le plateau d'Avron.
- Seine-Saint-Denis :
Des fusillades sont signalées vers Le Bourget.
- Val-d'Oise :
Les Prussiens sont signalés à Gonesse.
Les troupes du grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, arrivés à Saint-Ouen-l'Aumône, par la rive gauche de l'Oise, jettent un pont de bateaux à une vingtaine de mètres du pont en pierre de Pontoise et entrent dans la ville.
19 septembre
- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
L'ennemi, s'est présenté sur plusieurs points à la fois, s'étendant de Vitry, Chevilly, Bourg la Reine, Châtillon et Clamart, et filant par Meudon sur Versailles.
Le fort de Nogent bombarde le secteur du Pont de Bry, occupé par les Allemands, qui travaillent à sa réparation pour préparer leur passage.
- Val-d'Oise - Seine-Saint-Denis :
Il a été signalé également dans la direction de Gonesse en direction de Saint-Denis.
- Yvelines :
La 5e division de cavalerie prussienne avance entre Poissy et Neauphle et installe son quartier général à Saint-Nom-la-Bretèche. Cette division entreprend alors, à partir de son QG, de fréquentes expéditions sur la rive gauche de la Seine durant toute la durée de la guerre.
- Seine-Saint-Denis :
Les Prussiens occupent Bondy et les bois alentours et ont installé des batteries sur le bord du plateau du parc du Raincy.
Des groupes de cavaliers sont venus explorer les alentours de la redoute de la Boissière et du fort de Noisy. Deux pièces de marine du fort ont tiré sur eux. La cavalerie s'est repliée rapidement et l'infanterie a rétrogradé. Ils ont édifié un observatoire à 2 000 mètres du fort de Noisy.
Grand Tremblay
- Paris :
Le dernier réseau télégraphique encore en service, celui de l'Ouest, est coupé.
Institution de la Cour martiale.
- Hauts-de-Seine :
La garde républicaine fait sauter les ponts de Saint-Cloud, Sèvres et Billancourt.Article détaillé : Première bataille de Châtillon (1870).Dès la pointe du jour, le général d'Exéa fait une reconnaissance offensive en avant de ses positions. Il rencontre des masses importantes dissimulées dans les bois et dans les villages, et surtout un très grand déploiement d'artillerie. Après un engagement assez vif, les troupes ont dû se replier en arrière.
Une partie de la droite a effectué ce mouvement avec une regrettable précipitation.
L'autre partie s'est concentrée en bon ordre autour de la redoute en terre qui avait été élevée sur le plateau de Châtillon.
La gauche faiblement attaquée, a pu tenir sur les hauteurs de Villejuif.
À ce moment, le feu d'artillerie de l'ennemi a pris des proportions qu'il n'avait pas atteintes jusqu'alors.
Vers 16 heures, le général Ducrot, après une lutte qui avait duré toute la journée, a dû prendre la résolution de faire reculer ses troupes jusqu'aux points où elles pouvaient recevoir la protection des forts.
Il fait enclouer, sous ses yeux, les 8 pièces d’artillerie en position dans la redoute de Châtillon avant de se retirer, le dernier, au fort de Vanves.
L'ennemi occupe aussitôt les hauteurs qui dominent les forts d'Issy, de Vanves, de Montrouge et commence à construire de gigantesques batteries qui lui permirent de bombarder les forts et l'enceinte. La route de Choisy à Versailles fut couverte de fascines par lesquelles les grosses pièces Krupp pouvaient être monter sans bruit. Plusieurs étages de retranchements s'élevèrent sur les flancs du coteau. Une batterie placée au moulin de pierre [6], [7] était à 1 000 m du fort de Vanves.
Des ordres sont donnés, pour que les troupes se concentrent définitivement dans Paris. Toutefois le 150e régiment de marche, sous les ordres du colonel Bonnet, se retranche fortement, et garde sa position avancée à Plessis-Piquet.
La redoute de Montretout, dont les remparts étaient inachevés et jugée trop avancée par le commandement, est évacuée par le 6e bataillon des mobiles de la Seine.
- Seine-et-Marne :
Début de l'entrevue de Ferrières entre Jules Favre et Otto von Bismarck
20 septembre
- Paris :
Le gouvernement indique qu'il « ne livrera ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses ».
La commission des barricades est formée.
- Seine-Saint-Denis :
Bondy est rempli de troupes et d'artillerie ennemie qui s'établit aux abords du plateau de l'ancien parc du Raincy.
À Saint-Denis, tout est tranquille. La batterie de Saint-Ouen protége parfaitement la presqu'ile de Gennevilliers.
- Hauts-de-Seine :
Du côté du mont Valérien, Saint-Cloud, Sèvres, Meudon, l'ennemi ne se montre pas.
En avant des forts de Montrouge, de Bicêtre et d'Ivry, l'ennemi reste à grande distance, et deux obus de ce dernier fort, ont forcés ses sentinelles à se replier.
Dans la nuit, les Prussiens se sont emparés des hauteurs de Meudon. Une pièce de marine, portant à 9 000 mètres, envoya un boulet qui est tombé au milieu d'une batterie prussienne.
Le fort de Vanves, de son côté, tire sur l'ennemi.
Les Prussiens installent leurs batteries sur les positions en hauteurs.
- Seine-et-Marne :
Fin de l'entrevue de Ferrières entre Jules Favre et Otto von Bismarck[8]
21 septembre
- Paris :
Le 3e jour du siège, 1re tentative de départ d'un aérostat depuis l'usine à gaz de Vaugirard. L'enveloppe du ballon l'Union se déchire au moment du gonflement, l'ascension échoue[9].
38 courriers partent de Paris, un seul, le facteur Frare[10], parviendra à franchir les lignes ennemies. Au retour il est arrêté comme espion et fusillé à Chatou.
- Val-de-Marne :
Les prussiens sont signalés à 1 200 mètres environ d'Ivry
Des ennemis qui se sont approchés du Port à l'Anglais ont été mis en fuite par un obus lancé par le fort d'Ivry.
D'incessantes patrouilles prussiennes rôdent autour de l'ouvrage de Moulin de Saquet.
Les tirailleurs ont échangé des coups de feu dans les maisons les plus éloignées de Vitry.
Des soldats des forts de Bicêtre et d'Ivry qui effectuent des reconnaissances rapportent que l'ennemi se tient en arrière des crêtes de Villejuif, vers l’Hay et Chevilly.
Après un engagement contre les tirailleurs, l'ennemi occupe Villejuif.
Une reconnaissance partie du fort de Charenton, vers Créteil et le carrefour Pompadour, a été attaquée par les tirailleurs de l’ennemi, qui a amené successivement de nouvelles forces de Mesly et de Mont Mesly. La refraite s'est faite en très bon ordre.
- Seine-Saint-Denis :
L'ennemi établit un ouvrage entre la Courneuve et le Bourget et occupe Dugny, le Raincy, Bondy, Montfermeil, Chelles, Coeuilly.
Le général de Bellemare indique que l'ennemi établit des batteries à la butte-Pinson et en avant de Montmorency.
- Hauts-de-Seine :
Une compagnie d'éclaireurs du fort de Vanves a eu un léger engagement avec les tirailleurs ennemis. Les avant-postes bavarois campent à Meudon, au parc de Saint-Cloud, à la Porte Jaune[11] à la Malmaison. Des Prussiens apparaissent à Saint-Cloud.
Le 19e régiment de marche Français prend position au rond point de Courbevoie et des gendarmes se barricadent au rond-point des Bergères. Les éclaireurs à cheval de la Seine du commandant Léon Franchetti sont envoyés pour reconnaitre les positions de l'ennemi sur Rueil.
- Yvelines :
Les wurtembourgeois et les saxons établissent un pont à Port-Marly et occupent Chatou. 600 hommes se sont établis dans l’ile, 8 000 ont couché à Saint-Germain et se sont établis dans le bois et dans la plaine du Vésinet. L'ennemi construit un pont de bateaux entre Marly et l'île de Croissy.
Houilles sert de point d'observation aux vedettes prussiennes qui couchées sur le talus qui précède le pont des Anglais suivent les mouvements de la garnison du fort du Mont-Valérien
- Val-d'Oise :
Partant de Saint-Brice des détachements allemands partent en direction de Pontoise et de L'Isle-Adam pillant et saccageant cette dernière.
Les Prussiens occupent Bezons, Argenteuil et établissent des batteries aux moulins de Sannois.
22 septembre
- Hauts-de-Seine :
Une reconnaissance a été faite en avant du fort d'Issy par 120 hommes de la garde mobile, 4e bataillon de la Seine, 8e compagnie à la redoute du moulin de Pierres [6][7]. Le détachement a été attaqué, a eu 4 blessés et tué ou blessé 12 ennemis. Dans la nuit les forts d'Issy et de Vanves signalent des mouvements de troupes sur les hauteurs de Châtillon.
- Val-de-Marne :
Dans la soirée, la division Maudhuy est portée en avant des forts d'Ivry et de Bicêtre et occupent le Moulin de Saquet et le village de Vitry.
- Seine-Saint-Denis :
L’ennemi construit des observatoires derrière la forêt de Bondy et au moulin du Haut Roi entre Dugny et Stains.
- Yvelines :
Une quarantaine de francs-tireurs tendent une embuscade à l'entrée de Mézières-sur-Seine à un groupe de ulhans qui s'avancent en direction de Mantes-la-Jolie. Le soir l'ennemi revient en force; le général Adalbert von Bredow en personne à la tête d'une colonne de cavalerie et d'artillerie appuyée par un détachement d'infanterie bavaroise se dirige alors sur Mézières. Une reconnaissance du 13e dragons du Schleswig-Holstein tombe dans une embuscade à Aulnay-sur-Mauldre tendu par 4 francs-tireurs[12]. Arrivés à Mézières, le maire est roué de coups[13] et le village est canonné, criblé d'obus puis l'arrière garde torche à la main y met le feu. Une soixantaine de maison seront détruites. En fin d'après midi la colonne arrive devant Mantes-la-Jolie. Après avoir canonné la ville, l'infanterie bavaroise du 2e régiment Prince Royal entre en ville saccage les 2 gares[14], tue et blesse des civils et emmènent des otages. La population affolée s'enfuit jusque dans les bois de Rosny. Après sa terrifiante apparition aux portes de Mantes, la colonne retourne dans ses cantonnement traversant les ruines fumantes de Mézières.
23 septembre
- Paris :
Départ, de la place Saint-Pierre, du premier ballon-poste Le Neptune piloté par Jules Duruof. Il atterrit à Cracouville, dans l'Eure après avoir parcouru 104 kilomètres[15].
Les parisiens ayant entendu le canon gronder, des rumeurs se répandent comme des trainées de poudre : « Nous avons tués 20 000 prussiens, ou a peu près, et 30 000 sont encerclés. » Puis le chiffre enfle ,c'est d'abord « 20 000 puis 30 000 et enfin 60 000 prussiens qui ont été mis hors de combat avec 15 000 prisonniers ». Afin de couper court à toutes les rumeurs, Arthur Ranc, journaliste et maire du 9e arrondissement de Paris, posa une affiche dans la mairie de la rue Drouot : « Voici la vérité : Nous avons repris Villejuif et le Moulin-Saquet. A l'Est nous avons débusqué l'ennemi de la Courneuve et du Bourget ».
- Oise :
Creil est occupée par 2 pelotons de cuirassés et un piquet d'infanterie[16] venu de Chantilly
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- Val-de-Marne :
Les forts de Bicêtre et de Montrouge appuient les troupes qui occupent le village de Villejuif et la batterie des Hautes-Bruyères. Au soir la position est fortement établie.
L’ennemi effectue une reconnaissance sur le Moulin de Saquet, et est mis en déroute par les défenseurs aidés par l’artillerie du fort d'Ivry.
L’ennemi qui tentait de s’établir vers Bagneux a été totalement réduit par l’artillerie de campagne et celle des forts.
Le fort de Nogent a jeté le désordre dans les forces ennemies en tirant une soixantaine de coups de canons vers Bry-sur-Marne.
- Seine-Saint-Denis :
Des mouvements de troupes prussiennes sont signalés sur la route de Lille vers Le Bourget et Dugny.
L’ennemi effectue des travaux en avant des fortifications Saint-Denis. La garnison de Saint-Denis, du général Bellemare, avec le 28e de marche en pointe, soutenues par l’artillerie des forts de la Double-Couronne et de la Briche, attaquent avec succès Pierrefitte, occupée par l’ennemi. Des combats au corps à corps ont lieu et l’ennemi qui a subi de lourde perte envoie environ 8 000 hommes en renfort provenant de troupes postées sur les hauteurs de Montmorency. La position est abandonnée en fin de journée.
L’amiral Saisset à la tête de 200 fusiliers, 400 hommes de l’infanterie de marine et 8 compagnies des bataillons des éclaireurs de la Seine[17] du colonel Lafon effectuent une reconnaissance vers Le Bourget. Bobigny, est évacué par l’ennemi et à Drancy après une vive fusillade les Prussiens sont poursuivis jusqu’à la gare du Bourget. Plusieurs colonnes d’infanterie prussiennes, arrivées en renfort sont refoulée dans le village par l’artillerie du fort de Romainville (1 pièce de marine de 16). Les Français ont brûlé toutes les meules de fourrage de la cavalerie ennemie.
Du côté d’Aubervilliers, l’ennemi se tient à grande distance.
- Val-d'Oise :
L’ennemi effectue des travaux vers Argenteuil ou 40 000 Prussiens seraient cachés dans les bois alentours.
Sur la rive gauche de l'Oise un détachement prussien du 71e régiment d'infanterie prussien tombe dans une embuscade, en face du château de Stors qui s'enfuit dans toutes les directions abandonnant aux francs-tireurs 13 fourgons chargés de produits réquisitionnés à Pontoise ainsi qu'une douzaine de chevaux. L'ensemble est ensuite dirigé sur Beauvais.
- Hauts-de-Seine :
L’ennemi paraît établir des batteries au-dessus de la manufacture de Sèvres et sur la terrasse du château de Meudon.
24 septembre
- Hauts-de-Seine :
Le Mont Valérien canonne des convois ennemis en avant de Montesson et la batterie de Saint-Ouen tire sur des travailleurs prussiens à la carrière d’Orgemont à Argenteuil.
Les canonnières, revenant de Suresnes, sont prises à partie devant le parc de Saint-Cloud. Lors de cet échange, l’ennemi subit des pertes sensibles et deux marins français sont blessés.
Le fort d'Issy canonne les hauteurs de Sèvres ou l’ennemi semble établir des positions.
- Yvelines :
Des renseignements indiquent qu’un pont établi par les envahisseurs à Triel-sur-Seine a céder sous le poids des pièces de gros calibre qui y étaient engagées, entraînant par le fond 3 canons.
25 septembre
- Hauts-de-Seine-Val-d'Oise :
Partant de divers points de la presqu'île de Gennevilliers[18], les éclaireurs de Franchetti poussent une reconnaissance sur Argenteuil sans voir l’ennemi.
- Paris :
Le ballon-poste La Ville de Florence s'envole du champ de « La Glacière », boulevard d'Italie et termine sa course à Vernouillet dans les Yvelines après avoir parcouru 30 kilomètres[19].
Organisation des ambulances des remparts.
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26 septembre
- Institution des Cours martiales à Vincennes, Saint-Denis, etc...
- Val-d'Oise :
Un détachement du 86e régiment du Schleswig-Holsteinqui s'avançait en direction du château de Stors tombe dans une embuscade sur le territoire de Mériel et perd 5 hommes.
- Hauts-de-Seine :
Des mouvements de troupes sont signalés en arrière du plateau de Châtillon dans la direction de Sceaux à Versailles.
Le fort du Mont Valérien envoie des obus dans les taillis de Croissy-sur-Seine, ou étaient établis 3 000 fantassins ainsi que dans le parc de la Malmaison faisant refluer les troupes allemandes sur Bougival.
- Paris :
Le ballon-poste Les États-Unis s'envole de l'usine à gaz de La Villette [20] et termine sa course à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines après avoir parcouru 58 kilomètres[21].
Décret d'autorisation pour l'envoi des lettres par les aérostats.
Vente de la viande de boucherie pour compte de l'État.
27 septembre
- Val-d'Oise :
Un détachement de 400 hommes du 71e régiment d'infanterie prussien escortant une quarantaine de chariots arrivent à L'Isle-Adam, vers 9 heures du matin, pour effectuer de nouvelles réquisitions et rétablir le pont entre L'Isle-Adam et Parmain sont bloqués par une barricade d'ou part un tir nourri. Les prussiens poussent alors devant eux le curé et son vicaire, le maire et un autre habitant pour leur servir de bouclier et arriver jusqu'au pont. Mais les francs-tireurs continuent la fusillade, épargnant miraculeusement les otages et obligeant l'ennemi à se réfugier en ville. Les prussiens ayant reçu des renforts ainsi d'une section d'artillerie, bombardent et lancent plusieurs attaques sur Parmain qui sont toutes repoussées et perdent 1 tué et une dizaine de blessés. Vers 5 heures du soir l'ennemi retourne à son camp à Saint-Brice.
- Val-de-Marne :
Une compagnie du 14e régiment d'infanterie de ligne et les tirailleurs parisiens du capitaine Lavigne, lancent une reconnaissance sur Maisons-Alfort et Créteil puis attaquent, sans succès, l’ennemi retranché dans la ferme des Mèches [22] .
28 septembre
- Défense de passer les lignes avancées sans un laissez-passer venant du gouverneur.
- Seine-Saint-Denis :
Au petit matin une reconnaissance est effectuée par un escadron du 9e régiment de chasseurs à cheval surprend et sabre, dans le parc de la Maison Blanche à Neuilly-sur-Marne et Gagny, un poste d’infanterie avant de fouiller le plateau d'Avron.
L’ennemi ayant renforcé ses positions à Nogent-sur-Marne, une autre reconnaissance d’infanterie et de spahis a parcouru sensiblement le même chemin.
- Hauts-de-Seine :
Le général Blanchard fait exécuter une reconnaissance par un bataillon du 13e régiment de marche, jusqu’au parc Fleury sur la route de Clamart, qui s’approche à environ 700 mètres des positions tenues par les prussiens au château et à la terrasse de Meudon.
En appui de cette reconnaissance, deux chaloupes vedettes de la flottille des canonnières de la Seine du capitaine de vaisseau Thomasset échangent une vive fusillade avec les prussiens établis dans le jardin de l’orphelinat du Bas-Meudon.
Les batteries de soutien, terrestres, ont canonnées les hauteurs de Sèvres
- Yvelines :
Deux bataillons des Éclaireurs de la Seine [17] partis de Vernon le 23 septembre puis qui s'étaient établis dans la forêt de Rosny le 24 septembre, s'avancèrent le 25 septembre jusque Magnanville et occupèrent Mantes en chassant les éclaireurs prussiens.
29 septembre
- Décret pour maintenir la discipline dans la garde nationale.
- Val-d'Oise :
Préoccupé par la résistance des francs-tireurs de l'Isle-Adam et de Parmain, les prussiens envoient un nouveau détachement commandé par le colonel prince de Hohenlohe composé d'un bataillon du 27e régiment d'infanterie, du 1er régiment de ulhans de la garde et d'une section d'artillerie avec l'ordre de purger définitivement la contrée. Vers midi une partie de la colonne à l'Isle-Adam et recommence, sans plus de succès que le 27 d'enlever la barricade de Parmain. Mais cette fois cette attaque n'a vraisemblablement d'autre but que d'occuper les francs-tireurs. En effet, l'autre partie de la colonne jette un pont de bateaux à Mours, situé plus en amont, franchie l'Oise descendant par la rive droite afin de prendre la barricade à revers. Nos francs-tireurs alertés à temps évacuent leurs positions avec comme perte 1 tué et 1 blessé contre 3 tués et une vingtaine de blessé du côté du 27e régiment d'infanterie de Magdebourg[23].
- Val-de-Marne :
Plusieurs reconnaissances sont poussées par des groupes de francs-tireurs dont l'une par les chasseurs de Neuilly-sur-Marne en avant des positions de Villejuif,
La redoute des Hautes Bruyères a canonné un long convoi ennemi circulant entre Chevilly et L’Hay en direction de Versailles.
Depuis plusieurs jours l’ennemi maître des villages de L'Hay, Chevilly, Thiais et Choisy-le-Roi effectuait des travaux de terrassement et de fortification de ces villages, afin de protéger sa ligne de communication avec Versailles. Il fut alors décidé d’une action combinée afin de reconnaître et d’attaquer les forces établies dans ces positions. La tâche incombe au 13e corps du général Vinoy qui attaque avec 20 000 hommes.
Les troupes se massent vers les forts d’Ivry, de Bicêtre et de Montrouge. Elles sont accueillit à l’entrée du plateau de Villejuif par des tirs de canon et de mousqueterie auxquels elles répondent avec énergie, pendant presque 3 heures.
Les 35e et 42e brigades du général Pierre Victor Guilhem refoulent l’ennemi hors de Chevilly et l’Hay. La colonne du général Blaise pénètre dans Thiais et d’une batterie de position dans ce village qui n’est pas enlevée faute d’attelage. Les troupes avancent jusqu’aux positions prussiennes, fortement défendues, de Thiais et de Choisy-le-Roi coupant ainsi leur voie de communication. Après un vif engagement d’artillerie et de mousqueterie, sur ordre du général Vinoy, les troupes françaises se replient sous le feu, avant l’arrivée des réserves prussiennes, évaluée à environ 30 000 hommes.Article détaillé : bataille de Chevilly.Lors de cet engagement 2 000 Français et 400 Allemands sont mis hors de combat dont le général commandant qui est tué lors de la bataille de Chevilly.
De l’autre côté de la Seine, la brigade du général d’Exéa marche sur Créteil, engage un combat puis retourne dans ses positions de départ.
- Seine-Saint-Denis :
L’artillerie des forts de Saint-Denis a lancé quelques obus sur les travaux qu’exécutait l’ennemi vers Stains, Garches, Orgemont et Saint-Gratien.
Une reconnaissance effectuée par les francs-tireurs des Lilas vers Drancy a surpris les avant postes ennemis leur a tué 3 hommes.
- Hauts-de-Seine :
Pendant le combat de Chevilly, la brigade Susbielle, sous les ordres du général Blanchard effectue une reconnaissance sur Issy et le Bas-Meudon, faisant se replier 3 régiments de la Garde prussienne. Un bataillon des Volontaires de la Côte-d’Or s’est particulièrement distingué pendant l’attaque.
- Yvelines :
Les Éclaireurs de la Seine[17] partis de Mantes arrivent à Maule entre la rivière Mauldre et la forêt des Alluets-le-Roi ou ils s'opposent aux fourrageurs prussiens de la 5e division de cavalerie. Dans la journée, des cavaliers et éclaireurs à cheval de Rouen et d'Elbeuf entrent à Mantes renforcés en soirée, par 700 volontaires du 1er bataillon de la garde nationale de Rouen et les tirailleurs de la 1re compagnie havraise.
30 septembre
- Val-d'Oise :
Les Prussiens entrent dans Parmain, évacué par les francs-tireurs, brulent 50 maisons de la ville, bombardent Nesles-la-Vallée et lancent plusieurs détachements des ulhans du 1er régiment de la garde fouiller les environs. Plusieurs francs-tireurs, ou considéré comme tel[24], pris les armes à la main furent fusillé dans la même journée.
- Val-de-Marne :
Le général Guilhem est tué [25] à la tête de ses troupes lors des combats de Chevilly.
- Seine-Saint-Denis :
Un peloton de cavalerie accompagné de 4 compagnies des 3e et 4e bataillon des éclaireurs de la Seine[17] chasse l’ennemi de Bondy puis effectue une reconnaissance sur la Maison Blanche ou ils débusquent une batterie avant de rentrer sur Romainville.
- Paris :
Le ballon-poste Le Céleste piloté par Gaston Tissandier s'envole de l'usine à gaz de Vaugirad [26] et termine sa course à Dreux en Eure-et-Loir après avoir parcouru 81 kilomètres[27].
Un second ballon, non dénommé, s'envole du boulevard d'Italie et termine sa course, abattu par les prussiens dans les lignes ennemies à Ville d'Avray[28].
Octobre
1er octobre
- Paris :
Rapport du ministère de la guerre sur la distribution dans Paris de 390 000 fusils.
- Val-de-Marne :
Le corps du général Pierre Victor Guilhem est remis à la Société internationale des secours aux blessés.
- Seine-Saint-Denis :
Plusieurs reconnaissances sont poussées très brillamment :
De Noisy sur Bondy par 4 compagnies des 3e et 4e bataillons des éclaireurs de la Seine[17] du commandant Poulizac. Après avoir dépassé Bondy, les troupes se sont engagées sur la Maison Blanche, découvrant une batterie de 4 pièces d’artillerie et les positions tenues par l’infanterie ennemie, fortement retranchée dans les maisons environnantes. Les forces du commandant Poulizac ont ensuite regagné les lignes françaises.
De Romainville sur Drancy et le chemin de fer de Soissons par les francs-tireurs des Lilas du commandant Anquetil. Après avoir traversé Bobigny, Drancy a été enlevé par nos troupes, qui ont poursuivit les tirailleurs ennemis jusqu’à la ligne de chemin de fer de Soissons ou les allemands se sont retranchés. Des renforts importants se montrant du côté du Bourget et d’Aulnay les troupes françaises se sont repliées emportant avec elles, casques, fusils revolvers abandonnés sur le terrain.
2 octobre
- Hauts-de-Seine :
Appuyé par les artilleurs de la mobile de Seine-et-Oise, une fraction du 2e bataillon du 28e régiment de mobile, formé de bretons, ont poussé une reconnaissance sur les hauteurs de Montretout, contre les avants-postes prussiens, délogeant un poste ennemi qui s’installait dans la redoute.
Une reconnaissance est faite par un détachement du 19e régiment de marche entre Bezons et Argenteuil. Le poste prussien, placé sur l’autre rive de la Seine, a immédiatement échangé des coups de fusil.
- Seine-Saint-Denis :
7 compagnies des gardes mobiles des Côtes-du-Nord, du Finistère et du 8e bataillon de la Seine, ont lancé une reconnaissance de Noisy-le-Sec sur Bondy. L’avant poste prussien s’est replié en toute hâte sur la foret, en arrière, pour ne pas être enlevée. Un combat de mousqueterie s’est ensuite engagé et la retraite a été couverte par le 3e bataillon des gardes mobiles du Finistère.
3 octobre
- Les journaux rapportent que Toul et Strasbourg ont succombé.
- Hauts-de-Seine-Val-de-Marne :
Les Prussiens qui étaient à la Malmaison ainsi que ceux qui étaient vers Sèvres, Châtillon et le plateau de Villejuif sont remplacé par des Wurtembergeois.
4 octobre
- Val-de-Marne :
3 compagnies du bataillon de la Drôme et 1 peloton de spahis qui effectuaient une reconnaissance en avant du fort de Nogent se sont heurtés à la sortie de Neuilly-sur-Marne aux avant postes prussiens qui se sont retiré. Les spahis les ont poursuivis et sont tombés dans une embuscade. Heureusement protégé par le brouillard les spahis ne déplorent que 2 chevaux tués et 1 cavalier blessé.
- Yvelines :
Partant de Port-Villez, les mobiles de l'Eure effectuent une reconnaissance sur Bonnières qui est canonnée puis poursuivie par les ulhans.
5 octobre
- Paris :
Par décret du gouvernement de la Défense nationale, le corps des Cent-gardes est licencié. Ses éléments sont versés au 2e régiment de marche de cuirassiers dont il forme le premier escadron.
- Hauts-de-Seine :
4 compagnies du 5e bataillon de la mobile de la Seine ont effectué une reconnaissance sur le village de Clamart.
Les canons du Mont Valérien ont arrosé les crêtes boisées entre Saint-Cloud et Bougival délogeant les troupes installées dans ce dernier village.
- Val-de-Marne :
La compagnie des tirailleurs parisiens du capitaine Lavigne et 1 compagnie du 21e régiment d'infanterie de ligne se sont avancés sur les avant-postes ennemis situés sur la droite de Créteil. Une barricade fortement défendue a été attaquée sans succès mais un poste situé sur le chemin de fer de Lyon a été enlevé. Les troupes se sont ensuite repliées en bon ordre malgré les forces considérables qui s’avançaient sur eux.
6 octobre
La région parisienne est recouverte d’un brouillard intense empêchant toute observation.
- Hauts-de-Seine :
Divers renseignements indiquent que la canonnade d’hier a fait le plus grand mal à l’ennemi. Les canons de marine du Mont Valérien continuent de tirer sur les points où des troupes ennemies sont signalées.
Les éclaireurs de la Seine[17], les tirailleurs des Ternes et les carabiniers de Neuilly, appuyés par 5 escadrons de cavalerie, gendarmes et dragons ont poussé une reconnaissance sur les bords de la Seine entre Chatou et Argenteuil tiraillant sur les avant-postes ennemis situés sur l’autre rive et en particulier au pont des Anglais.
- Seine-Saint-Denis :
Les francs-tireurs des Lilas ont effectué des reconnaissances sur Bondy, et ont rejeté l’ennemi au-delà du canal de l’Ourcq par le pont de la Poudrette [29] à Gargan. Cette reconnaissance a en outre permis de constater que ce pont était gardé par les grand’gardes [30] prussiennes et qu’un fort corps de troupe campait au Raincy près de la Maison Blanche.
- Paris :
Rationnement de la viande et création des boucheries municipales.
7 octobre
- Val-de-Marne :
Le général Vinoy fait occuper Cachan par les troupes, avec l’appui des forts de Montrouge et de Bicêtre.
Dans la soirée, une vive fusillade s’est engagée, sur les bords de la Marne entre la grand’garde[30] de Joinville et les avant-postes prussiens. Après un engagement d’artillerie l’ennemi a reculé sur Champigny.
- Seine-Saint-Denis :
Dans la matinée, une reconnaissance en avant du fort de Nogent s’est avancé jusque Neuilly-sur-Marne sans découvrir l’ennemi.
- Hauts-de-Seine :
Des reconnaissances ont été effectuées du côté de Meudon. Un poste ennemi installé dans la station de chemin de fer s’est alors replié sans attendre l’attaque. L’ennemi est établi en force au haras et à la plaine des Bruyères.
12 compagnies de gardes mobiles de la Seine, sous les ordres du lieutenant-colonel Rambaud, ont effectué une reconnaissance dans Clamart et les bois environnants et ont rapporté des sacs de farine, des armes, des outils…
- Paris :
Départ des ballons Armand Barbès piloté par Alexandre Trichet, monté par Léon Gambetta et Eugène Spuller et George Sand, de la place Saint-Pierre et d'un troisième de l'usine à gaz de La Villette [20] L'Armand Barbès atterrit dans l'Oise à Épineuse après avoir parcouru 98 km [31], le George Sand parcourera 120 km et se posera dans la Somme à Crémery[32]. Le troisième ballon atterrira, suite à une mauvaise manœuvre, à Stains avant les lignes ennemies après avoir seulement parcouru 12 km[33].
8 octobre
- Paris :
Une affiche, placardée sur les murs de Paris, invitait les citoyens à se réunir le 8 octobre sur la place de l'Hôtel-de-Ville pour protester contre le gouvernement et sa façon d'agir. A 2 heures, un groupe de 300 à 400 personnes était réuni sur la place de l'Hôtel de Ville lorsque arriva le 840e bataillon de la garde nationale de la Seine du commandant Bixio. Des cris de « Vive la Commune! » et des cris de protestation contre le gouvernement se firent tout aussitôt entendre. Le bruit s'étant répandu dans Paris qu'une partie de la population voulait exercer une pression sur le gouvernement, de nombreux bataillons de la garde nationale arrivèrent promptement sur la place de l'Hôtel-de-Ville pour la déblayer et pour protéger le gouvernement. Le calme une fois rétabli, Jules Favre et le gouvernement de la Défense nationale passèrent les bataillons en revue puis adressa la lettre suivante au général Tamisier, commandant en chef de la garde nationale de la Seine :
Lettre de Jules Favre au général TamisierMon cher général,
JULES FAVRE.
Je vous remercie avec effusion, vous et la garde nationale, dont vous êtes le digne chef, du concours que vous venez de nous prêter. Au premier signal, vos bataillons sont accourus et, par leurs acclamations patriotiques, ont protesté contre les imprudents qui cherchent à nous diviser devant l'ennemi. Vous leur avez prouvé qu'ils n'y réussiront pas. Nous resterons unis pour combattre et pour vaincre. Nous le serons encore après, car tous nous n'avons qu'une volonté fonder une République durable, décrétée par la nation dans sa souveraineté. C'est pour l'accomplissement de cette double tache que nous sommes debout, ne formant qu'un faisceau, maintenant avec fermeté le gouvernement établi le 4 septembre, ne demandant d'autre récompense que l'honneur insigne de remettre à la France, délivrée par l'héroïsme de ses enfants, les pouvoirs que nous avons reçus pour la défendre.
Agréez, mon cher général, l'expression de mes sentiments affectueux et dévoués.
Le Vice-Président du Gouvernement,
Le Ministre de l'Intérieur par intérim,- Hauts-de-Seine :
Un détachement des francs-tireurs de Paris, un détachement des tirailleurs des Ternes sous les ordres du commandant Thierrard ainsi que 600 gardes mobiles des 7e bataillon de la Seine, 4e bataillon d’Ille et Vilaine et 1er bataillon de l’Aisne sous le commandement du général Martenot effectuent une reconnaissance sur la Malmaison en passant par Nanterre et Rueil et entrent dans le parc en effectuant une brèche.
Dans le même temps, 4 compagnies de gardes mobiles de la garnison du Mont-Valérien et les éclaireurs volontaires entraient également dans le parc par le sud-ouest.
L’ennemi ayant décampé les tirailleurs poussent jusqu’au premières maisons de Bougival et sur les hauteurs de La Jonchère à Rueil.
Durant cette opération, les éclaireurs de la garde nationale de la Seine du commandant Ribeaux, les éclaireurs volontaires de la 1re division d’infanterie et 4 escadrons du 2e régiment de dragons et du 1er régiment de gendarmerie à cheval, soutenus par 4 batteries d’artillerie, s’avancent dans la plaine de Gennevilliers jusqu’aux bords de la Seine, ou ils engagent une vive fusillade avec les tirailleurs ennemis embusqués sur l’autre rive entre Bezons et Argenteuil. Les Français perdent 2 tués et 11 blessés.
9 octobre
- Seine-Saint-Denis :
Une forte reconnaissance en avant du fort de Noisy permet aux français de chasser l’ennemi de Bondy et d’occuper le village jusqu’à la nuit puis de se replier.
- Hauts-de-Seine :
La batterie de Courbevoie a tiré sur la cavalerie ennemie à Houilles.
10 octobre
- Paris :
La viande est désormais rationnée. La ration est de 1 livre[34] de viande par personne pour 5 jours.
- Seine-Saint-Denis :
Les compagnies d'infanterie des redoutes de la Boissière, Montreuil et Noisy suppléé par un bataillon de mobiles du Nord, chargés de la protection des travailleurs, cultivateurs et maraîchers œuvrant dans la plaine ont été assailli par l’ennemi. 2 pièces d’artillerie qui ont tiré sur nos troupes des obus et de la mitraille ont été démontées par le feu des pièces des 3 forts[35]. L’ennemi, a reculé jusque dans les bois à proximité de la Maison Blanche et a répondu par des tirs provenant des environs du pont de la Poudrette[29].
- Hauts-de-Seine :
Le Mont Valérien, la batterie de Mortemart située dans le bois de Boulogne et la canonnière de Suresnes ont entretenu un feu vif sur Saint-Cloud.
La batterie de Courbevoie tire de nouveaux obus sur Houilles et la batterie de Saint-Ouen sur Orgemont
- Val-de-Marne :
Le général Blanchard lance une attaque, le soir, sur la maison Millaud, avant poste ennemi menaçant Cachan.
11 octobre
- Val-de-Marne :
Le matin, après la prise de la maison Millaud, celle-ci a été mise en défense et les maisons voisines ont été incendiées ou détruites afin de dégager les abords. Des éclaireurs ennemis se sont approchés à 300 mètres de ce nouveau point d’appui.
De nombreux mouvements de troupes sont signalés sur le secteur sud. L’artillerie de la redoute des Hautes Bruyères a, par un coup heureux, tué une dizaine de prussiens dans une maison qui servait de poste en avant de Bourg-la-Reine.
12 octobre
- Seine-Saint-Denis :
Le 7e régiment des gardes mobiles du Tarn, soutenus par le 1er régiment de chasseurs et des spahis sous les ordres du lieutenant-colonel Reille effectue une importante reconnaissance dans les bois de Neuilly-sur-Marne et au plateau d'Avron. Après avoir chassé les avant-postes prussiens qui se sont dérobés dans un bois entre Neuilly et Villemomble, la troupe a fouillé et occupé le village du Bois de Neuilly. L’infanterie a tenté de prendre à revers les fuyards qui se sont à nouveau retiré. Puis 3 compagnies sous les ordres du commandant Faucaut ont gravi les pentes du plateau d'Avron. Une partie du 1er régiment de chasseurs a fouillé une partie du plateau s’avançant jusque Villemomble défendu par l’ennemi.
- Hauts-de-Seine :
Les éclaireurs de Dumas, les éclaireurs de la ligne du commandant Lopez, les mobiles du Morbihan sous les ordres du général Ducrot ont lancé une reconnaissance au-delà de la Malmaison. Après avoir essuyé une fusillade, les troupes se sont avancées dans le parc de la Malmaison ou elles ont démasqué la présence des batteries prussiennes situées à la bifurcation des routes de Bougival et de la Jonchère. Sous leur feu, les mobiles se sont mis à couvert dans les fossés de la route. L’artillerie ennemie a été délogée par l’artillerie du Mont-Valérien qui la poursuivie pendant la retraite jusque Bougival.
- Paris :
Deux ballons partent de Paris :
Le Washington s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Carnières dans le Nord après avoir parcouru 204 kilomètres[36].
Le Louis Blanc s'envole de la place Saint-Pierre et termine sa course à Béclers en Belgique après avoir parcouru 290 kilomètres[37].
Les boucheries municipales ne distribuent plus que 100 grammes de viande par personne, après des heures de queue.
13 octobre
- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
Des mouvements de troupes considérables de l'ennemi ayant été signalé pendant ces derniers jours, le gouverneur décide de lancer une reconnaissance offensive serait faite par la 3e division du général Blanchard, du 13e corps, positionnée entre Issy, à droite, et Cachan, à gauche, soutenue par la brigade Dumoulin, de la division Maudhuy et par la brigade de La Charrière, de la division Caussade.Article détaillé : Deuxième bataille de Châtillon (1870).
14 octobre
- Hauts-de-Seine :
Dans la nuit un bataillon des éclaireurs de la garde nationale de Paris, sous les ordres du commandant Thierrard qui effectue une reconnaissance et surprend, dans Rueil, un assez fort détachement de Prussiens occupés à brûler deux maisons pour dégager une de leurs barricades et leur tue une vingtaine d’hommes.
- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
Les Prussiens demandent un armistice pour relever leurs morts. Une suspension d'armes a lieu de onze heures à cinq heures, en avant de nos forts du sud.
- Paris :
Deux ballons montés partent de Paris :
Le Godefroy Cavaignac et le Jean-Bart N°1[38] qui s'envolent de la gare d'Orléans. Le premier, avec comme passager Émile de Kératry termine sa course à Brillon-en-Barrois dans la Meuse après avoir parcouru 257 kilomètres[39] et le second termine sa course à Montpothier dans l'Aube après avoir parcouru 114 kilomètres[40].
15 octobre
- Seine-Saint-Denis :
Pendant que les mobiles du Finistère et du Nord, l'infanterie de ligne et l'artillerie du Romainville chassaient l'ennemi de la ferme de Groslay la plaine de Bondy, l'artillerie du Fort de Rosny a canonné l'ennemi dans le village du Raincy, et celle du Noisy a foudroyé le camp retranché du pont de la Poudrette de Gargan.
Par ailleurs, les éclaireurs de la Seine[17] du colonel Lafon partant de Bondy engagent une vive fusillade avec l'ennemi embusqué de l'autre côté du canal de l'Ourcq, afin de couper les arbres qui masquaient, de nos bastions, la vue du camp retranché prussien. En milieu d’après-midi l'ennemi ayant arboré le pavillon blanc, les éclaireurs de la Seine et les forts ont cessé le feu. Les troupes françaises déplorent 2 tués, dont 1 officier et 5 blessés.
En fin d’après-midi, un seul obus, tiré à partir du bastion N°2 à 4 500 mètres, a tué les deux officiers à cheval qui venaient faire mettre en batterie une section d'artillerie ennemie, et tué les cavaliers d'une des pièces qui a été mise hors de service.
- Val-de-Marne :
Des obus lancés de la redoute de la Faisanderie, ont endommagé les postes d'observations prussiens situés au nord de Champigny et au four à chaux.
Des coups de canon ont été tirés de la redoute de Gravelle et du fort de Charenton sur Bonneuil, Montmesly et le carrefour Pompadour.
16 octobre
- Val-de-Marne :
Les éclaireurs placés en embuscade de nuit à Créteil ont été attaqués ce matin, vers cinq heures, par un peloton de Prussiens qu'ils ont repoussés.
Le fort de Nogent a bombardé plusieurs gros pelotons ennemis qui cheminaient à l'extrémité du plateau d'Avron.
La redoute de la Faisanderie a tiré sur le poste prussien à la Fourche de Champigny faisant fuir l'ennemi.
Une reconnaissance effectuée sur Charenton a poussé jusqu'au moulin de la Marne, sans trouver d'obstacles. Les Prussiens ont complètement évacué Créteil.
- Hauts-de-Seine :
À Colombes, les zouaves du général Henri Berthaut[41] avec 8 pièces d'artillerie ont attaqué les troupes allemandes qui effectuaient des travaux au pont d'Argenteuil. Une batterie ennemie, amenée en renfort dans les vignes d'Argenteuil, a ouvert son feu dans la direction de Colombes. La batterie de Courbevoie répondant énergiquement a obligé l’ennemi à déménager. Dans l'après-midi, le général Ducrot a fait avancer à hauteur de Colombes une partie de la brigade Henri Berthaut. Notre artillerie, a lancé sur deux usines d'Argenteuil occupées par l’ennemi, plusieurs d'obus incendiant l'une d'elle. L'ennemi a mis en ligne une batterie qui a lancé, sans résultat, quelques obus dans Colombes. La batterie de 12 de Courbevoie a répondu la réduisant au silence puis elle a canonné avec des pièces de marine, les pentes de Sannois, empêchant ainsi toute offensive de l'ennemi.
Le Mont-Valérien, la batterie de Mortemart, située dans le bois de Boulogne, et quelques pièces du 6e secteur[42] ont envoyé des obus perturbant ainsi les travaux de l'ennemi à Montretout.
Les forts de Vanves et d’Issy ont agi de la même manière sur Châtillon.
- Paris :
Deux nouveaux ballons montés partent de Paris :
Le Jules Favre N°1 et le Jean-Bart N°2 qui s'envolent de la gare d'Orléans. Le premier termine sa course à Foix-de-Chapelle dans la province de Hainaut en Belgique après avoir parcouru 298 kilomètres[43] et le second termine sa course à Evrechelles, près de Dinant, également en Belgique, après avoir parcouru 328 kilomètres[44].
17 octobre
- Paris :
Le ballon monté Liberté est emporté, vide, par le vent violent de l'usine à gaz de La Villette[20], il échappe aux aéronautes et s'échoue au Bourget après avoir parcouru 11 km. Les restes du ballon seront récupérés par les prussiens[45].
18 octobre
- Paris :
Le ballon monté Victor-Hugo s'envole du Jardin des Tuileries. Il termine sa course à Cœuvres dans l' Aisne après avoir parcouru 117 kilomètres[46].
19 octobre
- Seine-Saint-Denis :
Une reconnaissance a été exécutée en avant des forts Rosny et de Nogent, par les mobiles de la Drôme du commandant Balète, de la Côte-d’Or du commandant Dupuy, et du Tarn des commandants Faure, de Foucaut et de Faramond, l’ensemble étant commandé par le lieutenant-colonel Reille.- Notre gauche s'est avancée dans le parc du Raincy jusqu'à la porte de Paris, et, de là, s'est rabattue sur Villemomble qui a été fouillée en tous sens. L'ennemi a été débusqué du parc du chateau de Launay[47] où il a eu un homme tué.
Pendant ce temps quelques compagnies ont gravi les pentes d'Ablon, occupé tout le plateau et tiraillé à son extrémité est sur le poste avancé de la Maison-Blanche [48]. - Notre centre, aussitôt Ablon occupé, est entré dans le village du Bois de Neuilly qui était évacué. Nos tirailleurs l'ont ensuite dépassé et se sont portés sur Neuilly-sur-Marne, où l'ennemi était retranché en forces considérables.
Cette reconnaissance a permis de constater que les avant-postes prussiens occupent aujourd'hui Launay à Villemomble, la Maison Blanche et Neuilly-sur-Marne, c'est-à-dire à quatre kilomètres du fort de Nogent.
- Notre gauche s'est avancée dans le parc du Raincy jusqu'à la porte de Paris, et, de là, s'est rabattue sur Villemomble qui a été fouillée en tous sens. L'ennemi a été débusqué du parc du chateau de Launay[47] où il a eu un homme tué.
- Paris :
Le ballon monté République Universelle également appelé La Fayette piloté par Louis Jossec et monté par Antonin Dubost, secrétaire général de la Préfecture de Police de Paris et son secrétaire Gaston Prunières, s'envole de la gare d'Orléans. Il termine sa course à Lonny dans les Ardennes après avoir parcouru 256 kilomètres[49].
20 octobre
- Val-de-Marne :
Dans la nuit du 19 au 20 octobre, à deux reprises, l'ennemi attaque un poste de moblots à Cachan. Elles ont été repoussées et ont donné lieu à une vive canonnade de nos forts, dont les obus ont fouillé les positions ennemies de Châtillon, jusqu'à Bourg-la-Reine et l'Hay.
La Faisanderie a continué de tirer avec succès sur plusieurs maisons servant de postes à l'ennemi.
La batterie prussienne de Thiais qui incommodait nos travailleurs en avant de Villejuif, a été détruite par l’artillerie fort de Charenton qui a également pilonné en les positions ennemies en avant de Choisy-le-Roi.
Une reconnaissance a occupé Créteil, pour protéger le transport des récoltes et denrées sur Paris.
Une autre reconnaissance, chargée de protéger les travailleurs dans la plaine située entre le chemin de fer de Lyon et la Seine, a eu un engagement assez vif avec le poste ennemi qui occupe une maison de garde sur le chemin de fer, à 3 000 mètres environ en avant de la barricade de Maisons-Alfort, sur la route de Lyon
- Hauts-de-Seine :
Dans la matinée, les bastions de l'enceinte, N° 62, 63 et 64, et le fort du Mont-Valérien ont à nouveau canonné les travaux de l'ennemi à Montretout et à Garches.
21 octobre
- Val-de-Marne :
Dans la nuit du 20 au 21 octobre à nouveau, à deux reprises, l'ennemi a attaqué un poste de mobiles à Cachan et un autre à la maison Millaud. Comme la nuit précédente, elles ont été repoussées et nos forts, ont canonné les positions ennemies de l'Hay, Bourg-la-Reine et Bagneux.
- Hauts-de-Seine :
Après une canonnade très vive de trois quarts d'heure, les troupes françaises du général Ducrot se sont avancées repoussant les tirailleurs ennemis jusque dans l'épaulement qui borde les hauteurs de la Jonchère. Dans ces positions, les obus de notre artillerie foudroyaient l'ennemi, le forçant à renouveler cinq fois les détachements qui les occupaient.
Sur la rive gauche, entre Ivry et Issy, le général Vinoy a fait, pendant ce temps, déployer ses troupes sur la route stratégique. Son artillerie, celle des forts et les canonnières de Billancourt ont couvert d'obus toutes les positions de l'ennemî.Article détaillé : Première bataille de Buzenval.Le général de Bellemare s'était, d'autre part, porté de Saint-Denis sur Gennevilliers et Colombes, pour couvrir la droite de l'opération du général Ducrot.
- Seine-Saint-Denis :
Une reconnaissance est poussée jusqu'à Villemomble par la compagnie de carabiniers du 48e bataillon du commandant Leclaire et du capitaine Proust.
Partant du fort de Rosny, le bataillon s'est dirigé, en suivant les crêtes du plateau d'Avron, sur le château et le parc de Launay[50], entre Villemomble et la station de Gagny. Après avoir tués les 3 sentinelles d'un poste prussien situé dans le parc de Launay, les hommes du capitaine Proust ont tiraillés contre d'autres abris et barricades occupés par les Prussiens. L'ennemi ayant fait avancer une réserve considérable, le 48e bataillon s'est retiré dans le plus grand ordre. Lors de cet engagement 5 gardes nationaux ont été blessés.
22 octobre
- Paris :
Le ballon monté, monté par le député d'opposition Paul de Jouvencel, le Garibaldi s'envole du jardin des Tuileries. Il termine sa course à Quincy-Ségy dans la Seine-et-Marne après avoir parcouru 40 kilomètres[51]. Le hasard fit atterrir Paul de Jouvencel, à un ou deux kilomètres de sa maison près de Meaux.
23 octobre
- Seine-Saint-Denis :
Vers 2 heures du matin, une patrouille de la grand'garde[30] du fort de Nogent a fait fuir un poste avancé ennemi, situé sur la route de Neuilly-sur-Marne, laissant entre nos mains 22 sacs de légumes. A 6 heures, alors que cette patrouille de la grand'garde se retirait, un peloton prussien s'est avancé pendant que l'ennemi, qui est sur la rive gauche de la Marne, tiraillait de son côté. Pris entre deux feux et malgré une excellente défense les hommes de la grand'garde ont été obligé de battre en retraite.
- Val-de-Marne :
Le canon du fort de Charenton a tiré sur une troupe d'infanterie, forte de 200 hommes environ, qui se rendait à Choisy par la route du carrefour Pompadour, jetant le désordre dans ses rangs.
24 octobre
- Paris :
Ne parvenant plus à nourir ses animaux, le Jardin des Plantes s'en sépare. A la première vente on y trouve; des yacks, des zèbres, un buffle, des rennes, des canards, des antilopes, des cygnes. La Boucherie anglaise du boulevard Haussmann, écoulait la viande des animaux du Jardin, sous la dénomination de viande de fantaisie.
25 octobre
Sans dépêches ni rapports militaires.
- Paris :
Le ballon monté Montgolfier piloté par l'aérostatier Hervé Sené s'envole de la gare d'Orléans, avec à son bord le colonel de La Pierre et le commandant Joseph-Marie Le Bouédec[52], envoyés par l'État Major de Paris pour prendre le commandement des troupes en province. Il termine sa course à Heiligenberg dans le Bas-Rhin, sous occupation ennemie, après avoir parcouru 503 kilomètres[53]. Les prussiens, finirent par retrouver le ballon, mais les 2 passagers et l'aéronaute, avaient disparus, sauvés par les habitants patriotes qui les firent passer à travers la montagne d'ou ils regagnèrent la Lorraine[54].
26 octobre
Sans dépêches ni rapports militaires.
27 octobre
- Paris :
Deux ballons montés partent de Paris :
Le Vauban piloté par l'aérostier Guillaume qui s'envole de la gare d'Orléans, avec à son bord le diplomate Frédéric Rethinger[55] et du colombophile Édouard Cassiers[56]. Il termine sa course à Vigneulles-lès-Hattonchâtel dans la Meuse [57], après avoir parcouru 248 kilomètres[58].
La Bretagne (ou le Normandie) piloté par l'aérostatier René Cuzon qui s'envole de l'usine à gaz de La Villette[20], avec à son bord messieurs Voerth, Hudin[59] et Manceau. Il termine la première partie de sa course, au milieu des troupes prussiennes, dans la région de Fresnes-en-Woëvre-Hennemont dans la Meuse, ou messieurs Voerth, Hudin et Cruzon seront capturé après avoir parcouru 200 kilomètres[60]. Monsieur Manceau, resté seul dans l'aérostat, blessé, sera fait prisonnier le lendemain dans les environs de Metz[61]
- Hauts-de-Seine :
Afin de perturber les travaux et les mouvements de l'ennemi, le Mont-Valérien, la batterie Mortemart, les bastions 63 et 64 de l'enceinte, ont ouvert le feu sur le Brimborion et l'Orangerie de Saint-Cloud faisant fuir en grand nombre les soldats prussiens.
Les forts d'Issy et de Vanves ont, de leur côté, tiré sur des travailleurs ennemis, vers la tour des Anglais et les moulins de Châtillon, les forcant à abandonner leurs travaux.
28 octobre
- Certains journaux annoncent la reddition de Metz qui est aussitot démentie par le Journal officiel[62].
- Réduction de la consommation du gaz
- Seine-Saint-Denis :
Profitant de l'inondation, volontaire, du Croult afin de tenir éloignées les troupes prussiennes, les francs tireurs de la Presse sous les ordres du commandant Rolland, stationnées à La Courneuve, lancent une attaque de nuit sur les avant postes ennemis établis au Bourget. Appuyés par les grand'gardes[30] du fort d'Aubervilliers et de la Courneuve les troupes Françaises abordent, sans tirer un coup de fusil, les postes prussiens qui fuirent en désordre abandonnant leurs sacs, casques, armes, nourriture... Continuant de pousser l'ennemi devant eux ils s'avancent dans le village repoussant l'ennemi de jusqu'à l'église ou il s'établit fortement. Le général de Bellemare, donne l'ordre aux francs tireurs de la Presse, au 14e bataillon de la mobile de la Seine et d'une partie du 34e de marche sous les ordres du colonel Lavoignet s'emparer du village du Bourget et de s'y établir solidement. Appuyé par une section de 2 pièces de quatre, 2 pièces de douze et une mitrailleuse, et suivi d'une forte réserve, composée du 16e bataillon de la mobile de la Seine et d'un demi bataillon du 28e de marche, les troupes françaises emportent la totalité du village, rejette les troupes ennemies en arrière du ruisseau de La Morée au Pont-Iblon et occupent, dans la foulée, Drancy.
Vers midi, deux batteries ennemies en position au Pont-Iblon, et deux batteries de campagne positionnées sur la route de Dugny au Bourget, soit 30 canons environ, canonnent durant 5 heures le village incendiant plusieurs maisons. Pendant ce temps, les sapeurs du génie, crénelent les maisons et établissent des barricades.
Tout au long de la journée des forces considérables d'infanterie ennemie descendues de Gonesse et d'Ecouen sont repoussées. Vers 7 heures du soir l'ennemi lance, contre une compagnie du 14e mobile, une dernière attaque à la baïonnette qui est repoussée. Les prisonniers indiquent que face au Bourget les prussiens disposent de 2 régiments de la garde et de 4 batteries d'artillerie.
À la fin de la journée, le gros des troupes Françaises restent sur place.
Article détaillé : Première bataille du Bourget.29 octobre
- Paris :
Le ballon monté Colonel Charras s'envole de la gare du Nord. Il termine sa course à Montigny-le-Roi dans la Haute-Marne après avoir parcouru 308 kilomètres[65].
- Seine-Saint-Denis :
Les résultats du combat d'hier au soir ont été importants. Le terrain en avant de nos tirailleurs est couvert de cadavres prussiens.
Le Bourget, village en pointe en avant de nos lignes, occupé par nos troupes, est canonné par l'ennemi pendant toute la journée qui n'envoie aucune attaque d'infanterie. Au soir le feu des batteries ennemies cesse, et elles se replient vers Gonesse. Les troupes Françaises étant en très bonne position, elles tiennent et restent dans le village.
30 octobre
- Seine-Saint-Denis :
Au levé du jour, des masses d'infanterie, évaluées à plus de 15 000 hommes, se présentent de front, appuyées par une nombreuse artillerie, pendant que d'autres colonnes, venant de Dugny et de Blanc-Mesnil, contournent le village du Bourget.
Les troupes françaises qui étaient postées dans la partie nord du Bourget, sont coupées du corps principal et encerclées, sont faites prisonnières. Le village de Drancy, est évacué afin de ne pas subir le même sort. « Le village du Bourget ne faisant pas partie du système général de notre défense, son occupation était d'une importance très secondaire, et les bruits qui attribuent de la gravité aux incidents qui viennent d'être exposés sont sans aucun fondement. »[66]
Article détaillé : Première bataille du Bourget.- Yvelines :
Partant de Blaru, des mobiles de l'Eure effectuent une reconnaissance sur Port-Villez, La chapelle Notre-Dame-de-la-Mer et La Villeneuve-en-Chevrie et tendent une embuscade à des ulhans se dirigeant vers Chaufour. En représailles les prussiens incendient Bréval.
31 octobre
- Sans dépêches ni rapports militaires.
- La reddition de Metz est désormais officielle.
- Paris :
L'envoi d'Adolphe Thiers à Versailles pour négocier avec Bismarck alimente la rumeur selon laquelle le gouvernement français demanderait l'Armistice. L'exaspération des Parisiens est telle qu'une manifestation populaire, orchestrée par Charles Delescluze a lieu contre Trochu et son gouvernement. Les manifestants occupent pacifiquement l'Hôtel de Ville, siège du gouvernement et des discussions ont lieu. Trochu réussit à se maintenir et proclame : « Le gouverneur de Paris ne capitulera pas. » En fin de journée, la manifestation tourne à l'émeute et les membres du gouvernement se retrouvent prisonniers des partisans de la Commune, mais ils seront délivrés par le 106e bataillon de la garde nationale.
Article détaillé : Soulèvement du 31 octobre 1870.Novembre
1er novembre
Sans dépêches ni rapports militaires.
- Paris :
Suite au soulèvement du 31 octobre, un plébiscite est décrété pour confirmer ou abolir le gouvernement de la Défense nationale.
2 novembre
- Sans dépêches ni rapports militaires.
- Paris :
Le ballon monté Fulton, piloté par un marin nommé Le Gloarnec et accompagné d'un ingénieur des ponts et Chaussées Ernest Cézanne s'envole de la Gare d'Orléans. Il termine sa course à Cossé-d'Anjou près d'Angers en Maine-et-Loire après avoir parcouru 345 kilomètres[67].
3 novembre
- Paris :
Résultat du plébiscite : 557 996 oui, 62 638 non.
- Hauts-de-Seine :
Depuis trois jours, il ne s'est produit aucune offensive de notre part, ni de celle de l'ennemi qui poursuit ses travaux de terrassement sur les hauteurs de Châtillon et de Montretout. Sur ces deux points, le fort du Mont-Valérien, le 6e secteur[42] de l'enceinte, les forts de Vanves et d'Issy ont forcé à plusieurs reprises ses travailleurs à se replier.
- Seine-Saint-Denis :
Le général Berthaut, commandant à Saint-Denis ayant appris que des mouvements de troupes prussiennes étaient signalés en avant de ses lignes, fait tirer les forts de l'Est et d'Aubervilliers. Les forts de Romainville et de Noisy ont également, par leur tir à grande distance, pu atteindre efficacement l'ennemi entre Drancy et Blanc-Mesnil.
- Yvelines :
Des Moblots de l'Eure et de l'Ardèche accompnés de francs-tireurs de Mantes, lancent une reconnaissance dans la forêt de Rosny, Les Guinets, La Villeneuve-en-Chevrie et lancent une pointe sur Mantes. Les paysans ayant averti les prussiens de cette attaque, ceux-ci se retirent sur les hauteurs de Magnanville et sur la rive droite de la Seine, incendiant Limetz et menaçant de tirer au canon sur la capitale du Mantois.
4 novembre
Sans dépêches ni rapports militaires.
- Paris :
Deux ballons montés, le Ferdinand-Flocon et le Galilée s'envolent de la gare du Nord et de la gare d'Orléans. Le premier termine sa course à Nort-sur-Erdre en Loire Atlantique après avoir parcouru 392 kilomètres[68]. Le second sera capturé par les prussiens à Fresnay-le-Gilmert dans l'Eure-et-Loir après avoir parcouru 88 kilomètres[69]
5 novembre
Sans dépêches ni rapports militaires.
6 novembre
Sans dépêches ni rapports militaires.
- Paris :
Deux ballons montés, le Ville de Châteaudun et un Ballon non dénommé No 3 ou Piper No 2 s'envolent de la gare du Nord et l'usine à gaz de La Villette [20]. Le premier termine sa course à Réclainville en Eure-et-Loir après avoir parcouru 106 kilomètres[70]. Le second sera capturé par les prussiens vers Brie-Comte-Robert après avoir parcouru 36 kilomètres[71]
Le sergent Ignace Hoff, du 107e régiment d’infanterie, s'est de nouveau distingué par un acte de la plus grande vigueur. Accompagné d'un garde mobile, il s'est approché à vingt pas d'une sentinelle prussienne, l'a tuée, et a tué également un soldat ennemi accouru au secours de son camarade. Le sergent Hoff qui a déjà tué environ trente Prussiens, a reçu la croix de la Légion d'honneur, des mains du général d'Exéa en raison de ses nombreux actes de courage.
Le général Trochu créé 3 armées pour la défense de Paris.Article détaillé : Formation des 3 armées de Paris en 1870.
7 novembre
Ruptures des négociations concernant l'armistice[72].
« Les quatre grandes puissances neutres, l'Angleterre la Russie, l'Autriche et l'Italie, avaient pris l'initiative d'une proposition d'armistice à l'effet de faire élire une assemblée nationale.
Le gouvernement de la défense nationale avait posé ses conditions, qui étaient :
le ravitaillement de Paris et le vote pour l'assemblée nationale par toutes les populations françaises.
La Prusse a expressément repoussé la condition du ravitaillement; elle n'a d'ailleurs admis qu'avec des réserves le vote de l'Alsace et de la Lorraine.
Le gouvernement de la défense nationale a décidé à l'unanimité, que l'armistice ainsi compris devait être repoussé. »- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
Afin d'inquiéter l'ennemi dans ses positions, jour et nuit, le Fort de Bicêtre, la redoute des Hautes Bruyères, le fort de Vanves et le Mont Valérien lancent dans ses lignes des obus à grande portée.
Dans la journée le fort du Mont-Valérien et le 6e secteur[42] de l'enceinte, se sont concertés pour empécher les travaux de l'ennemi à Montretout et atteindre ses réserves jusqu'à Garches et Ville-d'Avray.
- Seine-Saint-Denis :
Des renseignements font connaître, que le feu concentré des forts de l'Est, d'Aubervilliers, de Romainville et de Noisy avait causé à l'ennemi, en un seul jour, dans le village du Bourget, une perte de 36 officiers, dont 2 colonels, et de 400 hommes. Ordre a été donné de concentrer de nouveau les feux sur ce point.
8 novembre
- Paris :
Le ballon monté, monté Gironde s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Gaudreville dans l'Eure après avoir parcouru 117 kilomètres[73].
Suite à la création de 3 armées pour la défense de Paris, la garde nationale sédentaire est mobilisée.
9 novembre
- L'ensemble des forts a continué, sur toute la ligne de défense, à canonner les travaux et les positions de l'ennemi. Le tir reprend la nuit, par intervalles, de façon à causer des alertes fréquentes aux postes prussiens et à les tenir constamment en haleine.
- Val-de-Marne :
La redoute du Moulin Saquet tire sur les travaux de l'ennemi dans la direction de Choisy-le-Roi. Dans la soirée, l'ennemi, déployé en tirailleurs, a fait feu sur la tranchée entre Villejuif et le chemin de l'Hay. Quelques obus et un coup de mitraille l'ont forcé à la retraite.
10 novembre
- Paris :
Un boucher du boulevard Rochechouart se met à vendre des chiens et des chats, des rats et des brochettes de moineaux. Rapidement s’ouvrit, place de l’Hôtel-de-Ville, un marché aux rats. Les rats étaient présentés dans de grandes cages, le client en choisissait un, qui était étranglé par un dogue puis le client emportait son rat mort et emballé.
- Val-de-Marne :
L'ennemi a abattu une partie du mur du cimetière de Choisy-le-Roi et a démasqué une batterie.
- Hauts-de-Seine :
Le gouverneur de Paris a visité les forts de Vanves et d'Issy.
11 novembre
- Le feu de l'ensemble des forts a continué, sur toute la ligne de défense pendant le jour et pendant la nuit.
- Val-de-Marne :
La redoute de Gravelle a tiré sur les ouvrages de Montmesly avec succès.
Les troupes françaises ont définitivement occupé Creteil, qu'elles ont immédiatement mis en état de défense.
- Hauts-de-Seine :
A Saint-Cloud, le capitaine de Néverlée[74],[75], officier d'ordonnance du général Ducrot, a enveloppé, avec ses volontaires, une patrouille ennemie. Les hommes qui la composaient ont opposé une vive résistance; cinq ont été tués sur place, et le sixième a été ramené grièvement blessé de deux coups de baïonnette.
12 novembre
- Les jeunes gens de 25 à 35 ans veufs ou célibataires sont mis en activité et rejoignent les bataillons de la garde nationale.
- Paris :
Deux ballons montés partent de Paris :
Le Daguerre et le Niepce qui s'envolent de la gare d'Orléans. Le premier, pourchassé par la cavalerie ennemie et l'enveloppe du ballon percée atterrit en catastrophe à Ferrières-en-Brie après avoir parcouru 42 kilomètres[76] et le second termine sa course à Coole dans la Marne, après avoir parcouru 196 kilomètres[77].
- Val-de-Marne :
Le gouverneur de Paris visite les redoutes des Hautes Bruyères et du Moulin Saquet.
13 novembre
- Val-de-Marne :
Les obus de la redoute de la Faisanderie puis les mitrailleuses de Joinville, ont délogé l'ennemi du village et du territoire de Champigny qui s'est réfugié dans une maison à l'Est du chemin de fer, d'où les obus du fort de Nogent n'ont pas tardé à le chasser également.
La redoute de Gravelle a tiré sur les ouvrages de Montmesly, et bien qu'à 2 500 mètres, elle les a fortement endommagés. L'observatoire de Vincennes a vu plusieurs projectiles atteindre la batterie elle même.
Le fort de Charenton a tiré sur les ouvrages de l’ennemi au-dessus de Thiais et inquiété les travailleurs.
14 novembre
- La nouvelle de la prise d'Orléans par l'armée de la Loire cause un regain d'espoir dans Paris, incitant le Gouvernement de la défense nationale à lancer La Grande Sortie contre les lignes prussiennes autour de la ville.
- Val-de-Marne :
Le capitaine Lavigne, à la tête des tirailleurs parisiens, à lancé une reconnaissance sur Champigny et a refoulé les postes prussiens, anéanti leurs approvisionnements et fait subir à l'ennemi des portes réelles.
Sur toute ligne l'ensemble de nos forts ou ouvrages avancés à bombardé les avant postes et positions fortifiés de l'ennemi. Il y a eu une canonnade très vive de la part de la redoute du Moulin Saquet et de l'ouvrage des Hautes Bruyères appuyés par les forts de Charenton, d'Ivry et de Montrouge contre les postes prussiens situés au Sud de Paris.
- Hauts-de-Seine :
Le fort de Vanves, pour sa part, n'a pas cessé de tirer sur la position prussienne de Châtillon.
Le fort du Mont-Valérien a tiré pendant une partie de la nuit sur Saint-Cloud, Montretout et Rueil.
- Seine-Saint-Denis :
Une reconnaissance conduite par le commandant Poulizac, du 1er régiment des éclaireurs de la Seine à cheval [17], a chassé l'ennemi de ses postes avancés du côté de Drancy, et à fait plusieurs prisonniers.
15 novembre
- Val-de-Marne :
L'ennemi a tenté de reprendre pied dans Champigny. Il a été débusqué par le feu des mitrailleuses et s’est réfugié dans les tranchées, au milieu desquelles des obus du fort de Nogent sont venus tomber et l'ont obligé à battre en retraite.
Les canons de la Faisanderie ont dispersé un détachement d'une cinquantaine de Prussiens réunis derrière la barricade de Champigny.
Un obus tiré sur la maison Cazenave, au-dessous et à droite de Chennevières, utilisée comme pension par les officiers prussiens, est allé tomber au milieu de la cour entre deux ailes du bâtiment au moment où un certain nombre de ces officiers s’y trouvaient réunis. Les observateurs y ont observé un grand désordre, puis un grand mouvement de va et vient dans les cours ce qui laisse à penser qu'il y a eu plusieurs morts et blessés parmi les prussiens.
Le fort de Charenton a canonné les positions prussiennes de Choisy
16 novembre
- Hauts-de-Seine :
Le gouverneur a passé une grande partie de la journée dans la presqu'ile de Gennevilliers et est allé jusqu'au pont de Bezons. Pendant cette visite, le Mont Valérien et les forts du Sud n'ont pas cessé d'inquiéter l'ennemi sur tous les points qu'il occupe.
17 novembre
- Paris :
« Malgré les ordres les plus formellement exprimés par la voie des journaux et par celle de l'affichage, pour que les avant-postes ne soient dans aucun cas dépassés, des habitants de Paris sortent de la ville, se répandant par masses de tous les côtés à la fois dans la campagne. Ils s'avancent ainsi jusqu'à la portée la plus rapprochée des ligues prussiennes, encouragés par l'attitude de l'ennemi, qui les avait rarement inquiétés.
Celui-ci, au mépris de tout sentiment d'humanité, tire maintenant d'une manière continue sur des hommes sans armes, même sur des femmes et des enfants. Il y a eu des morts et des blessés. Le gouverneur de Paris, profondément ému d'une situation à laquelle les avant-postes sont impuissants à remédier en raison de l'étendue de nos lignes extérieures, porte ces faits à la connaissance de tous les habitants, et les adjure, de ne plus enfreindre des ordres dont l'inexécution a de si douloureuses conséquences. »
18 novembre
- Paris :
Le ballon monté Général-Uhrich s'envole de nuit de la gare du Nord et termine sa course, au petit matin à Luzarches sous occupation prussienne, après avoir parcouru 36 kilomètres en 8h 45 minutes de vol[78]. C'est le premier vol de nuit.
19 novembre
- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
Les forts de Bicètre, Montrouge, Vanves et d'Issy ont tiré avec beaucoup de succès sur les positions de l'ennemi qui a dû évacuer, à plusieurs reprises, ses avancées.
- Seine-Saint-Denis :
Les nouvelles informations ont confirmé les premiers renseignements qui ont été portés à la connaissance du public. Elles ont fait connaître, en outre, un nouvel exemple des inconvénients qu’amènent devant nos ligues de semblables désordres exploités par l'ennemi. En effet, ce matin à huit heures des Prussiens, vêtus de blouses et de pantalons de toile dissimulant leurs armes et favorisés par la foule des maraudeurs qui couvraient la plaine de Bondy, se sont glissés le long de la berge du canal de l'Ourcq, ont tiré presque à bout portant sur une sentinelle avancée du 1er régiment d'éclaireurs, à nos premiers retranchements.
Des combats d'avant postes ont eu lieu à Villetaneuse.
20 novembre
- Seine-Saint-Denis :
Le feu de l'artillerie française a été très vif pendant une partie de la nuit contre les positions prussiennes du Bourget.
Le gouverneur de Paris, ému des tristes événements qui se sont passés dans les journées des 18 et 19 novembre dans la plaine de Bondy, a demandé des rapports circonstanciés aux commandants des avant-postes les plus rapprochés de l'ennemi.
21 novembre
- Paris :
Le ballon monté Archimède s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à Castelré en Hollande, après avoir parcouru 400 kilomètres[79].
- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
Pendant la nuit, une vive fusillade a eu lieu sur le front de nos lignes du sud. Elle a été appuyée par le canon des forts.
- Seine-Saint-Denis :
Le gouverneur a visité la position fortifiée de Saint-Denis dans la journée.
22 novembre
- La pluie a arrêté sur tous les points les travaux de l'ennemi. Les forts ont tiré avec la plus grande modération.
- Val-de-Marne :
Plusieurs combats d'avant postes ont eu lieu sur la Marne qui se sont tous terminés à notre avantage.
Des mouvements de troupes ont attiré l'attention de l'ennemi. Deux bataillons de garde nationale mobilisée, commandés par les chefs de bataillon Queveauvilliers et de Brancion, sont sur le point de partir pour prendre les positions avancées.
- Hauts-de-Seine :
Les forts ont continué les bombardements contre les travaux de l'ennemi, principalement à l'ouest et vers les positions de Meudon et de Châtillon.
A onze heures et demie du soir, une reconnaissance a été tentée par l'ennemi, dans la presqu'ile de Gennevilliers. Une barque, montée par plusieurs hommes, a cherché à passer la Seine du côté du pont des Anglais. Cette reconnaissance n'a échouée, grâce à la surveillance de nos postes avancés qui ont tiré à bout portant sur la barque, dans laquelle plusieurs hommes ont été blessés ou tués.
La 2e compagnie du corps franc des carabiniers parisiens sous le commandement du capitaine Baquey, s'est établie à Courbevoie.
23 novembre
- Paris :
Le ballon monté Egalité s'envole de l'usine à gaz de Vaugirard et termine sa course, à Louvain en Belgique, après avoir parcouru 225 kilomètres[80].
24 novembre
- Paris :
Le ballon monté Ville-d'Orléans s'envole, dans la nuit, de la gare du Nord et termine sa course après 14h45 de vol, à Lifjeld en Norvège, après avoir parcouru 1 246 kilomètres[81].
- Seine-Saint-Denis :
Le 72e bataillon de guerre de la garde nationale, conjointement avec le 4e bataillon des éclaireurs de la Seine, sous le commandement supérieur du capitaine de frégate Massion, ont occupé le village de Bondy. Après avoir franchi les barricades de Bondy, le 72e bataillon a refoulé l'ennemi d'arbre en arbre sur la route de Metz et le long du canal de l'Ourcq. Le 72e compte 4 blessés dont capitaine de frégate Massion qui a été transporté à l'ambulance du ministère de la Marine. En fin d'après-midi, le 72e bataillon de guerre, du commandant de Brancion, s'est replié.
Quelques obus du fort de Noisy, envoyés sur le pont de la Poudrette[29] et sur les maisons bordant la lisière du bois, ont réussi à faire retraiter à découvert un grand nombre de troupes ennemies.
25 novembre
- Ordre de ne plus sortir de la ville.
26 novembre
27 novembre
28 novembre
- Paris :
Le ballon monté Jacquard s'envole, dans la nuit, de la gare d'Orléans. Il fut perdu en mer dans les environs de Plymouth en Angleterre[82].
- Hauts-de-Seine :
Au lever du jour, une forte reconnaissance a été faite sur les positions prussienne de Buzenval et sur les hauteurs de Boispréau.
Les opérations projetées dans la presqu'ile de Gennevilliers ont commencé à six heures du soir par le tir, de nombreuses batterie de mortiers, de fusées et d'artillerie, établies à proximité des ponts d'Argenteuil et de Bezons qui ont jeté le trouble dans les positions, que l'ennemi occupait fortement. Les tirs ont allumés un incendie qui s'est développé sur plusieurs points. Les troupes françaises se sont logées dans l'ile Marante à Colombes et au Pont des Anglais, où elles ont établi des retranchements. Pendant une partie de la soirée, puis à minuit, il y a eu un violent échange de feu de mousqueterie.
Proclamations
Les proclamations suivantes ont été adressées à la population et à l’armée de Paris.« Citoyens de Paris,
Soldats de la garde nationale et de l'armée,
La politique d'envahissement et de conquête entend achever son oeuvre. Elle introduit en Europe et prétend fonder en France le droit de la force. L'Europe peut subir cet outrage, mais la France veut combattre, et nos frères nous appellent au dehors pour la lutte suprême.
Après tant de sang versé, le sang va couler de nouveau. Que la responsabilité en retombe sur ceux dont la détestable ambition foule aux pieds les lois de la civilisation moderne et de la justice. Mettant notre confiance en Dieu, marchons en avant pour la patrie.
Le gouverneur de Paris, Général Trochu. »
« Soldats de la 2e armée de Paris,
Le général en chef de la 2e armée de Paris, Auguste Ducrot. »
Le moment est venu de rompre le cercle de fer qui nous enserre depuis trop longtemps et menace de nous étouffer dans une lente et douloureuse agonie! A vous est dévolu l'honneur de tenter cette entreprise : vous vous en montrerez dignes j'en ai la certitude.
Sans doute nos débuts seront difficiles; nous aurons à surmonter de sérieux obstacles; il faut les envisager avec calme et résolution, sans exagération et sans faiblesse.
La vérité, la voici : dès nos premiers pas, touchant nos avant-postes, nous trouverons d'implacables ennemis, rendus audacieux et confiants par de trop nombreux succès. Il y aura donc là à faire un vigoureux effort, mais il n'est pas audessus de vos forces : pour préparer voire action, la prévoyance de celui qui nous commande en chef a accumulé plus de 400 bouches à feu, dont deux tiers au moins du plus gros calibre; aucun obstacle matériel ne saurait y résister, et, pour vous élancer dans cette trouée, vous serez plus de 150 000, tous bien armés, bien équipés, abondamment pourvus de munitions, et, j'en ai l'espoir, tous animés d'une ardeur irrésistible.
Vainqueurs dans cette première période de la lutte, votre succès est assuré, car l'ennemi a envoyé sur les bords de la Loire ses plus nombreux et ses meilleurs soldats; les efforts héroïques et heureux de nos frères les y retiennent.
Courage donc et confiance! songez que, dans cette lutte suprême, nous combattrons pour notre honneur, pour notre liberté, pour le salut de noire chère et malheureuse patrie et, si ce mobile n'est pas suffisant pour enflammer vos cœurs, pensez à vos champs dévastés, à vos familles ruinées, à vos sœurs, à vos femmes, à vos mères désolées!
Puisse cette pensée vous faire partager la soif de vengeance, la sourde rage qui m'animent, et vous inspirer le mépris du danger.
Pour moi, j'y suis bien résolu j'en fais le serment devant vous, devant la nation tout entière je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux; vous pourrez me voir tomber, mais vous ne me verrez pas reculer. Alors, ne vous arrêtez pas, mais vengez-moi.
En avant donc ! en avant, et que Dieu nous protége!29 novembre
- Paris :
L'éléphant Castor (en) du Jardin des plantes est fusillé [83],[84] et vendu 13 500 francs [85] à la Boucherie anglaise du boulevard Haussmann, qui écoulait la viande des animaux du Jardin, sous la dénomination de viande de fantaisie.
- Seine-Saint-Denis :
Les mouvements exécutés depuis deux jours avaient garni de forces importantes, la plaine d'Aubervilliers et réuni les trois corps de la 2e armée aux ordres du général Ducrot sur les bords de la Marne.
Le plateau d'Avron est occupé dès le point du jour par les marins de l'amiral Saisset, soutenus par la division d'Hugues. Une artillerie de pièces à longue portée est installé sur ce plateau, afin de menacer les positions de l'ennemi et les routes suivies par ses convois à Gagny, Chelles et Gournay.
- Val-de-Marne :
Au point du jour, sous les ordres du général Vinoy, deux attaques ont été lancées, appuyé par une artillerie considérable.
La première, sur la gare aux Boeufs de Choisy-le-Roi confiée au contre-amiral Pothuau, vigoureusement menée, a parfaitement réussi. La position a été enlevée, avant le jour, par des compagnies des 106e et 116e bataillons de la garde nationale et des fusiliers marins. L'ennemi surpris s'est retiré en désordre, laissant quelques prisonniers, dont un officier.
La seconde sous les ordres du colonel Valentin, commandant une brigade de la division de Maudhuy, a attaqué le village de l'Haÿ avec les 109e et 110e de ligne et les 2e et 4e bataillons de la garde nationale mobile du Finistère. Les troupes françaises ont pénétré dans les premières lignes qu'elles ont vaillamment conquises. Au moment où nos troupes se retiraient et où les réserves prussiennes arrivaient dans le village en quantité considérable, qu'un tir formidable d'artillerie, partant des Hautes-Bruyères et des batteries environnantes, a couvert et écrasé de feux l'Hay ainsi que les colonnes qui cherchaient à l'aborder. Au même moment, les canonnières du capitaine de vaisseau Thomasset, en amont du Port à l'Anglais, des pièces de gros calibres, montées sur wagons blindés, en station sur la voie du chemin de fer, les batteries environnant Vitry celles du Moulin-Saquet, et enfin une partie de l'artillerie du fort de Charenton, dirigeaient leurs feux, avec la plus grande intensité, sur le terrain occupé par l'ennemi et lui ont fait éprouver les plus grandes pertes.
Le chiffre de nos blessés s'éleve à environ 500 hommes parmi lesquels on signale le lieutenant-colonel Mimerel, du 110e de ligne atteint grièvement et le chef de bataillon de Réals, commandant du 4e bataillon du Finistère également blessé. Le chef de bataillon Cristiani de Ravaran, du 110e a été tué.
Au point du jour, les troupes de la 3e armée, aux ordres du général Vinoy, opèrent une sortie de diversion sur Thiais, l'Hay et Choisy-le-Roi, et le feu des forts est dirigé sur ces divers points signalés comme servant au rassemblement des troupes de l'ennemi.
- Hauts-de-Seine :
Dans la presqu'île de Gennevilliers, des travaux de terrassement commencent sous la direction du général de Liniers. De nouvelles batteries sont armées, des gabionnades et des tranchées-abris sont installées dans l'île Marante à Colombes, dans l'île de Bezons et sur le chemin de fer de Rouen.
30 novembre
- Paris :
L'éléphant Pollux (en) du Jardin des plantes est fusillé [83],[84] et vendu 13 500 francs [85] à la Boucherie anglaise du boulevard Haussmann, qui écoulait la viande des animaux du Jardin, sous la dénomination de viande de fantaisie.
Le ballon monté Jules-Favre No 2 s'envole, dans la nuit, de la gare du Nord et termine sa course sur l'île de Belle-Île-en-Mer dans le Morbihan après avoir parcouru 548 kilomètres[86].
- Val-de-Marne :
L'armée du général Ducrot passe la Marne au petit matin, sur des ponts de bateaux, dont l'établissement avait été retardé, la veille, par une crue subite et imprévue de la rivière.
Cette grande opération, s'engage sur un vaste périmétre soutenue par les forts et les batteries de position qui, depuis hier, écrasent l'ennemi de leur feu.
Le lieutenant-colonel Adrien Prévault [25] du 42e de ligne est tué lors des combats, particulièrement violents sur le plateau de Coeuilly[87].
À la fin de la journée, le rapport du gouverneur de Paris au gouvernement indique :
« La droite a gardé les positions qu'elle avait brillamment conquises. La gauche, après avoir un peu fléchi, a tenu ferme et l'ennemi, dont les pertes sont considérables et qui nous a laissé 2 canons, a été obligé de se replier en arrière des crêtes. La situation est bonne grace au soutien de l'artillerie, aux ordres du général Charles Frébault qui a magnifiquement combattu. Je passe la nuit sur le lieu de l'action qui continuera demain. »
Article détaillé : Bataille de Champigny.En diversion à l'attaque principale, la division Susbielle, soutenue par une importante réserve des bataillons de marche de la garde nationale, se porte en avant de Créteil, et enleve à l'ennemi les positions de Mesly et Montmesly, qu'elle occupe jusqu'au soir avant de l'évacuer, ne pouvant plus tenir la position devant des forces supérieures et se replie sur Créteil. Toutefois cette diversion, sur la droite des opérations, fort utile, pour l'attaque principale de la 2e armée est soutenue par de nouvelles sorties opérées sur la rive gauche de la Seine, vers Choisy-le-Roi et Thiais, par des troupes du général Vinoy.
- Seine-Saint-Denis :
La brigade Lavoignet, à laquelle étaient adjoints les mobiles de l'Hérault et de Saône et Loire, soutenue par la division de cavalerie Bertin de Vaux, s'est avancée dans la plaine d'Aubervilliers, a occupé Drancy et a continué son opération jusqu'à la ferme du Groslay. L'ennemi s'est concentré, avec une nombreuse artillerie, dans ses retranchements, en arrière du ruisseau de la Morée, et n'est pas sorti de ses positions situées en arrière du Pont Iblon.
Dans l'après-midi, avec une vive canonnade des forts, de la batterie flottante N° 4 et des batteries de la presqu'île de Gennevilliers, l'amiral La Roncière et la brigade Henrion, composée du 135e régiment d'infanterie, de deux compagnies de fusiliers marins et des 1er, 2e et 3e bataillons des mobiles de la Seine ont enlevé le village, s'est emparée du village retranché d'Épinay et a fait 72 prisonniers, dont un aide de camp, et capturés des munitions et 2 pièces pièces d'artillerie d'un nouveau modèle.
- Hauts-de-Seine :
Le général de Beaufort complète les opérations de la presqu'île de Gennevilliers, en dirigeant une reconnaissance sur Buzenval, et les hauteurs de la Malmaison, en restant sur sa droite relié devant Bezons aux troupes du général de Liniers.
Décembre
1er décembre
- Paris :
Le ballon Bataille-de-Paris, monté par Jules Antoine Lissajous s'envole de la gare du Nord et termine sa course, à Grand-Champ dans le Morbihan, après avoir parcouru 460 kilomètres[88].
- Val-de-Marne :
Les troupes françaises restent le matin sur les positions solidement établies qu'elles ont conquises hier et occupées cette nuit. L'enlèvement des blessés prussiens abandonnés sur le champ de bataille par l'ennemi et l'ensevelissent ses morts, ainsi que blessés français, dont le général Pierre Renault[89],[90] relevés par les ambulances, a pris une partie de la journée. L'artillerie placée sur le plateau d'Avron, ne cesse pas de couvrir l'ennemi de ses feux. Toutefois la journée du 1er décembre s'est écoulée dans des conditions de calme que ne faisaient pas pressentir les luttes de la veille.Article détaillé : Bataille de Champigny.
2 décembre
- Paris :
Le ballon Volta, s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à Bouvron en Loire Atlantique, après avoir parcouru 466 kilomètres[91].
- Val-de-Marne :
Précédées d'une courte canonnade, les troupes françaises ont été attaquées à la pointe du jour par des forces énormes formées des réserves et des troupes fraîches. Les Français, fatigués des combats d'avant-veille, avec un matériel incomplet, et glacés par des nuits d'hiver qu'ils ont passées sans couvertures à -14 C°; car, pour alléger les troupes, elles ont été laissées à Paris ont toutefois résistés au feu violent de l'ennemi. Après avoir combattu durant 3 heures pour conserver leurs positions les troupes Françaises ont poursuivi l'assailant et combattu durant 5 heures pour enlever celles de l'ennemi. Le calme est revenu promptement sur nos positions de la Marne, où elles couchent.
3 décembre
- Val-de-Marne :
Il n'y a eu le matin, aucun incident remarquable sur les positions françaises. Dès le point du jour, les prussiens ont commencé une série d'attaques d'avant postes précédées d'une courte canonnade, puis le calme est revenu sur les positions de la Marne.
L'artillerie française située sur le plateau d'Avron a continué son feu pour inquiéter les convois incessants de l'ennemi dans la direction de Chelles.
Les prussiens ont eu hier des pertes considérables, en effet nos vigies ont signalé de nombreux convois de blessés quittant dès midi le champ de bataille. D'après des renseignements émanant des prisonniers des régiments entiers auraient été écrasés.
La journée du 3 décembre fut consacrée à améliorer la situation des troupes françaises par ce temps déjà rigoureux qu'elles supportent avec un grand courage.
L'armée du général Ducrot bivouaque cette nuit, dans le bois de Vincennes; elle a repassé la Marne dans la journée, et elle a été concentrée sur ce point pour donner suite à ses opérations.
Environ 400 prisonniers prussiens, dont un groupe d'officiers, ont été amenés dans Paris.
4 décembre
- Paris :
Le quotidien Les Nouvelles publie un menu de circonstance, utilisant toutes les ressources alimentaires dont les parisiens peuvent encore disposer:- Consommé de cheval au millet
- Brochette de foie de chien à la maître d'hôtel
- Émincés de râble de chat sauce mayonnaise
- Épaule de filet de chien sauce tomate
- Civet de chat aux champignons
- Côtelettes de chien aux petits pois
- Salmis de rats à la Robert
- Gigot de chien flanqué de ratons
- Plum pudding au jus de moelle de cheval
Proclamation du général Ducrot
Proclamation du général DucrotProclamation du général Ducrot faite à Vincennes
Le général en chef de la 2e armée, A. Ducrot »
« Soldats !
Après deux journées de glorieux combats, je vous ai fait repasser la Marne, parce que j'étais convaincu que de nouveaux efforts, dans une direction où l'ennemi avait eu le temps de concentrer ses forces et de préparer tous ses moyens d'action, seraient stériles.
En nous obstinant dans cette voie, je sacrifiais inutilement des milliers de braves, et, loin de servir l'oeuvre de la délivrance, je la compromettais sérieusement, et je pouvais même vous conduire à un désastre irréparable.
Mais, vous l'avez compris, la lutte n'est suspendue que pour un instant; nous allons la reprendre avec résolution : soyez donc prêts, complétez en toute hâte vos munitions, vos vivres, et surtout élevez vos cœurs à la hauteur des sacrifices qu'exige la sainte cause pour laquelle nous ne devons pas hésiter à donner notre vie.5 décembre
- Le général von Moltke annonce au gouverneur de Paris qu'Orléans est réoccupée par les Allemands
- Paris :
Le ballon Franklin, s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à Saint-Aignan-Grandlieu en Loire Atlantique, après avoir parcouru 403 kilomètres[92].
- Val-de-Marne :
Le nombre des prisonniers ennemis arrivés du champ de bataille est, à 11 heures du matin, de 800 cents.
Le commandant Poulizac, à la tête des éclaireurs de la Seine, rentre d'une reconnaissance poussée vers Aulnay avec succès ou 7 prussiens ont été mis hors de combat. Ses troupes ont enlevés 3 postes du chemin de fer de Soissons et ramènent 30 sacs, 40 casques, 2 fusils, des marmites, des couvertures, etc.
6 décembre
Lettre du comte von Moltke
« Le gouvernement de la défense nationale porte à la connaissance de la population les faits suivants :
Hier au soir le gouverneur a reçu une lettre dont voici le texte :
« Versailles, ce 5 décembre 1870.
« Il pourrait être utile d'informer Votre Excellence que l'armée de la Loire a été défaite hier près d'Orléans et que cette ville est réoccupée par les troupes allemandes.
Si toutefois Votre Excellence jugera à propos de s'en convaincre par un de ses officiers, je ne manquerai pas de le munir d'un sauf conduit pour aller et venir.
Agréez, mon général, l'expression de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur.
Le chef d'état major, « Comte von Moltke. » »Réponse du gouverneur de Paris
« Le gouverneur a répondu
« Votre Excellence a pensé qu'il pourrait être utile de m'informer que l'armée de la Loire a été défaite près d'Orléans et que cette ville est réoccupée par les troupes allemandes.
« J'ai l'honneur de vous accuser réception de cette communication, que je ne crois pas devoir faire vérifier par les moyens que Votre Excellence m'indique.
«Agréez, mon général, l'expression de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur.
« Le gouverneur de Paris, Général Trochu. »Proclamation des membres du gouvernement
« Cette nouvelle qui nous vient par l'ennemi, en la supposant exacte, ne nous ôte pas le droit de compter sur le grand mouvement de la France accourant à notre secours. Elle ne change rien ni à nos résolutions ni à nos devoirs.
Un seul mot les résume : Combattre! Vive la France! Vive la République!
Les membres du gouvernement. »7 décembre
- Paris :
Deux nouveaux ballons montés partent de Paris :
Le Denis-Papin qui s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à La Ferté-Bernard dans la Sarthe, après avoir parcouru 170 kilomètres[93].
L'Armée-de-Bretagne qui s'envole de la gare du Nord et termine sa course, à Bouillé-Loretz dans les Deux-Sèvres, après avoir parcouru 355 kilomètres[94].
Le bataillon des Tirailleurs de Belleville, sous les ordres du commandant Gustave Flourens, est dissous par décret, suite à de nombreux actes d'indisciplines.
- Val-de-Marne :
Le général chef d'état major général Isidore-Pierre Schmitz indique les pertes dans les divers journée de la bataille de Champigny : 1 008 tués (72 officiers 936 hommes de troupe) et 5 022 blessés (342 officiers 4 680 hommes de troupe). Il indique également que les pertes de l'ennemi ont été des plus considérables, étant en rapport avec les efforts qu'il a faits pour enlever les positions françaises. Écrasé par l'artillerie des forts qui canonnait sur tous les points où il se présentait, des officiers prisonniers ont en outre déclaré que plusieurs régiments avaient été détruits par le feu d'infanterie en avant de Champigny.
8 décembre
9 décembre
- Hauts-de-Seine :
Les mobiles de la Loire-Inférieure occupent et fortifient la ferme de La Fouilleuse, située entre le fort du Mont-Valérien et la redoute de Montretout, qui servira désormais de redoute[95]
10 décembre
11 décembre
- Paris :
Le ballon Général-Renault, s'envole de la gare du Nord et termine sa course, à Baillolet en Seine-Maritime, après avoir parcouru 143 kilomètres[96].
12 décembre
13 décembre
14 décembre
- Le gouvernement autorise la vente du pain bis.
15 décembre
- Paris :
Le ballon monté Ville-de-Paris, s'envole de la gare du Nord et termine sa course, près de Wertzlür... en Prusse, ou il est capturé, après avoir parcouru 510 kilomètres[97].
Après les pertes subies par divers corps de la 2e armée, notamment par la division de Malroy, qui a été très énergiquement engagée, les bases de la constitution des armées de la défense de Paris sont modifiées.
Le 1er corps, commandé par le général Blanchard, est dissous. La division de Malroy de ce corps ayant eu des pertes sérieuses est en partie dirigée sur la 3e armée.
16 décembre
- Paris :
Les vivres diminuent, la viande qui était rationnée manque totalement, ainsi que le bois et le charbon.
Le gouverneur de Paris ordonne que l'on procède au réquisitionnement des chevaux pour les abattre, et les manger. Les queues s'allongent pour un morceau de pain. On mange du chat, du chien et on chasse le rat.
17 décembre
- Paris :
Deux nouveaux ballons montés partent de Paris :
Le Parmentier, qui s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à Gourgançon dans la Marne, après avoir parcouru 150 kilomètres[98].
Le Gutenberg, qui s'envole également de la gare d'Orléans et termine sa course, également dans la Marne, à Montépreux après avoir parcouru 200 kilomètres[99].
18 décembre
- Paris :
Le ballon Davy, s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à Fussey en Côte-d'Or, après avoir parcouru 331 kilomètres[100].
19 décembre
20 décembre
- Paris :
Le ballon Général-Chanzy, s'envole de la gare du Nord et termine sa course, à Auspach en Bavière, ou il est capturé avec ses occupants, par les prussiens, après avoir parcouru 760 kilomètres[101].
Le soir, le gouverneur part pour se mettre à la tête de l'armée, des opérations de guerre importantes devant commencer demain au point du jour. Des mouvements de troupes sont donc exécutés portant à plus de 100 bataillons de garde nationale mobilisée en dehors de Paris. La garde nationale mobilisée s'établie sur les positions qui s'étendent des bords de la Marne, en avant du plateau d'Avron, jusqu'à Saint-Denis. Cette concentration, bien que partiellement opérée par le chemin de fer de ceinture, avait été fatigante pour les troupes.
21 décembre
- Val-de-Marne - Hauts-de-Seine :
L'attaque a commencé le matin sur un grand développement, depuis le Mont Valérien jusqu'à Nogent-sur-Marne.
- Hauts-de-Seine :
Du côté du Mont Valérien, vers 7 heures du matin, le général Noël, a lancé une forte attaque à gauche sur Montretout, au centre sur Buzenval et Longboyau, en même temps que sur sa droite le chef de bataillon Faure, commandant du génie du Mont Valérien, s'emparait de l'île du Chiard. Au moment où cet officier y pénétrait à la tète d'une compagnie de francs tireurs de Paris, il fut blessé très grièvement et le capitaine Haas, qui commandait cette compagnie, fut tué raide. Parmi les troupes figurent les 8e et 18e régiments de la garde nationale mobilisée de Paris.
- Val-de-Marne :
Les généraux de Malroy et Blaise sous les ordres du général Vinoy, ont occupé Neuilly-sur-Marne, Ville Evrard et la Maison Blanche [48] et font créneler les murs. L'artillerie du plateau d'Avron et du fort de Nogent qui ont appuyé l'opération ont eu un combat très vif avec l'artillerie ennemie. Celui-ci qui avait établi des batteries pour arrêter l'action des troupes françaises. Le général Idelphonse Favé, commandant l'artillerie de la 3e armée, a été blessé.
Le temps s'était mis au froid et un vent glacial souffla pendant toute la journée n'a cependant pas arrêté les efforts des troupes françaises qui ont travaillées activement à s'abriter contre les coups de l'ennemi à Neuilly-sur-Marne, Ville-Evrard, Maison Blanche, Bondy, la ferme de Groslay et Drancy. Toutefois les tranchées ouvertes n'ont pas été terminées aussi promptement qu'on pouvait s'y attendre, à cause d'une gelée intense qui a durci la terre et en a rendu le maniement des outils et de la terre plus difficile.
Dans la nuit du 21 au 22 décembre, des soldats ennemis restés dans les caves de Ville Evrard ont fait une attaque sur les postes occupés par les troupes. Les soldats Français ayant riposté vigoureusement, ont tué ou fait prisonniers la plus grande partie des assaillants. Malheureusement, le général Blaise, qui s'était porté en toute hâte à la tête de ses troupes, a été mortellement atteint. Les prisonniers qui ont été faits sur les différents points ont confirmés que les pertes de l'ennemi ont été des plus sérieuses.
- Seine-Saint-Denis :
Dès le matin, par une température de -14°, les troupes de l'amiral de La Roncière ont attaqué le Bourget. Elles étaient composées de marins, des 134e et 138e régiment d'infanterie de ligne et de gardes mobiles de la Seine. La première colonne, composée du bataillon des marins et du 138e de ligne sous les ordres du capitaine de frégate Eugène Lamothe Tenet a enlevée la partie nord du village. Une seconde colonne sous les ordres du général Lavoignet qui attaquait dans la partie sud du village, était arrêtée par de fortes barricades et des murs crénelés qui l'empêchaient de dépasser les premières maisons dont on s'était emparé malgré des efforts acharnés. Après s'être maintenu 3 heures dans le nord du Bourget, jusqu'au-delà de l'église, luttant pour conquérir les maisons une à une, sous les feux tirés des caves et des fenêtres et sous une grêle de projectiles, qui dura jusqu'à la fin du jour, les troupes ont dû se retirer.
Le général Ducrot fait alors avancer une partie de son artillerie, qui engage une action très violente contre les batteries de Pont Iblon et de Blanc-Mesnil. Il occupe ce soir la Maison Blanche, Bondy, la ferme de Groslay et Drancy.
A la nuit, les troupes stationnées au Bourget effectuent leur retraite avec calme après avoir ramené une centaine de prisonniers qui sont dirigés sur Paris. Ces troupes furent repliées en arrière dans les tranchées qui formaient les points d'appui du champ de bataille préparé. Toutefois, les unes et les autres, à peu d'exceptions près, étaient sans abri, et cette première nuit de bivouac, par une gelée intense, éprouva très péniblement les soldats, il y eut quelques cas de congélation.
Simultanément une diversion importante était effectuée par les 10e, 12e, 13e et 14e bataillons des gardes mobiles du la Seine et une partie du 62e bataillon de la garde nationale de Saint Denis, sous le commandement du colonel Dautremon.
Dans le même temps, le 68e bataillon de la garde nationale de Saint-Denis attaquait Épinay, tandis que les deux batteries flottantes numéros 3 et 4 canonnaient le village ainsi qu'Orgemont et le Cygne d'Enghien[102], qui ripostaient vigoureusement.Articles détaillés : deuxième bataille du Bourget et combats de Stains.
22 décembre
- Paris :
Le ballon monté Lavoisier, monté par Raoul de Boisdeffre, s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à La Ménitré en Maine-et-Loire, après avoir parcouru 290 kilomètres[103].
- Hauts-de-Seine :
Le commandant du fort d'Issy a envoyé une forte reconnaissance dans les bois de Clamart. Elle a été brillamment exécutée par 8 compagnies des 4e et 5e bataillons des gardes mobiles de la Seine sous les ordres du chef de bataillon Michel-Pierre-Étienne Delclos. L'ennemi a eu un nombre assez considérable de tués et blessés, du côté Français, les pertes ont été sensibles.
- Val-de-Marne-Seine-Saint-Denis :
Les troupes sont appliquées a effectuer des travaux de jour et de nuit, nécessaires à la continuation des opérations.
23 décembre
- Paris :
Départ du 50e ballon monté. Le Délivrance s'envole de la gare du Nord et termine sa course, à La Boissière-des-Landes en Vendée, après avoir parcouru 450 kilomètres[104].
- Val-de-Marne-Seine-Saint-Denis :
L'ennemi ayant fait sur ses positions des concentrations considérables qui semblaient indiquer des intentions offensives et pouvant offrir un engagement général, le commandement Français fit venir des troupes, à marche forcée, pour reprendre leurs postes de combat, malgré l'intensité du froid qui ne fit que s'accroitre. A dater de ce moment, la santé des soldats fut sérieusement, atteinte. Les cas de congélation, contre lesquels l'activité des travaux entrepris ne put rien, se multiplièrent dans une proportion menaçante. Les travaux eux-mêmes furent ralentis par suite de la dureté du sol, et dès le 24 ils devenaient impossibles.
24 décembre
- Paris :
Le ballon monté Rouget-de-L'Isle s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à La Ferté-Macé dans l'Orne, après avoir parcouru 240 kilomètres[105].
- Val-de-Marne :
Les troupes ont continuées les travaux de terrassement en voie d'exécution et ont eu beaucoup à souffrir pendant la nuit dernière des rigueurs de la température.
- Seine-Saint-Denis :
Deux bataillons mobilisés de la garde nationale ont fait une reconnaissance sur le Raincy et ont eu quelques hommes blessés après avoir échangé un bon nombre de coups de fusil avec l'ennemi.
L'artillerie des forts ainsi que celles de Bondy et du plateau d'Avron ont tiré fréquemment sur les travaux des Prussiens, qui déploient de leur côté une grande activité. La terre est toujours rebelle au maniement de la pioche, néanmoins les abris se consolident.
25 décembre
- Paris :
Menu du 25 décembre 1870 - 99e jour du siège - Servit au Café Voisin, 261 rue Saint-Honoré- Menu du 25 décembre 1870 - 99e jour du siège - Servit au Café Voisin, 261 rue Saint-Honoré
- Entrées :
- Rôts :
- Vins
- 1er service :
- Xérès,
- Latour Blanche 1861,
- Château Palmer 1864
- 2e service :
- Mouton Rothschild 1846,
- Romanée Conti 1858,
- Bellenger frappé,
- Grand Porto 1827
- 1er service :
26 décembre
- Val-de-Marne :
Sur l'ordre du général Vinoy, 3 bataillons de la garde nationale, conduits par le colonel Valette, ont été chargés, le matin, d'occuper le parc de la Maison Blanche[48] à Neuilly-sur-Marne pour renverser, totalement, le mur crénelé qui le ferme au sud-ouest. Les tirailleurs ont débusqué le poste ennemi du 106e régiment d'infanterie de ligne du 6e saxon[106] qui occupait le parc et la tranchée du chemin de fer. Lors de cet engagement les Français font 6 prisonniers et perdent 1 tué et 8 blessés dont 1 officier.
Après avoir chassé l'ennemi, ils ont travaillés à abattre le mur, en laissant des postes de surveillances afin de se prévenir contre un retour offensif de l'ennemi. Le général d'Hugues, pour éviter des imprudences, s'est porté lui même auprès des troupes de soutien.
L'artillerie du plateau d'Avron a tiré, seule, pour appuyer l'opération.
27 décembre
- 100e jour du siège
Début du bombardement de Paris dans certains quartiers.
- Paris :
Le ballon Tourville s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à Eymoutiers dans la Haute-Vienne, après avoir parcouru 433 kilomètres[107].
- Val-de-Marne :
Au petit jour, l’ennemi a fait sauter la Gare aux Bœufs de Choisy.
- Seine-Saint-Denis :
L’ennemi a démasqué, ce matin des batteries de siège à longue portée et a effectué un feu est très vif contre les forts de l’Est, de Noisy et de Nogent, et contre la partie nord du plateau d’Avron qui ont répondu énergiquement. Cette canonnade pouvant être le prélude d’un bombardement général de nos forts, puis d'une attaque générale, toutes les dispositions sont prises dans le but de repousser ses attaques et de protéger les défenseurs.
Dans la journée, les observateurs indiquent que l'ennemi a établi 3 batteries de gros calibre au-dessus de la redoute de l'Ermitage, au Raincy, 3 batteries à Gagny, 3 batteries à Noisy-le-Grand et 3 batteries au pont de Gournay.
Ce combat d'artillerie qui a duré jusqu'à cinq heures, a couté environ 8 tués et 50 blessés dont 4 officiers de marine aux troupes Françaises. Les pertes ennemies sont inconnues mais elles sont supposées sérieuses sur les points les plus à portée du plateau.
« En résumé, cette première journée de bombardement partiel contre nos avancées et nos forts, avec des moyens dont la puissance est considérable, n'a pas répondu à l'attente de l'ennemi. »
- Hauts-de-Seine :
Dans la nuit, on a entendu du Mont Valérien deux fortes détonations, qui donnent à penser que l’ennemi a fait sauter le pont du chemin de fer de Rouen[108].
Le commandant Delclos, du 5e bataillon de la Seine, a opéré hier une reconnaissance sur le Bas Meudon, le Val et Fleury, à la tête de 12 compagnies des 4e et 5e bataillons de la Seine et du 3e de la Somme.Le commandant Delclos fit fouiller ces trois villages où restent encore quelques habitants, et d'où les postes prussiens s'enfuirent à approche des troupes françaises laissant quelques prisonniers. Une fusillade assez vive s'engagea au moment où la reconnaissance regagnait le fort d'Issy. L'ennemi fut repoussé et contraint de se retraiter précipitamment dans ses retranchements du Haut Meudon. Les pertes françaises s'élèvent à 2 tués et 6 blessés.
28 décembre
- Seine-Saint-Denis :
L'ennemi a continué le bombardement qu'il avait entrepris hier contre les positions d'Avron. Le matin les tirs qui étaient modérés sont devenus très vif dans l'après-midi et la soirée. De nouvelles batteries ont appuyé celles qui avaient été précédemment établies par l'ennemi. Nos pièces, moins puissantes que les canons Krupp, a dû renoncer à faire feu. Le plateau est devenu tout à fait intenable pour l'infanterie.
Le gouverneur a fait soustraire l'artillerie et les troupes à une situation que l'intensité croissante du feu de l'ennemi ne pouvait qu'aggraver en ordonnant la rentrée des pièces en arrière des forts. Cette opération difficile et laborieuse s'est effectuée pendant la nuit et dans la matinée du 29.
Nos batteries de Bondy fouillent les bois avec précision et inquiètent l'ennemi.
29 décembre
- Paris :
Le ballon Bayard s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course, à La Mothe-Achard dans la Vendée, après avoir parcouru 462 kilomètres[109],[110].
- Seine-Saint-Denis :
Le bombardement a redoublé d'intensité. Ses effets sur le plateau d'Avron, qui n'a cessé dêtre canonné, ont démontré l'opportunité de l'évacuation qui a été opérée la nuit dernière. Les 74 pièces d'artillerie qui ont été retirées à peu près intactes, auraient été complètement désorganisées par le feu violent de la journée. Les tirs ont été plus particulièrement dirigé contre les forts de Rosny, Nogent et Noisy, qui ont fait bonne contenance sous une pluie d'obus d'une dimension extraordinaire, lancés à grande distance.
Des dispositions sont prises pour que cette artillerie soit contre-battue par les plus gros canons dont dispose la défense.
Il y a eu au fort de Nogent 14 blessés, au fort de Rosny 3 tués et 9 blessés et au fort de Noisy seulement quelques contusionnés.
L'ennemi a ouvert le feu sur Bondy, où nous avons eu 2 hommes tués et 6 blessés.
Dans la soirée, les tirs de l'ennemi sont passés pardessus le plateau d'Avron, atteignant la route stratégique et par moments les villages environnants.
- Hauts-de-Seine :
Les 8e et 18e régiments de la garde nationale mobilisée de Paris quittent les alentours du fort du Mont-Valérien et sont dirigés sur Neuilly
30 décembre
- Paris :
Fin décembre, le beurre atteint 30 francs le kilo; la livre de chien vaut 4 francs. Un chat se vend 20 francs, un corbeau 5 francs, un rat 3 francs, un moineau 1,25 franc. Les artisans et les ouvriers qui étaient également gardes nationaux, ne travaillant plus ne disposaient que de leur solde soit 1,50 franc par jour, plus 0,75 à la femme légitime[85].
- Val-de-Marne :
Le feu de l'ennemi a recommencé et le fort de Nogent, sur lequel se sont portés principalement ses efforts, a été bombardé de 8 heures du matin à 4h30 du soir ou il n'est a déplorer que 3 blessés.
- Seine-Saint-Denis :
Le feu de l'ennemi a recommencé le matin et il a été vif pendant une partie de la journée. Il n'y a eu que 2 blessés au fort de Rosny.
31 décembre
- Paris :
Le ballon Armée-de-La-Loire s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Montbizot dans la Sarthe, après avoir parcouru 231 kilomètres[111].
Pour fêter son élection en tant que maire du 3e arrondissement de Paris, Adrien Bonvalet offre un repas à 20 de ses amis. Les mets sont composés d'animaux du zoo du Jardin des Plantes
Menu du réveillon offert par Monsieur Adrien BonvaletMonsieur Bonvalet, offrit un dîner à 20 convives le soir du réveillon, servit au restaurant Noël Peter’s 95, rue de Richelieu - 24, passage des Princes [112] pour fêter son élection en tant que maire du 3e arrondissement de Paris.
Le menu était composé de :- Potage :
- Seine-Saint-Denis :
L'ennemi a augmenté ses batteries de gros calibre et rapproché plusieurs d'entre elles des points d'attaque. Ses projectiles sont arrivés en assez grand nombre à la ferme de Groslay, à Drancy, Bobigny, Bondy, et quelques-uns même sont parvenus jusqu'à la Folie[113] et Noisy le Sec.
Il a continué en même temps le bombardement sur les forts de Rosny et de Noisy, ou il n'y a eu que quelques dégàts matériels et un très petit nombre de blessés.
A 11 heures du soir, une assez forte reconnaissance prussienne s’est approchée de Bondy. Nos soldats ont laissé venir l'ennemi à bonne portée et l’ont reçu par une vive fusillade qui l'a fait rentrer dans ses lignes après avoir essuyé des pertes.
- Val-de-Marne :
Le feu de l'ennemi a continué sur le fort de Nogent, ou il n'y a eu que quelques dégàts matériels et un très petit nombre de blessés.
Janvier
1er janvier
- Seine-Saint-Denis :
L'ennemi a tiré pendant une grande partie de la nuit. Le bombardement de Bondy a redoublé d'intensité pendant la nuit et celui du fort de Rosny a été régulier, sans accident ni incident. Ce matin, l'attaque est plus vive, les coups se succèdent presque sans interruption.
2 janvier
- Hauts-de-Seine :
Deux ou trois explosions se sont fait entendre sur le plateau de Chatillon. La Tour des Anglais a sauté.
Une forte patrouille française a pénétré cette nuit dans Rueil et s'est retirée d'Issy sans avoir essuyé le feu des postes avancés prussiens.
- Seine-Saint-Denis :
Le bombardement des forts de Nogent, Rosny, Noisy et des villages environnants a continué le matin sans causer jusqu'à présent de dommages bien sérieux. Le feu est cependant tres vif sur Nogent, sur le lequel l'ennemi a lancé 600 obus, n'ont eu aucun effet : un seul homme légèrement blessé et pas de dègâts.
3 janvier
- Paris :
Le ballon monté Merlin-de-Douai s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Massay dans la Cher, après avoir parcouru 211 kilomètres[114].
- Seine-Saint-Denis :
Le bataillon Poulizac, des éclaireurs de la Seine, a fait une petite expédition en avant de la ferme de Groslay. Quelques Prussiens ont été tués, 6 ont été ramenés prisonniers : ils appartiennent à la garde. Nous avons eu trois blessés, dont un officier.
La canonnade sur les forts a recommencé ce matin, il n'y a aucun incident à signaler.
4 janvier
- Paris :
Le ballon Newton s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Digny dans l'Eure-et-Loir, après avoir parcouru 110 kilomètres[115].
- Seine-Saint-Denis :
L'ennemi a canonné Montreuil (Seine-Saint-Denis) pendant une partie de la nuit. Il a également tiré sur Bondy très vivement, mais sans résultat appréciable.
Le feu contre nos forts a repris dès le matin et a été extrêmement violent jusqu'à 5 heures du soir sur le fort de Nogent, ou il n'y a eu qu'un seul blessé sans gravité.
Sur Bondy, le feu a continué à raison de trois coups par minute.
Au fort de Rosny, le feu a été assez actif, on déplore 3 hommes légèrement atteints par des éclats.
Le bombardement des forts situés à l'Est de Paris a continué aujourd'hui. Le fort de Nogent a reçu plus de 1 200 obus qui n'ont pas produit plus d'effets que les jours précédents.
- Val-de-Marne :
Ce matin vers 4 heures, un détachement ennemi s'est avancé en avant de la ferme des Mèches[22] pour la surprendre mais il a été reçu par une vive fusillade, et les hommes se sont sauvés au pas de course, en enlevant plusieurs blessés.
Une demi heure plus tard, une patrouille ennemie a été surprise par nos éclaireurs du 139e régiment d'infanterie de ligne, et laisse entre nos mains 3 prisonniers.
5 janvier
- Le bombardement de Paris commence
- Paris :
Quelques obus sont parvenus jusque dans le quartier Saint-Jacques, sans jeter aucun trouble dans la population.
- Seine-Saint-Denis :
Une forte reconnaissance, dirigée par le général Fournès, est opérée dans la nuit sur le plateau d'Avron. Après avoir chassé les postes prussiens qui s'y trouvaient, il s'est installé auprès du château et a fait démolir à la pioche et au pétard un grand mur derrière lequel l'ennemi s'abritait dans la journée. Il a quitté le plateau au jour, ramenant 3 prisonniers saxons.
Le feu a continué pendant la nuit sur le fort de Nogent sans résultat.
Au petit matin, l'ennemi à attaqué Bondy: ses tirailleurs ont été repoussés, laissant sur le terrain une quinzaine de cadavres. De 8 heures du matin à 4h30 du soir, Bondy a été bombardé, ainsi que les forts de l'Est de de Paris, sans résultat.
- Hauts-de-Seine :
L'ennemi a bombardé, toute la journée, avec la plus grande violence les forts de Montrouge, de Vanves et d'Issy avec ses batteries placées sur le plateau de Chàtillon avec des pièces de gros et de petit calibre. Des obus qui n'avaient pas éclaté, ont recueilli, mesuraient 0m,22 de diamètre et 0m,55 de hauteur.
Les forts répondent vigoureusement.
- Val-de-Marne :
Sur les positions de Créteil, Un officier bavarois, aide de camp, a été fait prisonnier et conduit à Vincennes.
Les redoutes des Hautes-Bruyères et du Moulin-Saquet ont également eu à supporter un véritable bombardement.
Déclaration du gouvernement
Le gouvernement de la Défense nationale fait une déclaration afin de remonter le moral des troupes et de la population.
Déclaration du gouvernement« Le bombardement de Paris est commencé.
Les membres du gouvernement. »
L'ennemi ne se contente pas de tirer sur nos forts, il lance ses projectiles sur nos maisons, il menace nos foyers et nos familles.
Sa violence redoublera la résolution de la cité qui veut combattre et vaincre.
Les défenseurs des forts couverts de feux incessants ne perdent rien de leur calme, et sauront infliger à l'assaillant de terribles représailles.
La population de Paris accepte vaillamment cette nouvelle épreuve. L'ennemi croit l'intimider, il ne fera que rendre son élan plus vigoureux. Elle se montrera digne de l'armée de la Loire qui a fait reculer l'ennemi, de l'armée du Nord qui marche à notre secours.
Vive la France! Vive la République!6 janvier
- Hauts-de-Seine :
Le fort de Montrouge a été bombardé, pendant toute la nuit dernière; le feu de l'ennemi a été d'environ trente coups à l'heure.
- Val-de-Marne :
Le fort de Bicêtre a également été bombardé, pendant toute la nuit dernière avec la même intensité. Du côté de Nogent, il a cessé à partir de trois heures du matin pour reprendre très vivement à huit heures.
- Paris :
À partir de 8 heures du matin, le bombardement a recommencé sur toute la ligne et n'a pas causé de dommages sérieux. Les batteries extérieures et l'enceinte ont pris part à la lutte et ont riposté vigoureusement aux attaques acharnées de l'artillerie ennemie. Les projectiles qui sont tombés dans la ville de Paris en assez grand nombre n'ont causé aucune émotion.
Proclamation du Gouverneur de Paris
Après le gouvernement de la Défense nationale c'est au tour du gouverneur de Paris de faire une déclaration afin de remonter le moral des troupes et de la population.
Proclamation du Gouverneur de ParisLe gouverneur de Paris a adressé la proclamation suivante aux habitants de Paris :
Général Trochu »
« Au moment où l'ennemi redouble ses efforts d'intimidation, on cherche à égarer les citoyens de Paris, par la tromperie et la calomnie. On exploite contre la défense nos souffrances et nos sacrifices. Rien ne fera tomber les armes de nos mains. Courage, confiance, patriotisme !
Le gouverneur de Paris ne capitulera pas.
Paris, le 6 janvier 1871.
Le gouverneur de Paris,7 janvier
- Val-de-Marne :
Le fort de Noisy, a ouvert le feu sur toutes les batteries prussiennes et entretenu un tir soutenu et efficace. Nos obus ont en effet éclaté en pleins retranchements, faisant des morts et des blessés.
- Seine-Saint-Denis :
Au matin, l'ennemi reprend le bombardement, intermittent, sur la Courneuve, qui a blessé trois hommes et tué un fusilier marin.
- Hauts-de-Seine :
Les forts de Montrouge, de Vanves et d'Issy ont continué à subir toute la journée un bombardement qui, à certains moments, a été d'une violence extrême.
Les batteries prussiennes de Meudon ont continué à tirer sur les 6e et 7e secteurs[42],[116]. Quelques civils ont été blessées au Point du Jour et à Boulogne
Les avant postes du sud ont signalé qu'une concentration considérable de troupes s'était faite cette nuit sur le plateau de Châtillon.
- Val-de-Marne :
Le feu a été moins nourri qu'hier sur les redoutes des Hautes Bruyères et du Moulin Saquet. Quelques obus sont arrivés dans le fort de Bicêtre.
Les batteries prussiennes établies à Thiais ont également tiré sans résultat sur nos batteries établies près de Vitry, et sur les bords de la rive gauche de la Seine.
8 janvier
- La nouvelle de la victoire de Bapaume par l'armée du Nord du général Faidherbe redonne de l'espoir aux parisiens.
- Hauts-de-Seine :
Du côté de la Malmaison, il y a eu dans l'après-midi plusieurs engagements.
9 janvier
Journal officiel de la République du 9 janvier 1871 :
« Après un investissement de plus de trois mois, l'ennemi a commencé le bombardement de nos forts le 30 décembre, et, six jours après, celui de la ville. Une pluie de projectiles, dont quelquesuns pesant 94 kilogrammes, apparaissant pour la première fois dans l'histoire des siéges, a été lancée sur la partie de Paris qui s'étend depuis les Invalides jusqu'au Muséum. Le feu a continué jour et nuit, sans interruption, avec une telle violence, que, dans la nuit du 8 au 9 janvier, la partie de la ville située entre Saint Sulpice et l'Odéon recevait un obus par chaque intervalle de deux minutes.
Tout a été atteint : nos hôpitaux regorgent de blessés, nos ambulances, nos écoles; les musées et les bibliothèques, les prisons, l'église Saint-Sulpice, celles de la Sorbonne et du Val-de-Grâce, un certain nombre de maisons particulières. Des femmes ont été tuées dans !a rue, d'autres dans leur lit; des enfants ont été saisis par des boulets dans les bras de leur mère. Une école de la rue de Vaugirard a eu quatre enfants tués et cinq blessés par un seul projectile.
Le musée du Luxembourg, qui contient les chefs d'oeuvre de l'art moderne, et le jardin où se trouvait une ambulance qu'il a fallu faire évacuer à la hâte, ont reçu vingt obus dans l'espace quelques heures. Les fameuses serres du Muséum, qui n'avaient point de rivales dans le monde, sont détruites. Au Val-de-Grâce, pendant la nuit, deux blessés, dont un garde national, ont été tués dans leur lit. Cet hôpital, reconnaissable à la distance de plusieurs lieues par son dôme que tout le monde connaît, porte les traces du bombardement dans ses cours, dans ses salles de malades, dans son église dont la corniche a été enlevée.
Aucun avertissement n'a précédé cette furieuse attaque. Paris s'est trouvé tout à coup transformé en champ de bataille, et nous déclarons avec orgueil que les femmes s'y sont montrées aussi intrépides que les citoyens. Tout le monde a été envahi par la colère, mais personne n'a senti la peur.
Tels sont les actes de l'armée prussienne et de son roi, présent au milieu d'elle. Le gouvernement les constate pour la France, pour l'Europe et pour l'histoire. »- Paris :
Le ballon monté Duquesne s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Berzieux dans la Marne, après avoir parcouru 167 kilomètres[117].
Les abords du Panthéon et le 9e secteur[118] de défense de Paris ont reçu beaucoup d'obus.
Une trentaine de projectiles du plus gros calibre ont atteint sur l'hospice de la Pitié et le Val-de-Grâce. L'ennemi semble prendre pour objectif les établissements hospitaliers de Paris. « Par ces procédés odieux, il montre une fois de plus son mépris des lois de la guerre et de l'humanité ».
Le contre amiral de Montaignac fait connaître que pendant la nuit les Prussiens ont tiré à toute volée sur la ville. Les obus, passant par dessus les remparts sont allés tomber dans les quartiers éloignés de l'enceinte.
- Hauts-de-Seine :
Le matin, en plein jour, l'ennemi a renouvelé une attaque qu'il avait déjà faite de nuit contre la maison Crochard et sur le poste des carrières, à gauche de Rueil. Il y a eu dans l'après-midi d'hier plusieurs engagements. C'est la quatrième tentative que les prussiens font sur cette position. Les francs tireurs de la mobile de la Loire Inférieure et les tirailleurs de l'Aisne ont laissé approcher l'ennemi et l'ont repoussé après lui avoir fait éprouver des pertes.
Le bombardement a continué sur les forts du sud pendant la journée avec moins de violence que les jours précédents.
10 janvier
- Paris :
Le ballon Gambetta, avec à son bord Michel-Eugène Lefébure de Fourcy, s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Ouanne dans l'Yonne, après avoir parcouru 200 kilomètres[119]. Les 6e, 7e, 8e et 9e secteurs [42],[116],[120],[118] ont reçu un assez grand nombre d'obus.
- Seine-Saint-Denis :
Le colonel Comte, avec les francs tireurs Poulizac, 30 cavaliers de la République, les francs tireurs de la division Faron, et la compagnie de volontaires du capitaine de Luxer, lancent à 11 heures du soir une reconnaissance sur les positions occupées par l'ennemi le long du chemin de fer de Strasbourg, et de détruire les maisons qui abritaient ses troupes.
Assailli par une vive fusillade, le colonel Comte fit charger à la baïonnette l'ennemi, qui lâcha pied devant cette vigoureuse attaque.
Les maisons furent immédiatement minées, et quelques Prussiens qui refusèrent de se rendre et continuaient à tirer sur nous du toit de l'une des maisons, sautèrent avec elles.
L'opération terminée, la colonne rentra dans ses lignes avec 7 blessés et ramenant 2 prisonniers, un grand nombre de casques, de fusils, de couvertures et d'objets de campement.
- Hauts-de-Seine :
Le colonel Porion avec un détachement de marins, 150 gardes nationaux mobilisés, des détachements de gardiens de la paix, de mobiles du 5e bataillon de la Somme, du 5e bataillon de la Seine, et une compagnie du génie, lancent à 3 heures du matin une attaque afin de détruire les ouvrages entrepris par l'ennemi au moulin de Pierre[6] [7] , en avant du fort d'Issy. L'attaque ayant surpris les postes Prussiens chargés de défendre les travailleurs, la position est abordée sans tirer un coup de fusil. Le capitaine Saint Vincent et ses sapeurs s'occupent alors immédiatement de détruire les travaux existants pendant que les marins, poussant en avant, découvraient une batterie en construction.
Les postes ennemis de Clamart ouvrirent un feu nourri sur nos marins que les troupes de soutien vinrent appuyer. Les travaux de destruction n'en ont pas moins continué et la colonne du colonel Porion, l'opération terminée, rentrait dans ses lignes avec 1 tué et 3 blessés et ramenant 21 prisonniers.
Dans la presqu'ile de Gennevilliers, les Prussiens ont renouvelé des tentatives de conversations avec nos troupes. Ils ont été reçus par des coups de fusil.
Le bombardement des forts de Vanves et de Montrouge a continué aujourd'hui avec moins de vivacité que d'habitude mais l'ennemi a concentré ses efforts sur le fort d'Issy, qui a été canonné violemment. Les batteries des différents forts ont ripostés avec une égale vigueur.
- Val-de-Marne :
Dans la nuit, une compagnie du 4e bataillon de la garde nationale mobilisée sous les ordres du capitaine de Vresse a fait une reconnaissance en direction de Vitry
11 janvier
Décret du gouvernement de la défense nationale
« Considérant que les devoirs de la République sont les mêmes à l'égard des victimes du bombardement de Paris qu'à l'égard de ceux qui succombent les armes à la main pour la défense de la patrie,
DÉCRÈTE
Tout Français atteint par les bombes prussiennes est assimilé au soldat frappé par l'ennemi.
Les veuves de ceux qui auront péri par l'effet du bombardement de Paris, les orphelins de pères ou de mères qui auront péri de même, sont assimilés aux veuves et aux orphelins des soldats tués à l'ennemi. »- Paris :
Le ballon monté Kepler s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Montigné-le-Brillant dans la Mayenne, après avoir parcouru 283 kilomètres[121].
Pendant la nuit, l'ennemi a continué à bombarder Paris.
- Hauts-de-Seine :
Dans la journée, le feu a repris avec une violence extrême contre les forts du sud, principalement contre le fort d'Issy, qui parait être le principal objectif des batteries prussiennes. Des dispositifs considérables d'artillerie sont en route pour combattre efficacement les nouvelles batteries démasquées par l'ennemi.
- Val-de-Marne :
Du côté du Moulin Saquet, des Hautes Bruyères et de Créteil, il y a eu une canonnade peu importante, et sans résultat.
12 janvier
- Paris :
Le bombardement a continué pendant la nuit dernière sur la ville et sur les établissements déjà signalés. De minuit à deux heures du matin il est tombé environ un projectile par minute dans le quartier Saint Sulpice.
- Seine-Saint-Denis :
Dans la nuit, le commandant Blanc, avec une compagnie de zouaves et une compagnie de mobiles du Morbihan, a fait une reconnaissance sur le plateau d'Avron. Les postes prussiens ont été vigoureusement chassés, et la petite colonne est rentrée avant le jour, après avoir enlevé six prisonniers.
Les forts ont tiré, pendant la nuit, sur toute la ligne des positions prussiennes.
- Val-de-Marne :
La boucle de la Marne a été également bombardée pendant la nuit par l'artillerie prussienne. Les forts ont répliqués sur toute la ligne des positions prussiennes.
- Hauts-de-Seine :
Les forts de Vanves, d'Issy et de Montrouge ont été canonnés avec violence, mais les batteries extérieures et celles des forts ont ouvert un feu nourri qui paraît avoir causé d'assez grands ravages dans les batteries prussiennes.
13 janvier
- Paris :
Deux ballons partent de Paris :
Le Monge qui s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Arpheuilles dans l'Indre, après avoir parcouru 293 kilomètres[122].
Le Général-Faidherbe qui s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Saint-Avit-de-Soulège en Gironde, après avoir parcouru 577 kilomètres[123].
- Val-de-Marne :
Dans la boucle de la Marne, l'ennemi effectue un bombardement violent et persistant, sans plus d'effet que les jours précédents.
Toute la journée, l'ennemi a tiré lentement sur les villages de Nogent et de Plaisance.
Le contre amiral Pothuau exécute une reconnaissance entre la Gare aux Boeufs de Choisy-le-Roi et la Seine sur des positions ennemies. Un peu plus tard, les Prussiens prirent l'offensive en assez grand nombre et furent accueillis à coups de fusil qui les obligèrent à se replier rapidement.
- Hauts-de-Seine :
Les forts du sud ont été canonnés moins violemment. Les Prussiens ont fait pendant la nuit plusieurs tentatives sur divers points des tranchées qui relient les forts entre eux. Ils ont été partout repoussés.
Sur l'ordre du gouverneur, le général Vinoy, une sortie contre le moulin de Pierre[6] [7], est menée par les généraux Blanchard et Corréard. La tête de colonne avant été accueillie par un feu des plus vifs, les troupes sont rentrées dans les lignes.
- Seine-Saint-Denis :
Vers 10 heures, une reconnaissance prussienne s'est avancée pour inquiéter les travaux en voie d’exécution près de la suiferie du Bourget[124], sur la route de Flandre. Les Prussiens durent se replier, suite à un feu de mousqueterie très violent provenant d'un bataillon du 119e de ligne, d'une compagnie du 12e et le 213e bataillon mobilisé de la Seine, qui occupaient le Bourget
Dans la soirée, l'ennemi a lancé une attaque contre nos positions avancées de Drancy. Une fusillade s'engagea qui ne se termina définitivement qu'à une heure du matin.
14 janvier
- Décret - Tout Français atteint par les bombes est assimilé au soldat.
- Paris :
Le bombardement de la ville s'est étendu dans les quartiers de la rue Monge, Saint Sulpice et de la rue de Varenne
15 janvier
- Paris :
Le ballon monté Vaucanson s'envole de la gare d'Orléans et termine sa course à Erquinghem-Lys dans la Nord, après avoir parcouru 240 kilomètres[125].
Les 6e, 7e, 8e et 9e secteurs [42],[116],[120] ont été violemment bombardés.
- Hauts-de-Seine :
Il y a eu sur toute la ligne du sud un combat d'artillerie des plus acharnés.
- Val-de-Marne :
Le commandant de Mirandol, à la tête des francs tireurs des troupes de ligne, des Marins, des sapeurs du génie, des artilleurs, les mobiles de l'Hérault du lieutenant Laurent, des mobiles du colonel Reille et des éclaireurs du commandant Poulizac, a effectué une reconnaissance au pont de Champigny dans laquelle cinq prussiens, dont un officier, ont été tués, et dix blessés.
16 janvier
- Paris :
Le ballon monté Steenackers s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Hynd près d'Harderwijk en Hollande, après avoir parcouru 552 kilomètres[126].
- Val-de-Marne :
Les troupes françaises repoussent une attaque faite sur la maison Millaud. Le fort de Montrouge a pu tirer à bonne distance sur les hommes qui étaient sortis de Bagneux pour concourir à cette attaque.
La boucle de la Marne et le fort de Nogent ont été canonnés constamment par l'artillerie prussienne.
- Hauts-de-Seine :
Pendant la journée, l'horizon étant beaucoup moins brumeux que précédemment, l'artillerie de l'enceinte a pu bien distinguer les batteries de l’ennemi et les a contebattues. Elle a ainsi pu soulager avec une grande efficacité les forts de Montrouge, Vanves et d'Issy.
Les batteries prussiennes de Châtillon ont tiré contre nous beaucoup moins vivement que d'habitude.
17 janvier
- Paris :
L'enceinte a repris son tir ce matin et le combat d'artillerie se continue sur tous les points.
- Hauts-de-Seine :
Le matin, à huit heures, le fort de Vanves a ouvert le feu sur la batterie de la Plâtrière, qui n’a répondu que par quelques coups.
Les batteries de Châtillon ont alors recommencé à tirer sans causer de dommage réel.
- Seine-Saint-Denis :
L'ennemi a tenté une attaque contre Bondy pendant la nuit, il a été repoussé.
- Val-de-Marne :
L'ennemi qui avait massé des troupes en avant de Creteil, n'a pas pu attaquer nos tranchées, la pluie ayant rendu la plaine impraticable.
Le tir sur les Hautes Bruyères a été assez vif.
La redoute du Moulin Saquet a été canonnée par une batterie de campagne à laquelle notre artillerie de position a fait éprouver, en hommes et en chevaux, des pertes tellement sérieuses que le feu a été éteint en quelques instants et la batterie démontée, laissant hommes et chevaux sur le terrain.
L'ennemi a continué à tirer lentement sur Nogent, et sur le fort, mais sans aucun résultat.
18 janvier
- Paris :
Le pain, qui constitue alors la base de l’alimentation, est rationné : 300 grammes à 10 centimes[85] pour les adultes, 150 grammes pour les enfants au-dessous de 5 ans. Ce pain, officiellement, doit ne contenir que du blé, du riz et de l’avoine, mais il est essentiellement fait de paille moisie hachée. Parfois, les municipalités font des distributions de viande séchée, de haricots, d’huile, de café, mais la misère est vraiment terrible dans les quartiers populaires[127].
Le ballon monté Poste-de-Paris s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Merselo près de Venray en Hollande, après avoir parcouru 400 kilomètres[128].
Pendant toute la nuit, la ville a été bombardée et un commencement d'incendie s'est déclaré à la Halle aux vins.
Le gouvernement de la défense nationale adresse la proclamation suivante aux habitants de Paris :
« Citoyens,
L'ennemi tue nos femmes et nos enfants; il nous bombarde jour et nuit; il couvre d'obus nos hopitaux Un cri: Aux armes ! est sorti de toutes les poitrines.
Ceux d'entre nous qui peuvent donner leur vie sur le champ de bataille marcheront à l'ennemi; ceux qui restent, jaloux de se montrer dignes de l'héroïsme de leurs frères, accepteront au besoin les plus durs sacrifices comme un autre moyen de se dévouer pour la patrie.
Souffrir et mourir, s'il le faut, mais vaincre.
Vive la république !
Les membres du gouvernement. »
- Hauts-de-Seine :
Le feu des batteries ennemies, dans le sud, a été continu, mais beaucoup moins nourri que les jours précédents. Les forts, les batteries de Vaugirard et du Point‑du‑Jour, et surtout le fort de Vanves ont canonné sans relâche et avec succès les positions prussiennes. Le 6e secteur[42] a même complètement éteint le feu de la batterie des Chalets.
- Val-de-Marne :
Nogent a subi un feu très vif dans la matinée.
- Yvelines :
Le processus d’unification de l’Allemagne se réalise. Dans la galerie des Glaces du château de Versailles, Otto von Bismarck proclame l’unité du Reich allemand avec Guillaume Ier de Prusse comme empereur.
19 janvier
- La population parisienne apprend que le général Chanzy, après de brillantes batailles, a dû se replier derrière la Mayenne.
- Paris :
Un ordre du gouvernement de la défense nationale investi le général Adolphe Le Flô, en l'absence du gouverneur de Paris, le général Trochu, du commandement des troupes de la garde nationale, de la garde mobile et de l'armée qui restent chargées de la défense de Paris, des forts et des ouvrages avancés.
- Hauts-de-Seine :
Au petit matin, dans un brouillard intense, 3 colonnes françaises commandées par les généraux Vinoy, de Bellemare et Ducrot attaquent les positions prussiennes située sur les hauteurs de Rueil et enlevent la redoute de Montretout et d'autres objectifs. Dans l'après-midi, les troupes prussiennes effectuent, avec une violence extrême, un retour offensif entre le centre et la gauche de nos positions, qui fit reculer nos troupes, qui, cependant, regagnèrent une partie du terrain vers la fin de la journée. À 7 h du soir le général Trochu ordonne la retraite. Les troupes se retirèrent alors en arrière, dans les tranchées, entre les maisons Crochard et le Mont-Valérien dans un grand désordre par l'unique chemin qui mène au rond-point des Bergères.Article détaillé : Seconde bataille de Buzenval.
20 janvier
- Paris :
Le ballon Général-Bourbaki s'envole de la gare du Nord et termine sa course à Auménancourt-le-Grand dans la Marne, après avoir parcouru 162 kilomètres[129].
- Hauts-de-Seine :
Le brouillard est épais. L'ennemi n'attaque pas. La plupart des masses qui pouvaient être canonnées des hauteurs, sont dirigées vers l'arrière et quelques unes dans leurs anciens cantonnements.
Des parlementaires Français sont envoyés à Sèvres afin d'obtenir un armistice de deux jours, pour permettre l'enlèvement des blessés et l'enterrement des morts.
- Ordre du jour
« C'est avec fierté que le commandant supérieur de la garde nationale rend hommage, par la voie de l'ordre, au courage dont ont fait preuve les régiments de Paris engagés dans la bataille du 19 janvier. Il a eu la satisfaction de l'entendre louer, sur le terrain même, par les divers chefs de l'armée sous les ordres desquels ces régiments ont combattu.
Engagés dès le point du jour, ils ont soutenu avec ardeur une lutte que l'état de l'atmosphère rendait plus difficile, jusqu'à une heure avancée de la nuit qui seule a mis fin au combat.
N'ayant pas encore reçu des chefs de corps les renseignements nécessaires, le commandant supérieur ne peut faire connaître, aujourd'hui les noms des officiers, sous‑officiers et gardes qui ont succombé, ou de ceux qui se sont particulierement distingués. Mais, dès aujourd'hui, il ne craint pas de dire ce mot qui sera répété par la France entière : « Dans la journée du 19 janvier, la garde nationale de Paris, comme l'armée et comme la mobile, a fait dignement son devoir. »
Le général commandant supérieur,
Clément-Thomas »21 janvier
- Paris :
Le gouvernement de la défense nationale décide que le commandement en chef de l'armée de Paris est désormais séparé de la présidence du gouvernement. En conséquence :
Le général Vinoy est nommé commandant en chef de l'armée de Paris.
Le titre et les fonctions de gouverneur de Paris sont supprimés.
Le général Trochu garde la présidence du gouvernement.
- Ordre du jour du général Vinoy à l'Armée de Paris.
« Le gouvernement de la défense nationale vient de me placer à votre tête. Il fait appel à mon patriotisme et à mon dévouement; je n'ai pas le droit de me soustraire. C'est une charge bien lourde, je n'en veux accepter que la péril, et il ne faut pas se faire d'illusions.
Après un siège de plus de quatre mois, glorieusement soutenu par 1’armée et par la garde nationale, virilement supporté par la population de Paris, nous voici arrivés au moment critique.
Refuser le dangereux honneur du commandement dans une semblable circonstance, serait ne pas répondre à la confiance qu'on a mise en moi. Je suis soldat et ne sais pas reculer devant les dangers que peut entraîner cette grande responsabilité.
A l'intérieur, le parti du désordre s'agite et cependant le canon gronde. Je veux être soldat jusqu’au bout, j'accepte ce danger, bien convaincu que le concours des bons citoyens, celui de l'armée et de la garde nationale ne me feront pas défaut pour le maintien de l'ordre et le salut commun.
Général Vinoy. »
- Hauts-de-Seine :
La canonnade entre les forts du sud, les secteurs 6, 7 et 8[42],[116],[120] et les batteries prussiennes de Châtillon, Clamart, Bagneux, Meudon et Breteuil[130], a été très vive de part et d'autre dans la journée. Un obus Français a fait sauter une poudrière ennemie au moulin de Pierre[6] [7] .
- Seine-Saint-Denis :
A 8h45, le bombardement commence sur les forts de la Double-Couronne, de l'Est, de la Briche et sur la ville de Saint Denis
- Val-de-Marne :
L'ennemi a continué de canonner le fort de Nogent
22 janvier
- Paris :
Le ballon monté Général-Daumesnil s'envole de la gare de l'Est et termine sa course à Marchienne-au-Pont en Belgique, après avoir parcouru 277 kilomètres[131].
L'ennemi à bombardé, toute la journée Vaugirard et Grenelle.Dans la matinée, la batterie des marins du 7e secteur[116] a fait sauter la poudrière de la batterie de gauche de Châtillon.
Une délégation de manifestants parisiens, est reçue à l'Hôtel de ville par Gustave Chaudey, adjoint du maire du de Paris. Cette délégation avait pour but d'influer sur la décision du Gouvernement de la Défense nationale qui avait décider de la capitulation de Paris. Vers 15 heures, une fusillade à lieu entre les Gardes mobiles bretons, installés dans l'Hôtel de Ville et les gardes nationaux de Paris présents sur la place.
Gustave Flourens, en prison à Mazas est délivré.
Le gouvernement supprime des clubs politiques ainsi que les journaux Réveil et Combat.
Article détaillé : Soulèvement du 22 janvier 1871.- Hauts-de-Seine :
Les forts du sud ont continué leur tir contre les batteries ennemies, soutenus par les feux de l'enceinte.
- Val-de-Marne :
Le canon de Bicêtre a tiré sur les batteries de Bagneux et de l'Hay.
A l'Est, les Prussiens ont établi à 5 000 mètres du fort de Charenton une batterie de six embrasures, reliée par une tranchée à Montmesly et placée sur le chemin de fer de Lyon. Des troupes de soutien sont massées en arrière, entre Boissy-Saint-Léger et Limeil.
Les tirs contre le fort de Nogent ont été très actif.
- Seine-Saint-Denis :
Le bombardement de Saint Denis a été d'une grande violence. Des batteries nouvelles ont été établies. Des travaux sont signalés reliant Pont-Iblon aux batteries de Blanc-Mesnil.
Le fort de la Briche, a eu à supporter, toute la journée, les feux croisés de six batteries :
deux au‑dessous d'Enghien,
une à Deuil,
une à Montmorency,
deux à la Butte-Pinson.
L'ennemi qui commence a établir des batteries dans les tranchées de Villetaneuse et d'Epinay, a poussé une reconnaissance jusqu'à 300 mètres environ du fort. Les Prussiens se sont montrés en grand nombre du côté de Pierrefitte, où ils font des tranchées.
23 janvier
- L'activité de l'armée assiégeante se remarque sur tous les points de la ligne d'investissement.
- Paris :
Le 6e secteur[42] a subit un feu continu toute la journée, provenant des batteries de Breteuil et de Meudon.
- Hauts-de-Seine :
Le fort de Montrouge a réparé les dégâts qu'il avait subis.
Malgré la pluie, les travaux de l'ennemi continuent entre Châtillon et Bagneux.
Le fort d'Issy signale l'établissement d'une batterie ennemie à la maison à clochetons, près de la gare de Meudon.
A l'Ouest, l'ennemi installe de nouvelles batteries en arrière de la gorge de Montretout, comme s'il voulait augmenter ses défenses contre un nouveau retour offensif sur le terrain où s'est produit l'engagement du 19 janvier.
Les travaux de tranchées en avant du fort de Vanves ont été contrariés par la pluie.
- Yvelines :
L'ennemi a rétabli le pont de bateaux de l'île de la Loge, au‑dessous de Bougival, et une tête de pont est en construction.
- Val-de-Marne :
L'observatoire de Vincennes a signalé de nombreux mouvements de troupes en arrière de Villiers. L'ennemi a bombardé toute la journée le fort neuf de Vincennes, les redoutes de la Faisanderie, de Gravelle, et les batteries de la boucle de la Marne.
Le fort de Nogent a été battu par deux nouvelles batteries situées à 3 500 mètres du fort.
- Seine-Saint-Denis :
Les forts de Rosny et de Noisy, la redoute de la Boissière et les batteries de la route stratégique ont reçu quelques obus envoyés par les batteries du Raincy.
Au Nord, des mouvements de troupes assez considérables sont observés entre Aulnay, Gonesse, le Bourget et Pont Iblon. A Saint‑Denis, le bombardement a continué avec violence. Les forts souffrent peu. Le fort de la Double-Couronne, a eu à supporter le feu de huit batteries ennemies. Nos pièces ripostent avec succès et réussissent à éteindre ou à déplacer successivement plusieurs des pièces qui les battent.
24 janvier
- Paris :
Le ballon Torricelli s'envole de la gare de l'Est et termine sa course à Fumechon dans l'Oise, après avoir parcouru 193 kilomètres[132].
Le 6e secteur[42] subit comme le jour précédent un feu continu, provenant des batteries de Breteuil et de Meudon.
Les 7e[116] et 8e secteurs [120] qui ont reçu une vingtaine d'obus ont riposté avec succès.
L'activité des travailleurs de la garde nationale aux remparts, et des compagnies du génie auxiliaire aux batteries extérieures, permet de réparer les dégâts produits et de créer de nouveaux moyens de défense. L'ennemi répare également, avec rapidité, les dommages sérieux que lui cause le tir, notamment à Breteuil.
- Hauts-de-Seine :
Le fort de Vanves n'a plus eu à souffrir de la batterie du moulin de Pierre[6] [7], que ses mortiers avaient battue hier.
Le fort de Montrouge a réparé ses avaries.
L'ennemi continue ses travaux défensifs vers Buzenval, et Boispréau.
- Val-d'Oise :
La butte d'Orgemont, occupée par les prussiens, envoie quelques obus vers l'enceinte, par dessus Saint-Ouen.
- Val-de-Marne :
Le fort de Bicêtre a complété son armement pour répondre aux travaux que fait l'ennemi dans la direction de Sceaux. A l'Est, le bombardement a continué lentement sur la boucle de la Marne, les redoutes de Gravelle et de la Faisanderie, et les forts de Vincennes et de Nogent.
- Seine-Saint-Denis :
Au Nord, deux batteries prussiennes nouvelles attaquent Drancy, le Petit-Drancy et Aubervilliers et son fort.
Feu vif contre les Forts de l'Est et de la Briche. Sur le premier sont tombés 244 obus, de sept heures du matin à quatre heures du soir. L'ennemi creuse une nouvelle tranchée à peu de distance du fort.
Canonnade sur Saint-Denis.
25 janvier
- Une brume épaisse régne toute la journée.
- Hauts-de-Seine :
Au sud, l'ennemi continue à organiser chaque jour de nouveaux emplacements de batteries, dépaçant celles qui sont battues par l'artillerie française.
On signale des travaux au viaduc de Fleury.
Tirs d'artillerie très violents contre le fort d'Issy.
Après avoir réparé les brèches des murs des parcs, les Prussiens mettent en batterie de quelques pièces volantes entre la maison Crochard et les avant-postes Français, en particulier en face de Longboyau.
Les incendies du village de Saint-Cloud brûlent toujours.
- Val-de-Marne :
De nombreux convois prussiens sont signalés du côté de Valenton.
Tirs d'artillerie très violents contre le fort de Vincennes.
La lutte d'artillerie a été sérieuse entre le fort de Champigny et la batterie prussienne de Villiers.
- Seine-Saint-Denis :
Le fort d'Aubervilliers qui a été longuement n'a que peu de dégâts matériels.
Du côté de Saint-Denis, 500 obus ont atteint le fort de la Briche, sans faire victime. Un bombardement violent sur le fort de la Double-Couronne a fait 3 tués et 5 blessés et 3 blessés au fort de l'Est.
Les Prussiens installent un nouvelle batterie à Villetaneuse.
Le fort de la Briche continue à se défendre avec vigueur, mais le feu qui le couvre depuis deux jours.
Pour sa 30e journée de bombardement, le fort de Rosny a reçu 45 obus.
26 janvier
- Une brume épaisse régne toute la matinée, avec quelques éclaircies dans l'après-midi.
Le gouvernement fait pressentir l'armistice.
- Hauts-de-Seine :
Les batteries Françaises profitant de quelques éclaircies ont tiré sur les travaux ennemis à Saint-Cloud, Garches et Moutretout, où les obus ont allumé plusieurs incendies.
- Val-de-Marne :
L'artillerie française a tiré sur Mesly, Montmesly, chaussée de Valenton et le chemin de fer de Lyon
La redoute des Hautes-Bruyères a éteint le feu des batteries Prussiennes de l'Hay et de Chevilly, qui attaquaient cette redoute avec vigueur.
- Seine-Saint-Denis :
Les batteries françaises ont bombardés les travaux effectués sur Drancy et les travailleurs ennemis ont dû s'enfuir précipitamment. Lefort de la Double-Couronne a démoli la barricade prussienne située sur la route de Pierrefitte. Les forts situés à l'Est ont effectué un violent combat d'artillerie toute la matinée.
Au Nord, de Drancy jusqu'au fort de la Briche, le front a fait l'objet d'un bombardement très actif.
- Paris :
Le gouvernement de la Défense nationale fait une déclaration.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationaleTant que le gouvernement a pu compter sur l’arrivée d'une armée de secours, il était de son devoir de ne rien négliger pour prolonger la défense de Paris.
Paris, 26 janvier 1871.
En ce moment, quoique nos armées soient encore debout, les chances de la guerre les ont refoulées, l'une sous les murs de Lille, l'autre au delà de Laval; la troisième opère sur les frontières de l'est. Nous avons dès lors perdu tout espoir qu'elles puissent se rapprocher de nous, et l'état de nos subsistances ne nous permet plus d'attendre.
Dans cette situation, le gouvernement avait le devoir absolu de négocier. Les négociations ont lieu en ce moment. Tout le monde comprendra que nous ne pouvons en indiquer les détails sans de graves inconvénients. Nous espérons pouvoir les publier demain. Nous pouvons cependant dire dès aujourd'hui que le principe de la souveraineté nationale sera sauvegardé par la réunion immédiate d'une assemblée; que l'armisitice a pour but la convocation de cette assemblée; que, pendant cet armistice, l'armée allemande occupera les forts, mais n'entrera pas dans l'enceinte de Paris; que nous conserverons notre garde nationale intacte et une division de l'armée, et qu'aucun de nos soldats ne sera emmené hors du territoire.27 janvier
- Paris :
Le ballon monté Richard-Wallace s'envole de la gare du Nord et termine sa course perdu dans l'Océan Atlantique à hauteur du bassin d'Arcachon, après avoir parcouru 780 kilomètres environ[133].
28 janvier
- Paris :
Dans le cadre de la convention d'armistice, les bombardements sur Paris cessent. Du 5 au 27 janvier, ils auront fait 375 victimes[134][135].
Le ballon monté Général-Cambronne s'envole de la gare de l'Est et termine sa course à Sougé-le-Ganelon dans la Sarthe, après avoir parcouru 253 kilomètres[136]. Le Général-Cambronne, qui est le dernier ballon à sortir de Paris assiégé, portait à la France la triste nouvelle de l'armistice.
Le gouvernement de la Défense nationale fait une nouvelle déclaration.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationaleCitoyens,
Paris, 28 janvier 1871.
La convention qui met fin à la résistance de Paris n'est pas encore signée, mais ce n'est qu'un retard de quelques heures.
Les bases en demeurent fixées telles que nous les avons annoncées hier :
L'ennemi n'entrera pas dans l'enceinte de Paris
La garde nationale conservera son organisation et ses armes.
Une division de douze mille hommes demeure intacte; quant aux autres troupes, elles resteront dans Paris, au milieu de nous, au lieu d'être, comme on l'avait d'abord proposé, cantonnées dans la banlieue. Les officiers garderont leur épée.
Nous publierons les articles de la convention aussitôt que les signatures auront été échangées, et nous ferons en même temps connaître, l'état exact de nos subsistances.
Paris veut être sûr que la résistance a duré jusqu'aux dernières limites du possible. Les chiffres que nous donnerons en seront la preuve irréfragable, et nous mettrons qui que ce soit au défi de les contester.
Nous montrerons qu'il nous reste tout juste assez de pain pour attendre le ravitaillement, et que nous ne pouvions prolonger la lutte sans condamner a une mort certaine deux millions d'hommes, de femmes et d'enfants.
Le siège de Paris a duré quatre mois et douze jours. Le bombardement. un mois entier. Depuis le 15 janvier, la ration de pain est réduite à 300 grammes; la ration de viande de cheval, depuis le 15 décembre, n'est que de 30 grammes. La mortalité a plus que triplé. Au milieu de tant de désastres, il n'y a pas eu un seul jour de découragement.
L'ennemi est le premier à rendre hommage à l'énergie morale et au courage dont la population parisienne tout entière vient de donner l'exemple.
Paris a beaucoup souffert; mais la République profitera de ses longues souffrances, si noblement supportées. Nous sortons de la lutte qui finit, retrempés pour la lutte à venir. Nous en sortons avec tout notre honneur, avec toutes nos espérances, malgré les douleurs de l'heure présente; plus que jamais nous avons foi dans les destinées de la patrie.Convention d'armistice
Une convention d'armistice est arrêtée entre Otto von Bismarck, et Jules Favre, ministre des affaires étrangères du gouvernement de la Défense nationale :
Convention d'armistice« CONVENTION Entre M. le comte de Bismarck, chancelier de la De la Confédération germanique, stipulant au nom de S. M. l'empereur d'Allemagne, roi de Prusse, et M. Jules Favre, ministre des affaires étrangères du gouvernement de la Défense nationale, munis de pouvoirs réguliers,
Ont été arrêtées les conventions suivantes:- ARTICLE PREMIER.
Un armistice général, sur toute la ligne des opérations militaires eu cours d'exécution entre les armées allemandes et les armées françaises, commencera pour Paris aujourd'hui même, pour les départements dans un délai de trois jours; la durée de l'armistice sera de vingt et un jours, à dater d'aujourd'hui, de manière que, sauf le cas où il serait renouvelé, l'armistice se terminera partout le 19 février, à midi.
Les armées belligérantes conserveront leurs positions respectives, qui seront séparées par une ligne de démarcation. Cette ligne partira de Pont I'Ëvèque, sur les côtes du département du Calvados, se dirigera sur Lignières, dans le Nord-Est du département de la Mayenne, en passant outre Briouze et Fromentel en touchant au département de la Mayenne à Lignières, elle suivra la limite qui sépare ce département de celui de l'Orne et de la Sarthe, jusqu'au nord de Morannes, et sera continuée de manière à laisser à l'occupation allemande les départements de la Sarthe, Indre et Loire, Loir et Cher, du Loiret, de l'Yonne, jusqu'au point où, à l'Est de Quarré-les-Tombes, se touchent les départements de la Côte-d'Or, de la Nièvre et de l'Yonne. A partir de ce point, le tracé de la ligne sera réservé à une entente qui aura lieu aussitôt que les parties contractantes seront renseignées sur la situation actuelle des opérations militaires en exécution dans les départements de la Côte-d'Or, du Doubs et du Jura. Dans tous les cas, elle traversera le territoire composé de ces trois départements, en laissant à l'occupation allemande les départements situés au Nord, à l'armée française ceux situés au Midi de ce territoire.
Les départements du Nord et du Pas de Calais, les forteresses de Givet et de Langres, avec le terrain qui les entoure à une distance de dix kilomètres, et la péninsule du Havre jusqu'à une ligne à tirer d'Étretat, dans la direction , de Saint Romain, resteront en dehors de l'occupation allemande.
Les deux armées belligérantes, et leurs avant postes de part et d'autre, se tiendront à une distance de dix kilomètres au moins des lignes tracées pour séparer leurs positions.
Chacune des deux armées se réserve le droit de maintenir son autorité dans le territoire qu'elle occupe, et d'employer les moyens que ses commandants jugeront nécessaires pour arriver à ce but.
L'armistice s'applique également aux forces navales des deux pays, en adoptant le méridien de Dunkerque comme ligne de démarcation, à l'Ouest de laquelle se tiendra la flotte française, et à l'est de laquelle se retireront, aussitôt qu'ils pourront être avertis, les bâtiments de guerre allemands qui se trouvent dans les eaux occidentales. Les captures qui seraient faites après la conclusion et avant la notification de l'armistice, seront restituées, de même que les prisonniers qui pourraient être faits de part et d'autre, dans des engagements qui auraient en lieu dans l'intervalle indiqué.
Les opérations militaires sur le terrain des départements du Doubs, du Jura et de la Côte-d'Or, ainsi que le siège de Belfort, se continueront indépendamment de l'armistice, jusqu'au moment ou l'on se sera mis d'accord sur la ligne de démarcation dont le tracé à travers les trois départements mentionnés a été réservé à une entente ultérieure.- ARTICLE 2.
L'armistice ainsi convenu a pour but de permettre au gouvernement de la défense nationale de convoquer une Assemblée librement élue qui se prononcera sur la question de savoir : si la guerre doit être continuée, ou à quelles conditions a paix doit être faite. L'Assemblée se réunira dans la ville de Bordeaux.
Toutes les facilités seront données par les commandants des armées allemandes pour l'élection et la réunion des députés qui la composeront.- ARTICLE 3.
Il sera fait immédiatement remise à l'armée allemande, par l'autorité militaire française, de tous les forts formant le périmètre de la défense extérieure de Paris, ainsi que de leur matériel de guerre. Les communes et les maisons situées en dehors de ce périmètre ou entre les forts pourront être occupées par les troupes allemandes, jusqu'à une ligne à tracer par des commissaires militaires. Le terrain restant entre cette ligne et l'enceinte fortifiée de la ville de Paris sera interdit aux forces armées des deux parties. La manière de rendre les forts, et le tracé de la ligne mentionnée formeront l'objet d'un protocole à annexer à la présente convention.
- ARTICLE 4.
Pendant la durée de l'armistice, l'armée allemande n'entrera pas dans la ville de Paris.
- ARTICLE 5.
L'enceinte sera désarmée de ses canons, dont les affûts seront transportés dans les forts à désigner par le commissaire de l'armée allemande (*).
(*) Dans le protocole, cette condition du transport des affûts dans les forts a été abandonnée par les commissaires allemands, sur la demande des commissaires français.- ARTICLE 6
Les garnisons (armée de ligne, garde mobile et marins) des forts de Paris seront prisonnières de guerre, sauf une division de douze mille hommes que l'autorité militaire dans Paris conservera pour le service intérieur.
Les troupes prisonnières de guerre déposeront leurs armes, qui seront réunies dans des lieux désignés et livrées suivant règlement par commissaires suivant l'usage. Ces troupes resteront dans l'intérieur de la ville, dont elles ne pourront pas franchir l'enceinte pendant l'armistice. Les autorités françaises s'engagent à veiller à ce que tout individu appartenant à l'armée et à la garde mobile reste consigné dans l'intérieur de la ville. Les officiers des troupes prisonnières seront désignés par une liste à remettre aux autorités allemandes.
A l'expiration de l'armistice, tous les militaires appartenant à l'armée consignée dans Paris, auront à se constituer prisonniers de guerre de l'armée allemande, si la paix n'est pas conclue jusque là.
Les officiers prisonniers conserveront leurs armes.- ARTICLE 7.
La garde nationale conservera ses armes. Elle sera chargée de la garde de Paris et du maintien de l'ordre. Il en sera de même de la gendarmerie et des troupes assimilées, employées dans le service municipal, telles que garde républicaine, douaniers et pompiers; la totalité de cette catégorie n'excède pas trois mille cinq cents hommes.
Tous les corps de francs tireurs seront dissous par une ordonnance du gouvernement français.- ARTICLE 8.
Aussitôt après les signatures des présentes et avant la prise de possession des forts, le commandant en chef des armées allemandes donnera toutes facilités aux commissaires que le gouvernement français enverra, tant dans les départements qu'à l'étranger, pour préparer le ravitaillement et faire approcher de la ville les marchandises qui y sont destinées.
- ARTICLE 9.
Après la remise des forts et après le désarmement de l'enceinte et de la garnison stipulés dans les articles 5 et 6, le ravitaillement de Paris s'opérera librement par la circulation sur les voies ferrées et fluviales. Les provisions destinées à ce ravitaillement ne pourront être puisées dans le terrain occupé par les troupes allemandes, et le gouvernement français s'engage à en faire l'acquisition en dehors de la ligne de démarcation qui entoure les positions des armées allemandes, à moins d'autorisation contraire donnée par les commandants de ces dernières.
- ARTICLE 10.
Toute personne qui voudra quitter la ville de Paris devra être munie de permis réguliers délivrés par l'autorité militaire française, et soumis au visa des avant postes allemands. Ces permis et visas seront accordés de droit aux candidats à la députation en province et aux députés à l'Assemblée.
La circulation des personnes qui auront obtenu l'autorisation indiquée, ne sera admise qu'entre six heures du matin et six heures du soir.- ARTICLE 11.
La ville de Paris payera une contribution municipale de guerre de la comme de deux cents millions de francs. Ce payement devra être effectué avant le quinzième jour de l'armistice. Le mode de payement sera déterminé par une commission mixte allemande et française.
- ARTICLE 12
Pendant la durée de l'armistice, il ne sera rien distrait des valeurs publiques pouvant servir de gages au recouvrement des contributions de guerre.
- ARTICLE 13.
L'importation dans Paris d'armes, de munitions ou de matières servant à leur fabrication, sera interdite pendant la durée de l'armistice.
- ARTICLE 14.
Il sera procédé immédiatement à l'échange de tous les prisonniers de guerre qui ont été faits par l'armée française depuis le commencement de la guerre. Dans ce but, les autorités françaises remettront, dans le plus bref délai, des listes nominatives des prisonniers de guerre allemands aux autorités militaires allemandes à Amiens, au Mans, à Orléans et à Vesoul. La mise en liberté des prisonniers de guerre allemands s'effectuera sur les points les plus rapprochés de la frontière. Les autorités allemandes remettront en échange, sur les mêmes points, et dans le plus bref délai possible, un nombre pareil de prisonniers français, de grades correspondants, aux autorités militaires françaises.
L'échange s'étendra aux prisonniers de condition bourgeoise, tels que les capitaines de navires de la marine marchande allemande, et les prisonniers français civils qui ont été internés en Allemagne.- ARTICLE 15
Un service postal pour des lettres non cachetées sera organisé entre Paris et les départements, par l'intermédiaire du quartier général de Versailles.
En foi de quoi les soussignés ont revêtu de leurs signatures et de leur sceau les présentes conventions.Fait à Versailles, le vingt huit janvier mil huit cent soixante et onze.
Signé : Jules Favre - Bismark »29 janvier
- Paris :
Suite aux rumeurs et agitations, le gouvernement de la Défense nationale fait une troisième déclaration, indiquant que la résistance de Paris a été poussée jusqu'aux extrêmes limites possibles et que la convention relative à l'armistice est signée.
Les Prussiens prennent possession de la totalité des forts.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale« Le gouvernement a annoncé qu'il donnerait la preuve irréfragable que Paris a poussé la résistance jusqu'aux extrêmes limites du possible. Hier encore il y avait inconvénient grave à publier des informations de ce genre. Aujourd'hui que la convention relative à l'armistice est signée, le gouvernement à pu remplir sa promesse.
Paris, 29 janvier 1871. »
Il faut d'abord se remettre en mémoire ce que trop de personnes semblent avoir oublié : c'est qu'au début de l'investissement les plus optimistes n'osaient pas croire à un siège de plus de six ou sept semaines.
Lorsque, le 8 septembre, le Journal officiel répétant une déclaration affichée sur les murailles par M. Magnin, ministre du commerce, affirmait que les approvisionnements en viandes, liquides et objets alimentaires de toute espèce, seraient largement suffisant pour assurer l'alimentation d'une population de deux millions d'âmes pendant deux mois, cette assertion était généralement accueillie par un sourire d'incrédulité. Or, quatre mois et vingt jours se sont écoulés depuis le 8 septembre.
Au milieu des plus dures privations, devenues, pendant ces dernières semaines, de cruelles souffrances, Paris a résisté aussi longtemps qu'il a pu raisonnablement espérer le secours des armées extérieures, aussi longtemps qu'un morceau de pain lui est resté pour nourrir ses habitants et ses défenseurs. Il ne s'est arrêté que lorsque les nouvelles venues de province lui ont arraché tout espoir; en même temps que l'état de ses subsistances lui montrait la famine imminente et inevitable.
Le 27 janvier, c'est-à-dire huit jours après la dernière bataille livrée sous nos murs et presqu'au moment où nous apprenions les insuccès de Chanzy et de Faidherbe, il restait en magasin 42 000 quintaux métriques de blé, orge, seigle, riz et avoine, ce qui, réduit en farine, représente, à cause du faible rendement de l'avoine, 35 000 quintaux métriques de farine panifiable. Dans cette quantité sont compris 41 000 quintaux de blé et 6 000 quintaux de riz, cédés par l'administration de la guerre, laquelle ne possède plus que dix jours de vivres pour les troupes, si on les traite comme des troupes en campagne savoir , 12 000 quintaux de riz, blé et farine et 20 000 quintaux d'avoine. Telle était la situation de nos approvisionnements en céréales à l'heure de l'ouverture des négociations.
En temps ordinaire, Paris emploie à sa subsistance 8 000 quintaux de farine par jour, c'est-à-dire 2 000 000 de livres de pain; mais, du 22 septembre au 18 janvier, sa consommation a été réduite à une moyenne de 6 360 quintaux de farine par jour, et depuis le 18 janvier, c'est-à-dire depuis le rationnement, cette consommation est descendue à 5 300 quintaux soit un sixième de moins environ que la quantité habituelle, nous pourrions dire nécessaire.
En partant de ce chiffre de 5 300 quintaux, le total de nos approvisionnements représente. une durée de sept jours.
A ces sept jours, on peut ajouter un jour d'alimentation fournie par la farine actuellement distribuée aux boulangers; trois ou quatre jours auxquels subviendront les quantités de blé enlevées aux détenteurs par tous les moyens qu'il a été possible d'imaginer, et l'on arrive ainsi à reconnaitre "que nous avons du pain pour huit jours au moins, pour douze jours au plus".
Il n'est pas inutile de dire que depuis trois semaines, il n'existe plus de provision en farine. Nos moulins ne fournissent chaque jour que la farine nécessaire au lendemain. Il eût suffi de quelques obus, tombant sur l'usine Cail[137], pour mettre instantanément en danger l'alimentation de toute la ville.
En ce qui concerne la viande, la situation peut se caractériser par un seul mot. Depuis l'épuisement de nos réserves de boucherie, nous avons vécu en mangeant du cheval. Il y avait 400 000 chevaux à Paris. Il n'en reste plus que 33 000, en comprenant dans ce chiffre les chevaux de la guerre.
Ces 33 000 chevaux, d'ailleurs, ne sauraient être tous abattus sans les plus graves inconvénients. Plusieurs services, indispensables à la vie, seraient suspendus : ambulances, transport des grains, des farines et des combustibles; services de l'éclairage et des vidanges, pompes funèbres, etc. Il nous faudra, d'autre part, beaucoup de chevaux pour le camionnage, quand la ravitaillement commencera. En réalité, une fois ces diverses nécessités satisfaites, le nombre des animaux disponibles pour la boucherie ne dépassera pas 22 000 environ.
En ce moment nous consommons, avec l'armée, 650 chevaux par jour, soit 25 à 30 grammes par habitant, après le prélèvement des hôpitaux, des ambulances et des fourneaux. Vingt cinq grammes de viande de cheval, trois cents grammes de pain, voilà la nourriture dont Paris se contente à l'heure qu'il est. Dans dix jours, quand nous n'aurons plus de pain, nous aurons consommé 6 509 chevaux de plus, et il ne nous en restera que 26 500. Nous pouvons, il est vrai, y joindre 3 000 vaches réservées pour le dernier moment, parce qu'elles fournissent du lait aux malades et aux nouveau-nés. Mais, alors, comme il faudra remplacer le pain absent, la ration de la viande devra être quadruplée, et nous serons obligés de tuer 3 000 chevaux par jour. Nous vivrions ainsi pendant une semaine environ.
Mais nous n'en viendrons pas à cette extrémité, précisement parce que le gouvernement de la défense nationale s'est décidé à négocier. On dira peut-être : Pourquoi avoir tant tardé? Pourquoi n'avoir pas révélé plus tôt ces vérités terribles ? » A cette question, il y a à répondre que le devoir était, de prolonger la résistance jusqu'aux dernières, limites, et que la révélation de semblables détails eût été la fin de toute résistance.
Mais le ravitaillement marchera assez vite pour que nous ne restions pas un seul jour sans pain. Toutes les mesures que la prudence pouvait suggérer ont été prises, et, pourvu que, chacun comprenne son devoir, pourvu que les agitations intérieures ne viennent pas troubler la reprise de l'activité industrielle et commerciale, de nouveaux approvisionnements nous arriveront juste au moment où nous aurons épuisé ceux qui nous restent. Nous avons le ferme espoir, nous avons la certitude que la famine sera épargnée à deux millions d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants. Le devoir sacré de pousser la résistance aussi loin que les forces humaines le comportent, nous a obligés de tenir tant que nous avons eu un reste de pain. Nous avons cédé, non pas à l'avant dernière heure, mais à la dernière.30 janvier
- Paris :
Le ministre de la guerre fait une déclaration aux troupes militaires.
Déclaration du Ministre de la guerre
Déclaration du Ministre de la guerre« Soldats, marins et gardes mobiles,
Le ministre de la guerre »
Tant qu'une bouchée de pain a été assurée à Parts, vous avez défendu cette grande cité, qui a été, pendant cinq mois, le boulevard de la France. Vous l'avez défendue au prix de votre sang, qui a coulé à pleins bords.
Aujourd'hui que des malheurs inouïs, que votre courage et vos sacrifices n'ont pu conjurer, vous ramènent dans son enceinte, de nouveau devoirs, non moins sacrés que ceux que vous avez accomplis déjà, vous sont imposés. A tout prix vous devez donner à tous l'exemple. de la discipline, de la bonne tenue, de l'obéissance. Vous le devez par respect de vous mêmes, par respect pour notre patrie en deuil, dans l'intérêt de la sécurité publique.
Vous ne faillirez pas, j'espère, à cette obligation sacrée. Y manquer serait plus qu'une faute, ce serait un crime.
Officiers, sous officiers et soldats, restez unis dans un sentiment commun de patriotisme passionné soutenez vous, fortifiez vous les uns les autres, alors qu'après avoir versé tant de sang pour l'honneur de Paris et les plus grands intérets de la patrie, vous méritiez qu'on dise de vous : Ils ne sont pas seulement de braves soldats, lis sont aussi de bons citoyens.
Paris, le 30 janvier 1871.31 janvier
Février
4 février
- Paris :
Une nouvelle fois les membres du gouvernement de la Défense nationale, s'adressent aux Français, justifiant son acceptation de l'armistice par le manque de provisions alimentaires.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale« Français,
Pierre-Frédéric Dorian, Général Le Flo, Pierre Magnin, Ferdinand Hérold »
Paris a déposé les armes à la veille de mourir de faim.
On lui avait dit : Tenez quelques semaines, et nous vous délivrerons. Il a résisté cinq mois, et, malgré d'héroïques efforts, les départements n'ont pu le secourir.
Il s'est résigné aux privations les plus cruelles. Il a accepté la ruine, la maladie, l'épuisement. Pendant un mois, les bombes l'ont accablé, tuant les femmes, les enfants. Depuis plus de six semaines, les quelques grammes de mauvais pain qu'on distribue, à chaque habitant suffisent à peine à l'empêcher de mourir.
Et quand, ainsi vaincue par la plus inexorable nécessité, la grande cité s'arrête pour ne pas condamner deux millions de citoyens à la plus horrible catastrophe; quand, profitant de son reste de forces, elle traite avec l'ennemi au lieu de subir une reddition à merci, au dehors, on accuse le gouvernement de la défense nationale de coupable légèreté, on le dénonce, on le rejette.
Que la France nous juge, nous et ceux qui nous comblaient hier de témoignages d'amitié et de respect, et qui aujourd'hui nous insultent :
Nous ne relèverions pas leurs attaques si le devoir ne nous commandait de tenir jusqu'à la dernière heure, d'une main ferme, le gouvernail que le peuple de Paris nous a confié au milieu de la tempête. Ce devoir, nous l'accomplirons.
Lorsqu'à la fin de janvier, nous nous sommes résignés à essayer de traiter, il était bien tard. Nous n'avions plus de farine que pour dix jours, et nous savions que la dévastation du pays rendait le ravitaillement tout à fait incertain. Ceux qui se lèvent aujourd'hui contre nous ne connaitront jamais les angoisses qui nous agitaient.
Il fallait cependant les cacher, aborder l'ennemi avec résolution, paraître encore prêts à combattre et munis de vivres.
Ce que nous voulions, le voici :
Avant tout, n'usurper aucun droit. A la France seule appartient celui de disposer d'elle même. Nous avons voulu le lui réserver. Il a fallu de longues luttes pour obtenir la reconnaissance de sa souveraineté. Elle est le point le plus important de notre traité.
Nous avons conservé à la garde nationale sa liberté et ses armes.
Si, malgré nos efforts, nous n'avons pu soustraire l'armée et la garde mobile aux lois rigoureuses de la guerre, an moins les avons nous sauvées de la captivité en Allemagne et de l'internement dans un camp retranché, sous les fusils prussiens.
On nous reproche de n'avoir pas consulté la délégation de Bordeaux! On oublie que nous étions enfermés dans un cercle de fer que nous ne pouvions briser.
On oublie d'ailleurs, que chaque jour rendait plus probable la terrible catastrophe de la famine, et, cependant, nous avons disputé le terrain pied à pied, pendant six jours, alors que la population de Paris ignorait et devait ignorer sa situation véritable, et qu'entrainée par une généreuse ardeur elle demandait à combattre.
Nous avons donc cédé à une nécessité fatale.
Nous avons, pour la convocation de l'Assemblée, stipulé un armistice, alors que les armées qui pouvaient nous venir en aide étaient refoulé loin de nous.
Une seule tenait encore, nous le croyions du moins. La Prusse a exigé la reddition de Belfort. Nous l'avons refusée, et, par là même, pour protéger la place, nous avons pour quelques jours réservé la liberté d'action de son armée de secours. Mais, ce que nous ignorions, il était trop tard. Coupé en deux par les armées allemandes, Bourbaki, malgré son héroïsme, ne pouvait plus résister, et, après l'acte de généreux désespoir auquel il s'abandonnait, sa troupe était forcée de passer la frontière.
La convention du 28 janvier n'a donc compromis aucun intérêt, et Paris seul a été sacrifié.
Il ne murmure pas. Il rend hommage à la vaillance de ceux qui ont combattu loin de lui pour le secourir. Il n'accuse pas même celui qui est aujourd'hui si injuste et si téméraire M. le ministre de la guerre, qui a arrêté le général Chanzy voulant marcher au secours de Paris, et lui a donné l'ordre de se retirer derrière la Mayenne.
Non ! tout était inutile, et nous devions succomber. Mais notre honneur est debout, et nous ne souffrirons pas qu'on y touche.
Nous avons appelé la France à élire librement une Assemblée qui, dans cette crise suprême, fera connaître, sa volonté.
Nous ne reconnaissons à personne le droit de lui en imposer une, ni pour la paix ni pour la guerre.
Une nation attaquée par un ennemi puissant lutte jusqu'à la dernière extrémité; mais elle est toujours juge de l'heure à laquelle la résistance cesse d'être possible.
C'est ce que dira le pays consulté sur son sort.
Pour que son voeu s'impose à tous comme une loi respectée, il faut qu'il soit l'expression souveraine du libre suffrage de tous. Or, nous n'admettons pas qu'on puisse imposer à ce suffrage des restrictions arbitraires.
Nous avons combattu l'empire et ses pratiques. Nous n'entendons pas les recommencer en instituant des candidatures officielles par voie d'élimination.
Que de grandes fautes aient été commises, que de lourdes responsabilités en dérivent, rien n' est plus vrai. Mais le malheur de la patrie efface tout sous son niveau, et, d'ailleurs, en nous rabaissont au rôle d'hommes de parti pour proscrire nos anciens adversaires, nous aurions la douleur et la honte de frapper ceux qui combattent et versent leur sang à nos côtés.
Se souvenir des dissensions passées quand l'ennemi foule notre sol ensanglanté, c'est rapetisser par ses rancunes la grande oeuvre de la délivrance de la patrie. Nous mettons les principes au dessus de ces expédients.
Nous ne voulons pas que le premier décret de la convocation de l'Assemblée républicaine en 1871 soit un acte de défiance contre les électeurs.
A eux appartient la souveraineté; qu'ils l'exercent sans faiblesse, et la patrie pourra être sauvée.
Le gouvernement de la défense nationale repousse donc et annule au besoin le décret illégalement pendu par là délégation de Bordéaux, et il appelle tous les Français à voter, sans catégories, pour les représentants qui leur paraitront les plus dignes de défendre là France.
Vive la République ! Vive la France
Paris, le 4 février 1871.
Les membres du gouvernement,
Général Trochu, Jules Favre, Louis-Antoine Garnier-Pagès, Eugène Pelletan, Ernest Picard, Emmanuel Arago.
Les ministres,6 février
- A Bordeaux, Léon Gambetta démissionne de ses fonctions.
Lettre de démission de Léon Gambetta« Ma conscience me fait un devoir de résigner mes fonctions de membre du gouvernement avec lequel je ne suis plus en communion d'idées ni d'espérance.
Léon Gambetta. »
J'ai l'honneur de vous informer que j'ai remis ma démission aujourd'hui même, en vous remerciant du concours patriotique et dévoué que j'ai toujours trouvé en vous pour mener à bonne fin l'oeuvre que j'avais entreprise.
Je vous prie de me laisser vous dire que mon opinion profondément réfléchie est qu'à raison de la brièveté des délais et des graves intérêts qui sont en jeu, vous rendrez un suprême service à la République en faisant procéder aux élections du 8 février, et vous réservant, après ce délai, de prendre telles déterminations qui vous conviendront. Je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments fraternels.
Bordeaux, le 6 février 1871, 3 heures.7 février
- Paris :
Par décrets, le gouvernement lève les réquisitions sur les farines, les chevaux, les ânes, les mulets, et en général sur tous les animaux de boucherie.
Le marché aux bestiaux de la Villette est de nouveau ouvert quotidiennement.
La vente de la viande redevient désormais libre dans tous les étaux de boucherie. Toutefois les boucheries municipales établies, fonctionnant par les soins des maires, sont maintenues.
Les réquisitions sont abolies.
Concernant le courrier, les lettres peuvent désormais être closes, le service de la censure est dissous.
8 février
- La population parisienne apprend la démission de Léon Gambetta.
- Paris :
Le maire de Paris, prend un arrêté qui indiquant la fin du rationnement du pain et son prix.
Arrêté du Maire de Paris
Arrêté du Maire de Paris« Le membre du gouvernement, maire de Paris,
ARRÊTE :
Art.1er : A dater du 10 février, le rationnement du pain cessera d'avoir lieu.
En conséquence, l'arrêté du 18 janvier est rapporté.Art 2 : Sont également rapportés les arrêtés du maire de Paris, du 3 décembre 1870, limitant les livraisons de la caisse de la boulangerie; du 12 décembre, défendant la vente des farines; du 5 janvier 1871 défendant la sortie du pain du 12 janvier, interdisant la fabrication et la vente de pain de luxe, et le blutage des farines par les boulangers.
Le commerce des farines, la fabrication et le colportage du pain, sous quelque forme que ce soit, ne seront désormais soumis à aucune restriction, sauf la taxe municipale, qui est maintenue jusqu'à nouvel ordre.Art. 3. Le pain sera désormais taxé au prix de 47 centimes 1/2 le kilogramme, comme avant l'arreté du 18 janvier dernier.
JULES FERRY »
Fait à Paris, le 8 février 1871
Le maire de Paris,15 février
- Paris :
Les Prussiens ajoutent 5 articles additionnels à la Convention d'armistice. D'autre part l'armistice, qui devait expirer le 19 février à midi, est prorogé au 24, « avec faculté de renouveler cette prorogation, si les circonstances l'exigent ».
Articles additionnels à la Convention d'armistice
Articles additionnels à la Convention d'armistice« Les soussignés, munis de pouvoirs en vertu desquels ils ont conclu la convention du 28 janvier, considérant que par ladite convention il était réservé à une entente ultérieure de faire cesser les opérations militaires dans les départements du Doubs, du Jura et de la Côte-d'Or, et devant Belfort, et de tracer la ligne de démarcation entre l'occupation allemande et les positions de l'armée française à partir de Quarré-les-Tombes, dans le département de l'Yonne, ont conclu la convention additionnelle suivante :
Art. 1er La forteresse de Belfort sera rendue au commandant de l'armée de siège avec le matériel de guerre faisant partie de l'armement de la place.
La garnison de Belfort sortira de la place avec les honneurs de la guerre, en conservant ses armes, ses équipages et le matériel de guerre appartenant à la troupe, ainsi que les archives militaires.
Les commandants de Belfort et de l'armée de siège se mettront d'accord sur l'exécution des stipulations qui précèdent, ainsi que sur les détails qui n'y sont pas prévus, et sur la direction et sur les étapes dans lesquelles la garnison de Belfort rejoindra l'armée française au delà de la ligne de démarcation.Art. 2. Les prisonniers allemands se trouvant à Belfort seront mis en liberté.
Art 3. La ligne de démarcation, arrêtée jusqu'au point où se touchent les trois départements de l'Yonne, de la Nièvre et de la Côte-d'Or, sera continuée le long de la limite méridionale du département de la Côte-d'Or jusqu'au point où le chemin de fer qui, de Nevers, par Autun et Chagny, conduit à Chalon-sur-Saône, franchit la limite dudit département. Ce chemin de fer restera en dehors de l'occupation allemande, de manière que la ligne de démarcation, en se tenant à la distance d'un kilomètre de la ligne ferrée, rejoindra la limite méridionale du département de la Cote-d’Or à l'Est de Chagny, et suivra la limite qui sépare le département de Saône-et-Loire des départements de la Côte-d'Or et du Jura.
Après avoir traversé la route qui conduit de Louhans à Lons-le-Saulnier, elle quittera la limite départementale à la hauteur du village de Melleret, d'où elle se continuera de manière à couper le chemin de fer de Lons-le-Saulnier à Bourg, à une distance de onze kilomètres sud de Lons-le-Saulnier, se dirigeant de là sur le pont de l'Ain, sur la route de Clairveaux, d'où elle suivra la limite nord de l'arrondissement de Saint-Claudejusqu'à la frontière suisse.Art. 4. La forteresse de Besançon conservera un rayon de dix kilomètres à la disposition de sa garnison.
La place forte d'Auxonne sera entourée d'un terrain neutre de trois kilomètres, à l'intérieur duquel la circulation sur les chemins de fer qui, de Dijon conduisent à Gray et à Dôle, sera libre pour les trains militaires et d'administration allemands.
Les commandants de troupes, de part et d'autre, regleront le ravitaillement des deux forteresses et des forts qui, dans les départements du Doubs et du Jura, se trouvent en possession de troupes françaises et la délimitation des rayons de ces forts, qui seront de trois kilomètres chacun. La circulation sur les routes ou chemins de fer qui traversent ces rayons sera libre.Art. 5 Les départements du Jura, du Doubs et de la Côte-d'Or seront compris dès à présent dans l'armistice conclu le 28 janvier, en y appliquant, pour la durée de l'armistice et pour les autres conditions, la totalité des stipulations consignées dans la convention du 28 janvier dernier. Versailles le 15 février 1871 .
Jules Favre - von Bismarck »19 février
- Paris :
Adolphe Thiers nommé chef du pouvoir exécutif de la République française et compose son gouvernement.
21 février
- Paris - Yvelines :
Adolphe Thiers se rend à Versailles pour traiter les conditions de la paix.
24 février
- Paris :
Le Comité central provisoire de la Garde nationale appelle à la poursuite de la guerre.
26 février
- Paris :
Les préliminaires de paix sont signés.
Les négociateurs allemands avaient proposé de renoncer à toute entrée dans Paris, si la place de Belfort leur était concédée. Comme elle reste Française, les prussiens indiquent que cette entrée aura lieu mercredi 1er mars, à dix heures du matin. L'armée allemande occupera l'espace compris entre la Seine et la rue du Faubourg Saint-Honoré, à partir de la place de la Concorde jusqu'au quartier des Ternes. L'effectif des troupes introduites ne dépassera pas 30 000 hommes. L'évacuation aura lieu immédiatement après la ratification des préliminaires de paix par l'Assemblée nationale.
L'armée française occupera la rive gauche, de la Seine.
Le mécontentement de la population grandit en apprenant l'entrée des Prussiens dans Paris.
Proclamation du gouvernement d'Adolphe Thiers
Afin de prévenir tout débordement, et de tenter de calmer les esprits et les ardeurs, Adolphe Thiers, nouvellement nommé chef du pouvoir exécutif de la République Française, et son gouvernement adressent aux habitants de Paris la proclamation suivante :
Proclamation du gouvernement d'Adolphe Thiers« Le gouvernement fait appel à votre patriotisme et à 'votre sagesse; vous avez dans les mains le sort de Paris et de la France elle même. Il dépend de vous de les sauver ou de les perdre.
«Ernest Picard, ministre de l'intérieur. »
«Après une résistance héroïque, la faim vous a contraints de livrer vos forts à l'ennemi victorieux ; les armées qui pouvaient venir à votre secours ont été rejetées derrière la Loire. Ces faits incontestables ont obligé le gouvernement et l'Assemblée nationale à ouvrir des négociations de paix.
«Pendant six jours, vos négociateurs ont disputé le terrain pied à pied. Ils ont fait tout ce qui était humainement possible pour obtenir les conditions les moins dommageables. Ils ont signé des préliminaires de paix qui vont être soumis à l'Assemblée nationale.
« Pendant le temps nécessaire à l'examen et à la discussion de ces préliminaires, les hostilités auraient recommencé et le sang aurait inutilement coulé sans une prolongation d'armistice.
«Cette prolongation n'a pu être obtenue qu'à la condition d'une occupation partielle et très momentanée d'un quartier de Paris. Cette occupation sera limitée au quartier des Champs Elysées. Il ne pourra entrer dans Paris que 30 000 mille hommes, et ils devront se retirer dès que les préliminaires de paix auront été ratifiés, ce qui ne peut exiger qu'un petit nombre de jours.
« Si cette convention. n'était pas respectée, l'armistice serait rompu : l'ennemi, déjà maître des forts, occuperait de vive force la cité tout entière. Vos propriétés, vos chefs d'œuvre, vos monuments, garantis aujourd'hui par la convention cesseraient de l'être.
«Ce malheur atteindrait toute la France. Les affreux ravages de la guerre, qui n'ont pas encore dépassé la Loire, s'étendraient jusqu'aux Pyrénées.
«Il est donc absolument vrai de dire qu'il s'agit du salut de Paris et de la France. N'imitez pas la faute de ceux qui n'ont pas voulu nous croire, lorsqu'il y a huit mois nous les adjurions de ne pas entreprendre une guerre qui devait être si funeste.
«L'armée française qui a défendu Paris avec tant de courage occupera la gauche de la Seine pour assurer la loyale exécution du nouvel armistice. C'est à la garde nationale à s'unir à elle pour maintenir l'ordre dans le reste de la cité.
« Que tous les bons citoyens qui se sont honorés à sa tête et se sont montrés si braves devant l'ennerni reprennent leur ascendant, et cette cruelle situation d'aujourd'hui se terminera par la paix et le retour de la prospérité publique.
« Paris, le 27 février 1871.
«Adolphe Thiers chef du pouvoir exécutif de la République française.
«Jules Favre, ministre des affaires étrangèresBase préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement
La base prélimlinaire d'un traité de paix définitif entre l'Empire Allemand et la France est signé, le 26 février. Guillaume Ier et Otto von Bismarck exigent la cession de l'Alsace, sous prétexte que cette région était une ancienne posseission du Saint-Empire romain germanique, avant les traités de Westphalie et la conquête de Louis XIV ainsi que la partie Nord de la Lorraine avec la place forte de Metz, correspondant à l'actuel département de la Moselle, sur simple demande chef d'état-major von Moltke.
Aux revendications territoriales, une indemnité de guerre de cinq milliards de francs[138] est ajoutée.
Adolphe Thiers obtient que la place forte de Belfort, non prise et défendue par le colonel Denfert-Rochereau reste à la France en échange du droit pour les Allemands de défiler dans Paris.Base préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement« Teneur des préliminaires de paix, dont lecture été faite à l'Assemblée nationale et dont l'instrument authentique reste déposé aux archives du ministère des affaires étrangéres. Entre le chef du pouvoir exécutif de la République française, M. Thiers, et le ministre des affaires étrangères, M. Jules Favre, représentant la France, d'un côté,
Et de l'autre, le chancelier de l'empire germanique, M. le comte Otto de Bismarck Schonhauson, muni des pleins pouvoirs de S. M. l'empereur d'Allemagne, roi de Prusse;
Le ministre d'Etat et des affaires étrangères de S. M. le roi de Bavière, M. le comte Otto von Bray-Steinburg (de) Le ministre des affaires étrangères de S. M. le roi de Wurtemberg, M. le baron August von Wächter (de);
Le ministre d'Etat, président du conseil des ministres de S. A. R. Mgr le grand-duc de Bade, M. Jules Jolly; Représentant l'Empire germanique.
Les pleins pouvoirs des deux parties contractantes ayant été trouvés en bonne et due forme, il a été convenu ce qui suit pour servir de base préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement.
ARTICLE PREMIER.
La France renonce en faveur de l'Empire allemand à tous ses droits et titres sur les territoires situés à l'Est de la frontière ci-après désignée :La ligne de démarcation commence à la frontière Nord-Ouest du canton de Cattenom, vers le Grand-Duché de Luxembourg, suit, vers le Sud, les frontières occidentales des cantons de Cattenom et Thionville, passe par le canton de Briey en longeant les frontières occidentales des communes de Montois-la-Montagne et Roncourt, ainsi que les frontières orientales des communes de Sainte-Marie-aux-Chênes, Saint-Ail, atteint la frontière du canton de Gorze qu'elle traverse le long des frontières communales de Vionville, Chambley et Onville, suit la frontière Sud-Ouest et Sud de l'arrondissement de Metz, la frontière occidentale de l'arrondissement de Château-Salins jusqu'à la commune de Pettoncourt dont elle embrasse les frontières occidentale et méridionale, pour suivre la crête des montagnes entre la Seille et Moncel, jusqu'à la frontière de l'arrondissement de Sarrebourg au Sud de Garde.
La démarcation coïncide ensuite avec la frontière de cet arrondissement jusqu'à la commune de Tanconville dont elle atteint la frontière au Nord. De là elle suit la crête des montagnes entre les sources de la Sarre blanche et de la Vezouze jusqu'à la frontière du canton de Schirmeck, longe la frontière occidentale de ce canton, embrasse les communes de Saales, Bourg-Bruche, Colroy-la-Roche, Plaine, Ranrupt, Saulxures et Saint-Blaise-la-Roche du canton de Saales, et coïncide avec la frontière occidentale des départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin jusqu'au canton de Belfort dont elle quitte la frontière méridionale non loin de Vourvenans pour traverser le canton de Delle, aux limites méridionales des communes de Bourogne et Froidefontaine, et atteindre la frontière Suisse, en longeant les frontières orientales des communes de Joncherey et Delle.
L'empire allemand possédera ces territoires à perpétuité en toute souveraineté et propriété. Une commission internationale, composée de représentants des hautes parties contractantes, en nombre égal des deux côtés, sera chargée, immédiatement après l'échange des ratifications du présent traité, d'exécuter sur le terrain le tracé de la nouvelle frontière, conformément aux stipulations précédentes.
Cette commission présidera au partage des biens fonds et capitaux qui jusqu'ici ont appartenu en commun à des districts ou des communes séparés par la nouvelle frontière. En cas de désaccord sur le tracé et les mesures d'exécution les membres de la commission en référeront à leurs gouvernements respectifs.
La frontière, telle qu'elle vient d'être décrite, se trouve marquée en vert sur deux exemplaires conformes de la carte du territoire formant le gouvernement général d'Alsace publiée, à Berlin, en septembre 1870, par la division géographique et statistique de l'état-major général, et dont un exemplaire sera joint à chacune des deux expéditions du présent traité.
Toutefois, le tracé indiqué a subi les modifications suivantes, de l'accord des deux parties contractantes :
Dans l'ancien département de la Moselle, le village de Sainte-Marie-aux-Mines, près de Saint-Privat-la-Montagne, et de Vionville, à l'Ouest de Rezonville, seront cédés à l'Allemagne.
Par contre la ville et les fortifications de Belfort resteront à la France avec un rayon qui sera déterminé ultérieurement.ARTICLE 2
La France payera à S. M. l'empereur d'Allemagne la somme de cinq milliards de francs. Le payement d'au moins un milliard de francs aura lieu dans le courant de l'année 1871, et celui de tout le reste de la dette, dans un espace de trois années, à partir de la ratification des présentes.ARTICLE 3
L'évacuation des territoires français occupés par les troupes allemandes commencera après la ratification du présent traité par l'Assemblée nationale, siégeant à Bordeaux.
Immédiatement après cette ratification, les troupes allemandes quitteront l'intérieur de la ville de Paris, ainsi que les forts situés sur la rive gauche de la Seine, et, dans le plus bref délai possible fixé par une entente entre les autorités militaires des deux pays, elles évacueront entièrement les départements du Calvados, de l'Orne, de la Sarthe, d'Eure et Loir, du Loiret, de Loir et Cher, d'Indre et Loire, de l'Yonne, et, de plus, les départements de la Seine Inférieure, de l'Eure, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, de l'Aube et de la Côte-d'Or, jusqu'à la rive gauche de la Seine. Les troupes françaises se retireront en même temps derrière la Loire qu'elles ne pourront dépasser avant la signature du traité de paix définitif.
Sont exceptées de cette disposition, la garnison de Paris dont le nombre ne pourra pas dépasse quarante mille hommes, et les garnisons indispensables à la sûreté des places fortes. L'évacuation des départements situés entre la rive droite de la Seine et la frontière de l'Est par les troupes allemandes, s'opérera graduellement après la ratification du traité de paix définitif, et le payement du premier demi-milliard de la contribution stipulée par l'article 2, en commençant par les départements les plus rapprochés de Paris, et se continuera au fur et à mesure que les versements de la contribution seront effectués.
Après le premier versement d'un demi-milliard, cette évacuation aura lieu dans les départements suivants :
Somme, Oise, et les parties des départements de la Seine Inférieure, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, situés sur la rive droite de la Seine, ainsi que la partie du département de la Seine et les forts situés sur la rive droite.
Après le payement de deux milliards, l'occupation allemande ne comprendra plus que les départements de la Marne, des Ardennes, de la Haute-Marne, de la Meuse, des Vosges, de la Meurthe ainsi que la forteresse de Belfort avec son territoire, qui serviront de gage pour les trois milliards restants, et où le nombre des troupes allemandes ne dépassera pas cinquante mille hommes.
Sa Majesté l'empereur sera disposée à substituer à la garantie territoriale, consistant dans l'occupation partielle du territoire français, une garantie financière si elle est offerte par le gouvernement français dans des conditions reconnues suffisantes par Sa Majesté l'empereur et roi pour les intérêts de l'Allemagne. Les trois milliards dont l'acquittement aura été différé porteront intérêt à cinq pour cent à partir de la ratification de la présente convention.ARTICLE 4
Les troupes allemandes s'abstiendront de faire des réquisitions, soit en argent, soit en nature, dans les départements occupés. Par contre, l'alimentation des troupes allemandes qui resteront en France aura lieu aux frais du gouvernement français, dans la mesure convenue par une entente avec l'intendance militaire allemande.ARTICLE 5
Les intérêts des habitants des territoires cédés, par la France, en tout ce qui concerne leur commerce et leurs droits civils, seront réglés aussi favorablement que possible lorsque seront arrêtées les conditions de la paix définitive. Il sera fixé à cet effet un espace de temps pendant lequel ils jouiront de facilités particulières pour la circulation de leurs produits. Le gouvernement allemand n'apportera aucun obstacle à la libre émigration des habitants des territoires cédés, et ne pourra prendre contre eux aucune mesure atteignant leurs personnes ou leurs propriétés.ARTICLE 6
Les prisonniers de guerre qui n'auront pas déjà été mis en liberté par voie d'échange seront rendus immédiatement après la ratification des présents préliminaires. Afin d'accélérer le transport des prisonniers français, le gouvernement français mettra à la disposition des autorités allemandes, à l'intérieur du territoire allemand, une partie du matériel roulant de ses chemins de fer, dans une mesure qui sera déterminée par des arrangements spéciaux, et aux prix payés en France par le gouvernement français pour les transports militaires.ARTICLE 7
L'ouverture des négociations pour le traité à paix définitif à conclure sur la base des présents préliminaires aura lieu à Bruxelles immédiatement après la ratification de ces derniers par l'Assemblée nationale et par S. M. l'empereur d'Allemagne.ARTICLE 8
Après la conclusion et la ratification du traité de paix définitif l'administration des départements devant encore rester occupés par les troupes allemandes sera remise aux autorités françaises, mais ces dernières seront tenues de se conformer aux ordres que le commandant des troupes allemandes croirait devoir donner dans l'intérêt de la sûreté, de l'entretien et de la distribution des troupes.
Dans les départements occupés, la perception des impôts, après la ratification du présent traité, s'opérera pour le compte du gouvernement français et par le moyen de ses employés.ARTICLE 9
Il est bien entendu que les présentes ne peuvent donner à l'autorité militaire allemande aucun droit sur les parties du territoire qu'elles n’occupent point actuellement.ARTICLE 10
Comte Otto von Bray-Steinburg (de) - Baron August von Wächter (de) - Mittnacht -Jolly. »
Les présentes seront immédiatement soumises à la ratification de l'Assemblée nationale française siégeant à Bordeaux et de Sa Majesté l'empereur d'Allemagne.
En foi de quoi les soussignés ont revêtu le présent traité préliminaire de leurs signatures et de leurs sceaux.
Fait à Versailles, le 26 février 1871
von Bismarck - A Thiers - Jules Favre
Les royaumes de Bavière et de Wurtemberg et le grand-duché de Bade ayant pris part à la guerre actuelle comme alliés de la Prusse et faisant partie maintenant de l'empire germanique, les sous-signés adhèrent à la présente convention au nom de leurs souverains respectifs.
Versailles, 26 février 1871.27 février
- Paris :
Les Gardes nationaux s'emparent de l'artillerie parquée dans les XVIe et XVIIe arrondissements.
Mars
1er mars
- Paris :
A 10 heures du matin, aux termes des stipulations arrêtées dans la convention d'armistice, des détachements de l'armée allemande entrent dans Paris, descendent l'avenue des Champs-Elysées, puis occupent l'espace expressément déterminé par la convention.
Les officiers et les soldats de ces détachements sont logés dans le Palais de l'Industrie, dans le cirque d'été, dans la rotonde du Panorama, et dans des maisons particulières du quartier des Champs-Élysées et du faubourg Saint-Honoré. Un cordon de nos troupes marque la limite dans laquelle les troupes allemandes sont tenues de se renfermer.
L'accès des points occupés par les troupes occupantes ne sont pas interdites, mais la population presque tout entière s'est imposé la loi de ne pas user de la liberté de circulation qui lui a été laissée.
Les fenêtres sont closes, les tentures noires sur posées sur les façades, les rues sont désertes. La Bourse n'a pas ouvert ses portes, sur les quais, sur les boulevards, dans les quartiers les plus reculés, les magasins et les boutiques également sont fermés. Paris a volontairement suspendu sa vie.
Dans la soirée le gouvernement reçoit, en provenance de Bordeaux, la dépêche relative à la ratification des préliminaires de la paix :
Pour la ratification 546 voix.
Contre la ratification 107 voix.
L'Assemblée nationale a ratifié les préliminaires de paix.
L'Assemblée confirme également la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie.
- Paris est calme
2 mars
- Paris - Yvelines :
A 6 heures du matin, Jules Favre, ministre des affaires étrangères part pour Versailles porteur de la dépêche annonçant le vote de l'Assemblée. Conformément au traité des préliminaires de paix, il a demandé l'évacuation immédiate de 1’intérieur de Paris et des forts de la rive gauche. - Paris :
La population de Paris s'est étonnée de voir un certain nombre de soldats allemands pénétrer dans les bâtiments du Louvre. Cette visite qui avait été stipulée dans la convention indiquait que les soldats allemands pourraient visiter deux seulement des monuments de Paris; le Louvre et l'Hôtel des Invalides, mais qu'ils ne pourraient le faire que par escouades sans armes, et sous la conduite d'officiers. Le général en chef a pris toutes les mesures nécessaires pour l'exécution de ces conditions, et la convention à cet égard a été strictement appliquée. L'émotion douloureuse de la population s'explique par les cruelles épreuves traversées, mais elle a cru, à tort, à une violation des conventions. Sur l'insistance du général Vinoy, les chefs de l'armée allemande ont même renoncé à visiter les Invalides.
Proclamation d'Ernest Picard aux habitants de Paris
Devant l'émoi suscité, le ministre de l'intérieur, Ernest Picard, adresse la proclamation suivante aux habitants de Paris :
Proclamation d'Ernest Picard aux habitants de Paris« L'armée allemande a évacué ce matin, à 11 heures, les quartiers où elle avait pénétré. Pendant son séjour, la tenue de Paris a été au dessus de tout éloge; partout, les lieux publics, les établissements industriels, les magasins des commerçants se sont fermés spontanément.
Le ministre de l'intérieur, Ernest Picard. »
Des cordons de ligne et de garde de nationale, soigneusement disposés, ont formé, entre les troupes allemandes et la population, des frontières provisoires qu'ils ont fait respecter.
Les occupants, laissés à eux memes, ont pu comprendre que si le droit succombe parfois devant la force, il n'est pas si facile de dompter les âmes, et que la torture de la guerre ne domine pas seule le monde.
Nous devons un juste tribut de reconnaissance aux habitants des arrondissements qui ont supporté la présence de l'étranger, ils ont racheté leurs concitoyens, préservé a cité de malheurs imminents et conservé Belfort à la France.
Les municipalités des 8e, 16e et 17e arrondissement ont fait leur devoir avec autant de zêle que d'abnégation. Paris n'aura jamais assez de respect pour ces magistrats dévoués qu'il trouve auprès de lui à toutes les heures de danger et de douleur.
Le gouvernement de la République les remercie comme, il comptera toujours sur eux comme il compte sur la population pour faire que Paris reste l'une des premières villes du monde.
Paris le 3 mars 1871.La défense de Paris
Au moment où le siége de Paris semble inéluctable, le gouvernement engage un immense effort de travaux de défense qui a fait, en quelques semaines, d'une ville jugée hors d'état de se défendre une place véritablement imprenable. Le génie militaire, l'artillerie, le ministère des travaux publics, auxiliaire du génie et de l'artillerie, y ont concourent[139] .
Le génie lors du siège de Paris
Après les désastres de l'armée du Rhin, l'immense enceinte de la capitale était non seulement dépourvue de tout armement, mais elle n'avait ni abris, ni magasins à poudre, ni traverses. Sa zone militaire était couverte de constructions innombrables, et 69 avenues dont quelques unes atteignaient jusqu'à 80 m de largeur, la traversaient de part en part. Quant aux forts, ils n'étaient pas non plus en état de défense, et les ouvrages extérieurs étaient, pour la plupart, effacés par le temps.
La nécessité de mettre Paris en état de défense n'était jamais apparue au précédent gouvernement, même après les premiers revers, qu'à une échéance plus ou moins lointaine. Aussi pour compléter la défense extérieure, les stratèges proposaient d'établir 4 forts permanents en maçonnerie à Gennevilliers, à Montretout, aux Hautes-Bruyères et à Châtillon. Mais à peine l'exécution avait elle commencé, qu il fallut, par suite de la rapidité des événements, y renoncer et substituer des redoutes enterré aux travaux maçonnés.
L'investissement de la place, au 18 septembre, ne permit d'achever que les redoutes des Hautes-Bruyères et du Moulin-Saquet.Dans les forts,il n'y avait ni abris, ni plates formes, ni magasins, ni casemates, ni embrasures, ni aucune des défenses aux abords des ouvrages. Dans les six forts occupés par la marine[140], les travaux d'armement et de terrassement ont été exécutés par les marins eux-mêmes.
11 000 ouvriers fermèrent les 69 portes, de l'enceinte de Paris, établirent des ponts levis, barrèrent les 4 canaux et placèrent des estacades dans la Seine.Les bois de Boulogne et de Vincennes étaient abattus en partie et 3 nouvelles batteries étaient créées à Saint-Ouen, à Montmartre et aux buttes Chaumont.
Sur les remparts et dans les forts le génie militaire construisit des traverses, des abris, 70 magasins voûtés destinés à recevoir les poudres et le matériel de la défense et installé 2 millions de sacs à terre pour couronner les parapets .La partie de l'enceinte correspondant au Point du Jour, totalement ouverte en août 1870, fut l'objet d'énormes travaux exécutés en avant dans le village de Billancourt avec 2 retranchements intérieurs devenant l'un des points les plus forts de la place en octobre.
« Ces travaux ont été complétés par l'exploration des nombreuses carrières qui se développent en tout sens sur notre front et que les dispositions les plus sages, appuyées de la surveillance la plus vigilante, mettent désormais à l'abri de toute tentative de l'ennemi, par la transformation des égouts en fourneaux de mines sous le sol de Boulogne, de Billancourt, de Neuilly, Clichy, etc., par la construction d'appareils électriques d'une grande puissance dans tous les forts, et d'un systeme d'observatoires militaires qui se complète de jour en jour, par la construction de barrages destinés à maintenir le niveau de l'eau dans la ville, à assurer en amont et en aval l'action des canonnières blindées de la marine et le fonctionnement de la pompe de Chaillot, enfin par l'occupation très solide des villages qui avoisinent l'enceinte. » [139]« De Vitry à Issy, d'une part, entre Saint-Denis et le canal de l'Ourcq, d'autre part, les maisons ont été crénelées, les rues barricadées; une ligne continue relie maintenant les redoutes de Gravelle et de la Faisanderie aux forts qui se succèdent jusqu'à Saint-Denis.
En avant de cette ligne, les villages de Noisy, Rosny, Nogent, ont été également retranchés. On travaille à une ligne nouvelle qui s'étendra de la Seine (au point correspondant à Port à l'Anglais) à la Marne, en passant par Maisons-Alfort. Plus de 80 000 travailleurs ont coopéré à cette oeuvre immense, qui représente des mouvements de terre incalculables.
En même temps que la place se renforçait, le rayon de la défense s'étendait de jour en jour.
Ainsi, tandis que le 19 septembre, après l'affaire de Châtillon, nous étions réduits à la ligne des forts, nous avons aujourd'hui reconquis sur l'ennemi, en avant de nos ouvrages, Vitry, Villejuif, Arcueil, Cachan, Issy (dont l’ennemi occupait le parc au 19 septembre et où nous avons aujourd'hui des défenses formidables), Suresnes, Puteaux, Courbevoie, désormais à l'abri de ses incursions, Asnières, repris depuis trois jours, Villetaneuse, une partie de Pierrefitte, Stains, La Courneuve, Fontenay-sous-Bois et Nogent-sur-Marne, où les assiégeants pénétraient à leur aise et que nous avons couverts de barricades. Enfin, nous possédons vers l'est une tête de pont à Joinville et à l'Ouest nous disposons dans sa totalité, de la presqu'île de Gennevilliers. »[139]L'artillerie lors du siège de Paris
D'après les règles établies en 1867, l'armement des forts et de l'enceinte devait se composer de 7 pièces par bastion. Au début de la guerre, le matériel de l'artillerie n'était, pour les forts que de 3 pièces par bastion, et il n'existait pas une seule pièce en batterie sur les remparts de l'enceinte. Il n'y avait pas non plus de bouches à feu de réserve de Paris, celles-ci ayant été envoyées à Metz et à Strasbourg. Jusqu'au 8 août, on se borne à y placer quelques canons, plutôt pour satisfaire l'opinion publique qu'en prévision d'un siège qui semblait impossible.
Avant le début du siège, les munitions ne représentaient que dix coups par pièce. Les boites à mitraille manquaient à peu près complètement. L'approvisionnement en poudre à canon n'était que de 540 000 kg. Le personnel de l’artillerie était composé d'une dizaine d'officiers qui étaient répartie sur l'étendue de l'enceinte. Dans quelques forts, le service de l'artillerie était représenté par un simple gardien de batterie. En octobre les officiers retraités ou démissionnaires sont rappelés à l'activité, des artilleurs de la garde mobile de la Seine, de Seine-et-Oise, de la Drôme, du Rhône, de la Loire-Inférieure et du Pas de Calais, sont mobilisés et des compagnies de canonniers auxiliaires recrutés parmi les anciens militaires sont créés. La marine fourni ses amiraux, ses officiers, ses artilleurs, en même temps que 7 000 marins. Le personnel de l'artillerie de la place arrive alors au chiffre de 13 000 officiers, sous-officiers et soldats.
A la mi-octobre, l'artillerie dispose, sur l'enceinte ou dans les forts, de 2 140 bouches à feu. De 10 coups par pièce, l'approvisionnernent a été porté à 400 coups, et jusqu'à 500 pour les canons des forts. Le service de l'artillerie qui s'occupait de la fabrication des cartouches d'infanterie, a porté de 390 cartouches par homme à 2 millions de cartouches par semaine.
Tous les forts de la rive droite, à l'exception d'Aubervilliers, de Vincennes et de Nogent, ont reçu des canons d'un puissant calibre. Le Mont Valérien, Charenton, Gravelle, la Faisanderie, la Double Couronne, ainsi que divers points saillants de l'enceinte en ont reçu une bonne quantité. Ces puisantes pièces ont servi à former les batteries des buttes Chaumont et des buttes Montmartre, qui battent tout le terrain de Gennevilliers à Romainville, ainsi que les importantes batteries du parc de Saint-Ouen qui protégent le fort de la Briche et qui portent leurs projectiles jusqu'au versant qui domine la Seine à droite d'Argenteuil. L'armement des forts de la rive gauche et de l'enceinte qui les avoisine a été fortifié de la même manière, de façon à protéger le Point du Jour, la vallée de la Seine en amont, le confluent de la Marne et l'entrée dans Paris du chemin de fer d'Orléans.L'artillerie de la défense de Paris a, par l'usage des pièces à longue portée, obligé l'ennemi à reporter au loin le rayon d'investissement.
Le ministère des travaux publics lors du siège de Paris
La commission du génie civil veille à l'exécution des commandes de matériel et des munitions, émanées du ministère des travaux publics, et dont voici les principales :
- 102 mitrailleuses de divers modèles, commandées dans dix établissements différents.
- 115 mitrailleuses des systèmes Gatling et Christophe[141].
- 312 000 cartouches pour mitrailleuses.
- 50 mortiers et leurs accessoires, avec 50 affûts.
- 400 affûts de siège.
- 500 000 obus de différents calibres, commandés aux différentes fonderies de Paris qui les livraient tous les jours.
- 5 000 bombes.
- Plusieurs grosses pièces de marine à longue portée.
- 300 canons de 7 centimètres, rayés, se chargeant par la culasse, portant à 8 000 m.
On doit encore à la commission du génie civil l'organisation d'un service spécial d'inspection des secours à prendre contre l'incendie, et, dans le voisinage des musées et des établissements publics, l'établissement des appareils permettant de dominer, à l'origine, tous les sinistres.
Du 5 septembre jusqu'au 12 octobre, ont été distribués par les soins du ministère de l'intérieur :- Pour la garde nationale mobile 563 736 objets.
- Pour la garde nationale sédentaire 55 850 objets
- Pour différents services 17 885 objets
- Formant un total de :637 471 objets
Pendant cette période de temps, l'administration de la guerre, de son côté, délivrait directement aux gardes mobiles un grand nombre d'effets d'habillement et d'équipement, et tous les objets de campement, tels que demi couvertures, tentes, ustensiles, etc...
Les troupes de défense
En septembre 1870, enfermés dans les murs de Paris, il y avait [142]:
- 80 000 hommes de troupes de ligne. On ne pouvait en compter, comme de réel soldats, qu'un tiers ou un quart. Les 35e et 42e régiments d'infanterie de ligne qui étaient les seules unités à être de formation antérieure à la guerre.
- 100 000 mobiles venus de 25 départements de la province entre 4 au 17 septembre 1870.
- 15 000 mobiles de la Seine
- 300 000 gardes nationaux non exercés, qui avaient été arrachés de leurs travaux, de leurs occupations, de leurs boutiques, de leurs ateliers... Parmi ces 300 000 gardes nationaux il y avait selon le général Trochu environ 30 000 repris de justice. Les gardes nationaux touchaient quotidiennement 1,50 francs pour lui et 75 centimes pour sa femme.
Le 6 novembre 1870, l'armée est recomposée en 3 armées chargées de la défense de Paris
Liens externes
- 1870-1871, chronologie de la guerre franco-allemande à Vitry-sur-Seine et aux alentours.
- La guerre franco-prussienne de 1870-1871 sur antan.unblog.fr
- [1]
Notes et références
- Source : Rapports militaires officiels du Siège de Paris de 1870-1871 puisés dans le Journal officiel de la République.
- C'est bien ce nom qui est écrit mais qui est introuvable
- Clamart Petit-Bicêtre, qui est l'ancien nom de Petit-Clamart, était un petit village dépendant et situé sur le haut de la commune de
- Meudon qui sera démolie après 1960 lors de la construction de Meudon-la-Forêt La ferme de Trivaux également appelée ferme du Petit Trivaux était était une ferme située sur la commune de
- Plessis-Piquet qui était également située sur la commune de Meudon La Pointe de Trivaux était une ferme située au Sud du bois de Meudon et à l'Ouest du
- XVIIe siècle. Situé dans le hameau de Fleury sur la commune de Clamart, cette batisse très imposante est aménagée en redoute pour contrecarrer les attaques prussiennes durant le siège. De nombreux combats auront lieu autour de ce point que les troupes allemandes finiront par prendre. Lors de la Commune cette redoute occupée par les communards est prise fin avril 1871 par les versaillais. Après tout ces combats le moulin qui était devenu une ruine, fut démoli. Une rue de Clamart porte son nom. L'ouvrage du Moulin de Pierre, était à l'origine un moulin à grain construit en pierre au
- Gravure du moulin de pierre (Clamart) Fleury en 1871
- Jules Favre et le comte de Bismarck : entrevue de Ferrières : documents officiels / publ. par Georges d'Heylli sur Gallica
- Ballon N° 1 : « L'Union »
- Blocus de Paris - Opérations militaires de la 2e armée de Paris 1872
- La Porte Jaune située à Saint-Cloud
- sur 4, 2 seront tués, 1 sera blessé et exécuté
- Il parvient toutefois à s'enfuir
- Gare de Mantes-la-Jolie et gare de Mantes-Station
- Ballon N° 2 : « Le Neptune »
- Piquet de cavalerie ou d'infanterie : Groupe de cavaliers ou de soldats qui devaient être prêts à partir au premier signal. Les chevaux étaient au piquet, prêts à être détachés.
- Les Éclaireurs de la Seine peinture de James Tissot
- pont de Bezons et le pont d'Épinay Entre le
- Ballon N° 3 : « La Città di Firenze (La Ville de Florence) »
- http://www.parisenimages.fr/fr/popup-photo.html?photo=524-7 Usine à gaz de La Villette
- Ballon N° 4 : « Les Etats-Unis »
- Créteil La ferme des Mèches était située dans le hameau des Mèches situé sur le territoire de
- (de) En allemand : Infanterie-Regiment Prinz Louis Ferdinand von Preußen (2. Magdeburgisches) Nr. 27 créé en 1815. Voir le lien Liste des régiments d'infanterie de l'armée prussienne
- En effet l'un des Franc-tireur était un ancien magistrat septuagénaire
- Les tués de 1870-1871
- Usine à gaz de Vaugirard
- Ballon N° 5 : « Le Céleste »
- Ballon N° 6 : « Ballon non dénommé No 1 »
- Le pont de la poudrette à Gargan en 1910
- La grand-garde où les grand-gardes étaient les avant-postes
- Ballon N° 7 : « L'Armand-Barbès »
- Ballon N° 8 : « Le George-Sand »
- Ballon N° 9 : « Ballon non dénommé No 2 ou le Piper No 1 »
- 1 livre = 500 grammes
- redoute de la Boissière, redoute de Montreuil et redoute de Noisy-le-Sec
- Ballon N° 10 : « Le Washington »
- Ballon N° 11 : « Le Louis-Blanc »
- Également appelé Christophe-Colomb ou Guillaume Tell
- Ballon N° 12 : « Le Godefroy-Cavaignac »
- Ballon N° 13 : « Le Christophe-Colomb / Le Jean-Bart No 1/Le Guillaume Tell »
- Henri Marie Auguste Berthaut
- Passy, Auteuil et le Parc de Neuilly qui va de la porte Dauphine à la porte Billancourt Le 6e secteur correspond à
- Ballon N° 14 : « Le Jules-Favre No 1 »
- Ballon N° 15 : « Le Jean-Bart No 2 »
- Ballon N° 16 : « La Liberté »
- Ballon N° 17 : « Le Victor-Hugo »
- Villemomble Le chateau de Launay est à
- Neuilly-sur-Marne La Maison-Blanche est à
- Ballon N° 18 : « La République Universelle/Le Lafayette / »
- Les châteaux d’hier et d’aujourd’hui en Seine-Saint-Denis
- Ballon N° 19 : « Le Garibaldi »
- L‘exploit de Joseph Marie Le Bouédec
- Ballon N° 20 : « Le Montgolfier »
- Atterrissage du ballon « Le Montgolfier », le 25 octobre 1870
- Ou Frédéric Reitlinger Allemand chargé de mission diplomatique auprès de l'Angleterre et de l'Autriche.
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- Ballon N° 21 : « Le Vauban »
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- Ballon N° 22 : « La Normandie / La Bretagne »
- Récit du voyage du Ballon N° 22 : « La Normandie / La Bretagne »
- La reddition ayant eu lieu la veille on peut s'interroger sur la raison du démenti
- L'Église Saint-Nicolas est située 119 avenue de la Division-Leclerc à Le Bourget
- Photo de l'Église Saint-Nicolas, Le Bourget
- Ballon N° 23 : Le Colonel-Charras
- de Bellemare qui considère donc la perte du Bourget comme insignifiante! Le rapport est signé par le général
- Ballon N° 24 : « Le Fulton »
- Ballon N° 25 : « Le Ferdinand-Flocon »
- Ballon N° 26 : « Le Galilée »
- Ballon N° 27 : « La Ville-de-Châteaudun »
- Ballon N° 28 : « Ballon non dénommé No 3 ou le Piper No 2 »
- Journal officiel du 7 novembre 1870 Tel que publié dans le
- Ballon N° 29 : « La Gironde »
- capitaine de Néverlée mourut à la bataille de Champignyle 3 décembre 1870 Le
- Les Héros de 1870 - Le capitaine de Néverlée
- Ballon N° 30 : « Le Daguerre »
- Ballon N° 31 : « Le Niepce »
- Ballon N° 32 : « Le Général-Uhrich »
- Ballon N° 33 : « L'Archimède »
- Ballon N° 34 : « L'Egalité »
- Ballon N° 35 : « La Ville-d'Orléans »
- Ballon N° 36 : « Le Jacquard »
- La Gazette des Absents : abattage d'un éléphant du Jardin des plantes durant le siège de Paris
- Les dates indiquée dans La Gazette des Absents (29 et 30 décembre) semblent erronées puisqu'il semble que ses animaux seront consommés le 25 décembre puis le 31 décembre! Affaire à suivre.
- 1 Franc de l'époque vaut environ 4€ de 2005
- Ballon N° 37 : « Le Jules-Favre No 2 »
- Champigny-sur-Marne qui est désormais un quartier Coeuilly était un village dépendant de
- Ballon N° 38 : « La Bataille-de-Paris »
- Le général Renault fut amputé de la jambe le 2 décembre et décéda le le 6 décembre des suites de sa blessure
- REVOLUTIONARY DOCUMENTS and WAR OF 1870 Guerre de 1870-71, Mort du général Renault, médaille étain
- Ballon N° 39 : « Le Volta »
- Ballon N° 40 : « Le Franklin »
- Ballon N° 41 : « Le Denis-Papin »
- Ballon N° 42 : « L'Armée-de-Bretagne »
- La ferme de La Fouilleuse
- Ballon N° 43 : « Le Général-Renault »
- Ballon N° 44 : « La Ville-de-Paris »
- Ballon N° 45 : « Le Parmentier »
- Ballon N° 46 : « Le Gutenberg »
- Ballon N° 47 : « Le Davy »
- Ballon N° 48 : « Le Général-Chanzy »
- Épinay-sur-Seine à la limite du lac d'Enghien Le Cygne d'Enghien est un quartier d'
- Ballon N° 49 : « Le Lavoisier »
- Ballon N° 50 : « La Délivrance »
- Ballon N° 51 : « Le Rouget-de-L'Isle »
- (de) (n°108). En 1870, l'armée saxonne avait 8 régiments de ligne numérotés de 100 à 107, 2 bataillons de chasseurs (jägers) (n°12 et 13) et 1 régiment de 3.Schützen
- Ballon N° 52 : « Le Tourville »
- Les documents ne sont pas plus explicites
- Ballon N° 53 : « Le Bayard »
- Les renseignements concernant l'atterrissage étant contradictoire, il convient de se porter à l'image de l'article ballons sortis pendant le Siège de Paris
- Ballon N° 54 : « L'Armée-de-La-Loire »
- Célèbre aussi pour avoir inventé le « plat du jour » et le homard à l’américaine
- La Folie est un ancien moulin situé à Bobigny
- Ballon N° 55 : « Le Merlin-de-Douai »
- Ballon N° 56 : « Le Newton »
- Grenelle, Vaugirard, Issy, et Vanves qui va de la porte du Bas-Meudon au passage du chemin de fer de Montparnasse Le 7e secteur correspond à
- Ballon N° 57 : « Le Duquesne »
- Ivry, les Gobelins qui va de la poterne des Peupliers et au passage de la Bièvre à la porte de la Gare et la Seine Le 9e secteur correspond à
- Ballon N° 58 : « Le Gambetta »
- Plaisance, Montrouge et le Montparnasse, Gentilly qui va de la porte de Vanves à la porte de Gentilly Le 8e secteur correspond à
- Ballon N° 59 : « Le Kepler »
- Ballon N° 60 : « Le Monge »
- Ballon N° 61 : « Le Général-Faidherbe »
- Le Bourget - La suifferie
- Ballon N° 62 : « Le Vaucanson »
- Ballon N° 63 : « Le Steenackers »
- Fernand Hazan : Dictionnaire de la Commune
- Ballon N° 64 : « La Poste-de-Paris »
- Ballon N° 65 : « Le Général-Bourbaki »
- Redoute de Breteuil également appelée redoute du parc de Saint-Cloud
- Ballon N° 66 : « Le Général-Daumesnil »
- Ballon N° 67 : « Le Torricelli »
- Ballon N° 68 : « Le Richard-Wallace »
- Journal officiel de la République
- 5 janvier Pour le détail se reporter au tableau inclus face au
- Ballon N° 69 : « Le Général-Cambronne »
- L'usine Cail de Grenelle vers 1870
- cinq milliards de francs de l'époque. C'était une somme colossale
- Ce qui suit est extrait du Journal officiel de la République en date du 16 octobre 1870
- Romainville, Noisy, Rosny, Ivry, Bicêtre et Montrouge les 6 forts occupés par la marine sont
- Essais comparatifs du canon à balles de Reffye avec les mitrailleurs Gattling et Christophe & Montigny
- Université d'Oxford traduit par Félix Sangnier 1888 A Paris pendant de siège par un anglais, membre de l'
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