- Bassin d'Arcachon
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Le bassin d'Arcachon (Laca d'Arcaishon en gascon) est une lagune mésotidale[1] située dans les Landes de Gascogne, en Gironde, entre les villes de La Teste-de-Buch au sud, Lège-Cap-Ferret à l'ouest et le delta de Leyre à l'est. La côte d'Argent, qui s'étend de l'estuaire de la Gironde au fleuve Adour, est constituée par un cordon dunaire de 250 km, interrompu uniquement par le bassin d'Arcachon. À la différence des grands lacs landais, il est largement ouvert sur l'océan Atlantique par l'intermédiaire des passes du bassin d'Arcachon et constitue une petite mer intérieure de 155 km² à marée haute et de 40 km² à marée basse. On y pratique l'ostréiculture, la pêche et la navigation de plaisance.
Sommaire
Présentation
Le bassin d'Arcachon fait partie du Pays de Buch, il est situé au cœur des Landes de Gascogne, à mi-chemin entre la pointe de Grave et Capbreton. Le bassin est de forme triangulaire, délimité par plus de 80 km de côtes plates ou dunaires boisées. À la différence des grands lacs landais (Hourtin, Lacanau, Cazaux, Parentis) il est largement ouvert sur le golfe de Gascogne et la marée fait pénétrer et sortir deux fois par jour des masses d'eau considérables. Le bassin est partiellement isolé de l'océan par un cordon dunaire comprenant notamment le Cap Ferret, la dune du Pilat et le banc d'Arguin (classé réserve naturelle). L'ouverture sur l'océan Atlantique se fait par un accès unique, les « passes », un ensemble de chenaux d'environ trois kilomètres de large permettant la circulation de l'eau entre le bassin et l'océan. Des bancs de sable mobiles charriés par les courants marins en modifient sans cesse le tracé. La force des courants de flux et de reflux rendent délicats les franchissements de ces passes, surtout aux marées de grands coefficients.
Ces passes, donc, et les bancs de sable évoluent au cours du temps particulièrement lors de fortes tempêtes mais aussi plus simplement et inexorablement sous l'effet des marées (environ 370 millions de mètres cubes d'eau sont échangés entre le bassin et l'océan chaque jour, à une vitesse moyenne d'environ 2 m/s, emportant le sable se trouvant sur les bords des passes) et du courant marin (longeant le littoral du nord vers le sud, il charrie environ 600 000 mètres cubes de sable par an). Ces facteurs rendent les passes particulièrement dangereuses pour la navigation ; des accidents mortels de marins expérimentés sont régulièrement constatés. La localisation et la structure des passes suivent une évolution cyclique dont la période est d'environ 80 ans : les passes sont en fait deux chenaux grosso modo parallèles (la Passe sud et la Passe nord) dont le tracé se déplace en direction du sud-est (du Cap-Ferret vers la dune du Pilat). Quand la passe la plus au sud atteint la plage au pied de la dune, elle se rétrécit puis « disparait » alors qu'une nouvelle passe se forme vers le nord, du côté du Cap, transformant ainsi l'ancienne « Passe nord » en une nouvelle « Passe sud ». Le balisage (bouées de navigation) est sans cesse corrigé et les cartes marines nécessitent une mise à jour permanente.
Au centre du bassin se trouve « l'île aux oiseaux » et ses cabanes tchanquées.
Hydrographie
En plus de recevoir - à La Hume - de l'eau en provenance du lac de Cazaux (via le canal de Cazaux) et - à Lège - celle venant du lac de Lacanau (via le canal des Étangs) et sur tout son pourtour des eaux de ruissellement via plusieurs ruisseaux ou quelques crastes, le Bassin est aussi alimenté en eau douce par l'Eyre. Ce petit fleuve côtier de 80 km de long, issu de la forêt des landes, est à l'origine de la formation du bassin d'Arcachon. En apportant un flux continu d'eau, il contribue à empêcher l'obstruction des passes par les sables venus de l'océan.
Climat
Le bassin d'Arcachon jouit d'un climat doux avec un ensoleillement important tout au long de l'année (2100 heures en moyenne sur le bassin). Les hivers y sont pluvieux mais rarement rigoureux. Il neige toutefois une ou deux fois par an en général. En revanche, les tempêtes d'automne et d'hiver soufflent souvent avec force sur le bassin, rendant les passes impraticables. On a relevé plus de 170 km/h lors du passage des tempêtes Klaus en 2009 et Martin en 1999.
Les étés y sont secs et chauds, mais rarement caniculaires. La brise thermique se lève en effet souvent l'après-midi, les épisodes de fortes chaleurs ayant du mal à persister dans la durée. De violents orages venus du golfe de Gascogne touchent épisodiquement le bassin (Juin 1987, Juillet 2003, Septembre 2004), occasionnant parfois d'importants dégâts.
Les températures maximales moyennes varient de 11°-12° en hiver à 25°-26° l'été. La température de la mer dans le bassin est de 13°-14° alors qu'elle est en moyenne de 10°-11° à l'océan en hiver. En été, le bassin se réchauffe pour atteindre jusqu'à 22°-23° alors qu'elle atteint 19°-20°-21° sur l'Atlantique.
La pluviométrie moyenne varie de 800 mm au Cap-Ferret à près de 1000 mm à Cazaux.
Relevés Cazaux Mois Jan Fév Mar Avr Mai Jun Jul Aoû Sep Oct Nov Déc Temp. max. moy. (°C) 10,7 12,3 14,6 16,3 20,1 22,7 25,6 26 23,7 19,3 14,1 11,5 Temp. min. moy. (°C) 2,3 2,9 4 6,2 9,9 12,7 14,7 14,6 11,8 9,1 5 3,4 Moyenne (°C) 6,4 7,6 9,5 11,3 15,1 17,8 20,1 20,4 17,9 14,2 9,6 7,4 Précipitations moy. (mm) 99 84 71 82 73 64 51 58 92 99 108 105 Source : Météo France Histoire
Article détaillé : Histoire du bassin d'Arcachon.L'histoire du bassin d'Arcachon est pour une bonne partie celle du Pays de Buch. Les premières traces de peuplement se situent aux environs du VIIIe siècle av. J.-C.. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, pêcheurs, résiners et bergers rythment la vie économique locale. Dès 1823, on vient chez Legallais, l'un des premiers hôteliers d'Arcachon, pour fortifier sa santé en prenant des bains de mers. Le développement du tourisme coïncide avec l'arrivée du chemin de fer en 1841. L'ostréiculture moderne se développe à partir des années 1860. Jusqu'en 1950, des cures d'air sont préconisées dans la Ville d'hiver d'Arcachon pour combattre la tuberculose. De nos jours, le bassin d'Arcachon constitue un des sites touristiques les plus visités d'Aquitaine.
Activités
L'économie du bassin est principalement tournée vers l'ostréiculture et le tourisme. On y pratique notamment la pêche et des sports nautiques. On peut par ailleurs y observer de nombreuses espèces d'oiseaux.
L'ostréiculture
Article détaillé : Ostréiculture arcachonnaise.L'ostréiculture s'est développée au XIXe siècle avec la mise au point de la collecte de naissain sur tuile chaulée. Initialement, la gravette, l'huître plate d'Arcachon Ostrea edulis, était la variété commune du bassin. En 1920, cette espèce a été décimée puis rapidement remplacée par l'huître « portugaise » Crassostrea angulata qui eut à son tour à pâtir d'une fatale épizootie en 1970. Ce fut alors une période fort difficile pour l'ostréiculture locale. Une tentative d'implantation d'une huître « japonaise » Crassostrea gigas réussit fort heureusement, donnant des résultats plus que satisfaisants. Le bassin d'Arcachon produit environ 18 000 t par an sur près de 1 800 ha. Le naissain collecté sur place alimente de nombreuses régions productrices.
Le bassin d'Arcachon est le plus grand centre naisseur ostréicole européen. La majorité des huîtres élevées en France sont issues du bassin. La douceur et la qualité de ses eaux, la richesse de ses fonds et la clémence du climat offrent en effet des conditions idéales pour la reproduction des huîtres creuses. Chaque année, plus de 3 milliards de jeunes huîtres sont expédiées vers les parcs ostréicoles de Bretagne, de Normandie, de Charente et de Méditerranée.
Cependant, le Bassin d’Arcachon souffre depuis déjà quelques années d’une pollution de ses eaux sans cesse croissante. Cette pollution est essentiellement alimentée par les effluents rejetés par l’usine Smurfit Kappa de Facture-Biganos, le wharf du SIBA et la décharge d’Audenge, qui contribuent à la fragilisation de l’écosystème et de la culture d’huîtres. Les mollusques sont régulièrement interdits de consommation par arrêté préfectoral, après différents tests effectués par l’IFREMER. Les ostréiculteurs contestent la fiabilité de ce test, dit de la souris, et attendent la mise en application d’une nouvelle génération de tests, moins contraignants. Mais cette évolution ne serait-elle pas l’arbre qui cache la forêt ? A cause des industriels, de l’indifférence des élus locaux, qui refusent obstinément de signer le plan Natura 2000 et de la plaisance qui explose, le Bassin d’Arcachon n’en finit plus de sombrer, victime d’une pollution sans cesse plus importante.
Sur le bassin d'Arcachon, quatre crus existent correspondant à leurs situations géographiques d'élevage dans le bassin, contrastées entre le nord et le sud. Cette situation influe sur le goût des huîtres qui est un coquillage, un mollusque, dont la nourriture (plancton) est directement prélevée dans son milieu naturel :
- les huîtres du banc d'Arguin ont une saveur sucrée, lactée et marine.
- les huîtres de l'île aux Oiseaux offrent un caractère puissant avec des arômes végétaux et minéraux.
- les huîtres du Cap-Ferret ont des arômes délicats de légumes frais et d'agrumes.
- les huîtres du Grand Banc ont des saveurs de fruits blancs et de noisettes grillées.
La pisciculture
La pisciculture est pratiquée à Audenge et au Teich dans des réservoirs isolés par des digues.
Le tourisme
Patrimoine
- La forêt des Landes englobe le bassin d'Arcachon.
- Le gemmage y fut pratiqué pendant plus de 2000 ans.
- Les cabanes tchanquées sont des constructions sur pilotis implantées au milieu du bassin d'Arcachon sur l'île aux oiseaux. Elles servaient à l'origine à la surveillance des parcs à huîtres.
- Le phare du Cap-Ferret est point d'observation haut de 53 mètres d'où l'on peut admirer le bassin, l'océan et la forêt landaise.
- La Ville d'hiver à Arcachon est un quartier situé sur les hauteurs de la ville. De nombreuses villas d'influence basque, mauresque ou anglochinoise y sont visibles. Les demeures de la Ville d'hiver sont classées site pittoresque.
- Les ports ostréicoles entourent le bassin et sont typiques de la région.
- Les pinasses du bassin sont des embarcations typiques du bassin d'Arcachon[2].
Le bassin d’Arcachon et les écrivains
Le jeune Jean-Paul Sartre venait passer ses vacances chez ses grands-parents et y séjourna en 1914 où il fut inscrit à l'école communale où, dit Sartre dans Les Mots, l'instituteur le prenait à côté de lui pour « le tenir à l'écart du vulgaire. » D'autres suivirent et vinrent y passer leurs vacances, comme François Mauriac en voisin, Roland Dorgelès ou Pierre Benoit pour bénéficier de la brise qui rafraîchit l'air. Le jurassien Marcel Aymé séjourna à la villa Takis du Cap-Ferret pendant un an, d'août 1939 à août 1940. Il fit ensuite construire la villa Pouquette dans la presqu'île et Jean Anouilh procéda de la même façon puisque après avoir loué la villa Takis, il fit construire la villa Les Pêcheurs près de l'église.
Marcel Aymé, qui s'y réfugie en 1940 pendant la Débâcle, est inquiet et écrit à sa fille Camille : « Vu la cherté de la vie, nous envisageons de quitter Le Ferret mais pas dans l'immédiat... »[3]
Des Piquet à D'Annunzio
En 1932, les époux Maurice et Jeanne Piquet firent édifier au Pyla une magnifique villa nommée Totsy. Simone, la fille de Jeanne y vint souvent avec son mari l'écrivain André Maurois. Grâce au train, Arcachon devint à la Belle Époque une station balnéaire à la mode et les frères Peraire y firent bâtir des villas sur le front de mer, des hôtels et le casino. Ils aménagèrent ensuite le quartier de la Ville d'hiver à l'abri du vent. Le dramaturge italien Gabriele d'Annunzio séjourna pendant six ans de 1910 à 1916 à la villa Saint-Dominique au Moulleau, hameau situé près de la dune du Pyla, sous un nom d'emprunt car il était poursuivit par ses créanciers. Il trouve aux maisons un air de « Riviera ligurienne et celui du lac des Quatre-Cantons. »[4]
Il y écrivit en particulier la nouvelle La Leda senza Cigno (La Léda sans cygne) ayant pour cadre Arcachon et ses alentours et, en français, un drame, Le Martyre de Saint-Sébastien, que Claude Debussy mettra en musique et qui fut représenté à Paris en mai 1911.
Les Hérédia
Le poète parnassien José Maria de Hérédia vint aussi se fixer à Arcachon en 1913 avec sa fille Louise, la femme de l'écrivain Pierre Louÿs. Divorcée, elle acheta avec son nouvel époux une villa qu'ils baptisèrent La Symphonie. Par contre leur beau-frère marié à Marie, la sœur de Louise, le poète Henri de Régnier goûtait peu l'endroit et y vint rarement. Marie aimait beaucoup Arcachon, d'autant plus qu'elle succomba au charme de d'Annunzio. Elle écrivit sous un pseudonyme le roman Le Séducteur et, quand sa sœur Louise mourut en 1930, c'est elle qui hérita de la maison.
Jean Cocteau et ses amis
Jean Cocteau s'installa sur l'autre rive du Bassin, dans le village ostréicole du Grand-Piquey d'août à octobre 1917. Il fut charmé par le calme et la simplicité des lieux. « On ne rencontre personne, écrit-il dans ses Mémoires, sauf un ou deux pêcheurs et le soleil chauffe la belle dune... » Il en profite pour se baigner, se dorer au soleil, chasser et pêcher. Il rejoignit à l'hôtel Chantecler son ami le peintre cubiste bordelais André Lhote où ils retrouvèrent le compositeur Georges Auric, l'écrivain Raymond Radiguet et le couple Jean et Valentine Hugo. Sur une photographie qui nous est parvenue, on reconnaît, « en villégiature au Piquey », Georges Auric, Jean Cocteau et Jean Hugo et au second plan Raymond Radiguet, François de Gouy et Russell Greeley.
Il écrit ce mot à sa mère : « De midi à 4 heures, le soleil était si intense qu'on se brûlait les pieds sur le balcon. Je découvre en t'écrivant un nid d'hirondelles juste au-dessus de ma table. »[5].
Jean Cocteau revint souvent au Piquey de 1918 à 1923 avec son ami Raymond Radiguet qui y écrit une partie de son roman Le Diable au corps et revint y terminer en 1923 Le Bal du comte d'Orgel. De son côté Jean Cocteau composa un drame, Le Baron Lazare, le livret de Paul et Virginie avec Radiguet et travaillait comme il l'écrit lui-même à un « bilan de l'esprit poétique actuel. » Mais Radiguet mourut d'une fièvre typhoïde contractée sans doute ici et Cocteau ne reviendra sur le bassin d'Arcachon que bien plus tard, dans les années 1937-39, avec son nouvel ami Jean Marais. Il en profitera pour écrire La Fin du Potomak et commencer La Machine à écrire.
Localités
Les stations balnéaires bordant le bassin sont :
Les autres villes sont :
Annexes
Un timbre postal, d'une valeur de 0,30 franc, représentant le bassin a été émis le 7 octobre 1961 avec une oblitération Premier jour à Arcachon[6].
Voir aussi
- Pays de Buch
- Ostréiculture arcachonnaise
- Passes du bassin d'Arcachon
- Médias : Radio Côte d'Argent (90,4FM), La Dépêche du Bassin
- Le delta de l'Eyre, réserve d'ornithologie (parc ornithologique du Teich)
- Réserve naturelle du banc d'Arguin
- Cabanes tchanquées
- Dune du Pilat
- Landes de Gascogne
- Territoires et Pays des Landes de Gascogne
Notes et références
- Caractérisation des composantes hydrodynamiques d'une lagune mésotidale, le Bassin d'Arcachon (Archimer, archive institutionnelle de l'Ifremer)
- Pinasse du Bassin d' Arcachon
- Marcel Aymé, Lettres d'une vie, 12 juin 1940.
- La Léda sans cygne.
- Carte postale envoyée à sa mère représentant le Piquey, l'hôtel Chantecler et la plage
- Le timbre
Sources
- Histoire de l'ostréiculture dans le Bassin d'Arcachon (Ifremer)
- Schéma de mise en valeur du Bassin d'Arcachon (2004)
- Etude géomer sur la fréquentation nautique du Bassin d'Arcachon (2010)
Liens externes
- Site officiel du tourisme sur le Bassin d'Arcachon
- Portail d'informations régionales
- Site lié au Conseil régional d'Aquitaine : géographie, géologie, nature
- La création humaine d'un littoral attractif : l'exemple du bassin d'Arcachon, site de l'Académie de Reims
- Journal d'informations du Bassin d' Arcachon
- Photos du Bassin d'Arcachon
- Paysages divers et variés du Bassin d'Arcachon
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