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Étretat
Étretat Administration Pays France Région Haute-Normandie Département Seine-Maritime Arrondissement Havre Canton Criquetot-l'Esneval Code Insee abr. 76254 Code postal 76790 Maire
Mandat en coursFranck Cottard
2008-2014Site internet http://www.etretat.net Démographie Population 1 615 hab. (1999) Densité 397 hab./km² Géographie Coordonnées Altitudes mini. 0 m — maxi. 102 m Superficie 4,07 km² Étretat est une commune du département de la Seine-Maritime, dans la région Haute-Normandie, en France.
Naguère modeste village de pêcheurs, Étretat est aujourd'hui une station balnéaire de renom. Elle se trouve au nord du Havre en Normandie, sur le littoral de la Manche en pays de Caux. L'aspect extraordinaire et monumental de ses falaises de craie blanche presque immaculée et ses plages de galets grisâtres en ont fait un des lieux incontournables du tourisme international. Des peintres comme Gustave Courbet, Eugène Boudin ou Claude Monet ont beaucoup contribué à sa publicité, en en immortalisant la spécificité. Des écrivains comme Gustave Flaubert et Guy de Maupassant ont été des fidèles du lieu tandis que Maurice Leblanc, dans une aventure d'Arsène Lupin intitulée L'Aiguille creuse, va contribuer au mythe entourant le site.
Le site des falaises d'Étretat ont obtenu son classement dans le programme des Opérations Grands Sites (OGS), piloté par le ministère de l'écologie et du développement durable[1].
Géographie et géologie
Les falaises d'Étretat sont constituées de calcaire du crétacé, c'est à dire de la craie, et non pas du Jurassique comme celles du Calvados qui est un calcaire oolithique de teinte plus jaune. On y distingue des strates régulières de silex, ce qui explique la présence de galets sur la plage. En effet, suite à l'effondrement de pans de falaise, le calcaire et le silex se trouvent au contact de l'eau de mer qui dissout le calcaire et l'action des vagues polit le silex pour en faire des galets. À noter également l'absence de grès au contraire du nord du département de Seine-Maritime, aux environs de Dieppe, où la côte est moins élevée. Plus au nord, vers le Tréport, aux confins de la Normandie et de la Picardie, se trouvent les plus hautes falaises de calcaire qui peuvent atteindre 110 m (90 m à Étretat). Au pied des falaises, on constate la présence d'éboulis qui proviennent de la chute de pans entiers de roche calcaire. En effet, l'eau de pluie s'infiltre dans la calcaire poreux et mine la roche, l'action du gel pouvant s'ajouter à ce phénomène destructeur. Comparativement, bien que sa responsabilité soit également établie dans le processus de destruction des falaises en en érodant la base, l'action de la mer est moindre.
L'existence de trois arches successives: la porte d'Amont, la porte d'Aval et la Manneporte n'est pas liée à l'origine à l'érosion marine, mais à l'action d'une rivière côtière parallèle à la plage qui a creusé son lit dans la falaise avant le recul de celle-ci, matérialisé par l'« aiguille » d'un calcaire plus dur qui a empêché sa dissolution définitive, d'où cette extraordinaire création de la nature. Ensuite, la mer a élargi les arches, donnant au site l'aspect qu'on lui connait aujourd'hui.
Histoire
D'après des découvertes archéologiques, l'occupation humaine du site remonterait à l'Antiquité. Cependant, on ignore tout des détails de la vie et du rôle tenu historiquement par le village, et même son nom ancien. L'activité a toujours dû être liée à la pêche, avant le développement du village en tant que station balnéaire au XIXe siècle et la disparition des pêcheurs à la fin du XXe siècle.
Une vieille légende attribue la fondation du village à des vikings, qui surgissant de leur esnèque (drakkar), auraient tenté d'abuser d'une Dame Olive, une sainte femme fort riche, qui avait coutume de se baigner ou de laver son linge dans la fontaine au pied d'un rocher. Le nom de « Fontaine Olive » a subsisté pour désigner sur la plage, une source devenue sous-marine par le recul du littoral et matérialisée par une enceinte carrée d'époque antique.
Héraldique
Étretat - De sinople aux deux clefs d'argent passées en sautoir, au chef cousu d'azur chargé de trois coquilles d'or.
Les origines
Agglomération secondaire dans l'Antiquité, Étretat était reliée à Jvliobona ou Iuliobona (Lillebonne) par une voie romaine. Plusieurs traces de ce passé gallo-romain ont été mises au jour : un aqueduc de trois kilomètres détruit dans la première moitié du XIXe siècle, des monnaies, des vases, une villa, un cimetière à incinération relativement modeste de cinq à six urnes en terre cuite accompagnées d'assiettes en terre rouge et de clous en fer, ensuite l'abbé Cochet a encore exhumé quatre nouvelles sépultures avec dix-huit vases. Comme ailleurs, ces objets et infrastructures caractéristiques de la civilisation romaine n'indiquent pas la présence de Romains, mais la conversion progressive des populations celtiques, en l'occurrence les Calètes, à la civilisation romaine perçue par les élites comme plus raffinée. En outre, on note qu'aucune tombe de militaire romain, ni de camp romain datant du Haut Empire n'a jamais été mis au jour par des archéologues dans le Nord-Ouest de la Gaule.
Dans le jardin du presbytère, un autre cimetière recouvrait des ruines d'époque romaine. Il date des Mérovingiens et regroupait, entre autres, des tombes de militaires, comme habituellement dans la région, qui ont livré : une spatha, des agrafes en bronze, des plaques de ceinturon, un scramasaxe. Une douzaine de squelettes, voire davantage était inhumée en position assise, comme à Londinières, Envermeu, Selzen près de Mayence, au Danemark et en Angleterre (Yorkshire, Northamptonshire). Postérieurement, on a déterré d'autres sépultures contenant des squelettes avec des silex au pied et du mobilier : trois breitsaxes, des boucles et des plaques en fer damasquinés, des épingles en os, etc. Le mobilier recueilli, la présence d'armes, la répartition géographique limitée de tels rites funéraires indiquent l'installation d'étrangers francs ou saxons dans la région, comme il a été analysé avec précision ailleurs, par exemple à Frénouville ou à Vron. On notera également que les Germains tout comme les Celtes, tendaient à la romanisation et à l'assimilation dans l'Empire.
Contrairement aux hypothèses anciennes formulées dans des ouvrages de référence, consacrés à l'histoire du lieu[2][3], le toponyme Étretat n'est ni gallo-romain, ni latin. Il s'agit vraisemblablement d'un nom d'origine norroise dans une région où leur densité est maximale en Normandie.
Formes anciennes : Strutat vers 1040; Estrutat ou Estrutart, constamment attestées du XIIe siècle au XVe siècle[4], les autres formes écrites (Estretot, Estretal, etc.) étant isolées, sont suspectes (erreurs de scribes, cacographies). Le premier élément se retrouve dans Eturville (Sturvilla 1165, Manche, Basse-Normandie), dans Etreville (Sturivilla v.1054, Esturvilla v. 1148), Eturqueraye (Eure, Haute-Normandie)[5] et pas ailleurs en France et pour cause : Il s'agit du nom de personne masculin d'origine scandinave Styri ou Sturi, « le têtu » ou « le grand » qui survit dans le nom de famille normand : « Estur » encore attesté dans le pays de caux et qui a subi une métathèse de Estur- en Estru-, phénomène fréquent en linguistique. Le second élément est probablement le scandinave stadr : « ferme »[6].
Le XIXe siècle
C'est une période charnière pour Étretat qui, de village de pêcheurs, va devenir ville balnéaire. Peu à peu, l'activité traditionnelle de la pêche va être supplantée par le tourisme. C'est aussi l'époque où va être abandonnée définitivement le projet récurrent de François Ier à Napoléon Ier de construire un port militaire.
Du début jusque vers le milieu du siècle, on compte pas moins de vingt-cinq à trente bateaux de pêche sur le perrey. Cependant, dès 1850, leur nombre diminue fortement pour ne plus atteindre qu'une seule unité. Ils sont remplacés par des canots qui pratiquent la pêche côtière.
Les clinques, des bateaux traditionnels à clin, naviguaient jusqu'à Dieppe pour pêcher le hareng à la fin de l'automne et le village ne comptaient pas moins de 250 à 300 marins. La seule activité restée florissante à Étretat en cette fin de siècle est la pêche au maquereau, que l'on pratique pendant les trois mois d'été.
La présence de galets et l'absence totale de sable sont sans doute en partie responsables du moindre succès de l'endroit pour la baignade, par rapport à des lieux comme Trouville-sur-Mer ou même Dieppe et le Havre. Cependant, la raison principale est autre : des difficultés d'accès sont engendrées par la mauvaise qualité des voies de communication.
Aussi Étretat ne succombe-t-elle à la mode des bains de mer qu'après 1843. Alphonse Karr, auteur d'un roman à succès sur la ville, va beaucoup contribuer au lancement de la petite station. C'est à cette époque que l'on construit la route de Fécamp et la route du Havre. On établit des liaisons régulières par omnibus à cheval. Finalement, une ligne de chemin de fer et une gare en 1890 achèveront de désenclaver ce lieu de villégiature déjà reconnu.
C'est aussi à cette époque que l'on commence à bâtir des villas en style balnéaire, à un rythme de plus en plus soutenu, alors que ce n'était guère le cas avant 1830. On reconstruit également le village, tout comme les villas, avec des silex taillés et des briques.
En 1852 s'ouvre un casino de planches et d'ardoises, sous l'égide de la société des Bains de mer d'Étretat nouvellement créée. On y donne des spectacles, parfois en avant-première, tel Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach.
Le XXe siècle
Si le site naturel d'Étretat reste inchangé, bien que la biodiversité et la qualité des eaux soient menacées, ce sont surtout les aménagements et l'atmosphère même du bourg qui ont subi une grande mutation au XXe siècle par rapport au siècle précédent, déjà prodigue en bouleversements. On peut situer ce tournant surtout après la première guerre mondiale. En effet, un grande partie de l'intelligentsia parisienne, des écrivains, artistes et hommes politiques qui le fréquentaient l'été, va déserter ce lieu de villégiature pour des cieux plus cléments et pour échapper au tourisme de masse. L'institution des congés payés va marquer, comme ailleurs le début d'une ère nouvelle. En cela, elle va permettre d'appliquer à la lettre les propos d'Alphonse Karr selon qui, s'il devait faire découvrir à un ami la mer, ce serait à Étretat.
La seconde guerre mondiale va mettre un frein à cette croissance du tourisme, favorisée en partie par de meilleurs conditions de vie et une plus grande facilité de transport. Le front de mer va être mutilé par l'occupant allemand, qui va jusqu'à détruire le casino et les villas pour améliorer la défense du site en cas de débarquement allié. Après la guerre, la façade maritime fait l'objet d'une reconstruction contestable.
De plus en plus, le lieu prend des allures de rendez-vous touristique international, stimulé par la célébrité des falaises popularisées par les toiles de Claude Monet, dont la cote n'a jamais été aussi élevée, et de Gustave Courbet. La proximité de Paris, du Havre et de Rouen, grâce aux moyens de transport modernes, ne sont pas étrangères au succès de l'endroit. Cependant, la « classe des estivants » subsiste toujours. Ces estivants sont des familles originaires le plus souvent de Paris et de sa région. Ils possèdent parfois une résidence à Étretat depuis plusieurs générations et les rapports avec les autochtones n'ont pas toujours été des plus cordiaux[7].
Le tourisme de masse engendre un véritable problème de cohabitation entre les piétons et les automobiles dans les rues étroites, au moment des week-ends en saison et des vacances d'été. Les autorités locales ont construit de grandes aires de stationnements visant à réduire le trafic en centre ville et à délester les zones saturées de véhicules. Elles sont situées rue Guy de Maupassant, près de la petite église protestante où s'est notamment marié, André Gide, autre célébrité d'Étretat, et à côté de la résidence pour personnes agées Germaine Coty. Plus récemment un grand parking a été construit sur la route du Havre.
Dans les années 2000 se sont terminés les travaux de reconstruction et de consolidation de la digue-promenade, le perrey et du casino, qui a retrouvé un cachet perdu jadis.
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Parti Qualité 1794 1796 Jean-Baptiste Morin 1796 1797 Jean Goument 1797 1800 Adrien Dechamps 1800 1808 Jean Goument 1808 1811 Adam Grandval 1811 1821 Pierre Legros 1821 1830 Jean-Pierre Feugueray 1830 1831 Pierre-Simon Blanquet 1831 1843 Jacques-Guillaume Fauvel 1843 1848 Étienne-François Gentil 1848 1852 Philippe Le Dentu 1852 1858 Jacques-Guillaume Fauvel 1858 1860 Jean-Baptiste Lenud 1860 1864 André-Alphonse Loth 1864 1870 Charles Mottet 1870 1871 Martin Vatinel 1871 1875 Augustin-Thomas Monge 1875 1876 Charles Mottet 1876 1883 Pierre Jules Ono-dit-Biot 1883 1884 Adolphe Boissaye 1884 1884 P-M de Miramont 1884 1892 Adolphe Boissaye 1892 1898 Prosper Brindejont 1898 1904 Alexandre Chouet 1904 1919 Georges Flory 1919 1921 Paul Level 1921 1925 Henri Sarazin-Levassor 1925 1929 Georges Flory 1929 1959 Raymond Lindon 1959 1961 Lucien Delajoux 1961 1965 Françoise Lieury 1965 1971 Henri Collin 1971 2001 Henri Dupain 2001 2005 Monique Chevessier-Xiberas 2005 2008 Jean-Bernard Chaix 2008 Franck Cottard Toutes les données ne sont pas encore connues. Démographie
Évolution démographique 1962 1968 1975 1982 1990 1999 1379 1472 1525 1577 1565 1615 Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes Économie
Elle repose essentiellement sur le tourisme qui engendre un commerce local florissant. En effet, la ville se hisse au tout premier rang des sites touristiques haut-normands les plus visités avec le palais Bénédictine à Fécamp, la cathédrale de Rouen et la Fondation Claude Monet à Giverny.
Le site naturel et le village
La falaise d'Aval : l'Arche et l'Aiguille
Une rivière souterraine, puis l'érosion marine ont formé une arche naturelle et une aiguille haute de 70 mètres, morceau relique de la falaise. Maurice Leblanc la décrit en ces termes : « Roc énorme, haut de plus de quatre-vingts mètres, obélisque colossal, d'aplomb sur sa base de granit[8] » dans L'Aiguille creuse, 1909. Guy de Maupassant quant-à-lui, compare cette porte d'Aval à un éléphant plongeant sa trompe dans l'eau.
À son époque déjà, le site attirait de nombreux touristes parmi lesquels des « lupinophiles », admirateurs d'Arsène Lupin : des étudiants américains venus chercher la clé de la grotte, où le « gentleman cambrioleur » avait retrouvé le trésor des rois de France. Le film Arsène Lupin de Jean-Paul Salomé, sorti en octobre 2004, offre de nombreuses vues sur la falaise et l'Aiguille.
La Manneporte
De l'ancien français manne porte, « grande porte, porte principale », le mot man(n)e issu du latin magnu- « grand » connait une survie tardive dans les toponymes médiévaux (Cf. Manneville-la-Goupil, Manéglise, Mandeville). Elle est plus large que la porte d'Aval et est située derrière elle.
La falaise d’Amont
La porte d'Amont est la plus petite des trois portes.
Au sommet de la falaise se dresse la silhouette de pierre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde, protectrice des pêcheurs. L'édifice actuel succède à une chapelle du XIXe siècle.
La plage et le chemin des falaises
Encerclée par ses falaises, la plage est relativement protégée des vents dominants. Elle est constituée de galets et descend vers la mer. L'amplitude de la marée ne se fait pas trop sentir à cet endroit. Très fréquentée l'été, elle prend un air de fête, pour retrouver son aspect sauvage et grandiose hors saison. La présence exclusive de galets rend assez malaisée la promenade sur la plage. Cependant, ces « cailloux » sont un rempart naturel nécessaire à la protection du littoral. En effet, ils y contribuent en jouant le rôle d'un « amortisseur à vagues », tout comme le ferait un empierrement artificiel. Pour cette raison, la collecte des galets sur la plage est interdite, d'autant plus qu'ils ont tendance à être déplacés vers le large et vers le nord par les courants marins. Jadis, on pouvait voir des chevaux sur le rivage, auxquels étaient fixés des paniers qui servaient à contenir les pierres ramassées. Ces galets, après triage et calibrage, étaient ensuite revendus, notamment aux entreprises fabriquant de la porcelaine, de la faïence ou du verre, qui utilisent la silice composant en partie certains cailloux ou encore aux industries qui se servaient de sa dureté pour écraser d'autres matériaux.
La plage est séparée du village par une longue digue-promenade que l'on nomme le perrey ou perré, terme dialectal signifiant l'« empierré » et qui ne s'appliquait jadis qu'à la partie servant de lieu d'échouage aux bateaux. Cette digue est absolument nécessaire pour protéger la ville des tempêtes, surtout au moment des grandes marées d'équinoxe.
L'ancien front de mer, dont le casino « art nouveau », a été détruit pendant la seconde guerre mondiale par les nazis, pour des motifs de défense du littoral et ainsi améliorer la visibilité. Au pied de la falaise d'aval subsistent des bunkers du mur de l'Atlantique.
Toujours vers la porte d'Aval, les « Caloges », terme dialectal signifiant « cabane », sont d'anciens bateaux convertis par les pêcheurs en abris et en locaux pour entreposer le matériel utile à leur activité. Ils sont recouverts d'une toiture en chaume. Le dernier pêcheur professionnel de la ville a cessé toute pêche dans les années 1990. Sur l'estran dégagé par la mer au pied de la porte d'aval, on note creusés dans le socle calcaire et couvert partiellement d'algues vertes, d'anciens parcs à huîtres, dont la culture n'a duré que quelques années. Au-dessus, à côté de l'arche, on remarque un énorme trou noir dans la falaise: le « trou à l'homme » qui tiendrait son nom d'un marin suédois, seul survivant du naufrage de son navire du à une violente tempête qui aurait duré près de 24 heures. Il aurait été projeté par une lame dans cette cavité, assurant du même coup sa survie. Le « trou à l'homme » auquel on accède par une échelle de fer est toujours hors-d'eau au moment des marées et nombre de personnes s'y laisse enfermer, nécessitant l'intervention des pompiers ou une attente de près de six heures pour la marée basse. Le long tunnel sur lequel s'ouvre le « trou à l'homme » débouche sur la crique du Petit-Port au débouché de la valleuse[9] de Jambourg, en fait une plage au pied de l'aiguille et encadrée par les deux grandes portes. On peut accéder au sommet de la falaise par un escalier directement au bout du Perrey, suivi d'un chemin bien aménagé, en pente et qui longe le terrain de golf, à droite on monte jusqu'au sommet. On jouit à la fois, de la vue sur le village, sur l'aiguille et sur la Manneporte. On peut également pénétrer dans la petit refuge naturel surnommé « chambre des demoiselles[10] », décrit par Maurice Leblanc dans L'Aiguille creuse.
Vers la porte d'amont, on peut également accéder à la falaise mais l'escalier est beaucoup plus abrupt. On atteint la chapelle des marins dédiée à Notre-Dame-de-la-Garde, reconstruction d'après guerre, les nazis ayant dynamité l'ancien édifice de briques et de pierres néo-gothique. Puis, on arrive au pied du monument et du musée réalisés par l'architecte Gaston Delaune et dédiés à Charles Nungesser et François Coli, deux pilotes qui tentèrent de rallier New York en 1927 et qui quittèrent à cet endroit la côte française, après avoir décollé du Bourget.
Le village
L'église Notre-Dame
Elle est située à l'écart du centre du bourg. C'est un grand édifice comparativement à l'importance du village autrefois, qui peut s'expliquer par sa dépendance ancienne à la riche abbaye de Fécamp. Sa construction remonte aux XIIe et XIIIe siècles. Il a été remanié au XIXe siècle et classé monument historique. L'église a un plan classique en croix latine. Au-dessus de la croisée du transept s'élève une tour lanterne sur quatre piliers, caractéristique des styles gothiques normand et anglais. Elle est éclairée par huit fenêtres à lancettes. L'élévation de la nef est traditionnelle du style normand, à deux niveaux.
La façade (sauf le tympan du XIXe siècle) ainsi que les six premières travées de la nef sont de style roman. Le reste de l'église a été complété plus tard, en style gothique : le chœur et les bas-côtés sont de la fin du XIIe et début du XIIIe siècle ; le transept a été érigé au milieu du XIIIe siècle. Au XVIIIe siècle, le jubé qui séparait la nef et le chœur, est détruit, comme dans la plupart des églises françaises. Les fenêtres sont agrandies pour faire entrer plus de lumière. À la suite d'un incendie, il faut reconstruire le clocher. Les voûtes sont refaites au XIXe siècle, une sacristie est ajoutée et de nouveaux vitraux sont posés.
La façade est caractéristique du style roman régional avec son mur « écran » surmonté d'un pignon qui cache le reste de l'édifice. Elle n'est encadrée par aucune tour. Hormis un tympan du XIXe siècle (en mauvais état), elle ne présente aucune statue. Le portail est en plein cintre et les voussures présentent un décor géométrique (bâtons brisés, fleurettes, frettes crénelées), représentatif de l'art roman en Normandie.
Le corps de l'église est entouré par une série de corbeaux pittoresques romans. Le chevet rectangulaire se dissimule derrière la sacristie qui fut rajoutée au XIXe siècle. La tour lanterne et son escalier en vignot sont typiques de l'architecture gothique. Des soldats du Commonwealth, morts pendant la Première Guerre mondiale), reposent dans une partie du cimetière autour de l'église. Un hôpital militaire fonctionnait en effet à Étretat pendant cette période. À l'intérieur, les six premières travées présentent une apparence toute romane (arcs en plein cintre, décor géométrique, piliers massifs). Les chapiteaux sont dans leur majorité épannelés. Ceux du chœur, plus tardifs, révèlent les influences françaises du début du XIIIe siècle (chapiteaux carrés à feuilles d'eau). Le mobilier se compose d'une statue de la Vierge du XIVe siècle dans le bas-côté nord. L'orgue Cavaillé-Coll date du XIXe siècle. La nef est décorée de drapeaux qui rappellent la vocation maritime d'Étretat.
Les halles
Les halles d'Étretat sont une reconstitution de halles traditionnelles en bois, exécutée en partie avec des matériaux anciens, qui proviendraient pour certains d'une grange de Brionne, par des charpentiers originaire de la Manche. Elle abrite des commerçants et des artisans qui y vendent souvenirs et objets divers.
Châteaux, manoirs et villas
Étretat compte plusieurs châteaux, manoirs ou villas remarquables:
- Le Manoir de la Salamandre est une maison admirée des touristes et située dans la rue principale près de la halle, mais du côté opposé et dont on voit sur la photo ci-contre, le détail d'une lucarne. Elle fait partie des édifices les plus anciens d'Étretat, mais il s'agit d'un remontage. Cette maison, caractéristique d'une habitation citadine du pays d'Auge, se trouvait jadis à Lisieux, mais sous le nom de « maison Plantefor », le Manoir de la Salamandre était un autre logis de Lisieux.
- Le Clos Lupin, situé rue Guy de Maupassant et à proximité de l'ancienne maison de ce dernier « la Guillette », est le cabinet de travail de Maurice Leblanc, un ermitage à colombages, entouré d'un jardin à la française. L'écrivain devait y résider plus de vingt ans et le racheta en 1918. Il le baptisa Le Clos Lupin, en hommage à son héros et aux fleurs, des lupins qu'il y avait planté. Il fut réquisitionné par les nazis. Vendu en 1952 puis racheté par Florence Boespflug, petite-fille de Maurice Leblanc, en 1998. Le manoir a été transformé en musée qui, depuis son ouverture entre 1999 et 2004, a attiré plus de 125 000 visiteurs.
- Le château des Aygues fut la résidence balnéaire des reines d'Espagne Marie-Christine et Isabelle II. Il fut auparavant l'ancienne propriété du prince Joseph Lubomirski, grand chambellan du tsar Nicolas Ier de Russie et a été construit selon les plans de l'architecte havrais Huchon au XIXe siècle. Protégé ISMH, le bâtiment est ouvert au public l'été.
Étretat dans la littérature
- Guy de Maupassant décrit le site d'Étretat en bas des falaises, dans une lettre à Gustave Flaubert, le 3 novembre 1877 :
« Quand on en approche, on aperçoit par dessous l'aiguille d'Étretat qui se trouve à 500 ou 600 mètres plus loin contre la porte d'Aval. Il faudrait que Bouvard tombât sur le varech glissant pour laisser à P[écuchet] le temps de gagner la porte d'Aval sous laquelle on peut aussi passer à mer basse en enjambant de rocher en rocher, parfois en sautant, car il y a presque toujours de l'eau sous cette porte, ce qui ferait reculer Bouvard, lorsqu'il arriverait naturellement à vouloir passer par là. La petite baie formée entre les deux portes a cela de particulier qu'on aperçoit vers le milieu une sorte de demi-entonnoir gazonné, où serpente un sentier très rapide, qu'on appelle la Valleuse de Jambour. Bouvard épouvanté par l'eau sous la porte d'Aval, et ne pouvant enjamber comme P. de rocher en rocher, au risque de se noyer dans les intervalles qui sont très profonds, retournerait sur ses pas et apercevrait la valleuse. Voici l'aspect de cette valleuse [suit un dessin]. J'indique l'herbe par les petits traits et le sentier par la ligne noire. On monte d'abord sur un reste d'éboulement qui mène au pied de la falaise, puis le sentier la longe de A à B, et devient ensuite très rapide, très glissant, avec des pierres qui roulent sous les pieds et les mains, et se termine par de brusques zigs-zags. Les gens craintifs se cramponnent aux herbes. (Cette valleuse, praticable même aux femmes hardies jusqu'à cette année, n'est plus accessible aujourd'hui qu'aux hommes très souples et très accoutumés aux falaises ; on doit la réparer). Autrefois une corde attachée au rocher, allait jusqu'au bas de la descente. Une fois en haut, on aperçoit Étretat, et on y arrive par une descente douce sur l'herbe, de 1 kilomètre environ. Il y a dans le haut de cette montée une butte en terre. On s'y réfugie, par crainte du rhume, après avoir gravi le sentier. »
- Maurice Leblanc : l'intrigue de L'Aiguille creuse, qui est un des romans de la série des Arsène Lupin, se déroule en partie à Étretat.
- Georges Simenon : Maigret et la vieille dame se déroule essentiellement à Étretat, Yport et Fécamp.
- Benoît Duteurtre : Les Pieds dans l'eau, roman publié en 2008, narre les souvenirs de l'auteur autour de la ville d'Étretat.
- Olivier Adam : Falaises (2005) : le point de départ est le suicide de la mère de l'auteur du haut des falaises.
Étretat dans la peinture
- Claude Monet, La falaise d'Étretat, soleil couchant, 1883, 55,2 x 80,6 cm., North Carolina Museum of Art, États-Unis.
- Claude Monet, Bateaux sur la plage à Étretat, fondation Bemberg, Toulouse.
- Gustave Courbet, La Falaise d'Étretat après l'orage, 1869, musée d'Orsay, Paris.
- Gustave Courbet, La Vague, peinte à Étretat en 1869, musée André-Malraux, Le Havre.
Étretat au cinéma
- 2007 : Rumba de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy (Falaises).
- Arsène Lupin (film, 2004)
- Le Petit Lieutenant
- Le Cœur des hommes 2
- Love Me
- Cantique de la racaille
- Les Galets d'Étretat
- Galia
- Selon Matthieu
- Tout ça... pour ça !
- Les vécés étaient fermés de l'intérieur
Étretat dans la musique
- Le clip de La Lettre de Renan Luce tourné à Étretat et réalisé par Romain Vaudaux.
- Une chanson de l'album Collection particulière de François Morel s'appelle Étretat.
- Une chanson de l'album Quelque part... C'est toujours ailleurs de Pierre Bachelet s'appelle Étretat.
Personnalités liées à la commune
- Jacques-Emile Blanche, peintre
- Gustave Charpentier, compositeur
- Camille Corot, peintre
- Gustave Courbet, peintre
- Eugène Delacroix, peintre
- Edgar Degas, peintre
- Narcisse Diaz de la Pena, peintre
- René Coty, Président de la IVe République Française
- Élie Halévy, philosophe
- Paul Huet, peintre
- Eugène Isabey, peintre
- Jean-Baptiste Faure, chanteur d'opéra
- Georgette Leblanc, chanteuse d'opéra
- Maurice Leblanc, écrivain
- Raymond Lindon, éditeur
- Maurice Maeterlinck, écrivain
- Henri Matisse, peintre
- Claude Monet, peintre
- Guy de Maupassant, écrivain
- Jacques Offenbach, compositeur
- Eugène Le Poittevin, peintre
- Hortense Schneider, chanteuse d'opéra
- Algernon Swinburne, poète anglais
Bibliographie
- Abbé Cochet, Petite histoire d'Étretat, Éditions PyréMonde, 2006.
- Isabelle Rogeret, Carte archéologique de la Gaule : la Seine-Maritime 76, Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 1997.
- Guides bleus et Paris-Normandie, Normandie, éditions Hachette, 1994 (ISBN 2-01-016749-X)
Notes et références
- ↑ Document officiel du programme (pdf)
- ↑ Raymond Lindon, Étretat, son histoire, ses légendes, les Éditions de Minuit 1963.
- ↑ Abbé Cochet, ouvrage cité.
- ↑ François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Seine-Maritime, éditions Picard 1979. Ouvrage publié avec le concours du CNRS. ISBN 2-70840040-1
- ↑ François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, éditions Picard 1981. ISBN 2-7084-0067-3.
- ↑ Ce n'est pas le suffixe -at, inexistant en Normandie, car -at = langue d'oc pour -é, ou forme auvergnate de -ac, forme d'oïl = -y, -ay, -ey ou -é issues du suffixe -acum. L'évolution -at(u) > -é, régulière dans la langue d'oïl, est antérieure au IXe siècle, par conséquent il ne peut pas s'agir d'un nom de lieu celtique (type Condate > Condé) ou gallo-latin.
- ↑ Interview de Benoît Duteurtre, dans Les États d'Étretat , film documentaire télévisé produit par France 3 Normandie en 1991.
- ↑ À ne pas confondre avec le granite, roche inconnue dans la région.
- ↑ Valleuse ou avalleuse est un terme dialectal à l'origine signifiant une sorte de vallée débouchant sur la mer, sans lui donner nécessairement accès, « une vallée sèche suspendue » en quelque sorte
- ↑ Selon une légende, cette grotte serait le refuge de trois demoiselles décédées, dont les fantômes continueraient de hanter les lieux et qui surtout, poursuivaient partout jusque dans son château le chevalier de Fréfossé, qui les avaient fait précipiter du haut de la falaise dans trois tonneaux dans lesquels étaient enfoncés de longs clous. En effet, ces demoiselles avaient eu le mauvais goût de refuser les avances de ce méchant seigneur.
Voir aussi
- le château de Fréfossé au Tilleul
- le château de Cuverville
Liens externes
- Site officiel
- Étretat sur le site de l'Insee
- Étretat sur le site de l'Institut géographique national
- Vue en 3 dimensions des falaises d'Étretat dans Google Earth
- Portail de la Seine-Maritime
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