- Enceinte de Thiers
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L'enceinte de Thiers est une enceinte créée entre 1841 et 1844 autour de Paris, en France, suite à une proposition de l'homme politique Adolphe Thiers[1].
Englobant la totalité de la capitale, soit près de 80 km², l'enceinte recouvre alors les actuels boulevards des Maréchaux, son glacis s'étendant jusqu'à l'emplacement du boulevard périphérique. Elle est détruite entre 1919 et 1929.
Sommaire
Caractéristiques
L'enceinte englobait une superficie totale de 78,02 km² et s'étendait sur 33 km de long, en suivant de près les limites actuelles de la commune de Paris. Désignée familièrement sous le terme des « fortif' », elle était constituée de 94 bastions, 17 portes, 23 barrières, 8 passages de chemins de fer, 5 passages de rivières ou canaux et 8 poternes. Les ouvrages étaient desservis et approvisionnés par la rue Militaire, secondée par une ligne de chemin de fer, la ligne de Petite Ceinture.
En avant du mur d'enceinte, de son fossé et de sa contrescarpe se trouvait une bande de terre de 250 m de large. Désignée comme zone non-aedificandi (zone non constructible), elle fut occupée par des bidonvilles dès la fin du XIXe siècle, avec l'abandon de sa fonction militaire. Cette bande était désignée comme « la Zone », dont le terme d'argot « zonard » dérive[2].
Historique
Origine
Louis-Philippe, proclamé roi des Français en 1830, est convaincu que la clé de la défense du territoire consiste à empêcher Paris de tomber trop facilement aux mains d'armées étrangères comme en 1814. Aussi conçoit-il le projet de construire autour de la capitale une enceinte de fortifications qui rendraient la ville imprenable[3].
Un premier projet est présenté à la Chambre des députés au début de 1833 par le maréchal Soult, président du Conseil et ministre de la Guerre. Il suscite d'emblée une très vive résistance de la part de la gauche, dont les orateurs soupçonnent – ou feignent de soupçonner – de la part du gouvernement des arrière-pensées de politique intérieure : on affirme que les fortifications sont en réalité destinées non à défendre la France, mais à menacer les Parisiens au cas où ils viendraient à se révolter contre le pouvoir royal.
Construction
Le budget pour la construction de l'enceinte est attribué en 1841. Les fortifications sont terminées en 1844.
À leur construction, les fortifications englobent non seulement Paris, mais également tout ou partie d'un anneau de communes situées autour de la capitale : Montmartre, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Montrouge, Vaugirard, Auteuil, Passy et Batignolles-Monceau. Avec leur annexion en 1860, Paris étend ses limites directement jusqu'à l'enceinte de Thiers.
Déclassement
L'enceinte devient obsolète dès la fin du XIXe siècle du fait de l'augmentation de la portée de l'artillerie, en particulier celle de l'armée allemande en 1871. Son démantèlement est envisagé dès 1882[4]. « La Zone » est peu à peu occupée par des constructions sauvages et abrite environ 30 000 personnes au début du XXe siècle.
Les fortifications sont détruites à partir de 1919. Leurs emplacements font d'abord place à des terrains vagues, qui sont progressivement réhabilités à partir des années 1930 par la construction de logements sociaux (les habitations à bon marché), d'équipements sportifs et de parcs.
La forme des anciens bastions se retrouve en plusieurs endroits dans la topologie de la voirie sur cet espace.
Le boulevard périphérique de Paris est construit au-delà de l'emprise proprement dite de l'enceinte de Thiers, en bordure de « la Zone », et continue à matérialiser la séparation entre Paris et sa banlieue.
Restes
Quelques restes de l'enceinte de Thiers restent visibles, dont entre autres :
- La poterne des Peupliers, sous laquelle la Bièvre entrait dans Paris avant sa canalisation
- Le bastion no 1, actuellement situé à côté de l'échangeur de la porte de Bercy
- Le ateliers Berthier, rue André-Suarès
- Un mur au 28 porte de la Villette
- Une partie de la porte d'Arcueil
- Quelques restes à l'intérieur du parc Kellermann
- Un reste du fondation Deutsch de la Meurthe
Galerie photographique
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La zone des fortifs, à Saint-Ouen
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La Porte de Pantin vers 1908
Voir aussi
Articles connexes
- Enceintes :
- Géographie :
Liens externes
- Les enceintes de Paris (avec un plan)
- Les fortifications de Paris du XIXème siècle à nos jours
- Guy Le Hallé, La saga des “fortifications” à Saint-Ouen
- Malakoff Infos, La zone et les fortifs, une page de notre histoire
Bibliographie
- Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris, Parigramme, 2004 (ISBN 2840963221)
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, 1963 (ISBN 2707310549)
- Guy le Hallé, Histoire des fortifications de Paris et leur extension en Île-de-France, Horvath Éditions, 1995
- Guy le Hallé, in « Paris aux cent villages », La Ballade des Fortifs, numéros 34 à 45.
- Marie-France Sardain, postface de Jean-François Pernot (préf. Jean-Jacques Becker), Défenses et sièges de Paris - 1814-1914, Paris, Éditions Economica, coll. « Campagnes & stratégies », 2008, VII-304 p. (ISBN 978-2-7178-5644-6)
Notes et références
- La question des fortifications de Paris - 1840, Chemins de mémoire
- Guy Le Hallé, Les Fortifications de Paris, Horvath Éditions, 1986 (ISBN 978-2717104646)
- PDF]Étude de 1840 quant à la fortification de Paris, Chemins de mémoire [
- PDF] La zone et les fortifs, Ville de Malakoff [
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