- Forteresse du Mont-Valérien
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Pour les articles homonymes, voir Valérien (homonymie).
La forteresse du Mont-Valérien[1] est l'un des seize forts construits autour de Paris en 1840-1845.
Construite sur le mont Valérien[1], colline culminant à 162 mètres, située à quelques kilomètres à l'ouest de Paris, sur les communes de Suresnes, Nanterre et Rueil-Malmaison, elle n'a pas été démolie.
Son adresse est : rue du colonel Delestre, 92151, Suresnes.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, plus d'un millier de résistants et otages y ont été fusillés par les Allemands.
Le Mémorial de la France combattante, érigé en l'hommage de tous les morts de la guerre 1939-1945, inauguré par le général de Gaulle le 18 juin 1960 se trouve en dehors de la forteresse, adossé à son mur d'enceinte au sud.
Sommaire
Histoire
1841 à 1845
Sous Louis-Philippe, Adolphe Thiers fait construire au mont Valérien l'un des seize forts prévus dans le programme de fortifications de Paris décidé par la loi du 3 avril 1841.décembre 1851
Gustave de Beaumont, Achille Chaper et Joseph-Edmond Fayolle sont emprisonnés quelques jours au Mont-Valérien, après qu'ils eurent protesté contre le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.1870-1871
La forteresse joue un rôle important :- dans le Siège de Paris : la destruction du Château de Saint-Cloud, tenu par les Allemands, le 13 octobre 1870[2], par les troupes républicaines du Gouvernement de la Défense nationale, témoigne de la puissance de feu de ses canons. Au Château de la Celle, les dégâts ne sont à déplorer que dans l'orangerie. Le fort est occupé par les Allemands en application de l'armistice franco-allemand le 29 janvier 1871 ;
- dans la lutte contre la Commune de Paris en 1871. Après le départ des Allemands, le fort est investi par les troupes versaillaises dès le 21 mars 1871.
31 août 1898
Le colonel Hubert-Joseph Henry, protagoniste de l'affaire Dreyfus placé aux arrêts au mont Valérien, s'y suicide.Première Guerre mondiale
La forteresse est utilisée pour la défense aérienne de Paris, un projecteur y étant installé pour voir les avions la nuit. Voir Camille Mortenol.Seconde Guerre mondiale
La forteresse est utilisée par les nazis pour y fusiller otages, résistants et Français libres parachutés sur le sol français[3] :- 29 août 1941, Honoré d'Estienne d'Orves, Maurice Barlier et Jan Doornik.
- 22 octobre 1941, cinq otages, en représailles après la mort de Karl Hotz.
- 24 octobre 1941, Bernard Anquetil.
- 15 décembre 1941, 70 otages dont 53 Juifs — dont 44 viennent du camp de Drancy[4] — parmi lesquels se trouve Gabriel Péri.
- 6 février 1942, deux habitants de Saint-Michel-en-l'Herm ayant tenté de faire évader des aviateurs britanniques.
- 11 février 1942, André Bloch.
- 23 février 1942, sept membres du réseau du musée de l'Homme : Vildé, Lewitsky, Nordmann, Ithier, Andrieu, Sénéchal, Walter.
- 27 février 1942, Jean-Claude Chabanne.
- 9 mars 1942, les sept condamnés à mort du procès du Palais-Bourbon.
- 21 mars 1942, Georges Paulin.
- 17 avril 1942, les 23 condamnés à mort du procès de la Maison de la Chimie, dont Bernard Laurent et Marcel Bertone. Exécution de Marcel Bourdarias et de Spartaco Guisco.
- 23 mai 1942, Georges Politzer et Jacques Solomon.
- 30 mai 1942, Arthur Dallidet et Jacques Decour.
- 22 juin 1942, Gabriel Laumain.
- 27 juillet 1942, Valentin Feldman. Il prononce le fameux « Imbéciles ! C'est pour vous que je meurs ! »[5], qu'Emmanuel Mounier attribue cependant à Gabriel Péri.
- 11 août 1942, Georges Bouzerait, Jean-Baptiste Douvrin, Nojme Zalkinow (père de Fernand Zalkinow) et Georges Victor Frémont.
- 21 septembre 1942, Gaston Bussière et Marcel Lamant.
- 26 février 1943, Lucien Dupont, Charles Grosperin, André Berthelot, Pierre Bolzer, Marcel Garcin, Georges Leblanc, Lucien Lefranc, Gabriel Rabot, Victor Recourat[6]
- 15 juin 1943, Jules Dumont.
- 17 septembre 1943, 19 brestois, pour avoir combattu les troupes allemandes d'occupation, dans les rangs des Francs-tireurs et partisans et commis de nombreux actes de sabotages dans le Finistère : Albert Abalain, Lucien Argouach, André Berger, Louis Departout, Yves Giloux, Louis Le Bail, Paul Le Gent, Eugène Lafleur, Louis Le Guen, Paul Monot, Henri Moreau, Jean-Louis Primas, Jean Quintric, Albert Rannou, Albert Rolland, Étienne Rolland, Joseph Ropars, Jean-Marie Teuroc, Charles Vuillemin.
- 2 octobre 1943, Martial Brigouleix.
- 6 octobre 1943, Roger Rieckert, Jacques Massias, Jacques Delaunay et Marc Delaunay.
- 21 février 1944, trois lycéens résistants du lycée Anatole-Le-Braz de Saint-Brieuc, ainsi que Missak Manouchian avec 21 résistants de son réseau dénoncés par l'Affiche rouge.
- 7 mars 1944, André Chesnot.
- 15 mars 1944, Bernard Chevignard.
- 28 mars 1944, Frédéric De Jongh (père d'Andrée De Jongh).
- 5 avril 1944, André Lamarre.
- 11 avril 1944, Joseph Epstein.
- 25 avril 1944, Raymond Collot.
- 11 août 1944, 93 détenus du camp de Royallieu[7].
Au total, c'est plus d'un millier d'exécutions d'otages et de résistants qui se déroulèrent au Mont-Valérien[3]. Au 30 décembre 2008, le site internet du ministère de la Défense indiquait un total de 1014 fusillés identifiés[8].
Les exécutions se déroulaient dans une clairière située en contrebas de la chapelle où ils étaient enfermés avant leur exécution[9].
Ce sont tous des hommes, âgés d'au moins 16 ans. Le manuel de droit criminel de la Wehrmacht interdit de condamner à mort les enfants de moins de 16 ans et de fusiller les femmes. Par exemple André Kirschen, âgé de 15 ans, faisant partie des accusés du procès de la Maison de la Chimie, est condamné à la déportation. Olga Bancic, condamnée en même temps que les hommes de l'Affiche rouge, est conduite en Allemagne pour y être décapitée[10].
Le 18 juin 1960, le général de Gaulle a inauguré au Mont-Valérien le Mémorial de la France combattante, où reposent 16 corps de combattants, originaires de France et des colonies, symbolisant les différentes formes des combats pour la Libération.
Article détaillé : Mémorial de la France combattante.Circuit mémoriel
Un circuit retrace les derniers pas des condamnés, de la chapelle où ils étaient enfermés à la clairière où ils étaient fusillés.
Dans la chapelle sont conservés les graffitis écrits par les fusillés avant de mourir et cinq poteaux d'exécution[11].
1962 : inauguration du « parcours des fusillés » par le ministre des anciens combattants Raymond Triboulet[12].
Années 1990 : Serge Klarsfeld critique le chiffre de « 4500 résistants fusillés par l'ennemi » qui figure sur la plaque posée sur le sol de la clairière depuis les années 1960[13], et publie en 1995 avec Léon Tsevery le livre Les 1007 fusillés du Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs[14].
22 octobre 1997 : une proposition de loi de Robert Badinter[15],[16], qui propose l'édification d'un monument sur lequel figureraient les noms des fusillés est approuvée à l'unanimité par le Sénat[17].
2001 : un concours artistique est organisé, au terme duquel le projet du sculpteur et plasticien Pascal Convert est retenu. Il s'agit d'une cloche en bronze de 2,18 m de haut posée sur une dalle de béton devant la chapelle. Y figurent, par ordre chronologique de décès, les noms et prénoms des 1 008[16] résistants et otages fusillés au Mont-Valérien entre 1941 et 1944 qui ont pu être identifiés. Une inscription sur la base de la cloche perpétue la mémoire de « tous ceux qui n'ont pas été identifiés »[18].
20 février 2002 : la cloche est coulée par la fonderie Paccard à Sévrier[16].
20 septembre 2003 : le monument est inauguré par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.
2009 : l'achèvement d'un projet d'exposition permanente consacrée à la répression de la Résistance et aux fusillés d'Île-de-France, située dans le bâtiment faisant face à la chapelle est prévu pour 2009[19].
Cérémonies
Le 23 février 2008, Nicolas Sarkozy, président de la République française et Jürgen Rüttgers, ministre-président de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont rendu hommage aux victimes de la Résistance et à l'abbé Franz Stock qui fut aumônier des prisonniers fusillés au Mont Valérien. Jürgen Rüttgers est la première personnalité politique allemande à se rendre en visite officielle au mont Valérien[20].
La forteresse du Mont-Valérien aujourd'hui
Le Mont-Valérien est le siège des institutions suivantes :
- le 8e régiment de transmissions ;
- le colombier militaire national et le musée colombophile militaire[21] ;
- le musée annexe des transmissions, où sont exposés des appareils de transmissions ;
On lui attribue d'héberger, depuis la Seconde Guerre mondiale, les services d'écoute de l'armée française, et notamment celles des personnes privées (voir la page Claude Angeli).
Autres emplois du Mont-Valérien, dans le cadre de la Politique européenne de sécurité et de défense :
- 2003. Quartier général pour l'opération Artémis en République démocratique du Congo (2003).
- 2007-2009. État-Major opérationnel de l'EUFOR, activé pour l'opération EUFOR Tchad/RCA[22].
Pour approfondir
Bibliographie
- Guy Antonetti, Louis-Philippe, Librairie Arthème Fayard, Paris, 2002 (ISBN 2-213-59222-5), p. 639-640
- Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le Guide du patrimoine Île-de-France, Hachette, Paris, 1992
Articles connexes
- Mont Valérien
- Mémorial de la France combattante
- Représailles après la mort de Karl Hotz
- Autres lieux d'exécutions massives d'otages et résistants
- Fortifications de Paris aux XIXe et XXe siècles
- Liste de forts, fortifications, citadelles et places fortes en France
Liens externes
- Site du Mont-Valérien – Haut lieu de la mémoire nationale
- Découverte photographique du fort
- Site officiel de la ville de Suresnes
- Le Mont Valérien, sur le site de l'Ordre de la Libération
- Base de données du secrétariat général pour l'administration répertoriant les fusillés du mont Valérien
Notes et références
- ISBN 978-2-7433-0482-9), p. 89 et 93 Typographie selon le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, 2007 (
- « Commune : Saint-Cloud », sur le site des Archives départementales des Yvelines, cg78.fr, consulté le 31 décembre 2008.
- « Les fusillés du Mont-Valérien 1939−1945 », witzgilles.com.
- , « La rafle du 20 août 1941 et l'ouverture du Camp de Drancy », sur le site du Conservatoire historique du camp de Drancy, camp-de-drancy.asso.fr, consulté le 30 décembre 2008.
- « Journal de guerre – Imbéciles, c’est pour vous que je meurs – Un ouvrage de Valentin Feldman (Tours, Éditions Farrago, 2006 », sur liens-socio.org, consulté le 8 février 2010. Fabienne Federini ,
- Arsène Tchakarian, Les Fusillés du Mont Valérien, édité par le Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991
- « Le camp de Compiègne-Royallieu 2/3 – Les exécutions », sur le site de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), Service départemental des Yvelines – Mémoires 78, consulté le 3 janvier 2009.
- « Fusillés du Mont-Valérien », sur le site memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, consulté le 30 décembre 2008.
- « Le Mémorial du Mont Valérien – Site du Mont Valérien ; lieu des martyrs de la Résistance et Mémorial de la France Combattante », sur le site de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), Service départemental des Yvelines – Mémoires 78, consulté le 30 décembre 2008 : « […] Amenés de l'extérieur en camion pour leur exécution, ils étaient enfermés dans une chapelle désaffectée, puis conduits dans une clairière située à une centaine de mètres en contrebas. Leurs corps ont été ensuite dispersés dans les cimetières de la région parisienne. »
- Benoît Rayski, L'Affiche rouge : 21 févier 1944, Éditions du Félin, 2004, p. 116
- Photographie, sur le site flickr.com, consulté le 29 décembre 2008.
- Frédéric Turpin, Le Mont-Valérien de l'histoire à la mémoire, Éditions du 8e jour, 2003, p. 54
- la photographie , sur le site flickr.com, consulté le 29 décembre 2008. Voir cette plaque sur
- Édité par l'Association les Fils et filles des déportés juifs de France.
- le site du Sénat, consulté le 31 décembre 2008. Son texte figure au bas du rapport de la commission, sur
- La Lettre de la Fondation de la Résistance, no 29, juin 2002, p. 1-2, sur le site fondationresistance.org, consulté le 29 décembre 2008. [PDF]
- « Séance du 22 octobre 1997 », sur le site senat.fr, consulté le 30 décembre 2008.
- page 77 de Adam Rayski dans « L'Affiche Rouge », Mairie de Paris, Direction générale de l'information et de la communication, 2003, sur le site paris.fr, consulté le 29 décembre 2008. voir la photographie
- « Annexes budgétaires », sur le site performance-publique.gouv.fr, consulté le 15 janvier 2009.
- « Jürgen Rüttgers rend hommage à la Résistance au Mont Valérien aux côtés de Nicolas Sarkozy », sur le site de l'ambassade d'Allemagne à Paris, paris.diplo.de, consulté le 15 janvier 2009.
- colombophiliefr.com, « Le colombier militaire du Mont Valérien »
- Union européenne au Tchad et en Centrafrique afin de contenir le conflit au Darfour. Mission de l'
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