Zouaves

Zouaves
Un zouave, aquarelle de 1888

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Les zouaves étaient des unités d’infanterie appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l’armée de terre française. Ces unités, à recrutement principalement métropolitain, ont existé de 1830 à 1962, puis de 1982 à 2006, par la garde de ses Traditions au CEC-9e Zouaves de Givet (Ardennes).

Les régiments de Zouaves sont, avec les régiments de Tirailleurs algériens et tunisiens, parmi les plus décorés de l'armée française et viennent juste après le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM), appartenant aux troupes coloniales, et le Régiment de marche de la Légion étrangère, appartenant à l'Armée d'Afrique[1].

D'autres pays ont également créé des corps de Zouaves sur le modèle des troupes de zouaves de l'armée française : Empire ottoman, États pontificaux, États-Unis lors de la Guerre de Sécession.

Sommaire

Origines du terme « zouave »

Le terme zouave vient du berbère zwava, ou zouaoua (zouaoui au singulier), qui est le nom d'une tribu kabyle[2],[3]. Ceux-ci fournissaient des soldats aux Turcs sous la régence d'Alger et, après la prise d'Alger (1830), ils entrent au service de la France.

Histoire des zouaves français

Conquête de l'Algérie

Le 15 août 1830, le recrutement des 500 premiers zouaves est fait par le général en chef de l'expédition d'Alger, le comte de Bourmont, sur les conseils et un Mémoire du colonel Alfred d'Aubignosc.

Le 1er octobre 1830 le général Clauzel crée le corps des zouaves, formé de deux bataillons. Deux escadrons de zouaves à cheval sont également formés, mais intégrés dès 1831 aux chasseurs d'Afrique. Il y eut une tentative de leur incorporer les « Volontaires parisiens », ce fut un échec et ces volontaires formèrent le 67e régiment d'infanterie.

D’octobre 1830 à janvier 1831, ils combattent le bey de Tittery, et occupent Blida et Médéa. Leur premier succès remarqué a lieu le 3 juillet 1831 au col de Mouzaïa, lorsqu'ils couvrent la retraite de la garnison de Médéa.

Après l’euphorie des débuts, deux erreurs majeures empêchent le développement normal du «Corps des Zouaves». En effet, les capacités de recrutement en indigènes de la région d’Alger ont été largement surestimées, et plus grave encore, aucun des cadres français n’a pensé à l’adaptation à l’activité militaire d'indigènes ayant d’autres habitudes de vie et une autre religion. Ceci provoque l’ordonnance du 7 mars 1833 qui dissout les deux bataillons pour en créer un seul, mais mixte. Ainsi on peut recruter aussi parmi les Français qui vivent à Alger. Les résultats ne se font pas attendre et dès 1835 un deuxième bataillon mixte est levé, puis un troisième en 1837.

Le premier régiment est placé sous le commandement de Lamoricière. Ils s’illustrent encore à la bataille de l'Ouarensis (1842), à l’Isly (1844), et prennent Zaatcha en 1849.

L’ordonnance du 8 septembre 1841, qui réorganise la composition de l’Armée française, indique la formation d’un régiment de zouaves formé de trois bataillons constitués dorénavant presque exclusivement de métropolitains et de Français d'Afrique du Nord avec une forte minorité de Juifs algériens (souvent près d'un quart)[4]. Les autochtones forment alors les Tirailleurs algériens, les Turcos, (7 décembre 1841).

Le 13 février 1852, Louis-Napoléon signe un décret portant à trois le nombre de régiments de zouaves, chacun des trois bataillons existants formant le noyau des nouveaux régiments ainsi créés. Et pour les distinguer entre eux, une couleur est appliquée au tombeau de la veste : - le 1er cantonne à Blidah en Algérois, tombeau garance; - le 2e à Oran (caserne du Château Neuf) en Oranais, tombeau blanc; - le 3e à Philippeville (caserne de France) en Constantinois, tombeau jaune.

Campagnes du Second Empire

Par décret du 1er février 1852, Napoléon III porte leurs effectifs de trois bataillons à trois régiments, puis à quatre en 1854 (le quatrième étant affecté à la Garde impériale). Les zouaves se distinguent à plusieurs occasions lors des campagnes du Second Empire.

Guerre de Crimée

Le zouave du pont de l'Alma à Paris, les pieds au sec (voir bataille de l'Alma).

La guerre de Crimée est la première campagne des zouaves en dehors de l'Algérie. En Crimée, à la bataille de l'Alma, le 3e régiment de zouaves prend par surprise les Russes en gravissant des escarpements rocheux, en s'emparant de leur artillerie puis en la retournant contre eux. Cette action participa grandement à faire tourner la bataille en faveur des alliés.

C'est en hommage à cette victoire qu'est réalisé le zouave du pont de l'Alma, sur la Seine, à Paris. Pour sa part, le maréchal de Saint-Arnaud, qui dirigeait les forces françaises, leur rendit hommage en demandant à une de leurs compagnies d'escorter sa dépouille. Tout ceci incite l’Empereur Napoléon III à créer un régiment de zouaves pour sa Garde impériale en récompense.

Ils font encore des prouesses lors des batailles de Balaklava et d'Inkerman. Et trois des sept régiments qui participent à la prise de la tour Malakoff sont des régiments de zouaves.

Campagne d'Italie

Entre plusieurs escarmouches contre des tribus sans cesse en révolte en Kabylie, la campagne d’Italie contre les Autrichiens est engagée. Et c’est aux batailles de Magenta et de Solférino que brillent nos zouaves. Le Drapeau du 2e Zouaves se pare de la Légion d’Honneur le 20 juin 1859 pour la prise du drapeau du 9e R.I. Autrichien à la bataille de Magenta (fait d'armes réalisé par l'adjudant Savien et le Zouave Daurière).

De même, les zouaves se distinguent pendant toute la campagne d'Italie, de même le 3e régiment de zouaves à la bataille de Palestro, le 31 mai 1859. À la suite de cette bataille, le régiment promeut le roi du Piémont Victor-Emmanuel, caporal d'honneur du régiment.

Expédition du Mexique 1861-1864

C’est pour la France la mésaventure au Mexique, où le 2e puis le 3e Zouaves se distinguent. Pour couvrir les immenses étendues mexicaines, l’idée des zouaves montés resurgit, ainsi sont recréés, de façon éphémère, des escadrons de zouaves à cheval. Le 9 novembre 1863 le Drapeau du 3e Zouaves est décoré de la Légion d’Honneur. En même temps des opérations au Maroc commencent.

Guerre franco-prussienne de 1870

Juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse, et malgré les infortunes des combats, les régiments de zouaves se couvrent de gloire, surtout à la bataille de Frœschwiller-Wœrth, où les trois régiments sont fort éprouvés dans des charges désespérées à la baïonnette de leurs fusils chassepot. Le régiment des zouaves de la Garde impériale s’engage dans les combats de Rezonville. Mais après le drame de Sedan et au lendemain de la proclamation de la République, il sera dissout. C’est alors au sein de l’armée de la Défense nationale que le 28 octobre 1870 est levé le 4e régiment de zouaves, qui participe aux batailles de Châtillon, Villiers-sur-Marne, Champigny ou encore Héricourt dans l’Est. Mais ce sera la terrible défaite pour la France qui ébranlera l’armée française et ses zouaves.

IIIe République

Après diverses péripéties (voir articles individuels sur chaque régiment), les quatre régiments de zouaves sont reconstitués en 1872. Ils participent à des opérations de maintien de l’ordre d’ampleurs diverses en Algérie et Tunisie (années 1880 et 1890, puis à la pacification du Maroc (début XXe siècle) : de 1907 à 1912, de nombreuses opérations au Maroc aboutiront à la Convention de Fès en 1912, et au Protectorat français de cette région. Les zouaves détachent au total huit bataillons au Maroc, par le biais des «régiments de marche».

- 1881 : La Tunisie passe sous Protectorat français, Tunis (caserne Saussier et La Manouba) et Bizerte (caserne Japy) deviennent les villes de garnison du 4e Zouaves. La couleur du tombeau de sa veste est le bleu foncé, couleur du fond.

Expédition du Tonkin

- 1883 - 1900 : Les événements à Hanoï au Tonkin, contraignent la France à envoyer nos troupes en Indochine et les zouaves prennent tout naturellement part à cette campagne, notamment par la création d’un «régiment de marche de zouaves» pour l’expédition de Chine en 1900, dissout après cette même expédition.

Un bataillon de zouaves embarque à Alger pour l'Expédition du Tonkin en 1885.

Des éléments zouaves sont envoyés lutter contre les Pavillons noirs au Tonkin (1883). Le 3e occupe le Tonkin et l’Annam (1887).


Suite à la loi du 9 février 1899, chaque régiment de zouaves détache un bataillon en métropole dès 1901. Le 5e bataillon des 1er et 4e vient autour de Paris (Forts de Rosny, Choisy et Nogent), et pour les 2e et 3e régiments, ces bataillons cantonnent près de Lyon (camps de Sathonay et La Valbonne), ce qui rend familier et populaire la tenue des zouaves parmi la population.

Première Guerre mondiale

Zouaves durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Équipement: fusil Gras Mle 1874 avec baïonnette.

Suivant le plan de mobilisation, les zouaves prennent part à la Grande Guerre par «régiments de marche de Zouaves» (R.M.Z.), ce qui permet de laisser en Afrique du Nord une unité de dépôt correspondante. Quelques régiments se composent de 2 bataillons tirailleurs et d'un de zouaves, ils forment alors les «régiments mixtes» (R.M.Z.T.). Août 1914, arrivent au front des bataillons sortis des quatre régiments d’active. (les bataillons du 2e régiment de marche servent au Levant)

En décembre 1914 et en janvier 1915, se forment de nouveaux régiments de zouaves : Trois formés en Algérie : - le 7e (issu de bataillons des 1er et 4e Zouaves), qui deviendra mixte, puis finalement RMTA (régiment de marche de tirailleurs algériens); - le 2 bis (issu de bataillons de réserves du 2e Zouaves); - le 3 bis (issu de bataillons de réserves du 3e Zouaves). Deux formés au Maroc : - le 8e (issu des bataillons suivants : I/1er, III/2e, II/3e et IV/3e Zouaves); - le 9e (issu des bataillons suivants : II/1er, III/1er et I/4e Zouaves). Après les premières batailles, l’état-major consent à réformer la tenue du zouave (dite à l'orientale) jugée trop voyante et inadaptée pour le théâtre des opérations en métropole (de même que celle du tirailleur), en adoptant en 1915, la tenue de drap kaki (dite : «moutarde») si caractéristique de l’armée d’Afrique et des troupes coloniales d’alors. Seules la chéchia et la ceinture de laine bleue permettent de discerner les zouaves des autres combattants, et de très près les pattes de collet de fond kaki à soutaches et numéros garance. (voir tous les détails dans Militaria Magazine n° 87 et 88).

Il serait trop long de rappeler les glorieux faits d’armes des régiments, mais citons simplement que : - quatre des régiments de zouaves ont la fourragère rouge de la Légion d’Honneur : les 4e 8e et 9e Zouaves : sept citations, le 3e : six citations; - les 1er et 2e régiments la fourragère verte et jaune de la Médaille militaire, cinq citations chacun, ainsi que le 3bis avec quatre citations; - et enfin le 2bis, la fourragère de la Croix de guerre 1914-1918, verte et rouge avec une citation. Le 5 juillet 1919 les Drapeaux des 8e et 9e Zouaves sont décorés de la Légion d’Honneur et le 3e Régiment de la Médaille Militaire. Au vu des citations accordées, il est aisé de remarquer que les régiments de Zouaves, mais aussi et en général toutes les troupes d’Afrique, étaient souvent employés lors d’assauts désespérés et meurtriers, les hommes réduits en «chair à canon» et les régiments maintes fois anéantis, remaniés et reformés.

Les zouaves seront alors avec les Tirailleurs nord-africains parmi les régiments les plus décorés[5]. Un site porte leur nom (la vallée des Zouaves) en souvenir des durs combats qu'ils menèrent à Souchez en 1915.

- 1919 - 1920 : Démobilisation et liquidation des régiments de marche issus de la Grande Guerre. On ne conserve que six régiments (Les quatre «vieux», ainsi que les 8e et 9e ).

- 1920 - 1927 : Le 2e Zouaves fait campagne au Maroc. Mais les autres régiments sont représentés par un ou plusieurs bataillons lors de la guerre du Rif en 1925 et 1926.

- 1927 : Le 13 juillet, une loi reconditionne la structure militaire en spécifiant que cette organisation doit en outre pourvoir, en tout temps, à la défense des colonies et pays de protectorat, et de s’adapter aux exigences nouvelles. C’est ainsi qu’une distinction rigoureuse est établie entre celles de nos forces permanentes qui ne doivent pas quitter le territoire métropolitain et celles auxquelles échoit normalement la protection de nos colonies. Les zouaves font donc normalement partie de ces forces appelées troupes d’Afrique, et couvrent nos départements d’Afrique du Nord (Algérois, Constantinois et Oranais), ainsi que la Tunisie et le Maroc, alors en statut de protectorat. Chaque régiment ayant normalement 1 580 hommes, se dispose ainsi : - Trois régiments de zouaves en Algérie : - Le 8e à Oran, (dissous en 1928, il prendra le numéro “2” après la reformation du 8e, motorisé, à Mourmelon en 1934). - Le 9e à Alger, Fort-National et Aumale; - Le 3e à Constantine, Philippeville et Batna.

Un régiment en Tunisie : - Le 4e à Tunis et Le Kef. Deux régiments au Maroc : - Le 1er à Casablanca et Ouezzane; - Le 2e à Oujda et Aknoul (en limite du Maroc espagnol).

Seconde Guerre mondiale

À la mobilisation de septembre 1939, les régiments de zouaves sont renforcés par l’arrivée des réservistes qui les porte à l’effectif de guerre. Ainsi ils passent de 1.850 hommes à entre 2.400 (effectif normal d’un régiment de tirailleurs, pour mémoire) et 3.000. Observons de plus près, par exemple, le cas du 4e Zouaves : celui-ci passe à 81 officiers, 342 sous-officiers et 2.667 zouaves, dès octobre 1939.

L’armée française engage quinze régiments de zouaves en 1939 : Six régiments actifs, dont les garnisons d’origine sont : - 1er : Casablanca, Ouezzane et Albi; (LCL Fromentin) - 2e : Oran (caserne de Château Neuf), Nemours et Castelnaudary; - 3e : Constantine (caserne de la Casbah), Sétif (caserne des Zouaves) et Philippeville (caserne de France); (COL Chartier) - 4e : Tunis (caserne Saussier et de la Casbah), La Goulette et Le Kef (camps des oliviers); (COL Ablard) - 8e : Mourmelon; (LCL Anzemberger) - 9e : Alger (caserne d’Orléans), Aumale et Fort National (caserne Rullières). (LCL Tasse)

Cinq régiments formés en métropole : - 11e : Belley; (LCL Bousquet) - 12e : Avignon; (COL Tissané) - 13e : Castelnaudary; (LCL Pothuau) - 14e : Lyon; (LCL Bousquet) - 15e : Issoudun. Seuls quatre de ces régiments formés en France sont affectés à des divisions, le 15e Zouaves reste à l’état de centre mobilisateur.

Quatre régiments sont créés en Afrique du Nord, et y sont restés comme régiments de dépôt et de protection : - 21e : Meknès; - 22e : Oran et Tlemcen; - 23e : Constantine, Sétif et Philippeville; - 29e : Alger.

Pendant la campagne de France, les régiments de Zouaves sont jetés dans la bataille sans réels moyens et sont sacrifiés, comme leurs aînés de la Grande Guerre, sans le moindre profit stratégique. Ils sont bousculés, brisés, pris sous le feu de l’aviation et de l’artillerie adverse, et sont pour la plupart capturés. (voir, par exemple, Militaria Magazine n°129, historique du 9e Zouaves)

Le protocole d'armistice de 1940 prévoit leur dissolution[réf. nécessaire].

Ils sont familièrement appelés les zouzous[réf. nécessaire].

Guerre d'Indochine

Guerre d'Algérie

Une patrouille du commando de chasse V66 du 4me Zouaves Ferme M'Sila entre 1960 et 1962 (Guerre d'Algérie). Équipement: FM MAC 24/29 & PM MAT-49.

Avec l'indépendance de l'Algérie et le rapatriement des Européens en juillet 1962, le corps des zouaves est dissous[2].

Devise

La devise des zouaves français est : « Être zouave est un honneur. Le rester est un devoir. »

Uniforme

L'uniforme des zouaves, très élaboré, ne changera pratiquement pas de 1830 à 1962, au moins pour ce qui est de la tenue de tradition adoptée pour les cérémonies et prises d'armes après 1915. De coupe « orientale » ou encore appelée « à la turque », il se compose d'une coiffe arabe dite « chéchia », sorte de bonnet de feutre rouge, agrémenté d'un gland à franges de couleur variable juqu'au second Empire puis bleu moyen par la suite, et d'un turban de coton blanc roulé en boudin autour de la chéchia . La « bedaïa », veste-boléro de forme arabe, en drap bleu foncé avec passepoils et tresses garance, est portée sur le « sédria », gilet arabe sans manche en drap bleu foncé à tresses garance. Le « tombô » de la veste, sorte de fausse poche dessinée par une arabesque formée par la tresse décorative, est à la couleur du régiment. Le pantalon arabe, le « sarouel » (dit aussi « saroual », « seroual » ou encore « serouel ») est d'une forme très ample et sans séparation d'entre-jambe. Une ceinture de laine bleu indigo vient s'enrouler à la jonction du bas du gilet et du haut du sarouel (cette ceinture est destinée à tenir les intestins au chaud pour lutter contre la dysenterie). La ceinture, qui mesurait 40 centimètres de large pour quatre mètres de long, était l’élément le plus difficile à mettre, le zouave devant souvent appeler à l’aide un de ses compagnons. En guise de manteau, le zouave possède un collet à capuchon, sorte de pèlerine ample mais courte, fabriquée en drap de couleur « gris de fer bleuté ». De hautes guêtres de drap bleu foncé ou de toile blanche selon la saison ou la circonstance, portées avec des souliers cloutés de cuir noir, complètent la silhouette du zouave. Les guêtres sont remplacées vers 1905 par des bandes molletières en drap de la couleur du collet. Le style de cet uniforme, partagé avec les troupes indigènes de tirailleurs et de spahis en Algérie, variant totalement de celui des autres troupes d'infanterie française, a pour origine le style vestimentaire des populations kabyles de l'époque, dont la tenue traditionnelle s'inspirait très largement de celle des envahisseurs turcs qui occupaient le pays depuis des décennies.

Cet uniforme que portent les zouaves, a une implication des plus importantes dans l’esprit de corps de ces hommes hors du commun à forte proportion d’engagés volontaires et de rengagés, ce qui explique la ténacité, la force et la cohésion au sein des divers régiments. De ce fait la tenue « à l’orientale » si remarquable ne subira pratiquement aucune modification, du moins pour la troupe, pendant toute sa période de dotation.

Une tenue aussi étrange et romantique tient plus d’une mode et d’une fascination pour les choses exotiques lors de la dernière moitié du XIXe siècle, que d’une réelle exigence bien fondée et raisonnable en termes d’habillement militaire. Ainsi l’on tente de concilier l’inconciliable, car le zouave a besoin d’une tenue chaude pour les nuits fraîches et d’une tenue fraîche pour les journées chaudes. Et ces effets comportent énormément de défaillances : son pantalon large s’accroche dans les broussailles, veste et gilet découvrent le cou, le collet à capuchon ne protège pas les jambes ni les cuisses du froid et de la pluie, et la chéchia ne protège contre rien... et pourtant, le prestige eut le dessus.


À partir de fin 1914, alors que les régiments métropolitains adoptent dans l'urgence de nouveaux effets en drap bleu "horizon", le drap kaki est octroyé en priorité aux régiments de l'armée d'Afrique et à une partie des troupes coloniales. Tout d'abord de teinte allant du marron jaune au vert caca d'oie, la nouvelle tenue des zouaves relègue l'uniforme oriental aux effets de sortie ou de prise d'armes. Le « sarouel » adopte une forme moins ample et à jambes séparées, dite « culotte cycliste » ou « culotte russe », la veste de coupe européenne remplace les effets arabes, les chéchias, lorsqu'elles ne sont pas remplacées par le casque métallique Adrian modèle 1915, sont masquées par des manchons de toile sable ou cachou.

De ces premiers essais restés sous le sobriquet de drap « moutarde » naitra la nuance "kaki", vert foncé, qui s'impose pour toute l'armée après 1922.

Les zouaves, à l'instar de leurs camarades tirailleurs et spahis, retrouveront leur tenue orientale pour les prises d'armes, les cérémonies et en tenue de sortie, à partir de 1928.

Légion d’Antibes

Notons qu'en marge de l’histoire officielle de l’Armée française, le 11 avril 1866 une circulaire du Maréchal Randon autorise la création de la “Légion d’Antibes” qui donne naissance à un bataillon de zouaves pontificaux, pour la plupart des Français (au service des États du Saint-Siège en Italie), cette création était déjà l’idée de Juchault de La Moricière (figure légendaire, ancien officier charismatique au 2e Zouaves, il devient ministre de la guerre en juin 1848, puis il choisit l’exil sous le second Empire), qui ainsi dirige un corps d’élite qui ajoute aux traditions d’héroïsme des zouaves d’Afrique l’idée chrétienne de l’abnégation et du sacrifice. Il est à noter aussi qu’aux Amériques, pendant la guerre de sécession entre Confédération et Union, le prestige de l’armée française est tel que dans les camps du Nord et du Sud sont constitués des régiments de zouaves, dans lesquels s'enrôlent de nombreux volontaires souvent d’origine française.

Décorations

Pour les décorations et les citations, les zouaves, avec les tirailleurs nord-africains, viennent juste après les deux régiments les plus décorés de l'armée française (le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM), appartenant aux troupes coloniales, et le Régiment de marche de la Légion étrangère, appartenant à l'Armée d'Afrique)[1].

Il n’y a pas de liaison directe entre le port d’une fourragère et l’attribution au drapeau de la décoration correspondante, car c’est uniquement le nombre de citations à l’ordre de l’Armée qui est pris en compte pour l’attribution de la fourragère à une unité.

Drapeaux

  • Inscriptions portées sur les drapeaux :

Première Guerre mondiale

Seconde Guerre mondiale

  • Fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre 1939-1945 (2-3 citations à l'ordre de l'Armée)

Citations militaires

Décret du 5 juillet 1919 portant attribution de la croix de chevalier de la Légion d'honneur au drapeau du 4e RMZ[6] 

« Magnifique régiment animé de toutes les vertus guerrières qui a généreusement versé son sang sur les principaux champs de bataille de la grande guerre et a connu le succès chaque fois qu'il a fait revivre en l'ennoblissant encore par la constance et la ténacité de ses efforts, la tradition des Zouaves de Crimée, d'Italie, du Froeschwiller. A participé aux batailles les plus importantes de la campagne 1914-1918, s'est couvert de gloire sur la Marne et sur l'Yser en 1915, a arraché la victoire à Douaumont (24 octobre 1916), Louvemont (15 décembre 1916), Hurtebise (24 avril 1917), La Malmaison (23 octobre 1917), Longpont (18 juillet 1918), sur l'Oise (2 août au 4 septembre 1918) et en donnant tout entier et à fond, a arrêté net la ruée déjà victorieuse de l'ennemi à Orvillers-Sorel (28 mars au 1er avril 1918) et à Carlepont (29 mai au 5 juin 1918). »

— Décret du 5 juillet 1919 portant attribution de la croix de chevalier de la Légion d'honneur au drapeau du 4e RMT - Président de la République[7]

Liste des régiments de zouaves de l'armée française

Régiments mixtes de zouaves et tirailleurs en 1914-1918

Créés lors de la Première Guerre mondiale avec deux bataillons de Tirailleurs algériens et un bataillon de Zouaves. Ils perdent leur bataillon de Zouaves entre avril et juillet 1918 et deviennent alors entièrement composés de tirailleurs. Les 2e et 3e sont transformés respectivement en 13e RMT et 6e RMT alors que les 1er et 4e conservent leur nom de mixte jusqu'en 1920.

Liste des régiments de zouaves dans d'autres pays

Zouaves pontificaux

La création des zouaves pontificaux a lieu en 1860 à l'appel du pape Pie IX ; leur organisation est confiée au général de La Moricière. Après l’entrée des troupes italiennes de Victor-Emmanuel II à Rome en 1870, ils servent le Gouvernement de Défense nationale lors de la guerre franco-prussienne, et sont dissouts après l’entrée des Prussiens à Paris.

L’un des zouaves pontificaux les plus célèbres est John Surratt, impliqué dans l'assassinat d’Abraham Lincoln.

États-Unis

1861 Zouave CSA

Plusieurs unités de zouaves furent formés par des Américains lors de la guerre de Sécession : l'Union équipe de nombreux régiments de zouaves (parfois seulement zouaves uniquement de nom), et les Confédérés n'en ont qu'une poignée , essentiellement en Louisiane (Tigers zouaves, Coppen's Zouaves, Louisiana zouaves). Au nord les plus célèbres sont le 5e régiment de volontaires de New York, surnommés les zouaves de Duryee, le Elmer Ellsworth, mort en 1861, puis durement entamé lors de la première bataille de Bull Run. Le 5e était considéré comme une unité d'élite de l'armée du Potomac, et incorporé dans la division de Sykes. À la seconde bataille de Bull Run, le 5e régiment de New York, accompagné du 1863, l'uniforme de zouave est donné en récompense aux unités méritantes de l'armée du nord et il y aura davantage d'unités de zouaves à la fin de la guerre qu'à son début. dans les années 1870/80 les zouaves furent progressivement assimilés aux unités régulières de l'US Army.

Zouaves du mort

Zouaves de mort formés lors de l'Insurrection polonaise de 1861/1864; leur organisation est confiée au Lieutenant François Rochebrune.

Insurrection polonaise de 1861/1864 Zuavo du mort - colonel François Rochebrune (1863)

Notes, commentaires et références

  1. a et b Les troupes coloniales dans la Grande Guerre: actes du colloque organisé pour le 80e anniversaire de la bataille de Verdun, IHCC-CNSV, 1997, p.90
  2. a et b Encyclopédie Larousse
  3. "A proprement parler les Zouaoua sont les Kabyles qui habitent les contreforts les plus élevés du Djurdjura. Le premier indigène qui entra au service de la France après la conquête d'Alger, fut un Zouaoui ou homme des Zouaoua, de là le nom des Zouaves", Le Globe, Société de géographie de Genève, 1860, p.215
  4. Philippe E. Landau, Les Juifs de France et la Grande Guerre: un patriotisme républicain, 1914-1941, CNRS, 1999, p.34
  5. Jacques Frémeaux, Les empires coloniaux dans le processus de mondialisation, Maisonneuve & Larose, 2002, p.64
  6. Bulletin des lois de la République française, éd. Imprimerie royale, Paris, 1919, p. 2026
  7. Le 4e zouaves avait perdu 9 351 officiers, sous-officiers et soldats pendant la guerre 1914-1918
  8. Le bataillon d'instruction et d'intendance du 4e zouave est installé au fort de Rosny-sous-Bois. En 1963, la municipalité de Rosny-sous-Bois a baptisé Rue du 4e-Zouave la rue qui relie le centre-ville au Fort de Rosny

Bibliographie

  • Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994
  • Robert Huré, L'Armée d'Afrique: 1830-1962, Charles-Lavauzelle, 1977
  • Les Africains, Historama, hors-série n° 10, 1970

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Audy, Diane, Les zouaves de Québec au XXe siècle, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2003, 180p., ill.
  • Bruno Carpentier, La Légende des Zouaves, Ed. SOPAIC
  • Michel Daniel, Un breton chez les Zouaves 1915 - 1918, carnets de Michel Daniel 1er régiment de marche de Zouaves, Ed. YSEC; ISBN 2 84673 063 6.
  • Jean-François Catteau, Militaria Magazine n°129 & 197, Histoire & Collection.

Références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Zouaves de Wikipédia en français (auteurs)

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  • Zouaves — n. infantry soldier in the French army …   English contemporary dictionary

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