Panthéon (Paris)

Panthéon (Paris)
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Panthéon
Pantéon (Francia).jpg
Présentation
Période ou style néoclassique
Type tour à tour église et panthéon
Architecte Jacques-Germain Soufflot
Jean-Baptiste Rondelet
Date de construction 1758-1790
Dimensions 83 m
Protection monument historique
Géographie
Pays France
Localité Paris
Coordonnées 48° 50′ 47″ N 2° 20′ 46″ E / 48.84625, 2.3461148° 50′ 47″ Nord
       2° 20′ 46″ Est
/ 48.84625, 2.34611
  

Géolocalisation sur la carte : Paris

(Voir situation sur carte : Paris)
Panthéon

Le Panthéon est un monument de style néo-classique situé place du Panthéon sur la montagne Sainte-Geneviève, dans le 5e arrondissement de Paris, au cœur du quartier latin. Il est entouré notamment par la mairie du 5e arrondissement, le lycée Henri-IV, l'église Saint-Étienne-du-Mont, la bibliothèque Sainte-Geneviève et la faculté de droit. La rue Soufflot lui dessine une perspective à partir du jardin du Luxembourg.

Construit à l'origine au XVIIIe siècle comme une église pour abriter la châsse de sainte Geneviève, ce monument a maintenant vocation à honorer des personnages et rappeler des événements ayant marqué l'histoire de France.

Ses différentes destinations successives, sa décoration, les inscriptions et les symboles qui y figurent, permettent de parcourir la construction – lente et contrastée – de la nation française.

Ce monument est ouvert au public et géré par le Centre des monuments nationaux.

Sommaire

Histoire

Débuts difficiles et controversés

Le Panthéon en 1912
Dôme du Panthéon
Intérieur du Panthéon

En 1744, se trouvant à Metz et souffrant d’une grave maladie, Louis XV fait le vœu, s’il survit, de créer une église dédiée à sainte Geneviève[1]. Rétabli et de retour à Paris, il charge le marquis de Marigny, directeur général des bâtiments, d'édifier le monument en lieu et place de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, alors en ruines. En 1755, le marquis de Marigny confie la responsabilité des plans à l’architecte Jacques-Germain Soufflot, qui avait envoyé de Rome un projet adopté par acclamation.

L'abbé de Sainte-Geneviève bénit le terrain dès le 1er août 1758. Dès lors, les fondations commencent à être creusées.

Louis XV pose la première pierre le 6 septembre 1764, devant une grandiose préfiguration : le futur portail y figure peint et représenté grandeur nature, comme un décor en toile tendu sur une charpente ; l'œuvre est due aux peintres Pierre-Antoine Demachy et Callet. Le roi est accompagné du dauphin, de l'abbé de Sainte-Geneviève, du marquis de Marigny (surintendant des bâtiments) ainsi que de Soufflot, qui lui présente son projet. Un grand dessin préparatoire à la plume et au lavis de bistre pour cette composition est conservé à Carnavalet.

Cependant, des critiques s’élèvent bientôt, dès 1770, au sujet du dôme dont on prédit, notamment l’architecte Pierre Patte, que les bases ne suffiront pas à le porter et que, faute de remplacer les colonnes de soutènement par des piliers pleins et massifs, l’édifice est voué à s’effondrer. Bientôt, l’idée sera fermement ancrée chez beaucoup de Parisiens qui s’imaginent l’ouvrage destiné à s’écrouler à plus ou moins bref délai. Mercier se fait, par exemple, l’écho de cette rumeur urbaine, dans son Tableau de Paris :
« Le dôme ou la coupole de l'église de Sainte-Geneviève s’écroulera-t-il sur nos têtes ? Ou bien bravera-t-il, sur une base inébranlable, les clameurs et les alarmes de M. Patte ? Il a annoncé le danger, n’est-il qu’imaginaire ? S’il arrivait, il ne nous resterait donc que la majestueuse façade de ce monument ; morceau qui mérite les plus grands éloges[2] ».

La construction prend du retard à cause de difficultés financières dues à la guerre et la mort de Soufflot en 1780.

L'édifice ne sera finalement achevé qu'en 1790, par les associés de Soufflot : Jean-Baptiste Rondelet et Maximilien Brébion qui dénaturèrent son projet en le privant de la partie audacieuse et originale qui le caractérisait.

De l'église catholique au temple républicain

C'est à la mort de Mirabeau, le 2 avril  1791, qu'on se mit à songer à imiter l'Angleterre qui réunissait les tombes des grands hommes dans Westminster, comme d'ailleurs on le faisait aussi en France à Saint-Étienne-du-Mont.

Certains proposaient la Rotonde de la Villette tandis que d'autres suggéraient le Champ de Mars ; c'est finalement la proposition d’Emmanuel Pastoret, à l’Assemblée nationale qui est retenue. Elle décide, par un décret du 4 avril 1791, d’utiliser l’édifice qui vient d'être achevé et n'est pas encore consacré comme église, afin qu'il serve de nécropole aux personnalités exceptionnelles qui contribueront à la grandeur de la France.

Le discours de monsieur Pastoret, procureur syndic du département de Paris, provoqua l'acclamation de l'Assemblée entraînée par Robespierre et Barnave :

« Messieurs, Le Directoire du département propose à l'Assemblée nationale de décréter :

  1. Que le nouvel édifice Sainte-Geneviève soit destiné à recevoir les cendres des grands hommes, à dater de l'époque de notre liberté ;
  2. Que l'Assemblée nationale puisse seule juger à quels hommes cet honneur sera décerné ;
  3. Que Honoré-Riquetti Mirabeau en est jugé digne ;
  4. Que les exceptions qui pourront avoir lieu pour quelques grands hommes, morts avant la Révolution, tels que Descartes, Voltaire, Rousseau, ne puissent être faites que par l'Assemblée nationale ;
  5. Que le Directoire du département de Paris soit chargé de mettre promptement l'édifice Sainte-Geneviève en état de remplir sa nouvelle destination, et fasse graver au dessus du fronton ces mots : Aux grands hommes la patrie reconnaissante »

Entre 1791 et 1793, le bâtiment est donc profondément modifié par Quatremère de Quincy qui lui donne son apparence actuelle pour qu'il devienne un panthéon, c'est-à-dire un monument laïque consacré à la mémoire des grands hommes de la nation.

Revirements historiques

Sous le Premier Empire, par le décret du 20 février 1806, le bâtiment est à la fois le lieu d’inhumation des grands hommes de la patrie et un lieu de culte. La crypte reçoit donc le cercueil de grands serviteurs de l'État, tandis que dans la partie supérieure se déroulent des cérémonies religieuses notamment liées aux commémorations impériales.

Au début de la Restauration, le Panthéon reste un lieu d'inhumation pour les grands hommes. L'ordonnance royale du 12 avril 1816 rend l'église Sainte-Geneviève au culte catholique, prévoyant la « suppression de tous les ornements et emblêmes étrangers au culte catholique ». En 1819, les lettres de bronze formant l'inscription du fronton sont enlevées, mais le texte reste lisible. C'est seulement en 1823 (pour le fronton) et en 1826 que les traces de l'ancienne fonction du Panthéon disparaissent finalement. En décembre 1821, les tombes de Voltaire et de Rousseau avaient été déplacées pour ne plus être visibles du grand public tout en restant dans l'édifice : alors que ses courtisans demandaient à Louis XVIII s'il était bien convenable de laisser la dépouille de l'anticlérical Voltaire dans un lieu rendu à sa fonction d'église, le roi répondit « Laissez-le donc, il est bien assez puni d'avoir à entendre la messe tous les jours ».

À son tour, la monarchie de Juillet retire l'église Sainte-Geneviève au culte catholique et lui rend sa destination de panthéon qui s’appelle alors « le Temple de la Gloire ». David d'Angers refait le fronton et la célèbre devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » réapparaît. Pourtant durant cette période, personne ne sera panthéonisé.


De 1848 à 1851, sous la Deuxième République, il sera « Temple de l'Humanité », sans succès non plus pour d'éventuels nouveaux locataires.

Sous le Second Empire (1851-1870), l’édifice redevient une église et l’inscription disparaît à nouveau[3].

On remarque que ce décret n'abroge pas l'ordonnance de Louis-Philippe, maintenant le caractère de sépulture nationale voulue par la Révolution.

La cérémonie de reprise du culte eut lieu le 3 janvier 1852.

Un second décret du 22 mars 1852 fixe les conditions d'exercice du culte. Ne s'agissant pas d'une paroisse ni de l'église d'une congrégation, l'État en avait ainsi fixé les modalités d'exercice :

Une communauté de prêtres est établie pour desservir l'église Sainte-Geneviève de Paris. Cette communauté est composée de six membres qui prennent le titre de chapelains de Sainte-Geneviève, et d'un doyen. Les chapelains de Sainte-Geneviève sont institués aux fins de :

  1. Se former à la prédication.
  2. Prier Dieu pour la France et pour les morts qui auront été inhumés dans les caveaux de l'église.

« Il [Napoléon III] a enfoncé un clou sacré dans le mur du Panthéon et il a accroché à ce clou son coup d'État. »

— Victor Hugo, Napoléon le Petit — Livre 2, chapitre VIII, 1852

Ce n'est que depuis 1885, à l'occasion du décès de Victor Hugo et son inhumation au Panthéon, que l'église Sainte-Geneviève disparaît. Désormais le bâtiment est bien le lieu de repos des grands hommes honorés par la République.

Architecture

Le Panthéon est un bâtiment long de 110 m et large de 84 m. La façade principale est décorée d’un portique aux colonnes corinthiennes, surmonté d’un fronton triangulaire réalisé par David d'Angers. Ce fronton représente la République (au centre) donnant la Liberté et protégeant à sa gauche les Sciences - représentées par de nombreux grands savants (François-Xavier Bichat, Berthollet, Gaspard Monge, Laplace…), philosophes (Voltaire, Jean-Jacques Rousseau…), écrivains (Fénelon, Pierre Corneille…) et artistes (Jacques Louis David…) - et à sa droite l'Histoire - représentée par les grands personnages de l'État (Napoléon Bonaparte…) et étudiants de l'École Polytechnique. L'édifice, en forme de croix grecque, est couronné par un dôme haut de 83 mètres, coiffé d’un lanterneau. L’intérieur est décoré par des peintres académiques comme Puvis de Chavannes, Antoine-Jean Gros, Léon Bonnat ou Cabanel.

Vue panoramique de l'intérieur du Panthéon

Projet architectural de Soufflot

Le projet architectural de Jacques-Germain Soufflot est une église à dôme, en forme de croix grecque, c'est-à-dire avec quatre branches courtes, égales en longueur et en largeur. Pour le réaliser, il emprunte à différents styles architecturaux, ce qui fera écrire à Maximilien Brébion : « Le principal objet de M. Soufflot, en bâtissant son église, a été de réunir, sous une des plus belles formes, la légèreté de la construction des édifices gothiques avec la magnificence de l'architecture grecque. »[4]

Soufflot a composé son église en puisant dans différents registres :

En raison de ce mélange des références, l'église Sainte-Geneviève sera considérée par Pierre Lavedan et Louis Hautecœur comme le premier édifice éclectique[5]. Il est cependant généralement classé comme néo-classique, d'abord pour sa période de construction, et par le vocabulaire de l'architecture classique (colonnes, entablement, fronton, etc.) utilisé dans une volonté de retour à la simplicité antique en réaction au style baroque de la période précédente (la façade ne comporte qu'un seul ordre comme les temples grecs, et non des ordres superposés comme Saint-Louis des Invalides, les colonnes du péristyle d'entrée ont un entrecolonnement régulier comme les temples antiques, alors que l'usage classique était d'écarter plus les colonnes centrales, le même ordre corinthien sert à l'intérieur et à l'extérieur, etc.)[6].

D'un point de vue structurel, les quatre nefs servent à contrebuter les poussées latérales du dôme. Cependant, le recours à l'armature de la pierre est nécessaire, compte tenu des poussées à contenir. Le portail contient une structure métallique invisible. Il s'agit véritablement de pierre armée et non pas simplement chaînée comme il était souvent pratiqué à l'époque, la disposition des armatures étant déjà celle d'une poutre en béton armé[7]. Cependant cette technique de construction nécessite un entretien régulier, pour éviter que l'humidité n'entre dans la maçonnerie et ne fasse rouiller le fer des armatures qui risquent à leur tour de faire éclater la pierre.

Dès 1764, ce projet audacieux est l'objet de protestations de la part du clergé catholique qui s'élève contre la construction d'une église dont le plan au sol ne serait pas celui d'une croix latine. Soufflot doit donc revoir son plan. Il allonge d'une travée le bras du chœur (branche est), ce qui permet de créer une abside flanquée de deux tours abritant des chapelles au rez-de-chaussée et des clochers en élévation. À l'opposé, il allonge également le bras de la branche ouest en la dotant, à la manière des temples grecs de l'Antiquité, d'une sorte de pronaos, c'est-à-dire d'un portique qui précède le sanctuaire.

Triple coupole

Coupe sur la triple coupole

Un élément essentiel de la construction reste invisible aux yeux du visiteur. Alors que l'on pourrait penser qu'une seule coupole soutient le lanterneau et la croix à son sommet, en réalité, trois coupoles sont emboîtées les unes dans les autres :

  • Le dôme extérieur est en pierre recouverte de bandes de plomb, et non pas en charpente, comme il était de tradition à l'époque (comme à Saint-Louis-des-Invalides). Sa mise en œuvre constitue d'ailleurs une véritable prouesse technique. Adhémar, dans son Traité de charpente[8], explique le choix d'une coupole en pierre par la stabilité nécessaire à un grand édifice d'ordinaire soumis par le vent à des oscillations.
  • De l'intérieur, on peut voir une coupole à caissons, ouverte au centre par un oculus (ouverture ronde). Cette coupole basse s'appuie sur la partie basse du tambour, au niveau de la colonnade extérieure, qui contrebute l'ensemble.
  • Entre ces deux coupoles, extérieure et intérieure, est construite une troisième coupole technique de forme parabolique (de la forme d'un demi-œuf) qui soutient la lanterne de pierre, laquelle pèse plus de cinq tonnes. C'est sur la face intérieure de cette coupole qu'est peinte L'Apothéose de sainte Geneviève d'Antoine Gros, que l'on peut admirer à travers l'oculus de la coupole intérieure. Cette coupole intermédiaire n'est pas constituée d'un manteau de pierre continu comme le dôme extérieur : elle est ajourée par quatre arcs qui permettent de faire descendre les charges de la lanterne vers les piles. Les jours, quant à eux, laissent passer la lumière prise par les fenêtres en partie haute du tambour entre les deux coupoles inférieures pour nimber la peinture de l'apothéose.
Les trois coupoles

Cette méthode de circulation de la lumière peut être comparée avec celle qu'ont adoptée les prédécesseurs de Soufflot ; par exemple, le Panthéon de Rome et son oculus central à ciel ouvert, ou la coupole des Invalides de Paris de Hardouin-Mansart. Un dispositif à trois coupoles a été utilisé à la cathédrale Saint-Paul de Londres un peu auparavant, avec cependant un dôme en charpente. Le système de construction peut être examiné sur la maquette réalisée par Rondelet : elle se trouve exposée dans la chapelle annexe-nord du bâtiment[9],[10].

Crypte

Pantheon Crypt.JPG

La crypte couvre toute la surface de l'édifice. En effet, elle est constituée de quatre galeries, chacune sous chacun des bras de la nef. Cependant, elle n'est pas véritablement enterrée comme une cave puisque des fenêtres, en haut de chaque galerie, sont ouvertes sur l'extérieur.

On pénètre dans la crypte par une salle décorée de colonnes doriques (en référence au temple de Neptune à Paestum, que Soufflot avait visité pendant son voyage en Italie). En avançant, on découvre ensuite, au centre du bâtiment, la vaste salle voûtée de forme circulaire et la petite pièce centrale, située juste au centre du dôme.

On peut s'interroger sur les dimensions de la crypte qui paraît incroyablement vaste. Les 73 hôtes actuels ne sont pas à l'étroit puisque la capacité totale d'accueil est d'environ 300 places. Une des hypothèses émises pour expliquer cela serait que Louis XV voulait en faire un mausolée pour les Bourbons.

Étapes de la construction

Il s'agissait d'abord de trouver de l'argent pour réaliser ce projet. On majora le prix des trois loteries mensuelles, leur coût passant de 20 sols à 24, ce qui rapporta 400 000 livres.

Ensuite, il fallait trouver un terrain. On décida de le prendre sur la partie ouest du jardin de l'abbaye Sainte-Geneviève. Les travaux commencèrent en 1758. L'argent récolté ne permit de réaliser que les fondations, car le terrain était miné par les galeries qu'avaient forées, seize siècles plus tôt, les potiers gallo-romains pour extraire l'argile. On dénombra au moins sept puits de 25 mètres de profondeur, et une centaine d'autres, moins profonds.

Enfin le 6 septembre 1764 Louis XV vint poser la première pierre. On avait édifié pour l'occasion une reproduction du futur édifice, un trompe-l'œil grandeur nature, de toile et de charpente, représentant le futur portail de l'église[11].

La construction avança malgré tout avec régularité : en 1769, les murs étaient élevés et en 1776, les voûtes terminées et décintrées.

Mais le projet fut très contesté. Bien que cette idée fît école[12], il fut attaqué par de nombreux détracteurs. L'audace du projet, mais aussi, il est vrai, des tassements dans les maçonneries dus à une mauvaise exécution, alimentèrent libelles et mémoires explicatifs. La polémique fut très vive et c'est désespéré que Soufflot mourut le 29 août 1780 avant que le projet ne fût terminé. Les critiques principales tendaient à établir que les quatre groupes de trois colonnes destinées à soutenir les trois coupoles, imaginées par l'architecte, manquaient de solidité et que l'édifice allait s'écrouler.

Pantheon 3.jpg

La plupart des pierres viennent des carrières du Bassin parisien. Les parties inférieures, jusqu’à neuf pieds de hauteur, viennent des carrières d'Arcueil et sont constituées de banc franc réputé comme le cliquart pour sa finesse et la dureté de son grain. De la carrière de Conflans-Sainte-Honorine, au confluent de la Seine et de l'Oise, on a extrait deux beaux blocs dit de banc royal qui ont été employés pour les angles du fronton. Du banc supérieur au banc royal, on trouve des pierres d'une dureté et d'une finesse un peu inférieure, dont on a extrait les blocs qui ont servi aux chapiteaux des colonnes corinthiennes[13].

Parmi les ouvriers qui ont participé à ce chantier, beaucoup venaient de la Creuse. Les maçons de la Creuse, qui ont participé à tous les grands chantiers de la capitale, évoquent le Panthéon dans une chanson :

[…]
Voyez le Panthéon,
Voyez les Tuileries,
Le Louvre et l'Odéon,
Notre-Dame jolie,
De tous ces monuments,
La France est orgueilleuse,
Elle en doit l'agrément,
Aux maçons de la Creuse
[…]

Achèvement de l'édifice par Rondelet et Brébion : 1780-1790

La suite des travaux fut confiée à deux collaborateurs de Soufflot, les architectes Rondelet et Brébion aidés d'un parent de Soufflot, Soufflot dit le Romain.

Pour la structure, leur principal apport fut de substituer de massifs piliers aux colonnes imaginées par Soufflot pour soutenir le dôme.

Ils assurèrent également le suivi du chantier. On trouvera sur le site italien Vita e opere[14] de nombreuses gravures sur la construction de l'église Sainte-Geneviève, plans de coupe du bâtiment, croquis de machines de chantier pour tester la solidité de la pierre et pour le renforcement de la pierre par des armatures de métal.

Le sculpteur Guillaume II Coustou réalisa le fronton.

Modifications d'Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy pour en faire un temple républicain

Le Panthéon en 1792

Le 4 avril 1791, l'Assemblée constituante transforme l'église Sainte-Geneviève en « Panthéon des grands hommes ». Elle charge Quatremère de Quincy d'adapter les lieux à cette nouvelle fonction[15].

Les choix de l'architecte vont modifier l'idée initiale de Soufflot : il change l'apparence extérieure en supprimant le lanterneau et les clochers, devenus inutiles. Intérieurement, il obture 38 des 42 fenêtres, modifiant ainsi profondément la circulation de la lumière à l'intérieur du bâtiment. Alors que le projet initial était de faire entrer le plus de lumière possible, l'obturation des ouvertures plonge maintenant la base du lieu dans une semi-pénombre. Elle accentue la lumière zénithale issue de l'oculus de la coupole à caissons, comme c'est le cas pour l'austère Panthéon de Rome.

La suppression de ces fenêtres perturbe la ventilation du bâtiment ; elle accroît en particulier le taux d'humidité et se trouve à l'origine, au XXe siècle, de fissures et d'érosion des structures métalliques.

Au milieu du bouillonnement des idées de la Révolution française, concernant le Panthéon, il faut retenir l'idée de Charles De Wailly, finalement non réalisée, qui aurait consisté à modifier l'édifice pour le mettre au goût de l'époque et lui donner le caractère de solidité qui semblait lui manquer.

Période napoléonienne

Durant cette période, la polémique sur la solidité de l'édifice continue au point qu'un étayage intérieur est mis en place. Visitant l'édifice le 13 février 1806, Napoléon s'intéresse de près aux remèdes possibles pour le solidifier en proposant de mettre des piliers en fonte pour soutenir le dôme. Il attribue une somme de 600 000 francs à la réfection du bâtiment et, sur les conseils de son architecte, M. Fontaine, il charge Rondelet de cette mise en application[16].

Finalement la seule réalisation sera, à l'arrière de l'édifice, la construction d'un escalier monumental pour descendre dans la crypte.

Éléments de décors

Groupe Le Vengeur commémorant la bataille du 13 prairial an II, par Ernest Dubois, 1908, marbre.
L'Apothéose de sainte Geneviève par Antoine-Jean Gros, 1811, fresque, version définitive
L'Apothéose de sainte Geneviève par Antoine-Jean Gros, projet initial, musée Carnavalet.

Passées ces étapes de construction, le bâtiment ne subira plus de modification de structure.

Au gré de l'histoire des XIXe et XXe siècles, du Premier Empire au début de la Quatrième République, chaque pouvoir en place utilisera la destination de cet édifice comme l'affirmation de sa conception de l'État, et en particulier de son rapport avec le pouvoir religieux.

L'étude et l'observation des différents éléments des décors intérieurs et extérieurs — tour à tour chrétiens, patriotiques, républicains, francs-maçons, philosophiques — rendent compte des âpres débats politiques de chaque période.

Ceux qui ont été retenus puis retirés, ceux qui ont été modifiés, ceux qui ont survécu, tout comme les projets refusés, l'ensemble de ces choix constitue une illustration de l'art officiel du moment.

Révolution française

Les symboles religieux sont enlevés et le fronton est modifié pour accueillir un motif révolutionnaire. Des fragments du fronton primitif sont encore visibles dans le bras-sud de la crypte, en particulier un profil de Louis XVI.

On détruisit les sculptures du fronton représentant une gloire rayonnante entourée d'anges et les bas-relief du péristyle illustrant quelques épisodes de la vie de sainte Geneviève.

Le nouveau motif, du sculpteur Jean Guillaume Moitte qui en achève l'exécution en 1793, représente la Patrie couronnant la Vertu, tandis que la Liberté saisit par leur crinière deux lions attachés à un char qui écrase le Despotisme, et qu'un génie terrasse la Superstition.

L'inscription « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante » y est apposée.

Sous le péristyle, Boichet sculpte dans le bas-relief du centre « une déclaration des Droits de l'homme » avec les déesses de la Liberté, de l’Égalité et de la Nature se donnant la main.

Lesueur, Roland, Claudet et Fortet font les autres bas-reliefs au dessus des portes représentant L'Institution du jury, L'Instruction publique, L'Empire de la Loi et Le Guerrier mourant pour la Patrie sur le champ de bataille.

Les quatre nefs furent également modifiées : elles furent consacrées successivement à la Philosophie, les Vertus patriotiques, les Sciences et les Arts.


Lors de la bataille du 13 prairial an II, le vaisseau Le Vengeur, faisant partie de l'escadre de Brest, sombre en livrant bataille contre une escadre britannique qui voulait empêcher le passage de 160 navires en provenance d'Amérique, chargés de blé, pour assurer le ravitaillement des Français. La légende raconte que pendant le naufrage du bateau les marins criaient « Vive la Nation ! Vive la République ». La Convention décrète alors qu’une maquette du bateau serait suspendue à la voûte du Panthéon et que les noms des membres de l’équipage seraient gravés sur les colonnes du monument. Le 9 thermidor empêcha cette réalisation.

Plus tard, une statue commémorant l'événement sera placée le long d'un des piliers (date inconnue).

Saint-Just propose que les noms des victoires soient inscrits sur ses murs et que des livres y soient déposés, portant le nom de tous ceux qui ont concouru à la Révolution ou qui en seront morts ou en auront souffert[17].

Période napoléonienne

Sur un pendentif, La Mort par Carvallo

Le Panthéon, inachevé pendant la révolution, était resté avec sa grande grue en place et se délabrait à chaque hiver; Mercier, après une visite fin 1795 le décrit avec ses échafaudages en place, la poussière de plâtre et les gravas de la construction inachevée ; le 27 mars 1796, le fils Soufflot reprend la direction des travaux suivi de Rondelet à partir du 3 mai 1801.

Napoléon rend à l'édifice sa fonction d'église mais il installe dans la crypte des dignitaires de l'Empire.

En 1801, Somer y fait transporter l'orgue des Bénédictins britanniques.

Dès 1806, l'architecte Rondelet est chargé de consolider les piliers du dôme et en 1811 on commande à Antoine-Jean Gros une peinture représentant l'apothéose de sainte Geneviève. Dans cette peinture, l'Empereur occupait naturellement une place importante, tenant à la main le Code civil français. Les changements politiques de 1815 nécessitèrent des transformations dans les personnages représentés. [En savoir plus…]

Sur les pendentifs, Carvallo peint, d'après des dessins de Gérard, des allégories relatives au premier Empire : la Gloire, la Mort, la Patrie, la Justice.

Un escalier monumental est construit pour descendre dans la crypte.

Première et seconde Restaurations 1814-1830

Louis XVIII décide de rendre le bâtiment à sa destination première : le 3 janvier 1822, jour de la fête de la patronne de Paris, l'église est inaugurée. Le fronton est modifié en conséquence. Il représente maintenant une croix de pierre au milieu de rayons fulgurants ; la formule « Aux grands hommes la patrie reconnaissante » est remplacée par l'inscription « D.O.M. sub invocat. S. Genovefae. Lud. XV dicavit. Lud. XVIII restituit »

On aménage la chapelle, située sous l'ancien clocher nord, avec un décor de pilastres orange et une coupole en pierre, coupole à caissons ornés de roses finement sculptées.

La peinture d'Antoine Gros, remaniée, est visitée par le roi Charles X en 1824. Elle sera achevée à cette date ou en 1827 selon les auteurs.

Monarchie de Juillet 1830-1848

Fronton où est inscrite la devise du Panthéon, orné du bas-relief sculpté par David d'Angers en 1837.

Louis-Philippe transforme à nouveau l'édifice en panthéon.

Le 27 juillet 1831 en présence de, Louis-Philippe et ses fils, l'empereur Don Pedro, des ministres et maréchaux de France, quatre tables de bronze sont placées lors d'une grande cérémonie.

En 1837 on commande à Nanteuil trois bas-reliefs au centre du péristyle, pour remplacer ceux de l'époque révolutionnaire. Ainsi se trouve désormais au-dessus de la porte centrale L'Apothéose du héros mort pour la patrie, encadrée par Les Sciences et les Arts et La Magistrature.

Entre 1831 et 1837, David d'Angers réalise une sculpture pour le fronton La Patrie couronnant les hommes célèbres[18]. Le plâtre de ce bas-relief est visible à la galerie David d'Angers à Angers. Il sera secondé dans ce travail par Hippolyte Maindron.

Le motif représente au centre La Patrie distribuant des couronnes aux grands hommes, entre la Liberté à droite qui donne les couronnes et l'Histoire à gauche qui inscrit sur ses tables les noms.

Grille à palmettes

Alors que le gouvernement tente de faire supprimer l’effigie de La Fayette, ce que David d'Angers refuse avec obstination, appuyé en cela par la presse libérale, le fronton est-il dévoilé sans cérémonie officielle.

L'inscription : « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante » est remise en place.

D'autres travaux et aménagements sont également réalisés sous la direction de l'architecte Rondelet fils : le dallage et des escaliers du perron, le nivellement du pourtour et l'installation de portes en chêne. Enfin on décide d'entourer le monument d'une grille à palmettes. Son dessin, ainsi que celui des deux candélabres en bronze, sont dus à Louis-Pierre Baltard architecte et graveur. La réalisation en est confiée à l'architecte Destouches.

Baltard rétablit également le lanterneau du dôme, supprimé à la Révolution.


Seconde République 1848-1851

Projet de mosaïque de Paul Chenavard : la Palingénésie sociale.

Pendant les journées de Juin 1848 l'édifice, servant de refuge à un certain nombre d'insurgés qui furent délogés à coups de canon, endommageant gravement sa façade. La garde nationale lança ensuite le 24 juin un assaut contre les derniers défenseurs [19].

En 1848, Ledru-Rollin et le gouvernement provisoire passent commande au peintre Paul Chenavard de la décoration intérieure. Il mène pendant trois ans des recherches passionnées. Il imagine de réaliser une histoire de l'humanité et de son évolution morale, interprétée comme une suite de transformations devant aboutir à une fin générale et providentielle. La partie gauche représenterait l'ère païenne ; le chœur, avec une Prédication de l'Évangile, figurerait la fin des temps antiques et le début des temps nouveaux. À droite, des fresques illustreraient les temps modernes. Enfin sur le pavage serait placée, au centre, une gigantesque synthèse de la « Philosophie de l'histoire », nouvelle École d'Athènes du XIXe siècle, entourée par l'« Enfer », le « Purgatoire », la « Résurrection » et le « Paradis »[20].

Ce projet est arrêté par le décret de 1851 (voir la section Second Empire).

Second Empire 1851-1871

L'église Sainte-Geneviève en 1867

le 31 mars 1851, le Panthéon servit à une expérience imaginée par le physicien Léon Foucault pour démontrer la rotation de la terre. Au centre de la coupole, on attache un pendule de 67 mètres de long accroché à la nef, qui en se balançant sous le dôme, entamait dans ses oscillations deux monticules de sable. Ce pendule, si la terre avait été immobile aurait dû tracer perpétuellement le même sillon dans le sable. Mais il y laissait des traces parallèles attestant le déplacement du sable par suite de la rotation de la terre.

Le 6 décembre 1851, le futur Napoléon III retransforme le Panthéon en basilique nationale, dédiée à sainte Geneviève. L'inauguration a lieu le 3 janvier 1852.

On entoure de planches les tombeaux de Rousseau et de Voltaire pour qu'ils ne soient plus visibles[21].

La commande passée au peintre Paul Chenavard est arrêtée. Son projet, présenté en 1855, avait à nouveau suscité la polémique. Le prince-président, qui a rendu l'édifice au culte catholique, ne pouvait pas trouver, dans ce syncrétisme encyclopédique, une affirmation suffisamment forte du rôle de l'Église dans la constitution de l'État français.

(Les cartons préparatoires de Chenavard sont actuellement au musée des beaux-arts de Lyon.)

Le mobilier religieux est alors remis en place et on enlève l'inscription « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ».

L'église devenant le siège d'un chapitre de chanoines les «Chapelains de Sainte-Geneviève», en plus de l'autel de l'abside en marbre blanc, on installe deux autels, l'un dédié à sainte Geneviève, l'autre dédié à saint Louis. L'autel du fond, est séparé par une balustrade de communion de fer forgé doré et ciselé et entouré de stalles en bois.

La nécessité de grandes orgues se fait alors sentir. En novembre 1852, le génial facteur d'orgues Aristide Cavaillé-Coll propose le projet d'un nouvel orgue en l’église Sainte-Geneviève. Le 17 décembre suivant, le ministre de l'intérieur signe le marché, d'un montant de 20 000 francs. En 1853, Cavaillé-Coll réalise et installe le nouvel instrument, un huit pieds de deux claviers-pédalier et de 21 jeux, qui participe ainsi au service de la liturgie. Clément Loret en est le titulaire.

L'État commande à Hippolyte Maindron deux groupes de statues à placer sous le péristyle d'entrée : Attila et sainte Geneviève (1857) et La Conversion de Clovis par saint Remi (1865). Ces deux grands ensembles ont été renvoyés aux réserves des musées lors de la dernière restauration du monument, et ne se trouvent donc plus sur place aujourd'hui[22]. Les ébauches de ces œuvres restent néanmoins visibles au musée des Beaux-Arts d'Angers.

Les deux portes latérales sont posées : en bronze, dessinées par Constant-Dufeux et fondues par messieurs Simonnet père et fils, elles rappellent à la fois le chiffre de sainte Geneviève et l'inscription de la façade : « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». Elles portent le millésime MDCCCL (1850).

  • Le siège de Paris 1870

Durant le siège de Paris de 1870, la crypte du Panthéon fut transformée en poudrière abritant des projectiles de toutes sortes. Les galerie souterraines servirent également de refuge aux habitants du quartier victimes des bombardements allemands. En e effet, les allemands instruits de l'existence de ce magasin, firent alors de la coupole un des principaux objectifs de leurs batteries de Châtillon, faisant tomber une pluie d'obus sur l'édifice, endommageant assez gravement le dôme[19].

  • La Commune de Paris 1871

François Jourde, communard, annonce à la foule que le Panthéon sera retiré au culte religieux pour être affecté au culte des grands hommes. Le 31 mars 1871, on hisse un drapeau rouge au sommet de l'édifice. Le 2 avril 1871 les petites branches de la croix qui surmonte l'édifice sont sciées et le caporal Jean Allemane y plante un drapeau rouge[23].

La Commune, continua de s'en servir comme dépôt d'armes et de munition. Les insurgés s'en servirent de quartier général durant les combats de mai. Les versaillais mirent 2 jours pour emporter les barricades qui l'entouraient de tous côtés. Jean-Baptiste Millière arrêté dans une maison voisine sera fusillé, à genoux sur les marches du monument, le 26 mai 1871[19].


Troisième République

Geneviève soutenue par sa pieuse sollicitude veille sur la ville endormie, par Pierre Puvis de Chavannes, 1898, peinture sur toile marouflée.

L'architecte Louis-Victor Louvet procède à des restaurations et, en juillet 1873, il replace la croix au sommet du dôme.

Cependant à l'occasion de l'enterrement de Victor Hugo en 1885, on décide de transformer de nouveau l'église Sainte-Geneviève en panthéon.

On enlève le mobilier religieux et on remet l'inscription « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ». L'orgue se fait entendre une dernière fois dans ce lieu, car en 1891, par entente entre les départements de la guerre et des travaux publics, l’orgue est affecté à l’église de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce où il est transféré la même année par le facteur Merklin.

Une commande est passée par le marquis de Chennevières, en 1874, pour la réalisation d'un grand cycle de peinture sur l'histoire de France. Ces huiles sur toile marouflée sont accrochées devant les fenêtres obturées par Quatremère de Quincy, rendant ainsi quasi-définitivement impossible le retour au projet initial de Soufflot.

On peut remarquer :

- La suite décorative consacrée à sainte Geneviève, par Pierre Puvis de Chavannes

- La Prédication de saint Denis, par Pierre-Victor Galland

- Le Martyre de saint Denis, par Léon Bonnat

- Sainte Geneviève rend le calme aux Parisiens à l'approche d'Attila, par Jules-Élie Delaunay

- La Vie de saint Louis, par Alexandre Cabanel

- L'Histoire de Jeanne d'Arc, par Jules Eugène Lenepveu

- La Mort de sainte Geneviève, par Jean-Paul Laurens

- Le Vœu de Clovis à la bataille de Tolbiac, Le Baptême de Clovis, par Paul-Joseph Blanc

- L'Idée de la Patrie, l'Abondance, la Chaumière, la Peste, par Jules-Ferdinand Humbert

- Charlemagne couronné empereur protégeant les Arts, par Henri-Léopold Lévy

mosaïque de l'abside, par Ernest Hébert.

De 1875 à 1884, Ernest Hébert réalise la mosaïque de l'abside, représentant Le Christ enseignant à l'ange gardien de la France les destinées de la patrie (ANGELVM GALLIÆ CVSTODEM CHRISTVS PATRIÆ FATA DOCET). À sa droite l'ange, debout, portant une épée puis, à genoux, la Ville de Paris portant le Scilicet ; à sa gauche, sainte Geneviève debout et, à genoux, Jeanne d'Arc tenant un drapeau. Cette représentation illustre les débats qui pouvaient agiter les débuts de la Troisième république entre laïcs et catholiques : sur les cinq personnages représentés, quatre ont une auréole, dont celui représentant la Ville de Paris ; Jeanne d'Arc en revanche n'en porte pas. Elle ne sera canonisée par l'église catholique qu'en 1920.

Mirabeau, par Jean-Antoine Injalbert, 1889, refait en 1924, marbre.

Une statue de Mirabeau est commandée à Jean-Antoine Injalbert. Dans le même temps, on commande à Auguste Rodin un monument à la gloire de Victor Hugo. Le projet avait été conçu par Édouard Lockroy, en hommage aux grands hommes de l'histoire de France. Il devait comporter cent sculptures qui auraient été placées dans le transept nord. L'idée était de reconstituer la fierté nationale mise à mal par la défaite récente de 1870 face aux Prussiens. Or le comité chargé de juger les œuvres conclut que les propositions de Rodin ne s’harmonisent pas avec la statue de Mirabeau.
Le modèle en plâtre de la statue de Lazare Hoche modelée en 1900 pour le monument érigé à Quiberon par Jules Dalou lui fait pendant.

Vers la gloire par Édouard Detaille, 1902, peintures sur toiles marouflées (détail du triptyque).
La Convention nationale, de François-Léon Sicard, 1920, pierre.

De 1902 à 1905, Édouard Detaille peint le triptyque Vers la gloire, qualifié d'hymne pictural à la République.

En 1906 une copie du Penseur de Auguste Rodin est placée devant le Panthéon. Elle a été retirée par la suite.

En 1913, on place un autel républicain dans l'espace initialement prévu par Soufflot pour l'autel religieux dans la destination première de l'édifice. C'est François-Léon Sicard qui réalise cet ensemble, à la gloire de La Convention nationale en 1920.

Après la Première Guerre mondiale, en 1927, est apposée une plaque portant le nom des écrivains morts pour la France au cours de la période 1914-1918.

Deux monuments sont installées dans le transept. Face à celui de Paul Landowski au nord dédié « à la mémoire des artistes dont le nom s'est perdu » (1913) se trouve celui de Henri Bouchard en hommage « aux héros inconnus, aux martyrs ignorés morts pour la France » (1924).

Le Panthéon de Paris est classé monument historique en 1920.

Quatrième République

Après la Seconde Guerre mondiale est apposée une plaque portant le nom des écrivains morts pour la France pendant la période 1939-1945.

De part et d'autre du Panthéon sont érigées en 1952 les nouvelles statues en pierre de Pierre Corneille et de Jean-Jacques Rousseau, en remplacement de deux statues envoyées à la fonte par l'occupant allemand pour récupération des métaux non ferreux pour l'industrie de l'armement en 1942.

La première statue de Rousseau avait été inaugurée en février 1889, en ouverture des célébrations du premier centenaire de la Révolution française.

Cinquième République

Cette période semble marquer une certaine stabilité ; aucun élément architectural n'a plus été modifié, retiré ou ajouté depuis 1958.

Pourtant un élément de décoration symbolique est venu occuper le centre de la nef, jusqu’à ce jour restée vide et sans affectation : la reconstitution, en 1995, de l'expérience du pendule de Foucault. Depuis cette date, la boule de laiton partage l'univers en deux alors que tourne autour d'elle la déesse égyptienne Bastet, statue installée en 1996 pour la cérémonie du transfert des cendres d'André Malraux.

L'époque contemporaine manifeste un souci évident de préservation et de conservation du monument, d'autant plus nécessaire que l'obturation des ouvertures imaginées par Soufflot modifie la ventilation du bâtiment et augmente le taux d'humidité, provoquant ainsi l'effritement des pierres et la corrosion de la structure métallique.

En 1984, l'architecte en chef des monuments historiques, Hervé Baptiste, est chargé de la restauration du bâtiment.

Le projet de loi de finances pour 2006 prévoit la poursuite de la rénovation de l'édifice.

Un autre événement rend urgente la restauration : lors de la tempête du dimanche 26 décembre 1999, la toiture du dôme subit des dégâts importants. La couverture est fortement endommagée ; des plaques de plomb se sont envolées, provoquant des dégâts aux alentours. Le ministère de la Culture, à l'époque, évalue les travaux à 5 millions de francs (MF) pour l'urgence, et à 40 MF pour la restauration définitive du dôme.

Panthéon en 2009 vu du parvis de l'église Saint-Étienne du Mont

En 2007, plusieurs projets mineurs de rénovation et d'aménagement de visite sont en cours de réalisations :

  • La mise en scène de la crypte des Grands Hommes : Une nouvelle scénographie (mise en lumière, ambiance sonore, textes) donnera une plus grande lisibilité au lieu et aux tombeaux importants, notamment ceux de Rousseau, Voltaire, Hugo, Malraux…
  • La réalisation d'une maquette tactile qui servira de support pédagogique pour les ateliers pour enfants et les visites tactiles pour personnes déficientes visuelles,
  • La restauration de la maquette du XVIIIe siècle, classée « Monument historique au titre objet » en 1975.
  • les bas-reliefs des droits de l'homme par Guillaume Boichot, au-dessus de la porte du Panthéon.

De 2005 à 2006, les membres d'une organisation, nommée Untergunther, qui occupent clandestinement le Panthéon depuis plusieurs années, restaurent secrètement à leur frais, l'horloge Wagner, qui date de 1850, et qui ne fonctionne plus depuis 1965. Cette action leur vaudra d'être traduit en justice par le Centre des monuments nationaux ; ils seront finalement relaxés[24],[25].

Temple républicain, lieu de mémoire collective

Hommage de la Nation

Qui décide d'une inhumation ?

Commençant avec la Révolution française dans un bâtiment neuf et encore non consacré comme église, la « panthéonisation » est une tradition reprise des Égyptiens et qu'ont suivie ensuite les Grecs puis les Romains. Le choix de donner à un personnage l'hommage ultime de « grand homme » de la nation française, ainsi que la mise en scène de la cérémonie, varient suivant les périodes de l'histoire de France.

En 1791, au moment de la création du concept de Panthéon français, c'est l'Assemblée constituante qui décide. La Convention en 1794 prendra le relais pour le choix de l'inhumation de Jean-Jacques Rousseau, mais aussi pour retirer Mirabeau en 1794 et plus tard Marat.

Pendant le Premier Empire, c'est bien sûr Napoléon Ier qui s'attribuera ce privilège.

Sous la Troisième République, ce sont les députés qui proposent et décident. Certains transferts, comme celui d’Émile Zola en 1908, déclenchent de violentes polémiques.

À l'heure actuelle, ce choix revient au président de la République. La famille peut s'opposer à cet honneur comme ce fut le cas pour Charles Péguy ou Albert Camus en 2009. Il s'agit plus d'un état de fait que d'un véritable droit, aucun texte officiel ne régissant ni les critères ni la forme de la cérémonie. On peut toutefois noter que plusieurs présidents de la cinquième république (Charles de Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac) ont voulu ponctuer leur époque par des panthéonisations, symboliques de leur propre vision de l'histoire de la France.

Grands hommes inhumés au Panthéon

En 2007, on recense 75 personnalités dont le gouvernement au pouvoir a décidé la « panthéonisation ».

Quelques uns d'entre eux, après avoir été admis en ont ensuite été retirés. Il s'agit de :

Pour Descartes, Bara ou Viala, si la décision a été prise, le transfert n'a pas été exécuté.

De plus, le corps du général Beaurepaire n'ayant pas été retrouvé, la cérémonie n'a pas eu lieu.

Aujourd'hui la France honore donc 71 personnalités par des tombes ou urnes funéraires, situées dans la partie inférieure du monument dont une seule femme, Marie Curie. Quatre personnalités sont italiennes (le dernier doge de Gênes Girolamo-Luigi Durazzo, les cardinaux Giovanni Battista Caprara, Ippolito-Antonio Vincenti-Mareri et Charles Erskine de Kellie), l'une néerlandaise (l'amiral Jean-Guillaume de Winter) et l'une suisse (le banquier Jean-Frédéric Perregaux), les six s'étant ralliées à Napoléon Ier.

Il faut ajouter trois tombes placées ici pour des raisons particulières :

  • l’architecte Soufflot, inhumé là en 1829 en tant que concepteur du bâtiment,
  • Marc Schoelcher, le père de Victor, qui repose avec son fils pour respecter leur volonté commune,
  • Sophie Berthelot, la femme du chimiste, pour la même raison ; Marcellin Berthelot, accablé de douleur, est mort une heure après son épouse.

Date d'inhumation :

Tableau des panthéonisations par période historique et par date
Période historique Nombre d'entrées Détails
Révolution française 6-4
Premier Empire 43
Première et Seconde Restauration 1
Monarchie de Juillet néant
Deuxième République néant
Second Empire néant
Commune de Paris néant
Troisième République 11+1
État français néant
Quatrième République 5+1
Cinquième République 10

On trouvera dans l'article Liste des personnes inhumées au Panthéon de Paris, un classement par caveau.

Inscriptions

De part et d'autre du monument à la Convention nationale on trouve :

- Sur le mur de la nef se trouvent quelques inscriptions concernant des personnages ayant marqué l'histoire de France par leur combat et leurs idées :

  • Henri Bergson : Philosophe dont l'œuvre et la vie ont honoré la France et la pensée humaine[26].
  • Antoine de Saint-Exupéry : Poète, romancier, aviateur, disparu au cours d'une mission de reconnaissance le 31 juillet 1944
  • L'aviateur Georges Guynemer : À la mémoire du capitaine Guynemer symbole des aspirations et des enthousiasmes de l'armée de la Nation.
  • Général Delestraint : À la mémoire du général Delestraint, chef de l'armée secrète, compagnon de la Libération. Plaque apposée en 1989, à la mémoire de celui qui fut le premier chef de l'Armée secrète, crée en 1942. Arrêté par la Gestapo à Paris le 9 juin 1943, il fut d’abord interné au camp de concentration du Natzwiller-Struthof, puis assassiné à celui de Dachau, le 19 avril 1945, quelques jours avant la Libération.

- Dans l'escalier monumental qui mène à la crypte, on remarque une plaque gravée en mémoire des soldats de la guerre de 1870 : À la mémoire des généraux d'Avrelles de Paladines, Chanzy et Faidherbe, des colonels Denfert-Rochereau et Teyssier ainsi que des officiers et des soldats des armées de terre et de mer qui en 1870-1871 ont sauvé l'honneur de la France. La plaque est entourée de deux écussons rappelant les batailles livrées : Patay, Orléans, Belfort, Bapaume, Coulmiers, Bitche.

- Dans la crypte,

  • sont accrochées des plaques de bronze sur lesquelles on peut lire les noms des victimes de la révolution de 1830. Ces plaques ont été posées par Louis-Philippe lors d'un cérémonie le 29 juillet 1831. Les noms des martyrs de la Révolution de 1848 ont été ajoutés par la suite. À la mémoire des martyrs de la Révolution tombés en 1830 et 1848 pour que vive la Liberté.
  • deux inscriptions proches du caveau XXVI où sont les cercueils de Jean Jaurès, Félix Éboué, Marc Schoelcher et Victor Schoelcher :
    • À la mémoire de Toussaint Louverture : Combattant de la liberté, artisan de l'abolition de l'esclavage, héros haïtien mort déporté au Fort-de-Joux en 1803.
    • À la mémoire de Louis Delgrès  : Héros de la lutte contre le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe, mort sans capituler avec trois cents combattants au Matouba en 1802, Pour que vive la liberté.
  • Hommage aux «Justes de France». Sur la plaque on peut lire le texte suivant : Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d'occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s'éteindre. Nommés "Justes parmi les nations" ou restés anonymes, des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d'extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l'honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d'humanité.


  • Une plaque en hommage à Aimé Césaire : Par un décret du Journal Officiel[27], le mercredi 6 avril 2011, à 17 heures, cette plaque dédiée à sa mémoire et à son œuvre a été dévoilée en présence du président de la République. Lors de cette cérémonie[28], près d'un millier de personnes étaient invitées dont sa famille et ses proches. Parmi elles, une centaine d'élèves de collèges et lycées de Martinique et de métropole, notamment du lycée parisien Louis-le-Grand et de l’École normale supérieure, dont Aimé Césaire fut l’élève. L’hommage a comporté également la lecture d'un de ses poèmes par une lycéenne martiniquaise et la diffusion d'un film de huit minutes sur sa vie, réalisé par la cinéaste Euzhan Palcy. Une fresque monumentale, constitué de portraits évoquant les grandes périodes de la vie du poète, a été installée au cœur de la nef. La cérémonie était retransmise en direct sur les chaînes de télévision françaises France 2 et France Ô et sur des écrans géants installés à l'extérieur du bâtiment.[29]

Conformément à la volonté d'Aimé Césaire, son corps restera en Martinique.

[En savoir plus…]

Cérémonies à l'occasion de transferts de cendres

On peut consulter sur le site Monum, Centre des Monuments français, la présentation des personnages admis au Panthéon. À partir de la cérémonie d'Émile Zola (1908), des documents audio-visuels au format flash sont proposés.

Révolution française

La cérémonie : Il meurt à Paris, le 2 avril 1791. La nuit à la lueur des flambeaux, son corps est porté au Panthéon, à travers le vieux Paris, aux sons formidables et inconnus d'instruments de musique imaginés par François-Joseph Gossec. L'édifice n'étant pas encore adapté à sa nouvelle destination, le cercueil est en fait déposé dans un caveau de l'ancienne église abbatiale. Sa dépouille fut déposée à l'église Sainte-Geneviève, transformée en Panthéon par Quatremère de Quincy.

Mais, en novembre 1792, la découverte de l'armoire de fer aux Tuileries livra la preuve des subsides qu'il avait touchés de la Cour… Le 12 septembre 1794 (26 fructidor an II), son cercueil était sorti du Panthéon par une porte latérale, tandis que celui de Marat franchissait la porte d'honneur. Dans son discours, David souligna cette simultanéité : « Que le vice, que l'imposture fuient du Panthéon. Le peuple y appelle celui qui ne se trompa jamais ». La dépouille de Mirabeau fut inhumée au cimetière de Clamart[33] de manière anonyme. Malgré des recherches menées en 1889, ses restes n'ont jamais été retrouvés[34].


La décision des révolutionnaires français de transférer les restes de Voltaire au Panthéon marque pour eux l'affirmation d'une filiation avec le siècle des Lumières. Il s'agit sans doute d'une suggestion des Girondins, qui se réclamaient volontiers des idées du philosophe.
C'est en tout cas l'une des premières cérémonies révolutionnaires. C'est aussi l'affirmation du Panthéon comme temple laïque ; il faut se souvenir qu'à sa mort en 1778, Voltaire, franc-maçon et anticlérical, avait été enterré presque clandestinement, l'Église catholique lui ayant refusé des obsèques religieuses. D'ailleurs, en toute logique, le clergé ne participera pas à la cérémonie de panthéonisation.

La cérémonie

Ainsi, treize ans après sa mort (30 mai 1778), la dépouille de Voltaire est transférée au Panthéon. La nuit précédant le convoi funèbre, le cercueil est exposé dans les ruines de la Bastille, prison où avaient été détenus Voltaire et d'autres ennemis de l'Ancien Régime, devenue depuis symbole de la Révolution. La cérémonie est mise en scène par l'architecte Cellerier, adepte d'un style gréco-romain.

Le convoi funèbre est conduit par un détachement de cavaliers, suivi par les délégations des écoles, des clubs, des confréries et des groupes d'acteurs de théâtre. Puis viennent des ouvriers ayant pris part à la démolition de la Bastille, portant des boulets et des chaînes trouvés dans la prison. Quatre hommes en costume de théâtre classique soutiennent une statue dorée de Voltaire. Des acteurs brandissent des bannières avec les titres de ses principaux ouvrages. Ensuite vient un coffre doré, contenant une édition complète de ses œuvres, récemment publiée, en 92 volumes. Dans le défilé, on « voyoit ceux qui ont arrêté la voiture du Roi [à Varennes] et menacé de tirer dessus, ornés d'une couronne de chêne et marchant en triomphe au milieu des Fanfares et des Gardes nationales[35]. » Une foule immense accompagne le cortège.

Un orchestre complet précède le sarcophage tiré par douze chevaux blancs. Les parois sont décorées de masques de théâtre, avec cette sentence : « Il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance, il réclama les droits de l'homme contre la servitude de la féodalité. Poète, historien, philosophe, il agrandit l'esprit humain, et lui apprit à être libre. »

Les membres de l'Assemblée nationale, les magistrats et le Conseil municipal de Paris suivent le cercueil. Le convoi s'arrête à l'Opéra, à l'Ancienne et à la Nouvelle Comédie, et vers minuit atteint le Panthéon.

Le musicien François-Joseph Gossec compose pour la cérémonie un hymne pour chant et cuivres (ou pour trois voix, chœur d'homme et orchestre d'harmonie) sur un poème de Marie-Joseph Chénier.

La cérémonie a coûté 36 868 livres dont 602 pour le banquet offert aux gardes nationaux ayant formé le cortège.

Peinture de Pierre-Antoine Demachy



À peine Louis XVI vient-il d'expirer, Barrère demande : « Que le corps de Lepeletier soit déposé au Panthéon, que la Convention entière assiste à ses funérailles, et que tous les représentants s'y jurent une union fraternelle.
– Je demande aussi les honneurs du Panthéon pour Lepelletier, lit Robespierre, car ces honneurs seront pour la République plus que pour un individu[36]. »

La cérémonie

Marie-Joseph Chénier organise un spectacle à l'antique pour celui qui vient d'être assassiné par un valet du roi Louis XVI. C'est avec lui que débute le culte des héros révolutionnaires tombés pour l'exemple. Sur la bannière du cortège, en lettres d'or on peut lire les dernières paroles attribuées à Lepeletier « Je meurs content de verser mon sang pour la patrie, j'espère qu'il servira à consolider la liberté et l'égalité et à faire reconnaître les ennemis du peuple ».

En 1795, il est retiré du Panthéon et son corps est récupéré par sa famille.


Son corps d'abord inhumé au couvent des Cordeliers est ensuite transféré au Panthéon.
Le peintre Jacques Louis David est chargé d'organiser de grandioses funérailles.
Tandis que le corps de Marat franchissait la porte d'honneur, celui de Mirabeau était sorti par une porte latérale. Dans son discours, David souligne cette simultanéité : « Que le vice, que l'imposture fuient du Panthéon. Le peuple y appelle celui qui ne se trompa jamais ».
L'éloge suivant est prononcé : « Comme Jésus, Marat aima ardemment le peuple et n’aima que lui. Comme Jésus, Marat détesta les rois, les nobles, les prêtres, les riches, les fripons et comme Jésus, il ne cessa de combattre ces pestes de la société ».
En 1795, il est considéré comme traître. Le 8 février, son cercueil est retiré du Panthéon, tous les bustes le représentant sont brisés, ses restes jetés dans l'égout de Montmartre. Son tombeau est maintenant dans le cimetière de l'église Saint-Étienne-du-Mont à côté du Panthéon.


La Convention nationale prend un décret le 14 avril 1794 ordonnant la translation des restes de Rousseau au Panthéon. Robespierre, disciple fidèle du Genevois, se charge de présenter à la Convention le décret qui doit asseoir la Révolution sur une base spirituelle et offrir au pays des cérémonies civiques où seront célébrés les dogmes de la morale nouvelle, pour remplacer les fêtes chrétiennes désormais interdites.

La cérémonie

Les cérémonies se déroulent les 18, 19 et 20 vendémiaire an 3 (9, 10 et 11 octobre). Un grand cortège gagne les Tuileries où une île factice a été reproduite dans un grand bassin. Une veillée s'organise toute la nuit autour de l'urne funéraire.

« Ce fut au milieu de cette ivresse publique que le cortège (qui amène le corps depuis l'Île aux peupliers d'Ermenonville) arriva auprès du grand bassin des Tuileries. Un nouveau spectacle y était préparé : au centre de ce bassin était figurée une île bordée de peupliers, et dans le milieu, un monument décoré de quatre colonnes, destiné à recevoir le cercueil. On l'y plaça, en le faisant passer par un pont de bois préparé pour cet usage. Des candélabres allumés environnaient le monument, et le bassin même était entouré d'un cordon de lumières, qui se réfléchissait dans l'eau. »

— La Feuille villageoise


Voir aussi la peinture d'Hubert Robert : Cénotaphe de J-J. Rousseau élevé au Jardin des Tuileries, en attendant la translation de ses cendres au Panthéon - nuit du 10 au 11 octobre 1794 - Musée Carnavalet.

Le lendemain un grand cortège conduit les reliques de Rousseau au Panthéon sur des airs du Devin du village[38].



Premier Empire

Tombeau de Jean Lannes, maréchal d'Empire

Décédé le 25 mai 1806 en son hôtel, dans l'actuel 8 rue Monsieur à Paris 7e, alors 6 rue de Fréjus. Napoléon lui fait faire des obsèques grandioses le 27 mai, auxquelles assistent le Sénat en corps et les principaux dignitaires de l'Empire. Après la cérémonie qui a lieu dans l'église des Missions étrangères rue du Bac, le corps est transporté au Panthéon de Paris. Son éloge funèbre est prononcé par le mathématicien Monge, président du Sénat qui retrace longuement sa carrière. L'ordonnancement de la cérémonie est réglé par Joseph-François Baudelaire chef des bureaux du sénateur Dominique Clément de Ris prêteur du Sénat. J.F. Baudelaire est le père de l'écrivain Charles Baudelaire.

Huit jours après sa mort, son corps est transféré au Panthéon où son éloge est prononcé par Garat entouré des députations de l'Institut, du Sénat et de l'École de médecine.

Le 31 mai 1809, Lannes, maréchal d'Empire, meurt à la bataille d'Essling des suites de ses blessures. En 1810, son corps est transporté des Invalides au Panthéon de Paris.
Il fut inhumé au Panthéon en 1810 lors d'une cérémonie grandiose à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, mais son cœur fut déposé dans la chapelle familiale du cimetière de Montmartre.
Constant, premier valet de l'Empereur, dans ses mémoires, raconte cette imposante cérémonie. On remarque dans ce texte la destination des différentes parties du bâtiment, à la fois église et panthéon.



Troisième République

Le transfert est acté par un décret du 26 mai 1885 ordonnant que le corps de Victor Hugo sera déposé au Panthéon[40].

Le Panthéon est au centre de ces funérailles que la jeune République organise comme un événement fondateur de la symbolique républicaine. En effet, quand Victor Hugo meurt le 22 mai 1885, un comité est chargé d'organiser les obsèques que le gouvernement décide nationales. Ce comité comprend d’illustres noms, comme Renan, Charles Garnier, Auguste Vacquerie, ami proche du défunt, et Michelin, président du conseil municipal de Paris, alors dominé par la gauche radicale. Il propose d’inhumer Hugo non pas au Père-Lachaise, mais au Panthéon. Depuis 1876, les républicains rêvaient d'en rétablir sa destination laïque. Mais le projet voté par la chambre, en 1881, avait été repoussé par le Sénat. Seule la célébrité de l’auteur des Misérables l’imposera brutalement. Jules Grévy, président de la République, décide alors de rendre au Panthéon son statut de temple républicain.

Le jeudi 28 mai 1885, l’église est fermée aux fidèles. Le lendemain, au petit matin, on enlève les symboles religieux du fronton. Malgré les protestations des catholiques, la transformation sera cette fois irréversible.
Cette décision est prise par un décret en date du 26 mai 1885[41].

La cérémonie

Voir les détails de la cérémonie sur le site consacré à Victor Hugo[42].

Enterrement de Victor Hugo

Quand, deux ans avant sa mort, Hugo ajoute un codicille à son testament : « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises, je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu », il ne peut sans doute pas imaginer à quel point cette déclaration déiste va s'harmoniser avec la philosophie laïque et républicaine du gouvernement. Un corbillard des pauvres, certes, mais exposé sous l’Arc de triomphe, voilé de noir, trônant au sommet d’un gigantesque catafalque construit par Charles Garnier, l’architecte de l’opéra de Paris.

À cette occasion quinze discours sont prononcés[43]. Cela a inspiré des vers à Georges Fourest :

Ce gâteau de Savoie ayant Hugo pour fève,
Le Panthéon classique est un morne tombeau.
Pour moi j'aimerais mieux — que le Diable m'enlève —
Le gésier d'un vautour ou celui d'un corbeau.

Le cercueil de Victor Hugo est dans le caveau XXIV, rejoint par la suite par ceux d'Émile Zola en 1908 et d'Alexandre Dumas en 2002.



Ces quatre personnalités furent inhumées à l'occasion du centenaire de la Révolution française, le 4 août 1889.


Il fut assassiné par l'anarchiste Casério le 24 juin. Il est le seul président de la République inhumé au Panthéon.


Ce savant meurt le 18 mars 1907. Son cercueil sera conduit directement au Panthéon ainsi que celui de son épouse, décédée le même jour qui avait manifesté le souhait de ne pas être séparée de lui.

Sa participation active à la laïcisation de l'État, à différents postes de responsabilité, n'est pas étrangère à ce choix dans le contexte politique de l'époque.

C'est aussi un grand serviteur de la République que l'on honore. Pourtant Georges Clemenceau, chef du gouvernement à cette date, aux célèbres bons mots caustiques, propose comme épitaphe pour ce chimiste, inspecteur général de l'instruction publique, sénateur, ministre de l'Instruction publique puis des Affaires étrangères, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, élu à l'Académie française en 1900, grand-croix de la Légion d'honneur : « Ci-gît Marcellin Berthelot. C'est la seule place qu'il n'ait jamais sollicitée. »


La décision de panthéoniser Émile Zola se situe dans un climat politique troublé, dans une France traumatisée et divisée par l'affaire Dreyfus. Commencée par le procès et la condamnation de cet officier en 1894, elle ne prendra fin, sur le plan juridique, qu'en 1906 avec sa réhabilitation au sein de l'armée française. Entre temps, il y a eu l'implication de Zola avec notamment son célèbre article : « J'accuse », dans le journal L'Aurore, sa condamnation, puis sa mort suspecte en 1902.

De plus, cette période est certainement une des plus tendues entre l'État français et les représentants de l'Église catholique. Dans leurs journaux, ces derniers se sont situés ouvertement dans le camp anti-dreyfusard. Les gouvernements qui se succèdent en ce début de siècle manifestent une volonté délibérée de laïcisation de la France : la promulgation de la loi de 1901 sur les associations (qui forçait les congrégations religieuses à demander une autorisation pour pouvoir se former), celle du 7 juillet 1904, interdisant purement et simplement l’enseignement à tous les congréganistes, enfin celle du 11 décembre 1905, avec le vote et la promulgation de la loi concernant la séparation définitive des Églises et de l’État en sont le résultat concret. Quelques jours avant la cérémonie, Jean Jaurès, dans le journal La Dépêche du 30 avril 1908, à propos de cette mise en chantier de la séparation de l'Église et de l'État, écrit : « La grande réforme de la Séparation, la plus grande qui ait été tentée dans notre pays depuis la Révolution française. » De plus, la France a rompu ses relations diplomatiques avec le Vatican, en 1904.

Dans ce contexte, faire entrer au Panthéon, nouveau temple laïc, un écrivain naturaliste mais aussi engagé dans la vie politique aux côtés de Jean Jaurès constitue une affirmation supplémentaire de cette distance qu'entend prendre la France avec la religion catholique. Cette décision donne lieu à de nombreuses critiques et polémiques. L'Action française organise une manifestation pour s'opposer à ce transfert[44]. Pendant le débat parlementaire Maurice Barrès s'écrit : « Messieurs, on nous demande 35 000 francs pour porter Zola au Panthéon. Je crois que nous n'aurons jamais une meilleure occasion de faire des économies ». Il faudra toute la persuasion de Jean Jaurès pour emporter la décision de l'Assemblée nationale[45].

La cérémonie

Le fait le plus marquant est celui de l'attentat contre le chef d'escadron Dreyfus pendant la cérémonie au Panthéon. Le journaliste Gregori tire contre lui deux coups de feu qui le blessent au bras. Il est néanmoins acquitté le 11 septembre de cette même année.
Le cercueil est placé dans le caveau XXIV, où se trouvait déjà celui de Victor Hugo. En 2002 celui d'Alexandre Dumas viendra les rejoindre.

  • Événements

Le Panthéon a servi de cadre, le 13 janvier 1998, à l'anniversaire du centenaire de la parution de l'article « J'accuse ». Cette cérémonie, présidée par le ministre de la Justice, Élisabeth Guigou, a donné lieu à deux discours prononcés par le Premier ministre, Lionel Jospin (discours consultable sur Wikisource) et par le premier président honoraire de la cour de cassation, Pierre Drai, sur le thème du rôle de la Cour de cassation dans le dénouement de l’affaire Dreyfus.


Transfert de l'urne contenant le cœur de Léon Gambetta au Panthéon le 11 novembre 1920


On dépose le 11 novembre 1920, deuxième anniversaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, le cœur de Gambetta, qui reposait jusque là à la maison des Jardies (maison de Gambetta, sur la colline de Sèvres). Un discours est prononcé, lors de la cérémonie par le président de la République, Alexandre Millerand.
Au-dessus de l'urne on peut lire l'inscription :

Ici repose
Le cœur de Léon Gambetta
Solennellement transférée au Panthéon
Le 11 novembre 1920
Suivant la volonté nationale
Loi du 1er septembre 1920

Le même jour, on transporte à l'arc de triomphe les restes du Soldat inconnu.


La décision du transfert de la dépouille de Jean Jaurès au Panthéon est l'occasion pour le gouvernement du Cartel des Gauches qui vient d'être élu de se donner un ancrage symbolique tout en rendant hommage à celui qui a tenté d'empêcher la guerre. Herriot, Painlevé, Blum et Thomas, membres de ce gouvernement, avaient entamé leur carrière politique durant l'affaire Dreyfus, et ces dreyfusards avaient été fortement influencés par Jaurès. C'était donc, par ce geste, célébrer leur victoire dans un contexte politique qui tournait en leur faveur.
C'est Édouard Herriot qui le premier suggère cette cérémonie. Le projet de loi, présenté le 9 juillet, est adopté par le Sénat et la Chambre des Députés le 31 juillet 1924, jour du dixième anniversaire de l'assassinat de Jaurès, malgré l'opposition d'une partie de la droite, de l'Action française et des communistes. Le député communiste Jean Renaud s'élèvera contre ce qu'il nommera « une confiscation de son corps par le Cartel aux dépens des travailleurs ».
La cérémonie, initialement fixée au 4 ou au 22 septembre, dates anniversaires respectivement des IIIe et Ier Républiques, puis au 11 novembre, est finalement décidée pour le dimanche 23 novembre 1924, sans symbolique particulière dans le calendrier. Un débat s'installe ensuite sur le style de la cérémonie : Léon Blum voulait une cérémonie majestueuse, un certain nombre de socialistes enthousiastes penchaient pour une emphase particulière et un côté théâtral. Le cérémonial est finalement confié à Firmin Gémier, homme de théâtre, qui s'en remet pour l'exécution à Gustave Charpentier et Saint-Georges de Bouhelier, musiciens.
La veille de la cérémonie le cercueil arrive d'Albi en train à la gare d'Orsay, accompagné des mineurs de Carmaux dont Jaurès a été l'élu. Il est acheminé jusqu'au Palais Bourbon, dans la salle Casimir Perrier, rebaptisée salle Mirabeau pour la circonstance. En plus de la famille et des proches, la veillée mortuaire réunit les officiels : Édouard Herriot et ses ministres, les députés et sénateurs du Cartel, les délégations de la CGT et de la Ligue des droits de l'homme.

La cérémonie

Gatulle, fonctionnaire parlementaire, a laissé sur un certain nombre d'événements de la IIIe République dont il a été témoin, des notes sans apprêt, riches de précisions. On cite ici ce qu'il a écrit de la levée du corps le 23 novembre : « À midi 45, on a fait avancer le pavois destiné à recevoir le corps. Le pavois de 26 m de long, sur 5 m de haut, enveloppé de drap d'argent prolongé par une grande traîne tricolore, et surmonté d'un catafalque noir, sans ornement, a été porté à bras jusqu'au Panthéon par 70 mineurs de Carmaux en costume de travail. La levée du corps a eu lieu à 13h 10[46]. »

Le cortège officiel, précédé des bannières rouges des sections socialistes, est ouvert par des délégations d'organisations partisanes mêlées aux corps constitués. Les mineurs de Carmaux suivent ensuite. Le cercueil de Jaurès, juché au faîte d'un spectaculaire corbillard est acheminé vers le Panthéon par les boulevards Saint-Germain et Saint-Michel. Les journaux parlent d'une foule de 80 à 100 000 personnes. On pense que plus de 500 000 personnes vinrent assister au défilé. Il manquait à cette foule les communistes. C'est qu'ils ont voulu rendre hommage à Jaurès en organisant une délégation distincte. À la suite du premier cortège, ils suivent le même itinéraire chantant L'Internationale ; portant des drapeaux rouges et des pancartes sur lesquelles on peut lire : « Guerre à la guerre par la révolution prolétarienne », « Instituons la dictature du prolétariat » ou « Aux ligues fascistes, opposons les centuries prolétariennes », ils scandent des slogans tels que « Vive les soviets ! » ou « Vive la dictature du prolétariat ! », et « À bas le parlement bourgeois ! ». La préfecture de police dénombre 12 000 manifestants, L'Humanité 120 000.

Un discours est prononcé par le président du conseil Herriot[46] dans la nef du Panthéon en présence de 2 000 personnes, suivi de la lecture d'une poème de Victor Hugo lu par Mlle Roche, sociétaire de la Comédie française. Enfin, un oratorio est chanté par un chœur de 600 exécutants.

La cérémonie au Panthéon se clôture par une solennelle Marseillaise pendant que la manifestation communiste, massée sur l'esplanade autour de la statue de Jaurès, entonne l'Internationale[46].

Dans le journal l'Humanité du lendemain, évoquant les journées héroïques de mai 1871, Paul Vaillant-Couturier écrit :

« En défilant devant le Panthéon, saluez, avec le souvenir de Jaurès, l'un des plus sanglants combats de la Commune. La bourgeoisie de Versailles est toujours au pouvoir. Vous ne l'en chasserez que les armes à la main. »


Afin de bien souligner qu'il n'y avait pas consensus national sur cet événement, l'Action française organise le même jour un hommage à l'un des leurs, assassiné par une militante anarchiste qui s'était justifiée de son acte en disant qu'elle avait voulu venger Jaurès. Accompagnée de représentants du clergé, une foule de dirigeants et de militants se presse au cimetière de Vaugirard pour entendre Léon Daudet[47].





Quatrième République

Mercredi 17 novembre 1948 :

Pour Paul Langevin et Jean Perrin, la décision est prise par la loi 48-1502 du 28 septembre 1948[48].

La cérémonie a lieu le même jour pour ces deux scientifiques.

  • Discours

Pour le retour du corps de Jean Perrin de New York, deux discours avaient été prononcés les 17 et 18 juin 1948, respectivement à Brest par Jean Cabannes et à la Sorbonne par Émile Borel, l'un et l'autre membres de l'Académie des sciences[49].


Vendredi 20 mai 1949

Pour Félix Éboué, la décision est prise par la loi 48-1501 du 28 septembre 1948[48]
Pour Victor Schoelcher, la décision du transfert est prise par la loi 49-681 du 19 mai 1949[50]

Gaston Monnerville, président du Conseil de la République est à l'origine du transfert des cendres de Victor Schœlcher et de Félix Éboué au Panthéon.
La dépouille mortelle de Félix Éboué est débarquée le 2 mai 1949 à Marseille qui lui fait un émouvant accueil.

    • La cérémonie[51]

Après une veillée funèbre à l'Arc de Triomphe en présence du président de la République, Vincent Auriol, et des plus hautes personnalités de l'État, le cortège, aux accents de la Marche funèbre de Frédéric Chopin, monte du palais du Luxembourg vers le Panthéon entre une double haie de soldats. Les cendres de Victor Schœlcher et de Félix Éboué prennent alors place dans la crypte auprès de celles de Jean Jaurès[52].


La décision du transfert est prise par une loi du 4 juin 1952[53]

Le transfert a lieu à l'occasion du centenaire de sa mort. Le conseil municipal décide néanmoins de faire prélever ses mains qui seront placées dans une urne sur sa tombe à Coupvray (Seine-et-Marne).



Cinquième République

La décision du transfert est prise par décret du ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, sous la présidence de Charles de Gaulle[54].

La cérémonie[55]

À l'initiative du général de Gaulle et du ministre des affaires culturelles, André Malraux, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon en présence de la famille du défunt et de nombreux anciens résistants et personnalités dont Georges Pompidou, Pierre Messmer, Jean Sainteny. On entendra, lors de la cérémonie jouer Le chant des Partisans.

À cette occasion Malraux prononce, d'une voix de tragédien, un discours resté célèbre :

« … Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique et les combats d'Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège d'ombres. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit… Commémorant l'anniversaire de la Libération de Paris, je disais : « Écoute ce soir, jeunesse de mon pays, ces cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a quatorze ans. Puisses-tu, cette fois, les entendre : elles vont sonner pour toi[56]… »

.


La décision du transfert est prise par décret du Ministère de la Culture et de la Communication[57]

Le transfert des cendres de René Cassin est la première des quatre panthéonisations à avoir eu lieu sous la présidence de François Mitterrand. Celui que l'on honore ce jour-là est un juriste, prix Nobel de la paix en 1968. On lui doit d’avoir fait adopter la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

La cérémonie[58]

Discours de François Mitterrand[59] : « Il est des hommes illustres pour avoir incarné la douleur ou la gloire d'une époque. Il en est d'autres dont la grandeur est d'avoir su anticiper sur leur temps, en y semant les germes du futur. René Cassin est de ceux là. »

Il évoquera ensuite le droit d'ingérence : « Ce besoin d'assistance humanitaire traverse comme les images les frontières de l'idéologie, de la langue, de la censure et souvent des souverainetés étatiques. Parce qu'elle est celle de chaque homme, la souffrance relève de l'universel. Le droit des victimes à être secourues, dès lors qu'elles appellent au secours, et secourues par des volontaires qui se veulent professionnellement neutres, dans ce qu'on a appelé, il y a peu, le « devoir d'ingérence » humanitaire dans les situations d'extrême urgence, tout cela n'en doutons pas figurera un jour dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Tant il est vrai qu'aucun État ne peut être tenu pour le propriétaire des souffrances qu'il engendre ou qu'il abrite. »


La décision du transfert est prise par décret du ministère de la Culture, de la Communication, des grands travaux et du bicentenaire[60]

Discours de François Mitterrand :

« « Il y a très exactement cent ans, le 9 novembre 1888, Jean Monnet naissait à Cognac, en Charente, et sa vie qui fut longue et féconde raconte comment un petit provincial de Saintonge devint le premier citoyen de l'Europe… »[61] »


La décision du transfert est prise par décret du Premier ministre du 16 octobre 1989[62]

La cérémonie[63]

La cérémonie de transfert de cendres de ces trois personnalités a lieu à l'occasion des fêtes du bicentenaire de la Révolution française, en présence de François Mitterrand, président de la République française.

À l'origine, le discours devait être prononcé par François Mitterrand ; il l'a été par Jack Lang. Extraits du discours : « Révolutionnaires en votre temps vous l'étiez. Révolutionnaires en notre temps vous le demeurez… Alors Salut et Fraternité. Bienvenue chez vous dans le temple de la République, dans le Parlement fantôme des hommes libres, égaux et fraternels. »

Lors du transfert des cendres de l'abbé Grégoire, Jacques Gaillot, évêque, était le seul représentant de l'Église catholique française. Il faut dire que les relations de l'abbé Grégoire avec la hiérarchie catholique ont toujours été difficiles en raison de son implication dans la vie civile. Le jour de sa mort, l'archevêque de Paris – monseigneur de Quelen – s'opposa à ce qu'il reçût les derniers sacrements ; il exigeait de Grégoire sa renonciation au serment de la Constitution civile du clergé. Le vieil évêque refusa tout net. L'abbé Guillon, malgré les ordres de sa hiérarchie, accepta d'accéder sans condition aux désirs du mourant. L'autorité romaine ferma l'église à sa dépouille, mais rassemblées autour de La Fayette, deux mille personnes accompagnèrent le corps de l'évêque gallican au cimetière Montparnasse.


La décision du transfert est prise par décret présidentiel du 8 mars 1995[64]

La cérémonie[65]

Extraits de l'article du journal L'Humanité[66] : « Il est dix-huit heures. Les portes du Panthéon, aux colonnes habillées d’un immense drap tricolore, s’ouvrent sur les cercueils de Pierre et Marie Curie. Instants émouvants et solennels. Dans le silence, les chœurs de l’armée entonnent les premières mesures de La liberté se lève, final du Temple universel de Hector Berlioz. À petits pas, les gardes républicains déposent les deux bières au centre de l’imposante entrée. Pour la première fois dans l’histoire, une femme est admise, pour ses propres mérites et aux côtés de son mari, dans le sanctuaire des grands hommes. »

Une minute de silence. Puis François Mitterrand, accompagné de Lech Wałęsa, d’Édouard Balladur, d’Ève Curie, fille des deux chercheurs, ainsi que de leurs descendants, s’attardent autour de la vitrine où sont exposés les prix Nobel et les carnets de notes du couple.

La cérémonie s’achève. Elle aura duré un peu plus d’une heure. Exhumés du petit cimetière de Sceaux, les deux cercueils remontent d’abord lentement la rue Soufflot, portés par des étudiants de Paris-VI, futurs chercheurs scientifiques. Au rythme lent de la Suite en ré majeur no 3 de Bach, ils atteignent l’esplanade du Panthéon. De part et d’autre, deux cents élèves du lycée Marie-Curie de Sceaux et du lycée des sciences et techniques de Versailles tiennent dans leurs bras les symboles des atomes : une référence à l’universel langage de la science.

Le ciel est gris et la foule peu nombreuse. Pour l’essentiel, élèves et étudiants, venus de la France entière. L’hommage de la jeunesse au « couple, exténué mais heureux, qui a changé la face du monde », comme le rappellera quelques instants plus tard Pierre-Gilles de Gennes dans son allocution. Au nom de la communauté scientifique, le prix Nobel de physique 1993 souligne l’importance des travaux des Curie. Ceux de Pierre et Marie, d’abord, qui ont permis « la douloureuse naissance d’une science neuve : la physique nucléaire ». Ceux de leurs descendants, ensuite, sur la radioactivité artificielle.
À sa suite, Lech Wałęsa souligne les origines polonaises de Marie Curie, née à Varsovie en 1867.

Pour clore les discours, François Mitterrand salue longuement, « au nom de la Nation », la mémoire du couple et son « désintéressement », fondement, à ses yeux « de toute éthique scientifique ».

Caroline Casadesus s’avance. Comme ultime point d’orgue à cette émouvante cérémonie, elle interprète L’Adieu de Marie-Jeanne Serrero. Les cendres de Pierre et Marie Curie peuvent enfin reposer au Panthéon…

Prenant la parole avant le chef de l’État, Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique 1993, a rendu aux deux savants l’hommage de la communauté scientifique. Dans une allocution, le physicien a d’abord salué « tout ce travail fait à main nue dans un galetas, ce douloureux travail qui constituait la naissance d’une science neuve que d’autres appelleront la physique nucléaire ». Il a restitué l’importance des travaux de Pierre et Marie Curie dans le siècle. « Les trente années [qui suivent leurs découvertes] verront une explosion de connaissances auxquelles contribueront leur fille Irène et son mari Frédéric Joliot ».

  • À noter : Par peur des radiations, le cercueil de Marie a été plombé.

Malraux est le cinquième écrivain à entrer au Panthéon[69]. La décision du transfert est prise par décret présidentiel du 7 août 1996[70]. La cérémonie a lieu vingt ans, jour pour jour, après sa mort[71],[72].

  • Les discours

Jacques Chirac, nouvellement élu président de la République, prend une place importante dans les hommages rendus à l’homme de lettres et au gaulliste que fut Malraux.

  • Extrait d'une interview de Jacques Chirac[73]:

« Le Figaro : Pourquoi Malraux au Panthéon ? Qui en a eu l'idée ?
– J. C. : C'est Pierre Messmer qui me l'a proposé, dans le cadre de la célébration du 20e anniversaire de la mort d'André Malraux. Cette idée m'a paru immédiatement évidente. Pour tout ce qu'a été André Malraux, le combattant de la liberté, le passionné de justice, le découvreur d'art, l'écrivain, le compagnon plus que fidèle du Général, l'inventeur du ministère de la Culture. Mais aussi, parce qu'il a fait rêver plusieurs générations, à force de panache. Pour lui-même et pour la France. »

La cérémonie

Trois cérémonies se déroulent successivement: la première aux Invalides, la deuxième à l'Unesco et la dernière au Panthéon[74]. Sur la place du Panthéon : « La cérémonie, mise en scène par le peintre et décorateur Jean-Paul Chambas, commencera vers 19 heures. Elle sera ouverte, rue Soufflot, par le défilé d’une centaine de jeunes munis de lampes tempête, symboles des pistes clandestines d’atterrissage, évoquant le Malraux combattant. Sur fond d’œuvres musicales, notamment de Messiaen, un jeu de lumières et des projections illumineront le fronton du Panthéon… » À l'intérieur : Le cercueil est placé au milieu de la nef avec, à ses côtés, une sculpture de Giacometti L’Homme qui marche.


La décision du transfert des cendres est prise par décret présidentiel du 26 mars 2002[76], avec un commentaire de Jacques Chirac :

« Avec ce geste, la République donnera toute sa place à l'un de ses enfants les plus turbulents et les plus talentueux, dont toute la vie fut au service de notre idéal républicain. »

La cérémonie

Venant de Villers-Cotterêts où Dumas était inhumé, le cortège fait une première halte dans son château Le Monte-Cristo où une veillée est effectuée. Ensuite un autre arrêt au Sénat[77] où deux discours sont prononcés, l'un par le président du Sénat, Christian Poncelet[78], l'autre par l'écrivain Claude Ribbe[79].

Enfin, en soirée, accompagné par une escorte de mousquetaires portant le cercueil recouvert d'un drap bleu de France sur lequel est écrit la célèbre devise « Tous pour Un, Un pour Tous », le cortège s'avance vers le Panthéon où l'attend le président de la République et diverses personnalités. Sur la petite scène d'un chariot, Le Théâtre d'Alexandre, tiré par des mules et précédé par un régiment de tambours, de jeunes comédiens ont reconstitué des passages des pièces de Dumas devant une centaine de gens de la rue en costumes d'époque.

Lorsqu'il atteint le parvis du Panthéon, une Marianne métisse montée sur un cheval blanc vient au-devant du cercueil. La fameuse lettre de Victor Hugo à Dumas-fils est alors lue : « Le nom d'Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu'européen, il est universel. »

Alain Decaux, de l'Académie française, puis le président de la République, Jacques Chirac, prononcent un discours[80].

Puis le cercueil d'Alexandre Dumas est descendu dans le caveau XXIV où se trouvent déjà ceux de Victor Hugo et d'Émile Zola.

  • Les détails de la cérémonie peuvent être consultés sur le site internet consacré à Alexandre Dumas Dumas au Panthéon

Tentatives de transfert

Plusieurs tentatives n'ont pas été exécutées ou ont échoué (refus de la veuve ou de la famille, dispositions testamentaires contraires, oppositions diverses, pression ou manque d'intérêt des milieux politiques).

  • René Descartes (1596 - 1650) philosophe. Il est honoré par la Convention nationale qui, en 1792, projetait de transférer ses cendres au Panthéon avec les honneurs dus aux grands hommes. Deux siècles plus tard, ses restes sont toujours dans une chapelle abbatiale de l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Le décret de la Convention du 17 octobre 1793 n’a toujours pas été appliqué et la période de dix ans après sa mort, fixée par le décret de février 1795, pour que quelqu'un soit considéré comme « candidat », est largement écoulée. Après bien des péripéties, son crâne est actuellement détenu par le musée de l'Homme à Paris. AuXXIe siècle, le problème n'est toujours pas réglé. Le Premier ministre François Fillon souhaite rapatrier le crâne dans la Sarthe d'où est originaire le philosophe (ainsi que le François Fillon lui-même), pour le placer au Prytanée militaire de La Flèche, ville où il a fait une partie de ses études. Mais en 2011, trois députés, Gérard Charasse, Annick Girardin et Albert Likuvalu ont déposé un projet à l'Assemblée nationale, le 13 décembre 2011 pour que cette relique soit déposée au Panthéon de Paris.
  • Nicolas-Joseph Beaurepaire (1740-1792), général s'étant suicidé ou ayant été tué à cause de son refus de la reddition de la ville de Verdun. Son corps ayant disparu, le transfert ne fut jamais exécuté.
  • En 1910 le Parlement français refuse la panthéonisation de Diderot. À cette occasion, Mounet-Sully, lit à la Sorbonne des pages de Diderot[82].
  • Après la Première Guerre mondiale (1914-1918), on forme le projet de faire en sorte que la nation tout entière puisse honorer ses morts. L'idée de le symboliser par un Soldat inconnu est défendue par des écrivains comme Binet-Valmer, maurassien, créateur du mouvement la Ligue des chefs de section, qui en fait son cheval de bataille. Le gouvernement, plutôt préoccupé de reconstruction, laisse traîner l'affaire et ne se résout que le 2 novembre 1920 à un projet de loi entériné rapidement par le Sénat. Il est prévu initialement que le cercueil soit placé au Panthéon, le même jour que le cœur de Gambetta, le 11 novembre 1920. On confie à un Poilu, Auguste Thin, en garnison à Verdun, surnommé « l'ambassadeur des morts », le soin de choisir entre huit cercueils, celui d'un soldat suffisamment reconnaissable à ses habits pour être un soldat français, mais qui ne soit pas identifiable. Finalement sous la pression d'une certaine partie de l'opinion – qui voit d'un mauvais œil que soit placé cet emblème dans le lieu où repose, entre autres, Émile Zola – c'est sous l'Arc de triomphe que sera placé le cercueil. Il faudra attendre 1924, pour que la mémoire de la Première Guerre mondiale soit présente au Panthéon avec le transfert des restes de Jean Jaurès. Puis c'est en 1927 que l'on placera sur les murs du bâtiment le nom des 546 écrivains morts pendant cette guerre.
  • En janvier 1945, les communistes demandent le transfert de l'écrivain Romain Rolland au nom de son engagement contre le fascisme, mais la famille s'y oppose.
  • Alfred Dreyfus, à l'occasion de la cérémonie nationale du centenaire de sa réhabilitation le 12 juillet 1906. Le projet est défendu comme une seconde réhabilitation par de nombreuses personnalités parmi lesquelles figurent Jack Lang et l'ancien ministre Olivier Stirn, arrière-petit-neveu d'Alfred Dreyfus, ainsi que le ministre de la Justice, Pascal Clément[84]. Mais le 5 juillet 2006, Jacques Chirac annonce que le projet n'a pas été retenu[85]. À cette occasion, l'ancien garde des Sceaux, Robert Badinter déclare : « Dreyfus est une victime, certes d'un courage exceptionnel, mais une victime, et le propre du héros c'est d'avoir le courage de choisir son destin […]. Le héros de l'affaire Dreyfus, c'est Zola et il est au Panthéon. »

Ouvertures-Débats

Quel sera le prochain « grand homme » ?

Traditionnellement la décision de « panthéonisation » – la « panthéonade » selon le néologisme que Régis Debray a forgé par dérision – est prise par décret du président de la République, sur proposition du Premier ministre et sur rapport du ministre de la Culture et de la Communication.

Deux conditions doivent d'abord être réunies : que l'impétrant soit de nationalité française (ou naturalisé) et qu'une partie de ses restes soient « disponibles ».

Ensuite, les critères sont plus délicats à définir : bien sûr, il s'agit d'abord de rendre hommage à un homme exceptionnel dont l'œuvre et la vie ont marqué l'Histoire et peuvent servir d'exemple. La panthéonisation est aussi une occasion, pour le pouvoir en place, de mettre en valeur une période de l'Histoire et d'y graver son empreinte.

En novembre 2009, le président Nicolas Sarkozy envisage de faire transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon[86] mais les médias annoncent que le fils de celui-ci n'y est pas favorable.

Des noms circulent dans l'opinion, en voici ci-dessous quelques exemples :

L'Institut Pierre Mendès France cherche à sensibiliser l'opinion au transfert des cendres de l'homme d'État au Panthéon. Dès 1982 et les funérailles nationales du maître à penser d'une partie de la gauche française, certains ont évoqué sa panthéonisation. Mais la tradition impose un délai de réflexion et de concertation. Ce n'est donc qu'en 1998 que la veuve de l'ancien penseur de la décolonisation, Marie-Claire Mendès France, a demandé et obtenu un entretien avec Jacques Chirac. Sans réponse du président de la République, qui consulte, l'Institut Pierre Mendès France a lancé une pétition dans la presse : plusieurs milliers de signatures dont celles de 270 parlementaires de l'Assemblée et du Sénat ont été récoltées par le vice-président honoraire du Sénat, Michel Dreyfus-Schmidt.

Plusieurs associations par voie de pétition demandent l'entrée de l'abbé de l'Épée au Panthéon. S'il n'a pas mis au point, pour les sourds, l'équivalent de ce que Louis Braille a inventé pour les aveugles, il est certain qu'il a exercé une grande influence sur la structuration sémantique de cette langue gestuelle qu'est la langue des Sourds, en s'arrangeant pour qu'il y ait une équivalence forte entre les signifiés du français écrit et les signifiés gestuels. De plus, il a conçu un vaste projet d'éducation de masse des sourds et ce projet a eu une influence internationale retentissante sur la pédagogie et la création d'un groupe socio-culturel tels que sont les Sourds (avec un "S", marque d'identité revendiquée par les personnes sourdes utilisant la Langue des Signes), à tel point que l'abbé de l'Épée est devenue l'icône universelle des Sourds, en France et hors de la France.

Le fait qu'il ait été prêtre serait-il un frein ? Il est de fait que l'entrée de l'abbé Grégoire pour les célébrations du bicentenaire de la Révolution française avait ému l'Église catholique de France. La panthéonisation constitue en quelque sorte l'équivalent laïque de la canonisation et donc fait concurrence.

Jacques Barzun écrivait, il y a un demi-siècle : « S’il existe une volonté réelle d’honorer la mémoire de Berlioz autrement qu’en jouant sa musique, il se trouve à Paris un vaste monument sur le fronton duquel on lit l’inscription « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». Transférez au Panthéon les restes de Berlioz pour qu’il y prenne place parmi ses pairs[87]. » L’idée avait été présentée en 1968 au président de Gaulle par André Malraux sur la suggestion du député Jean Boyer (créateur et président de l’actuel festival Berlioz à La Côte-Saint-André), et il l’avait acceptée. Mais la démission de De Gaulle en 1969 mit fin à ce projet pour de nombreuses années. En 2000 en prévision du bicentenaire en 2003 le projet fut relancé, et le président Chirac y donna son accord. Le vœu de Jacques Barzun semblait donc en voie d’être réalisé : les restes de Berlioz devaient être transférés au Panthéon le 21 juin 2003, et l’Orchestre de Paris allait jouer à cette occasion La Symphonie funèbre et triomphale dans les rues de Paris. Mais ce projet fut ajourné sine die hberlioz.com.

  • Le 18 mars 1998, les Amis de la Commune ont symboliquement fait entrer au Panthéon toute une lignée de communardes et communards. « Pourquoi Jules Vallès, écrivain et communard, n’y serait-il pas reçu maintenant ? »
  • En 2006, lors de la décision du chef de l'État de fêter le 10 mai l'abolition de l'esclavage, Georges Sarre, le premier secrétaire du MRC, réitère sa demande de transfert de Toussaint Louverture au Panthéon. Esclave noir, François Dominique Toussaint, dit Toussaint Louverture, fut un des chefs de la révolte des esclaves en 1791 à Haïti[88].

Une pétition a été lancée en faveur de l'arrivée du poète, le 10 mai 2008, jour de commémoration de l'abolition de l'esclavage[89].

En visite à la Martinique, en janvier 2011, le président de la République, Nicolas Sarkozy a décidé de lui rendre hommage, en accord avec la sœur, du poète Mireille Millou. Une plaque sera scellée dans le mur du Panthéon en avril, 2011 témoignant ainsi de « la reconnaissance de la France dans son ensemble ».

L'Élysée, qui a diffusé un communiqué pour en faire état, souligne : « Son corps restera, conformément à sa volonté, sur cette terre de Martinique qu'il a si bien incarnée pendant plus d'un demi-siècle. »[90]

Femmes au Panthéon

Seules deux femmes y séjournent ; la première admise, par ordre chronologique, a été Sophie Berthelot, non à titre personnel mais pour ne pas la séparer de son mari, le chimiste Marcellin Berthelot ; la seconde, Marie Curie, deux fois prix Nobel.

Femmes souvent citées pour une panthéonisation

Féministe avant que le mot n’existe, elle a été guillotinée le 3 novembre 1793. Elle avait rédigé en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, avec cette phrase justement célèbre :

« La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. »

Plusieurs organisations féministes demandent qu'elle soit inhumée au Panthéon. Après une première campagne en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, l’historienne Catherine Marand-Fouquet a lancé une nouvelle action en ce sens.

« Son œuvre mérite largement de continuer à vivre, et le Panthéon est la garantie d'une vie éternelle » estime Christiane Smeet-Sand, sa descendante. Loin des clichés d'écrivain régionaliste, voire « champêtre », « Sand est le premier personnage féminin de son temps et de sa condition à avoir revendiqué sa liberté de femme par son travail », juge M. Georges Buisson, administrateur de la Maison-musée de Nohant (Indre), rappelant que l'auteur de La Mare au Diable et La Petite Fadette est aussi la créatrice de deux journaux républicains. Parmi les personnalités favorables à cette idée, aux côtés de sa présidente d'honneur, Claudia Cardinale : on trouve Juliette Binoche, qui a incarné George Sand au cinéma, Élisabeth Badinter, Benoîte Groult, Régine Deforges, Lambert Wilson ou Jean-Claude Brialy. Un projet a été déposé en 1998 par Élisabeth Badinter et Simone Veil. Le 29 septembre 2003 Christiane Smeet-Sand a rencontré un conseiller de Jacques Chirac sur ce sujet et lui a remis une pétition. En fait, le projet a échoué surtout en raison de la forte opposition des habitants du Berry très hostiles dans leur grande majorité au départ de la « bonne dame de Nohant » de chez eux.

Ses funérailles ont donné lieu à un hommage de la Nation, accompagné des honneurs militaires. Dans son message funèbre le président de la République, Jacques Chirac a rappelé à son propos

« que certains êtres d'exception portent au plus haut les valeurs de l'humanité. »

Incarnation du courage, figure emblématique de la résistance à toutes forme d'oppression. Elle fut de tous les combats contre l'occupant allemand et l'idéologie nazie ; pour la vérité, la justice sociale, la reconnaissance des droits de la femme, sa lutte aux côtés des plus démunis et des opprimés.

Compositrice, elle est parfois citée aussi pour représenter le monde des Arts.

Actualités en faveur de l'inhumation de femmes au Panthéon
  • Du 7 au 17 mars 2002, une exposition sur la façade du Panthéon a été l’occasion de rappeler combien certaines femmes éminentes ont, par leur vie au service de la science, des arts, de la philosophie, de la politique ou par leur engagement, mérité de faire partie de ce Panthéon laïque et républicain.
  • Du 8 mars au 12 mai 2002, l'exposition D comme découvreuses s'est tenue au Panthéon, à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme. Détails de la cérémonie sur le site du Ministère de la recherche.
    L'exposition, en cinq parties a abordé les thèmes suivants :
    • Présentation de découvreuses emblématiques : Hildegarde de Bingen, Sophie Germain, Grace Hopper, Marie Curie, Rita Levi-Montalcini… et sous la forme d'une provocation, invitation à la controverse, « elles créent des enfants, mais pas des idées ! » illustrée par des documents anciens, des affiches et des clichés machistes.
    • La deuxième partie pose la question « Le cerveau a-t-il un sexe ? », avec une approche tant neurobiologique que sociologique.
    • La troisième partie aborde le sujet de la créativité, à tous les échelons, qu’il s’agisse d’inventions pratiques ou de découvertes importantes. Le but n’est pas de se concentrer sur l’élite, mais d’offrir des exemples auxquels les jeunes peuvent s’identifier : on y présente l’activité au quotidien de femmes travaillant à des tâches de recherche et contribuant à l’avancée des connaissances.
    • La quatrième partie dresse un bilan, tant sur le parcours des filles que sur la discrimination, et invite au débat « Font-elles une science différente ? »
    • La dernière partie est résolument tournée vers l’actualité de la politique scientifique en Europe, les filières et les métiers.
  • 21 octobre 2002 : Marie-Jo Zimmermann, députée de la Moselle attire l’attention de la ministre déléguée à la Parité et à l’Égalité professionnelle sur le fait que le gouvernement s’est engagé à promouvoir une politique active en matière d’égalité des droits entre les hommes et les femmes. À propos de la présence de femmes au Panthéon, elle dira :

« Ce déséquilibre flagrant (la proportion hommes-femmes au Panthéon, NDLR) est d’autant moins acceptable que certaines femmes ont marqué l’histoire du pays par leur forte personnalité. Plusieurs d’entre elles ont notamment des titres éminents qui mériteraient au moins d’être examinés dans une logique d’entrée au Panthéon. Il s’agit en priorité d’Olympe de Gouges qui fut l’une des premières féministes. Participant à la Révolution et proposant l’émancipation des femmes par une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), elle fut guillotinée en 1793. Dans la même logique, on peut citer la mathématicienne Sophie Germain, Louise Michel, figure légendaire du mouvement ouvrier et de la Commune de Paris et Simone Weil, grande philosophe de la première moitié du XXe siècle.[91] »

Facade du Panthéon en mars 2008
  • L'écusson informatif sur le Panthéon planté sur le trottoir entourant le bâtiment n'a pas été modifié après la panthéonisation de Marie Curie malgré l'intervention du sénateur Yann Gaillard lors de la séance au Sénat du 10 octobre 2006[92]. Il indique toujours que « depuis 1907, y repose également une femme, il s'agit de l'épouse de Marcellin Berthelot… ».

Le Panthéon et l'Histoire

Depuis plus de 200 ans, le Panthéon a été témoin de nombreuses scènes de l'histoire de France. Par sa situation dans le quartier Latin, il est aux premières loges dès que quelques manifestants décident de transformer un mécontentement en révolution. On fait aussi appel à son « esprit » pour commémorer un événement, ou quand on estime l'intégrité de la France en danger.

Article détaillé : Le Panthéon de Paris en dates.

Le Panthéon et la science

Le pendule de Foucault est associé à l'histoire du Panthéon de Paris. Quand, en 1851, le physicien Léon Foucault cherche un bâtiment de grande hauteur pour démontrer la rotation de la Terre, le Panthéon, lieu civil, semble tout indiqué. 1902 marquera une autre étape, à la fois scientifique et politique d'une affirmation de l'esprit scientifique dégagé de toute influence religieuse. Depuis 1995, le pendule bat de nouveau dans la nef.

Par sa situation en hauteur dans Paris, le Panthéon servira de récepteur aux expériences sur la TSF d'Eugène Ducretet.

Le Panthéon et l'art

Sa position dominante en haut de la colline Sainte-Geneviève comme sa forme originale ont su, dès sa construction, attirer l'œil d'artistes confirmés comme Van Gogh, Marc Chagall ou celui des amateurs. Symbole républicain, il sera mis en poème par Victor Hugo, il est aussi le sujet de plusieurs livres.

Il est maintenant aussi lieu d'exposition où des artistes contemporains comme Gérard Garouste ou Ernesto Neto profitent du vaste espace de la nef pour y accrocher leurs œuvres.

Article détaillé : Le Panthéon de Paris et l'art.

Anecdotes et légendes

Pourquoi une croix chrétienne surmonte-t-elle l'édifice, dans une république laïque ?

Le Panthéon vers 1830
Le dôme du Panthéon en 2005
Coupoles
Le Panthéon de nuit

La croix actuelle qui surmonte le Panthéon a une longue histoire :
En 1790, lors de l'achèvement du dôme par Jean-Baptiste Rondelet, architecte chargé de finir le monument après la disparition de Jacques-Germain Soufflot, une croix provisoire est placée au sommet du dôme en attendant la statue de Geneviève qui doit surmonter l'édifice.

En 1791, l'Assemblée constituante décide de transformer l'église Sainte-Geneviève en mausolée pour accueillir les cendres de Mirabeau. L’architecte Quatremère de Quincy fait donc remplacer la croix par La Renommée, une statue de Claude Dejoux, de neuf mètres de hauteur, représentant une femme embouchant une trompette[15].

Le 20 février 1806, Napoléon rend l'édifice à sa destination première, mais laisse la statue au sommet du dôme.

Le 3 janvier 1822, l'église est enfin inaugurée. On place au sommet une croix en bronze doré.

Le 26 août 1830, Louis-Philippe Ier retransforme le bâtiment en panthéon. On enlève la croix et on la remplace par un drapeau.

Le 6 décembre 1851, par un décret du prince président Louis-Napoléon Bonaparte, le Panthéon est rendu au culte catholique et on replace une croix dorée sur le dôme.

Le 2 avril 1871, les Communards scient les petites branches de la croix et placent au sommet un drapeau rouge.
« Les canons de la place du Panthéon saluaient le drapeau qui venait remplacer la croix par laquelle le catholicisme impérial avait marqué sa prise de possession de l’édifice.
La Commune reprenait au clergé ce que le clergé avait usurpé. Le drapeau était rouge. Nous ne sommes pas de ceux que le rouge effarouche.
Ce n’est pas une couleur nouvelle pour nous. Pendant tout l’exil, le drapeau rouge a été le drapeau de la République proscrite ; et nous trouvons tout simple que la République rentre en France avec son drapeau.[…]
Le drapeau tricolore, qui a été celui de la première République, a eu, certes, ses jours glorieux ; mais l’empire l’a traîné dans la boue de Sedan, et ce n’est pas nous qui l’y ramasserons. »
(Auguste Vacquerie, Le Rappel, 29 mars 1871)

En juillet 1873, une croix en pierre est remise, haute de 4 mètres et pesant 1 500 kg avec son socle et sa boule. Pour le transfert des cendres de Victor Hugo, la IIIe république redonne à l'édifice le statut de Panthéon mais elle n'a pas jugé nécessaire de supprimer la croix. Mais, dans le doute que la protection de la croix ne soit pas suffisante, on la surmonta d'un paratonnerre.

Anecdotes

  • Pour tracer les fuseaux verticaux contenant les caissons du dôme, Rondelet s'est servi d'une méthode simple. Accrochant un fil à plomb au sommet, il se servit de l'ombre portée directement sur la voûte déjà réalisée pour les matérialiser.
  • Petite histoire de la peinture ornant le dôme de la coupole.

Cette peinture est commandée par Napoléon au peintre Gros en 1811. Mais les revirements de l'Histoire en décideront autrement. Voici ce que l'on peut lire dans la "Nouvelle biographie générale, des temps les plus reculés jusqu’à nos jours", parue en 1858 :
« Napoléon le chargea (Gros, NDLR) d'exécuter sur la surface intérieure du dôme du Panthéon, dans des proportions de quatre mètres, Clovis, Charlemagne, saint Louis, et lui-même, le fondateur de la nouvelle dynastie. Gros devait terminer le tout en deux ans, pour la somme de 36 000 francs, lorsque survint la funeste retraite de Russie, puis la campagne de France, enfin le retour des Bourbons : la coupole subit les conséquences de ces événements. Le 10 août 1814, le ministre de la maison du roi fit écrire à Gros de placer Louis XVIII à la place de Napoléon, et on porta à 50 000 francs, la somme de 36 000 francs primitivement allouée. Le 31 mars 1815, nouvelle lettre ministérielle enjoignant à l'artiste de représenter Napoléon comme il l'avait commencé ; le prix de 50 000 francs était maintenu. Enfin le 16 mai de la même année, après les Cent Jours, un troisième contre-ordre l'obligeait de placer de nouveau Louis XVIII à la place de Napoléon empereur. »

  • Dans les mémoires du général Soult on peut lire l'anecdote suivante :

« [Au bivouac]… les soldats se dispersaient dans les environs pour aller déterrer des pommes de terre. Un champ était bientôt récolté, et le repas était bientôt préparé au feu du bivouac. Le silence durait tant que durait cette importante occupation ; mais elle ne durait pas longtemps et les provisions étaient épuisées avant que la faim ne fût apaisée. L'inépuisable gaieté du soldat français revenait alors. Ne doutant de rien, parlant de tout, lançant des saillies originales et souvent même instructives, tel est le soldat français. Un soir, on parlait politique et des nouvelles de Paris ; le propos était tombé sur les grands hommes qu'on avait fait entrer au Panthéon ou qu'on en avait successivement fait sortir, suivant l’esprit du jour et l’influence du parti régnant.
- Qui va-t-on mettre aujourd’hui, demanda quelqu'un ?
- Parbleu, répondit son voisin, une pomme de terre.
et tout le monde d’applaudir cette saillie, qui avait plus de portée que l'intention de son auteur n'avait probablement voulu lui donner. »

  • On cite cette phrase de Louis XVIII à qui on proposait de retirer Voltaire du Panthéon, rendu au culte catholique sous son règne : Laissez-le, il est bien assez puni d'avoir à entendre la messe tous les jours.

Légendes

Les bâtiments donnent parfois lieu à la création de légendes, comme celle du fantôme de l'Opéra.

  • Pour le Panthéon, on raconte que, menacé par l'humidité du sol, l'édifice aurait été sauvé par l'ingéniosité d'un architecte qui aurait eu l'idée de soulever le bâtiment pour injecter dessous du plomb fondu. Sa méthode ? Il aurait pratiqué à intervalles réguliers des trous du diamètre d'une barre à mine tout autour de la base de l'édifice, bourré ces trous de sciure de bois et arrosé copieusement le tout. Le bois mouillé aurait alors, en gonflant, soulevé le bâtiment de quelques millimètres, suffisamment pour y couler du plomb en fusion. En séchant, la sciure aurait alors redéposé le Panthéon en douceur sur sa base.

Annexes

Références

  1. Jean Favier, Paris, 2000 ans d'histoire, p. 492-496
  2. « On bâtit des tous côtés », Tableau de Paris, t. I, 1781.
  3. décrets des 6-12 décembre 1851, 22 mars 1852 et 26 juillet 1867
  4. Maximilien Brébion, Mémoire à monsieur le comte de la Billarderie Angiviller 1780, publié par Michael Petzel, Soufflots Sainte-Geneviève und der französische Kirchenbau des 18. Jahrunderts, Berlin, 1961, p. 147.
  5. Michael Petzel, « Soufflot et l'ordonnance de Sainte-Geneviève », in Soufflot et l'architecture des Lumières (actes du colloque Soufflot et l'architecture des Lumières), 1980, éd. École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris, p. 12 à 25, (ISBN 2-903639-00-0)
  6. Sur ce thème on peut consulter le site : Le projet de Soufflot 1755-1780
  7. Encyclopédia Universalis, article : « Fer et fonte (Architecture) », 1970, volume 6, p. 1028, (ISBN 2-85229-281-5)
  8. J. Adhémar, Traité de charpente, deuxième édition, Carillan-Gœury et Dalmont éditeurs-libraires, Paris, 1854
  9. On peut également la visualiser sur le site internet de l'université Columbia, photos d'architecture au format QT à l'adresse Maquette du Panthéon ou sur celui-ci.
  10. Sur un autre panorama on peut voir également les clochers que Soufflot avait mis à l'origine et qui furent rasés par la suite.
  11. Une toile de Demachy au musée Carnavalet représente cette cérémonie.
  12. le monument fut imité à Copenhague, Potsdam, Saint-Pétersbourg.
  13. Rondelet, L'Art de bâtir, cité dans Cyprien Prosper Brard, Minéralogie appliquée au Arts, à l'agriculture…, tome 1, Paris, 1821, p.11-15.
  14. [1]
  15. a et b Rapport fait au Directoire sur les travaux du Panthéon (1792)
  16. Mémoires anecdotiques sur l'intérieur du palais et sur quelques événements de l'Empire depuis 1805 jusqu'en 1816 pour servir l'histoire de Napoléon, Louis François Joseph Bausset-Roquefort, tome 4, page 124 et suivantes, 1829, A. Levavasseur éditeur à Paris
  17. P. J. B. Buchez et P. C. Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, tome 35, Librairie Paulin, 1887, p.312.
  18. Sur ce sujet on pourra consulter le document de Wikisource Le fronton du Panthéon, tome 11, Gustave Planche, Revue des deux mondes, 1837
  19. a, b et c Grand dictionnaire universel du XIXe siècle volume 12 de Pierre Larousse édition 1874
  20. Sur Wikisource lire : Le Panthéon, peintures murales, Théophile Gautier, 1848
  21. Histoire des artistes vivants français et étrangers, Théophile Silvestre Loudolphe de Virmond, Paris 1856
  22. Extrait de l'article de Jean Vuillemin paru dans Arts et Métiers Magazine, p. 40, octobre 2001.
  23. Journal L'Humanité 9 août 2011 http://www.humanite.fr/tribunes/jean-allemane-1843-1935-le-communard-%E2%80%A8de-tous-les-combats-25
  24. http://www.ugwk.eu/
  25. L'histoire de cette restauration par Lazar Kunstmann "La culture en clandestins. L'UX http://web.mac.com/peint/UGWK/2009-02-25_Kunstmann.html
  26. Décret du Ministère d'état chargé des Affaires culturelles, 21 février 1967 relatif à un hommage public à Henri Bergson, Journal Officiel du 23février 1967 p. 1915, "Apposition, au Panthéon, d'une inscription à sa mémoire"
  27. Décret du 16 mars 2011 paru au JO du 17 mars 2011
  28. Vidéo du discours du président de la République http://www.elysee.fr/president/mediatheque/videos/2011/avril/hommage-national-a-aime-cesaire-au-pantheon.11062.html
  29. Vidéo de FranceTV sur la cérémonie http://www.francetv.fr/culturebox/aime-cesaire-est-au-pantheon-53305
  30. Histoire parlementaire, tome IX, page 280
  31. Abbé de Montgaillard, Histoire de France, tome II, page 302
  32. Éloge funèbre de Mirabeau, par M. Cérutti dans la Bibliothèque historique de la Révolution. Mirabeau aîné, p. 288-9 British Museum
  33. Le cimetière de Clamart se trouvait à l'angle des rues du Fer-à-Moulin et des Fossés Saint-Marcel dans le 5e arrondissement de Paris
  34. Source : Assemblée nationale
  35. Mercure historique et politique de Bruxelles, 16 juillet 1791.
  36. M. Cabet, Histoire populaire de la Révolution française, tome III, Pagnerre éditeur, Paris, 1840, p.330.
  37. Alphonse de Lamartine, Histoire des Girondins, tome 3, Société typographique belge, Bruxelles, 1850 (pages 367- 368).
  38. Voyage à Ermenonville ou lettre sur la translation de Jean-Jacques Rousseau au Panthéon (1794)
  39. Mémoires de Constant, Premier valet de chambre de Napoléon, sa famille et sa cour, tome quatre, Ladvocat, Paris, 1830 (p. 284-289).
  40. Journal Officiel du 27 mai 1885 p. 2706
  41. Décret du 26 mai 1885 relatif au Panthéon Journal Officiel 27 mai 1885 p. 2706 (Rapporte les décrets des 20 février 1806, 6-12 décembre 1851, 22 mars 1852 et 26 juillet 1867 et l'ordonnance du 12 décembre 1821)
  42. Deux millions de personnes assistent aux funérailles
  43. Discours prononcés lors des funérailles de Victor Hugo le 1er juin 1885
  44. Pour se faire une idée du climat régnant à cette époque, on pourra consulter par exemple le site : de L'Assiette au beurre, journal satirique de l'époque.
  45. Discussion d'un projet de loi relative à la translation des cendres d'Émile Zola au Panthéon (19 mars 1908) sur le site de l'Assemblée nationale.
  46. a, b et c Source : Assemblée nationale
  47. Références :
    • Le livre de Paul Nizan la Conspiration (1938) dont un chapitre est consacré aux funérailles de Jaurès
    • On retrouvera les enjeux politiques et les détails de la cérémonie en consultant : Terrain revue ethnologique de l'Europe N° 15, octobre 1990 : « La panthéonisation » de Jean Jaurès, rituels et politique sous la IIIe République par Avner Ben-Amo. Cet article est aussi consultable en ligne à l'adresse http://terrain.revues.org/document2983.html
  48. a et b Loi n° 48-1501 du 28 septembre 1948 relative au transfert au Panthéon des cendres du gouverneur général Éboué JO 29-09-1948 p. 9530
  49. Discours de Jean Cabannes, membre de l'Académie des sciences, 17 juin 1948 Discours d'Émile Borel, membre de l'Académie des sciences, 18 juin 1948
  50. Loi n° 49-681 du 19 mai 1949 relative au transfert au Panthéon du corps du père de Victor Schœlcher JO 20-05-1949 p. 4951
  51. Archive vidéo sur le site de l'INA
  52. Site Internet du Sénat, 1949, Victor Schœlcher : un sénateur philanthrope
  53. Loi n° 52-633 du 4 juin 1952 autorisant le transfert des cendres de Louis Braille au Panthéon JO 05-06-1952 p. 5628
  54. Décret du 11 décembre 1964 autorisant le transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin JO 13-12-1964 p. 11109
  55. Archive vidéo sur le site de l'INA
  56. Voir la vidéo sur le site de I.N.A. Discours d'André Malraux Extraits audio du discours de Malraux sur le site de l'INA
  57. Décret du 23 avril 1981 autorisant le transfert au Panthéon des cendres de René Cassin JO 24-04-1981 p. 1154-1155
  58. Archive vidéo sur le site de l'INA
  59. Discours prononcé par le président de la République, pour le transfert des cendres de René Cassin au Panthéon, 1987
  60. Décret du 28 juillet 1988 autorisant le transfert au Panthéon du corps de Jean Monnet NOR MCCX8810666D J.O. DU 29/07/88 Page : 9745
  61. Discours prononcé par le président de la République, pour le transfert des cendres de Jean Monnet au Panthéon, 1988
  62. Décret du 16 octobre 1989 décidant une cérémonie de reconnaissance nationale à l'égard de Condorcet, de Monge et de l'abbé Grégoire NOR PRMX8910237D J.O. DU 18/10/89 Page : 12992
  63. Archive vidéo sur le site de l'INA
  64. Décret du 8 mars 1995 autorisant le transfert au Panthéon des cendres de Pierre et de Marie Curie, JORF no 62 du 14 mars 1995, p. 3945, NOR MCCX9511004D, sur Légifrance.
  65. Archive vidéo sur le site de l'INA
  66. édition du 21 avril 1995
  67. Discours prononcé par le président de la République pour le transfert des cendres de Pierre et Marie Curie au Panthéon, 1995
  68. L'Humanité, édition du 21 avril 1995 : Un couple qui a changé la face du monde
  69. Pour en savoir plus sur la mise en scène de la cérémonie : le peintre et décorateur Jean-Paul Chambas. Consulter les détails de la cérémonie : lien externe L'Humanité À André Malraux, la patrie reconnaissante
  70. Décret du 7 août 1996 autorisant le transfert au Panthéon des cendres d'André Malraux, JORF no 185 du 9 août 1996, p. 12121, NOR MCCE9600441D, sur Légifrance.
  71. Extrait du journal Le Monde, édition datée du 24 novembre 1996 (Auteur : Olivier Biffaud)
  72. Archive INA journal A2 9 août 1996
  73. in Le Figaro, édition du 26 novembre 1996
  74. L'Humanité édition du 23 novembre 1996
  75. Discours prononcé par le président de la République lors du transfert des cendres d’André Malraux au Panthéon, 1996
  76. Décret du 26 mars 2002 autorisant le transfert des cendres d'Alexandre Dumas au Panthéon, JORF no 73 du 27 mars 2002, p. 5409, texte no 42, NOR MCCE0200110D, sur Légifrance.
  77. Archive vidéo sur le site de l'INA
  78. Discours du président du Sénat, Christian Poncelet sur le site du Sénat
  79. Allocution de l'écrivain Claude Ribbe au Sénat sur le site Wikisource
  80. Pour en savoir plus sur la mise en scène d'Ivan Morane La cérémonie, Les discours : Discours d'Alain Decaux, de l'Académie française ; Discours de Jacques Chirac, président de la République ; Dans la presse article du journal L'Humanité Alexandre Dumas. Deux cents ans après Auteur : Alain Nicolas, 30 novembre 2002.
  81. annexe au procès-verbal de la séance du 2 décembre 1902, AN (CARAN) / F
  82. Source : Assemblée nationale
  83. Décret du 21 février 1967 relatif à un hommage public à Henri Bergson, JO du 23/02/1967, p.1915 (apposition, au Panthéon, d'une inscription à sa mémoire).
  84. Alain Auffray, Libération du 6 juillet 2006
  85. Le Monde, édition du 7 juillet 2006, page 3
  86. Sarkozy souhaite faire entrer Albert Camus au Panthéon, Arnaud Leparmentier, Le Monde.fr
  87. Berlioz and the Romantic Century, tome 2, 1950, p.325-326.
  88. Journal l'Humanité édition du 31 janvier 2006
  89. Le Nouvel Observateur 17 avril 2008
  90. Sur le site de la présidence de la République [2]
  91. Lire le discours entier et la réponse de Nicole Asseline, ministre délégué à la parité et à l’égalité professionnelle
  92. Compte rendu de la séance du 10 octobre 2006 au Sénat, question no 1085 : « Contenu informatif d'un panneau figurant sur le Panthéon à Paris »

Sources

Bibliographie

Place du pantheon.jpg
  • Ouverture d'un emprunt de 4 millions pour achever la construction, Journal de Paris, 9 août 1784, n° 222, p. 943.
  • Le Panthéon, Temple de la nation, Éditions du Patrimoine, coll. « Itinéraires du Patrimoine » (ISBN 2-85822-342-4).
  • Mona Ozouf, « Le Panthéon », dans Les lieux de mémoire, t. I : La République, Gallimard, Paris, 1984.
  • Jean-François Decraene, Petit dictionnaire des Grands Hommes du Panthéon.
    Ce petit livre donne la liste complète des hôtes prestigieux du monument, leur biographie, et à quelle période de la vie politique française ils ont été accueillis, donc choisis.
  • Le Panthéon : livre avec un CD édition en braille, Pierre Wachenheim & Hoëlle Corvest, collection Sensitinéraires, éditeur Patrimoine Eds Dun (ISBN 285822904X).
    L’ouvrage retrace l’étonnant destin d’un monument exceptionnel, à partir de supports tactiles et auditifs pour les personnes déficientes visuelles.
  • Denis Bocquet, Panthéon ou église Sainte-Geneviève: les ambiguïtés d'un monument (1830-1885) , Paris Sorbonne, 1992[3]
  • François Macé de Lépinay. Peintures et sculptures du Panthéon, Éditions du Patrimoine, 1997.

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