IIe guerre mondiale

IIe guerre mondiale

Seconde Guerre mondiale

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Seconde Guerre mondiale
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Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir d'en haut à gauche : troupes du Commonwealth dans le désert ; civils chinois enterrés vivants par des soldats japonais ; forces soviétiques durant une offensive hivernale ; avions japonais s'envolant ; combat de troupes soviétiques à Berlin ; un sous-marin allemand sous les attaques.
Informations générales
Date Du 3 septembre 1939
Au 2 septembre 1945
Lieu Europe, Pacifique, Asie, Moyen-Orient, Méditerranée, Atlantique, Afrique, Océanie
Issue - Victoire des Alliés.
- Émergence des États-Unis et de l’URSS comme superpuissances.
- Création de l'ONU.
- Constitution du Bloc de l'Est, Guerre froide.
- Début du processus de décolonisation.
Belligérants
Alliés Axe
Notes
Voir la liste
des affrontements militaires
Batailles

Front d’Europe de l’Ouest

Front d’Europe de l’Est


Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient


Bataille de l’Atlantique


Campagnes de Méditerranée et d'Europe du Sud


Guerre en Asie et dans le Pacifique


Guerre sino-japonaise

La Seconde Guerre mondiale ou la Deuxième Guerre mondiale[1] est un conflit armé à l'échelle planétaire qui dura de septembre 1939 à septembre 1945. Provoquée par le règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale de 1914-1918 et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois principales nations de l’Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et Empire du Japon), elle consista en la convergence, à partir du 3 septembre 1939, d’un ensemble de conflits régionaux respectivement amorcés le 18 juillet 1936 en Espagne (la guerre d'Espagne), le 7 juillet 1937 en Chine (la guerre sino-japonaise), et le 1er septembre 1939 en Pologne (campagne de Pologne). Le conflit planétaire ainsi généré opposa schématiquement deux camps — les Alliés et l’Axe. Il prit fin en Europe le 8 mai 1945 par la capitulation sans condition du IIIe Reich, puis s’acheva en Asie et dans le monde le 2 septembre 1945 par la capitulation sans condition du Japon, dernière nation de l’Axe à connaître la défaite.

La Seconde Guerre mondiale promeut les États-Unis et l’URSS, principaux vainqueurs, comme les deux superpuissances appelées à dominer le monde pour près de 40 ans. Elle accélère l’affaissement de l’Europe et le processus de décolonisation en Asie, dans le monde arabe puis en Afrique, achevé au début des années 1960. Paradoxalement, la Seconde Guerre mondiale est le dernier grave conflit en Europe, désormais à la recherche de son unification, et la difficile reconstruction est vite suivie d’une période de prospérité sans précédent.

N’opposant pas seulement des nations, la Seconde Guerre mondiale fut la première grande guerre idéologique de l’Histoire, ce qui explique que les forces de collaboration en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu’une résistance ait pu exister jusqu’en plein cœur de l’Allemagne nazie en guerre.

La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de km²[2], et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils. Guerre totale, elle escamota largement la distinction entre civils et militaires et vit la mobilisation complète des ressources économiques, humaines et scientifiques des deux camps, y compris des vassaux de l’Axe, mis en coupe réglée.

La somme des dégâts matériels n’a jamais pu être chiffrée de façon sûre, mais il est certain qu’elle dépasse les destructions cumulées de l’ensemble des conflits connus par le genre humain depuis son apparition. Le traumatisme moral ne fut pas moins considérable, la violence ayant pris des proportions inédites. Elle fut aussi le théâtre de multiples crimes de guerre, dont l’Axe n’eut jamais le monopole.

Parmi ces crimes figurent la déportation en camps de concentration, camps de travail et camps de la mort, comportant des chambres à gaz à des fins d’extermination de populations entières (Juifs, Slaves, Tziganes), ou de catégories particulières d’individus (homosexuels, Témoins de Jéhovah, handicapés, etc.) commandées par le régime nazi. Le régime Shōwa ne fut nullement en reste en Asie avec, à son actif, 10 millions de civils chinois enrôlés de force par la Kōa-in au Mandchoukouo, environ 200 000 « femmes de réconfort » enrôlées en Corée et dans tout l’Extrême-Orient, ainsi que l’annihilation systématique de populations civiles, principalement en Chine et notamment lors du massacre de Nankin.

Il faut ajouter les meurtres systématiques de résistants et d'opposants politiques, ainsi que les représailles contre les civils, par les nazis ; les expérimentations sur des êtres humains auxquelles se livrèrent des médecins nazis tels le SS Josef Mengele et l’unité japonaise 731 ; les bombardements aériens massifs de civils d’abord par l’Axe en Europe (Coventry en Angleterre, Rotterdam aux Pays-Bas) et en Asie (Shanghai, Chongqing : la ville la plus bombardée de la guerre), puis par les Alliés: Dresde et Hambourg en Allemagne, Tōkyō avec du napalm au Japon. Pour la première fois, la bombe atomique fut utilisée contre un pays : deux bombes A larguées sur des cibles civiles par les États-Unis ont explosé à trois jours d’intervalle, à Hiroshima et à Nagasaki au Japon.

Sommaire

La marche vers la guerre

Origines du conflit en Europe

Gris:Neutre ; Rose : Japon ; Orange : Axe et territoires contrôlés par l'axe ; ; Vert/Bleu : Alliés et leurs colonies/dominions ; Violet : URSS

Les traités de Versailles, de Saint Germain, de Trianon et de Neuilly avaient suscité rancœurs et frustrations et désirs de reconquête chez les peuples allemands, autrichiens, hongrois et bulgares.

La crise de 1929 conduit les différents États à adopter des mesures protectionnistes et à se placer en position de rivalité les uns par rapport aux autres. Alors que l’agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricte autarcie et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, les politiques d’armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique[3].

Ceci pourrait expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l’Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes du parti nazi, au pouvoir en Allemagne, et exprimées dès 1924 par Adolf Hitler dans Mein Kampf. À ces ambitions visant à reconstituer un espace vital pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionnistes du régime fasciste italien qui tenta tant bien que mal de se constituer un empire colonial en Éthiopie et en Europe du Sud.

Origines du conflit en Asie

Ulcérés par le traitement accordé à l'Empire du Japon par les puissances occidentales lors du Traité de Versailles et les Traités navals de Washington et de Londres, de nombreux politiciens et militaires japonais, comme Fumimaro Konoe et Sadao Araki réactualisent la doctrine du hakko ichi’u (les 8 coins du monde sous un seul toit) et mettent en place une idéologie fondée sur la suprématie de la race japonaise et son droit à dominer l’Asie. Cette idéologie raciste présente le Japon comme le centre du monde et prend assise sur l’institution impériale et l’empereur, être divin et descendant de la déesse Amaterasu Omikami. Elle donne lieu à une tentative de restauration shôwa.

Porté par l’influence des factions militaires, le Japon envahit ainsi la Mandchourie en 1931 puis le reste de la Chine en 1937. Le refus du Japon de se retirer de l’Indochine française, envahie en 1941, et de la Chine, à l’exclusion du Mandchoukouo, mène à l'été de la même année à l’imposition par les États-Unis d’un embargo sur le pétrole. En réaction, Hirohito lance alors la guerre de la Grande Asie orientale (Dai Tô-A sensô) et autorise l’attaque sur Pearl Harbor et l’invasion de l’Asie du Sud-Est.

Les belligérants

Il est d’usage d’appeler les signataires du Pacte tripartite et leurs alliés, « Forces de l’Axe », et leurs adversaires, « Alliés ». Il n’est pas forcément possible de classer sans ambiguïté un pays belligérant dans l’un ou l’autre camp, car les alliances se sont modifiées tout au long du conflit.

Les membres de l’Axe

Hermann Göring et Adolf Hitler, respectivement ministre de l'air et chef de l'État de l'Allemagne nazie.
Benito Mussolini, chef du gouvernement du Royaume d'Italie.

La marche à la guerre en Europe a été rythmée de façon constante par les initiatives allemandes. Selon les mots d’Yves Durand : « La responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale incombe indubitablement à l’Allemagne hitlérienne[4] ». Lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, l'Empire du Japon est déjà en guerre contre la Chine depuis 1937, mais, en dépit du pacte anti-Komintern signé par l’Allemagne et le Japon en 1936, les relations entre les deux pays restent distantes, et l’Allemagne ne soutient pas le Japon contre la Chine. L'empire du Japon, enlisé dans une guerre prévue au départ pour trois mois, est confronté à la difficulté d’occuper un territoire trop vaste et s’est livré à de nombreuses exactions contre les populations civiles (massacre de Nankin), en plus de recourir à maintes reprises aux armes chimiques et aux armes bactériologiques produites par l’unité 731[5].

Le 27 septembre 1940 a lieu à Berlin la signature du pacte tripartite par lequel le Japon reconnaît la prédominance de l’Allemagne et de l’Italie en Europe et ces deux derniers États, la suprématie du Japon en Asie. Les trois pays signent un pacte d’assistance mutuelle. Quant à l’Italie, théoriquement alliée de l’Allemagne depuis 1936, elle n’a déclaré la guerre à la France et au Royaume-Uni que le 10 juin 1940 et attaque le Royaume de Grèce sans consulter les Allemands le 28 octobre 1940.

Hideki Tōjō, premier ministre de l'Empire du Japon de 1941 à 1944.

L’alliance du Royaume de Hongrie avec l’Allemagne à partir de 1938 lui vaut de réaliser des agrandissements territoriaux aux dépens de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie. Cependant, lorsqu’elle adhère au pacte en novembre 1940, elle n’est pas encore belligérante. La Hongrie intervient militairement lors de l'invasion de la Yougoslavie en avril 1941, puis lors de l'attaque contre l'URSS.

Lorsque le Royaume de Roumanie adhère au pacte en novembre 1940, les troupes allemandes sont déjà présentes sur son territoire. Quelques mois plus tard, la Roumanie s’engage de façon très déterminée aux côtés de l’Allemagne lors de l’invasion de l’URSS en juin 1941. L’armée roumaine n’hésite pas dès lors à participer non seulement aux opérations militaires, mais aussi aux exactions nazies en URSS : extermination massive des Juifs en Transnistrie, ou de la population civile d’Odessa.

La Hongrie et la Roumanie ont envoyé plusieurs centaines de milliers d’hommes combattre aux côtés de l’Allemagne en URSS. Les contingents de volontaires étrangers engagés sur le front russe au nom de l’anti-bolchevisme, comme division Azul, espagnole ou la Légion des volontaires français ont des effectifs beaucoup plus modestes.

Le Régent du Royaume de Yougoslavie signe une alliance avec l’Allemagne en mars 1941. Il s’ensuit aussitôt un coup d'État militaire anti-allemand : lorsque le nouveau roi imposé par le putsch dénonce l’alliance, l’Allemagne et l’Italie envahissent et démantèlent la Yougoslavie. L’État indépendant de Croatie devient un satellite de l’Allemagne nazie. Autre satellite de l’Allemagne, la Slovaquie, qui a adhéré au pacte tripartite en novembre 1940, déclare la guerre à l’URSS le 23 juin 1941.

Le Royaume de Bulgarie devient officiellement membre du pacte tripartite le 1er mars 1941 et laisse la Wehrmacht traverser son territoire pour envahir la Grèce. La Bulgarie profite de son alliance pour réaliser quelques agrandissements territoriaux. Elle ne participe pas à l’invasion de l’URSS, mais doit déclarer la guerre à l’Angleterre et aux États-Unis à la fin de 1941. Elle n’est en guerre contre l’URSS que pendant vingt-quatre heures, le 5-6 septembre 1944.

Après avoir été agressée par l’URSS en novembre 1939 lors de la guerre d’Hiver, la Finlande se rapproche du Reich et déclare la guerre à l’URSS le 26 Juin 1941. Cependant, le maréchal Mannerheim borne explicitement ses objectifs à la reprise des terres arrachées par les Soviétiques deux ans plus tôt.

En détruisant une partie de la flotte des États-Unis à Pearl-Harbor le 7 décembre 1941 et en envahissant la Malaisie, possession britannique, le Japon entre résolument dans la guerre contre les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Le Japon et l’URSS se sont quant à eux affrontés en 1939 (bataille de Halhin Gol), mais ne rouvriront pas les hostilités avant le 8 août 1945. Le 21 décembre 1941, la Thaïlande signe un pacte défensif avec le Japon et déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. La chute du gouvernement de Plaek Pibulsonggram en juillet 1944 ne rompt pas officiellement l'alliance, mais la Thaïlande se retire du conflit en évacuant les territoires pris aux Britanniques et des contacts sont pris avec les Alliés.

Le 8 septembre 1943, Badoglio, qui a remplacé Mussolini, rompt l’alliance avec l’Allemagne en signant un armistice avec les Alliés. Hitler envahit aussitôt la péninsule qu’il occupe jusqu’à Naples. En octobre, l’Italie déclare la guerre à son ancien partenaire.

À partir de la fin 1943, la Hongrie envisage un retournement d’alliance. Informé de ces préparatifs, Hitler ordonne l’occupation de la Hongrie le 19 mars 1944. Envahie par l’Armée rouge, la Roumanie rompt l’alliance avec l’Allemagne le 23 août 1944. Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944, la Bulgarie change de camp et déclare la guerre à l’Allemagne. La Finlande signe un armistice avec l’URSS en septembre 1944 et retourne les armes contre l’Allemagne en décembre 1944.

Les adversaires de l'Axe

Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni et Charles de Gaulle, chef de la France libre.

Comme l’armée Tchécoslovaque n’avait pas opposé de résistance lors de l’invasion de la Bohême-Moravie, le 15 mars 1939, on peut considérer que la Pologne est le premier adversaire de l’Allemagne belligérant à partir du 1er septembre 1939 lorsqu’elle résiste à son invasion par l’Allemagne. L’invasion de la Pologne provoque les déclarations de guerre de la Grande-Bretagne et de la France le 3 septembre 1939, respectivement à 13 h et à 17 h. Avec la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande déclarent également la guerre à l’Allemagne. Au fil de la guerre, tous les dominions (Canada, Afrique du Sud, Terre-Neuve) et toutes les colonies (Inde, Nigéria, Kenya, etc.) de l’Empire britannique deviennent tôt ou tard partie prenante du conflit sauf l’Irlande du Sud qui reste officiellement neutre sous la direction de Éamon de Valera. En avril 1940, lorsque l’Allemagne envahit le Danemark et la Norvège, la Norvège oppose une résistance armée alors que le Danemark, trop faible militairement, tente plusieurs attaques sans succès.

Lorsque l’Allemagne établit sa domination sur l’Europe continentale, le Royaume-Uni et l’Empire britannique se retrouvent seuls dans le camp des adversaires de l’Allemagne mais elle héberge un certain nombre de gouvernements en exil ou de gouvernements dissidents qui mettent des forces armées, notamment polonaises, tchèques et françaises, plus ou moins importantes aux côtés du Royaume-Uni. Les Indes néerlandaises restent sous le contrôle du gouvernement néerlandais en exil à Londres.

Après l’attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre contre le Japon ; et de fait contre l’Allemagne et l’Italie, puisque l’Allemagne et l’Italie ont déclaré la guerre aux États-Unis le 11 décembre en guise de soutien affiché au régime japonais. La République de Chine, en guerre avec le Japon depuis 1937, se retrouve dans le camp des puissances alliées. De nombreux pays d’Amérique latine déclareront la guerre à l’Allemagne : le Brésil en janvier 1942[6] et le Mexique en mai 1942.

Après le débarquement américain en Afrique du Nord, en novembre 1942, la majeure partie de l’Empire colonial français se retrouve du côté des Alliés.

Viatcheslav Molotov et Joseph Staline, respectivement ministre des affaires étrangères et dirigeant politique de l'Union soviétique.

En 1945, les Alliés avertissent tous les États que ceux qui auront déclaré la guerre à l’Allemagne seront admis à la conférence fondatrice de l’Organisation des Nations unies. Ce qui entraîne, au printemps 1945, une cascade de nouvelles déclarations de guerre au IIIe Reich, qui pour la plupart resteront fort platoniques : il s’agit de pays sud-américains tels que le Paraguay, l'Équateur, le Pérou, l’Argentine, ou d'États du monde arabe tels que l'Égypte, la Turquie, la Syrie, le Liban, etc. Le 8 mai 1945, à la capitulation allemande, les dernières délégations diplomatiques nazies sont expulsées des derniers États neutres : la Suisse, l’Irlande du Sud, l’Espagne, le Portugal, l’Afghanistan et le Chili. En tout, 52 États se sont trouvés en état de guerre avec l’Allemagne hitlérienne, auquel aucun traité de paix après 1945 n’est jamais venu mettre officiellement fin.

L’URSS

Lorsque l’URSS attaque la Pologne le 17 septembre 1939, conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique, elle est, d’un point de vue polonais, dans le même camp que l’Allemagne, sans pour autant être en état de guerre déclarée avec la France et le Royaume-Uni. Lorsque l’URSS attaque la Finlande en novembre 1939, la Finlande se trouve plutôt du côté de la France et du Royaume-Uni. Cette agression vaut par ailleurs à l’URSS de se voir expulsée de la SDN fin 1939. Pendant la durée du pacte, Staline livre ponctuellement et à crédit du pétrole, des matières premières et des céréales permettant au Reich de contourner partiellement le blocus des Alliés. Il lui livre aussi plusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés en URSS.

À partir du 22 juin 1941, l’URSS, attaquée par l’Allemagne, se retrouve dans le camp des Alliés. Elle bénéficie du prêt-bail américain en échange des réserves en or de la Banque d'État d’URSS. À défaut de pouvoir ouvrir avant 1944 le second front instamment réclamé par Moscou, les Alliés fournissent à l’URSS une aide importante, qui transite notamment par la dangereuse voie arctique — le convoi PQ-18 étant ainsi presque décimé.

Selon Raymond Cartier et John Keegan, entre octobre 1941 et juin 1942, les États-Unis livrent 1 285 avions, 2 249 chars, 81 287 mitrailleuses, 56 500 téléphones de campagne, 380 000 miles de fil téléphonique. En 1943, 427 000 des 665 000 camions de l’Armée rouge viennent d’outre-Pacifique. L’Amérique fournit aussi 13 millions de bottes, 5 millions de tonnes de vivres ou encore 2 000 locomotives, 11 000 wagons, 54 000 tonnes de rail. Trois quarts du cuivre soviétique viennent des États-Unis, mais aussi une grande partie du pétrole de haute teneur sans lequel il est impossible de fabriquer du carburant pour avion.

La défaite allemande est impensable sans l’Armée rouge, qui fixe en juin 1944 les deux tiers de la Wehrmacht — en général les troupes les plus jeunes et les mieux équipées — et met hors de combat 85 % de ses soldats.

Récapitulatif

Effectifs des armées des principaux belligérants[7].
Les chiffres pour l’Allemagne sont donnés au 31 mai de chaque année
Années 1940 1941 1942 1943 1944 1945
IIIe Reich 5 600 000 7 200 000 8 600 000 9 500 000 9 500 000
Japon 1 723 000 2 411 000 2 829 400 3 808 200 5 365 000 7 193 200
Royaume-Uni 2 212 000 3 278 000 3 784 000 4 300 000 4 500 000 4 653 000
États-Unis  458 000 1 795 000 3 844 000 8 918 000 11 240 000 11 858 000
URSS  500 000 4 027 000 9 000 000 10 000 000 12 400 000 10 800 000
France[8] 5 000 000   25 000   50 000  100 000  150 000  500 000
Canada[9]  92 296  260 553  454 418  692 953  747 475  761 041

Résumé chronologique des opérations militaires

Les succès des Forces de l'Axe (1939-1942)

Les succès des Forces de l'Axe en Europe (1939-1942)

La majorité des historiens[10], situe le début de la Seconde Guerre mondiale le 3 septembre 1939, lorsqu'après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne en vertu d'un traité les liant la Pologne depuis février 1921. L'historien Eric Hobsbawm, dans son ouvrage L'Âge des extrêmes (1994), souligne cependant que les gouvernements britanniques et français étaient enclins à négocier malgré l'invasion de la Pologne et que c'est sous la pression de leur population qu'ils furent contraints à ne pas reculer[11]. Les troupes allemandes avaient envahi la Pologne le 1er septembre 1939, à 4h45 du matin, suite à une provocation connue sous le nom d'incident de Gleiwitz, les troupes allemandes envahissent la Pologne sur tous les fronts.

L'Union soviétique récupère de son côté la partie est de la Pologne et les pays baltes, comme le prévoyait le Pacte germano-soviétique. Puis, après refus de la Finlande de lui échanger des terres propices à la défense de Leningrad contre des terres plus au nord, l'URSS attaque la Finlande le 30 novembre 1939 pour annexer la Carélie, ce qu'elle obtient par le traité de Moscou le 12 mars 1940, en dépit d'une résistance finlandaise inattendue.

Article détaillé : Guerre d'Hiver.

Largement surclassée, l'armée polonaise est écrasée avant la fin septembre par l'Allemagne d'un côté et l'URSS de l'autre ; plus rien ne se passe sur le front ouest, où passée la maigre démonstration de Gamelin dans la Sarre allemande (6-13 septembre 1939), les troupes franco-britanniques (sous commandement français) ne prennent aucune initiative militaire et ne mènent aucune opération offensive pendant plusieurs mois.

Article détaillé : Drôle de guerre.

Au printemps 1940, les Alliés se préparent à couper l'approvisionnement en fer de l'Allemagne, qui transite de la Suède vers le Reich par la Norvège, mais l'opération tourne au fiasco : c'est l'incident de Narvik. L'Allemagne envahit alors le Danemark et la Norvège le 9 avril 1940. Une majorité du corps expéditionnaire du Royaume-Uni et de la France doit rembarquer précipitamment, ce qui entraîne la chute de Chamberlain et son remplacement par Churchill le 10 mai 1940, le jour même où la Belgique est envahie. Le 27 mai, les Français de Béthouard s'emparent de Narvik, mais ils doivent l'abandonner quelques jours plus tard car en France même la victoire allemande est alors pratiquement acquise.

Article détaillé : Campagne de Norvège.
Plan de bataille développé par Erich von Manstein en vue de la bataille de France.

En effet, en mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l'invasion foudroyante des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France. On parle de « Blitzkrieg », c'est-à-dire de « guerre éclair ». Le roi des Belges Léopold III fait capituler son armée le 28 mai 1940. Le Royaume-Uni est contraint d'évacuer ses troupes encerclées à Dunkerque, réussissant du 27 mai au 3 juin à sauver 300 000 soldats au cours de la plus vaste opération de rembarquement de l'histoire militaire. Le 5 juin, Hitler reprend l'offensive en France et perce les lignes de défense du nouveau généralissime Weygand sur la Somme et l'Aisne. L'Italie se joint alors à l'Allemagne et déclare la guerre à la France le 10 juin. Puis, en France, le nouveau gouvernement Pétain demande l'armistice le 17 et en accepte les conditions le 22. Après l'armistice franco-italien qui suit, le 24, les combats cessent le 25 juin. À la surprise générale, l'armée française, réputée depuis 1918 la meilleure du monde, s'est effondrée en quelques semaines.

Contre l'attente des stratèges nazis et des généraux français battus, le Royaume-Uni résiste avec succès à l'aviation allemande, car, malgré la faiblesse de son armée de terre, elle dispose d'une flotte puissante (qui ne semble pas menacée par une mainmise allemande sur la flotte française, grâce aux clauses de l'armistice et après la destruction de quelques unes de ses unités à Mers El Kebir) et d'une aviation bien organisée. En outre, le premier ministre Churchill, qui a remplacé Chamberlain, parvient à galvaniser le pays. Soumise d'abord à des attaques aériennes sur des cibles stratégiques, le Royaume-Uni fait face de septembre 1940 à mai 1941 à des bombardements terroristes sur ses métropoles : ce « Blitz », qui détruit notamment la City de Londres et la ville de Coventry, ne parvient ni à entamer la résolution britannique ni à compenser les pertes de la Luftwaffe de Göring, vaincue par les pilotes de la Royal Air Force.

Article détaillé : Bataille d'Angleterre.

Désireux de venger l'affront fait par la France au royaume de Siam en 1893 et 1904, la Thaïlande profite de l'invasion de celle-ci par l'Allemagne et se lance en janvier 1941 dans une série d'attaques contre l'Indochine française, déclenchant la Guerre franco-thaïlandaise. Aucun camp n'étant en mesure de s'imposer, le litige est tranché par le Japon, présent au nord de l'Indochine depuis septembre 1940 et qui octroie à la Thaïlande une partie du Laos et du Cambodge.

Pour tenir seul face à Hitler, le Royaume-Uni dispose de l'aide d'abord économique des États-Unis, puisque ceux-ci, bien qu'officiellement neutres, l'approvisionnent en armes et en ravitaillement. Roosevelt obtient du Congrès en mars 1941, le vote de la « loi Prêt-Bail », qui lui permet d'apporter une aide matérielle illimitée au Royaume-Uni et à ses alliés.

Hitler, désespérant de prendre le Royaume-Uni et de l'amener à faire la paix, érige une puissante chaîne de fortifications, surnommée « mur de l'Atlantique », sur les côtes de l'Atlantique et de la Manche, et décide d'attaquer l'URSS. Mais l'Italie fasciste vient elle-même d'agresser, à partir de l'Albanie, la Grèce qu'elle croyait sans défense. Or ce sont les forces grecques du dictateur nationaliste Metaxás qui sont victorieuses : après avoir contenu l'attaque des troupes de Mussolini, l'armée grecque et un corps expéditionnaire britannique, australien, néo-zélandais, indien et sud-africain les repousse et envahit à son tour l'Albanie italienne.

Articles détaillés : Guerre italo-grecque et Bataille de Grèce.

C'est alors que, pour prêter main forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines son opération contre l'URSS et envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce, à travers la Hongrie sympathisante et après avoir envahi au passage la Yougoslavie. Les nazis battent les armées yougoslave et grecque, ce qui leur permet d'occuper tout le sud de l'Europe. Mais, du même coup, ils viennent de créer un front supplémentaire en Yougoslavie, où les résistances monarchiste de Draža Mihailovic (Tchetniks) et communiste de Tito (Partisans), allaient immobiliser de 13 à 20 divisions allemandes jusqu'à la fin de la guerre. De plus, l'invasion de l'URSS est différée, du 15 mai au 22 juin.

Le 22 juin, la Wehrmacht envahit l'URSS : c'est l'opération Barbarossa, à laquelle participe également la Roumanie. Malgré une avance foudroyante et la capture ou le massacre de plusieurs millions de Soviétiques, la Wehrmacht est stoppée en décembre 1941, à une trentaine de kilomètres de Moscou sous un froid glacial et sans équipement adéquat. C'est la seconde fois, après la campagne de Russie de 1812, que les Russes sont sauvés par la rigueur de leur hiver, mais aussi par le réveil d'un puissant patriotisme qui en fait consentir beaucoup à livrer des combats meurtriers. Les Allemands restent également bloqués devant Léningrad, délibérément soumise par Hitler à un siège de 900 jours, qui fera périr de faim 700 000 habitants.

Dès lors, la campagne de Russie va mobiliser l'essentiel des efforts militaires allemands. Malgré leurs pertes énormes, les Soviétiques ont pu replier leur potentiel industriel dans l'ordre, plus de 10 millions de travailleurs et des milliers d'usines démontées étant réinstallées à l'est de l'Oural. La réintégration de l'URSS dans le camp allié lui permet aussi de recevoir une forte aide américano-britannique en matériel de qualité et en ravitaillement. Staline proclame aussi l'union sacrée et galvanise les énergies, tout en maintenant intacte la terreur contre les soldats défaillants ou les officiers vaincus. Enfin, les Soviétiques ont encore des réserves. Au cours de l'hiver 1941, leurs troupes sibériennes contre-attaquent devant Moscou, obligeant les envahisseurs à reculer.

Conquêtes allemandes (bleu) pendant la Seconde Guerre mondiale.

En septembre 1940, les forces italiennes avaient attaqué l'Égypte, pays alors sous influence britannique. Mais dès le mois de décembre, les Britanniques, appuyés par les forces du Commonwealth, passent à la contre-attaque, et les Allemands doivent envoyer ce que l'on appellera l'Afrika Korps en renfort pour secourir leurs alliés italiens. En juillet 1942, l'Afrika Korps de Rommel n'est plus qu'à quelques dizaines de kilomètres d'Alexandrie

Article détaillé : Guerre du désert.

Le 7 décembre 1941, l'Empire du Japon, allié de l'Allemagne depuis 1936 et en guerre depuis 1937 avec la République de Chine, attaque les États-Unis, restés jusque-là en-dehors de la guerre. Il détruit par surprise l'essentiel de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor. Au même moment a lieu l'invasion de la Malaisie britannique. L'Armée impériale japonaise envahit ensuite le Commonwealth des Philippines et les Indes orientales néerlandaises.

Le tournant de 1942

L’attaque de Pearl Harbor provoque l’entrée en guerre des États-Unis, bientôt suivis par le Mexique et par d’autres États latino-américains. Affaiblis par l’attaque japonaise, les États-Unis mettent toute leur puissance industrielle au service de la guerre et sont bientôt en mesure de porter des coups. Au début de juin 1942, la bataille aéronavale des îles Midway coûte quatre porte-avions au Japon, désormais placé sur la défensive dans le Pacifique. Les États-Unis commencent la reconquête de l'océan Pacifique, île par île.

En Europe, l’Union soviétique supporte presque seule l’effort de guerre contre l’Allemagne nazie. À partir de juin 1942, les Allemands ont relancé leur offensive vers l’est, en direction de la Volga et des pétroles du Caucase. Mais les troupes allemandes restent bloquées devant Stalingrad.

Article détaillé : Bataille de Stalingrad.

En Afrique du Nord, les Britanniques ont repris l’initiative à partir de septembre 1942. Ils remportent une victoire décisive à El-Alamein et commencent à repousser l'Afrika Korps vers l’ouest.

Article détaillé : Seconde bataille d’El Alamein.

Staline presse ses alliés d’ouvrir un deuxième front à l’ouest. Après des hésitations, Churchill et Roosevelt se décident pour l’Afrique du Nord. C’est l’opération Torch, qui se traduit par le débarquement des forces alliées au Maroc et en Algérie, le 8 novembre 1942. Le 11 novembre, l’amiral Darlan, à Alger, engage l’Afrique à reprendre le combat au côté des Alliés. Il est officiellement désavoué par le maréchal Pétain. Mais les Allemands considèrent que l’armistice de juin 1940 est rompu et envahissent alors la zone sud-est de la France que cet armistice avait prévu non occupée. L’armée française d’Afrique se joint aux armées alliées. En Afrique du Nord, les Allemands sont alors pris en tenaille entre les Britanniques à l’est et les Franco-Américains à l’ouest.

Articles détaillés : Opération Torch et campagne de Tunisie.

Au cours de l’année 1942, l’entrée en guerre des États-Unis avait entraîné une extension à tout l’océan Atlantique de la lutte des sous-marins allemands contre les navires alliés qui assurent l’approvisionnement de la Grande-Bretagne. Les convois alliés subissent de très lourdes pertes tout au long de l’année, mais à partir de la fin de l’année 1942 et plus encore au début de 1943, de nouveaux moyens techniques — décryptage des communications ennemies, radars, sonars — permettent aux Alliés de détruire de plus en plus de sous-marins allemands, et les pertes alliées décroissent inexorablement.

Les victoires des Alliés (1943-1944)

Au début de l’année 1943, les Allemands subissent sur le front oriental une très lourde défaite à Stalingrad. Après les capitulations du 30 janvier et du 2 février 1943, les Soviétiques font 91 000 prisonniers, dont le maréchal Paulus, premier militaire allemand de ce rang capturé depuis 1806. Auparavant, le nombre de victimes a été considérable : entre un et deux millions de morts de part et d’autre. Les Allemands sont désormais sur la défensive. Ils subissent à nouveau la domination soviétique lors de la gigantesque bataille de chars de Koursk, à ce jour la plus vaste confrontation de blindés de l’Histoire.

Articles détaillés : Bataille de Stalingrad et Bataille de Koursk.

Avec la prise de Tunis, le 7 mai 1943 et la reddition des troupes allemandes et italiennes, les Alliés sont maîtres de toute l’Afrique du Nord. Le 10 juillet, ils débarquent en Sicile et prennent pied sur la péninsule italienne en septembre, le jour même où Badoglio, le successeur de Mussolini, évincé du pouvoir, annonce un armistice qui préfigure un retournement d’alliance. Les Allemands envahissent le territoire de leur ancien partenaire et bloquent de longs mois les troupes alliées de toutes nationalités au Monte-Cassino. Rome ne sera libérée qu’en juin 1944, la Toscane en août 1944. La plaine du ne sera atteinte qu’en avril 1945.

Pour la première fois depuis le début de la guerre, les trois dirigeants alliés, Churchill, Roosevelt et Staline se rencontrent à Téhéran à la fin du mois de novembre 1943 pour esquisser ce que sera le monde de l’après-guerre.

Article détaillé : Conférence de Téhéran.

Sur le front oriental, l’Armée rouge ne cesse de progresser vers l’ouest. Elle entre à Kiev, en Ukraine, en novembre 1943, dégage Leningrad en janvier 1944, reprend la Biélorussie en juin 1944, et arrive aux portes de Varsovie. À bout de souffle, et ne souhaitant pas aider la Résistance polonaise non-communiste, l’Armée rouge laisse écraser sans réagir l’insurrection de Varsovie (1er août - 2 octobre 1944). En août 1944, à l’approche des troupes soviétiques, la Roumanie et la Bulgarie changent de camp. Mais en s’emparant de la Hongrie le 19 mars 1944, Hitler empêche le régent Horthy de virer de bord lui aussi, et les Soviétiques ne s’emparent de Budapest après un très long siège qu’en février 1945, s’ouvrant la route de Vienne. En Yougoslavie, les partisans de Tito libèrent une grande partie du pays et entrent dans Belgrade en septembre 1944 sans l’aide de l’Armée rouge.

Soldats canadiens sur Juno Beach, débarquement de Normandie du 6 juin 1944

Le 6 juin 1944, 4 126 navires alliés réussissent le plus grand débarquement de l’Histoire sur les plages de Normandie, prenant les Allemands par surprise et ouvrant enfin le second front. Malgré l’exploit logistique, l’armée hitlérienne parvient à contenir les Anglo-Saxons en Normandie pendant plus de dix semaines dans une longue bataille d’usure (bataille des haies, bataille de Caen), jusqu’à ce que la percée d’Avranches (31 juillet 1944) ouvre la voie de la Bretagne et prenne les troupes allemandes à revers en les encerclant dans la poche de Falaise. Paris insurgée est libérée le 25 août 1944. Auparavant, le 15 août, des troupes américaines et françaises avaient débarqué en Provence, sur la côte méditerranéenne.

La progression se fait alors rapidement et mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées. Mais alors que les Alliés espérait une fin du conflit avant la fin 1944, la résistance allemande va s’intensifier. L’opération aéroportée pour tenter une percée vers l’Allemagne par les Pays-Bas échoue (septembre 1944). La pénurie d’essence et les problèmes logistiques obligent à une bataille sur les abords de l’Escaut (novembre 1944) menée par les Canadiens pour libérer les accès maritimes du port d’Anvers et la contre-attaque allemande dans les Ardennes (Noël 1944) retardent le passage du Rhin jusqu’à fin mars 1945.

La victoire finale (1945)

Le Palais du Reichstag détruit après la bataille de Berlin.
Hirohito lisant l'annonce de la capitulation japonaise.

Écrasée sous les bombes, assaillie de tous côtés, l’Allemagne nazie voit sa capitale Berlin investie le 30 avril par les Soviétiques. Hitler s’y donne la mort dans son bunker le même jour. Le 7 mai 1945 à Reims au QG du SHAEF, le colonel général Alfred Jodl signe l’acte de reddition inconditionnelle des forces armées allemandes. Le lendemain à Berlin, le maréchal Wilhelm Keitel signera à son tour en présence des représentants des Alliés la capitulation du Troisième Reich. C’est officiellement le 8 mai 1945 qu’est proclamé l’armistice qui met fin à la guerre en Europe.

Article détaillé : Bataille de Berlin.

En Asie, si l'Empire du Japon n’a plus l’initiative, il défend pied à pied ses territoires conquis que les Américains prennent au prix de lourdes pertes. Ils s’emparent ainsi d’Iwo Jima et d’Okinawa, des îles proches de l’archipel japonais permettant aux Alliés des attaques aériennes directes et massives sur le Japon comme les bombardements successifs sur Tōkyō. Le 15 août 1945, après le largage, par les États-Unis des deux premières bombes atomiques sur les villes de Hiroshima et de Nagasaki et l’invasion de la Mandchourie par l’URSS, l'empereur Hirohito annonce personnellement la capitulation du Japon. Les actes de capitulation inconditionnelle du Japon sont signés le 2 septembre.

Différents théâtres d’opération

Théâtre européen

La Seconde Guerre mondiale en Europe

Après s’être assuré que l’URSS participerait au démembrement du pays en signant le Pacte germano-soviétique, Hitler lance ses armées sur la Pologne, le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre (voir : incident de Gleiwitz). En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d’assistance mutuelle l’existence de la plupart des pays nouvellement créés en Europe centrale (avec l’arrière-pensée de créer un cordon sanitaire autour de l’Allemagne ainsi que de la Russie bolchevique). Cependant, malgré la pression de Chamberlain, pas plus qu’elle n’a respecté ses engagements envers les précédentes victimes d’Hitler, la France ne respecte ses obligations envers la Pologne : celles-ci prévoyaient que la France attaquerait l’Allemagne 15 jours après le début de la mobilisation générale.[12] Mais mise à part une brève offensive limitée en Sarre du 6 au 13 septembre, les Français restent l’arme au pied, alors que la Pologne fait seule face à l’agression allemande puis soviétique. Les Allemands utilisent alors pour la première fois la tactique de la « guerre éclair » (Blitzkrieg), qui assure à la Wehrmacht une victoire rapide malgré la contre-offensive de la Bsura. L’URSS prend alors sa part de la Pologne en attendant, à l'été 1940, les États baltes et la Moldavie, et attaque la Finlande pour lui prendre la région frontalière de Carélie, près de Leningrad. Les Finlandais résisteront trois mois, puis finiront par céder.

Après sa première campagne victorieuse, Hitler se tourne vers l’ouest, mais rien ne se passe sur ce front pendant plusieurs mois. Retranchés derrière la ligne Maginot, les Français attendent l’assaut allemand pour l’endiguer. C’est la drôle de guerre. Mais la stratégie française du général Gamelin est prise en défaut lorsque le 10 mai 1940, l’Allemagne lance l’opération Fall Gelb, une vaste offensive sur les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, violant la neutralité de ces États, puis à travers les Ardennes – la percée de Sedan – afin de prendre à revers la ligne Maginot.

Les armées franco-britanniques se déploient vers le nord pour défendre la Belgique mais se trouvent prises à revers, puis finalement encerclées autour de Dunkerque. La Royal Navy et les bateaux de plaisance britanniques évacuent leurs troupes et une large partie des forces françaises à Dunkerque (opération Dynamo) en abandonnant leur équipement lourd, tandis qu’un rideau de troupes françaises freine la réduction du réduit avant d’être fait prisonnier. Gamelin est remplacé dès le 19 mai par le général Maxime Weygand, qui ne réussit pas à mettre en place une ligne de défense le long de la Somme, jusqu’à la ligne Maginot. Il arrive trop tard, et son action, qui commence par retarder la riposte à la trouée allemande, ne peut empêcher la situation de s’aggraver, la France n’ayant plus de réserves. Après quelques jours de combats acharnés, cette ligne est percée. Dès lors, plus rien ne peut enrayer l’avancée nazie. Le président du Conseil Paul Reynaud démissionne et le nouveau gouvernement du maréchal Philippe Pétain choisit de demander l’armistice le 17 juin. Il est signé le 22 juin. L’Allemagne occupe la partie nord et ouest de son territoire. Pétain instaure en France un régime autoritaire et collaborateur, désigné sous le nom officiel d'État français, dit plus couramment « régime de Vichy ».

Voyant les succès de l’Allemagne, Mussolini avait voulu aussi lancer son pays dans les conquêtes. Il avait déjà occupé l’Albanie au début de 1939 et Le 10 juin 1940, il attaque également la France, mais ne progresse que de quelques kilomètres. Cependant, le gouvernement interdit à la Royal Air Force de riposter.[12]

L’Allemagne ne parvient pas à vaincre la Royal Air Force dans la bataille d'Angleterre. Ainsi, elle ne peut obtenir la supériorité aérienne nécessaire pour envahir les îles britanniques. Par conséquent, elle commence une campagne de bombardement (dite le Blitz, l’éclair), notamment sur des villes comme Coventry et un blocus (dit bataille de l’Atlantique) par sous-marins pour affaiblir le Royaume-Uni. Mais c’est un échec, l’Allemagne ne parvient pas à briser la résistance britannique.

Le 28 octobre 1940, sans consulter les Allemands, Mussolini décide d’attaquer la Grèce. Mais la résistance grecque de l’armée du dictateur Metaxás est farouche et se transforme en offensive victorieuse : Les Grecs occupent alors le quart sud de l’Albanie italienne. Pour prêter main forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs mois l’opération contre la Russie, et envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce, à travers la Hongrie (qui est son alliée) et la Yougoslavie (envahie car refusant de laisser le passage, et où les nazis sont aidés par les Oustachis, croates nationalistes d’Ante Pavelić). Les armées yougoslave et grecque sont écrasées, ce qui permet à Hitler d’occuper tout le sud de l’Europe. La Résistance armée sera plus vigoureuse en Yougoslavie que partout ailleurs en Europe : les résistances nationaliste de Draža Mihailović (Tchetniks) et communiste de Tito (Partisans), vont immobiliser 20 divisions allemandes depuis la fin de 1942 jusqu’à la fin de la guerre.

Les opérations dans les Balkans auront retardé l’invasion de l’URSS connue sous le nom d’opération Barbarossa. Celle-ci ne commence que le 22 juin 1941. L’Allemagne, en attaquant par surprise l’Union soviétique, s’empare de grandes portions de territoires et capture de nombreux soldats.

Ils le font d’autant plus facilement que Staline a choisi de faire confiance à Hitler, alors qu’il reçoit depuis des mois des informations précises et concordantes de ses agents à l’étranger. " pour des raisons politiques, Staline s’abstient d’utiliser leurs informations. Jusqu’au dernier moment, il s’attend à une réouverture des négociations avec les Allemands… Les généraux soviétiques partagent souvent ce point de vue…"[13]. De plus, aux premières heures de l’attaque, Staline, dans l’espoir d’arranger les choses avec Hitler, interdit même aux forces soviétiques de traverser la frontière en cas de contre-attaque victorieuse, et initialement celles-ci n’osent pas ouvrir le feu alors qu’elles sont martelées par les bombes allemandes.

Cependant, pour la première fois, une armée ne s’effondre pas devant la Wehrmacht : en dépit de ses lourdes défaites, l’Armée rouge ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-attaques, à la surprise des officiers allemands. L’avance considérable des troupes hitlériennes se révèle en même temps plus lente que prévue, le nombre de divisions et de chars soviétiques nettement supérieurs aux estimations des services secrets. Les Soviétiques déplacent leur base industrielle dans l’Oural, reçoivent l‘aide alliée par les ports arctiques toujours en leurs mains, et produisent dès 1942 plus d’armes que l’Allemagne, tandis que l’Armée rouge oppose une défense héroïque qui, aidée par un hiver éprouvant, leur permet de défendre notamment Moscou et Leningrad.

Staline a par ailleurs su réveiller le nationalisme russe et organiser l’union sacrée face à l’agresseur : il reçoit le soutien des Églises, met en veilleuse le collectivisme agraire et une partie du contrôle policier sur la société, et substitue les références patriotiques à celles au communisme, dès son discours du 3 juillet 1941 où il s’adresse habilement à ses « frères et sœurs » soviétiques. Il ne néglige pas non plus de maintenir une réelle terreur contre ses officiers et ses généraux, dont beaucoup sont fusillés pour « incompétence » dans les premiers mois de la guerre, tandis que les millions de prisonniers sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres (et leurs familles avec eux), et les soldats défaillants exposés à l’exécution ou à la déportation au Goulag : au front, des équipes spéciales du NKVD se chargent même, en 1941 comme à Stalingrad, de mitrailler les soldats qui refluent vers l’arrière.

Uniforme soviétique de la Seconde Guerre mondiale

Au printemps 1942, l’armée allemande reprend l’offensive en concentrant celle-ci vers les champs de pétrole du Caucase, au sud. À la fin de l’année, la VIe armée, avec plus de 300 000 hommes, est détruite à Stalingrad qui représente un verrou pour le contrôle du Caucase. En 1943, la Wehrmacht reprend l’initiative à la troisième bataille de Kharkov, mais est brisée à la grande bataille de Koursk.

En 1943, après un débarquement en Sicile, puis un autre dans la péninsule italienne, les Alliés entament la campagne d’Italie. Mussolini chassé, le pays capitule et se range du côté des Alliés. Néanmoins, l’Allemagne peut tenir une ligne de défense dans les montagnes qui freine cette progression dans la péninsule. Il faut attendre début 1945 pour que les nazis soient complètement repoussés d’Italie.

Les Alliés prennent pied en Normandie avec l’opération Overlord à partir du 6 juin 1944. Les soldats alliés qui débarquent sont principalement américains, britanniques et canadiens. Un autre débarquement est organisé en août (à partir du 15), en Provence avec l’opération Anvil Dragoon, pour libérer le sud de la France et ouvrir un deuxième front en France. L’Allemagne tente une contre-offensive désespérée dans la bataille des Ardennes en décembre, où elle perd ses dernières réserves militaires. Les derniers défenseurs du IIIe Reich seront souvent des civils, des vieillards et des enfants de la Volksturm, une milice montée par Martin Bormann.

Fin mars 1945, les Alliés peuvent enfin franchir le Rhin et occuper de vastes secteurs de l’ouest et du sud de l’Allemagne, tandis que, à l’est, les Soviétiques progressent de façon continue, libérant l’Europe centrale puis atteignant Berlin. Dans les rues de Vienne et Berlin assaillies par l’Armée rouge, des escadrons SS font encore régner la terreur en pendant en public ceux qui refusent de continuer un combat sans espoirs. Hitler se suicide le 30 avril d’une balle dans la tête dans le Führerbunker de la Chancellerie du Reich. Le même jour, les Soviétiques plantent leur drapeau sur le toit du Palais du Reichstag, l’ancien siège du Parlement allemand, dans un Berlin en ruines. La bataille de Berlin continue jusqu’au 2 mai. L’Allemagne se rend sans condition le 8 mai 1945. Le Troisième Reich pour lequel Hitler prédisait une durée d’un millénaire n’aura finalement duré qu’un peu plus de 12 ans.

Théâtres africain et moyen-oriental

Femmes iraniennes regardant passer un de munitions américaines à destination de l’URSS (1943).

L’armée italienne, partant de sa colonie de Libye, attaque les troupes britanniques et du Commonwealth en Égypte, mais est mise en déroute jusqu’à ce que l’Allemagne la renforce. Des combats se succèdent alors, dans le désert d’Afrique du Nord, entre les forces italiennes appuyées par l’Afrika-Korps d’Erwin Rommel et la 8e armée britannique.

Au Moyen-orient, les Britanniques envahissent en avril 1941 le territoire de l'Irak, dont le gouvernement nationaliste s'était rapproché de l'Axe. En juin, les autorités vichystes permettant aux Allemands d'utiliser les territoires de la Syrie et du Liban, alors sous mandat français, les Alliés envahissent les deux pays et en prennent le contrôle. En août, le Royaume-Uni et l'Union soviétique réalisent conjointement une invasion de l'Iran afin d'assurer le ravitaillement via la corridor Perse et d'empêcher un basculement pro-allemand du pays.

En mai 1942, Rommel lance une grande offensive vers l’est pour atteindre Suez, et bouscule les forces britanniques, mais il est arrêté 14 jours à Bir Hakeim par la 1re brigade française libre du général Kœnig, ce qui donna le temps aux Britanniques en déroute de se regrouper sur la ligne fortifiée d’El Alamein, que Rommel ne parvient pas à franchir. Puis en octobre 1942, c’est la 8e armée britannique, commandée par Montgomery, qui attaque à son tour les forces de l’Axe et remporte la seconde bataille d’El Alamein. Celle-ci met fin à la présence de l’Axe en Libye, quelques jours après le succès du débarquement allié en Afrique du Nord.

Le 5 mai 1942, a lieu l'Opération Ironclad, une invasion amphibie de la colonie française de Madagascar, sur Diégo-Suarez, contrôlée par le gouvernement de Vichy. .
Le 8 novembre 1942, en effet, pour soulager l’Union soviétique qui résiste seule à l’assaut allemand, les forces américaines et britanniques débarquent au Maroc et en Algérie, contrôlés par le gouvernement de Vichy : c’est l’opération Torch. Les troupes françaises de Vichy ripostent et s’opposent aux alliés débarqués jusqu’à ce qu’un accord négocié avec l’amiral Darlan mette fin aux combats[14].

Les alliés chassent finalement l’Axe du continent africain, avec l’aide de l’armée d’Afrique retournée et des Forces françaises libres. Depuis l’Afrique du Nord, les Alliés peuvent alors organiser les débarquements en Sicile et en Italie en 1943, et en Provence en 1944.

Théâtre asiatique

Maquette d’un porte-avions américain
Douglas MacArthur, chef des forces alliées en Asie, et John Curtin, premier ministre australien.

À compter de 1937 en Chine, l’Armée nationale révolutionnaire du Kuomintang de Tchang Kaï-chek et le Parti communiste de Mao Zedong font front commun contre les Japonais mais généralement sans coopérer.

Enlisée en Chine, l’Armée impériale japonaise a systématiquement recours, dès 1937, à l’utilisation d’armes chimiques. Selon les historiens Matsuno et Yoshimi, celles-ci furent notamment utilisées à 375 reprises lors de la bataille de Wuhan à l’automne 1938. L’emploi d’armes bactériologiques est quant à lui autorisé par le Quartier général impérial à compter de 1940 mais jamais contre des Occidentaux.

Soumis à compter de 1941 à un embargo sur le pétrole après son occupation de l’Indochine, le Japon ne peut plus désormais réaliser sa politique expansionniste sans détruire la principale menace qui peut encore s’opposer à lui dans le Pacifique : la force navale des États-Unis basée à Hawaii. Employant à nouveau la stratégie qui lui a réussi contre la Russie, le Japon décide de bombarder Pearl Harbor le 7 décembre 1941 par surprise. La flotte est fortement endommagée, mais les porte-avions sont en mer.

Carte des débarquements US dans l’océan Pacifique de 1942 à 1945.

Simultanément, l’armée japonaise occupe les possessions britanniques, hollandaises et américaines d’Asie du Sud-Est comme Hong Kong, Singapour (massacre de 10 000 civils), les Philippines (marche de la mort de Bataan) et s’empare des champs pétroliers de la Malaisie britannique et des Indes orientales néerlandaises, menaçant même l’Australie. L’Indochine française est déjà passée sous son contrôle militaire avec l’accord du régime de Vichy. le 21 juillet 1941. Le coup de force du 9 mars 1945 achèvera la mainmise nippone sur la péninsule, contestée par le Viet-Minh de Hô Chi Minh.

Douglas MacArthur débarquant aux Philippines, au début de la reconquête de l'archipel.

Le raid de Doolittle en avril 1942 marque le début de la riposte américaine. En mai 1942, la bataille entre porte-avions de la mer de Corail tourne à l’avantage des alliés. Un mois plus tard, celui ci est accentué par celle de Midway.

A partir du début 1942, l’Armée impériale japonaise tente de neutraliser la résistance communiste chinoise en lançant la Politique des Trois Tout (三光作戦, Sankō Sakusen?, « tue tout, brule tout, pille tout »), une stratégie de la terre brûlée, dans le nord de la Chine, tandis que des attaques répétées sont lancées contre les place-fortes des nationalistes chinois.

En dépit de la détermination de l’armée japonaise, les Alliés reprennent peu à peu les îles du Pacifique comme à Guadalcanal, les Salomon puis les Philippines après la bataille du golfe de Leyte (octobre 1944), cette dernière restant la plus grande bataille aéronavale jamais survenue. Soumis à blocus et coupé progressivement de ses ravitaillements en matières premières, le Japon est au bord de l’asphyxie économique à l'été 1945.

Le site d’Hiroshima, après le bombardement nucléaire

L’engagement en 1944 des premiers kamikazes de l’histoire - ces avions-suicides qui se jettent sur les navires ennemis - ne peut freiner la reconquête américaine, mais prouve la détermination des Japonais. La capture des îles proches du Japon comme Iwo Jima et Okinawa permet de lancer des attaques aériennes directes. Tōkyō notamment subit un bombardement incendiaire le 10 mars 1945. Surtout, Hiroshima le 6 août et Nagasaki le 9 (ce devait être Kokura) subissent une attaque nucléaire.

Conjuguée à la déclaration de guerre de l’URSS et l’invasion du Mandchoukuo par les forces soviétiques, les bombardements atomiques provoquent finalement la reddition du Japon, annoncée par Hirohito le 15 août 1945, confirmée par la signature des actes officiels le 2 septembre à bord de l’USS Missouri.

Moyens militaires des belligérants

Armes

"Guerre de mouvement sur de vastes espaces, la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre du moteur" [15].

L’usage généralisé des chars est une première illustration de cette tendance à la motorisation. Alors que l’armée française fait le choix d’une dispersion des chars, mis au service des unités d’infanterie, les Allemands en adoptant une tactique basée sur l’utilisation des chars groupés sortent vainqueurs de la bataille de France. La conception du char lui-même oscille entre deux tendances : la puissance et la maniabilité. L’expérience de la guerre d’Espagne a montré que le blindage est moins important que la silhouette basse, moins vulnérable, la tourelle mobile à 360 ° et la puissance du canon. Mais au cours de la seconde guerre mondiale, on assiste à une croissance en poids, en blindage et en puissance de feu. Ainsi, le char allemand Tigre I fait 57 tonnes. L’américain Sherman M4 et le soviétique T34, utilisés jusqu’à la fin de la guerre restent dans la gamme des 30 tonnes. La concentration de chars dans des divisions blindées permettent de mener des guerres éclairs (Blitzkrieg), comme la Bataille de France en mai-juin 1940 remportée par les Allemands. L’Allemagne nazie commet l’erreur d’envahir l’URSS en sous-estimant son nombre réel de chars, et sans savoir que les Soviétiques disposent du T34, le meilleur tank de la guerre. La plus grande concentration de chars a eu lieu lors de la bataille de Koursk, en Russie, en juillet 1943.

Les progrès des chars vont de pair avec les progrès de l’armement antichar : l’usage de la charge creuse permet de percer des blindages de plus en plus épais. Des tubes lance-roquettes comme le bazooka permettent au fantassin de disposer contre les chars de la puissance d’un artilleur [16].

Parallèlement à l’utilisation de chars, on assiste tout au long de la guerre à un accroissement des transports motorisés des troupes, au détriment des chevaux, encore très présents tant du côté français que du côté allemand lors de la bataille de France ou encore sur le front de l’est. La division blindée américaine de 1944, sera, elle, entièrement motorisée.

Les immenses progrès de l’aviation réalisés entre les deux guerres vont donner aux différents avions de guerre une place de première importance. L’amélioration des structures de l’avion permet aux chasseurs-bombardiers comme le Stuka d’opérer des bombardements en piqué et de prendre ainsi toute leur part dans les combats terrestres. Les bombardiers lourds comme la forteresse volante américaine, dont le rayon d’action atteint, à la fin de la guerre, 5 000 kilomètres, sont utilisés dans des raids massifs de mille avions et plus, mettant ainsi en œuvre le concept de Bombardement stratégique. Pour contrer les bombardiers, les belligérants font usage de leurs avions de chasse et de canons de défense antiaérienne (DCA). C’est l’efficacité de la DCA qui oblige à organiser les opérations de bombardement la nuit. On demande aux avions de chasse d’assurer la maîtrise de l’espace aérien sur un champ de bataille ou sur un front donné [17].

Troupes américaines parachutées sur les Pays-Bas lors de l'Opération Market Garden, 1944

Les Allemands auraient peut-être pu renverser encore la guerre aérienne grâce à l’invention des premiers avions à réaction par Messerschmitt. Mais Hitler gâche cette chance en exigeant d’en faire des bombardiers, contre l’avis de ses officiers, et non des avions de chasse, ce qui aurait été bien plus approprié [18].

La DCA doit son efficacité aux tout nouveaux radars qui l’assistent et permettent de surveiller le ciel. À partir de 1942, les bombardiers sont équipés de radars. D’une façon générale, les télécommunications font partie intégrante de l’arsenal militaire. Les blindés allemands sont reliés entre eux par radio dès 1939, alors que leurs adversaires français ne le sont que très partiellement. Les techniques de chiffrage et de déchiffrage suivent l'évolution des techniques. Les Allemands utilisent la machine de codage Enigma, mais le déchiffrement d’Enigma par les alliés occidentaux est un facteur fondamental qui leur permet d’inverser le cours de la bataille de l’Atlantique et d’assurer finalement leur victoire finale.

Sur mer, avant la Seconde Guerre, on a assisté à un renforcement incessant des blindages des cuirassés, mais ces superstructures et ces moyens de combat exposés sur de larges appontements restent très vulnérables aux dégâts causés, par exemple, par les bombardements en piqué. Le cuirassé cesse d'être le roi des batailles navales, alors que le porte-avions, qui peut embarquer de 50 à 60 appareils, prend un rôle de plus en plus crucial, surtout lorsque le théâtre des opérations est éloigné de la base terrestre, comme c’est le cas pour les États-Unis ou le Japon dans les batailles du Pacifique. Le porte-avions devient la pièce centrale d’un dispositif où les autres navires deviennent ses auxiliaires [19].

Comme lors de la Première Guerre mondiale, les sous-marins sont largement employés pour bloquer l’approvisionnement ennemi, mais la lutte anti-sous-marine a fait des progrès grâce aux sonars dont les premiers développements datent de la première guerre mondiale mais qui deviennent pleinement opérationnels.

À la fin de la Seconde Guerre, de nouvelles armes font irruption sur le champ de bataille, comme l’avion-robot V1 lancé pour la première fois par les Allemands sur l’Angleterre dans la nuit du 13 au 14 juin 1944 ou le missile V2 lancé pour la première fois sur Londres le 8 septembre 1944 [19]. Contrairement aux craintes des alliés, les Allemands n’avaient pas de projet de bombe atomique [20]. Les Américains, au contraire, avaient mis à partir de décembre 1941 de gigantesques ressources dans le projet Manhattan qui aboutit le 16 juillet 1945, après la reddition de l’Allemagne, à la première explosion nucléaire dans le désert du Nouveau-Mexique et aux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.

Statistiques

L’effort de guerre industriel
Puissance navale des différentes nations en 1939
Bâtiments Alliés Axe
France Royaume-Uni Total Allemagne Italie Total
Porte-aéronefs 1 8 9
Cuirassés 7 12 19 5 2 7
Croiseurs 19 50 69 6 22 28
Destroyers 70 94 164 17 59 76
Sous-marins 77 38 115 57 115 172
Escorteurs 87 87

L’Europe sous domination nazie

Article détaillé : Europe sous domination nazie.

À partir de la victoire de l’Allemagne sur la France, et plus encore à partir de 1941, avec l’invasion des Balkans et de l’Union soviétique, et jusqu’à la fin 1944, la presque totalité de l’Europe est sous domination Allemande. Certains pays et certaines régions ont carrément été rattachés au Grand Reich, comme l’Autriche, le Protectorat de Bohême-Moravie, ou l’ouest de la Pologne. D’autres pays se sont alliés volontairement à l’Allemagne, il s’agit de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Hongrie, mais ils sont complètement dépendants de l’Allemagne. Certains pays, Slovaquie et de la Croatie qui doivent leur indépendance à l’Allemagne nazie. D’autres sont occupés à la suite de victoires allemandes. C’est le cas des Pays-Bas, de la Belgique, de la Norvège, du Danemark, de la France, de la Serbie, de la Grèce[21].

Domination économique et asservissement

La domination allemande en Europe revêt un caractère différent à l’est et à l’ouest. Les pays de l’est européens, au peuplement slave sont considérés par les nazis comme un « espace vital » (Lebensraum) revenant à la « Race des Seigneurs ». Dans cet espace immense, il s’agit à la fois d’implanter des colons allemands, de germaniser de force les populations qui peuvent l'être, de déplacer, stériliser ou faire mourir des millions de « sous-hommes » : Polonais, Slaves soviétiques ou Tziganes, en utilisant les survivants comme esclaves, allant jusqu'à la solution finale pour les juifs.

L’Ouest n’est pas considéré comme un espace vital à vider pour que des Allemands puissent y prendre place. Dans le nouvel ordre européen, un pays comme la France garde sa place, mais à un rang inférieur à celui de l’Allemagne. Si l’occupant allemand exerce une terreur moindre, il n’en soumet pas moins les ressources des pays conquis au pillage systématique.

En effet, sur le plan économique, le continent européen est soumis à l’hégémonie du Reich. Pour l’Allemagne, il s’agit d’abord de mettre l’ensemble des ressources et capacités économiques du continent au service du Reich en guerre. D’autre part, des jalons sont posés pour une intégration de toutes les économies nationales dans un grand espace économique dominé par l’Allemagne[22].

Dans la pratique, les différents moyens pour mettre l'économie de l’Europe au service de l’Allemagne vont des accords de compensation avec taux de change avantageux pour les pays alliés au pillage massif pour les pays comme la Pologne ou l’Union soviétique en passant par le paiement d’indemnités pour un pays comme la France. La mise au travail des prisonniers de guerre et les déplacements en Allemagne de millions de travailleurs représentent une forme encore plus directe de l’exploitation des ressources.

Collaborations et Résistances en Europe

Pour Yves Durand, « Les occupations engendrent parmi les occupés, des comportements qui vont de la collaboration à la résistance en passant par toute une gamme d’attitudes qui ne peuvent être réduites ni à l’une ni à l’autre »[23].

Tous les pays vaincus doivent accepter au moins une forme de collaboration minimale qui permet aux peuples de survivre en acceptant au moins temporairement les conditions du vainqueur. C’est ce que Werner Rings appelle la collaboration neutre qui est typiquement pratiquée aux Pays-Bas et en Belgique dont les gouvernements ont quitté le pays mais dont les administrations font le nécessaire pour permettre aux habitants de survivre et à l'économie de tourner au service de l’effort de guerre allemand[24]. Dans certains pays, comme pour la Norvège de Quisling à partir de 1942, ce sont les partisans des nazis qui gouvernent directement le pays. Les historiens les appellent généralement des « collaborationnistes ». Dans d'autres pays, l'Allemagne préfère favoriser des dirigeants conservateurs comme Pétain en France ou Nedić en Serbie qui sont présumés mieux gérer leurs gouvernement. En Serbie, en Croatie, ou au Monténégro, les séparatismes locaux sont encouragés pour installer des gouvernements favorables à l'Allemagne. En France, les différents gouvernements vichystes proposent d’eux-mêmes une collaboration qui va au-delà de ce qui est prévu par l’armistice de juin 1940 en espérant obtenir pour le pays une meilleure place dans l’Europe allemande. Selon les termes de Paxton, « Hitler repousse la main tendue »[25]. C’est lui qui choisit ses alliés. En Pologne, gouvernée directement par les Allemands pour être pillée et complètement asservie, il ne peut y avoir ni collaborationnistes ni collaborateurs.

L’engagement dans la « résistance » permet aux peuples dominés de continuer à s’opposer au vainqueur, à participer à l’effort de guerre des Alliés et si éventuellement à la libération de leur pays. La résistance s’organise par la création de mouvements, de réseaux et de maquis, regroupant une minorité de la population et souvent en liaison avec les gouvernements en exil ou les services de renseignement anglais soviétiques ou américain.

Génocides, déportations, concentrations

Articles détaillés : Shoah, Porajmos et Aktion T4.

La guerre et la domination de l’Europe qui en est résultée ont permis au régime nazi de pousser à l’extrême son idéologie raciste. Selon les termes de Goebbels : «  La guerre nous offre toutes sortes de possibilités que la paix nous refusait »[26]

Le jour même de l’entrée en guerre, en septembre 1939, Hitler autorise l’extermination des handicapés mentaux allemands et autres malades incurables. Officiellement stoppée en août 1941 grâce à un mouvement d’opinion, l’aktion T4 conduit à « l'euthanasie » par le gaz de plus de 150 000 handicapés, nombre de techniciens de l’opération étant ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs dans les camps de la mort.

Dès 1939, les juifs sont concentrés de force dans des ghettos misérables, surpeuplés et délibérément affamés, notamment dans le Gouvernement Général de Pologne. Leur extermination systématique, que l’on désigne sous le nom de Shoah, est d’abord mise en œuvre par des exécutions de masse pratiquées par la Wehrmacht puis par les Einsatzgruppen dans les territoires polonais et soviétiques. En URSS et dans une partie de la Pologne, la « Shoah par balles » cède en 1942 le pas à l’emploi méthodique de camions à gaz. Après la conférence de Wannsee (20 janvier 1942), la politique d’extermination (« la solution finale de la question juive » dans la terminologie nazie) vise les Juifs de tous les pays occupés et prend un tour industriel. Les Juifs sont déportés dans des camps d’extermination dans lesquels les victimes sont gazées en masse, et leurs corps réduits en cendres dans des fours crématoires. Au total, environ les trois quarts des juifs de l’Europe occupée, totalisant, selon Raul Hilberg, au minimum 5 100 000 personnes sont exterminées[27].

Les Tziganes sont également victimes de la politique raciale des nazis. L’extermination des Tziganes est connue sous le nom de Porajmos. En décembre 1942, Himmler prend la décision de déporter vers Auschwitz tous les Tziganes d’Europe, mais se désintéresse rapidement du sujet qui ne constitue pas un enjeu stratégique de première importance. On peut estimer que pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 50 000 et 80 000 Tziganes sont morts des suites des mesures de persécutions nazies [28].

En plus des camps d’extermination dont la finalité est l’élimination immédiate des Juifs et autres catégories qualifiées de « sous-hommes », les nazis multiplient les camps de concentration et leurs kommandos pour enfermer, et généralement exterminer par le travail forcé, les opposants réels ou présumés, ou des droits communs. Les conditions particulièrement déshumanisantes de la détention et les traitements brutaux des SS et des kapo y entraînent une mortalité extrêmement forte (40 % des déportés français ne survivent pas). Au départ, ce sont des unités mobiles qui sont chargées d’exterminer les Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadres communistes, voire les handicapés et les homosexuels.

L’Extrême-Orient sous domination japonaise

En Asie également, l’Empire du Japon suscite des gouvernements collaborateurs et a recours à grande échelle au pillage des matières premières et au travail forcé des prisonniers de guerre et des populations locales qu’il prétendait libérer de la servitude coloniale.

En Chine, les Japonais jouent des divisions politiques locales pour s'assurer le soutien de Wang Jingwei, ancien premier ministre et ancien chef du Kuomintang, qui dirige un gouvernement collaborateur à Nankin. Pour se donner un profil patriotique, ce gouvernement met fin au régime des concessions européenne à Shanghai.

Dans plusieurs colonies occidentales asiatiques occupées, les Japonais composent avec les indépendantistes locaux, créant des régimes comme l'État de Birmanie, dirigé par Ba Maw, ou la République des Philippines, dirigée par José P. Laurel. L'Empire du Japon use du concept de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale pour promouvoir l'idée d'une Asie auto-suffisante et justifier sa politique expansionniste.

Envahie en 1931, la Mandchourie est devenue l'État du Mandchoukouo, où l'ancien empereur de Chine Puyi exerce une autorité de façade, et qui garantit au Japon d'importantes ressources naturelles.

Dans le cadre de la campagne de Birmanie, les Japonais bénéficient de l’appui du gouvernement thaïlandais de Plaek Pibulsonggram et du leader indépendantiste indien Subhash Chandra Bose, qui crée l'Armée nationale indienne. Aux Indes orientales néerlandaises occupées, qui leur fournissent de très importantes réserves de pétrole, les Japonais ne créent pas de gouvernement, mais se ménagent l'appui des leaders indépendantistes comme Soekarno (futur président de l'Indonésie).

Camps de prisonniers et esclavage

Disséminés sur tout le territoire de la Sphère, les camps de prisonniers japonais connurent un taux important de décès car la majorité d’entre eux impliquaient le travail forcé des prisonniers. Selon le Tribunal de Tokyo, le taux de mortalité des occidentaux y était de 27.1%, sept fois celui des prisonniers des camps allemands ou italiens.[29] Le taux de mortalité des prisonniers chinois était bien supérieur en raison d’une directive ratifiée le 5 août 1937 par Hirohito qui éliminait les mesures de protection du droit international à l'égard de ces prisonniers.[30] Ainsi, si 37,583 prisonniers britanniques, 28,500 néerlandais et 14,473 américains furent relâchés après la reddition du Japon, le nombre de Chinois libérés ne fut que de 56.[29][31]

Selon une étude de l’historienne Zhifen Ju, plus de 10 millions de Chinois furent mobilisés par l’armée impériale japonaise et transformés en esclaves par la Kōa-in au Manchukuo et en Chine du nord.[32] Des documents retrouvés à la Bibliothèque du Congrés américain démontrent qu’entre 4 et 10 millions de romusha, des civils indonésiens, ont été soumis au travail forcé à Java par le régime shōwa et que le taux de mortalité y fut de 80%.[33]

En Amérique du Nord, suite à l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais et à l’entrée en guerre contre l’Allemagne et l’Italie, le président Franklin Roosevelt autorise le 19 février 1942, l’internement de dizaines de milliers d’américains d’origine japonaise, italienne et allemande. Le Canada, dans une moindre mesure, à également détenu des citoyens originaires de ces pays dans des camps.

Conséquences historiques

La Seconde Guerre mondiale contribue, à travers son bilan plus ou moins préjudiciable aux participants, à l'émergence de deux superpuissances qui vont se partager le monde : les États-Unis d’Amérique (USA) et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

La Société des Nations, à laquelle on impute d’avoir échoué à empêcher la guerre, est remplacée par l’Organisation des Nations unies. La Charte des Nations Unies est rédigée à San Francisco en juin 1945.

Les institutions d’avant-guerre ne perdurent que dans une minorité d'États européens et asiatiques. Toutes les monarchies d’Europe de l’Est sont balayées par la construction rapide des régimes communistes. Un referendum abolit la royauté en Italie (10 juin 1946); elle ne se maintient en Grèce qu’au prix d’une guerre civile, et la « question royale », issue directement de l’attitude controversée de Léopold III pendant la guerre, ne trouve de solution en Belgique que dans l’abdication du monarque (1951). Au Japon, les Américains maintiennent l’empereur Hirohito, pourtant constamment tenu informé des crimes commis par ses armées, mais imposent l’abolition du culte impérial qui le proclamait d’essence divine. En France, la IIIème République, rendue responsable de la défaite, cède la place à une nouvelle constitution.

Partout, les gouvernements s’engagent dans la construction du Welfare State ou État-Providence : nationalisations, planification, intervention de l'État, lois de protection sociale sont désormais à l’ordre du jour pour une trentaine d’années.

L'Allemagne est soumise à plusieurs années d'occupation. En 1949, elle est séparée en deux états, désignés des noms d'Allemagne de l'ouest (démocratie libérale, dans la zone occupée précédemment par les Américains, les Britanniques et les Français) et d'Allemagne de l'est (régime communiste, dans la zone occupée par les Soviétiques). La réunification allemande n'aura lieu qu'en 1990.

En Europe centrale et en Europe de l'est, zones investies en 1944-1945 par l'Armée rouge, les partis communistes locaux sont en position de force et prennent le pouvoir entre 1945 et 1948. Dès mars 1946, Winston Churchill déclare « un rideau de fer s'est abattu à travers le continent ». En Hongrie, Bulgarie, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Albanie, des régimes communistes sous influence de l'Union soviétique sont mis en place. Le bloc de l'Est se constitue en Europe, signant le début de la guerre froide. Seul le régime communiste de Tito, en Yougoslavie, maintient une position indépendante vis-à-vis de l'URSS, avec laquelle il rompt dès 1948. En Grèce, les différents mouvements de la résistance locale entrent en conflit ouvert entre eux et avec le Royaume-Uni avant même la fin de la guerre : la guerre civile grecque dure jusqu'en 1949 et manque de faire basculer la Grèce dans le camp communiste, mais le gouvernement monarchique remporte finalement la victoire.

L’Allemagne de l’ouest et le Japon sont démilitarisés et démocratisés par les Occidentaux. Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés, pour crime contre l’humanité (une notion nouvelle, que les horreurs sans précédent des nazis ont obligé à définir) ou pour crime de guerre lors d’un procès international à Nuremberg. Les chefs militaires japonais répondent de leurs exactions devant le tribunal international de Tokyo. L'empereur Hirohito est cependant protégé de toute poursuite. Des criminels de guerre comme Shirō Ishii, ancien chef de l'unité 731, bénéficient également de l'impunité grâce à leur coopération avec les États-Unis. Un certain nombre d'ex-responsables nazis évitent des procès pour crimes de guerre grâce à des initiatives américaines comme l'opération Paperclip et retrouvent plus tard des postes de responsabilités.

La recherche scientifique et technique, dans l’ensemble, bénéficient d’une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l’atome dans le projet Manhattan et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux. La guerre a aussi vu le premier usage massif des antibiotiques dont la pénicilline inventée par les Britanniques, ou encore du DDT, utile aux Américains dans les marais du Pacifique.

En Chine, le régime de Tchang Kaï-chek est affaibli par les années de guerre et, dès 1949, est battu par les communistes de Mao Zedong. Ce dernier proclame sur le continent la République populaire de Chine, tandis que Tchang se réfugie à Taïwan.

Conséquences au Royaume-Uni

V for Victory, Churchill au balcon de Whitehall, le 8 mai 1945 (jour V-E)

Les autres alliés en effet, et si l’on excepte le Royaume-Uni, ont un rôle mineur ou bien sont écartés des négociations qui aboutissent à la mise en place de deux zones d’influences, suivant les accords de Yalta et de Potsdam. Cette situation, qui porte en elle les germes de la Guerre froide, dure jusqu’en 1989.

Le Royaume-Uni sort considérablement affaibli de la guerre. Celle-ci, en effet, a consacré la fin des puissances coloniales. Par la suite, les îles britanniques connaissent une crise sans précédent, due à la reconstruction et à la restructuration de son économie.

Conséquences en France

Au cours de la bataille de Normandie, le général de Gaulle, accueilli en libérateur par les Français, parvient à obtenir des alliés la reconnaissance de la pleine autorité de son gouvernement, le gouvernement provisoire de la République française (GPRF) (proclamé le 3 juin à Alger), sur la métropole. Il fait en sorte que la France soit reconnue par le camp allié comme un vainqueur. Cette reconnaissance lui permet d’occuper une partie de l’Allemagne, ou d’obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

La Libération de la France s’accompagne de l’épuration d’une partie des personnes suspectées d’avoir collaboré. Les Allemands et leurs collaborateurs ont multiplié les atrocités sous l’Occupation, puis pendant leur retraite. Aussi dans les territoires libérés par les résistants, et malgré les efforts de la plupart de leurs chefs et des commissaires de la République pour instaurer au plus vite une épuration légale et judiciaire, de nombreuses exécutions sont expéditives et pas toujours précédées de jugements. Environ 20 000 femmes sont tondues pour « collaboration horizontale »[34]. De ce fait, des erreurs sont commises dans cette libération rapide, et des innocents injustement assassinés. Les historiens estiment qu’environ 11 000 exécutions sommaires ont lieu, aux trois quarts pendant les combats. L'épuration sauvage a pu être d’autant plus brutale que la population peut avoir envie de se venger des exactions de la milice et des Allemands dans leur déroute et que le gonflement des effectifs de la Résistance a permis à certains résistants de la 24e heure de se dédouaner ainsi à peu de frais. On a observé le même phénomène lors de l’indépendance de l’Algérie.

À l’opposé, certains collaborateurs sont parfois acquittés ou condamnés à de faibles peines (malgré la gravité de leurs crimes) par les tribunaux réguliers dont la majorité des juges ont prêté serment à Pétain. D’autres furent jugés par la Haute Cour composée de résistants, mais l’importance des condamnations décrut avec le temps. C’est ainsi qu’en 1949, le dernier accusé jugé est acquitté: le secrétaire d'État à l’Intérieur de Pétain, René Bousquet (qui mit la police et la gendarmerie françaises à la disposition des occupants pour faire la chasse aux résistants et déporter près de 60 000 Juifs) est acquitté. À noter que les collaborateurs n’ont été poursuivis que pour trahison, et pas pour crime contre l’humanité.

De Gaulle empêche le développement d’une situation armée insurrectionnelle (voir Histoire de France), en amalgamant les mouvements ayant participé à la Résistance à l’armée régulière issue de l’armée d’armistice cantonnée en Afrique (dont nombre de cadres avaient été vichystes avant de se rallier en 1942). Non sans mal, les résistants des Forces françaises de l'intérieur (FFI) et des Francs-tireurs et partisans (FTP) sont intégrés dans l’armée régulière sans trop d’à-coups. L’intégration des milices patriotiques du PCF est négociée contre leur participation au gouvernement et l’amnistie de Maurice Thorez.

Au nom de la reconstruction du pays et afin de permettre à la France de tenir son rang nouvellement restauré aux côtés des alliés, l’épuration de l’administration est limitée. Certains hauts fonctionnaires invoquent la continuité de l’État comme acte de résistance. Les policiers dont une partie a poursuivi les résistants se dédouanent par une insurrection à Paris à la veille de la Libération. Certains collaborateurs se font oublier en intégrant des régiments de FFI ou en s’engageant dans le corps expéditionnaire d’Extrême-Orient (engagé en Indochine), ce qui est par la suite exploité par la propagande Việt Minh.

La France oublie qu’elle fut anglophobe et pétainiste après le bombardement de Mers el Kebir, que des gendarmes français gardèrent le camp de concentration de Drancy et convoyèrent les convois de déportés jusqu’à la frontière. Toutefois, la proportion de Juifs d’avant-guerre ayant survécu est la plus importante de tous les pays occupés, bien que les Juifs dit apatrides fussent bien moins protégés que les Juifs français. Pour un temps, la législation française considéra que seuls les Allemands peuvent être poursuivis pour crimes contre l’humanité. Le procès manqué de Bousquet ainsi que les procès tardifs de Paul Touvier et Maurice Papon sont emblématiques de cette politique.

Conséquences aux États-Unis

Les États-Unis d’Amérique prennent l’initiative d’avoir une attitude positive. Ils imposent la démocratie, particulièrement en Allemagne de l'Ouest et au Japon, à travers une épuration et un contrôle des rouages de l'État et de l'éducation. Parallèlement, ils fournissent à partir de 1947 une aide économique à la reconstruction de l’Europe, connue sous le nom de plan Marshall. Celle-ci permet une reconstruction rapide des économies occidentales, achevée au début des années 1950, et évite aux populations la tentation de s’abandonner au communisme ou aux néo-fascismes.

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont avec l’URSS l’une des deux plus grandes puissances mondiales. Les États-Unis possèdent la première flotte de guerre, la première flotte de commerce, ils détiennent 75 % des stocks d’or du monde (d’où la devise « dollar as good as gold », le dollar est aussi sûr que l’or).

16 millions d’Américains furent incorporé dans les forces armées des États-Unis, 407 000 y périrent, dont 292 000 sur le champ de bataille.

Conséquences en URSS

Staline n’est pas en reste et fut l’un des grands gagnants du conflit. L’Armée rouge a mis hors de combat plus de 85 % des soldats allemands et apparaît à raison comme le principal vainqueur de Hitler. Le prestige et le rôle de l’Union soviétique sortent grandis bien au-delà des seuls cercles communistes. Réintégrée dans le concert des nations, l’URSS est membre permanent du Conseil de Sécurité.

Pour les Russes, cette grande guerre patriotique menée sur le front de l’Est invoqua la survie de la nation. En portant un toast au peuple russe lors du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, Staline confirmait le retour de l’URSS à une forme plus accentuée de nationalisme grand-russe voire de chauvinisme, aux dépens des minorités nationales et, bien vite, des Juifs « cosmopolites ».

Les annexions de 1939-1940 sont confirmées, et d’autres sont venues s’y ajouter à la victoire. L’URSS a augmenté sa superficie de 475 000 km2 et sa population de 24 millions d’habitants, aussitôt soumis à une très brutale soviétisation par la terreur. Derrière le rideau de fer, le système stalinien est progressivement imposé pour des décennies à un empire immense allant de Berlin-Est à la Corée du Nord, en attendant le basculement de la Chine et du Viêt Nam dans le camp communiste.

Cependant, l’URSS sort considérablement appauvrie de la guerre, qui lui a coûté plus de 25 millions de morts, ainsi que les pires destructions jamais subies par un belligérant dans l’histoire humaine. En 1945, une commission officielle estime que le coût des destructions équivaut au double des investissements consentis lors des deux premiers plans quinquennaux des années 1930. Enfin, technologiquement, l’Union Soviétique accuse un retard sur l’Amérique, dont elle ne brise le monopole nucléaire qu’en 1949.

Coûts humains en fonction des pays

En tout environ 38 millions de civils furent tués par les nazis et leurs alliés.

En Europe : 7.5 millions de Soviétiques, six millions de Polonais, dont trois millions de Juifs et trois millions de catholiques ; trois millions de Juifs des autres pays d’Europe ; deux millions de Tziganes, handicapés, homosexuels, témoins de Jéhovah et autres.

En Asie : les historiens évaluent entre 10 et 30 millions le nombre de morts causées par les exactions japonaises, dont 2,7 millions pour la seule opération de la Politique des Trois Tout (三光作戦, Sankō Sakusen?) menée dans le nord de la Chine par le général Yasuji Okamura.

Exactions et crimes de guerre

Comme le montre ce graphique, plus de la moitié des victimes furent des civils

De nombreux massacres de civils ou crimes de guerre sont perpétrés au cours de ce conflit :

Sur le théâtre d’opération européen

Article détaillé : Crimes de guerre de la Wehrmacht.

Parmi les divers crimes de guerre, on peut citer:

  • expériences pseudo-médicales de nombreux médecins nazis dans les camps de concentration, notamment du docteur Mengele
  • Dans le « Protectorat » de Bohême-Moravie :
    • déportation de centaines d'étudiants ayant manifesté contre l’occupation (novembre 1939)
    • massacre des habitants de Lidice, en représailles à l’attentat qui abattit le chef SS et « boucher de Prague » Heydrich
  • en Pologne
    • affamement et déportation du ghetto de Varsovie
    • « nettoyage » du ghetto de Varsovie par les SS après l’insurrection des derniers survivants
    • extermination de 50 000 membres des élites polonaises par les SS et la Gestapo (prêtres, aristocrates, professeurs, officiers). L’enseignement secondaire, les séminaires et les universités furent fermées, tout comme les théâtres par exemple, et ce n’est qu'à un système remarquable de cours clandestins — les komplety — que les Polonais parvinrent à instruire et à sauver cinq classes d'âge de bacheliers[35]
    • massacre de 5 000 officiers polonais à Katyń, par l’armée soviétique (l’URSS a reconnu sa responsabilité après plusieurs décennies, ayant longtemps accusé les nazis d'être responsables de ce massacre)
    • massacre de 10 000 autres officiers polonais en d’autres lieux, soit 15 000 personnes tuées froidement d’une balle dans la nuque par le NKVD, ancêtre du KGB
    • destruction à 90 % de Varsovie par l’armée allemande après le soulèvement de l’Armia Krajowa du 1er août au 2 octobre 1944. La répression de l’insurrection par Himmler fit de 150 000 à 200 000 morts. Manquant de moyens pour franchir la Vistule et immobilisée par ordre de Staline pour des raisons politiques, l’Armée rouge laissa les Allemands écraser la rébellion polonaise et ne lui apporta ni armes ni aide.
  • en Union soviétique
    • affamement et mise à mort prémédités de prisonniers de guerre russes (2 millions de morts)
    • affamement délibéré des civils de la cité de Leningrad assiégée (700 000 victimes)
    • 20 millions de citoyens de l’Union Soviétique sont tués, dont un très grand nombre de prisonniers de guerre exécutés par les Allemands, et aussi des civils dont les villages et villes sont anéantis.
  • en Yougoslavie
    • déportation de dizaines de milliers de Serbes, Juifs et Roms dans les camps de la mort (notamment dans le Camp de concentration de Jasenovac) par les Oustachi croates. Ceux-ci sont responsables du massacre global de 300 000 à 400 000 personnes, ainsi que de multiples conversions forcées au catholicisme.

Il faut encore mentionner l’exécution sommaire de civils et de soldats alliés en uniforme (en particulier certains paras parachutés par le SOE afin d’encadrer les maquis ainsi que de certains pilotes, dont Martin Bormann autorisa et encouragea le lynchage en 1944).

Les bombardements de villes

Certaines opérations de bombardement de villes ont causées de nombreuses victimes civiles. Le nombre de victimes civiles était parfois un but recherché pour affaiblir "le moral" de l'adversaire.

  • en Allemagne
    • Le bombardement de la ville de Hambourg, nom de code « Opération Gomorrhe » est estimé avoir fait 40 000 victimes, le plus lourd bilan humain en Europe pour ce type d'opération.
    • Le Bombardement de Dresde est estimé avoir fait 35 000 victimes selon les travaux d'une commission d'historiens mandatée par la ville de Dresde. L'historien Jörg Friedrich estime le nombre de victimes à 40 000[36].
  • en Grande-Bretagne

Le bombardement de villes anglaises, et de Londres en particulier, nom de code « Blitz » est estimé avoir fait 14 500 victimes.

Sur le théâtre d’opération asiatique

Article détaillé : Crimes de guerre du Japon Shōwa.
Cadavres d’enfants chinois massacrés à Nankin en décembre 1937 par l’armée japonaise

La décision prise en août 1937 par Hirohito d’approuver une directive de son état-major supprimant l’application des Traités internationaux sur la protection des prisonniers de guerre entraîna la mort de plusieurs millions de civils en Chine. Étendue à compter de 1941 aux autres pays conquis, cette mesure causa la mort d’une quantité phénoménale de civils et de prisonniers alliés détenus dans des conditions atroces (témoignage de Roger Cyr des Royal rifles[37]).

Parmi les crimes de l’armée shôwa, les plus notables sont les suivants :

  • rapt à des fins sexuelles de plus de 200 000 « femmes de réconfort », surtout des coréennes par les soldats japonais
  • en Chine
    • Massacre de Nankin au cours duquel les troupes japonaises pillent la ville pourtant évacuée par les troupes chinoises et massacrent entre 150 000 et 300 000 civils après avoir commis diverses exactions dont des viols en série
    • Opérations de la Politique des Trois Tout (三光作戦, Sankō Sakusen?), une stratégie de la terre brûlée mise en œuvre à partir de mai 1942 dans le nord de la Chine et ayant entraîné la mort d’environ 2,7 millions de civils.[38]
    • Massacre d’environ 250 000 civils du Zhejiang et du Jiangxi, d’avril à août 1942, en représailles au raid de Doolittle sur le sol japonais le 18 avril.
    • expérimentation d’armes bactériologiques sur des milliers de prisonniers chinois, coréens et russes par l’unité 731
  • à Singapour, massacre de 25 000 à 50 000 civils lors de « l'épuration » (Daikenshô ou Sook Ching) menée du 18 février au 4 mars 1942
  • en Malaisie
    • exécution de 161 prisonniers alliés (australiens, britanniques et indiens) à Parit Sulong en janvier 1942
  • en Birmanie
    • massacre d’environ 600 civils en juin 1945 à Kalagon.
  • aux Philippines, le Tribunal de Tokyo et le Tribunal de Manille identifièrent 72 massacres d’envergure dont :
    • La marche de la mort de Bataan (environ 20 000 morts) d’avril à mai 1942[39]
    • massacre d’environ 100 000 civils en février 1945 à Manille, dont de 200 civils au St-Paul College [40]
    • massacre de 2 500 civils à Calamba
    • massacre de 2 500 civils à Lippa, sur l'île de Luzon [41]
    • massacre de 500 civils à Dapdap, province de Cebu[42]
    • massacre de 328 civils à Bauan, 320 à Taal, 300 à Cuenca, 107 à San Jose, 39 à Lucero, province de Batangas[43]
  • à Laha
    • exécution de 55 prisonniers australiens et 30 prisonniers néerlandais le 9 février 1943
  • à Bangka
  • à Andaman

Cannibalisme

Plusieurs rapports écrits et témoignages colligés par la Section australienne des Crimes de guerre du Tribunal de Tokyo et analysés par l’enquêteur William Webb (le futur juge en chef du Tribunal), démontrent que les soldats japonais commirent des actes de cannibalisme à l’encontre des prisonniers alliés. Dans bien des cas, ces actes étaient motivés par la famine mais selon l’historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d’officiers. »[44]

Selon le témoignage de nombreux prisonniers comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana, qui avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori pour avoir mangé un prisonnier lors d’une réception tenue en février 1945[45][46][47].

5 juin 1941, victimes civiles de l’un des 268 raids aériens faits sur Chongqing par le Service aérien de l'armée impériale japonaise et celui de la marine. Plus de 5000 Chinois périrent au cours des deux premiers jours de bombardement en 1939.[48]

Bombardements

Le Service aérien de l'armée impériale japonaise et celui de la marine menèrent, de 1937 à 1945, une campagne systématique de bombardements contre des objectifs civils en Extrême-orient et même contre la ville de Darwin en Australie. Les zones les plus éprouvées furent les grandes villes chinoises comme Shanghai et Chongqing. À l’automne 1937, la violence des bombardement de Nanjing et de Guangzhou entraina une résolution de blâme du Comité aviseur de l’Extrême-orient de la Société des Nations à l’encontre du Japon. Lord Cranborne, le sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, émit sa propre déclaration d’indignation. « Les mots ne peuvent exprimer le sentiment de profonde horreur avec lequel la nouvelle de ces raids a été reçue par le monde civilisé. Ils sont souvent dirigés contre des endroits éloignés de la zone d’hostilité réelle. L’objectif militaire, s’il existe, semble prendre une place secondaire. Le but principal semble être d’inspirer la terreur par le massacre des civils… »[49]

Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité l'arme nucléaire est utilisée par les États-Unis pour les Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Le nombre de victimes immédiates est estimé à 70 000 pour Hiroshima et 30 000 pour Nagasaki. Le nombre de victimes des suites d'irradiation est mal connu et contesté, le maire d'Hiroshima évoque un total de 237 000 victimes. Bien que l'essentiel des victimes soient civiles, certains estiment qu'il ne s'agit pas d'un crime de guerre en raison de l'attitude du Quartier général impérial qui ignora à deux reprises l'ultimatum de Potsdam.

Armes chimiques et bactériologiques

En Europe, les gaz de combat ne furent pas utilisés dans les combats entre belligérants, mais seulement contre les civils déportés, dans les camps d’extermination nazis. Des réserves importantes de gaz tabun et sarin furent retrouvées en Allemagne en 1945, suffisantes pour tuer des millions de personnes. Elles furent immergées dans des caissons de béton sous la Manche. On s’inquiète de leur état de conservation aujourd’hui.

En Asie toutefois, les travaux des historiens Yoshiaki Yoshimi et Seiya Matsuno[50], démontrent que Hirohito permettait dès juillet 1937 l’utilisation systématique de gaz toxiques contre l’armée chinoise et les populations civiles. Par peur des représailles et afin de s’assurer que ces armes ne soient jamais employées contre des intérêts occidentaux, chaque utilisation faisait l’objet d’une directive spécifique approuvée par l’empereur et transmise par le chef d'état-major de l’armée, le prince Kotohito Kan'in (le général Hajime Sugiyama à compter de 1940). Dès 1939, les armes chimiques furent employées en URSS et en Mongolie puis aux Philippines en 1942.

Charnier de l’Unité 731, l’unité de recherche bactériologique de l’armée impériale japonaise

En 2004, Yoshimi découvrit toutefois dans les archives nationales australiennes des documents démontrant que des gaz toxiques avaient été testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en 1944 en Indonésie.[2]

À ces armes chimiques, s’ajoutent les armes bactériologiques produites par l’unité 731 et employées à maintes reprises contre des civils en Chine et contre l’armée soviétique lors de la bataille de Halhin Gol.

Viols de guerre

Article connexe : Femmes de réconfort.

Toutes les troupes belligérantes de la Grande Guerre avaient commis ou laissé commettre de nombreux viols de guerre[51]. Le phénomène ne se reproduisit pas autant en 1939-1945. Les historiens Ian Kershaw et Rees rapportent que contrairement à la propagande de la Wechmacht qui défendait le mythe d'une armée saine, des viols à grande échelle ont été commis par l'armée Allemande[52]. En revanche, plusieurs milliers de viols perpétrés pendant la campagne d’Italie par les Tabors marocains ont été reconnus et indemnisés par la France après 1945. L’Armée rouge, surtout, fut explicitement encouragée, en représailles aux exactions massives du Reich en URSS, à terroriser les populations allemandes par le viol et les pillages à grande échelle : selon Hanna Schissler de nombreuses Allemandes de l’est envahi ont subi en 1945 les violences systématiques des soldats soviétiques[53]. En Yougoslavie théoriquement alliée, Milovan Đilas dut se plaindre en personne à Staline de milliers de viols, le dictateur soviétique lui répondant cyniquement que l’Armée rouge avait assez enduré pour ne pas devoir s’attarder à ce genre de récriminations[54].

Selon l'historien Robert J. Lilly environ 14 000 femmes auraient été violées par les troupes américaines de la Normandie en France à l'Allemagne[55]. Certains militaires coupables ont été exécutés, essentiellement lorsqu'ils étaient noirs.

L'historien Peter Schrijvers estime que plus de 10 000 femmes ont été violées par les troupes américaines à l'occasion de la Bataille d'Okinawa[56]

Autres crimes

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Déportation de minorités soviétiques par Staline

Article détaillé : Histoire de l'URSS sous Staline.

Dès avant-guerre, Staline considère les minorités frontalières comme suspectes par définition, et en prévision du conflit qui approche, ordonne pendant les Grandes Purges de 1937-1938 la déportation préventive de centaines de milliers de Polonais, de Finnois, de Lettons, mais aussi, à la frontière asiatique, de nombreux Chinois et de 170 000 Coréens qui se retrouvent en Asie centrale. Lors du pacte germano-soviétique, l’URSS brise toute résistance à la soviétisation forcée en déportant de 1939 à 1941 plus de 300 000 Polonais nouvellement annexés, ainsi que de nombreux Moldaves, Baltes, etc.

Des forces non négligeables sont ensuite distraites du front en pleine offensive allemande de l'été 1941, afin de déporter la totalité des Allemands de la Volga et du reste de l’URSS, descendants de colons présents depuis deux siècles. Au printemps 1944, sous la fausse accusation de collaboration, quatorze peuples représentant deux millions de victimes, dont l’intégralité des Tchétchènes-Ingouches, des Tatars de Crimée, des Kalmouks, des Karatchaïs, etc. sont déportés collectivement en Sibérie et en Asie centrale. La déportation des 600 000 Tchétchènes, femmes, enfants, militants communistes et soldats décorés compris, fut accomplie en six jours par le NKVD en mars 1944, ce qui reste à ce jour la plus intense déportation de l’histoire. Les biens des peuples déportés furent cédés à des colons russes, leurs républiques autonomes souvent supprimées et leurs villes débaptisées, et en 1949, un décret du Soviet Suprême déclara que les peuples « punis » resteraient exilés à perpétuité. Ces mesures ne furent abrogées que sous Khrouchtchev puis sous Gorbatchev.

À la reprise des Pays baltes, de l’Ukraine et de la Pologne orientale (1945), de nouvelles déportations massives au Goulag frappèrent les simples suspects, les collaborateurs locaux des nazis, mais aussi les résistants nationalistes qui s'étaient battus à la fois contre les Allemands et les Soviétiques et qui refusèrent souvent de déposer les armes, enfin les populations civiles accusées à tort ou à raison de soutenir ces derniers. Selon Anne Applebaum et Jean-Jacques Marie, 6 à 10 % des populations baltes ou moldave se trouvent ainsi en déportation à la fin des années 1940. Des rafles massives de suspects ont également lieu au fur et à mesure de l’avancée de l’Armée rouge en Europe de l’Est : ainsi disparut sans retour comme des milliers d’autres, en février 1945 à Budapest, le héros du sauvetage des Juifs Raoul Wallenberg.

Il faut leur ajouter les centaines de milliers de soldats soviétiques déportés pendant la guerre pour « défaillance » ou pour esprit critique, tel Alexandre Soljenitsyne arrêté sur le front de Pologne en février 1945 pour avoir mis en doute le génie militaire de Staline. De nombreux anciens prisonniers de guerre, débris de l’armée Vlassov, travailleurs civils volontaires ou forcés en Allemagne, furent également traités en coupables à leur retour au pays, et allèrent former la génération d’après-guerre des captifs du Goulag. Quant aux centaines de milliers de prisonniers de guerre allemands et japonais, les derniers ne furent relâchés qu’au milieu des années 1950.

Expulsion des minorités allemandes d’Europe centrale et japonaises du Pacifique

  • Il y avait en Europe centrale (Prusse, Tchécoslovaquie, Pologne et pays baltes) des implantations allemandes depuis de nombreux siècles. Les Allemands des Sudètes, dont les porte-paroles avaient demandé le rattachement à l’Allemagne, avaient servi de prétexte au démantèlement de la Tchécoslovaquie, accordé par les Accords de Munich en 1938. D’autres minorités, à travers les Balkans et les Pays baltes, étaient plus dispersées, et dès 1939, Hitler avait entrepris de « rapatrier » ces Volksdeutsche sur le territoire du Grand Reich, tache confiée à Eichmann.
  • Après la prise de ces territoires par l’armée soviétique, de nombreux Allemands, dont beaucoup avaient collaboré avec les nazis, furent expulsés ou fuirent ces régions pour l’Allemagne ou l’Autriche, dans des conditions souvent dramatiques.
  • Plus d’un million d’Allemands de la Volga, descendants de colons appelés par les tsars au XVIIIe siècle, furent déportés en Sibérie par Staline dès l'été 1941.

En tout, 8 millions d’Allemands ont été expulsés en 1945 de l’Europe centrale et orientale, dont 2 millions des vieux territoires du Reich situés de l’est de la ligne Oder-Neisse, et cédés à la Pologne.

Un phénomène comparable s’est produit en Asie : 13 millions de Japonais durent quitter la Corée, la Chine et les îles du Pacifique conquises au XIXe siècle par l’empire du Soleil-Levant. Cet afflux important de réfugiés sur un archipel nippon en ruines accrut dans l’immédiat les défis de la reconstruction. Mais la résolution à terme du problème démentit la propagande d’avant-guerre, qui jugeait le Japon « surpeuplé » et qui n’avait vu de solution que dans l’expansion territoriale.

Les dégâts culturels

La Shoah est aussi une catastrophe culturelle irréparable. Le yiddishland d’Europe centrale et orientale est pratiquement anéanti, et l’on estime que les trois quarts des locuteurs du yiddish ont disparu pendant la guerre. Si la France n’a perdu « que » le quart de sa population juive, et que le monde israélite français en tant que tel continue d’exister, en revanche, les brillantes communautés juives d’Amsterdam, Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées sans retour, à plus de 90 %. Les nazis ont aussi cherché à effacer toute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes de tous leurs biens et œuvres d’art (aryanisation), en détruisant les synagogues, en brûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.

Dans les pays occupés, les nazis ont volé d’innombrables œuvres d’art, collections juives en tête. Ce pillage artistique est orchestré particulièrement par Hermann Göring et Alfred Rosenberg suivant le principe du Kunstschutz. Selon l’historien Marc Mazower[57], les agents de Rosenberg, rien qu’en Europe occidentale, ont pillé pour 674 trains de marchandises, meubles et objets saisis dans les appartements des Juifs déportés. Les Allemands ont aussi emmené de nombreuses archives privées et publiques de toute sorte, dont beaucoup ont été perdues, ou récupérées par les Russes qui les dissimulèrent pendant un demi-siècle[58]. Si une partie des trésors volés est découverte par les Anglo-Saxons à la chute du Reich et rendue aux propriétaires légitimes, l’URSS puis la Russie ont toujours refusé de restituer certains chefs-d’œuvre figurant dans le butin de l’Armée rouge en 1945, ainsi le célèbre « trésor de Priam » [59]. Les nazis ont aussi, çà et là, détruit des toiles représentatives de ce qu’ils qualifiaient d'« art dégénéré ». Par exemple, ils ont organisé au jardin des Tuileries, le 27 mai 1943, un autodafé de 500 œuvres de Picasso, Léger, Klee et Ernst.

Nombre de vieilles villes japonaises, surtout faites de bois et de papier, ont flambé sous les bombardements. Des villes telle Kyoto ont toutefois été épargnées par les bombardiers américains en raison de leur patrimoine prestigieux. En Europe, l’abbaye du Mont-Cassin, berceau du monachisme bénédictin au VIe siècle, a servi de champ de bataille en 1944.

L’historien Jörg Friedrich[60] a établi la liste des dégâts patrimoniaux subi par les villes allemandes : ainsi, ont été radicalement dévastées des villes telles Berlin, Hambourg, Cologne, Dresde, Nuremberg, Breslau, ou encore bon nombre de villes moyennes au passé très prestigieux telles Potsdam, Fribourg, Ulm, Wurtzbourg, ou Bayreuth. Les 28 villes de la Ruhr ont aussi été durement bombardées et inondées. En sus de divers cathédrales, palais et centres historiques, ont par exemple flambé les maisons natales de Goethe, de Kleist, de Martin Luther ou des frères Grimm.

Jörg Friedrich établit aussi que quelque 40 % des archives allemandes totales ont été perdues, ainsi que quelque 8 millions d’ouvrages des bibliothèques publiques, dont des milliers de thèses irremplaçables, des incunables et des manuscrits précieux. À titre d’exemple, la bibliothèque nationale bavaroise de Munich a perdu 500 000 volumes, celle d’Hambourg 650 000, celle de l’Université de Münster 360 000. Selon l’historien, « on n’avait jamais brûlé autant de livres de l’histoire de l’Humanité ». Toutefois, la majorité des ouvrages, documents et œuvres d’art amovibles, dissimulés dans des mines, des bunkers ou des fermes, ont été préservées.

John Keegan relève que les destructions allemandes ont causé la fin du centre Renaissance de Rotterdam (détruit en mai 1940), de toute la vieille ville de Varsovie, de la City de Londres, de Tsarskoïe Selo près de Leningrad. Bordeaux est le seul grand port de la côte atlantique française à sortir à peu près indemne de la guerre. Le centre médiéval de Caen et de Rouen a été ravagé par les bombardements américains et les combats de rue, Vienne et Budapest endommagées lors de leur conquête par les Russes. Cependant, relève-t-il, des joyaux tels Oxford et Cambridge n’ont jamais été bombardées, ni Athènes ou Venise. Paris a peu souffert dans son patrimoine, et les Allemands ont fait sauter tous les ponts de Florence en août 1944, sauf le Ponte Vecchio, le plus ancien et le plus prestigieux (en fait le seul trop étroit pour les blindés).

Après la guerre, beaucoup de centre-villes et de monuments ont du être reconstruits à l’identique. Quelques-uns sont restés en l'état à titre de mémorial, telle l'église du souvenir sur la Küdamm de Berlin. Des impacts de balles se voient encore sur certaines façades de monuments parisiens, ainsi à l'École militaire, à l'École des Mines ou sur le Palais de Justice. D’autres cités ravagées ont été après-guerre le laboratoire de l’urbanisme moderne, ainsi la reconstruction du Havre confiée à l’architecte Auguste Perret.

Postérité de la Seconde Guerre mondiale

La fin du conflit planétaire ne signifie pas partout le retour à la paix. Des guérillas à la fois antisoviétiques et antiallemandes continuent à se battre aux confins de l’Ukraine et des Pays baltes jusqu’en 1946, voire jusqu’à la fin des années 1940. La Grèce dès décembre 1944, la Chine en 1945 sombrent dans la guerre civile jusqu’en 1949, tandis que de longues guerres d’indépendance commencent immédiatement en Palestine, en Indonésie, en Indochine. Le massacre de Sétif, survenu le jour même de la capitulation allemande (8 mai 1945), annonce la future guerre d’Algérie (1954).

Après la Seconde Guerre mondiale se sont dessinés les rapports de forces qui ont caractérisé la guerre froide, mais aussi un grand nombre de situations géopolitiques actuelles.

Le travail de reconstitution historique de cette période est toujours en cours, et sujet à de nombreuses controverses, propres à exacerber les sensibilités nationales : la collaboration française sous Vichy en est un exemple. Les affrontements violents entre collaborateurs et résistants en France, en Italie ou dans les Balkans, ont causé des traumatismes durables, et le conflit meurtrier en ex-Yougoslavie (1991-1995) a vu ressurgir explicitement bien des vieilles rancunes. En Asie, les habitants des pays limitrophes du Japon (partciulièrement la Chine et la Corée) restent inquiets du révisionnisme japonais, d’autant que le gouvernement du Japon d’après-guerre a toujours fait preuve d’ambiguité concernant son rôle pendant la période impérialiste (qui commence en 1910 avec la colonisation de la Corée, c’est-à-dire bien avant le début de la seconde guerre mondiale) à l’image des visites répétées de politiciens japonais au très controversé sanctuaire Yasukuni ou encore du problème des manuels scolaires japonais, qui tendent à embellir le passé du Japon.

Par ailleurs, l’holocauste juif en particulier a donné lieu à un important programme de dédommagements de guerre. Toutefois, les Alliés n’ont pas souhaité répéter l’erreur des dédommagements trop lourds exigés à l’Allemagne après la première guerre mondiale, ce qui a permis au pays de connaître un « miracle économique », et d’intégrer la Communauté économique du charbon et de l’acier (CECA), prélude à la Communauté européenne. Le plan Marshall a permis aux économies européennes de se reconstruire.

Bilan

Ce conflit fut le plus coûteux en vie humaine de toute l’histoire de l’humanité. On recense environ 60 millions de morts (dont 45 millions à cause des combats et des bombardements) avec plus de victimes civiles que militaires. L’URSS a payé le plus lourd tribut avec de 20 à 30 millions de victimes, civils et militaires.

Des peuples entiers sont presque décimés : les trois quarts des Juifs d’Europe ont péri par suite du génocide. Le plus terrible s’est produit en Europe centrale et orientale : la Pologne a perdu 15% de sa population, la Yougoslavie plus de 10 %. Combats, pillages, terres brûlées et sabotages ont ravagé l'économie. Les populations sont démunies.

Nombre de régions et de villes sont radicalement ravagées : par exemple Caen et la Normandie entière, Le Havre, Hiroshima, Nagasaki, Tokyo, Hambourg, Dresde, Stalingrad, Leningrad, Sebastopol, Kharkov, Varsovie, Budapest, Berlin….

Œuvres liées

Radiophonie

La radio fut pendant toute la guerre une arme de propagande fondamentale. Sous l’occupation nazie, des millions d’Européens écoutèrent chaque jour en cachette la BBC, dont les émissions en toutes les langues entretenaient l’espoir. Winston Churchill galvanisa le Parlement, la nation britannique et les peuples occupés à coup de discours radiodiffusés, et Charles de Gaulle, surnommé le "général Micro" par la propagande vichyste, ne fut longtemps qu’une voix pour beaucoup de Français.

La radio de Londres accueillit les célèbres chroniques de Jean Oberlé, de Maurice Schumann et de Pierre Dac dans le cadre des émissions « Honneur et Patrie » et « Les Français parlent aux Français ». L’audience énorme acquise par leur ennemi, le redoutable orateur ultra-collaborationniste Philippe Henriot, obligea la Résistance à exécuter ce dernier (27 juin 1944).

Sont également passées à la postérité les émissions antinazies de Thomas Mann, qui joutait avec Goebbels par-delà l’Atlantique, ou les chroniques de Georges Orwell en Grande-Bretagne. Avides de nouvelles impartiales, beaucoup de francophones appréciaient aussi la radio suisse, et notamment les éditoriaux réputés de René Payot.

Chaque camp utilisa à ses micros des ressortissants du pays ennemi pour saper le moral de ses civils et de ses soldats. Dès la Drôle de Guerre, Goebbels fit parler au micro de Radio-Stuttgart, non sans succès, un animateur francophone identifié comme étant le journaliste pro-nazi Paul Ferdonnet. Wiliam Joyce, dit « Lord Haw-Haw », un américain d'origine nord-irlandaise, anima des émissions de propagande pro-allemande à destination du Royaume-Uni, que captèrent des millions d’auditeurs. Les Japonais utilisèrent également les services de diverses speakerines nippo-américaines ou anglophones, désignées par les GI sous le nom collectif de Tokyo Rose(« la Rose de Tokyo »). Inversement, le Ml Paulus, le vaincu de Stalingrad, parla à la radio de Moscou.

Cinq volumes de chroniques françaises de la BBC ont été éditées par Jean-Louis Crémieux-Brilhac sous le titre Les voix de la liberté. Ici Londres, La Documentation Française, 1975.

Journalisme

Nombre de grands écrivains ont été correspondants de guerre, ainsi l’Américain Ernest Hemingway qui témoigna de la libération de Paris, ou sur le front russe les romanciers Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, lequel fut le premier journaliste à découvrir les ruines du camp d’extermination de Treblinka.

Etroitement censurée par les Allemands et leurs collaborateurs, et souvent compromise, la presse fut soumise à une sévère épuration en France libérée, l’historien Patrick Eveno estimant que 90 % des titres ont disparu ou changé de main.

Le Temps fut ainsi remplacé par Le Monde dès décembre 1944, L’Auto par L'Équipe, ou Paris-Soir par Le Parisien Libéré. Fondés en pleine clandestinité, de nombreux journaux de la Résistance entamaient aussi une carrière plus ou moins longue, à l’image de Libération, de Franc-Tireur ou du Dauphiné Libéré. Combat, qui s’attache Albert Camus à la Libération, perdure ainsi jusqu’en 1972, de même que Les Lettres françaises de Louis Aragon, revue littéraire qui a vu ses fondateurs Jacques Decours et Georges Politzer fusillés par l’occupant dès 1942. Défense de la France, fondé dans le sous-sol de la Sorbonne le 14 juillet 1941, engendre France-Soir en septembre 1944.

Tel qu'illustré par cette affiche du Bureau d'Information sur la Guerre du gouvernement américain, la propagande joua un rôle important dans la mobilisation des populations.

Photographie

Parmi les nombreux photographes de guerre, on peut citer Robert Capa, présent le jour J sur les plages d’Omaha Beach.

Nombre de photos aux auteurs moins connus du grand public sont entrées dans la mémoire collective, ainsi le célèbre cliché des Américains plantant la bannière étoilée au sommet d’Iwo Jima, ou celui des Soviétiques Iegorov et Kantara attachant le drapeau rouge sur le Reichstag.

Littérature et bande dessinée

Fondées dans la clandestinité, les Éditions de Minuit entretinrent la résistance intellectuelle en France, publiant notamment Le Silence de la mer de Vercors (1941), un appel à opposer un mutisme digne aux tentatives de séduction de l’occupant.

Des recueils collectifs tels que Le Cahier noir ou L’Honneur des Poètes (1943) répliquèrent aux écrivains collaborationnistes tels que Céline, Brasillach, Lucien Rebatet. Des auteurs célèbres tels le prix Nobel norvégien Knut Hamsun ou le philosophe italien Giovanni Gentile mirent aussi leur plume au service de la cause allemande.

Beaucoup d'écrivains choisirent de ne pas publier pendant la durée de la guerre pour ne pas devoir passer par les services d'éditeurs contrôlés par l’occupant, ainsi André Malraux ou Roger Martin du Gard. Cependant, en France, où la vie culturelle fut particulièrement animée et brillante pendant la guerre, une très large partie de la production théâtrale, littéraire ou philosophique ne fit aucune allusion au conflit en cours, bien des créateurs semblant s’accommoder plus ou moins de la mainmise allemande sur leurs éditeurs en particulier et sur la vie culturelle en général (Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, Seuil, 1995).

De nombreux poètes écrivirent pour la Résistance, ainsi Louis Aragon composant La Rose et le Réséda pour exalter l’union de « celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas », ou Paul Éluard composant Liberté ou chantant le martyre de Gabriel Péri. Ils furent parfois victimes de la répression, ainsi Robert Desnos en France, Kak Munj au Danemark.

Des témoins cherchant à analyser les causes de la guerre et de la défaite produisirent des œuvres que leur lucidité reconnue et leur finesse d'écriture rendent toujours utilisables aujourd’hui, ainsi l’historien Marc Bloch (fusillé pour Résistance par les nazis) rédigeant L'Étrange Défaite dès l'été 1940, ou le philosophe catholique Jacques Maritain, militant de la France libre, publiant À travers le désastre à New York.

De nombreux contemporains tinrent des journaux intimes souvent de grande qualité, tels Ernst Jünger, affecté dans les forces d’occupation à Paris, le professeur résistant Jean Guéhenno en France, ou à Amsterdam la très jeune Anne Frank, victime de la Shoah.

Le traumatisme immense causé par la Déportation se reflète dès l’immédiat après-guerre dans les nombreux récits aussitôt produits par des rescapés des camps de concentration, qu’ils soient politiques (L’Espèce humaine de Robert Antelme, L’Univers concentrationnaire de David Rousset, prix Goncourt 1946) ou juifs (ainsi Primo Levi).

Après sa conclusion, la Seconde Guerre mondiale n’allait pas cesser d'être une source intarissable d’inspiration et de réflexion pour les auteurs, qu’ils aient ou non vécu les événements. En témoignerait encore, tout récemment, le succès en librairie des Bienveillantes de Johnattan Littel (2006).

Chansons et poèmes

  • It's a Long Way to Tipperary : chanson britannique.
  • Lili Marleen : chanson allemande avec des paroles inspirées d’un poème du soldat Hans Leip, sur une musique de Norbert Schultze.
  • Le Chant des partisans : chanson française avec des paroles de Maurice Druon et Joseph Kessel sur une musique de Anna Marly.
  • Le Chant des déportés (ou Chant des marais) : chant composé, en 1934 par les détenus du K.Z. de Borgermoor.
  • Chant des Marines (From the halls of Montezuma…) : chant militaire américain.
  • Blood on the Risers : chant militaire américain (parachutistes) écrit à l'époque.
  • Yankee Doodle (Yankee Doodle keep it up, Yankee Doodle Dandy…) : chant patriotique américain.
  • In the Mood : instrumental américain de Glenn Miller.
  • Les Ricains par Michel Sardou : évocation postérieure à la guerre.
  • Divers chants patriotiques soviétiques ont aussi marqué cette guerre, et notamment Moskva (Moscou) et Stalingrad, évoquant la résistance de ces deux villes, ainsi que Plaine Oh ma Plaine…. En outre, un chant communiste plus ancien revint alors à l’actualité, le chant russe des Partisans (« À l’appel du Grand Lénine, se levaient les partisans… [3]»). Seuls les airs sont connus, non les paroles.
  • Fanny de Laninon, de Pierre Mac Orlan : une histoire d’amour (« … c’était elle ma bonne amie… »), la guerre en trois vers (« … Tonnerre de Brest est tombé, pas du bon côté, tout s’est écroulé… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … J’n'ai plus rien en survivance… »).
  • Barbara, de Jacques Prévert : une histoire d’amour (« … Ruisselante ravie épanouie… »), la guerre en trois vers (« … Sous cette pluie de fer de feu d’acier de sang… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé… »).

Films

Si l’on produit sans surprise un certain nombre de films de propagande pendant la guerre, beaucoup de réalisations visent d’abord à détendre les spectateurs dans une période très dure. Goebbels fit ainsi délibérément produire beaucoup plus de comédies musicales ou de films de style hollywoodien que d'œuvres proprement nazies (Le Juif Süss).

Notes et références

  1. Entrée « Deuxième guerre mondiale » dans le Grand dictionnaire terminologique, OQLF
  2. Raymond Cartier, La Seconde guerre mondiale, vol. 2, 1964, p. finale 
  3. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 59-78 
  4. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, p. 36 
  5. Y. Yoshimi and S. Matsuno, Dokugasusen Kankei shiryo II, Kaisetsu, Jugonen senso gokuhi shiryoshu 1997, p.27-29.
  6. Yannis Kadaris, Le Brésil et la Seconde Guerre mondiale 
  7. Philippe Masson, Une guerre totale, 1939-45, Taillandier, 1993, p. 426 
  8. Troisième République, Forces françaises libres puis Armée française de la Libération]].
  9. Effectifs militaires des Forces armées canadiennes [« Canada Total des effectifs militaires »] 
  10. par exemple, Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, 1986, p. 11  ou Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 85 
  11. « C'est au fond l'occupation allemande de la Tchécoslovaquie en mars 1939, qui convertit l'opinion publique britannique à la résistance et, ce faisant, força la main d'un gouvernement réticent ; lequel, à son tour, contraignit un gouvernement français qui n'avait d'autre solution que d'emboiter le pas à son seul véritable allié. » in Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes [« The Age of Extremes »], Complexe, 1999, p. 210 
  12. a  et b William Shirer (trad. non attribuée), Le Troisième Reich des origines à la chute [« The Rise and Fall of the Third Reich »], Stock, 1961, 1275 p..
    1re éd. originale 1960. 2 vol.
     
  13. Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, 1986, p. 272 
  14. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 121 
  15. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 195 
  16. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 196-199 
  17. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 204-207 
  18. Ian Kershaw, Hitler, vol. 2 : Nemesis, Flammarion, 2000 
  19. a  et b Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, p. 208-210 
  20. Franck Charles, Opération Epsilon, Flammarion, 1993 
  21. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 403-404 
  22. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p. 336-337 
  23. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, p. 779 
  24. (en) Werner Rings, Leben mit dem Feind, Weidenfeld and Nicholson, 1982, p. 73.
    Traduit de la version originale allemande de 1979.
     
  25. Robert Paxton, La France de Vichy, Éditions du Seuil, 1997, p. 96 
  26. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, p. 673 
  27. Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe, vol. III, Gallimard, coll. « Folio », 2006, p. 2273 
  28. Denis Peschanski, La France des camps, l’internement 1938-46, Gallimard, 2002, p. 379 . Pesckanski cite (de) Michael Zimmerman, Rassenutopie und Genozid. Die nationalsiziatstische « Lösung der Zigeunerfrage », Christians Verlag, 1996 
  29. a  et b (en) Yuki Tanaka, Hidden Horrors, 1996, p. 2-3.
    Japanese Atrocities in the Philippines
     
  30. Akira Fujiwara, Nitchû Sensô ni Okeru Horyo Gyakusatsu, Kikan Sensô Sekinin Kenkyû 9, 1995, p. 22 
  31. (en) Herbert Bix, Hirohito and the Making of Modern Japan, 2001, p. 360 
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  33. (en) Indonesia: World War II and the Struggle For Independence, 1942-50; The Japanese Occupation, 1942-45, Library of Congress, 1992 
  34. Fabrice Virgili, La France Virile, Payot, 2000 
  35. Jacques Sémelin, Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe, Payot, 1996 
  36. Jörg Friedrich dans "L'Incendie: L'Allemagne sous les bombes 1940-1945", Editeur : Editions de Fallois (7 avril 2004), (ISBN 978-2-87706-495-8)
  37. Les Anciens Combattants du Canada à Hong Kong : La question de l’indemnisation, Les Amputés de guerre [présentation en ligne] 
  38. Le Monde en guerre : le forum de la Seconde Guerre mondiale, « L’Opération ‘Tue tout, pille tout, brûle tout’ » 
  39. Le Monde en guerre : le forum de la Seconde Guerre mondiale, « La marche à mort de Bataan » 
  40. Christine Sherman, M.J. Thurman, War Crimes, Japan's World War II, p.135
  41. Christine Sherman, War Crimes, Japan's World War II, p.136
  42. Christine Sherman, M.J. Thurman, War Crimes, Japan's World War II, p.137
  43. Christine Sherman, M.J. Thurman, War Crimes, Japan's World War II, p.136
  44. (en) Tanaka, Hidden Horrors : Japanese War crimes in World War II, Westview Press, 1996, p. 127 
  45. Edward Russell, The Knights of Bushido: a Short History of Japanese War Crimes, Greenhill Books, 2002, p. 236-238 
  46. (en) Jeanie Welch, Without a Hangman, Without a Rope: Navy War Crimes Trials After World War II, vol. 1, avril 2002 
  47. (en) Commission des crimes de guerre des Nations unies, Trial of General Tomoyuki Yamashita, vol. IV, Her Majesty’s Stationery Office, London, 1948 
  48. Herbert Bix, Hirohito and the making of modern Japan, 2000, p. 364 
  49. Martin Gilbert, Marching to War, 1933-1939 (The Illustrated London News), Doubleday, 1989, p. 135 
  50. Dokugasusen kankei shiryô II, Kaisetsu, 1997.
  51. Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18. Retrouver la guerre, 2000 
  52. Ian Kershaw et Laurence Rees dans "War of the Century: When Hitler Fought Stalin", Publisher: New Press (April 2000), (ISBN 978-1-56584-599-2)
  53. Hanna Schissler The Miracle Years: A Cultural History of West Germany, 1949-1968 [1]
  54. Milovan Đilas, Conversations avec Staline, 1964 
  55. Robert J. Lilly dans "Taken by Force: Rape and American GIs in Europe During World War II", Publisher: Palgrave Macmillan (7 Jun 2007), (ISBN 978-0-230-50647-3)
  56. Peter Schrijvers dans "The GI War Against Japan: American Soldiers in Asia and the Pacific During World War II", Publisher: Palgrave Macmillan (19 Jun 2002), (ISBN 978-0-333-77133-4)
  57. Marc Mazower, Le continent des ténèbres, Ed. Complexes, Bruxelles, 2003 
  58. Sophie Cœuré, La mémoire spoliée, 2007 
  59. Peter Bruhn: Beutekunst - Bibliographie des internationalen Schrifttums über das Schicksal des im Zweiten Weltkrieg von der Roten Armee in Deutschland erbeuteten Kulturgutes (Museums-, Archiv- und Bibliotheksbestände) 4.ed. Vol.1-2. München 2003 ISBN 3-87690-835-3; voir aussi Database bibliographique
  60. Jörg Friedrich, L’Incendie : l’Allemagne sous les bombes, 2005 

Bibliographie

Voir aussi

Grand Écho du Nord des 30, 31 août, 1er, 2 et 28 septembre 1939.

Articles connexes

Quelques-uns des principaux dirigeants politiques et militaires

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Autres

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Liens externes

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