- Sherman M4
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Sherman M4
Le Medium Tank M4 est le char américain moyen le plus produit, pendant la Seconde Guerre mondiale, près de cinquante mille exemplaires sont réalisés dans des versions très variées.
Son surnom de « Sherman », lui est attribué par les Britanniques, quand ils reçoivent leurs premiers exemplaires dans le cadre de la loi de prêt-bail, continuant leur tradition de nommer les chars d'origine américaine d'après le nom d'un général célèbre de ce pays. L'US Army adopte par la suite ce surnom, et le Medium Tank M4 est dès lors appelé « M4 Sherman ». Les Canadiens, par contre, surnomment les leurs « Grizzly », et les Soviétiques « Emcha ».
Sommaire
L'évolution
Les premiers exemplaires de M4 comportent deux caractéristiques issues du T6, qui disparaissent assez rapidement ; deux mitrailleuses fixes de caisse M1919A4, réglables en élévation de -6° à +8°, actionnées par le conducteur. Elles sont supprimées dès le 6 mars 1942. Une grande porte latérale sur le flanc de la caisse, servant pour l'accès rapide de l'équipage, est supprimée également.
Les premiers exemplaires sont armés d'un canon M2 de 75 mm, plus court que le canon M3 monté sur le char M3, et qui nécessite le montage de contrepoids au niveau de la bouche pour rester compatible avec la stabilisation gyroscopique de l'armement. Le montage du M3 élimine ensuite le besoin de ces contrepoids. L'affût de canon initial, le M34 est bientôt supplanté par le M34A1 qui, plus large, embarque une lunette directe en plus du périscope de visée de son prédécesseur. De plus, le bouclier de la mitrailleuse coaxiale M1919A4, auparavant indépendant, est rendu solidaire de celui du canon.
À partir de l'été 1942, une nouvelle suspension dite « Heavy-duty » est montée sur les M4 de toutes versions. La petite roue de retour de la chenille est déplacée sur l'arrière du bogie, et les ressorts verticaux voient leur diamètre accru de 2,5 cm. Les roues de route à rayons, employées sur les premiers M4A2, disparaissent assez vite au profit de modèles pleins.
Les premiers engagements du char révèlent qu'il a tendance à s'enflammer assez facilement après avoir été atteint par un obus antichar. Après une étude, on attribue ce défaut aux compartiments latéraux de munitions et, pour amoindrir la vulnérabilité, on ajouta une applique soudée de blindage couvrant leur emplacement. Par la suite, la protection de la caisse est entièrement repensée. Les compartiments de stockage de munitions adoptent la technolog dans laquelle les dix casiers de dix obus sont plongés dans un bac de 140 litres d'eau, additionnée de méthanol comme antigel et d'un produit anticorrodant. De plus, la partie avant de la caisse est entièrement redessinée, l'inclinaison de la plaque de blindage passant de 56° à 47° et son épaisseur de 51 à 64 mm. À cette occasion, les fentes de vision directe du pilote cèdent la place à de nouveaux épiscopes. Ce nouveau char, désigné M4A3(75)W ou M4A3W (le W pour Wet humide, en référence à son système de stockage de munitions), mieux protégé, sert de base aux développements ultérieurs du Sherman.
Les efforts suivants vont porter sur la puissance de feu du M4, qui montre ses limites face aux chars allemands les plus modernes comme les Panther, ou les Tigre. Le premier essai est britannique, avec le montage de leur canon de 17 livres dans une tourelle standard de Sherman. Connu sous la dénomination "Sherman Firefly" (luciole), il est particulièrement réussi, et se révèle déterminant pour lutter contre les chars de la Wehrmacht, au cours des opérations en Afrique et en France. Tant et si bien que même les unités américaines l'adoptent, 80 exemplaires de M4A3 étant ainsi transformés.
Cependant, l'industrie aux États-Unis adopte une autre solution pour sa production, en montant une nouvelle tourelle T23 embarquant un canon de calibre 76,2. Ce dernier, le M1, est de fabrication nationale et non britannique. Les premiers chars M4A1(76)W, armés du nouveau canon apparaissent peu après le débarquement de Normandie, ils sont rapidement suivis par des M4A3(76)W.
Dans le même temps apparaît une version d'appui feu armée d'un obusier de 105 mm, le M10. Bien que fabriqué avec des caisses récentes, avec un glacis incliné à 47°, il est dépourvu pour des raisons de masse du système de stockage humide.
L'aboutissement de la série est la version M4A3E8, équipée de la nouvelle suspension HVVS (Horizontal volute spring suspension) où les ressorts agissent dorénavant à l'horizontale. Bien que cette suspension ne lui apporte pas un gain de vitesse sur route, étant combinée avec de nouvelles chenilles plus larges T80 ou T84 elle se révèle plus à l'aise en tout terrain, gagnant le surnom de « Easy Eight » (« le huit facile »). Elle est très utilisée à partir de la Bataille des Ardennes et au-delà.
Emploi
Le Sherman est engagé pour la première fois au combat lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942. La 8e armée, lors de sa contre-offensive en possède 285 opérationnels, principalement des M4A1, mais aussi quelques A2. Très rapidement, il démontre d'excellentes qualités au combat. Il possède en particulier une très bonne fiabilité mécanique qui lui permet des taux de disponibilités importants, contrairement à beaucoup de chars de son époque. Son armement, avec un canon de 75 mm en tourelle, est une révolution pour les équipages britanniques, car il permet de tirer sans exposer la caisse du char, comme c'est le cas avec le M3 Lee. Par rapport au chars britanniques contemporains, armés de canon de 40 mm, ce canon a une puissance suffisante en tir antipersonnel, en particulier contre les servants des canons antichars, et se révèle efficace contre des chars comme les Panzer III et Panzer IV. Il a donc une influence déterminante dans la défaite infligée à l'Afrika Korps.
Cependant, il souffre aussi de graves défauts, qui vont apparaître, progressivement au cours de l'avancée des alliés en 1943. Le premier à être reconnu est sa tendance à prendre rapidement feu suite à un impact, qui lui valent les sobriquets peu flatteurs de « Ronson » par les Britanniques et « Tommy Cooker » par les allemands. Sa haute silhouette, avec ses 2,74 mètres, se révèle aussi préjudiciable sur le champ de bataille, en particulier dans le désert. Les plaques supplémentaires, puis le stockage humide et le nouveau glacis améliorent la situation, mais sa hauteur et ses flancs verticaux en feront toujours un char bien plus vulnérable que le char soviétique T-34, de masse équivalente. L'emploi de l'essence comme carburant participe sûrement aussi à la grande vulnérabilité du char, mais elle permet d'utiliser des moteurs plus compacts et donc moins lourds, et qu'elle est aussi plus adaptée à l'industrie pétrolière américaine.
Article détaillé : Hobart's Funnies.Une version amphibie est produite en ajoutant une jupe au tank, ainsi que deux hélices ; cette modification est appelée DD (Duplex Drive). Les Sherman amphibies participent au débarquement en Normandie. Seul un Sherman DD sur dix réussit à atteindre les plages de la Normandie : étant trop hauts, ils se renversent et coulent à pic, enfermant leur équipage dans le tank. Certains Sherman furent convertis en transport de troupes Kangaroo après l’Opération Totalize.
Après ce conflit, ce blindé servit encore en outre durant la guerre de Corée et dans les guerres Israélo-Arabe jusqu'en 1973.
Aujourd'hui encore, beaucoup de pays du tiers-monde utilisent ce blindé. Le Paraguay utilise, et maintient en état trois M4 Sherman.
Opérateurs
Liste non-compléte :
- Royaume-Uni et Dominions : 17 184
- Australie : ?
- Canada : ?
- Nouvelle-Zélande : 150
- Union des républiques socialistes soviétiques : 4 102
- Brésil
- Chili
- Paraguay
- Belgique
- France :
- Pays-Bas
- Pologne :
- Portugal
- Danemark
- Yougoslavie
- Israël : 650
- Inde
- Pakistan : 200
- Philippines
- Japon : 330
- Ouganda
- Égypte
Variantes
- M4 première version directement issue du T6, moteur Continental R-975C-1, 9 cylindres en étoile refroidis par air de 353 chevaux. 6 748 exemplaires construits de juillet 1942 à janvier 1944. Caisse réalisée par soudage, Les derniers exemplaires produits (après fin 1943) par l'usine de Detroit ont une caisse composée d'un glacis coulé tandis que le reste de la caisse est composé de plaques soudées¹
- M4(76)W M4 armé du canon M1A1 ou M1A2
- M4(105) M4 armé d'un obusier de 105 mm M4, 800 exemplaires.
- M4(105) HVVS M4(105) équipé d'une suspension HVVS, 841 exemplaires.
- Tank Recovery Vehicle M32 de dépannage, dérivé du M4. Treuil et grue de 30 tonnes, tourelle remplacée par un mortier de 81 mm tirant des obus fumigènes.
- Sherman I désignation britannique du M4
- Sherman Ia désignation britannique du M4(76)W.
- Sherman Ib désignation britannique du M4(105).
- Sherman Ic Sherman I réarmé avec un canon 17pdr par les Britanniques, surnommé « Firefly ».
- M4A1 caisse en éléments coulés, 6 281 exemplaires construits de février 1942 à décembre 1943.
- Sherman II désignation britannique du M4A1.
- M4A1(76)W M4A1 armé du canon M1A1 ou M1A2, 3 426 exemplaires de janvier 1944 à juillet 1945.
- Sherman IIa désignation britannique du M4A1(76)W
- Tank Recovery Vehicle M32B1 M32 basé sur le A1.
- Full-Track Prime Mover M34 M32B1 avec le treuil et la grue retiré servant de tracteur d'artillerie.
- M4A2 M4 avec moteur diesel GM 6-71, 8 053 exemplaires construits d'avril 1942 à mai 1944. Caisse réalisée par soudage
- Sherman III désignation britannique du M4A2.
- M4A2(76)W M4A2 armé du canon M1A1 ou M1A2, 1 594 exemplaires à Grand Blanc et 21 par Pressed Steel de mai 1944 à mai 1945.
- Tank Recovery Vehicle M32B2 de dépannage, M32 basé sur le A2.
- M4A3 M4 avec moteur Ford GAA-III à refroidissement liquide, 1 690 exemplaires de juin 1942 à septembre 1943.Caisse réalisée par soudage
- M4A3(75)W blindage renforcé, 3 071 exemplaires de février 1944 à mars 1945.
- M4A3(76)W M4A3(75)W armé du canon M1A1 ou M1A2, 525 exemplaires à Grand Blanc et 1 400 au Detroit Tank Arsenal.
- M4A3(76)W HVSS ou M4A3E8 suspension HVVS, surnommé « Easy Eight », 4 542 exemplaires de mars 1944 à avril 1945.
- Sherman IV désignation britannique du M4A3
- M4A3(105) M4A3 armé d'un obusier de 105 mm M4, 500 exemplaires.
- M4A3(105) HVVS M4A3(105) équipé d'une suspension HVVS, 2 539 exemplaires.
- M4A3E2 Assault Tank version surblindée, tourelle à 150 mm et caisse à 100 mm, moteur Chrysler Multibanks A-57, 254 exemplaires à Grand Blanc en mai et juin 1944, surnommé Jumbo.
- Tank Recovery Vehicle M32B3 de dépannage, M32 basé sur le A3.
- M4A4 moteur Chrysler Multibanks A-57 de 30 cylindres de 370 chevaux, compartiment moteur allongé pour le recevoir. Caisse réalisée par soudage
- Sherman V désignation britannique du M4A4
- Sherman Vc Sherman V réarmé avec un canon 17pdr par les Britanniques, surnommé « Firefly ».
- Tank Recovery Vehicle M32B4 de dépannage, M32 basé sur le A4.
- M4A5 désignation réservée pour le char canadien Ram.
- M4A6¹ moteur diesel Caterpillar RD-1820, caisse avec glacis frontal coulé, reste de la caisse réalisée par soudage
- Production annulée après une production de 75 exemplaires suite à des difficultés avec le moteur ainsi que pour limiter le nombre de moteurs en service.
- Sherman israélien la plus grande longévité et évolution.
¹ Peter CHAMBERLAIN and Chris ELLIS British and American tanks of World War two Cassel, Ed 2000
Galerie
M4A1 de la 7e Armée U.S. débarquant à Red Beach, Sicile, 10 juin 1943
M4A3R3 avec lance-flammes, Bataille d'Iwo Jima
Liens externes
- (en) (ru) Mémoires de tankiste soviétique ayant servi sur un Sherman
- (en) Le Sherman dans les forces israéliennes
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