Armia Krajowa

Armia Krajowa
Armia Krajowa
Flaga PPP.png

Période (1939), 19421945
Pays Pologne
Allégeance Flag of Poland.svg Gouvernement polonais en exil
Effectif ~ 400 000 personnes
Guerres Seconde Guerre mondiale
Batailles Insurrection de Varsovie
Commandant historique • Michał Karaszewicz-Tokarzewski
Stefan Rowecki
Tadeusz Bór-Komorowski
Leopold Okulicki

L'Armia Krajowa (l'armée de l'intérieur, AK) était le plus important mouvement de résistance en Pologne sous l'occupation allemande 1939-1945 et soviétique 1939-1941). Elle fut active de septembre 1939 à janvier 1945.

L'Armia Krajowa était le plus important mouvement de résistance en action durant la Seconde Guerre mondiale, formant l'aile armée de ce qui fut connu sous le nom d'État secret polonais (państwo podziemne).

Sommaire

Histoire

Origine

L'AK dérive du Służba Zwycięstwu Polski (Service de la Victoire Polonaise), créé le 27 septembre 1939 par le général Michał Karaszewicz-Tokarzewski. Le 17 novembre 1939, le général Władysław Sikorski remplaça cette organisation par le Związek Walki Zbrojnej (Union de la Lutte Armée) qui devint par la suite l'AK après la fusion avec le Polski Związek Powstańczy (Union Polonaise de la Résistance). L'AK est officiellement née le 14 février 1942.

Stefan Rowecki (connu sous le pseudonyme de Grot, ou « pointe de flèche »), fut le premier commandant de l'AK jusqu'à son arrestation en 1943; Tadeusz Bór-Komorowski commanda de juillet 1943 jusqu'à sa capture en septembre 1944. Leopold Okulicki, connu sous le pseudonyme de Niedźwiadek (« bébé ours ») dirigea l'organisation jusqu'à sa dissolution. L'AK est officiellement dissoute le 19 janvier 1945 afin d'éviter un conflit armée avec les Soviétiques ainsi qu'une guerre civile. Cependant, de nombreuses unités décidèrent de continuer leur combat dans de nouvelles circonstances.

Structure

La branche exécutive de l'AK était le commandement opérationnel, composé de nombreuses unités. Les estimations des effectifs de l'AK durant la seconde moitié de 1944 oscillent entre 250 000 et 350 000, dont plus de 10 000 officiers. La plupart des autres mouvements armés polonais clandestins fusionnèrent avec l'AK :

  • la Konfederacja Narodu (Confédération du Peuple) (1943),
  • le Bataliony Chłopskie (Bataillons des Paysans),
  • une large organisation militaire du Stronnictwo Ludowe (Parti populaire),
  • le Socjalistyczna Organizacja Bojowa (Organisation de Combat Socialiste), créé par le Polska Partia Socjalistyczna (PPS, Parti Socialiste Polonais),
  • la Narodowa Organizacja Wojskowa (Organisation Militaire Nationale), créée par le Stronnictwo Narodowe (Parti National),
  • à partir de mars 1944, une partie de l'organisation d'extrême droite (notamment du Camp national-radical) Narodowe Siły Zbrojne (Forces Armées Nationales).

L'AK était divisée en 60 branches régionales, qui elles-mêmes se divisaient en 89 inspections puis 278 districts. Le commandement suprême définissait les tâches prioritaires de l'AK comme étant la préparation de l'action et le soulèvement général à la fin de l'occupation allemande, jusqu'à la victoire. À ce point, les plans prévoyaient la prise du pouvoir en Pologne par la création d'une delegatura, les représentants du Gouvernement polonais en exil à Londres puis par le gouvernement en exil lui-même, une fois celui-ci rentré en Pologne.

Armes et équipement

En tant qu'armée clandestine opérant dans un pays occupé par l'ennemi, séparé des territoires alliés par des milliers de kilomètres, l'AK dut faire face à un problème unique dans l'histoire concernant l'acquisition d'armes et d'équipement. Elle réussit cependant à dépasser ces difficultés et à armer à un certain degré des dizaines de milliers de soldats dans la campagne et surtout dans des maquis en forêts. Cependant, les conditions hostiles firent que seules des unités d'infanterie armées légèrement purent être constituées. Aucune artillerie, aucun blindé ou aucune aviation n'était évidemment disponible (à quelques exceptions près lors de l'insurrection de Varsovie). Mais à l'intérieur même de ces unités d'infanterie légères, l'équipement disponible était hétéroclite, composé d'armes de différents types, le plus souvent en quantité suffisante pour armer seulement une fraction des soldats.

Par opposition, leurs adversaires, les forces armées allemandes et leurs alliés, étaient équipées uniformément et à profusion en armes et en munitions. De plus, elles pouvaient compter sur le soutien de nombreuses forces d'appui (artillerie, aviation, ...). De fait, les Allemands disposaient d'une supériorité matérielle écrasante sur l'AK, ce qui restreignait sévèrement les opérations qu'elle pouvait réussir.

Les armes de l'Armia Krajowa provenaient de diverses sources:

  • armes enterrées par les armées polonaises sur les champs de bataille après la campagne de Septembre (1939),
  • armes récupérées aux Allemands ou à leurs alliés,
  • armes achetées aux Allemands ou à leurs alliés,
  • armes fabriquées clandestinement par l'Armia Krajowa elle-même,
  • armes parachutées par les Alliés.

Des caches d'armes enterrées en 1939, l'AK obtint 614 mitrailleuses lourdes, 1 193 mitrailleuses légères, 33 052 fusils, 6 732 pistolets, 28 canons légers antitank, 25 fusils antitank et 43 154 grenades. Cependant, du fait des conditions de conservation inappropriées et de l'urgence et du chaos dans lequel avaient été faites ces caches d'armes, la plupart de ces armes étaient dans un état déplorable. Des armes ainsi retrouvées pour la préparation de l'Opération Burza, seules 30% étaient utilisables.

Les achats d'armes aux soldats allemands étaient très discrets. Ils étaient effectués par des unités individuelles ou des soldats individuels. Au fur et à mesure que l'espoir d'une victoire allemande s'évanouissait et que le moral des unités allemandes baissait, le nombre de soldats prêts à vendre leurs armes augmentait. Aussi cette source d'armes prit-elle de l'importance avec le temps. Ces achats étaient extrêmement risqués car la Gestapo était au courant de ce marché noir des armes et tentait d'y mettre fin via des agents en couverture. La plus grande part de ce trafic se limitait aux armes personnelles, mais de temps à autre, des mitrailleuses légères ou lourdes pouvaient être acquises. Il était beaucoup plus facile de traiter avec les unités italiennes et hongroises stationnées en Pologne qui vendaient volontiers leurs armes aux clandestins polonais, tant qu'il était possible de cacher ce trafic aux Allemands.

Les efforts afin de capturer des armes allemandes se montrèrent également très efficaces. Des raids furent menés sur les trains approvisionnant le front ainsi que contre des postes de gendarmerie. On récupérait parfois des armes sur des soldats allemands isolés. Durant l'insurrection de Varsovie, l'AK réussit même à capturer quelques véhicules blindés allemands.

Les armes furent fabriquées clandestinement par l'AK dans ses ateliers secrets, ainsi que par ses membres travaillant dans les usines d'armement allemandes. De cette manière, l'AK put se procurer des mitraillettes (copies des Sten anglaises et des Blyskawica), pistolets (Vis), lance-flammes, bombes, mines et grenades. Des centaines de personnes étaient impliqués dans cet effort de production.

La dernière source d'approvisionnement était les parachutages des Alliés. C'était la seule manière d'obtenir des armes exotiques mais puissantes comme le plastic ou des armes anti-chars (PIAT). Durant la guerre 485 avions alliés effectuèrent des parachutages à destination de l'AK, fournissant 600,9 tonnes de matériel. Durant ces opérations, 70 avions et 62 équipages (dont 28 étaient polonais) furent perdus. En sus du matériel, les avions parachutaient également des instructeurs spécialisés (les Cichociemni), dont près de 346 furent envoyés en Pologne durant la guerre. À cause de la très grande distance à parcourir depuis les bases en Grande-Bretagne et en Méditerranée ainsi que d'une faible volonté politique, les parachutages ne représentèrent qu'une petite fraction de ceux effectués pour les mouvements de résistances français et yougoslaves.

Opérations

Kotwica, l'un des symboles de l'Armia Krajowa - composé de lettres P et W: "Polska Walczaca" (Pologne combattante)

Bien que l'AK n'ait pas été à l'origine d'un soulèvement général, ses forces ont bel et bien pratiqué un intense sabotage économique et militaire.

En 1944, l'AK agit à grande échelle, notamment en lançant l'insurrection de Varsovie qui éclate le 1er août 1944. Le but était de libérer Varsovie avant l'arrivée de l'Armée rouge soviétique (à la manière de Tito). Bien que les insurgés aient initialement réussi à libérer quelques centaines de prisonniers du camp de concentration de la rue Gesia (aujourd'hui Anielewicza) et aient pratiqué une guerre de rue féroce, les Allemands finirent par les écraser et détruisirent la ville pendant que les Soviétiques stoppaient leur offensive durant plusieurs mois en refusant tout secours aux insurgés (y compris en refusant l'ouverture des pistes d'atterrissage aux quelques avions alliés[1]). Le soulèvement est définitivement écrasé le 2 octobre 1944.

Les unités de l'AK ont conduit des milliers de raids ainsi que des opérations de recherche de renseignement, saboté des centaines d'équipements ferroviaires et participé à de nombreuses batailles de partisans avec la police et la Wehrmacht allemandes.

L'AK est accusée d'avoir commis des crimes contre les minorités ethniques, particulièrement les Lituaniens (voir ci-dessous).

Au total, environ 150 000 allemands auraient été tués par l'AK.[citation nécessaire]

Les principales opérations militaires ou de sabotage sont :

Unités célèbres de l'Armia Krajowa :

  • Wachlarz
  • Kedyw

Relations avec les Juifs

En février 1942, le commandement opérationnel du bureau d'espionnage et de propagande de l'AK créa une section Affaires juives, dirigé par Henryk Wolinski. Cette section rassembla des données sur la situation de la population juive, prépara des rapports et envoya des informations à Londres. Elle centralisa les contacts entre les organisations militaires polonaises et juives. L'AK organisa également un soutien financier pour les juifs (voir Zegota). L'AK n'accepta que très peu de juifs (environ un millier) dans ses propres rangs : les candidatures de juifs étaient le plus souvent refusées.

L'AK fournit au ghetto de Varsovie environ 60 revolvers, plusieurs centaines de grenades, des munitions et des explosifs. Durant le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, des unités de l'AK tentèrent par deux fois de faire sauter le mur d'enceinte du ghetto, menèrent des actions en dehors du ghetto, et en liaison avec les forces de la GL attaquèrent certaines unités allemandes laissées en sentinelle près des murs du ghetto. Une unité de l'AK, le Corps de Sécurité (korpus bezpieczeństwa ou KB) prit une part directe aux combats à l'intérieur du ghetto avec les combattants juifs du Żydowski Zwiazek Walki.

Trois parmi 7 membres du Commandement Collectif de l'AK (KG AK) étaient d'origine juive.

Relations avec les Lituaniens

Les relations entre les Lituaniens et les Polonais furent tendues durant la plus grande partie de la période d'entre-deux-guerres du fait des conflits au sujet des régions de Wilno (Vilnius) et de Suwałki, où se trouvait une forte minorité lituanienne . Durant la guerre, ces conflits resurgirent car l'état polonais voulu par l'Armia Krajowa incluait la région de Vilnius.

L'AK a commis au moins un massacre de civils lituaniens, y compris des femmes et des enfants, à Dubingiai (les historiens polonais prétendent qu'il y eut de 20 à 27 tués, Juozas Lebionka prétend qu'il y en eut 100, et d'autres historiens lituaniens prétendent qu'il y en eut près de 200). L'existence d'autres possibles massacres est également sujette à désaccord. L'enquêteur lituanien Rimas Bružas estime qu'il y eut en tout près de 500 civils lituaniens tués au total. Les estimations de Juozas Lebionka sont de 1000. Certains historiens polonais soutiennent que le massacre de Dubingiai était un cas isolé, ce qui semble confirmé par les documents de l'AK qui furent trouvés au monastère de Bernardinai et qui décrivent les actions de l'AK entre 1943 et 1944. Cependant, d'autres chercheurs ont atteint d'autres conclusions à partir de ces mêmes documents. Il semble probable que ces tueries ne furent pas planifiées et dues plutôt au rejet des Lituaniens de la part de quelques gradés de l'AK. On évoque également les actions des unités militaires lituaniennes (alliés de l'Allemagne nazie) accusées d'avoir tué des civils polonais. Certaines des actions de l'AK pourraient avoir été des représailles directes aux actions des groupes lituaniens ou des collaborateurs lituaniens. Le même raisonnement peut être appliqué dans l'autre sens, certaines actes des Lituaniens furent faits en représailles. Aussi, l'AK est-elle perçue comme une organisation controversée par la Lituanie, malgré son action pour sauver les Polonais de Vilnius (de même façon que sont perçus les partisans soviétiques).

Après 1945

Durant la guerre l'AK a perdu quelque 100 000 hommes ; avec la progression de l'armée rouge, le NKVD en a emprisonné et envoyé dans les camps soviétiques environ 50 000 autres, après une parodie de procès (voir Procès des seize). Une partie de l'AK a refusé la démobilisation et continuait la lutte contre le pouvoir communiste instauré par les Soviétiques, ils ont été surnommés les Soldats maudits. Des répressions de masse se sont abattues sur les anciens résistants non-communistes durant toute la période du stalinisme.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (pl) Site de recherches sur l'Armée de l'Intérieur
  • (fr) La résistance polonaise - Édité par la branche londonienne de l'association des vétérans de l'armée de l'intérieur polonaise
  • (fr) Site de vétérans de l'Armia Krajowa (version française)

Bibliographie

  • Korboński, Stefan, The Polish Underground State, Columbia University Press, 1978, ISBN 0-914710-32-X
  • Tadeusz Bór-Komorowski, Histoire d’une armée secrète, Paris Les Îles d’Or, 1952
  • George Bruce, L’Insurrection de Varsovie, Paris, Robert Laffont, 1973
  • Jozef Garlinski, Volontaire pour Auschwitz, Paris, Elsevier Séquoia, 1976
  • Jan Karski, Mon témoignage devant le monde: Histoire d’un État secret, Paris, Ed. SELF, 1948


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