- Vidkun Quisling
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Vidkun Abraham Lauritz Jonnsøn Quisling (18 juillet 1887 - 24 octobre 1945), était un militaire et homme politique norvégien. Major dans l'armée royale norvégienne de 1911 à 1921, il fut ministre de la défense de 1931 à 1933. Il est surtout connu aujourd'hui pour avoir été en Norvège le principal artisan de la collaboration avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, et pour avoir dirigé de 1942 à 1945 le gouvernement collaborateur norvégien.
Sommaire
Biographie
Vidkun Quisling, fils d'un pasteur de l'Église de Norvège, est issu d'une vieille famille du comté de Telemark. Élève brillant et particulièrement doué en mathématiques, il devient après ses études major de l'armée norvégienne. De 1921 à 1925, attaché militaire à Petrograd puis Helsinki, il travaille pour des causes humanitaires, que ce soit au service des prisonniers de guerre allemands et austro-hongrois en Russie, des civils russes pris dans la tourmente de la guerre civile, ou des populations des Balkans. Il travaille notamment avec Fridtjof Nansen venu accomplir pour la Croix-rouge des missions d'aide aux victimes de la famine en Russie soviétique[1]. En 1923, il épouse une citoyenne russe, Maria Vasilevna Pasechnikov. Il est décoré par le Royaume-Uni qui lui a confié la garde de ses intérêts diplomatiques auprès du pouvoir soviétique de 1927 à 1929.
Intéressé par la religion et la métaphysique, il écrit également des textes visant à établir un système de pensée baptisé "universisme". Son traité philosophique, demeuré inachevé, sera finalement mis en forme et publié en 2006[2].
Ministre de la défense en Norvège de 1931 à 1933, il se distingue en envoyant la troupe pour réprimer une grève[3]; cette action aboutit à son départ du gouvernement[4]. Le tournant de sa carrière politique a lieu le 13 mai 1933 avec la fondation du parti Nasjonal Samling (« Union nationale »), parti fasciste dont il est le chef, avec le titre de Fører. Le parti ne remporte que des résultats électoraux modestes : en 1933, les électeurs norvégiens lui accordent 27 850 voix, soit environ 2 % des suffrages. Quisling participe à la conférence fasciste internationale de Montreux en décembre 1934. Le Nasjonal Samling s'oriente cependant rapidement vers une copie du NSDAP hitlérien, ce qui aboutit à éroder encore sa base électorale. Dès 1937, le Nasjonal Samling ne compte plus que 2000 adhérents.
En décembre 1939, le major Quisling rencontre Hitler et le presse de l'aider à prendre le pouvoir en Norvège, agitant le spectre d'une invasion britannique pour couper la « route du fer suédois ».
Collaboration
La menace alliée semblant se préciser, l'Allemagne envahit la Norvège le 8 avril 1940; le même jour, Quisling reçoit la visite de diplomates allemands qui le pressent de prendre le pouvoir. S'étant rendu dans les locaux de la radio norvégienne, Quisling fait diffuser sur les ondes une allocution dans laquelle il se proclame chef du gouvernement en lieu et place de Johan Nygaardsvold, et ordonne l'arrêt des combats. Le roi Haakon VII refuse cependant aussi bien de capituler que de nommer Quisling chef du gouvernement; le roi et Nygaardsvold seront finalement évacués hors de Norvège, et animeront à Londres un gouvernement en exil, tandis que les forces armées norvégiennes rescapées de l'invasion participeront à l'effort de guerre allié.
Au bout d'une semaine, la résistance norvégienne et l'absence de soutien populaire pour Quisling conduisent les Allemands à abandonner provisoirement l'idée d'un gouvernement dirigé par ce dernier. Cependant, le 25 septembre 1940, Josef Terboven, tout juste nommé Reichskommissar de la Norvège, nomme Quisling à la tête d'un cabinet de « conseillers d'État » issus du Nasjonal Samling, et chargés de préparer la mise en place d'un gouvernement. Le parti de Quisling est proclamé parti unique.
Quisling reprend officiellement le pouvoir en février 1942, avec le titre de Ministre-Président du « Gouvernement national norvégien ». La monarchie est déclarée « suspendue »; Quisling s'arroge les pouvoirs du roi et du parlement norvégien et installe ses bureaux dans le palais royal. Il collabore activement avec l'occupant nazi, que ce soit en déportant les populations juives, en combattant les résistants aux côtés de la Gestapo ou en invitant les jeunes Norvégiens à intégrer la Waffen-SS. Il rend de fréquentes visites diplomatiques à Adolf Hitler, mais ses efforts pour faire renvoyer Josef Terboven et obtenir une véritable indépendance politique restent vains.
Arrêté à la capitulation allemande, Quisling est jugé et reconnu coupable de haute trahison. Il est fusillé le 24 octobre 1945 à Oslo.
Substantif
Le 15 avril 1940, peu après sa tentative de prise du pouvoir, un éditorial du Times remercie ironiquement Quisling pour avoir enrichi la langue anglaise en fournissant un nouveau synonyme au mot « traître »[5] ; l'expression est bientôt reprise par les autres médias britanniques, et sera utilisée par Winston Churchill lui-même pour désigner les collaborateurs. Le terme Quisling est depuis employé dans le langage courant, en langue anglaise et dans les langues scandinaves, comme une insulte désignant un traître qui pactiserait avec l'ennemi.
Notes et références
- Norway : Quisling victory, Time, 30 octobre 1933
- Quisling published, Aftenposten, 08/09/2006
- Encyclopedia Britannica
- Bits of News : the World according to Quisling
- Quislings everywhere, The Times, 15 avril 1940
Annexes
Articles connexes
- Johan Bernhard Hjort participa avec Quisling à la fondation du Nasjonal Samling.
Bibliographie
- (en) Oddvar K. Høidal, Quisling: A Study in Treason, Oslo, Universitetsforlaget, 1989, ISBN 82-00-18400-5
- (en) Hans Fredrik Dahl, Quisling: A Study in Treachery, New York, CUP, 1999
- (it) G. Payne Stanley, Il fascismo: Origini, storia e declino delle dittature che si sono imposte tra le due guerre, Rome, Newton Compton, 2006
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