- Philippe Henriot
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Philippe Henriot Parlementaire français Date de naissance 7 janvier 1889 Date de décès 28 juin 1944 Mandat Député 1932-1940 Circonscription Gironde Groupe parlementaire FR IIIème République modifier Philippe Henriot, né à Reims (Marne) le 7 janvier 1889, exécuté par un commando du COMAC (mouvement de Résistance) à Paris le 28 juin 1944, est un homme politique français d'extrême droite, figure de la collaboration en France avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sommaire
Biographie
Naissance et origines
Né à Reims le 7 janvier 1889, son père est officier dans l'armée[1], un ancien condisciple du Maréchal Pétain sur les banc s de l'école St Cyr ; sa famille est religieusement catholique et politiquement de droite, on est aussi antimaçonnique et antisémite[2].
Études et débuts politiques
Après de brillantes études à l'Institut Catholique de Paris, il est nommé professeur dans l'enseignement privé en province à Ste Foy la Grande, au confins de la Gironde et de la Dordogne. Membre de plusieurs organisations d'extrême droite. En 1924, il rencontre l'abbé Bergey, député de la Gironde, et participe aux campagnes du parti de celui-ci, l'Union populaire républicaine (UPR). Il participe de 1925 à 1932 avec le général de Castelnau et l'abbé Brégey (curé de St Emilion et député conservateur de la Gironde) à des conférences dans toute la France de la "Fédération nationale catholique"[3] et publie des articles dans La Liberté du Sud-Ouest.. Il est proche des Croix de feu et des Jeunesses patriotes[4]. En 1928 il se présente aux élections législatives à Libourne[4].
Entrée dans la vie politique de 1928 à 1939
En 1932, il succède à l'abbé Bergey comme député de la 4° circonscription de Bordeaux[4]. Il devient ainsi le seul représentant de la Gironde au Parlement avec un autre député de droite, Georges Mandel. Élu vice-président de la Fédération républicaine, il coordonne au plan national les Jeunesses de la Fédération (JFR), créées en 1935. Réélu le 27 septembre 1936[4], il est député jusqu'en 1940.
Face à la montée de l'hitlérisme 1938 - 1940
Inscrit à la Fédération républicaine, il est anticommuniste, antisémite, antimaçon et antiparlementaire. Durant l'entre-deux-guerres, comme sa famille il est anti-allemand ; mais avec l'arrivée de Hitler au pouvoir il devient pacifiste et il défend vigoureusement en 1938 les accords de Munich. En 1939 il est pacifiste comme Pierre Laval et il est favorable à un accord franco-germanique sur le modèle du traité germano-soviétique[5]. En 1940, il se rallie au maréchal Pétain et soutient la politique de la Révolution nationale dans des organes comme Gringoire et Je suis partout. Il devient très pro-hitlérien à partir du 22 juin 1941, quand l'Allemagne envahit l'URSS[6]. Son anticommunisme prend le pas sur son antigermanisme.
La Collaboration
Il est très actif dans la collaboration, s'engage dans la Milice. Sous l'Occupation, il prend la parole tous les jours à l'antenne de Radio Paris pour défendre la collaboration, attaquer la France libre et les Français libres du Général de Gaulle. Orateur virulent, il participe à une guerre des ondes qui se déroule entre les radios de la France libre (Radio Londres) et les radios de la France occupée (Radio Paris). Il se bat particulièrement contre Pierre Dac et Maurice Schumann. Il est surnommé le Goebbels français. L'invasion de la zone libre en novembre 1942 ne l'empêcha pas de continuer sa propagande.
Il avait la réputation de pouvoir présenter les sujets les plus complexes d'une façon claire et directe ; il arrivait ainsi à défendre la Collaboration mieux que Pétain lui-même, ou Laval. Pour convaincre, il n'hésita pas à se rendre en Haute-Savoie pour interviewer des maquisards qu'on venait d'y capturer et les présenter comme stupides, méchants et remplis de haine. À en croire le préfet du Vaucluse, cette propagande aurait eu de l'effet : si deux mois plus tôt les gens avaient été massivement du côté de la Résistance, Henriot avait réussi à les faire changer d'avis.
Sous la pression des troupes d'occupation allemandes il devient, le 6 janvier 1944, secrétaire d'État de l'Information et de la Propagande du gouvernement de Vichy, en même temps que Joseph Darnand est nommé ministre chargé du maintien de l'ordre. Laval est seul à signer leur acte de nomination, Pétain ayant refusé de le faire.
Le 10 mai 1944, Philippe Henriot sur Radio-Paris s'en prend à Pierre Dac en notant ses origines Juives et mettant en doute son intérêt pour la France par un : « La France, qu'est-ce que cela peut bien signifier pour lui ? ». L'humoriste lui répond le lendemain sur Radio-Londres dans un discours lapidaire baptisé « Bagatelle sur un tombeau »[7], et dans lequel il déclare que son frère Marcel, décédé au front lors de la Première Guerre mondiale, a bien sur sa tombe l'inscription « Mort pour la France », alors que sur celle de Philippe Henriot on écrirait « Mort pour Hitler, fusillé par les Français ». Cette réponse est prémonitoire : Henriot est abattu par la Résistance 45 jours plus tard.
Le COMAC reçoit l'ordre d'enlever ou à défaut d'exécuter cet orateur ultra-collaborationniste. Charles Gonard, dit Morlot, futur Compagnon de la Libération, est chargé de la mission. Le 28 juin 1944 à 5 h 30, il pénètre au ministère de l'Information, au 10 de la rue de Solférino, accompagné d'un groupe de résistants. Muni de faux papiers de milicien, il convainc Philippe Henriot de lui ouvrir la porte de sa chambre. Face aux hommes armés qui se présentent, Henriot est alors abattu.
La femme de Henriot, qui se trouvait dans la pièce, est épargnée. L'un de ses fils, membre du NSKK (formation militarisée rassemblant les chauffeurs nazis), était reparti la veille pour le front. Cependant, selon Xavier Vallat, la veuve Henriot et ses enfants auraient été inquiétés en juin 1945[8].
L'assassinat de Georges Mandel par trois membres de la Milice est ensuite présenté comme une mesure de représailles. D'autres exactions ont lieu dans toute la France, notamment à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, où le milicien Paul Touvier fait exécuter sept Juifs pour venger la mort de Henriot.
Philippe Henriot eut droit à des obsèques nationales, organisées par l'État français (vichyste), à la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du cardinal Suhard et d'une foule importante[9].
Publications
- Les Méfaits de la Franc-Maçonnerie, Ligue nationale anti-maçonnique, Paris 1934
- Le 6 février, Flammarion, 1934.
Notes et références
- Pierre Giolitto, Histoire de la Milice, p.304, Paris, Perrin, 1997.
- idem
- idem p.304-305
- idem p.305
- Giolitto p.305
- Giolitto idem
- « Bagatelle sur un tombeau » sur judaisme.sdv.fr
- Xavier Vallat, Feuilles de Fresnes, 1971, p. 76
- Photographie d'époque ; les funérailles nationales de Philippe Henriot, reportage des actualités de l'époque, disponible sur le site de l'INA.
Bibliographie
- Pascal Ory, Les Collaborateurs, éd. du Seuil, « Points », 1980
- Pierre Giolitto, Histoire de la Milice, Paris, Perrin, 1997.
Liens externes
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