- Le Chant Des Déportés
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Le Chant des déportés
Le Chant des déportés ou Chant des marais (en allemand Moorsoldatenlied, « chanson des soldats de marécage », ou Börgermoorlied, « chant de Börgermoor ») est un chant composé en 1933 par des prisonniers du camp de concentration de Börgermoor dans le Pays de l'Ems en Basse-Saxe. Il est entonné lors de chaque cérémonie de la déportation le dimanche précédant le nouvel an selon le calendrier hébraïque en la Synagogue de la victoire.
Sommaire
Historique
Les paroles de cette chanson ont été écrites par le mineur Johann Esser et l'acteur et metteur en scène Wolfgang Langhoff, la musique composée par Rudi Goguel, un employé de commerce ; tous trois étaient détenus au camp de concentration de Börgermoor, et, pour affronter avec courage leur travail épuisant, ils élaborèrent ce chant évoquant leurs souffrances et leurs espoirs.
Les détenus du camp étaient pour la plupart des adversaires politiques du régime nazi. Le titre de la chanson évoque les travaux forcés dans les marécages du camp : culture à l'aide d'outils rudimentaires.
Quelques-uns des déportés de Borgemoor, libérés à l'issue de leur condamnation, choisirent de s'exiler et firent connaître le chant en Angleterre ; c'est là qu'en 1936, le compositeur Hanns Eisler, collaborateur musical de Bertolt Brecht, en fit une adaptation pour le chanteur Ernst Busch. Celui-ci rejoignit en 1937 les Brigades internationales en Espagne, de sorte que le Chant des déportés, chanté par les volontaires allemands des Brigades, acquit rapidement une grande notoriété.
Parallèlement, il se répandit en Allemagne, d'un camp de concentration à l'autre, puis en Pologne occupée, et finit même par atteindre certains déportés du camp d'extermination d'Auschwitz.
De ce chant, il a été créé des versions dans différentes langues, interprétées entre autres par Paul Robeson, Pete Seeger, Perry Friedman, Pi de la Serra, Joan Baez, Leny Escudero et Hannes Wader.
Le 27 août 1933 (souvenirs de Rudi Goguel)
Le Chant des déportés a été chanté le 27 août 1933 lors d'un événement appelé Zirkus Konzentrazani (Cirque des concentrationnaires) ; les chanteurs étaient issus pour la plupart de l'association ouvrière de chant de Solingen.
Dans ses Mémoires, Rudi Goguel raconte :
«Les seize chanteurs, pour la plupart membres de l'association ouvrière de chant de Solingen, défilaient bêche à l'épaule dans leurs uniformes de police verts (nos vêtements de prisonnier de cette époque-là). Je menais la marche, en survêtement bleu, avec un manche de bêche brisé en guise de baguette de chef d'orchestre. Nous chantions, et déjà à la deuxième strophe, presque tous les mille prisonniers commençaient à entonner en chœur le refrain. De strophe en strophe, le refrain revenait de plus belle et, à la dernière, les SS, qui étaient apparus avec leurs commandants, chantaient aussi, en accord avec nous, apparemment parce qu'ils se sentaient interpellés eux aussi comme “soldats de marécage”.
»
Aux mots “Alors n'envoyez plus les soldats du marécage bêcher dans les marécages”, les seize chanteurs plantèrent leur bêche dans le sable et quittèrent l'arène, laissant les bêches derrière eux. Celles-ci donnaient alors l'impression de croix tombales.Paroles
- I
Loin dans l'infini s'étendent
Les grands prés marécageux
Pas un seul oiseau ne chante
Dans les arbres secs et creux
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- Variante :
- Variante :
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- Loin vers l'infini s'étendent
- De grands prés marécageux
- Et là-bas nul oiseau ne chante
- Sur les arbres secs et creux
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- Refrain
- Refrain
-
- Ô terre de détresse
- Où nous devons sans cesse
- Piocher.
- II
Dans ce camp morne et sauvage
Entouré d'un mur de fer
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d'un grand désert.
- III
Bruit des pas et bruit des armes
Sentinelles jour et nuit
Et du sang, des cris, des larmes
La mort pour celui qui fuit.
- IV
Mais un jour dans notre vie
Le printemps refleurira
Liberté, Liberté chérie
Je dirai: Tu es à moi.
- Variante :
- Mais un jour dans notre vie
- Le printemps refleurira
- Libre alors, ô ma patrie
- Je dirai: Tu es à moi.
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- Dernier refrain
- Dernier refrain
-
- Ô terre enfin libre
- Où nous pourrons revivre
- Aimer. (bis)
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- Variante :
- Ô terre d'allégresse
- Où nous pourrons sans cesse
- Aimer. (bis)
- Variante :
Bibliographie
- (de) Hanns Eisler, Bericht über die Entstehung eines Arbeiterliedes., in Musik und Politik, Schriften 1924-1948, éd. v. Günter Meyer, Munich, 1973, p. 274-280
- (de) Wolfgang Langhoff, Die Moorsoldaten. 13 Monate Konzentrationslager, 1935 (nouvelle édition 1995), éd. Neuer Weg, ISBN 3-880212-26-0
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- (fr) Chants des marais sur le site de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes
- (fr) Le chant des marais en format mp3
- (de) Das Moorsoldatenlied sur le site de l'Université de Cologne
- (de) Le Centre de documentation et d'information Emslandlager a sorti un CD comprenant 30 versions différentes du chant
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