Volksturm

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Volkssturm

Le Volkssturm ( que l'on pourrait traduire par Levée du Peuple )[note 1] est le nom donné à la milice populaire allemande levée en 1944 et qui devait épauler la Wehrmacht dans la défense du territoire du Reich à la fin de la seconde Guerre mondiale, à la manière de la Home Guard britannique de 1940 ou des partisans soviétiques.

Le projet d'une mobilisation militaire totale du peuple allemand remonte, dans le chef des dirigeants politiques du IIIème Reich - et suivant en cela les suggestions du général Heinz Guderian -, à l'été 1944 qui vit à la fois le débarquement de Normandie à l'Ouest et le début de l' Opération Bagration à l'Est, l'idée étant de susciter une levée d'armes populaire fanatisée dans la lignée du Landstrum de 1813 qui libéra la Prusse de l'occupation napoléonienne.

Il prévoyait un appel sous les armes de tous les hommes valides de 16 à 60 ans dans des unités régionales qui épauleraient les forces armées «traditionnelles» dans la défense locale.

Mais le Volkssturm se voulait tout autant un programme d'encadrement politique que militaire du peuple allemand, jouant le rôle d'un catalyseur visant à fanatiser la résistance et ainsi à démoraliser les Alliés, en particulier occidentaux. Hitler craignait en effet que ne se reproduise la désastreuse situation intérieure de 1918, l'échec des offensives allemandes du printemps ayant entraîné l'effondrement du moral en Allemagne et le début des insurrections qui avaient amené l'effondrement de l'Empire ( le coup de poignard dans le dos ). Dans l'esprit de Bormann et des autres séides du Parti, cette mobilisation avait aussi un caractère idéologique puisqu'elle devait symboliser la mobilisation totale de la race aryenne contre les hordes «ploutocrates», «judéo-bolchéviques», etc.[note 2].


Après l'attentat manqué du 20 juillet 1944, Hitler, de plus en plus méfiant à l'égard de l'Armée, décida de confier finalement cette tâche au NSDAP - à la suite notamment des intrigues de son dirigeant, Martin Bormann.

Bundesarchiv Bild 183-J31320, Berlin, Posten beim Bau einer Straßensperre.jpg

Sommaire

Les grandes dates de l'historique du Volkssturm

Himmler annonce la création du Volkssturm à la radio berlinoise. Guderian, initiateur du projet, figure à gauche du document
Prestation de serment d'une unité berlinoise
  • 20 juillet 1944 : attentat manqué contre Hitler
  • 21 juillet 1944 : Heinrich Himmler est nommé commandant en chef de l'Armée de remplacement, Heinz Guderian étant nommé à la tête de l'OKH ( Ober Kommando der Wehrmacht - commandement suprême de l'Armée de terre )
  • Début septembre : Hitler accepte l'idée de Guderian de créer un Landsturm sous l'autorité conjointe de l'Armée et des SA. Martin Bormann suggère que le Parti National-socialiste - dont il est le dirigeant - prenne seul sous sa coupe une milice populaire, la Volkswehr ( litt. Armée populaire )
  • 25 septembre 1944 : publication du décret de Hitler créant le Volkssturm, sous la direction et la responsabilité des Gauleitern du Parti mais sous encadrement de la Wehrmacht
  • 07 octobre 1944 : les premières unités sont engagées sur le front de l'Est à Mémel
  • 18 octobre 1944 : Himmler annonce officiellement à la radio berlinoise la création du Volkssturm. L'enrôlement de masse commence à la fin du mois.
  • 10 novembre 1944 : engagement des premières unités sur le front de l'Ouest à Metz
  • 12 novembre 1944 : prestation de serment de masse des unités du Volkssturm sur tout le territoire du Reich
  • 01 avril 1945 : encerclement de la Ruhr par les Américains : 300.000 Allemands capitulent le 18 dont de nombreux Volkssturmmanner
  • 22 avril 1945 : les Russes encerclent Berlin
  • 09 mai 1945 : signature de l'acte de capitulation allemande
  • juin 1945 : les Alliés occidentaux libèrent les membres du Volkssturm et des soldats ayant des compétences professionnelles prioritaires pour pallier au manque de main-d'œuvre qualifiée nécessaire à la reconstruction : 663.576 hommes sont ainsi renvoyés dans leurs foyers.

Chronologie de la bataille du Reich 1944-45

  • Front Ouest
  • 06 juin 1944 : débarquement allié en Normandie
  • 20 juillet 1944 : attentat contre Hitler
  • 25 juillet 1944 : première percée alliée
  • 15 août 1944 : débarquement en Provence
  • 25 août 1944 : libération de Paris
  • 03 septembre 1944 : libération de Bruxelles
  • 11 septembre 1944 : les Américains entrent en Allemagne à Keppeshausen
  • 04 octobre 1944 : Aix-la-Chapelle tombe aux mains des Américains
  • 04 décembre 1944 : les Américains percent sur la Saar
  • 16 déc. 1944 - 16 jan. 1945 : contre-offensive allemande dans les Ardennes belges
  • 01 janvier 1945 : idem en Lorraine Unternehmen Nordwind
  • 16/21 janvier 1945 : échec des contre-offensives allemandes
  • début février : Opération Veritable : les Anglo-canadiens attaquent en direction du nord du Rheinland (NL/D)
  • 23 février 1945 : Opération Grenade : les Américains percent au centre du Rheinland
  • 07 mars 1945 : prise du pont de Remagen
  • 23 mars 1945 : Operation Plunder : Montgomery franchit le Rhin et avance dans le Nord de l'Allemagne
  • Front Est
  • 22 juin 1944 : Opération Bagration début de l'offensive générale soviétique contre le Groupe d'Armées Centre
  • 17 août 1944 : entrée des troupes soviétiques en Prusse Orientale
  • 25 septembre 1944 : entrée des troupes soviétiques en Hongrie
  • 10 octobre 1944 : l'Armée rouge isole le Groupe d'Armées Nord en Courlande
  • 16 octobre 1944 : offensive générale soviétique en Prusse Orientale : le Volkssturm participe massivement à la défense et essuie de lourdes pertes
  • 12 janvier 1945 : la progression soviétique borde l'Oder
  • 16 avril 1945 : franchissement de l'Oder
  • 22 avril 1945 : les Russes atteignent Berlin
  • 02 mai 1945 : Berlin est entièrement entre les mains des Soviétiques, combats sporadiques qui dureront encore au-delà du 09 mai 1945
Membres du Volkssturm formés au maniement du Panzerfaust (mars 1945)

Organisation

Des membres de la HJ servant au sein de la Flak à l'entraînement - 1943
Ces membres du Volkssturm recevant une instruction antichar sont revêtus de la tenue de travail et de corvée en toile écrue de l'Armée

Le personnel du Volkssturm fut réparti en quatre levées (Aufgeböte) :

  • Les levées I et II étaient constituées des hommes les plus aptes physiquement, embrigadés dans les unités de défense/combat locales de la taille d'un bataillon, les unités de la levée I étant susceptibles de servir au niveau régional du Gau et celles de la levée II au niveau local du Kreis;
  • La levée III était constituée des jeunes de 16 à 20 ans, sous les auspices des Jeunesses Hitlériennes et avait pour mission première de ramener les jeunes mobilisables par l'armée à l'intérieur du Reich, loin des fronts, et d'assurer leur formation militaire de base en vue de la constitution des réserves de la Wehrmacht. Malgré l'image largement répandue par la propagande du Reich - et reprise dans l'imagerie d'Épinal de la 2ème guerre mondiale - la participation directe des Jeunesses Hitlériennes aux combats resta relativement marginale étant essentiellement le fait d'unités fanatisées sur le front de l'Est. Par contre, les Anglo-saxons captureront sur le front Ouest de nombreux jeunes volontaires des HJ engagés comme servants de la Flak (Luftwaffe) [note 3] - y compris des Hilferinnen féminines.
  • La levée IV regroupait les personnels moins aptes physiquement en les cantonnant dans des missions de sûreté et de garde ( usines, gares, camps du STO, ..), d'intendance ( distributions de repas, etc.) ou administratives.

Les membres du Volkssturm ont donc pour la plupart déjà une occupation, soit dans l'industrie de guerre, soit dans d'autres organismes de défense ou l'administration publique civile ou para-militaire (RAD, RLB, etc.). Leur mobilisation devient effective lorsque leur secteur est attaqué après une phase de pré-alerte. Leurs « uniformes » sont, de ce fait, souvent composés d'effets civils constitués principalement de bleus de travail, salopettes ou uniformes de leurs organismes d'origine… ou des vêtements les plus chauds ou les plus usagés. Certaines unités « privilégiées » recevront de vieux uniformes de prise ( tchèques, hollandais, polonais ) ou dépareillés de l'armée.

Les combattants de cette milice ne sont rémunérés que s'ils participent activement aux combats.

Équipement, armement, insignes

Afin de mettre les membres du Volkssturm sous la protection des conventions internationales en vigueur à l'époque, notamment en matière de protection des prisonniers de guerre, et de leur éviter les rigueurs des lois de la guerre exposant les civils en arme à de graves mesures de représailles, il fut décidé, faute d'uniformes, de les doter d'un système simplifié de grades propre à cette organisation et de brassards attestant de leur appartenance aux forces armées[note 4]. Les photos 1 et 2 de la galerie présentent le modèle initial de l' Armelband (Brassard) qui existait en deux versions : blanche avec texte noir ou jaune avec texte vert. Le sujet de la photo 2 est un membre de la Hitlerjugend saxonne ( insigne triangulaire de bras :Sachsen) équipé d'effets de surplus de la Luftwaffe ( indiquant probablement un ancien Flakhilfer )et est armé d'un MP40. La photo 3 présente le modèle final que l'on rencontre le plus fréquemment sur les documents d'époque et la photo 4,les Spiegeln ( insignes de cols ) des grades du Volkssturm

Sur la photo 5 des membres du Volkssturm apparaissent coiffés de casques de la défunte armée tchécoslovaque et armés d'une MG34. Le personnage à l'avant plan de la photo 6 est un membre de la police des chemins de fer ( voir l'insigne caractéristique de la Polizei sur le képi ). L'uniforme est bleu-noir avec liseré (col, revers, képi) en principe vert, couleur d'arme des forces de police. Photo 7 : prestation de serment de membres du Volksturm : le personnage au centre appartient probablement à une unité para-militaire nationale-socialiste ( voir les insignes sur la manche gauche et la couleur particulière du col avec liseré ). Photo 8 : ces membres de la milice fêtant la Noël 1944 appartiennent manifestement pour la plupart à une ou diverses organisations paramilitaires. L'insigne de col du personnage à l'avant plan semble dénoter son appartenance à la SA ou à un organisme affilié (NSKK,NSFK).

Le Volkssturm sur le front Ouest

Des membres du Volkssturm occupent un bunker dans le secteur du Mosselland sur le front Ouest

Compte tenu du contexte politico-militaire de la Seconde guerre mondiale, l'on peut littéralement parler de «deux» Volkssturm selon que l'on s'en réfère à la situation sur les deux fronts allemands. Certains dirigeants allemands couvant secrètement l'espoir d'une rupture du front uni Soviéto-anglo-saxon, et ceux-ci se comportant d'une manière tout à fait différente des Soviétiques, notamment à l'égard des civils, les Volkssturmmannern du front Ouest firent dans l'ensemble preuve de moins de mordant que leurs camarades de l' Ostfront. Leur mission était également quelque peu différente puisque le Volkssturm dut aussi fournir des équipages aux positions du Westwall, libérant ainsi des unités de forteresse de la Wehrmacht qui purent ainsi être réaffectées aux Volksgrenadieredivisionen, les divisions populaires d'infanterie aux effectifs allégés. Il dut aussi contribuer à la construction de positions complémentaires et à l'érection d'obstacles antichars.

Mais si la motivation des Volkssturmmanner sur le front Ouest fut plutôt tiède, leur résistance fut loin d'être purement symbolique, comme le relate John Russell dans son ouvrage No Triumphant Procession (cfr Bibliographie) retraçant les opérations anglo-canadiennes dans le Nord de l'Allemagne.

Le Volkssturm sur le front Est

Bataille de Berlin : le Gen. Reymann inspecte une tranchée tenue par des membres du Volkssturm

Le Wehrwolf

Le SS-Brigadeführer Hans-Adolf Prützmann, le chef suposé du Wehrwolf

L'organisation du Wehrwolf - néologisme créé à partir des termes Wehr ( force armée ) et Wolf (loup) par homophonie et référence au mot werewolf qui signifie loup-garou en allemand - est une organisation clandestine de résistance armée que les dirigeants nazis tentèrent de mettre en place toujours dans cette idée de mobilisation populaire totale pour combattre à outrance les ennemis du Reich. La paternité de l'organisation a été attribuée au GeneralMajor Reinhard Gehlen (chef du service de renseignement de L´OKW sur le front de l´est) qui l'aurait activée le 27 février 1945 dans l´éventualité où l'Allemagne tomberait sous occupation soviétique totale . Son existence réelle en tant que «corps constitué» reste toutefois problématique même si des faits de sabotage et de guérilla dans les zones occupées avant et après le 08 mai 1945 ont bien eu lieu, entraînant l'exécution sommaire de leurs auteurs. Ses membres devaient être recrutés dans la population civile, en particulier parmi les membres de la jeunesse hitlérienne, et parmi les nazis fanatiques membres du NSDAP encadrés et formés par des SS. Si l'implication des forces armées dans ses activités et ses rangs n'a toutefois jamais été établie, il semble cependant que celle de cadres du Volkssturm issus du Parti et ayant dès lors reçu une formation militaire l'ait été de manière plus nette par les services de renseignements militaires alliés chargés de son démantèlement. Si le Wehrwolf - ultime avatar des projets de mobilisation populaire des dirigeants nazis initiateurs du Volkssturm - fut finalement éradiqué dès 1946 dans les zones d'occupation françaises[1], britanniques et américaines dans l'Ouest de l'Allemagne, certaines rumeurs difficilement vérifiables font encore état de son activité dans la zone soviétique jusqu'au début des années 1950[2].

Les membres des HJ comptaient parmi les éléments les plus fanatiques du Volkssturm même si leur engagement au combat resta marginal

Articles connexes

Bibliographie

  • L'Agonie du Troisième Reich G. Rozanov Éditions du Progrès Moscou ??;
  • La Bataille de Berlin Andrew Tully - J'ai lu Leur aventure A221 1963;
  • La Chute de Berlin Earl F. Ziemke Marabout Histoire illustrée de la Seconde Guerre mondiale (série Batailles) GM5 Gérard&Co 1970;
  • Les derniers jours du Troisième Reich Walter Lüdele-Neurath - Berger-Levraut;
  • Das Ende zwischen Oder und Elbe - Der Kampf um Berlin 1945 Wilhelm Tieke Motorbuch Verlag 1992;
  • Hitler's Home Guard: Volkssturmmann Western Front, 1944-45 David K. Yelton & Seán Ó Brógáin Osprey Publishing série Warrior n° 110 2006[note 5];
  • Hitler's Volkssturm: The Nazi Militia and the Fall of Germany, 1944-1945 (Modern War Studies) de David K. Yelton The University Press of Kansas 2002[note 6];
  • Magasine Batailles : n°7 Berlin: les dernières heures du Reich mai 2005; n°33 - articles Allemagne 1945 la forteresse assiégée et Le siège de Königsberg;
  • Battle of the Ruhr pocket Charles Whiting Ballantine Books Inc. 1971;
  • No triumphan Procession The Forgotten Battles of April 1945 John Russell & R. De Normann Arms and Armour Press 1994;
  • Remagen Le pont de la chance Paul Berben et Bernard Iselin J'ai lu Leur aventure A274 1971;
  • The Rhineland 1945 The last killing ground in the West Ken Ford& Tony Bryan Osprey Publishing série Campaign n°74, 2000;
  • Magasine Batailles & Blindés n°29 article La course vers Münster de Ludovic Fortin, Février-Mars 2009

Notes et références

  • Notes
  1. Littéralement le mot allemand « Volkssturm » se décompose en Volk (« Peuple ») et Sturm (« tempête », « orage » ou « attaque »). Sturm est cependant à prendre dans son acceptation figurée militante et combattante, difficilement traduisible littéralement, à laquelle il est également fait allusion dans le nom du mouvement culturel Sturm und Drang, dans le Landsturm de 1813, mobilisation armée du peuple prussien contre le joug napoléonien qui aboutira à la renaissance de l'armée prussienne et dans Sturmabteilung en abrégé SA, la milice paramilitaire du NSDAP
  2. ce qui tord le cou à la légende des vieillards cacochymes et maladifs diffusée par contre-coup par la propagande alliée
  3. Au sein de laquelle ils servent déjà depuis 1943 et ne faisant donc pas partie du Volkssturm
  4. Cette mesure visait plus particulièrement le front Ouest, les soldats réguliers capturés sur l' Ostfront n'étant guère traités avec égards et dans le respect des Conventions par les Soviétiques, pas plus que les prisonniers russes ne le furent par les Allemands
  5. Site de la maison d'éditions Osprey : présentation de l'ouvrage et extraits
  6. Site des publications de la Kansas University - présentation de l'ouvrage
  • Références

Liens externes

Voir aussi

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