Empire Britannique

Empire Britannique

Empire britannique

L'Empire britannique et ses territoires britannique d'outre-mer à son apogée

L’Empire britannique est un ensemble territorial composé des dominions, colonies, protectorats, mandats et autres territoires gouvernés ou administrés par le Royaume-Uni. À son apogée il était le premier empire colonial du monde. En 1922, il rassemblait un quart de la population mondiale, soit environ 458 millions d'habitants [réf. nécessaire], et il s'étendait sur des territoires couvrant 36,6 millions de km2 (environ le quart des terres émergées) [réf. nécessaire].

Cet empire commença environ trois siècles plus tôt au cours d'une succession de phases d’expansion par le commerce, la colonisation ou la conquête entrecoupées d'intervalles d’activités pacifiques ou de contractions. Ses territoires étaient éparpillés sur tous les continents.

L’Empire facilitait la propagation des technologies, l'essor du commerce, de la langue et du gouvernement britannique autour du globe. Cette hégémonie contribuait à l’expansion économique extraordinaire et renforçait considérablement son influence sur l’évolution du monde. Tout en étendant son emprise outre-mer, il continua à développer et élargir ses institutions démocratiques dans la métropole.

Du point de vue des colonies, le bilan est plus partagé. Elles reçurent la langue anglaise (le phénomène de créolisation est resté très marginal), une structure administrative et légale fondée sur le modèle britannique au moins au sommet, un développement technologique et économique. Néanmoins, la politique coloniale britannique fut toujours menée en fonction des intérêts commerciaux de la métropole. Alors que les économies de peuplement furent développées avec l’infrastructure pour supporter un développement équilibré, celles en Afrique tropicale n’étaient destinées qu'à fournir des matières premières et une monoculture basée sur le principe de l’avantage comparatif. La manipulation des conflits identitaires et ethniques afin de ne pas permettre qu'on se ligue contre le pouvoir occupant - la stratégie classique du diviser pour régner - laissa en héritage de sérieuses difficultés entre communautés ayant un statut différent, comme les amérindiens en Amérique du Nord qui s'aggrave avec le déséquilibre démographique.

Sommaire

Origine du colonialisme anglais

Carte des différentes emprises de l'Empire britannique.
2. Lavande : Dominions
3. Rose entouré lavande : colonies de Dominions
4. Rose foncé : régions perdues avant 1920
5. Bleu pâle : régions occupées durant la Seconde Guerre mondiale
6. Violet : Protectorats et États princiers (en Inde)
7. Jaune : régions anglaises avant 1705
8. Rayures : sphère d'influence
9. Bleu : régions occupées de l'Axe défait 1943-1955

Après sa conquête par les Normands de Guillaume le Conquérant en 1066, l’Angleterre est impliquée dans les affaires du duché de Normandie jusqu’en 1204. Des héritages lui permettent de contrôler de vaste régions dans l'ouest de la France (Guyenne, Gascogne, Aquitaine,...) perdues à la fin de la Guerre de Cent Ans. Elle conservera cependant le port de Calais jusqu’en 1558.

Le pays de Galles est conquis à partir de 1282, et l’Irlande à partir de 1169. En 1707, l’Écosse et l'Angleterre (gouvernées par les mêmes souverains depuis 1603) sont unies pour créer, en partenariat égal, la Grande-Bretagne avec les Acts of Union.

Dès la fin du XIVe siècle, l’exportation de la laine en Europe devint un facteur essentiel du développement économique anglais.

L’empire d'outre-mer fut lancé sous le règne d'Henri VII (de 1485 à 1509) avec la création des compagnies privées d’exploitation sur les autres continents, la construction du premier chantier naval à Portsmouth et des améliorations à la petite flotte.

Plus décisif encore, Henri commanda les voyages d’explorations de l’Italien Giovanni Caboto (John Cabot) en 1496 et 1497 en Amérique du Nord. Les très abondants bancs de morue au large de Terre-Neuve attirèrent les pêcheurs d’Europe de l’ouest.

Henri VIII d'Angleterre tripla le nombre de navires de guerre beaucoup plus grands avec des canons à longue portée qu’il plaça dans une organisation centralisée ; il fit construire un réseau de balises et phares pour faciliter la navigation.

Pendant le règne d’Élisabeth Ire, de 1577 à 1580, Sir Francis Drake fit le tour du monde, le second à l'entreprendre après Ferdinand Magellan. La Royal Navy infligea une déroute à l’Invincible Armada en 1588. Les premiers tentatives de colonisation américaines furent cependant des échecs.

Colonisation des Amériques

Au début du XVIIe siècle, les colonies de la côte Est (treize colonies qui devaient donner naissance aux États-Unis), des provinces maritimes du Canada et des petites îles des Antilles comme la Jamaïque et la Barbade se développent avec succès. L'invasion des colonies espagnoles d'Amérique du Sud est bloquée par l'échec de la prise de Cartagène. Cette expansion dans les Amériques est considérée par certains historiens comme la fin du premier Empire britannique ; la seconde phase aura lieu en Asie et en Afrique.

À l'origine, les colonies les plus lucratives sont celles produisant du sucre : aux Antilles, l’esclavage devient le pilier de l’économie locale. Les colonies continentales produisent du tabac, du coton et du riz dans le Sud, celles du nord fournissant du bois et des fourrures. Les grands espaces de bonnes terres agricoles attirent les excédents démographiques de la métropole.

Lentement, ces colonies prennent le dessus sur leurs voisins, notamment les Hollandais (New York), puis les Français à Louisbourg et à Québec.

Libre échange et « empire informel »

La volonté de tirer systématiquement profit des colonies américaines irrita leurs habitants qui, lorsqu’il en eurent les moyens, déclarèrent et obtinrent l’Indépendance.

Les Britanniques dominaient les mers et furent les premiers à mettre en œuvre une révolution industrielle qui leur donnait un avantage considérable et rendait l’esclavage obsolète. Ils firent donc une très forte pression sur les autres puissances pour que les barrières douanières soient abattues et l’esclavage aboli. Mais sans aller jusqu'à une analyse globale (en restant au laissez faire) ce qui entraîna une grande misère des prolétaires dans les centres de production, d'où l'apparition de doctrines comme le marxisme, puis l'interventionisme grandissant de l'État, notamment lors de la grande dépression des années 1930.

L’Empire britannique en Asie

Article détaillé : Raj britannique.

La Compagnie anglaise des Indes orientales avait obtenu une victoire décisive à Plassey en 1757 lui ouvrant la province du Bengale. Au XIXe siècle, la compagnie prit le contrôle du reste de l’Inde, l'empire moghol n'ayant plus qu'une existence de jure. En 1773, le poste de Gouverneur général des Indes est créé, celui-ci présidant le Bengale tandis que la Compagnie des Indes administre les autres régions jusqu'à la Charte de 1833. Les Britanniques édifient alors un système juridique complexe, qui fait appel aux cadis pour les sujets musulmans et se fonde sur une lecture stricte des traités de droit hindou pour les sujets hindous, et qui conduit à rendre rigide le système auparavant souple des castes. Après la grande mutinerie de 1857, la couronne prit le relais, le gouverneur-général devenant vice-roi des Indes avec le Government of India Act de 1858 (en). La reine Victoria fut déclarée Impératrice des Indes en 1876, neuf ans avant la fondation du Parti du Congrès (1885). En 1886, la Birmanie est intégrée au raj britannique.

Ceylan (Sri Lanka) et la Birmanie furent ajoutés aux territoires qui s’étendirent à l’est à la Malaisie, puis en 1841 à Hong Kong après le succès de la première guerre de l'opium sur la Chine.

L’intérêt porté à ce dernier pays commença lorsque l’importation du thé connu un important déficit. Ensuite, les relations furent complexes, car ils aidèrent la dynastie Qing à mater les rébellions en alliance avec la France, mais ils maintinrent le commerce suivant leurs besoins.

Au début du XIXe siècle, l’Australie (colonie pénitentiaire) et la Nouvelle-Zélande furent colonisées et devinrent des exportateurs deplatine.

Dislocation de la Pax Britannica

Au cours du XIXe siècle, les autres nations occidentales s’industrialisent, ce qui entraîne une compétition acharnée pour les ressources et les marchés. Par exemple, les industries textile, chimique et métallurgique allemandes avaient, en 1870 déjà, surpassé celles du Royaume-Uni par leur organisation et leur efficacité technique.

Tandis que les exportations invisibles (banque, assurance et services de transport) maintenaient le Royaume-Uni « hors du rouge », sa part du commerce mondial était passée du quart en 1880 à un sixième en 1913[réf. nécessaire], notamment avec les pays moins développés.

Les améliorations techniques dopèrent les possibilités de produire et de diffuser ce qui renforça l’intérêt pour un empire conçu comme un marché exclusif et un moyen de se fournir à bas coûts les matières premières. L'Allemagne abandonna officiellement le libre-échange en 1879, la France en 1881, et bien que n’y renonçant officiellement qu’en 1932, le Royaume-Uni avait déjà depuis longtemps appliqué une politique qui mena aux raidissements et aux guerres.

Le Royaume-Uni et le nouvel impérialisme

Entre 1870 et le déclenchement de la Première Guerre mondiale, l’idéologie de l’expansion coloniale européenne est souvent appelée le nouvel impérialisme. Cette course eut surtout lieu en Afrique, partagée entre les puissances européennes, qui n’était pas accessible auparavant à cause du manque de médicaments comme la quinine pour traiter les maladies endémiques, et en Asie du Sud-Est. Le racisme de l’esclavage s'est transposé sur ces populations avec des grandes différences de traitement.

L’entrée du Royaume-Uni date de 1875 quand le gouvernement conservateur acheta au chef de l’Égypte Ismaïl Pacha endetté, ses parts du canal de Suez pour s’assurer du contrôle de cette voie maritime stratégique ouverte six ans auparavant, pour finalement occuper militairement la zone en 1882.

La crainte de l’expansion séculaire de la Russie vers le sud fut un autre facteur stratégique déterminant : en 1878, le Royaume-Uni inclut Chypre à son empire comme une base pour parer une attaque des Russes contre l’Empire ottoman après avoir pris part dans la guerre de Crimée et envahit l’Afghanistan. Dans ce pays, la rébellion et le terrain difficile frustrèrent les objectifs britanniques et une armée complète fut détruite lors de la retraite de Kaboul. D’autres campagnes en 1880, puis en 1919 furent également ratées. Une expédition au Tibet en 1903-1904 fut sanglante et inutile.

Joseph Chamberlain devint le champion de cette doctrine, mais sa campagne pour la réforme des tarifs n’aboutit pas.

Une petite armée pour un grand empire

Sous le règne de la reine Victoria, il y en tout 72 campagnes militaires cependant les Forces armées britanniques n'ont représenté qu'environ 0,8 % de la population. En 1898, la British Army comptait 99 000 soldats professionnels dans les îles britanniques, 75 000 dans l'Empire des Indes et 41 000 dans le reste de l'Empire; l'armée de l'Inde britannique était forte de 148 000 hommes tandis que la Royal Navy comptait 100 000 hommes. Pourtant le budget de la Défense cette année était de 40 millions de livres sterling, soit 2,5 % du PNB.

Afrique

Article connexe : Partage de l'Afrique.
Cecil Rhodes : projet du chemin de fer Le Cap-Le Caire. Fondateur de la compagnie De Beers, une des premières compagnies mondiale du diamant, Rhodes était aussi le propriétaire de la British South Africa Company, qui s'est approprié la Rhodésie. Il voulait « peindre de rouge britannique la carte », une de ses déclaration célèbre : « Toutes ces étoiles... ces mondes immenses qui restent hors d'atteinte. Si je le pouvais, j'annexerais les autres planètes ».[1]

En 1875, les deux plus importantes têtes de pont coloniales en Afrique étaient l'Algérie tenue par la France et la colonie du Cap. En 1914, seule l’Éthiopie et le Libéria n’étaient pas sous le contrôle d'une puissance européenne.

La conférence de Berlin de 1884-5 chercha à organiser la compétition entre le Royaume-Uni, la France et l'empire allemand, en définissant une « occupation effective » comme le critère pour une reconnaissance internationale des prétentions territoriales, une formulation qui nécessitait l’utilisation de routine des forces armées contre les états indigènes.

L’occupation en 1882 de l’Égypte pour contrôler le canal de Suez poussa à élargir le périmètre de sécurité y compris la vallée du Nil, puis le Soudan voisin et même une confrontation avec l’expédition militaire française à Fachoda en 1898.

En 1899, le Royaume-Uni commença la capture totale de l’Afrique du Sud avec l’envahissement des états boers, riches en minerai d’or au Transvaal et de l’État libre d'Orange. La Rhodésie sera occupée par les troupes de Cecil Rhodes. La critique de la Première et de la Seconde Guerre des Boers, qui mettent fin à l'indépendance des républiques boers, mena au « splendide isolement » du Royaume-Uni.

L’expansion dans le sud et l’est de l’Afrique décidèrent Rhodes et Alfred Milner, haut commissaire pour l’Afrique du Sud à réclamer un lien ferroviaire « du Cap au Caire », mais l’occupation allemande du Tanganyika empêcha sa réalisation jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Paradoxalement, le Royaume-Uni, officiellement le champion déclaré du libre-échange, émergea comme la puissance qui avait l’empire le plus important notamment avec le Nigeria qui comptait alors 15 millions d’habitants.

Autonomie pour les colonies blanches

La transition pour les colonies peuplées majoritairement par des habitants d'origine britannique et européenne (Terre-Neuve, Canada, Australie (1901), Nouvelle-Zélande ainsi que l’Afrique du Sud (1910)) était déjà largement entamée sauf pour la politique extérieure et la déclaration de guerre de 1914 enclencha automatiquement celle de tous ces pays (dominions) qui forme ce que l'on appelle aujourd'hui le monde anglo-saxon.

L’impact de la Première Guerre mondiale

Après le conflit, une nouvelle extension eut lieu au Moyen-Orient sur des régions qui appartenaient à l’Empire ottoman, et en Afrique, sur ceux qui étaient de celui d’Allemagne. En revanche, la Ruhr (temporairement occupée) ne fit pas partie de l’empire.

Mais la Grande Guerre avait ruiné le Royaume-Uni financièrement et humainement et l’empêchait de maintenir un si vaste empire. Le déséquilibre de traitement entre les diverses catégories de ces habitants devenait impossible à contenir. La fierté nationaliste et la volonté des élites locales d’avoir plus de pouvoir augmentaient la tension. En Inde, le Parti du Congrès et Gandhi entamaient une longue lutte pour l'indépendance, marquée par les méthodes pacifiques du Mahatma.

La difficulté d'obtenir l’appui des dominions lors d’une opération militaire contre la Turquie en 1922 motivèrent la déclaration Balfour de 1926 et le statut de Westminster de 1931, qui accorde l'indépendance aux dominions (Australie, Canada, l'Etat libre d'Irlande, Nouvelle Zélande, Terre-Neuve et l'Union sud-africaine). Désormais, le lien de subordination à la Couronne britannique par un gouverneur général irait en s’atténuant et les dominions auraient leurs ambassadeurs et une politique totalement séparée. Chaque Etat légifèrera sur les droits afférents à la citoyenneté du Commonwealth.

Le Canada ouvrit une mission diplomatique aux États-Unis en 1927 et l’Australie en 1940 dont la demande deux ans plus tard du retrait des troupes sous commandement britannique en Birmanie est le signe que l'intérêt national l'emportait sur celui de l'empire.

Décolonisation

Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde guerre mondiale. En rouge, les colonies de l'empire britannique. La décolonisation va s'opérer avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux superpuissances de la guerre froide en devenir, qui transfèreront leur opposition via leur influence sur ces nouveaux pays indépendants, nonobstant l'affirmation ultérieure d'un « troisième bloc » des non-alignés.

Après la Seconde Guerre mondiale, la décolonisation devint un mouvement global, l'Inde obtenant son indépendance dès 1947, le Sri Lanka (en tant que royaume du Commonwealth) et la Birmanie en 1948, l'Égypte en 1953 et le Soudan en 1956. L'ONU établit un plan de partage pour la Palestine, alors sous mandat britannique. Celui-ci échoue ; Israël déclare son indépendance en 1948, et est immédiatement attaqué par les pays arabes qui refusent ce nouvel Etat.

Entre 1945 et 1965, le nombre de personnes assujetties à la Couronne sans vivre au Royaume-Uni passe de 700 millions à 5 millions, trois millions d'entre eux résidant à Hong Kong [2]. Churchill et Roosevelt avaient prévu l'autonomie des colonies impériales par la Charte de l'Atlantique de 1941, mais Londres, après la guerre, freine le mouvement, considérant que les pays ne sont pas « prêts » à accéder à l'indépendance.

Le British Nationality Act de 1948 accorde le statut de « citoyen du Royaume-Uni et des colonies (en) » (CUKC) à toute personne née au Royaume-Uni ou dans l'une des colonies de l'empire. Celles-ci étaient simultanément des « citoyens du Commonwealth (en) ». Jusqu'au Commonwealth Immigrants Act de 1962 (en), tout citoyen du Royaume-Uni et des colonies pouvait librement entrer et résider sur le territoire britannique, bénéficiant ainsi du right of abode (en) (« droit de domicile »). L'année suivante, le British Commonwealth devient le Commonwealth of nations.

Une dernière tentative d’action directe eut lieu en 1956 lors de la crise de Suez puis rapidement tous les pays d’une certaine importance obtinrent leur liberté (le Ghana dès 1957, la plupart des autres colonies africaines devant attendre les années 1960). En février 1960, le Premier ministre conservateur Harold MacMillan déclare ainsi au Cap: « Le vent du changement souffle sur ce continent. Que nous le voulions ou non, cette poussée de la conscience nationale est un fait politique. » Une minorité de tories fondent alors le Conservative Monday Club (en), qui s'oppose à la décolonisation et soutient le régime d'apartheid en vigueur en Afrique du Sud et en Rhodésie.

La décolonisation de l'Empire britannique fut plutôt pacifique, bien qu'elle fut aussi marquée par certaines guerres (la révolte des Mau Mau au Kenya dans les années 1950, la guerre en Malaisie (en), etc.). Elle fut surtout différenciée et progressive. Ainsi, certains Etats nouvellement indépendants deviennent des royaumes du Commonwealth, conservant le monarque britannique en tant que chef d'Etat (16 Etats en tout). D'autres abolissent la monarchie et deviennent des républiques, mais conservent tout de même un chef du Commonwealth, office symbolique et non héréditaire. 53 Etats font partie de ce Commonwealth des nations et reconnaissent ce chef, actuellement la reine Elisabeth II. D'autres obtiennent une indépendance complète et coupent tout lien avec le Commonwealth. D'autres, enfin, demeurent assujettis à la couronne britannique, devenant des territoires britanniques d'outre-mer (Gibraltar, îles Malouines, dont la possession est remise en cause par l'Argentine lors de la guerre des Malouines, le paradis fiscal des Bermudes ou des îles Caïman, etc.) ou demeurant des dépendances de la Couronne (l'île de Man et les îles anglo-normandes). Ces dernières sont complètement intégrées pour ce qui est de la citoyenneté au Royaume-Uni, ce qui n'est pas le cas des territoires britanniques d'outre-mer, les citoyens de ces derniers territoires étant assujettis aux règles de la nationalité en vigueur depuis 1981.

Le Nigeria obtient son indépendance en octobre 1960, la Somalie obtenant la sienne la même année; le protectorat du Tanganyika, l'Union sud-africaine, la Sierra Leone, les Camerouns britanniques (sous mandat de la SDN) et la Tanzanie en 1961, la Jamaïque et l'Ouganda en 1962, le Kenya en 1963, Malte en 1964, la Gambie en 1965, le Botswana et le Lesotho en 1966, Maurice en 1967, le Swaziland en 1968 et les Seychelles en 1976.

De l'indépendance unilatérale de la Rhodésie du Sud au Zimbabwe

Miné par les antagonismes raciaux, la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland est dissoute le 31 décembre 1963. Le Nyassaland prend alors son indépendance en 1964, sous le nom de Malawi, la Rhodésie du Nord devenant la Zambie. Opposée à la politique britannique qui préconise l'octroi de l'indépendance qu'après accession des Noirs à la citoyenneté, la Rhodésie du Sud dirigée par le premier ministre Ian Smith (Front rhodésien favorable au maintien de la domination blanche) déclare unilatéralement son indépendance (en) le 11 novembre 1965, tout en maintenant l'allégeance à la reine Elisabeth II. Le Royaume-Uni, le Commonwealth et les Nations Unies refusent de reconnaître le nouveau gouvernement. Les résolutions 216 (en) et 217 (en) du Conseil de sécurité de l'ONU critiquent la « minorité raciste » ayant proclamé l'indépendance et préconisent la non-reconnaissance du pays, ainsi que la non-instauration de liens diplomatiques et économiques avec le gouvernement rhodésien. Placée sous embargo, les forces militaires rhodésiennes obtiennent toutefois l'assistance du gouvernement blanc de l'Afrique du Sud (où s'appliquent alors les lois d'apartheid) et des colonies portugaises d'Angola et du Mozambique. Sur place, le gouvernement de Ian Smith affronte les indépendantistes noirs lors de la guerre du Bush (1972-1979) avant de parvenir aux accords de Salisbury mettant en place le premier gouvernement multiracial de Zimbabwe-Rhodésie. L'échec de ce dernier à se voir reconnaitre sa légitimité au niveau international débouche en décembre 1979 au retour de la Rhodésie du Sud sous la tutelle britannique et aux accords de Lancaster House (décembre 1979). La Rhodésie du Sud accède en avril 1980 une nouvelle fois à l'indépendance mais cette fois en tant que république du Zimbabwe dirigée par Robert Mugabe.

Les Antilles

En 1958, Londres créé la Fédération des Indes occidentales, regroupant plusieurs Etats des Antilles (dont la Jamaïque) en les plaçant sous l'autorité d'un gouverneur général. Celle-ci éclate en 1962, après le référendum sur l'indépendance de la Jamaïque, en 1961, et la proclamation de l'indépendance de Trinité-et-Tobago (1962). La Barbade proclame alors son indépendance (1966), devenant membre du Commonwealth. La plupart des autres colonies membres de la Fédération (Antigua-et-Barbuda, Dominique, Grenade, Saint-Christopher-Nevis-Anguilla — séparé plus tard en Saint-Christophe-et-Niévès et AnguillaSainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines) deviennent alors des Etats associés par le Associated Statehood Act de 1967 (en).

Saint-Christophe-et-Niévès devient indépendant en 1983, et rejoint le Caricom qui réunit la plupart des ex-colonies britanniques des Antilles. Le Royaume-Uni conserve toutefois Montserrat et Anguilla en tant que territoires d'outre-mer.

La disparition progressive de l'appel devant le Comité judiciaire du Conseil privé

Progressivement, les dominions abrogent la possibilité de faire appel devant le Comité judiciaire du Conseil privé, la plus haute instance judiciaire du Commonwealth et résidu de la souveraineté de la couronne britannique (le Canada à partir des années 1930, mais la dernière cause est plaidée en 1959; l'Australie entre 1968 et 1986; la Malaisie en 1978 et 1985; Singapour en 1989 et 1994; les pays de la Communauté des Caraïbes dans les années 2000, de même que la Nouvelle Zélande, en 2003).

Autres territoires

En 1984, Margaret Thatcher signe avec Deng Xiaoping la Déclaration commune sino-britannique sur la question de Hong Kong, en prévision de l'expiration du bail sur les Nouveaux Territoires, loués en 1898 à l'empire britannique pour une durée de 99 ans. La rétrocession eu lieu en juillet 1997, Hong Kong bénéficiant toutefois d'un statut spécial au sein de la Chine.

En 1966, Londres décide de louer l'île de Diego Garcia, regroupé à l'intérieur du territoire britannique de l'océan Indien en 1965, lors de l'indépendance de Maurice, aux États-Unis, pour une période de 50 ans. Celle-ci fournit une base importante pour la US Navy. Maurice et les Seychelles refusent de reconnaître la légitimité de cet accord, et revendiquent chacun cette île.

Notes et références

  1. en:Sarah Millin(en), Rhodes, Londres, 1933, p.138
  2. Judith Brown (1998), The Twentieth Century, The Oxford History of the British Empire Volume IV, Oxford University Press, p. 330. [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

  • Albert Demangeon, L'Empire britannique. Étude de géographie coloniale, Paris, Armand Colin, 1923, 280 p. (réédité)
  • (en) Michael Lynch, The British Empire, edition Teach yourself, 2005
  • (en) Nigel Dalziel, Historical Atlas of the British Empire, Penguin, 2006, (ISBN 978-0-141-01844-7)

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