Pierre Miquel

Pierre Miquel
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Pierre Miquel (né le 30 juin 1930 à Montluçon, mort le 26 novembre 2007 à Boulogne-Billancourt) est un historien et romancier français.

Pierre Miquel en 2003

Sommaire

Biographie

Fils de chapeliers parisiens[1], il passe une agrégation d'histoire mais est aussi diplômé en philosophie et docteur ès lettres. Il fut professeur au lycée Carnot, Maître de conférences à Sciences Po (1960-1970), maître assistant à la faculté de Nanterre (1964-1970), puis maître de conférences à la faculté de Lyon (1970-1971), et enfin professeur à Paris-Sorbonne, chargé de la communication de masse[1].

Auteur très prolifique, il a écrit plus de 110 ouvrages. Son premier livre, L’Affaire Dreyfus est publié en 1959, suivi en 1961 de Poincaré. Il rencontre le succès avec son Histoire de France en 1976. Deux ans plus tard, il se plonge dans les archives de la Grande guerre qui viennent de s'ouvrir. Il ne va alors plus quitter cette période, devenant un des spécialistes de l'histoire de la Première Guerre mondiale et à laquelle il consacrera de nombreux livres[1].

Il mène en parallèle une carrière à la radio et à la télévision. Dans les années 1970, il est responsable de documentaires à l'ORTF puis Antenne 2, puis producteur sur France-Inter de plusieurs séries historiques : Les Oubliés de l'histoire, Histoires de France et Les Faiseurs d'histoire[1].

Il est victime d'une hémorragie cérébrale en novembre 2005 qui le laissera gravement paralysé[1]. Il meurt à 77 ans le 26 novembre 2007, il a été soigné jusqu'à sa mort dans un établissement de l'Office national des anciens combattants (ONAC) à Boulogne-Billancourt.

Pierre Miquel est à bien des égards l'héritier de Michelet. Républicain, il admirait l'audace de la Révolution française et il défendait l'héritage des combats républicains. Il s'était lancé dans l'étude de cette tâche obscure de l'histoire, rien de moins que rendre au peuple sa juste et véritable place. Il écrivit "La Grande Révolution" en faisant le chemin des provinces et "La Grande Guerre " en plaçant au centre de son travail les simples soldats. Historien d'archives sachant utiliser les témoignages, Pierre Miquel a bâti une fresque de la France en guerre.

Commentaire

d'après Jean-Paul Perrin, in Les Cahiers bourbonnais, n°202, hiver 2007-2008.

Pierre-Gabriel-Roger Miquel était né le 30 juin 1930, au 43 de la rue Saint-Jean, à Montluçon, « une ville très gaie, à l’époque » car, aimait-il à rappeler, « on le sait peu, mais rien n’est plus beau qu’une ville ouvrière ». Son père, Jean Miquel, était chapelier à Paris, mais ses racines étaient belles et bien bourbonnaises. Un oncle, ouvrier à l’usine Saint-Jacques… Une enfance nérisienne des plus heureuses, entre un grand-père porteur de dépêches jusqu’à octante passé, et une grand-mère qui aimait à lui conter, à la veillée, les récits de la Grande guerre. C’est peut-être elle qui, sans le savoir, lui avait donné le goût de l’histoire.

Après un intermède montluçonnais, c’est au lycée Henri-IV qu’il avait poursuivi ses études pour décrocher le baccalauréat, prélude à de brillantes études supérieures à la Faculté des Lettres de Paris : un diplôme d’études supérieures de philosophie… L’agrégation d’histoire en 1955… Un doctorat d’histoire. Le parcours classique d’un apprenti Sorbonnard qui devra quand même faire ses premières armes entre les lycées d’Avignon et de Melun. Tout en enseignant ensuite au lycée Carnot, à Paris, il commence à écumer les archives de la Grande guerre, à peine entrouvertes, pour nourrir sa thèse centrée sur le « Traité de Versailles et l’opinion publique », dont il publiera un condensé en 1971. Peu de chercheurs s’intéressent alors à la question tout comme aux survivants de 14-18, encore nombreux. Le Poilu n’a pas droit au statut de personnage mythique et si l’on écrit beaucoup sur les généraux ou les batailles, on ne se soucie guère du vécu effroyable de ces sacrifiés. Ce faisant, Pierre Miquel ignore qu’il met le doigt dans l’engrenage d’une œuvre dont le cœur sera précisément 1914-1918. Du lycée, il passe à l’université en devenant assistant à la faculté des Lettres de Paris (1961-1964) puis maître-assistant à Nanterre (1964-1970). En mai 1968, il est donc aux avant-postes des soubresauts estudiantins. Il enseigne en parallèle à Sciences-Po, durant la décennie 1960 et, à partir de 1975, il officie à la Sorbonne, dispensant « la communication de masse » et bouclant ainsi un prestigieux parcours. Mais c’est son abondante production historique et son sens de la communication qui vont le propulser à la radio et à la télévision, le faisant passer du stade d’historien « pour public motivé » et reconnu par ses seuls pairs à celui de « raconteur d’histoire », connu du grand public. En mettant l’homme au premier plan de la scène historique, en maniant habilement l’anecdote, « l’historien de la vie des gens », comme il se définissait, va redevenir pour ses milliers de lecteurs le prof qui sait passionner son auditoire, le verbe net et l’esprit clair. Sa série de La vie privée des hommes ou encore ses Oubliés de l’histoire sur les ondes de France Inter montreront assez de quel côté son cœur penchait.

Reconstituer la bibliographie miquelienne relève de l’exploit. Il faudrait citer plus d’une centaine de titres, peut-être même le double, entre les ouvrages qu’il a écrits et ceux auxquels il a participé ou qu’il a patronnés. La liste s’ouvre avec L’affaire Dreyfus (1959), suivi d’un Poincaré (1961). Pierre Miquel ne cachait pas qu’il avait initialement basculé dans l’écriture pour chercher à « arrondir ses fins de mois ». Porté par l’engouement inattendu du grand public pour les biographies, il se fera vraiment un nom en 1976, lorsque Fayard sortira son Histoire de France. La paix de Versailles et l’opinion publique française (1971), La Grande guerre (1983), L’armée française (1880-1930) montrent assez sa passion pour cette Troisième République, à laquelle il a consacré un ouvrage éponyme en 1989. Tout comme il s’était penché sur sa fin peu glorieuse, avec L’exode 18 mai – 20 juin 1940 (2003), après qu’il eut rappelé le choix courageux des Quatre-vingts (qui) ont dit non à Pétain (1995). La Quatrième République (1982), La guerre d’Algérie (1993), L’histoire de la radio et de la télévision (1973), des médias largement boudés par ses confrères, Les guerres de religion (1980), ou encore plusieurs ouvrages consacrés à l’épopée napoléonienne, dont Austerlitz, son ultime livre publié en 2005, montrent assez l’éclectisme de l’historien. La Fondation Napoléon ne s’y était pas trompé en saluant sa Campagne de France de Napoléon ou Les éclairs du génie (2001) avec l’attribution de son Grand prix. Pierre Miquel ne cachait d’ailleurs pas sa passion pour l’Empereur qui avait fait de lui un collectionneur de soldats de plomb de la grande armée. L’Aigle ou son neveu, avec Le second Empire (1992) ne l’empêchaient pas toutefois de tracer de belles pages sur Vincent de Paul (1996). Entre la vision globale d’une Histoire de la France (1976) ou d’une Histoire du monde contemporain (1991), il était capable d’intercaler des ouvrages focalisant sur Les polytechniciens (1994), Les aristos ou encore Les gendarmes quand il ne s’agissait pas d’une Petite histoire des stations de métro ou d’une Petite histoire des noms de lieux, Villages et villes de France (1993). Derrière la grande histoire, il savait aussi saluer le courage et les souffrances de cette foule d’acteurs anonymes, sans lesquels la grande histoire ne se serait pas faite : ce seront Les Poilus (2000), sacrifiés à l’incompétence de généraux à la gloire un peu (beaucoup ?) usurpée, qui lui avaient inspiré Le chemin des dames (1997), Le gâchis des généraux (2001) et Les oubliés de la Somme. Loin de l’image d’Épinal, il pointait les tragiques erreurs de commandement en 14-18, qu’elles émanent d’intouchables tels que Joffre, auréolé de la victoire de la Marne, Foch, le généralissime de la victoire de 1918 ou encore d’un Pétain statufié pour des décennies en héros de Verdun : « S’il était bon de fusiller les caporaux, écrivait-il, les généraux avaient, eux, droit à des égards, même s’ils s’étaient parfois lourdement trompés »... Un très bel album, 14-18, mille images inédites, publié en 1988, avait permis aux lecteurs de pénétrer dans le quotidien de souffrances des soldats, jusqu’au fond de leurs tranchées. Ces poilus, en majorité des paysans, il avait pu montrer leur parcours et leur filiation dans La France et ses paysans, une histoire du monde rural au XXe siècle. Il se plaisait aussi à débusquer Les mensonges de l’histoire (2003). Ce que Philippe-Jean Catinchi, en lui rendant hommage dans Le Monde, traduit par « une gourmandise pour une science qu’il servit d’abord en universitaire puis en passeur médiatique ».

Mais le pédagogue savait aussi quel était le pouvoir de l’image. C’est ce qui l’avait amené à diriger la collection de La vie privée des hommes au temps de … déclinée chez Hachette en des dizaines de volumes dans lesquels écoliers et collégiens ont puisé et puisent encore. Combien de manuels d’histoire ont emprunté à sa riche iconographie ? Cet amoureux de Clio était aussi capable de pousser un coup de gueule contre ceux qu’il accusait de la trahir et de lui faire des infidélités. On se souvient de sa Lettre ouverte aux bradeurs de l’histoire, qui avait fait quelques remous en 1981. À la façon d’un Max Gallo, l’historien Miquel qui avait su se constituer un lectorat fidèle avait éprouvé le besoin d’endosser l’habit du romancier Miquel, puisant toujours sa matière dans l’histoire. Une de ses premières incursions hors des terres historiennes avait été Le fou de Malicorne, couronné par le prix Emile-Guillaumin en 1990. Il avait situé l’action de ce gros roman en 1943, « dans une petite ville du centre de la France, non loin de Montluçon ». Il y était question du conflit entre un jeune maquisard et son père, un Poilu de la Grande guerre, qui finira par déboucher sur un drame. Ce devait être ensuite Le magasin des chapeaux en 1992, un roman marqué par son univers familial et ses souvenirs d’enfant. Viendrait ensuite Le jeune homme au foulard rouge (1994). La parenthèse sera refermée à partir de 2002, avec Les Enfants de la patrie, une suite romanesque en quatre volumes retraçant le parcours de ces soldats ballottés par les vagues de la Grande guerre. Le premier tome s’ouvre sur le mariage du jeune Aumoine, à Huriel, à quelques jours de la déflagration d’août 1914. Huriel…Encore et toujours les racines familiales.

Au-delà des lecteurs qui se pressaient autour de lui lors des salons du livre comme celui de Brive, le grand public avait appris à connaître Pierre Miquel à travers ses documentaires pour la télévision, dont il lisait souvent lui même les commentaires, et ses émissions à la radio. Sa voix savait capter l’auditoire. La télévision s’était attaché ses compétences comme chef du service des documentaires filmés en 1972, avant qu’Antenne 2, ancêtre de France 2, ne le nomme responsable des documentaires en 1975. France Inter lui avait ouvert ses micros pour Les Oubliés de l’histoire, suivis des Histoires de France et des Faiseurs d’histoire. Au fil d’une œuvre abondante, on comprend que Pierre Miquel ait été couronné par plusieurs prix prestigieux, dont celui de la Société des gens de lettres en 1999. La République avait aussi voulu reconnaître son parcours en lui conférant quelques-unes de ses plus belles distinctions : la Légion d’honneur en avait fait un officier, les Palmes académiques, un chevalier, tandis que l’ordre du Mérite et les Arts et Lettres l’avaient hissé au grade de commandeur.

Il est sans doute prématuré de dire ce qui restera d’une œuvre qui compte probablement plus de 150 ouvrages. D'aucuns lui ont d’ailleurs quelquefois reproché sa trop grande prolixité, faisant de lui un « stakhanoviste » de la plume. Certains ont pris un malin plaisir à pointer ici une erreur de nom, là de lieux ou encore de dates. Impardonnable !… D’autres ne s’en remettaient pas qu’il ait côtoyé la notoriété, le succès et les grands tirages et ils ne lui pardonnaient pas d’être « sorti de l’histoire savante ». Mais si l’on fait la part entre l’essentiel et l’accessoire, il ne fait guère de doute que Pierre Miquel aura su faire partager son savoir et sa passion à des milliers de lecteurs, suscitant certainement au passage quelques vocations. En saluant sa mémoire, Christine Albanel, ministre de la culture, a parlé de « l’auteur d’une œuvre multiforme qui a sondé la mémoire de l’histoire de France dans toute sa diversité ». Elle a aussi rendu hommage à un « brillant conteur, dont les récits ont permis à des générations entières de se familiariser avec leur histoire, de la Révolution à la tragédie de Verdun, des Guerres de religion au Chemin des Dames ». Loin d’avoir été un de ces Sorbonnards pontifiants et indéchiffrables, arc-boutés sur leurs thèses, « il fut , selon Philippe-Jean Catinchi, pour les Français ce professeur au verbe net, à la langue et à l’esprit clairs, capable de défendre un message civique et républicain, rassurant quand les repères se brouillent », promouvant « une histoire pour tous où l’ironie comme l’humour tempéraient volontiers la dureté des constats ».

Œuvres

Ouvrages d'histoire

Romans, essais, chroniques

Liens externes

Références

  1. a, b, c, d et e Pierre Miquel est mort Le Figaro, 26 novembre 2007

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre Miquel de Wikipédia en français (auteurs)

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