Josef Mengele

Josef Mengele
Josef Mengele
Josef Mengele en 1935

Nom de naissance Josef Mengele
Surnom L'ange de la mort
Naissance 16 mars 1911
Guntzbourg (Bavière, Allemagne)
Décès 7 février 1979 ( (à 67 ans)
Bertioga (Brésil)
Nationalité Drapeau d'Allemagne Allemagne
Profession médecin nazi
Famille Karl Mengele, son père
Walburga, sa mère
Karl et Alois, ses frères
Irène, sa première femme
Martha, sa seconde femme
Rolf, son fils

Josef Mengele (16 mars 1911 à Guntzbourg en Allemagne7 février 1979 à Bertioga au Brésil) était un médecin nazi allemand actif notamment au camp de concentration d'Auschwitz, où il a participé à la sélection des déportés voués à un gazage immédiat et s'est livré sur de nombreux prisonniers à des expériences pseudo-scientifiques constituant des crimes de guerre.

Après la guerre, il ne fut jamais capturé et vécut 35 ans en Amérique latine sous divers pseudonymes, dont celui de Wolfgang Gerhard sous lequel il fut inhumé en 1979 au Brésil. Il est connu sous le surnom d'« ange de la mort ».

Sommaire

Jeunesse

Josef Mengele nait à Günzburg, cité médiévale située au bord du Danube. Il est le deuxième enfant[1] et l'aîné des trois fils de Karl Mengele (1881-1959) et de sa femme Walburga (née Hupfauer, † 1946), de riches industriels bavarois. Ses frères se nomment Karl (1912-1949) et Alois (1914-1974). En janvier 1930, il quitte sa ville natale pour rejoindre Munich. En 1931, il rejoint l'organisation nationaliste et paramilitaire des Casques d'acier.

En octobre 1933, il s'inscrit à la SA, puis part pour Francfort, où il étudie la médecine. Il obtient son doctorat en 1938, année où il devient également membre du parti nazi ; il entre ensuite dans la SS. Peu de temps après, il est nommé à l'Institut de Biologie Héréditaire et d'Hygiène Raciale de Francfort, où il travaille comme assistant d'Otmar von Verschuer, selon lequel « le meilleur moyen de repérer les influences héréditaires était d'étudier les jumeaux[2] ».

Membre de la Waffen-SS, depuis 1940, il sert comme médecin militaire sur le front de l'est ; blessé au front et décoré de la croix de fer il est transféré, en mai 1943, au bureau central SS de l'administration et de l'économie, qui supervise les camps de concentration nazis, puis, à la fin du mois, il est affecté au camp de concentration d'Auschwitz[2].

Auschwitz

Bloc 10 à Auschwitz

Mengele est notamment chargé, comme d'autres médecins SS du camp[3], de la sélection des déportés qui arrivent au camp : ceux qui peuvent travailler sont temporairement gardés en vie ; les autres, dont les femmes, les enfants et les vieillards, sont immédiatement dirigés vers les chambres à gaz et exterminés[4]. Toujours vêtu d'un uniforme bien coupé et de bottes parfaitement cirées, il fait souvent impression sur les détenus de par sa politesse et son élégance. Lorsqu'il rencontre une résistance, il « abandonne sa pose élégante » pour fouetter de sa cravache ceux qui refusent d'être séparés de leur famille ; lorsqu'une mère attaque un SS qui veut la séparer de sa fille, il l'abat d'un coup de revolver, puis assassine également la fille avant d'envoyer la totalité des déportés du convoi vers les chambres à gaz[3].

Faisant partie des médecins du camp, Mengele visite régulièrement les salles de l'hôpital de celui-ci, « avec le manteau blanc immaculé qu'il portait par-dessus son uniforme SS, fleurant l'eau de Cologne et sifflant des airs de Wagner » : au cours de ces inspections, il désigne, en levant ou en baissant le pouce, les malades voués aux chambres à gaz, parfois simplement « sur des bases purement esthétiques », une vilaine cicatrice ou une éruption cutanée équivalant à une condamnation à mort. Lors d'une de ses visites, il fait tracer une ligne horizontale sur un des murs du bloc des enfants et fait gazer ceux dont la taille est inférieure à la limite qu'il a fixée[3]. Dans certains cas, il procède lui-même et immédiatement à une injection mortelle de phénol, en « prenant un plaisir évident à son travail »[3].

Mengele utilise également sa nomination à Auschwitz comme une occasion de reprendre sa carrière de chercheur scientifique, entamée à l'université de Francfort mais interrompue par la Seconde Guerre mondiale ; l'un de ses projets porte sur l'étude du noma, maladie qui provoque de graves mutilations faciales et dont il pense qu'elle a un caractère héréditaire, particulièrement fréquent chez les Tziganes[2]. Dans la ligne de son mentor, Otmar von Verschuer, il met également en place des programmes de recherche pseudo-scientifiques, portant sur les jumeaux, mais aussi sur les nains, les bossus, les transsexuels[3]... Dans ce cadre, il se considère comme un « scientifique normal » et tient un séminaire de recherche régulier avec ses assistants, auxquels il intègre des déportés ayant une formation médicale[5].

Pour ses recherches sur le noma, Mengele traite un grand nombre d'enfants souffrant de cette maladie, en leur administrant des vitamines et des sulfamides ; mais dès que les progrès sont suffisants pour attester de l'efficacité du traitement, il interrompt celui-ci et laisse les enfants rechuter[2].

Même quand il n'est pas de service, Mengele inspecte les nouveaux arrivants à la recherche de jumeaux ou supposés tels : il les préserve de l'extermination immédiate, les installe dans des baraques séparées du reste du camp, en conservant leurs effets personnels et, lorsqu'ils sont très jeunes, sauve leur mère de la chambre à gaz pour s'occuper d'eux[6]. Si Mengele ne permet pas que les jumeaux soient battus ou maltraités, il les traite comme des rats de laboratoire, en leur injectant divers produits chimiques ou en leur en appliquant sur la peau, afin de mettre au jour d'éventuelles différences de réaction ; si des jumeaux tombent malades et que le diagnostic est incertain, il leur fait une injection mortelle pour les autopsier afin de déterminer les causes exactes de la maladie[6]. Malgré ses prétentions scientifiques, Mengele est incapable de distinguer vrais et faux jumeaux, et certains enfants « proches par l'âge et l'apparence » réussissent à échapper à l'extermination en se faisant passer pour des jumeaux[6].

Fuite, disparition et décès

Sa maison à Hohenau (Paraguay)

En janvier 1945, peu avant la libération de Cracovie par l'Armée rouge, Mengele quitte le camp et rejoint sa Bavière natale. Sa famille l'y accueille en soldat qui a fait son devoir. Peu sont ceux qui lui réclament des détails sur ses années de services et pendant près de cinq ans, il vit confortablement.

Cependant, les témoins aux procès des criminels de guerre commencent à citer son nom. Ses anciens collègues, son chauffeur SS, révèlent des détails toujours plus accablants. Les Américains, qui contrôlent la zone de Günsburg et qui jusque-là avaient ignoré le personnage, commencent à s'y intéresser. Mengele estime qu'il est temps de disparaître. Au début de l'année 1951, Mengele franchit clandestinement le col de Reschen et gagne Merano. De multiples détours le conduisent en Espagne d'où il s'embarque pour l'Amérique latine. Il arrive à Buenos Aires en 1952 où il ouvre quelques mois plus tard un cabinet médical dans un quartier résidentiel. Mengele n'a pas de permis de travail mais ce n'est pas un problème : il a d'excellentes relations avec la police du dictateur Peron, dont la carrière a été favorisée par le IIIe Reich, et compte de nombreux amis dans l'influente colonie nazie.

En 1954, sûr de sa retraite, il expédie une demande de divorce à Fribourg-en-Brisgau, son dernier lieu de résidence avec sa femme. Une erreur qui permettra à Simon Wiesenthal de retrouver sa trace en 1959. Insouciant, Mengele fréquente allègrement les cercles mondains de Buenos Aires et épouse en seconde noces la femme de son frère Karl, mort pendant la guerre. Mais le 16 septembre 1955, le régime de Peron s'effondre. Leur protecteur disparu, la plupart des nazis réfugiés en Argentine émigrent alors au Paraguay voisin. Mengele en fait partie mais la situation se stabilisant en Argentine, il revient s'y installer. Aucune poursuite n'étant entreprise contre lui dix ans après la capitulation nazie, il prend la direction de la succursale argentine de l'entreprise familiale sous sa véritable identité.

Au début de l'année 1959, le père de Mengele meurt. Mengele n'hésite pas à rentrer à Günsburg pour assister aux obsèques. Personne ne songe alors à le dénoncer. Mais depuis quelques mois a commencé en Allemagne le grand procès d'Auschwitz et bientôt son nom est cité parmi les principaux accusés. Le 5 juillet 1959, le procureur de Fribourg-en-Brisgau lance un mandat d'arrêt contre lui. Une demande d'extradition est formulée mais les Argentins prétendent ne pas connaître son adresse. Simon Wiesenthal prend alors l'affaire en main et demande à un de ses informateurs à Buenos Aires de découvrir l'adresse exacte de Mengele, ce qui est fait le 30 décembre 1959. Deux demandes d'extraditions se heurteront à un refus poli : le passé de Mengele est jugé comme relevant du délit politique, ce qui sur un continent où les coups d'État se succèdent, ne constitue pas un motif légitime pour une extradition.

Mengele a de toute manière pris les devants. Alerté dès le début des procédures engagées contre lui, il s'est rendu au Paraguay dont il a acquis la nationalité le 27 novembre 1959. Le témoignage de deux de ses amis, le baron Alexandre von Eckstein et l'homme d'affaire Werner Jung, lui ont permis de prouver qu'il réside dans le pays depuis plus de cinq ans, condition préalable à l'obtention de la nationalité. Muni de ce sauf-conduit rassurant, Mengele rentre à Buenos Aires et attend la suite des événements. Mais la passivité des Argentins pousse les agents israéliens, qui ont récemment retrouvé et enlevé Adolf Eichmann, à agir. Ils resserrent la surveillance autour de sa villa et se préparent à l'enlever aussi. Mais Mengele leur échappe[7].

Il est brièvement aperçu à Bariloche, station de villégiature a proximité de la frontière chilienne, avant de disparaître de nouveau. Entre-temps, l'Argentine s'est décidée à lancer un mandat d'arrêt contre lui, et la piste de Mengele se perd dans la forêt brésilienne. Pendant plus d'un an, il restera introuvable. En avril 1961, un informateur, ancien membre des SS dont il s'est vite désolidarisé, alerte Wiesenthal : Mengele a été repéré en Égypte où il se prépare à gagner la Crète ou une des îles voisines. Les services israéliens s'activent mais Mengele parvient à nouveau à s'échapper.

Convaincu que l'Amérique latine est le seul endroit où il sera en sécurité, Mengele est de retour au Paraguay en 1962. Sa femme et son fils sont restés en Europe, où ce dernier poursuit ses études. Simon Wiesenthal les localise sans peine mais l'enquête révèle que Mengele n'est pas sur place, même de façon épisodique. Mengele est en effet à Asunción, la capitale du Paraguay, véritable refuge pour anciens nazis. En juillet 1962, le Paraguay reçoit à son tour une demande d'extradition. Craignant que sa nouvelle nationalité ne le protège pas suffisamment, Mengele se retire dans une province reculée près de la frontière.

La veille de Noël 1963, Rolf Mengele (né en 1944), le fils du Dr Mengele, prévient ses camarades qu'il doit se rendre en Italie pour rencontrer un proche parent qui vit depuis de nombreuses années en Amérique du Sud. Lorsque Wiesenthal, prévenu trop tard, arrive à l'hôtel milanais où le jeune homme est descendu, il apprend que la note a été réglée par le Dr Gregor Gregory, une des nombreuses identités dont use Mengele.

En août 1966, à Hohenau, petite station de villégiature prisée des Paraguayens, six hommes font irruption dans l'hôtel Tirol à la recherche du Dr Fritz Fischer (de). Lorsqu'ils arrivent dans la chambre de celui-ci, elle est vide, l'homme s'est échappé par les toits et ses poursuivants israéliens ont encore raté leur cible.

Mengele finit sa vie dans un deux-pièces cuisine de la banlieue de São Paulo, complètement reclus, sans aucune relation sociale de peur d'être reconnu, vivant chichement des subsides envoyés par sa famille ou d'anciens nazis.

Malgré tous les efforts internationaux pour le trouver, Mengele ne fut jamais pris et après 34 ans de fuite, il meurt noyé au Brésil en 1979, foudroyé par une attaque cardiaque durant une baignade à Bertioga. Sa tombe fut localisée en 1985 par un effort combiné des autorités américaines, allemandes et sud-américaines. Après exhumation, il fut identifié en 1992 par des tests génétiques sur ses os (mâchoire) réalisés par les légistes de UNICAMP (Université de Campinas), et Clyde Snow a confirmé l'identité de Mengele.

Postérité

Selon les services israéliens[8], Mengele ne constitue pas le pire des criminels nazis. D'autres médecins, tels Carl Clauberg ou Horst Schumann, lui sont bien supérieurs en ce domaine.[réf. souhaitée] De la même manière, son rang dans la SS était modeste et ses recherches n'ont jamais attiré l'attention d'Himmler, le chef suprême de la SS peu réticent à ce genre d'expériences. Cependant il a des centaines de victimes à son actif ; rien que pour ses expériences sur les jumeaux, il fait 111 victimes[9]. D'avoir échappé si longtemps aux polices les plus expérimentées a certes contribué à faire de Mengele un personnage médiatique, mais il restera avant tout dans les mémoires et dans l'histoire du XXe siècle comme l'un des pires symboles de la médecine dévoyée et criminelle à l'œuvre sous le troisième Reich.

Littérature, théâtre, musique et cinéma

Josef Mengele devient à partir des années 1970 un personnage littéraire et cinématographique :

Josef Mengele apparaît dans les romans Les Bienveillantes de Jonathan Littell en 2006, Une douce flamme (A Quiet Flame) de Philip Kerr en 2008 (2010 pour la traduction française) et Oméga Mineur du Belge Paul Verhaeghen, publié en néerlandais en 2004 sous le titre Omega Minor puis traduit par ses soins vers l'américain (2010 pour la traduction française de Claro).

Références

  1. Les médecins de la mort, tome 2, p. 76. Philippe Aziz, éd. Famot, 1975.
  2. a, b, c et d Richard J. Evans, Le Troisième Reich. 1939-1945, p. 710
  3. a, b, c, d et e Richard J. Evans, Le Troisième Reich. 1939-1945, p. 712
  4. témoignage du médecin SS Johann Kremer, qui a assisté entre septembre 42 et novembre 42 à 15 'sélections' in les chambres à gaz, secret d'état, Eugen Kogon, Hermann Langbein, Seuil 1987, p.193 - document original - KL Auschwitz in den Augen der SS Musée d'Auschwitz 1973 pp.174 à 177 (trad.française Auschwitz vu par les SS
  5. Richard J. Evans, Le Troisième Reich. 1939-1945, p. 713
  6. a, b et c Richard J. Evans, Le Troisième Reich. 1939-1945, p. 711
  7. « Comment le Mossad a raté la capture de Josef Mengele », le Figaro, 3 septembre 2008.
  8. Les médecins de la mort, tome 2, p248-249 : interview de Moshe R., agent du Mossad, daté du 19 avril 1972
  9. Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Fayard éditions

Annexes

Bibliographie

  • Miklós Nyiszli (it), Médecin à Auschwitz, René Julliard, 1961, J'ai lu (Leur Aventure, n°A266) 1966. Témoignage d'un déporté juif-hongrois qui, ayant eu la chance d'être médecin, ne fut donc pas gazé comme presque tout son convoi, mais devint l'adjoint du Dr Mengele dans ses immondes besognes.
  • Les médecins de la mort, Philippe Aziz, Éditions Famot, 1975. Le deuxième tome de cette série de quatre est consacré au camp d'Auschwitz et aux exactions qui y ont été commises, notamment par Mengele.
  • Le mystère Mengele, sur les traces de l'Ange de la mort en Amérique latine, Jorge Camarasa, Robert Laffont, 1979, 170 p.
  • (en) Tom Segev, Simon Wiesenthal. The Life and Legends, Doubleday, New York, 2010 (ISBN 978-0-385-51946-5).

Voir aussi

Liens externes


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