- Lili Marleen
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Pour le film du même nom, voir Lili Marleen (film).
Lili Marleen est une chanson allemande dont les paroles sont inspirées du poème écrit en 1915 par le romancier Hans Leip, alors mobilisé.
Dans sa version originale, elle a d'abord été interprétée par la chanteuse Lale Andersen en 1938. Les versions les plus populaires ont été chantées en allemand ou en anglais par Marlène Dietrich.
Sommaire
Le poème
Hans Leip a écrit Lied eines jungen Wachpostens (en français « Chanson d'une jeune sentinelle ») à Berlin pendant la Première Guerre mondiale, avant son départ pour le front russe en avril 1915.
Leip était amoureux de deux jeunes filles : Lili, nièce de sa logeuse, et Marleen, infirmière, qu'il a unies en une seule. Consigné à la caserne pour de nombreuses indisciplines, il déprime alors qu'il fait les cent pas en tant que sentinelle. Il écrit alors sur son lit de camp les trois premières strophes.
Selon une autre version de la genèse du poème, Hans Leip était amoureux de Lilly Freud (1888-1970), fille de Marie Freud, la sœur de Sigmund Freud. Hans Leip a admis avoir connu Lilly Freud qui, en 1917, a épousé l'acteur et metteur en scène Arnold Marlé. Après ce mariage, Leip aurait composé un poème sur « Lilly Marlé », devenu « Lili Marleen ». Lilly Freud-Marlé disait elle-même être la "Lili Marleen" de la chanson, ce qui se raconte encore dans sa famille[1].
La chanson
D'abord un échec
Quand, en 1936, la chanteuse réaliste allemande Lale Andersen découvre le poème de Hans Leip qu'il vient de publier dans un recueil de poésie, elle demande au compositeur Rudolf Zink (de) de le mettre en musique, et interprète la chanson au début de 1937. En 1938, elle demande également au compositeur Norbert Schultze, avec lequel elle avait eu une aventure sans lendemain en 1932, de mettre lui aussi ce poème en musique[2]. Elle chante alternativement les deux versions dans les cabarets mais c'est cette dernière version, à la mélodie plus martiale que celle de Rudolf Zink, qui est enregistrée en août 1939 et qui s'imposera pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette chanson nostalgique, jugée par la critique "terne et sans rythme", est un échec commercial avant la guerre (seulement 700 exemplaires du disque vendus).
Un succès inespéré en Allemagne nazie
En 1941, l'Allemagne est en pleine guerre sur plusieurs fronts et changeant brusquement de statut cette chanson d'amour va devenir un chant de guerre. Son succès est lancé le 18 août 1941 lorsque le lieutenant Heinz-Karl Reitgen, directeur de la radio militaire allemande de Belgrade, programme, faute de mieux, ce disque au rebut car les bombardiers anglais ont détruit son entrepôt de disques. Les soldats de la Wehrmacht éloignés de leur foyers et de leurs amies envoient des dédicaces à une émission populaire de cette radio qui fait de la chanson son indicatif. Ce succès fut même tel que l'on s'en inquiéta au NSDAP. Selon Norbert Schultze, Joseph Goebbels disait que cette chanson "sentait la danse macabre"[3].
Goebbels tente d'abord de faire détruire la matrice du disque, puis interdit son interprétation. Mais la chanson a trois protecteurs : le maréchal Erwin Rommel qui incite les radios à la programmer (jusqu'à 35 fois par jour), Emma Göring, seconde épouse d'Hermann Göring et ancienne chanteuse d'opéra, Max Schmeling, boxeur idole des nazis dont le biographe n'est autre que Hans Leip.
- Un second détournement : Goebbels ne parvint pas à faire appliquer cette décision. Mais il tient sa « revanche » lorqu'il édite une nouvelle version de la chanson : elle est transformée de chant militaire en marche nazie que les Einsatzgruppen diffusent pendant leurs assassinats…
Lili devient un succès mondial
Grâce à la radio militaire allemande de Belgrade, cette chanson — ou du moins son air — franchit la Méditerranée et fut entendue et adoptée par les soldats alliés combattant en Tripolitaine. Ainsi, en 1941, l'émission dédiée aux dédicaces entraîne quotidiennement le cessez-le-feu entre les troupes anglaises et allemandes à Tobrouk lorsque la chanson est diffusée dans les haut-parleurs. Pour les belligérants et les civils des deux camps, elle devient l'hymne de la Seconde Guerre mondiale, adopté et chanté en allemand jusqu'au printemps 1944.
En 1942 on vend 160.000 exemplaires du disque et, en l'espace de six mois, la chanson est adaptée dans 48 langues[1]. Le principal argument de vente n'est plus l'amour et la nostalgie (cependant toujours présents) mais la liberté. En effet, ce disque interdit par Goebbels devient, de fait, le symbole de la liberté couronnant la victoire des Alliés, la chute de l'Axe et la Libération. Les paroles françaises, dues à Henri Lemarchand, furent écrites à la fin de 1941 à la demande de Suzy Solidor, qui créa la version française dans son cabaret « La Vie parisienne » en janvier 1942.
- Troisième détournement, la version anglaise : devant ce succès, l'armée britannique se vit contrainte de faire produire une version anglaise en mai 1943, dont les interprétations jazzy par Anne Shelton (en) et Vera Lynn connurent un succès fulgurant. Cependant, les soldats alliés en attribuèrent à tort la paternité à la seule « Marlène » qu'ils connaissaient, la chanteuse antinazie Marlène Dietrich. Si bien qu'à la fin de la guerre, celle-ci finit elle aussi par capituler pour donner à son tour une version langoureuse en anglais, en faisant un hymne à la Libération.
À la suite de l'immense succès de la version US interprétée en swing par les Andrew Sisters et le big band (grand orchestre) de Glenn Miller, les Américains profitent de la Libération pour récupérer les droits de la chanson et envoyer Lale Andersen effectuer des tournées pour le théâtre aux armées, auprès des soldats en Corée et en Indochine. Chanson subversive, car transcendant les clivages, elle est interdite dans plusieurs pays totalitaires (RDA, Yougoslavie de Josip Broz Tito) et devient l'hymne anti-nucléaire pendant la Guerre froide. En 2005, pour la commémoration du 60e anniversaire du Débarquement, la chanteuse Patricia Kaas devait la chanter en Mondovision, mais les Polonais refusèrent en raison de l'épisode des Einsatzgruppen, lui préférant l'Hymne à l'amour.
Pour l'écrivain John Steinbeck, Lili Marleen était « la plus belle chanson d’amour de tous les temps ».
Les paroles en allemand
Version originale par Lale Andersen, 1938
- Vor der Kaserne
- Vor dem großen Tor
- Stand eine Laterne
- Und steht sie noch davor
- So woll'n wir uns da wieder seh'n
- Bei der Laterne wollen wir steh'n
- Wie einst Lili Marleen.
- (chorus) Wie einst…
- Wie einst Lili Marleen.
- (chorus) Wie einst Lili Marleen.
- Unsere beide Schatten
- Sah'n wie einer aus
- Daß wir so lieb uns hatten
- Das sah man gleich daraus
- Und alle Leute soll'n es seh'n
- Wenn wir bei der Laterne steh'n
- Wie einst Lili Marleen.
- (chorus) Wie einst…
- Wie einst Lili Marleen.
- (chorus) Wie einst Lili Marleen.
- Schon rief der Posten
- Sie briefen (der*) Zapfenstreich
- Das kann drei Tage kosten
- Kam'rad, ich komm ja gleicht
- Da sagten wir auf Wiedersehen
- Wie gerne wollt ich mit dir geh'n
- Mit dir Lili Marleen?
- (chorus) Mit dir…
- Mit dir Lili Marleen?
- (chorus) Mit dir Lili Marleen.
- Deine Schritte kennt sie,
- Deinen schönen Gang
- Alle Abend brennt sie
- Doch mich vergaß sie lang
- Und sollte mir ein Leids gescheh'n
- Wer wird bei der Laterne stehen
- Mit dir Lili Marleen?
- (chorus) Mit dir…
- Mit dir Lili Marleen?
- (chorus) Mit dir Lili Marleen.
- Aus dem stillen Raume,
- Aus der Erde Grund
- Hebt mich wie im Traume
- Dein verliebter Mund
- Wenn sich die späten Nebel dreh'n
- Werd' ich bei der Laterne steh'n
- Wie einst Lili Marleen?
- (chorus) Wie einst…
- Wie einst Lili Marleen?
- (chorus) Wenn sich die späten Nebel dreh'n
- (chorus) Werd' ich bei der Laterne steh'n
- Wie einst Lili Marleen?
- (chorus) Wie einst…
- Wie einst Lili Marleen?
- (chorus) Wie einst, Marleen…
- (chorus) Wie einst, Marleen.
- "Sie briefen der Zapfenstreich" OU, autre version, "Sie briefen Zapfenstreich" : Lale Andersen a parfois ajouté « der », article défini allemand masculin, équivalent de « le » en français.
Autres versions
Version de Marlène Dietrich (seuls quelques mots diffèrent)
- Vor der Kaserne
- Vor dem großen Tor
- Stand eine Laterne
- Und steht sie noch davor
- so woll'n wir uns da wieder seh'n
- Bei der Laterne wollen wir steh'n
- Wie einst Lili Marleen. (bis)
- Unsere beide Schatten
- Sah'n wie einer aus
- Daß wir du lieb uns hatten
- Das sah man gleich daraus
- Und alle Leute soll'n es seh'n
- Wenn wir bei der Laterne steh'n
- Wie einst Lili Marleen. (bis)
- Deine Schritte kennt sie,
- Deinen schönen Gang
- Alle Abend brennt sie
- Doch mich vergaß sie lang
- Und sollte mir ein Leids gescheh'n
- Wer wird bei der Laterne stehen
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
- Aus dem stillen Raume,
- Aus der Erde Grund
- Hebt mich wie im Traume
- Dein verliebter Mund
- Wenn sich die späten Nebel dreh'n
- Werd' ich bei der Laterne steh'n
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
- Wenn sich die späten Nebel dreh'n
- Werd' ich bei der Laterne steh'n
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
Version chantée en public par Marlène Dietrich
- Bei der Kaserne
- Vor dem großen Tor
- Steht eine Laterne
- Und steht sie noch davor
- Da woll'n wir uns wieder seh'n
- Bei der Laterne wollen wir steh'n
- Wie einst Lili Marleen. (bis)
- Unsere beide Schatten
- Sah'n wie einer aus
- Daß wir lieb uns hatten
- Das sah man gleich daraus
- Und alle Leute soll'n es seh'n
- Wenn wir bei der Laterne steh'n
- Wie einst Lili Marleen. (bis)
- Deine Schritte kennt sie,
- Deinen schönen Gang
- Alle Abend brennt sie
- Doch mich vergaß sie lang
- Und sollte mir ein Leid gescheh'n
- Wer wird bei der Laterne stehen
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
- Aus dem stillen Raume,
- Aus der Erde Grund
- Hebt sich wie im Traume
- Dein verliebter Mund
- Wenn sich die späten Nebel dreh'n
- Werd' ich bei der Laterne steh'n
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
- Wenn sich die späten Nebel dreh'n
- Werd' ich bei der Laterne steh'n
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
Marche militaire du IIIème Reich
- Vor der Kaserne
- Vor dem großen Tor
- Stand eine Laterne
- Und steht sie noch davor
- So woll'n wir uns wieder seh'n
- Bei der Laterne der woll'n wir steh'n
- Wie einst Lili Marleen. (bis)
- Schon rief der Posten
- Sie blasen Zapfenstreich
- Das kann drei Tage kosten
- Kam'rad, ich komm sogleich
- Da sagten wir auf Wiedersehen
- Wie gerne wollt ich mit dir geh'n
- Mit dir Lili Marleen? (bis)
Version française
Des versions de cette chanson ont été diffusées en d'autres langues, notamment en français, sous l'Occupation, par la chanteuse Suzy Solidor. Par ailleurs, le 3ème Régiment Étranger d'Infanterie en a adopté la mélodie en adaptant les paroles en tant que chant de régiment. Des pastiches circulaient aussi vers la fin de la guerre avec des paroles de circonstance.
Selon le reccueil "un siècle de chanson française, volume 1939-1949" aux éditions Paul Beusher, ces paroles françaises sont signées Henri Lemarchand. Le copyright de 1941 par Appollo Verlag Paul Lincke / Warner Chapell Music France.
Chantée par Suzy Solidor
- « Devant la caserne
- Quand le jour s'enfuit,
- La vieille lanterne
- Soudain s'allume et luit.
- C'est dans ce coin-là que le soir
- On s'attendait, remplis d'espoir
- Tous deux, Lily Marlène. (bis)
- Et dans la nuit sombre
- Nos corps enlacés
- Ne faisaient qu'une ombre
- Lorsque je t'embrassais.
- Nous échangions ingénûment
- Joue contre joue bien des serments
- Tous deux, Lily Marlène. (bis)
- Le temps passe vite
- Lorsque l'on est deux !
- Hélas on se quitte
- Voici le couvre-feu…
- Te souviens-tu de nos regrets
- Lorsqu'il fallait nous séparer ?
- Dis-moi, Lily Marlène ? (bis)
- La vieille lanterne
- S'allume toujours
- Devant la caserne
- Lorsque finit le jour
- Mais tout me paraît étranger
- Aurais-je donc beaucoup changé ?
- Dis-moi, Lily Marlène. (bis)
- Cette tendre histoire
- De nos chers vingt ans
- Chante en ma mémoire
- Malgré les jours, les ans.
- Il me semble entendre ton pas
- Et je te serre entre mes bras
- Lily… Lily Marlène. (bis) »
Version de Jean-Claude Pascal
- « Devant la caserne
- Lorsque vient la nuit,
- La vieille lanterne
- Soudain s'allume et luit.
- C'est dans ce coin-là que le soir
- On s'attendait, remplis d'espoir,
- Nous deux, Lily Marlène. (bis)
- Et dans la nuit sombre,
- Nos corps enlacés,
- Ne faisaient qu'une ombre
- Lorsque l'on s'embrassait.
- Nous échangions ingénument,
- Joue contre joue bien des serments,
- Nous deux, Lily Marlène. (bis)
- Le temps passe vite
- Lorsque l'on est deux.
- Hélas on se quitte,
- Car c'est le couvre-feu.
- Te souviens-tu de nos regrets
- Lorsqu'il fallait nous séparer ?
- Dis-moi, Lily Marlène ? (bis)
- La vieille lanterne
- S'allume toujours
- Devant la caserne
- Lorsque finit le jour,
- Mais tout me paraît étranger,
- Aurais-je donc beaucoup changé ?
- Dis-moi, Lily Marlène ? (bis)
- Cette tendre histoire
- De nos chers vingt ans
- Chante en ma mémoire
- Malgré les jours, les ans.
- Il me semble entendre ton pas
- Et je te serre entre mes bras,
- Lily Marlène. (bis) »
Pastiche (cité par l'écrivain Guy Roves dans son conte philosophique Justin le Marin)
- Devant la caserne,
- Y a un Allemand
- qui monte la garde
- assis sur un pliant.
- Je lui demande :
- pourquoi pleures-tu ?
- Il me répond :
- nous sommes foutus !
- Nous avons les Russes au cul.
- Hitler sera pendu.
Version anglaise
Version d'Anne Shelton et Vera Lynn, 1944
- Underneath the lantern,
- By the barrack gate
- Darling I remember
- The way you used to wait
- T'was there that you whispered tenderly,
- That you loved me,
- You'd always be,
- My Lilli of the Lamplight,
- My own Lilli Marlene
- Time would come for roll call,
- Time for us to part,
- Darling I'd caress you
- And press you to my heart,
- There neath that far-off lantern light,
- I'd hold you tight,
- We'd kiss good night,
- My Lilli of the Lamplight,
- My own Lilli Marlene
- Orders came for sailing,
- Somewhere over there
- All confined to barracks
- Was more than I could bear
- I knew you were waiting in the street
- I heard your feet,
- But could not meet,
- My Lilly of the Lamplight,
- My own Lilly Marlene
- Resting in our billets,
- Just behind the line
- Even tho' we're parted,
- Your lips are close to mine
- You wait where that lantern softly gleams,
- Your sweet face seems
- To haunt my dreams
- My Lilly of the Lamplight,
- My own Lilly Marlene.
- My Lilly of the Lamplight,
- My own Lilly Marlene.
Version en anglais de Marlene Dietrich
- Outside the barracks by the corner light
- I'll always stand and wait for you at night
- We will create a world for two
- I'll wait for you the whole night through
- For you, Lili Marleen
- For you, Lili Marleen
- Bugler tonight, don't play the Call To Arms
- I want another evening with her charms
- Then we will say goodbye and part
- I'll always keep you in my heart
- With me, Lili Marleen
- With me, Lili Marleen
- Give me a rose to show how much you care
- Tied to the stem, a lock of golden hair
- Surely tomorrow you'll feel blue
- But then will come a love that's new
- For you, Lili Marleen
- For you, Lili Marleen
- When we are marching in the mud and cold
- And when my pack seems more than I can hold
- My love for you renews my might
- I'm warm again, my pack is light
- It's you, Lili Marleen
- It's you, Lili Marleen
- My love for you renews my might
- I'm warm again, my pack is light
- It's you, Lili Marleen
- It's you, Lili Marleen.
Postérité et Antériorité
Postérité
Dans les années 1940 et 60, Lili Marleen apparaît dans les charts (le classement des chansons les plus populaires) aux États-Unis, et dans les années 1980 en Allemagne et au Japon.
Ainsi, Lili Marlene se place de loin parmi les plus populaires chants de temps de guerre jamais écrits. En plus de sa large acceptation par les soldats sur le front des deux côtés, un enregistrement RCA par un chœur anonyme se plaça n° 13 des charts américains en 1944. Il a de nouveau été classé dans ces mêmes charts en 1968. Puis dans les charts allemands en 1981 et les charts japonais en 1986. La chanson a été traduite dans plus de 48 langues, l'italien, le français, l'hébreu, le serbe, le russe, le japonais…
- Les raisons d'un succès durable
Il y a évidemment de nombreuses raisons. On peut relever, outre la mélodie obsédante, le texte lyrique et le rythme cadencé, son thème central, universel, l'éternel combat du couple mythique Eros - Thanatos : d'un côté un amour platonique à la fois magnifique, nostalgique et respectueux, de l'autre les périls de la jeunesse en temps de guerre spécialement sur les différents fronts (à l'Est, en Afrique, en Normandie, etc…).
Mais, au delà de cette analyse, celui qui a certainement le mieux expliqué ce succès est Lale Andersen elle même lorsqu'elle a répondu à cette question : « Le vent peut-il expliquer pourquoi il devient tempête ? ».
Source: La Légende de Lili Marleen par Nanne[4].
Avec Lili Marleen l’Allemagne nazie a produit malgré elle un standard universel. Le décor est urbain. La caserne apparaît comme l’autre monde, celui de l’enfermement, de la séparation, un grand portail qu’il faut franchir, si l’on ne souhaite pas faire trois jours de cachot, c’est-à-dire être doublement enfermé. C’est une ambiance de mort qui règne sur la cinquième et dernière strophe : seuls les brouillards du soir ramèneront le fantôme du soldat à l’endroit de son furtif bonheur. Si l'on compare ce chant allemand à d'autres chants guerriers (Quand Madelon, Over there, It's a Long Way to Tipperary), qui affichent un esprit grégaire et un joyeux patriotisme plutôt datés, on y constate une sensibilité bien plus « moderne », à la fois cinématographique et dynamique, et bien mieux adaptée à la solitude de l'homme des grandes villes à laquelle seule la constitution d'un noyau familial (la petite famille du baby boom d'après 1945) permet d'échapper[5].
Antériorité
Sur le thème « amour et guerre », on peut retrouver d'autres grands succès partageant les mêmes caractéristiques :
- La Madelon, lors de la Première Guerre mondiale
- L'Adieu suisse sous Louis XV
- Auprès de ma blonde durant la guerre de Succession d'Espagne, sous Louis XIV
- La Piémontaise, 1705, durant la campagne d'Italie de Louis XIV
Indications bibliographiques
- (jusqu'en 2001) Filmographie et bibliographie: http://www.uni-koeln.de/ew-fak/Mus_volk/scripten/probst/20Jh.htm#Lili%20Marleen : à cette adresse internet se trouvent une bibliographie, une discographie et une filmographie élaborées par Gisela Probst-Effah (Université de Cologne).
- Rosa Sala Rose, Lili Marleen. Die Geschichte eines Liedes von Liebe und Tod, traduit de l'espagnol par Andreas Löhrer, 2010.
Films
- The True Story of Lilli Marlene (1944), documentaire de Humphrey Jennings pour justifier la popularité de cette chanson dans les troupes alliées.
- Wie einst Lili Marleen (1956), réal.: Paul Verhoeven . Un soldat rentre de Russie et retrouve sa bien-aimée.
- Soldatensender Calais (1960), réal.: Paul May, scénario du romancier Ernst von Salomon. Film sur une radio anglaise destinée à inciter les soldats allemands à entrer en résistance contre Hitler, dans lequel Lili Marleen est un chant politique antinazi.
- Lili Marleen (1980) est également le titre d'un film de Rainer Werner Fassbinder, librement inspiré de la vie de la chanteuse Lale Andersen.
- Lale Andersen. Die Stimme der Lili Marleen (2001, documentaire d'Irene Langemann.
Liens externes
- The Official Lili Marleen Page
- Lili Marleen dans le site mondial des "Chansons contre la Guerre" - versions en 20 langues, parodies, vidéos
Notes et références
- Canal Académie Jean-Pierre Guéno,la véritable histoire de la plus belle chanson d’amour de tous les temps, éditions Télémaque, 2010
- Schultze Norbert, Mit dir, Lili Marleen. Die Lebenserinnerungen des Komponisten Norbert Schultze, Zurich et Mayence, Atlantis, 1995.
- C'est ce qu'il dit dans le film d'Irene Langemann Lale Andersen. Die Stimme der Lili Marleen (2001).
- dunlivrelautredenanne.blogspot.com
- François Genton, “Quand Madelon et Lili Marleen: ce que disent les chansons”, Chroniques allemandes n° 10, 2003-2004, p. 97-108.
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Lili Marleen » (voir la liste des auteurs)
Catégories :- Chanson allemande
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