- Volksdeutsche
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Volksdeutsche (littéralement « allemand par le peuple ») est un terme allemand, forgé au début du XXe siècle et ultérieurement investi de connotations idéologiques, qui renvoie à des populations vivant hors des États à population majoritairement allemande dont elles n'ont pas la nationalité, mais qui se définissent (ou sont définies) ethniquement ou culturellement comme allemandes.
Sommaire
Extension du terme
Ce mot allemand Volksdeutsche, apparu suite à la modification des frontières et à la création de nouveaux États, a d'abord été utilisé dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale par, et pour désigner, des personnes dont la langue maternelle était l'allemand, et qui vivaient en Europe hors des États à population majoritairement allemande contrairement aux Reichsdeutsche. Le terme Volksdeutsche est également distinct de Auslandsdeutsche, qui désigne des citoyens allemands vivant à l'étranger ou expatriés.
La plupart des personnes désignées comme Volksdeutsche possédait la nationalité de leur lieu de résidence. Cela concernait par exemple l'Alsace, une partie de la Lorraine, la minorité allemande d'Eupen-Malmedy en Belgique, les Allemands de Posnanie, de Prusse-Occidentale, de Prusse-Orientale, ainsi que de la Haute-Silésie, en Pologne, des Pays baltes, de Bessarabie et de la Volga.
Par la suite on a aussi désigné par le terme Volksdeutsche les minorités germanophones de l'ancien Empire d'Autriche, devenu plus tard l'Autriche-Hongrie, et des États qui ont suivi, hormis l'Autriche — Yougoslavie, Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie (Allemands des Sudètes), Italie (Tyrol du Sud). Dans un sens plus général, et plus rare, on a parfois inclus les Autrichiens, Luxembourgeois, Suisses alémaniques et Liechtensteinois.
En Autriche, le terme Volksdeutsche n'a pas été utilisé avant 1938, mais était encore utilisé après 1945.
Histoire des Volksdeutsche
Article détaillé : Drang nach Osten.Le phénomène Volksdeutsche trouve ses racines dans les déplacements de populations du bas Moyen Âge, lorsque des colons allemands s'installent sur des terres d'Europe centrale et de l'est [2], dans les actuels États de la Baltique et Pologne, et ce dès le XIIIe siècle.
À l'époque contemporaine, les penseurs nazis investissent ce terme de connotations raciales liées au supposé « sang » allemand et au concept de race. Doris Bergen fait remonter cette définition nazie des Volksdeutschen à un mémorandum de 1938 adressé par Adolf Hitler à la chancellerie du Reich[3]. Il note que l'élasticité de cette définition a permis des manipulations de la part de personnes aspirant à être reconnues comme faisant partie de ce groupe dans les territoires sous domination nazie[4]. Depuis 1936, un organisme sous contrôle SS est habilité à organiser les relations avec les « Allemands par le peuple » : il s'agit de la Volksdeutsche Mittelstelle (bureau de liaison des Allemands ethniques), sous la direction depuis 1937 du SS-Obergruppenführer Werner Lorenz[5].
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi a créé des partis nazis dans certaines de ces populations, partis qui ont eu plus ou moins de succès (surtout chez les Sudètes, plus proches du Reich). Lors du pacte Hitler-Staline, les Volksdeutsche présents dans les territoires annexés par l'URSS (Pays baltes, Pologne orientale, Bucovine, Bessarabie) ont été rapatriés de force dans le Reich, qui les a colonisés en Pologne occidentale (Wartheland). Lors de l'attaque allemande contre l'URSS, les Allemands de la Mer Noire et ceux de la Volga ont été déportés préventivement par les autorités soviétiques vers la Sibérie et le Kazakhstan. Durant la Seconde Guerre mondiale, certains groupes de Volksdeutsche ont apporté un soutien aux autorités nazies et collaboré avec elles, ou bien ont été incorporées dans des bataillons de la Waffen-SS. À la fin de la guerre, situés en première ligne face à l'offensive de l'Armée rouge, les Volksdeutsche de Pologne ont tenté de refluer vers l'ouest : la plupart échouèrent, beaucoup ne survécurent pas. Ceux de Transylvanie y restèrent, mais tous ceux qui avaient collaboré avec l'Allemagne furent déportés en URSS.
Tout au long des années d'après-guerre, les Volksdeutsche encore en place ont numériquement diminué, lentement mais régulièrement, d'une part en émigrant vers la RFA, d'autre part en se fondant dans les populations environnantes par les mariages mixtes. Le mouvement s'est largement amplifié après la chute du Rideau de fer : en 2010, la plupart des anciens Volksdeutsche et leur descendance vivent en Allemagne.
Notes et références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Volksdeutsche » (voir la liste des auteurs)
- Edgar Lehmann, Meyers Handatlas, ausgabe B, Bibliographisches Inst., Leipzig 1932.
- L'Harmattan, 2001 (ISBN 2747512908), p. 8 Pierre Jean Simon, Vocabulaire historique et critique des relations inter-ethniques, Pluriel Recherches n°8, Paris,
- (en) Doris Bergen. « The Nazi Concept of 'Volksdeutsche' and the Exacerbation of Anti-Semitism in Eastern Europe, 1939-45 », Journal of Contemporary History, vol. 29, n°4 octobre 1994, p. 569-582
- (en) Doris Bergen, « The Volksdeutschen of Eastern Europe, World War II, and the Holocaust: Constructed Ethnicity, Real Genocide, » in Keith Bullivant (dir.), Germany and Eastern Europe: Cultural Identities and Cultural Differences, Amsterdam, Rodopi, 1999, (ISBN 9042006889) p. 70-93.
- (en) Christopher Hutton, Linguistics and the Third Reich: Mother-tongue Fascism, Race, and the Science of Language, New York, Routledge, 1999 (ISBN 0415189543), p.147
Voir aussi
Articles connexes
- Germanophone (aujourd'hui)
- Saxons de Transylvanie
- Allemands des Sudètes
Liens externes
Bibliographie
Catégories :- Histoire contemporaine de l'Allemagne
- État historique de l'Allemagne
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