Viatcheslav Molotov

Viatcheslav Molotov
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Viatcheslav Molotov

Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov (en russe : Вячеслав Михайлович Молотов ; né le 9 mars 1890[1] et décédé le 8 novembre 1986) est un homme politique et un diplomate de l'Union soviétique. Il était considéré comme le bras droit de Joseph Staline.

Sommaire

Biographie

Molotov à Berlin le 14 novembre 1940 saluant Joachim von Ribbentrop

Viatcheslav Molotov est né à Koukarka (qui est depuis Sovetsk) en Russie, sous le nom de Viatcheslav Mikhaïlovitch Skriabine (Вячесла́в Миха́йлович Скря́бин)[2]. Après avoir étudié au Gymnasium (école secondaire ou lycée) de Kazan, il s'inscrivit au Parti ouvrier social démocrate de Russie (POSDR) en 1906 sous le pseudonyme de Molotov (du russe : molot (молот) marteau), abandonnant ainsi son véritable patronyme Skriabine. Il est l'un des fondateurs de la Pravda en 1912. Il était, avec Alexandre Chliapnikov, le plus ancien bolchevik à Pétrograd à l'époque de la Révolution de Février, alors que des personnages comme Lénine étaient encore en exil. Après avoir soutenu une ligne d'appui au gouvernement provisoire, il finit par se rallier à l'orientation de Lénine. Il joua un rôle mineur dans la Révolution d'Octobre et dans la guerre civile, mais était très apprécié comme exécutant à qui l'on pouvait confier toutes les tâches utiles.

Son ascension au sein du parti s'explique par sa fidélité et sa subordination totale à Joseph Staline à partir de 1922[réf. nécessaire].

Du 19 décembre 1930 au 6 mai 1941, il fut Président du Conseil des commissaires du peuple (Sovnarkom), qui était la Présidence du gouvernement de l'Union soviétique.

Pendant que Joseph Staline partait en vacances à Sotchi, Molotov, qui était le numéro 2 du régime, restait à Moscou et dirigeait provisoirement l'Union soviétique. Il fut également secrétaire du Comité central jusqu'en 1935. À la fin des années 1930, il fit partie avec Lazare Kaganovitch, Nikolaï Iejov et Kliment Vorochilov du groupe restreint de cinq membres qui prenait toutes les décisions importantes en compagnie de Staline. Bourreau de travail infatigable, ce bureaucrate fut un des chefs de la dékoulakisation dans les campagnes (1930-1933). Il n'hésita pas à se rendre en Ukraine affamée par l'Holodomor pour inciter les communistes défaillants à rester fermes contre les paysans révoltés et décimés par la faim.

Pendant les Grandes Purges de 1937-1938, ainsi que le prouvent les registres d'entrée du Kremlin aujourd'hui disponibles, Molotov fut le dirigeant soviétique le plus souvent reçu dans le bureau de Staline, avant même le chef suprême de la police Nikolaï Iejov. Il ne se cacha jamais d'avoir soutenu fermement la politique de la Grande Terreur, qui aboutit à 680 000 exécutions en deux ans et à l'envoi de centaines de milliers d'innocents au Goulag. Sa signature apparaît aux côtés de celle de Staline sur de très nombreuses listes de condamnations à mort collectives. Ainsi, le 25 novembre 1938, il contresigna avec Staline la mort de 3 173 personnes.

Dans des entretiens dans les années 1970 avec le journaliste Félix Tchouïev[3], Molotov fut sans ambiguïté : Staline était le principal responsable de la Terreur, « et nous qui l’encouragions, qui étions actifs, j’ai toujours été actif, toujours favorable à ce que des mesures soient prises ».

Il fut cependant lui-même parfois menacé par le maelstrom répressif : nombre de ses proches collaborateurs furent arrêtés et contraints par le NKVD de mettre en cause leur patron à toutes fins utiles. Sa femme Polina, membre du Comité central et ministre, fut vivement mise en cause en 1939 pour de prétendues malversations, et exclue du Comité central en 1940, parce que ses origines juives la rendaient gênante au moment du Pacte germano-soviétique. En 1949, Polina fut arrêtée et envoyée au Goulag, d'où elle ne sortit qu'à la mort de Staline.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Molotov devient ministre des Affaires étrangères, tout en gardant son poste de chef du gouvernement de l'Union soviétique.

Lors de la défaite des Alliés lors de la bataille de France en 1940, Molotov adressa les « chaleureuses félicitations du gouvernement soviétique » à l'ambassadeur allemand à Moscou pour « le splendide succès des forces armées allemandes ».

Comme membre du Politburo, il continua d'approuver fréquemment les exécutions en masse des « ennemis du peuple ». Par exemple, le 5 mars 1940, il signa comme tout le Politburo l'ordre (préparé par Lavrenti Beria) d'exécuter des milliers de prisonniers de guerre polonais, surtout des officiers, qui est connu comme le Massacre de Katyń.

Lors de sa rencontre avec Adolf Hitler, le 12 novembre 1940 avant le déclenchement de la guerre entre l'Union soviétique et l'Allemagne en juin 1941, Molotov ennuyait en permanence son interlocuteur avec son insistance à garder, ou même améliorer, les intérêts de son pays en Europe de l'Est sans être distrait par des promesses sur des terres lointaines comme l'Inde. Alors que Ribbentrop discutait de partager l'Empire britannique bientôt conquis, Molotov lui demanda pourquoi leurs négociations avaient lieu dans un abri anti-aérien. Plus tard cette attitude inflexible causera bien des frustrations aux Alliés, jusqu'au jour où le président Truman le rabroua sans ménagement : « On ne m'a jamais parlé sur ce ton! » dit-il au président, qui lui répondit immédiatement : « Changez votre politique et je vous parlerai différemment ».

Il servit comme ministre des Affaires étrangères jusqu'en 1949 et fut alors remplacé par Andreï Vychinski

L'après guerre fut marqué par le déclin de Molotov. Trop indépendant au gout de Staline, ce dernier lui reprocha aussi son attitude jugée trop douce à l'égard du monde occidental. «  Je ne peux plus considérer un tel camarade comme mon adjoint » déclara Staline[4]. C'est ensuite le fait que Molotov demande à des médecins de s'occuper d'un Staline affaibli qui éveilla la suspicion paranoïaque du dictateur. Enfin, la sympathie de sa femme Polina Molotova envers les membres du Comité antifasciste Juif, dont Solomon Mikhoels lui attira les foudres de l'antisémitisme de Staline. En janvier 1949, sous formes d'accusation sexuelles et antisémites, elle est exclue du Parti. Si Molotov s'abstient lors de ce vote, il change d'avis dans une lettre à Staline quelques jours plus tard. En octobre 1952, lors du XIXe congrès du PCUS, Staline attaqua Molotov et Mikoyan, qui furent exclus du nouveau Politburo.

La mort de Staline, en mars 1953 sauva probablement la vie de Molotov, qui retrouva son portefeuille de Ministre des affaires étrangères. Il sera ensuite remplacé à ce poste cette fois-ci par Dmitri Chepilov en 1956.

Après la mort de Staline, il s'opposa à la déstalinisation menée par Nikita Khrouchtchev et tenta avec d'autres partisans de la tendance stalinienne, comme Lazare Kaganovitch, un coup dans le Parti communiste pour évincer Khrouchtchev. Quand cela échoua, il laissa Khrouchtchev le nommer à des postes de plus en plus insignifiants, comme par exemple ambassadeur en Mongolie de 1957 à 1960, puis délégué soviétique permanent auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne de 1960 à 1961. En 1964 il fut exclu du parti, qu'il put réintégrer en 1984, mais ce n'était qu'un geste symbolique.

Il mourut le 8 novembre 1986 et fut enterré au Cimetière de Novodevitchi à Moscou.

Vie privée

Il était l'époux de la femme d'État Polina Jemtchoujina.

Dans la culture populaire

Le célèbre cocktail Molotov, ou bombe à essence, lui doit son nom. Il lui fut donné par les soldats de l'armée finlandaise pendant l'invasion de leur pays par les Soviétiques en 1939, par dérision[5].

Bibliographie

  • Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin. Staline et le Bureau politique dans les années 1930 : les jeux du pouvoir, coll. « Archives du communisme », Seuil, Paris, 1998, 331 p.
  • Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.
  • Simon Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, traduction française, Éditions des Syrtes, 2005.
  • Félix Tchouev, Conversations avec Molotov, tr. fr. 1995.
  • Bernard Bromage, Molotov, the Story of an Era, P. Owen, Londres, 1956, 225 p.
  • Derek Watson, Molotov: A Biography, Palgrave Macmillan, New York, 2005, 376 p.

Notes et références

  1. le 25 février selon le calendrier julien alors en vigueur dans la Russie tsariste jusqu'en 1918
  2. L'historien britannique Simon Sebag Montefiore, dans une note (no 62) en bas de la page 39 de l'édition britannique de son ouvrage Staline : la cour du tsar rouge (Stalin : the court of the Red Tsar), paru en 2003, s'inscrit en faux contre une assertion courante qui prête un lien de parenté proche entre Viatcheslav Molotov, né Viatcheslav Mikhaïlovitch Scriabine, et le compositeur russe Alexandre Scriabine, certaines personnes qualifiant les deux hommes de « cousins germains », d'autres de « parents ».
  3. Félix Tchouev, Conversations avec Molotov, 1995 (ISBN 2-226-07650-6).
  4. ↑ Staline, la cour du tsar rouge II. 1941-1953 p.298 tr. fr. 2004.
  5. John Langdon-Davies, publié dans le Picture Post : Lessons of Finland, Juin 1940

Lien externe

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Président du Conseil des commissaires du peuple de l'URSS
19 décembre 1930-6 mai 1941
Joseph Staline


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