Opération Dynamo

Opération Dynamo

Bataille de Dunkerque

Bataille de Dunkerque
British prisoners at Dunkerque, France.jpg

Informations générales
Date 25 mai au 3 juin 1940
Lieu Dunkerque
Issue Victoire allemande
Belligérants
Royaume-Uni Royaume-Uni
France France
Belgique Belgique
Flag of Germany 1933.svg Allemagne
Commandants
Général Weygand
Lord Gort
Gerd von Rundstedt
Ewald von Kleist
Forces en présence
400 000 hommes 800 000 hommes
Pertes
11 000 morts
34 000 prisonniers
177 avions abattus
20 000 morts ou blessés
156 avions abattus
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La bataille de Dunkerque (nom de code Opération Dynamo) s'est déroulée du 25 mai au 3 juin 1940.

Bousculée par la Blitzkrieg engagée par l'armée allemande lors de la bataille de France, l'armée britannique ainsi que des unités de l'armée française ont dû battre en retraite vers le nord de la France.

Encerclées à Dunkerque, elles ont mené une résistance, en particulier la 12e division d'infanterie motorisée à partir du Fort des Dunes, destinée à gagner un laps de temps nécessaire à l'embarquement du gros des troupes vers le Royaume-Uni aidées par Adolf Hitler qui donna un ordre d'arrêt (Haltbefehl) des armées allemandes devant Dunkerque. L'évacuation s'est opérée à l'aide de tous les navires que la Royal Navy put réquisitionner pour traverser la Manche, tandis que la RAF luttait dans le ciel pour couvrir l'opération. Les troupes et le matériel n'ayant pas pu être embarqués ont été capturés par la Wehrmacht, mais la réussite du sauvetage du gros des troupes a peut-être sauvé le Royaume-Uni d'une invasion face à laquelle il aurait difficilement résisté.

Sommaire

L'Opération Dynamo

Prises en étau par les troupes allemandes, et sous le feu de leurs avions et de leur artillerie, les forces alliées embarquent à Dunkerque pour rejoindre l'Angleterre.

Le 20 mai, la situation est désespérée ; deux divisions de panzers commandées par Heinz Guderian atteignent Abbeville et la mer. La Wehrmacht parvient ainsi à couper les armées alliées en deux avec, entre les mâchoires de la tenaille, un million de soldats français, belges et britanniques pris au piège.

Les chars allemands poursuivent leur progression. Le 24 mai, les avant-gardes de Guderian établissent six têtes de pont sur l'Aa et atteignent Bourbourg ; elles ont pratiquement le champ libre lorsqu'un ordre impératif du général von Rundstedt, confirmé par Hitler, les stoppera net jusqu'au matin du 27. Il existe deux théories défendues par les historiens, pour expliquer cela : la première est qu'Hitler, obnubilé par la prise de Paris, ait voulu reposer ses troupes, la seconde se base sur le fait que l'état-major allemand ait voulu amadouer les Anglais en vue de leur coopération dans l'Opération Barbarossa dirigée contre l'URSS. Les Alliés profiteront de l'aubaine. Ils se regroupent en hérisson pour tenir pied à pied un corridor s'étendant de la région lilloise à Dunkerque, sur une centaine de kilomètres de profondeur et trente à quarante de largeur.

Pour se dégager, le général français Weygand mise sur une traditionnelle contre-attaque. Le chef du corps expéditionnaire britannique, le général Gort, ne partage pas cette option. À moyen terme, l'évacuation lui semble inévitable. Le cabinet de guerre britannique lui donnera raison. Le 26 mai, la décision tombe : «En de telles conditions, une seule issue vous reste : vous frayer un chemin vers l'ouest, où toutes les plages et les ports situés à l'est de Gravelines seront utilisés pour l'embarquement. La marine vous fournira une flotte de navires et de petits bateaux, et la Royal Air Force vous apportera un soutien total…». Le 28 mai à quatre heures du matin, le roi Léopold III, chef de l'armée belge capitule, après la bataille de la Lys, décision violemment contestée en France et en Angleterre et par son propre gouvernement, mais aussi par son conseiller militaire et plusieurs historiens, notamment le Professeur Henri Bernard de l'École Royale Militaire belge[1], qui estime que l'armée belge (600 000 hommes) même fort entamée de fin mai, aurait dû mieux coordonner ses mouvements avec les Français et les Britanniques.

Le 29 mai 1940, le général Henri Vernillat commandant la 43e division d'infanterie se voit confier par l'amiral Abrial, la responsabilité du regroupement des grandes unités et éléments organiques d'armée et de corps d'armée. Ce regroupement doit se faire dans une zone boisée située à l'est de Bray-Dunes et au sud-ouest de la Panne[2].

La poche de Dunkerque le 21 mai 1940

Le vice-amiral Bertram Ramsay, chef de l'opération installe son quartier général dans une cave du château de Douvres, où avait fonctionné, jadis, un groupe électrogène. L'entreprise est baptisée Opération Dynamo. Elle durera neuf jours pleins : du dimanche 26 mai au mardi 4 juin.

Le 29 mai, le corridor s'est rétréci comme une peau de chagrin : il ne va plus maintenant que, côté mer, des environs de Dunkerque au petit port belge de Nieuport, aux canaux de Bergues à Furnes et de Furnes à Nieuport, côté terre.

Le 4 juin 1940, l'opération Dynamo est achevée ; le drapeau à croix gammée flotte sur le phare de Dunkerque[3]. En neuf jours, 338 226 combattants seront évacués, dans des conditions inouïes.

La noria des little ships

Embarquement des troupes britanniques

Rassembler en aussi peu de temps une petite armada n'est pas chose aisée. Qu'à cela ne tienne, la Royal Navy détache immédiatement 39 destroyers, des dragueurs de mines et quelques autres bâtiments. Mais c'est insuffisant, car la faible déclivité des plages oblige les navires de fort tonnage à mouiller au large. Il faut dès lors mobiliser des ferries, des chalutiers, des remorqueurs, des péniches, des yachts et d'autres embarcations encore plus modestes, les désormais célèbres little ships. Il en vient 370 équipés tout au plus de deux mitrailleuses.

Il faut ensuite organiser cette noria. Entre Dunkerque et Douvres, la route la plus directe est la route Z, longue de 60 km, mais elle est à portée des canons allemands à la hauteur de Calais. La route Y évite cet inconvénient à ceci près qu'elle met Dunkerque à 130 km de Douvres ; qui plus est, elle constitue un terrain de chasse pour les vedettes lance-torpilles de la Kriegsmarine. La voie la plus praticable est la route X, longue de 80 km ; elle ne sera toutefois déminée que le 29 mai.

Malgré la vigilance de la RAF, le principal danger vient des airs. Le 29 mai par exemple, 400 bombardiers, protégés par 180 Messerschmitt, ont méthodiquement pilonné Dunkerque, mitraillant les plages sans omettre de bombarder les bâtiments croisant au large. Ce jour-là, le bilan des pertes est tellement lourd que l'Amirauté décide d'arrêter l'opération : au total, près de 250 embarcations sont envoyées par le fond ; des vedettes lance-torpilles ont raison du contre-torpilleur français le Jaguar et du torpilleur Sirocco. Le plafond des nuages, souvent très bas, et les fumées des incendies gênent toutefois la Luftwaffe, laquelle ne peut sortir ses escadrilles que les 27, 29 mai et 1er juin.

Les opérations de rembarquement sont incommodes. Il y a trop d'hommes et pas assez de bateaux. Pour s'échapper, il faut soit être accepté à bord d'un navire accostant au môle est du port (l'actuelle jetée s'avance en effet de 1 500 mètres dans la mer), soit rejoindre la plage et avancer en file indienne jusqu'à une embarcation légère qui fait le va-et-vient entre le rivage et le bâtiment au large. La machine s'est rodée ; le premier jour, 7 669 hommes ont pu rejoindre un port allié, 17 804 le second, 47 310 le troisième, 53 823 le quatrième.

Le 4 juin à 3 h 20, le Shikari, chargé à ras bord de soldats, quitte le môle pour sa dernière rotation. À 10 h, l'armée allemande investit Dunkerque. Parmi les évacuations réussies, mentionnons celle de la barge anglaise Beatrix Maud, commandée par le lieutenant français Joseph Héron qui réussit, dans la nuit et la journée du 3 au 4 juin 1940, à évacuer près de 340 hommes de troupe et gradés jusqu'à Douvres. Ils échappèrent ainsi à la captivité. À la suite de cet exploit, le lieutenant Jo Héron reçut la Croix de Guerre avec étoile d'argent[4]. On peut aussi évoquer celle du Princess Elizabeth qui évacuera 500 soldats français.

En neuf jours, 338 226 combattants (dont 123 095 Français) ont pu être évacués sur une mer d'huile ; la Wehrmacht capture quelque 35 000 soldats ; la quasi-totalité sont des Français dont la plupart avaient participé aux combats d'arrière-garde.

Soulagement à Londres

Monument aux morts.

L'évacuation de Dunkerque suscite néanmoins une certaine aigreur chez les responsables français. Weygand et d'autres feront notamment grief aux Britanniques d'avoir fait échouer la contre-attaque sur Arras. Les relations entre les Alliés, souvent assez confuses, avec des difficultés de communication perceptibles à bien des échelons, seront désormais placées sous le signe de la méfiance.

À Londres, on éprouve du soulagement et de la gratitude : les combattants de Dunkerque sont traités en vainqueurs et non en vaincus ; sur les quais de débarquement comme dans les gares, on leur fait fête. Cependant Churchill modère les ardeurs, en rappelant que « les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations » aussi héroïques soient-elles. Suite à l'opération Dynamo, le New York Times publie : « Tant que l'on parlera anglais, le nom de Dunkerque sera prononcé avec le plus grand respect »[5].

Notes et références

  1. Panorama d'une défaite, Duculot, Gembloux, 1984
  2. Thibault Richard, Des forêts d'Alsace aux chemins de Normandie - La 43e division d'infanterie dans la guerre - 3 septembre 1939 - 26 juin 1940, éd. Corlet, Condé-sur-Noireau, août 2001, 234 pages + cahier photo, (ISBN 2-84706-004-9)
  3. musée de l'opération dynamo
  4. (cf. Cols Bleus, no 548 du 31 mai 1958)
  5. Site officiel de Dunkerque-Opération Dynamo

Voir aussi

Bibliographie

  • L'article « 1939-1940, l'année terrible. Dunkerque : sortir de la nasse », de Jean-Pierre Azéma, Le Monde du 27 juillet 1989.
  • Une rose de sang. roman / Bruno Robert ; ill., Fabienne Maignet, Paris : P. Téqui ; Château-Landon : Carrick, 1999 - (coll. Défi ; 6), (ISBN 2-7403-0636-9) suivi de :
  • Fin de jeu. roman / Bruno Robert ; ill., Fabienne Maignet, Paris : P. Téqui ; Château-Landon [BP 4, 77570] : Carrick, 1998. - (collection Défi ; 3) (ISBN 2-7403-0621-0).
  • Week-end à Zuydcoote Le récit de cette bataille valu le Prix Goncourt 1949 au roman de Robert Merle : Week-end à Zuydcoote (Édition Gallimard, (ISBN 2070367754)). Ce roman a été adapté au cinéma par Henri Verneuil en 1964.
  • Maurice Guierre, Marine-Dunkerque mon équipe au combat, Flammarion, 1942 - J'ai Lu leur aventure, 1967
  • David Divine, les 9 jours de Dunkerque, traduit de l'anglais par Daniel Mauroc, Collection "l'Heure H", Calmann-Lévy, Paris, 1964; réédition: Collection "Leur Aventure" J'ai Lu, 1968.
  • Karl Bartz, Quand le ciel était en feu (Als der himmel brannte), traduit de l'allemand par Jacques Boitel, Corrêa, 1955.

Autres lectures

  • Buffetaut, Yves, Dunkerque 1940: Légendes et mystères, Magazine 39-45 no.49, 1990.
  • Buffetaut, Yves, Le mois terrible (1): Dunkerque juin 40, Magazine Armes Militaria HS no.17, 1995.
  • Comas, Matthieu, La campagne de France (2): La bataille de Dunkerque 26 mai-2 juin, revue Batailles Aériennes HS no.8, 1999.

Filmographie

  • Dunkerque, documentaire de la série "La Guerre en couleurs", par Tracy Pearce, Dynacs Digital Studios, 2001.
  • Dunkerque, docu-fiction pour la TV par Alex Holmes, BBC, 2004.
  • Week-End à Zuydcoote, par Henri Verneuil, Studio Canal, 2001, ASIN B00004XOCD
  • Dunkirk, de Leslie Norman (1958), qui décrit un peloton britannique dans sa retraite et la participation des little ships et le volontariat de marins civils pour piloter leurs bateaux. voir http://www.imdb.com/title/tt0051565/

Articles connexes

Liens externes

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